Chapitre X. Des adolescents différemment équipés en matériels sportifs
p. 137-145
Texte intégral
1Le matériel sportif dont disposent les adolescents est très inégalement réparti : il y a le matériel des plus jeunes ou celui des plus vieux, des garçons et des filles, et bien entendu celui des sportifs et des non-sportifs mais plus encore celui des enfants des milieux favorisés et celui des enfants défavorisés. C'est cette dernière partition qui donne les variations les plus fortes. Ces facteurs se combinent, mais sauf pour les équipements des plus aisés (la planche à voile, le matériel de ski ou de surf pour lesquels il n'y a plus de différence garçons et filles), les garçons disposent toujours de plus d'équipements que les filles. Quand on définit les populations à la fois par le revenu et le niveau de diplôme, la faiblesse du taux d'équipement des jeunes filles des milieux les plus démunis confirme une assez forte exclusion du monde du sport.
2Les vélos et les ballons sont les équipements les plus répandus. De l'ordre de 85 % des adolescents ont un vélo, les deux tiers ont des patins ou des planches à roulettes. La planche à voile, les skis, le matériel de surf, et sans doute pour d'autres raisons le matériel de pêche restent minoritaires, de même que les tables de ping-pong. La possession de ces dernières donnent heu à de fortes inégalités sexuelles, de condition sociale, mais pas à des différences par âge.
Le matériel sportif : plus les garçons que les filles
3Dix pour cent des garçons et 18 % des filles n'ont pas de vélo. C'est avec le ballon le matériel le plus répandu, parmi la liste proposée lors de l'enquête. Dans les deux cas, les filles sont deux fois plus nombreuses que les garçons à ne pas en disposer.
4Les rollers et les skates, de même que les raquettes, (tennis, badminton), restent également des accessoires très répandus, de l'ordre des deux tiers des adolescents en possèdent. Un peu plus de filles que de garçons possèdent des rollers, mais les garçons sont sensiblement plus nombreux que les filles à posséder des raquettes.
5Les autres matériels sont peu répandus (matériel de pêche ou tables de ping-pong), ou très peu répandus (matériel de ski, de surf, planche à voile). Les différences entre garçons et filles traduisent des préférences individuelles, ou des parents au moment de l'achat.
6En général les garçons sont mieux dotés que les filles, à l'exception des rollers (33 % des filles n'en ont pas, contre 38 % des garçons, et plus encore des tables de ping-pong : 54 % des filles, contre 76 % des garçons n'en possèdent pas).
7Les différences sont inexistantes pour les matériels de glisse (égalité garçons-filles pour le surf et la planche à voile, pour de très petits effectifs), mais il y a un avantage aux garçons pour le ski (tableau 1).
Tableau 1 – Les principaux matériels sportifs possédés
Matériel | Garçons | Filles |
Vélo | 90 % | 82 % |
Ballon | 92 % | 80 % |
Rollers et skate | 62 % | 67 % |
Raquettes (tennis, badminton squash) | 64 % | 57 % |
Matériel de pêche | 49 % | 34 % |
Table de ping-pong | 24 % | 16 % |
Ski, snowboard | 15 % | 11 % |
Surf | 7 % | 6 % |
Planche à voile | 4 % | 4 % |
Vélos, rollers et ballons pour les plus jeunes, surf, planche à voile et ski pour les grands
8Encore que l'effet de l'âge soit assez limité, on distingue néanmoins plusieurs catégories. Les plus jeunes (12-14 ans) possèdent principalement des ballons, des vélos, des rollers, des skateboards. Le matériel de ski revient aux plus âgés, le matériel de pêche, de ping-pong sont propriété des 15-16 ans. A contrario, raquettes et planches à voile sont possédés également à tous les âges (tableau 2).
Tableau 2 – Matériels sportifs possédés selon l'âge
Matériel | Garçons | Filles |
Vélo | 90 % | 82 % |
Ballon | 92 % | 80 % |
Rollers et skate | 62 % | 67 % |
Raquettes (tennis, badminton squash) | 64 % | 57 % |
Matériel de pêche | 49 % | 34 % |
Table de ping-pong | 24 % | 16 % |
Ski, snowboard | 15 % | 11 % |
Surf | 7 % | 6 % |
Planche à voile | 4 % | 4 % |
Ballons pour tous, planches à voile, skis et surfs pour les plus aisés
9La quasi totalité des équipement étudiés obéit à un effet social : les enfants des milieux plus aisés sont mieux équipés que les autres. Il n'y a que deux exceptions : les ballons, dont le taux de détention est de l'ordre de 85 % quel que soit le niveau de diplôme des parents, et le matériel de pêche. Celui-ci obéit à un effet "classes moyennes" : les enfants des parents les plus diplômés ainsi que des moins diplômés sont ici moins équipés que les enfants de milieux intermédiaires.
10Pour les autres matériels, les différences sont fortes. Alors qu'au niveau d'études des parents le plus élevé, 3 % des enfants n'ont pas de vélo, un quart des enfants de parents sans diplôme sont dans la même situation. Entre les mêmes bornes, on trouve 9 fois plus de skis, de surfs, de planches à voile chez les plus aisés que chez les plus modestes.
11De façon synthétique, les enfants qui vivent dans des familles de niveau de diplôme supérieur au baccalauréat représentent 45 % des détenteurs de planche à voile et de ski, 42 % des propriétaires des planches de surf. Ils représentent 35 % des possesseurs de tables de ping-pong et seulement un quart des propriétaires des raquettes, des vélos et des ballons, ce qui montre que ces derniers matériels sont assez largement partagés.
12La prise en compte conjointe des deux critères d'insertion sociale (revenu et niveau de diplôme des parents) n'apporte pas les mêmes enseignements pour les garçons et pour les filles, et selon les matériels.
13Le vélo est très répandu, malgré cela, il a un clair profil d'intégration sociale. Plus le niveau d'études est élevé, ou plus le revenu est élevé, plus la possession est fréquente. Pour les garçons, on observe même un modèle "parfait" car cette logique s'observe pour chaque niveau d'études quand le revenu s'élève, et pour chaque niveau de revenu quand le niveau d'études s'élève. Cette logique s'observe peu pour les filles, ce qui peut traduire des préférences individuelles, et non sociales, pour la bicyclette. Toutefois, pour les filles comme pour les garçons, la proportion d'adolescents qui possèdent un vélo est inférieure à la moyenne d'environ 20 points pour les enfants les plus défavorisés (pas de diplôme et revenu inférieur à 1 070 € par mois). Il faut néanmoins signaler que, même dans ce cas, si la possession de cet équipement reste fréquente quatre sur dix des filles les plus défavorisées n'ont pas de vélo (tableau 4).
14La situation est différente pour les rollers. Pour les garçons, il s'agirait plutôt d'un équipement de classe moyenne : ce sont les familles des milieux intermédiaires qui sont le plus équipés, les garçons des plus hauts revenus n'étant pas les plus fréquemment équipés. L'effet social est plus net pour les filles, les jeunes filles des milieux défavorisés étant presque trois fois moins souvent équipées de rollers que la moyenne des filles (tableau 5).
Les sportifs sont mieux équipés
1560 % des garçons qui possèdent à la fois un vélo et des rollers font du sport en club, et 8 % seulement disent ne jamais avoir fait de sport. Poulies filles, 48 % des "doubles détentrices" font du sport en club, et 10 % n'ont jamais fait de sport.
16La possession de ces matériels n'est pas forcément synonyme de pratique sportive. En effet, 37 % des garçons et 17 % des filles qui ne possèdent ni vélo ni roller font du sport en club. Là encore il ne faut pas perdre de vue les fortes oppositions entre garçons et filles : 71 % des filles qui ne possèdent aucun de ces matériels ne font pas de sport, contre exactement deux fois moins chez les garçons. Avoir ces deux matériels ne signifie pas forcément une pratique en club, mais n'en avoir aucun, pour les filles, va de pair avec une forte éviction du sport.
17À niveau de diplôme des parents égal, les sportifs sont plus souvent équipés, mais plus les filles que les garçons. Il convient d'être prudent car quand un matériel est très répandu (le vélo par exemple), les différences sociales s'estompent mécaniquement. Ceci n'est pas vrai pour le roller. Si on compare les sportifs aux non-sportifs à diplôme égal, les écarts sont plus marqués pour les filles : les filles de familles diplômées sont plus équipées que les filles des familles non diplômées, et à diplôme égal les sportives sont plus équipées que les non-sportives (tableau 7).
Auteur
Mission bases de données et informations statistiques, ministère de la Jeunesse et des sports
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Pékin 2008
Regards croisés sur la performance sportive olympique et paralympique
Institut national du sport et de l'éducation physique (dir.)
2008
La pratique des activités physiques et sportives en France
Enquête 2003 – Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative Ministère de la Culture et de la Communication, Insee
Hervé Canneva (dir.)
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Les pratiques sportives en France
Enquête 2000
Ministère de la Jeunesse des Sports et de la Vie associative, Institut national du sport et de l'éducation physique, Patrick Mignon et al. (dir.)
2002
Données et études statistiques : jeunesse, sports et vie associative
Recueil des travaux et publications de la Mission statistique de 1999 à 2004
Sandrine Bouffin, Myriam Claval et Hervé Savy (dir.)
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