Judo : l’ouverture a porté ses fruits !
p. 77-82
Texte intégral
1 Treize judokas engagés, quatre médailles. Deux chez les femmes : l’argent pour Lucie Décosse, en - 63 kg, et le bronze pour Stéphanie Possamaï, en - 78 kg. Deux chez les hommes : l’argent pour Benjamin Darbelet, en - 66 kg, et le bronze pour Teddy Riner, en +100 kg. Après l’unique médaille d’Athènes, en 2004, la moisson de Pékin a redonné du lustre au judo tricolore. Ce bon résultat d’ensemble (huit athlètes placés parmi le top 8 de leur catégorie), qui cache aussi quelques déceptions, est le fruit d’un patient travail, entrepris en septembre 2005, à mon arrivée à la tète de la direction technique nationale.
2Première décision engagée pour être en adéquation avec le projet et ses principes directeurs : restructurer l’encadrement. En octobre, je mets en place, pour les féminines et les masculins, deux « staffs » inédits. Pour encadrer les équipes de France dans l’objectif des Jeux, je choisis deux entraîneurs assez neufs : d’ex-athlètes qui ont eu de très bons parcours en équipe de France, qui ont une expérience d’entraîneurs dans la filière de haut niveau, mais qui n’ont pas encore l’expérience de la préparation d’équipes nationales.
3Nous organisons les équipes féminine et masculine sur des modes différents, en prenant en compte leurs spécificités : chez les féminines, il s'agit d’une part de maintenir le nombre d’athlètes performantes, mais également de l’augmenter ; aussi, nous nous organisons autour de deux groupes d’entraînement, mis en concurrence : l’équipe 1, qui est talonnée par l’équipe 2, constituée de jeunes athlètes talentueuses, régulièrement exposées sur l’international.
4Chez les masculins, nous décidons, à l'inverse, de restreindre le groupe d'entraînement aux seuls athlètes élites, afin de travailler tout particulièrement sur leur développement et de permettre de retrouver le meilleur niveau mondial (pour rappel, aucune médaille lors des JO de 2004 à Athènes). L’absence d’une réelle concurrence en interne nous contraint à un fonctionnement basé sur la qualité. L’équipe mise en place est remaniée, mais a déjà l’expérience de la préparation d’évènements mondiaux.
5Toutes nos équipes sont basées à l’INSEP et disposent en plus de notre centre d’entraînement de l’INEF.
6Nous allons alors construire le programme jusqu’à l’échéance de 2008, en mettant la priorité sur la supériorité technique, la recherche du « ippon », ce qui fait la valeur et le principe de notre discipline, le retour à un judo d’attaque. Tout l’encadrement national adhère à cette orientation.
7La recherche d’autonomie, pour être le plus efficace pour tous, doit être mise en œuvre parallèlement au développement de la technique et de la combativité de nos judokas.
8Notre ambition est de clairement placer nos athlètes dans une position de confiance technique, tactique et physique, et dans une recherche de motivation optimale. Nous faisons appel à des « experts » et nous travaillons en collaboration avec les entraîneurs de clubs.
9Une grande attention est aussi portée à l’environnement socioprofessionnel de l’athlète. Que chacun puisse disposer des moyens dont il a besoin pour pouvoir s’investir sereinement et qu'il puisse poursuivre ses études ou sa formation font partie de nos priorités. D’où l’accent fort que nous mettons sur les conventions d'insertion et les parcours scolaires adaptés.
10C’est une volonté d’ouverture affirmée qui se met alors en place. Une ouverture, à tous les niveaux, aux acteurs concernés : l’ouverture vers les clubs, la collaboration avec leurs entraîneurs, l’ouverture avec l’intervention d’experts techniques choisis pour renforcer certains domaines techniques, l’ouverture d’échanges des entraîneurs et des athlètes vers la Fédération, les élus, les partenaires économiques. C’est tout un état d’esprit qu’il faut changer.
JUDO FÉMININ : DES PROMESSES PARTIELLEMENT TENUES
11Avec une seule médaille, l’argent, décrochée par Frédérique Jossinet en - 48 kg, l’équipe féminine sort « meurtrie » des Jeux d’Athènes de 2004. Pour les féminines, pas question de rester sur un échec. L'année suivante, aux championnats du monde au Caire, début septembre, sonne pour elles l’heure de la revanche. Elles remportent six médailles. Toutes sont là, ou presque. En 2006, aux championnats d’Europe de Tampere, en Finlande, elles font encore mieux. Et avec leurs sept médailles, dont trois en or, auxquelles s’ajoutent les deux médailles des masculins, ces championnats vont propulser la France à la place de première nation européenne de la discipline.
12Le collectif féminin part ensuite décrocher l’or, face aux Cubaines – et après un très beau parcours – aux championnats du monde par équipes qui se tient à Paris. Cette victoire va crédibiliser le travail des entraîneurs, renforcer la confiance mutuelle et permettre de poursuivre nos objectifs. À Belgrade, en 2007, aux championnats d’Europe par équipes, elles récoltent l’argent, comme les garçons. Et juste après, en individuels (toujours à Belgrade), quatre d’entre elles (Décosse, Emane, Possomaï et Mondière) sont titrées, tandis que deux autres (La Rizza et Jossinet) s’emparent de l’argent et du bronze. En 2008, ce sont les championnats d’Europe individuels de Lisbonne, au Portugal. Là encore, les Françaises brillent : deux décrochent l’or (Décosse et Mondière, encore), une autre (Jossinet) l’argent et une dernière (Harel), le bronze.
13Au championnat du monde de Rio, la réussite des filles est belle, avec un titre (Emane) et trois médailles.
14Ces résultats encouragent les ambitions que nous nourrissons. Les faits sont là : toutes les catégories du judo féminin sont compétitives sur le plan européen. Mais il faut être attentif, car le niveau de concurrence mondiale est bien différent chez les filles et certaines nations sont solidement installées sur les podiums, avec des équipes complètes et bien constituées – le Japon, la Chine et Cuba –, et cela compliquera l’accès aux médailles olympiques.
15Le judo féminin est bien stabilisé et les Françaises figurent parmi les judokates très attendues aux Jeux. Ayant été présentes sur tous les podiums précédents, on sait quelles vont être très étudiées à la vidéo par leurs adversaires potentielles, quelles soient ou non dans le top mondial. Nous sommes donc face à un impératif : continuer à évoluer et à innover. Nous le faisons. L'état d’esprit qui prévaut est celui d’un fort enthousiasme, de détermination et d’anxiété. Tout le monde a l’envie de continuer à y aller fort. Pourtant aussi, nous restons encore trop effectivement sur nos acquis. Nous ne construisons sans doute pas assez de sur-mesure pour chacune... au niveau des entraîneurs et au mien. Il nous faut aussi enrichir notre connaissance du judo que pratiquent les grands pays adversaires, comme la Chine et le Japon. Nous y allons donc en stage d’entraînement et nous allons filmer les Jeux d’Asie. Mais ailleurs aussi, notamment les Jeux africains. Les phases d’analyse des techniques et des ripostes à leur apporter, qui découlent de ces prises vidéo, demandent un travail très important. Il aurait d’ailleurs fallu en faire davantage, chacune évoluant de manière particulière, en fonction de la concurrence française ou internationale qu'elle trouve alors, ou pas, sur sa route.
16Nous sommes partis en 2005 avec une équipe de France féminine solide. Pour obtenir un réservoir de grande qualité, notre mode de sélection, difficile, passe par une remise en question régulière. Mais la concurrence est positive, car elle génère du haut niveau et étoffe le réservoir. Il convient, dans le même temps, de noter que nos leaders sont arrivées à Pékin en ayant participé à davantage de compétitions internationales que leurs concurrentes.
17Sur le papier, il me semble que les filles auraient dû remporter trois médailles, et non deux. Même si, dans l’absolu, deux médailles, c’est un bon résultat – et c’est une de plus qu’aux Jeux précédents –, leurs résultats à Pékin ne reflètent que partiellement la qualité du parcours qu’elles avaient réalisé, en individuel ou par équipes, durant l’olympiade. Dans un contexte international très relevé, avec des Chinoises difficiles à battre chez elles, des adversaires qui ont, quel que soit leur niveau, montré un esprit de combat et de sacrifice exceptionnel, les filles n’ont pas su se surpasser et monter d’un cran dans la combativité, la détermination. Cela nous a tous beaucoup frustrés. Et au niveau du staff, nous prenons notre part de responsabilité.
JUDO MASCULIN : DE BELLES SURPRISES
18Chez les masculins, la configuration est totalement différente. En 2005, ils sortent d’une période difficile à gérer : l’équipe ne s’entraîne pas assez fort et a perdu confiance. Le staff, qui était présent mais n était pas aux commandes, est nouveau pour eux aussi. Le choix que nous faisons est celui de la rupture. Il s’agit de bousculer habitudes, réflexes et repères, et de reconstruire le collectif sur de nouvelles bases. Pour améliorer la motivation des athlètes, nous décidons de sortir plus souvent de l’INSEP, d’aller au nouveau centre d’entraînement national, à Paris, et d’effectuer régulièrement des stages à l’étranger, face aux meilleures nations. Sortir les judokas de leur cadre habituel les rend davantage disponibles dans leur tête. L’investissement en stages va donc être beaucoup plus important pour eux que pour les filles ; ils ne réagissent pas de la même manière et vont se montrer beaucoup plus solidaires entre eux.
19Sur le plateau international, il n’y a pas de pays ultra-dominants. Il y a des pays forts, avec des spécificités très marquées. Le Japon, naturellement, mais aussi le Brésil, qui travaille remarquablement le « ne waza », ou « judo au sol ». Et puis, il y a un judo plus combatif, tel qu’on le pratique en Azerbaïdjan ou en Biélorussie, par exemple. Partir faire de nombreux stages sur place est l’option que nous choisissons. La programmation porte sur le travail temps fort/temps faible, temps d'intensité technique et temps d’intensité de combat. Nous allons nous enrichir techniquement auprès des Japonais et des Brésiliens, et nous « aguerrir » dans des stages en Europe de l’Est et en Asie centrale. Notre constat est aussi que, pour être un bon judoka, il faut se mettre dans des situations de concurrence extrême, tant face à de bons techniciens, que face à des combattants « rugueux ». D’où ce choix, pour rechercher la confrontation régulière à des niveaux forts.
20Contrairement aux filles, qui avaient décroché cinq quotas après les championnats du monde, les garçons ont dû aller chercher les leurs dans cinq catégories. Pour faire des points et gagner leur place dans l’équipe de France, ils devaient absolument se qualifier dans leur catégorie et ont été encore davantage contraints de sortir. Certains se considéraient comme des leaders avant même d’être sélectionnés. Cela générait un manque d’intensité dans l’engagement. Pour le comité de sélection, il y a eu beaucoup d’interrogations, puis des choix difficiles à faire. En - 66 kg, par exemple, Darbelet (régulièrement médaillé aux championnats d’Europe) et Berthelot montrent tous deux un bon potentiel. Le premier est en place tandis que le second arrive fort. Même chose pour Dragin qui, dès 2007, pensait déjà faire les Jeux. Après son échec aux championnats d’Europe, pour le faire réagir, j’annonce même qu’il n’y aura peut-être pas de Français dans sa catégorie, les - 60 kg.
21Les résultats d’avant-Jeux, pour les masculins, sont nettement moins brillants que ceux des filles : deux médailles aux championnats d’Europe 2006, trois à ceux de 2007, à Belgrade : Teddy Riner en + 100 kg, Benjamin Darbelet en - 66 kg et Frédéric Demontfaucon en - 100 kg. Et une seule en 2008, au Portugal, avec le bronze de Pierre Robin en + 100 kg. Avec les féminines, qui collectionnent de bien meilleurs résultats, la différence est importante. Leurs nombreuses sorties et la gestion des calendriers n’ont certainement pas été sans incidence sur la fatigue et les blessures. Même si, sur ce dernier point, les dispositifs mis en place se sont avérés assez performants.
22Reste que les garçons, peu attendus compte tenu de leurs performances antérieures, ont fait globalement un beau parcours à Pékin. Les deux médailles qu’ils ont décrochées sont une belle réussite. Tout comme le sont les cinquièmes places d’Yves-Matthieu Dafreville en - 90 kg et de Dimitri Dragin en - 60 kg. Ils font ainsi bien mieux que ce que laissaient présager leurs performances internationales d’avant ces Jeux. La troisième place de Teddy Riner, par exemple, est une vraie performance à mes yeux. Sur ces Jeux, il a 19 ans et, même s’il part avec deux victoires aux championnats d’Europe et du monde, il ne s’appuie pas encore sur un judo complètement mature : malgré ses qualités physiques et sa mobilité, il reste en effet encore « accessible » pour ses concurrents... Là, il a découvert la pression. Parce qu’il est sympa, qu’il a un beau sourire, les médias l’ont rêvé champion olympique. Il l’a trop, beaucoup trop entendu. C’est quelque chose de lourd à porter. Auparavant, il n’avait pas du tout une telle pression sur lui, il pouvait être dans la jeunesse, dans la spontanéité. À Pékin, il a appris ce qu’était la pression et de ne pas oser. En judo, la difficulté du combat est la prise de risque : quand ? comment ? pour quoi faire ? Cette expérience va renforcer sa détermination à travailler encore davantage pour avoir, outre les solutions techniques, cette capacité à se surpasser, cette faculté à oser !
LE JUDO TRICOLORE BRILLE TOUJOURS
23Dans un contexte international très relevé, quatre-vingt-douze pays ont présenté trois cent quatre-vingt-six athlètes, vingt-cinq pays se partagent les cinquante-six médailles et quarante placent des combattants parmi le top 8. Des chiffres comparables à ceux de Sydney et d’Athènes et qui cachent une vraie évolution du judo mondial. Il faut noter la forte progression des pays d’Asie centrale : la Mongolie (une médaille d’or), le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, l’Azerbaïdjan et les premières médailles de l'Afrique (Égypte et Algérie).
24Ces pays d’Asie centrale, forts de leur culture et de leur expérience de luttes régionales, ont adopté le judo pour aller chercher des médailles olympiques. Ainsi, la Mongolie a obtenu, par le judo, la première médaille d’or olympique de son histoire.
25Chez les féminines, avec deux médailles, le bilan de Pékin nous place derrière les principales nations phares du judo mondial qu’habituellement nous accrochons : nous nous plaçons bien après les cinq médailles japonaises, les quatre – dont trois titres – des Chinoises à domicile, les quatre médailles cubaines, et même les trois hollandaises...
26Chez les masculins (deux médailles, la encore), en termes de médailles, toutes couleurs confondues, seule la Corée fait mieux que nous à Pékin, avec trois médailles. Sept pays en ont récolté deux, dont le Japon. Et un pays comme la Russie n’en fait aucune ! Les surprises du palmarès, chez les garçons, tranchent avec les résultats des filles qui, elles, avaient réalisé d’excellents podiums avant les Jeux mais qui, une fois sur les tapis pékinois, n’ont pas réussi à monter d’un cran dans la combativité et la détermination pour s’imposer plus largement... alors qu’elles en avaient vraiment les moyens. Si les garçons, eux, y sont parvenus, c’est peut-être parce que la préparation, par les entraîneurs, à la compétition sur le tapis a été mieux intégrée pour eux. Les masculins se sont préparés en outsider, alors que nous avions choisi de renforcer la confiance pour les filles. Il va falloir, bien entendu, intégrer cela pour l’avenir...
27Nous avons choisi, avec le président du comité de sélection, d’annoncer tardivement la sélection olympique. Ce n’est que fin avril, avec beaucoup d’informations sur les parcours de chacune et de chacun, que nous avons pris nos décisions. Tous les choix, pour la composition de l’équipe nationale, sont construits sur le potentiel à décrocher une médaille et s’appuient sur le comportement et sur les résultats aux championnats majeurs. Ce qui implique, évidemment, pour les athlètes, d’être présents à ces rendez-vous. En un sens, c’est une bonne chose car, lorsque l’on est champion, si l’on ne vient pas à une compétition majeure, on donne inévitablement des armes psychologiques à ses adversaires. Rien de plus efficace aussi que d’être un leader et d’arriver à un championnat où l’on est invaincu depuis un moment. Mais cette remise en question permanente oblige en effet les athlètes à s’engager beaucoup sur l'international. Et les garçons y ont encore été davantage soumis que les filles. Or, on le sait bien : lorsque l’on prépare un championnat, ce n’est pas le fond ou l’innovation technique que l’on travaille, mais la performance que l’on vise. L’exact contraire de ce que nous recherchons...
28Notre choix stratégique a d'autre part été ambitieux, puisqu'il s’est agi, pour nous, de mener de front la préparation pour Pékin et celle pour Londres. Cette stratégie a été payante, puisqu’elle nous a permis de réunir, sur les tapis, de nombreux athlètes et de constituer, pour le judo tricolore, un bon vivier de talents. Elle nous a aussi contraints à beaucoup de souplesse durant ces trois années, afin de ne pas « sacrifier » les uns au profit des autres.
29Pour les équipes d’encadrement, cette double tâche a été éminemment difficile à conduire. Pour les filles, notamment, dont l’équipe 2, très performante, a demandé un très important investissement. Mais aussi pour les juniors, masculins et féminins, qui font déjà un excellent parcours sur les plateaux mondiaux. Après les superbes résultats des championnats du monde juniors de 2006 (quatre médailles d’or), ils sont rentrés des derniers championnats du monde juniors 2008 en individuel avec quatre médailles : deux d’or et deux d argent. Une satisfaction d’autant plus grande, pour nous, que nous ne sommes pas, avec eux, dans la pression à la médaille, mais vraiment dans la formation.
30Le judo tricolore a maintenant les cartes en main pour briller encore. Vivement demain et rendez-vous à Londres, en 2012 !
Auteur
Directrice technique nationale, Fédération française de judo et disciplines associées
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Pékin 2008
Regards croisés sur la performance sportive olympique et paralympique
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2008
La pratique des activités physiques et sportives en France
Enquête 2003 – Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative Ministère de la Culture et de la Communication, Insee
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2005
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2002
Données et études statistiques : jeunesse, sports et vie associative
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2006