Chapitre 18
Mise en place d’une cellule individualisée d’entraînement dans une structure fédérale
À partir d’un entretien mené auprès de Christian Roudaut
p. 328-337
Entrées d’index
Mots-clés : individualisation, performance, innovation managériale, entraînement, accompagnement, compétences
Texte intégral
Introduction du chapitre 18. De l’innovation technologique à l’innovation managériale
par Adrien Sedeaud
Mathilde Desenfant et Adrien Marck, dans leur chapitre « L’innovation en sport de haut niveau : perspectives au cœur d’un processus individualisé », nous ont sensibilisés à une définition de l’innovation résolument tournée vers l’application et l’utilisation d’éléments novateurs. Dans le cadre du sport de haut niveau, ils nous proposent d’embrasser l’innovation comme « l’introduction d’une pratique nouvelle de manière durable dans la construction de la performance sportive ». Ce corolaire se voit décliné sous différentes formes allant de l’introduction de changements techniques, passant par l’introduction de produits technologiques jusqu’au changement dans l’environnement de l’athlète.
Concernant cette dernière partie, l’innovation managériale est partie intégrante de ce processus. Le chapitre suivant évoque précisément la mise en en place d’une cellule individualisée d’entraînement dans une structure fédérale.
Il s’agira ici d’évoquer principalement deux points :
1. les critères de mise en place d’une cellule individualisée dans une structure fédérale. Sur quoi s’appuyer, quels indicateurs utiliser pour amorcer une innovation managériale ?
2. comment mettre en place une cellule individualisée dans une structure fédérale ?
Introduction
1« Quand un(e) médaillé(e) olympique demande… » c’est en ces termes que Christian Roudaut décrit le point de départ de la mise en place de la cellule d’entraînement individualisée autour d’Élodie Clouvel, actuelle tête de file française en pentathlon moderne. Elle a, depuis sa médaille d’argent aux JO de Rio, accumulé les podiums lors de différentes coupes du monde de sa discipline.
2En s’appuyant sur l’expérience et le regard de Christian Roudaut, nous allons tenter de répondre à la question suivante : quels sont les critères susceptibles d’amener un encadrement fédéral français à pousser encore davantage le degré d’individualisation d’un athlète ou d’un groupe d’athlètes ? Nous tenterons dans un second temps de définir les moyens semblant garantir la réussite du projet, une fois que celui-ci a été validé.
Les critères de mise en place d’une cellule individualisée dans une structure fédérale
L’humain, une demande
3Le déclencheur est la demande de l’athlète. Elle peut être plus ou moins clairement formulée. C’est à partir de cette demande que l’on va « décider d’aller plus loin avec le sportif, dans le partage, en écoutant sa demande et en tentant d’y répondre du mieux possible ». Le fait d’être à l’écoute de l’athlète, de l’humain tel que le définit Christian Roudaut, constitue la première condition d’une possible mise en place d’une cellule individualisée.
4Cette demande est particulière. Elle émane d’un athlète s’entraînant jusqu’alors au sein d’un collectif. C’est généralement sous ce format d’entraînement que l’athlète a connu ses premiers résultats. Au travers de cette demande, émane généralement une volonté d’aller encore plus loin sur certains points, ce qui est rendu impossible par les contraintes du groupe. Il faut pouvoir justifier cette demande qui ne se fait pas sur un coup de tête.
« Pour moi quand tu veux accompagner un sportif, la première des choses c’est l’humain que tu as en face de toi avec ses capacités, ce que nous permet le site d’entraînement, et les objectifs partagés. » Christian Roudaut
5La conception de l’entraînement de Christian Roudaut repose sur la « singularité » de l’action réalisée par l’athlète. Il reprend la citation de François Bigrel : « S’entraîner est un acte d’invention, la solution proposée par cet acte est singulière, elle est d’autant plus singulière que le niveau de pratique est élevé. » (Bigrel, 1994, p. 3) C’est de cette singularité que découle le besoin d’individualisation : « chaque sportif est différent [...] tous les entraîneurs de tous les sports en France, au moins au niveau des équipes nationales, travaillent avec cette singularité des athlètes et adaptent les séances, que ce soit formalisé ou non. » Un athlète qui demande à passer dans un format d’entraînement permettant d’aller encore plus loin dans l’individualisation manifeste sa volonté d’approfondir encore son approche de la discipline en question.
Les humains : la perception du staff et des autres athlètes sur cette demande
6La demande d’individualisation se fait généralement entre un athlète et son entraîneur. L’environnement d’entraînement ne se restreint pas pour autant à ces individus, bien au contraire. On y retrouve les autres athlètes ainsi que les membres du staff (spécialistes de discipline, corps médical, etc.). Sortir un athlète de ce cadre collectif existant est une décision qui peut générer de l’incompréhension. Il est important que ce choix soit compris en dehors du cadre entraîneur-athlète.
7La mise en place d’une structure individualisée doit être perçue comme évidente dans le chemin de progression de l’athlète, afin notamment de ne pas enrayer la dynamique collective du groupe d’entraînement. Christian Roudaut aborde très clairement ce sujet : « Cette individualisation, ce que l’on pourrait mettre en place dans ce sens-là, a aussi un impact sur le reste du collectif. On doit absolument garantir le fait que l’équilibre hors individualisation est au moins inchangé. »
8Sortir un athlète d’un groupe d’entraînement afin de lui consacrer encore davantage de temps peut logiquement faire ressortir une forme d’envie de la part de ses semblables. Les objectifs et le fonctionnement se doivent d’être clairs. À partir du moment où la demande paraît justifiée, sur les critères que nous aborderons par la suite, l’entraînement se doit de conforter son choix : « La performance ce n’est pas une colonie de vacances ; sont audibles les gens qui ont déjà performé. [...] Cela ne fait pas toujours plaisir à tout le monde, c’est ça qui devient parfois difficile à gérer. [...] À partir du moment où la demande me paraît justifiée, je dois avancer. »
9Voir des têtes de file partir dans une structure avec un degré d’individualisation modifié a forcément un impact sur les athlètes qui restent dans la structure initiale et qui ne peuvent ne pas percevoir le niveau d’individualisation dont ils disposent. Cette frustration peut aussi constituer une source de motivation, puisque cela laisse entrevoir les efforts à fournir si l’on souhaite disposer d’un cadre de performance encore davantage approfondi.
10Le fait de clarifier certains éléments, notamment les critères de prise en compte des demandes d’individualisation, simplifie beaucoup les choses. Il restera toujours qu’« une telle décision est dure à prendre [...] Certains n’ont pas compris, que ce soient les partenaires d’entraînement ou que ce soient les membres du staff qui avaient participé à l’accompagnement jusqu’aux titres précédents. »
11Il faut également prendre conscience des conséquences d’un potentiel refus d’individualisation. Généralement, cette demande arrive à un moment charnière : « C’était le moment pour le faire, pour refixer des objectifs notamment des objectifs revus à la hausse. Le refus par la DTN aurait entraîné, je pense, une rupture avec les sportifs en question et aurait empêché l’épanouissement que l’on connaît actuellement. »
Niveau de performance de l’athlète et niveau d’objectif
12Christian Roudaut ne peut être plus clair à ce sujet : « Avec certains, on parle clairement de médaille olympique ! Un tel niveau d’objectif justifie une individualisation auprès de tout le monde, que tu sois dans le collectif habituel ou dans une cellule spécifique. » Cela rentre d’ailleurs dans une réflexion plus globale qui est celle de l’entraîneur : que doit-on mettre en place autour de l’athlète en fonction de son niveau de performance ?
13Le niveau d’objectif est le critère le plus important susceptible de basculer dans un niveau plus élevé d’individualisation. Le niveau d’objectif et de performance rend la demande audible et légitime auprès du reste du groupe : « Le niveau de performance justifie auprès du collectif la décision qui est en train d’être prise. » Le moment auquel cette demande émerge correspond à la période de performance la plus élevée de l’athlète. L’objectif est de s’appuyer sur cette cellule individualisée afin de permettre à l’athlète de viser des titres de champion olympique ou de champion du monde. Christian Roudaut formalise clairement ce point : « Cela se fait généralement à condition que des titres internationaux seniors ou de manche de coupe du monde aient déjà été remportés [...] on ne va pas individualiser de la même façon si on s’entraîne pour un championnat régional ou pour les JO. »
14En règle générale, Christian Roudaut défend l’idée que « les gens qui ont déjà performé, on doit les accompagner sur ce chemin [...] Ce n’est que lorsque tu as déjà performé que tu peux prétendre à d’autres choses. »
Niveau expertise et capacité individuelle à l’entraînement
15La performance de l’athlète est en partie rendue possible par sa capacité à s’entraîner, sa capacité à s’approprier son entraînement, en d’autres mots, par son niveau d’expertise. Cette expertise peut mettre du temps à être intégrée, c’est très variable d’un athlète à un autre. Sa capacité d’analyse de soi-même, de ses mouvements et de la charge de travail définit bien souvent la vitesse de progression.
16On peut considérer que le niveau d’expertise, l’autonomie ou encore la capacité individuelle à l’entraînement constituent des facteurs facilitant la décision visant à sortir l’athlète d’une cellule collective pour l’intégrer à une autre, davantage individualisée. Avoir en face de soi un athlète qui « comprend ce qu’il est en train de faire » entraîne un bien meilleur niveau de confiance de la part de l’entraîneur. C’est le niveau d’expertise qui permet à l’athlète de se placer en tant qu’acteur ou partie prenante dans la conception de son projet de performance, « cela fait partie de la capacité des sportifs à analyser ce qu’ils font réellement ».
17Un sportif un peu plus âgé est généralement plus avancé sur la question, mais ce n’est pas tout le temps le cas. Cette capacité d’analyse est liée au niveau d’expertise et à la maturité sans pour autant que l’un aille systématiquement avec l’autre : « Il peut y avoir de jeunes sportifs qui ont dès le départ cette capacité d’analyse. » Lorsqu’il est question de prendre en compte une demande émanant de l’athlète, sa capacité à l’autonomie est une qualité qui facilite la mise en place de la structure individualisée. Plus un athlète est mature, plus ses demandes ont tendance à être justifiées et argumentées.
18L’exemple donné par Christian Roudaut au sujet d’Élodie Clouvel résume parfaitement ce point : « Ce qui a été déterminant [...] c’est l’attention apportée à ses sensations et à son ressenti. Elle l’avait et elle a toujours cette capacité à ressentir les choses. Cela lui a par exemple permis d’arriver rapidement à intégrer une discipline telle que l’escrime, un sport d’opposition. Le fait de sentir les choses, cela ne s’apprend pas totalement. » Lorsque la demande de l’athlète est étudiée, son niveau d’expertise, sa maturité, sa compréhension et sa capacité d’entraînement jouent pleinement en sa faveur. Il est par ailleurs intéressant de noter que ces qualités ne sont pas totalement liées à l’expérience, une partie d’entre elles viennent simplement du caractère et des qualités intrinsèques de l’athlète.
Moyens que proposait la structure et ce que proposera la nouvelle cellule
19Cela pourrait paraître évident, mais un des critères de la mise en place d’une cellule individualisée est qu’elle ne doit pas couper l’athlète de l’ensemble des moyens mis à sa disposition initialement. On parle des différents sites d’entraînement, mais aussi des infrastructures, du médical, des soins de la cellule de réathlétisation ou des moyens d’accompagnement annexes tels que le suivi scientifique et la recherche : « Un élément important de la nouvelle organisation était qu’ils [les athlètes] puissent toujours bénéficier de ce que pouvait leur apporter la structure INSEP. » À ce sujet, la cellule d’accompagnement du pôle performance, de l’IRMES, fait partie de ces nouveaux outils qui ont amélioré la compréhension et le suivi des athlètes. En permettant de faire un pas de plus vers la spécialisation et en s’appuyant sur une meilleure compréhension de l’environnement, on ne peut qu’améliorer le suivi de l’athlète au quotidien : « Sur l’INSEP, on a la possibilité de s’appuyer sur des services nous permettant de définir le profil physiologique, physique, et même psychologique de l’athlète grâce à différents systèmes d’évaluation. Ces différentes évaluations sont à prendre en compte dans l’individualisation des entraînements et sur la programmation globale des plans d’entraînement. »
La place centrale de la définition du modèle de performance
20Le fait de mesurer le gain marginal apporté par la nouvelle structure nécessite d’avoir une connaissance poussée des éléments clefs du modèle de performance, en soulignant notamment les incontournables : « Le plus important est de savoir ce qu’il ne faut absolument pas perdre et de quoi les sportifs ont absolument besoin. Cela fait partie de l’échange lorsque l’on commence à structurer une nouvelle organisation. » À partir de ce constat, il est possible de définir les points sur lesquels on souhaite pousser le niveau de précision en identifiant les potentielles plus-values : « En amont il faut que tu sois très clair sur ton modèle de performance, sur la structuration des étapes et sur le cheminement pour la performance. Si tu n’as pas ces informations, tu te tires une balle dans le pied sans même avoir commencé à définir la nouvelle structure. »
Évaluation en vue de la mise en place d’une cellule d’individualisation
21Une grille de lecture pourrait s’articuler autour de trois principaux facteurs : les moyens, les possibilités et les bénéfices.
22Décider de mettre en place une cellule d’individualisation est une décision forte qui nécessite d’échanger avec tous les services susceptibles d’apporter un éclairage sur le profil de l’athlète, sur son potentiel, sur ses points faibles, etc. Christian Roudaut mesure la chance de pouvoir confronter différents avis au sein même de la structure d’entraînement : « C’est important d’être dans une structure telle que l’INSEP parce que l’on peut être accompagné, y compris les entraîneurs, pour faire les choix avec les différents services : les autres entraîneurs, les scientifiques ou encore les psychologues, ou autres personnes extérieures susceptibles d’aider à pouvoir comprendre le profil de tel ou tel athlète. »
23Une des variables que l’on ne doit pas oublier dans le modèle de performance repose sur ce que l’on appelle la charge annexe. Il s’agit de tout ce qui va impacter le quotidien de l’athlète hors de son temps d’entraînement, il peut s’agir des études, de la famille, ou encore d’une potentielle activité professionnelle. Il s’agit de tout ce qui va restreindre le temps que l’on peut dédier à son projet de performance. Les fédérations ont un rôle clé dans l’accompagnement de l’athlète. Elles sont généralement en première ligne lorsqu’il est question de libérer du temps d’entraînement. Le niveau de performance antérieur permet encore ici de faciliter la mise en place de contrats permettant de libérer du temps pour l’entraînement.
24Cette première partie nous a permis de répondre sur les critères de mise en place d’une cellule individualisée autour d’un athlète. On retiendra que toutes ces questions – demande initiale, objectif, maturité, expertise et moyens – doivent être posées afin que le projet d’individualisation soit efficace dans son ensemble.
Comment mettre en place une cellule individualisée dans une structure fédérale
25Passer d’une structure d’entraînement collectif à une structure plus spécifiquement portée sur un individu doit assurer au minimum le même niveau d’accompagnement et apporter un plus aux spécificités en répondant davantage aux demandes individuelles. Pour que cela réponde aux attentes, quelques moyens sont déjà bien connus.
Le recrutement
26En pentathlon moderne, cela fait déjà quelques années que les recrutements se font sur des bases physiques (course à pied et natation). Christian Roudaut va même plus loin : « On ne tient presque pas compte des personnes qui auraient pu déjà pratiquer l’escrime, l’équitation et le tir. » La base de recrutement est avant tout physiologique. Derrière, le travail sur les disciplines techniques est mis en place. Ce recrutement initial a généralement lieu vers 14-15 ans, lors de l’entrée en pôle. « Une fois qu’un athlète rentre, il va y avoir la prise en compte de ses qualités physiologiques et de ses points forts actuels – fort en course, fort en natation – puis ensuite on travaille à l’apprentissage et au développement des trois autres épreuves. »
Faire appel à des compétences hors de la structure existante
27Alors même que la structure existante est fonctionnelle, il ne faut pas se couper de l’apport d’une vision extérieure, notamment lorsqu’il est question de spécialistes des disciplines techniques : équitation, escrime et tir. Cette ouverture risque généralement de créer des tensions par rapport à la structure existante. Ce risque est à prendre en compte, et rend nécessaire le fait de créer un espace de partage, d’expérience et de décisions, entre les entraîneurs et staffs des différents groupes d’entraînement. Christian Roudaut croit beaucoup à ce partage d’expérience inter-staff : « On est allé chercher un entraîneur extérieur, différent de ceux exerçant dans la structure existante. Son arrivée a permis d’offrir un nouvel éclairage sur les dispositifs en place. L’arrivée de compétences extérieures a ainsi permis à tous de profiter de l’apport d’un élément nouveau. »
Fixer des règles
28Le fait de disposer de plusieurs groupes d’entraînement qui évoluent chacun en parallèle rend l’organisation plus complexe. Les comportements de chacun, les jalousies qui peuvent émerger, les moyens qui ne sont pas les mêmes pour tous nécessitent de formaliser les modes de fonctionnement : « J’ai formalisé des règles ainsi que des modes de fonctionnement entre les différents groupes d’entraînement, tout a été partagé avec les staffs et les sportifs. J’ai été intransigeant sur cette partie-là, c’est super important : le médecin, c’est lui, le kiné, c’est lui, la psy, c’est elle, etc. » En d’autres mots, les décisions, et les règles qui en découlent, sont prises en fonction du projet de chacun des sportifs et doivent être absolument partagées par tous.
Réunion des staffs régulière, notamment les staffs olympiques
29Lorsque l’on intervient dans le cadre d’une discipline olympique, que ce soit le pentathlon moderne ou une autre, il est toujours enrichissant d’échanger avec d’autres staffs préparant également les Jeux. « Le plus intéressant sont les réunions des staffs olympiques qui permettent d’aborder les stratégies avec l’ensemble des personnes impliquées dans le projet olympique. Ces temps d’échange m’ont permis de partager des points de vue et d’accepter d’être chalengé. » nous explique Christian Roudaut.
Garder le contact avec le collectif
30La mise en place d’une cellule individualisée autour d’un athlète a pour objectif de dégager encore davantage de temps dédié aux détails. Cela ne signifie pas que l’athlète en question sera totalement sorti du collectif et du travail avec les autres, bien au contraire. « Il est important de garder l’apport du collectif équipe de France » nous dit Christian Roudaut. « Le fait d’avoir réussi à créer ces connexions entre les personnes, c’est super important de mon point de vue. Le bénéfice, on le retrouve en compétition. Cela a pris du temps… »
31En pentathlon moderne, il est d’autant plus vital de garder le contact avec le groupe que l’entraînement de l’escrime s’appuie sur la confrontation. Se couper du groupe, c’est aussi couper l’émulation collective sur laquelle s’appuie l’athlète pour progresser et pour performer : « Les clefs de cette épreuve [l’escrime] résident dans le travail que l’on a pu faire au sein d’un collectif qui peut nous tirer vers le haut. » L’objectif est de parvenir à une dynamique de groupe entre les athlètes, mais aussi entre les différents groupes d’entraînement. Ce qu’il faut essayer de faire en mettant en commun les expériences et les visions consiste à créer et à partager une culture commune de la performance et de la gagne.
32Pour autant, le principe même d’équipe n’est pas ce qu’il y a de plus évident à haut niveau comme l’évoque Claude Onesta dans le Chapitre 12 « De l’individu au collectif : un aller-retour » : « La vraie notion d’équipe, il faut la créer parce qu’elle n’est pas naturelle, même pour des gens passionnés de sports collectifs. Les intérêts personnels, notamment dans le sport professionnel, priment sur le reste. » Il est également impensable de parvenir à tout contrôler, comme nous le rappelle Christian Roudaut, qui complète ce que nous dit Claude Onesta : « Ce n’est pas le monde des Bisounours, mon objectif c’est que l’on récolte des médailles et des titres. Il peut y avoir des oppositions tant que cela reste dans le cadre de l’intérêt des équipes de France et du respect des personnes. »
33Nous clôturerons cette partie avec une préconisation de Christian Roudaut : « Le plus important est d’abord de prendre en compte la demande, de l’analyser par rapport aux chemins de performance propres à la discipline. Cette prise en compte doit permettre d’optimiser la performance. Il faut ensuite partager le projet avec d’autres experts de la discipline, c’est le deuxième point important. Il faut en quelque sorte avoir le courage de prendre en compte la demande et d’avancer sur le projet malgré les obstacles. Je suis convaincu que sans cette prise en compte, bien souvent tout le projet sportif va dans le mur, car on enlève la part de rêve et de réalisation de soi propre au sportif. »
Bibliographie
Bigrel, F. (1994). La performance : abrégé d’entraînement. CREPS Aquitaine.
Auteurs
Benoit Guyot est docteur en gestion, il a réalisé une thèse sur le phénomène d’appropriation des technologies et sur la gestion de la performance sportive en rugby. Il est actuellement responsable développement produit chez Joy. Il était joueur de rugby professionnel jusqu’en 2016, portant les couleurs du Stade français, du Biarritz olympique et du Stade rochelais.
Christian Roudaut est directeur Technique National au sein de la Fédération française de pentathlon moderne.
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