Chiffres clés de l'économie du sport
p. 103-111
Résumé
Les sportifs sont de plus en plus nombreux, on en attend 28 millions en 2010. Simultanément l'innovation dans le sport est permanente, tant sur les matériels que sur les formes de pratiques. Autant dire que la dépense sportive prend de l’ampleur : l’ordre de grandeur est de 127 milliards de francs en 1998. Dans ce total, les achats des ménages et les contributions des collectivités publiques demeurent largement majoritaires.
Ces changements quantitatifs et qualitatifs se conjuguent avec une profonde transformation des structures de financement du sport professionnel, en particulier pour le football. Il y a eu l’arrivée des droits de télévision, puis les entrepreneurs ont investi dans les clubs, enfin devenus managers, les responsables trouvent de plus en plus les moyens de générer leurs propres ressources (merchandising). Parallèlement les formes du sponsoring se sont sophistiquées.
La vitalité des entreprises du sport résulte de l’ensemble de ces mouvements. Le sport fait partie des secteurs dans le peloton de tête pour la création d’entreprises : + 23 % en 1999 sur une moyenne annuelle 93-98. Seul l’ensemble Télécom (net, portables, etc.) fait mieux. La performance est due aux activités liées aux événements sportifs, à la progression du marketing sportif et au développement des salles privées.
Texte intégral
Le sport, un phénomène de masse
1Aujourd'hui, environ 26 millions de nos concitoyens font du sport. Plus de six millions d’entre eux ont entre 6 ans et 14 ans et font état d’une activité sportive hors du programme scolaire d’éducation physique obligatoire. Bien évidemment, les pratiques sont plus ou moins intenses, plus ou moins fréquentes : ainsi 32 % des personnes de 15 ans et plus déclarent s’adonner à un sport au moins une fois par semaine (Tabl. 1). Les proportions sont de 29 % et 35 % respectivement pour les femmes et les hommes.
Tableau 1 – Évolution de la pratique sportive « au moins une fois par semaine » (En % des tranches d’âges considérées)
1994 | 1999 | |
15-24 ans | 52,0 | 51,0 |
25-39 ans | 35,0 | 34,0 |
40-49 ans | 32,5 | 30,0 |
50-64 ans | 25,0 | 29,0 |
65 ans et plus | 18,0 | 19,0 |
Ensemble | 31,0 | 32,0 |
2On s’en serait douté, être jeune favorise l’activité sportive : ainsi 51 % des 15 à 24 ans font du sport au moins une fois par semaine en 1999, contre 29 % pour les 50-64 ans et 19 % pour les 65 ans et plus.
3Pouvoir organiser son temps est un atout : 60 % des élèves et étudiants déclarent faire du sport au moins une fois par semaine, à comparer avec 41 % pour les cadres. Le rôle du milieu social demeure prégnant : 40 % des professions intermédiaires font état de pratiques sportives régulières, c’est le cas de 23 % des ouvriers (Tabl. 2).
Tableau 2 : Pratique sportive « au moins une fois par semaine » selon la catégorie sociale – 1999 (En % de chaque catégorie)
1999 | |
Elèves et étudiants | 60 |
Cadres | 41 |
Professions intermédiaires | 40 |
Employés | 30 |
Artisans, commercants | 27 |
Retraités | 24 |
ouvriers | 23 |
« Autres inactifs » | 22 |
Agriculteurs exploitants | 17 |
Ensemble | 32 |
28 millions de « sportifs » en 2010
4Les différences « pratique féminine » / « pratique masculine » se comblent progressivement. Mais on est encore loin de l'égalité : en 1987, 10 points d’écart, en 1994, 8 points et en 1999, 6 points.
5D’autres changements sont à l’œuvre : résultat de l’allongement de la vie, les seniors s’adonnent de plus en plus au sport. D’ores et déjà, loin d'être négligeable, l’activité sportive des plus âgés se développe. En 1999, 77 % des seniors déclarent ne jamais faire de sport, ils étaient 81 % dans ce cas quatre ans plus tôt. La diminution est remarquable, les activités de loisirs évoluant très lentement. C’est d’ailleurs cette progression rapide qui compense un léger tassement des pratiques dans les âges intermédiaires. Il faut le souligner, pour l'ensemble des Français, le taux de pratique moyen global est stable sur les années 97/98/99.
6En outre, la séance sportive s’allonge. En 1995, un pratiquant consacrait 90 minutes en moyenne lors d’une séance de son sport favori, quinze ans plus tard c’est 106 minutes1. Cette moyenne recouvre sans aucun doute des situations très disparates.
7Premier des loisirs actifs, au cœur du lien social, le sport est de moins en moins une caractéristique urbaine ou l’apanage d’un type de ménage. Ainsi en 5 ans (1994-1999), le taux de pratique sportive dans les communes rurales s’est sensiblement rapproché du taux moyen France entière. Également, la proportion de personnes de plus de 15 ans appartenant à une famille monoparentale et déclarant faire du sport est dans la moyenne en 1999. Les taux de pratique les plus élevés sont ceux des couples avec deux enfants.
8À supposer que ces tendances se poursuivent, et compte tenu des évolutions démographiques, on pourrait approcher les 22 millions de personnes de 15 ans et plus faisant du sport en 2010. Avec les 6-14 ans on atteindrait plus de 28 millions.
Autant de sportifs que d’approches du sport
9Estimer le niveau de la pratique sportive demande que l’on précise l’approche que l’on a du sport.
Un premier regard, peut-être celui du « label »
10Si l’on considère l’élite, celle qui pourrait défendre les couleurs françaises aux Jeux Olympiques, le ministère de la Jeunesse et des Sports dénombre plus de 6 000 sportifs de haut niveau. La définition est précise2. Même s’il intégrait les quelques milliers de sportifs professionnels (notamment dans le football), cet effectif apparaîtrait modeste. Ce serait oublier leur image, leur effet d’entraînement et leur rôle structurant : voir les retombées du Mondial.
11Autre label, la licence3. Aujourd’hui la France compte de l’ordre de 14 millions de licenciés. Il faut comprendre que 14 millions de personnes (du bébé nageur au papi jogger) ont cotisé à un club relevant d’une fédération sportive. Parmi ceux-ci, il y a environ deux millions d’adhérents aux clubs sportifs d’entreprises.
12Les effectifs des fédérations sportives sont très différents d’une famille à l’autre. Dans les fédérations olympiques, les plus nombreux sont : football (2 003 000), tennis (1 063 000), judo (555 000), basket (438 000), équitation (370 000). Les fédérations affinitaires regroupent : les fédérations de sport scolaire et universitaire (2 626 000), les fédérations multisports (1 892 000) et les fédérations de sportifs handicapés (40 400 licenciés).
13Dans les fédérations non olympiques, les plus gros effectifs portent sur la pétanque (477 000), le rugby (273 500), le golf (261 500) et le karaté (204 300).
14Les effectifs de licenciés ont augmenté rapidement entre 1960 et 1980. Au cours de la dernière décennie, la progression a marqué le pas. Ce relatif tassement refléterait le développement des pratiques « hors institution fédérale », en famille, entre amis ou au sein de structures privées à caractère commercial.
15Répondant à un besoin de « zapping sportif » voire de désir bien être/bien paraître, plusieurs fédérations ont créé des licences « loisirs ». Il ne s'agit plus d’être parti prenante à une pratique compétitive mais de se faire plaisir. Autrement dit, les 14 millions de licenciés pourraient concerner relativement moins qu’auparavant « les mono actifs d'un sport ».
On se perçoit plus ou moins sportif
16Le Credoc4 analysant les résultats de son enquête de 1994 signale que 85 % des personnes pratiquant un sport d’équipe, déclarent spontanément « faire du sport ». Les pourcentages sont nettement plus faibles pour des pratiques telles que l’alpinisme, l’escalade, la planche ou le roller, par exemple. Pour obtenir l’information, il faut la relance des enquêteurs.
Dans le sport, on innove au quotidien
17L’innovation en matière sportive est incessante et s’accélère sous la pression conjuguée de plusieurs facteurs, principalement la multiplication des compétitions, la professionnalisation des sportifs, la créativité des entreprises, la médiatisation des sports. Il en résulte :
de nouvelles pratiques, voir la glisse,
des matériels très diversifiés (skis paraboliques, snowboard, VTT...),
des lieux de pratiques variés (stade, pleine nature, voie publique, eau),
des formes de regroupement multiples (autonomes, autogérées, institutionnelles, structures commerciales).
18Autant dire que les frontières entre le sport et les loisirs ou le tourisme s’épaississent. L’enquête sur les pratiques sportives menée par le Ministère devra permettre de réduire certaines zones de flou (résultats attendus pour octobre 2000).
Ordre de grandeur de la dépense sportive : 127 milliards de francs en 1998
19Les pratiques sportives sont devenues des actes de consommation, entraînant des dépenses vestimentaires spécifiques, des achats ou la location d’articles de sport, des droits d’entrée pour utiliser des installations sportives ou assister à des spectacles sportifs, des frais de transport... Le sport offre de plus en plus de débouchés rentables. Les entreprises, les sociétés commerciales, les médias dont les recettes dépendent en partie du volume d’activité sportive et de l’attractivité des compétitions, ont alors intérêt à financer des manifestations sportives (presse sportive, exhibitions sportives, merchandising sportif...) et à utiliser son image (publicité, parrainage, sponsoring). Enfin l’État et les collectivités publiques, en particulier les communes, poursuivent leur aide au développement du sport via les subventions et les équipements.
20C’est l’ensemble de ces débours que l’on a coutume d’appeler la dépense sportive : entre 121 et 132 milliards de francs, telle serait la fourchette dans laquelle se situerait son montant. À titre d’illustration, ces 127 milliards de francs correspondent à plus de 2,5 % de la consommation des ménages. La valorisation du travail bénévole n’a pas été intégrée à ce total afin de ne pas peser davantage sur la fragilité de l’estimation (encadré 2).
21Les consommations sportives des ménages représentent environ la moitié de la dépense totale (64,2 milliards de francs). Viennent ensuite les collectivités publiques qui participent à hauteur de 43 % de l’ensemble avec 54,2 milliards. Loin derrière on trouve les entreprises dont le sponsoring (entre 3 et 5 milliards de francs) et les droits TV (3 milliards) contribueraient à environ 7 % de la dépense sportive en 1998 (encadré 1).
Ménages : d’abord des achats de services
22Le budget sportif des ménages va d’abord aux services qui sont liés aux sports (Tabl. 3) : près de 26 milliards de francs dont 75 % composés de cotisations aux clubs, de leçons de sport, de droits d’entrée, etc. Le deuxième poste concerne les chaussures et les vêtements soit 21,5 milliards de francs en 1998. Notons que les hommes dépensent deux fois plus que les femmes pour les chaussures. En revanche, les budgets sont comparables pour les vêtements. Les achats d’équipements et d’articles de sport occupent la troisième position. Tout ce qui a un lien avec le bateau génère les plus grosses dépenses.
23À juste titre, les budgets consacrés au « vestiaire » du sportif et à son équipement prêtent à controverses : nul n’ignore que toutes les chaussures de sport, toutes les bicyclettes, tous les bateaux et les frais associés ne sont pas directement liés à la pratique sportive. Toutefois, il est permis de penser que si l’intérêt pour le sport n’était pas aussi grand, les dépenses seraient infiniment moindres. Il faut d’ailleurs remarquer que les dépenses vestimentaires concernent toutes les couches sociales de façon relativement comparable. Les différences sont nettement plus marquées pour les achats de services et d’équipements sportifs (Tabl. 4).
Tableau 3 – Dépenses « sportives » des ménages en 1998 (En milliards de francs)
Achats de services liés au sport | 25,9 |
Dont : Cotisations aux clubs sportifs | 9,0 |
Leçons de sport | 6,3 |
Entrées (piscines, remontes pentes, etc.) | 4,3 |
Spectacles sportifs | 1,4 |
vêtements et chaussures : | 21,5 |
Vêtements | 10,2 |
Chaussures | 11,3 |
Equipements et articles de sport | 13,9 |
Dont : | 3,4 |
Bateaux (neufs et occasion) | 3,2 |
Chasse et pêche | 2,6 |
Equipement de sport de balle et d'équipe | 1,3 |
Presse sportive : | 2,9 |
Total dépenses sportives des ménages | 64,2 |
24Enfin les ménages ont consacré 2,9 milliards de leur budget à la presse sportive. Avec un tel montant, les journaux du sport sont seulement devancés par la presse dite « féminine » (4,4 milliards en 1997) et la presse de loisirs (informatique, tourisme, bricolage.). La presse appelée culturelle atteint 0,4 milliard de francs.
25Dans la presse sportive, les généralistes se taillent la part du lion (45 %). Venant derrière, la presse concernant l’équitation et les « courses » approche les 20 %. La presse du sport se porte bien. Même si elle est très marquée par les événements sportifs de l’année, la tendance est indéniablement à la progression (Tabl. 5).
26En moyenne, la presse sportive vit à 80 % des achats des particuliers, les 20 % restant proviennent de la publicité. La place des ressources publicitaires est supérieure à la moyenne dans la presse sportive généraliste, ce qui la place au même rang que la presse « féminine » et économique.
54,2 milliards de fonds publics vont aux sports
27L’État et les collectivités territoriales dépensent chaque année de l’ordre de 54 milliards de francs pour le sport. Ce nombre est fragile : d’une part, il intègre des extrapolations pour les dépenses des communes et d’autre part le périmètre des acteurs publics n’est pas encore complètement défini. À titre d’exemple, les dépenses sportives des organismes sociaux ne sont pas prises en compte.
Tableau 6 – Les financeurs publicsi du sport en 1998 (milliards de francs)
Communes | 37,3 |
État : Ministère de l'Éducation nationale | 10,0 |
Ministère de la Jeunesse & des Sports | 2,9 |
Ministère de l'Agriculture | 0,3 |
Départements | 2,9 |
Régions | 0,9 |
TOTAL | 54,2 |
28De tous les financeurs publics, ce sont les communes qui consacrent au sport le budget le plus élevé : autour de 37 milliards de francs en 1998. L’État occupe la seconde position et dépense chaque année environ 13,2 milliards de francs, dont 10 milliards par l’Éducation nationale. Viennent ensuite les départements et les régions, respectivement pour des montants de 2,85 et de 0,84 milliard de francs (Tabl. 6).
La structure du financement du sport professionnel se transforme en Europe5
29Aux changements quantitatifs et qualitatifs des pratiques sportives, s’ajoutent les profonds bouleversements affectant le financement du sport professionnel.
L’arrivée des droits de télévision
30La régression du modèle « spectateurs - subventions - sponsors - local » de financement, la règle dans les années 1970, a pour contrepartie l’apparition et le développement de nouvelles structures budgétaires pour le football professionnel.
31En 1997-1998, les droits de télévision sont désormais la première origine des financements dans le football professionnel français et la deuxième source de financement dans plusieurs grands clubs européens. Ils ont fait leur apparition dans le basket-ball et le rugby où leur poids va croissant. Les médias sont destinés à devenir, ou sont déjà le principal financeur du sport professionnel, ce qui corrobore l’actuelle stratégie d’acquisition de parts dans le capital de clubs professionnels par des groupes de l’industrie des médias tels que BSKysB, CLT-UFA, AB Sports, Canal Plus ou Pathé.
32Ce soutien existait déjà dans le passé, mais demeurait une source de fonds auxiliaire par rapport aux spectateurs et aux mécènes ou sponsors. Aujourd’hui, avec la concurrence qui s’est développée dans les années 1980 entre un nombre croissant de chaînes de télévision publiques ou privées, les ligues et les clubs peuvent jouer sur cette concurrence pour négocier des droits de retransmission de plus en plus élevés.
33On a là une conséquence de la privatisation et de la déréglementation du secteur des médias en Europe. Il en résulte que les chaînes de télévision prennent une part chaque jour plus décisive dans le financement des sports professionnels collectifs. Cette tendance est encore renforcée par l’internationalisation du sport, spécialement des sports professionnels, dont les compétitions européennes ou mondiales attirent beaucoup d’audience télévisuelle (voir p. 111 « Sport et télévision »).
ENCADRÉ 1
L’avenir du parrainage sportif
Selon nos estimations, la part du sponsoring dans la dépense sportive serait relativement modeste en France. Ce point serait corroboré par une étude internationale suggérant que la dépense de sponsoring sportif par tête serait la plus élevée au Royaume Uni, moitié moindre aux États-Unis, viendrait ensuite l’Allemagne suivie à égalité par la France et l'Espagne.
De fait, l’extrême fragilité des informations ne permet pas de gloser à l’infini, d'autant plus que les calculs concernant les retours sur investissement restent à faire.
En revanche, ce qui est clair est que la place du sponsoring sportif au sein du total des dépenses mondiales de publicité est amenée à augmenter : de 4 % au début des années 1990, le ratio atteint 6,5 % en 1998 et l’on prévoit 8,5 % en 2010ii.
Autant dire que l'on s’attend à ce que le sponsoring sportif dynamise le développement de l’ensemble de la publicité.
Il s’ensuivrait(iii :
– un intérêt accru des responsables du management pour cette forme de communication
– une progression de la diffusion du sport sur Internet
– des approches nouvelles, en particulier avec les sportifs, les « freesport ». Ces derniers offriraient de nombreux espaces de communication à la fois moins coûteux que les sports traditionnels et plus proches des jeunes consommateurs.
Les entrepreneurs investissent dans le sport
34Dans les années 1980, les chefs d’entreprise pénètrent le sport professionnel non plus comme mécènes, mais comme investisseurs intéressés à la fois par la réussite sportive et par les résultats financiers des clubs dans lesquels ils ont investi. Deux changements en résultent : la gestion des clubs passe aux mains des managers professionnels et les finances des clubs bénéficient de l’expérience et de la capacité de financement de ces nouveaux investisseurs dans le sport professionnel.
Apparition du merchandising
35La troisième tendance, nouvelle, est encore plus récente. Elle réside dans la prise de conscience, par les managers des principaux clubs professionnels européens, surtout dans le football pour le moment, qu’ils peuvent attirer des recettes commerciales importantes en exploitant eux-mêmes, sur une grande échelle, l’image et la notoriété du club, en ne se cantonnant plus à la vente de quelques gadgets, fanions et vêtements sportifs aux couleurs du club.
36Le merchandising fait son apparition dans le football professionnel européen depuis quelques années. Il s’agit d’une stratégie qui consiste à vendre tout un catalogue de produits variés à l’emblème du club (vêtements, linge, jouets, cartables pour enfants, sacs, montres, parfums, etc....).
37Les clubs de football français, partis en retard dans cette stratégie, essaient aujourd’hui de rejoindre les plus grands clubs européens : l’O.M., premier club français en la matière, a réalisé 57 millions de francs (12,5 % de son chiffre d’affaires) de merchandising en 1998-1999. Le sport professionnel a ainsi trouvé un nouveau moyen de générer lui-même directement ses propres finances.
38Les transactions sur les marchés de leurs facteurs de production constituent la dernière évolution récente dans la collecte de fonds par les clubs professionnels.
39Elles consistent pour un club à utiliser le marché des joueurs professionnels pour reconstituer ses finances, à émettre des titres (actions, obligations) sur les marchés financiers (financement direct) et, par extension, à s'adresser au marché des emprunts bancaires (financement intermédié).
La vitalité des entreprises du sport
40Le sport fait partie des secteurs dans le peloton de tête pour la création d’entreprises6 : + 23 % en 1999 sur une moyenne annuelle 93/987. Seul l’ensemble Télécom (net, portables, etc.) fait mieux. Ce résultat est à comparer à -3 % pour la totalité des entreprises et + 5 % pour les seuls services aux ménages.
41Il faut souligner que la performance résulte exclusivement des activités liées aux événements sportifs, à la progression du marketing sportif ou encore à des services tels que leçons de sport, musculation...
42En outre, les entreprises ainsi créées sont petites : pas ou peu de salariés. Pour leur part, les secteurs classiques – commerce d’articles de sport, gestion d’installations sportives – épousent la conjoncture globale des services et du commerce.
43Au terme de ces mouvements, aujourd’hui environ 29 000 entreprises travaillent directement pour le sport : soit + 10 % par rapport à 1993 (Tabl. 7).
Tableau 7 — Évolution du nombre des entreprises dans le sport
1er janv. 1993 | 1er janv. 1999 | Évolution | |
Commerce de détail d’articles de sport et de loisir | 10 587 | 9 562 | -9,7 % |
Gestion d'installations sportives | 5 232 | 3 150 | -39,8 % |
Organisation et gestion d’activités sportives, sportifs professionnels, etc. | 10 591 | 16 319 | +54 % ° |
Total | 26 410 | 29 031 | +9,9 % |
44La vitalité de l’économie du sport se reflète dans l'emploi du secteur : + 24 % de postes salariés et non de salariés entre 1993 et 1999. Elle se retrouve dans les emplois-jeunes : aujourd’hui, 38 % d’entre eux vont dans les domaines de la jeunesse et des sports (hors éducation nationale et police).
45Reflet des difficultés des activités de gestion d'installations sportives, ce secteur a perdu plus de 3 000 emplois durant la même période (Tabl. 8).
Tableau 8 — Évolution des emplois salariés et non salariés dans les entreprises du sport
1er janv. 1993 | 1er janv. 1999 | Évolution | |
Commerce de détail d'articles de sport et de loisir | 33 671 | 41 595 | +23,5 % |
Gestion d’installations sportives | 16 437 | 13 223 | -19,5 % |
Organisation et gestion d’activités sportives, sportifs professionnels, etc. | 12 849 | 23 217 | +80 % |
Total | 62 957 | 78 035 | +23,9 % |
ENCADRÉ 2
Une estimation fragile
À l’origine de la fragilité de l’estimation deux raisons principales : d'une part, l’information est dispersée, incomplète, inadaptée... et d’autre part, la notion de « dépense sportive » n’est pas définie comme par exemple pour le produit intérieur brut (PIB). Les postes évalués ici pour la dépense sportive, sont ceux habituellement retenus dans ce genre d’exercice.
Les principales sources de difficultés sont les suivantes :
– La fraîcheur de l’information. Les données concernant les masses les plus importantes ont été recueillies en 1 995 : budget des ménages par exemple.
– Le flou des définitions. Les données de la Direction de la Comptabilité publique ne sont pas adaptées à la mesure des activités sportives. En effet, les dépenses sportives sont agrégées avec les dépenses culturelles et de loisirs dans les comptes des collectivités territoriales. En outre, les comptables ne recueillent pas forcément toutes les dépenses liées au sport. Ces insuffisances pèsent surtout sur les budgets sportifs locaux.
L'enquête ancienne sur laquelle on s’appuie ici concerne un nombre limité de communes. Les redressements effectués en pâtissent. Cette situation est d'autant plus dommageable que les communes contribuent de façon importante au financement du sport.
Autre domaine de flou, le sponsoring. À supposer que l’on dispose d’une définition précise, ce qui n'est pas le cas, le secteur est assez opaque : il n’y a aucune obligation de publicité des contrats. Selon les définitions retenues, la presse spécialisée et les bureaux d'études font état des dépenses de sponsoring allant de 3 à 6 milliards de francs.
Ancienneté des données, voire absence de données, faiblesse des définitions pour le domaine sportif, autant d’éléments qui conduisent le ministère de la Jeunesse et des Sports à mettre en place un groupe de travail destiné à élaborer les comptes économiques du sport. Un effort particulier concernera le volume et les flux du sponsoring sportif.
Sport et télévision
Canal + prend la tête de la programmation sportive
Tout ce qui suit est élaboré à partir de la Lettre du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel – CSA- parue fin mars 2000
Au cours de la période 1996/1999, l’ensemble des chaînes nationales hertziennes a diffusé 9 754 heures de programmes sportifs (72 % de retransmissions et 28 % de magazines divers), soit une hausse importante de 1 200 heures par rapport aux quatre années précédentes (+14 %).
Cette augmentation est entièrement imputable à Canal + qui augmente de 63 % son volume de diffusion au cours de la période considérée.
Au sein de l'offre globale hertzienne, la chaîne cryptée occupe désormais la première position, de loin la plus importante : elle représente 51 % du total contre 35 % quatre ans plus tôt. (Tabl. A).
la place qu'occupent les différentes disciplines sportives dans l’offre télévisuelle résulte des choix effectués par les chaînes qui négocient individuellement avec les grandes fédérations ou organisateurs privés.
Dans ce cadre, les « valeurs sûres » se sont depuis longtemps imposées aux premières places des palmarès.
Ainsi, au cours de la période 1996/1999, la hiérarchie des disciplines sportives ayant fait l'objet de retransmissions n’a guère changé par rapport aux quatre années précédentes. On peut toutefois souligner la progression du rugby, passé de la 7ème à la 3ème place, et la domination accentuée du football, qui occupe désormais plus du quart du volume horaire. En consommation, cette part est encore nettement supérieure, le football étant le seul sport largement retransmis à des horaires de grande audience.
Inflation permanente des droits de retransmission
La présence du sport à la télévision est pratiquement aussi ancienne que la télévision elle-même. Longtemps, le principal obstacle à la multiplication des retransmissions ne tiendra qu’aux inquiétudes des fédérations sportives face au risque de désaffection des stades par le public, les questions techniques étant résolues depuis longtemps. C'est l’éclatement de l'ORTF en 1974 et surtout le déplafonnement des ressources publicitaires qui vont introduire la concurrence entre les chaînes et donc la montée des prix.
La création de chaînes privées, dont Canal +, puis la privatisation de TF1, accélérera le processus. En outre, les chaînes françaises ont dû acheter des droits pour retransmettre des compétitions internationales dont les prix également n’ont cessé d’augmenter (Tabl. B).
Sur l'écran : d’abord le football
Tableau A – Évolution de l’offre sportive au cours des périodes 1992/1995 et 1996/1999
Période | Période | Évolution en % | |
TF1 | 1346 h | 1 377 h | +2,3 |
France 2 | 2 435h | 2 243 h | -7,9 |
France 3 | 1 757h | 1 443 h | -17,9 |
M6 | 302 h | 256 h | -8,5 |
Total chaînes enclair | 5 840 h | 5 319 h | -8,9 |
Canal + | 2718 h | 4 435 h | +63,2 |
Total chaînes hertziennes | 8 558 h | 9 754 h | +14,0 |
Notes de bas de page
1 Source INSEE, enquête « emploi du temps » 1985 et 1998.
2 Un sportif de haut niveau est un sportif licencié qui est placé par sa fédération sportive dans une logique de performance au sein des Équipes de France lors des grandes compétitions internationales que sont les Jeux Olympiques, les Championnats du Monde et des Championnats d'Europe. La discipline sportive qu'il pratique doit être reconnue de haut niveau par la Commission Nationale du Sport de Haut Niveau. Il est choisi par le Directeur Technique National (DTN) de sa fédération parmi les sportifs participant aux collectifs des Équipes de France en fonction de critères et dans la limite de quotas.
3 Un licencié est un membre d'une association sportive (un club) et de la fédération sportive à laquelle est affiliée cette association, qui a reçu de sa fédération l’autorisation de participer à des compétitions organisées par elle.
4 Enquête réalisée par le Crédoc en 1994 à la demande des équipementiers du sport.
5 Sur ce point, voir Vladimir Andreff – « Les finances du sport » in l'Europe Financière-Revue d’Économie financière n° 55, janvier 2000.
6 Les entreprises considérées (stock ou créations) correspondent à de véritables entreprises ; ce ne sont ni des associations, ni des personnes morales de droit public. Leur activité concerne toute la production (industrie, commerce, construction, services). Sont exclus la banque et les services financiers.
7 Les comparaisons sont généralement faîtes sur des moyennes annuelles (ici 1993/1998) en raison du caractère très conjoncturel des mouvements de créations d'entreprises.
Notes de fin
i La dépense des collectivités locales est extrapolée à partir d'une enquête partielle menée par le MJS pour les années 1993-1994 : l'actualisation 1998 est faite à partir de l’indice constaté sur le poste « loisir, sport et culture « des données de ta comptabilité publique.
ii Source Sponsoring Research International SRI, janvier 2000
iii Les thèses qui suivent ont été au cœur du débat de la seconde conférence européenne sur le sponsoring sportif de fin mars 2000. La conférence était organisée par le bureau d’études anglais BDS Sponsoring Ltd
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Pékin 2008
Regards croisés sur la performance sportive olympique et paralympique
Institut national du sport et de l'éducation physique (dir.)
2008
La pratique des activités physiques et sportives en France
Enquête 2003 – Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative Ministère de la Culture et de la Communication, Insee
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Les pratiques sportives en France
Enquête 2000
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Données et études statistiques : jeunesse, sports et vie associative
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