Un demi-siècle de licences sportives
p. 75-83
Résumé
En 54 ans, le nombre annuel de licences délivrées par les fédérations sportives agréées a été multiplié par 8. En 1949 on en dénombrait 1 867 000 et 14 900 000 en 2002.
Cette évolution se décompose en trois périodes bien distinctes.
La première s’étend de 1949 à 1956. La croissance annuelle est en moyenne de 3 %. Elle est pour beaucoup le fait des fédérations scolaires et universitaires.
La deuxième va de 1957 à 1986. Elle constitue l’« âge d’or ». La croissance est vive (5,8 % par an en moyenne). Toutes les « familles » de fédérations sont concernées, même si les fédérations unisport olympiques et non olympiques progressent plus vite.
La dernière période, depuis 1987, se caractérise par un fort ralentissement de la croissance (1,0 % par an en moyenne). On note toutefois une tendance à la reprise dans les dernières années.
Tout au long de la période, la part des femmes dans l’évolution du nombre de licences délivrées a été déterminante. Elle a été en progression constante et régulière. En 1962 on dénombrait 640 000 licences féminines pour près de 5 000 000 en 2002. Elles ne représentaient ainsi que 19,4 % de l’ensemble des licences en 1962 contre un peu plus d’un tiers en 2002.
Texte intégral
L’évolution de l’ensemble des licences délivrées
1En 1949, les fédérations sportives agréées délivraient 1 867 000 licences. En 2002, ce nombre était de 14 900 000. En un peu plus de cinquante ans, il a été multiplié par 8. Cette évolution correspond à un taux de croissance annuel moyen sur l’ensemble de la période de 4,0 %. À titre d’illustration, il correspond à un doublement, en moyenne, du nombre de licences délivrées, tous les 18 ans (Graph. 1). Sur la même période, la population française s’est accrue de 42,9 %.
2Les données pour 2003, portent le nombre de licences délivrées à environ 15 130 000, soit une croissance de 1,5 % par rapport à 2002. Ce taux, inférieur à la moyenne d’ensemble de la période s’inscrit néanmoins dans un contexte de légère reprise de la croissance du nombre de licences délivrées, observée à l’orée du vingt et unième siècle.
ENCADRÉ 1
Champ1
Cette étude porte sur les licences sportives et les « autres titres de participation » (ATP), délivrés par les fédérations agréées. Dans l’étude, on distingue quatre « familles » de fédérations :
– les fédérations unisport olympiques : on classe dans cette famille, sur toute la période, les fédérations qui sont aujourd’hui olympiques ;
– les fédérations unisport non olympiques ;
– les fédérations scolaires et universitaires ;
– les fédérations multisports et affinitaires (y compris les fédérations spécifiques aux personnes en situation de handicap).
3Cette évolution d’ensemble recouvre des mouvements contrastés à l’intérieur de la période. On peut les repérer en calculant les moyennes mobiles sur cinq ans (MM5) des taux de croissance annuels (cf. Encadré 2). La première sous-période va de 1949 à 1956, la deuxième de 1957 à 1986 et la troisième de 1987 à 2002 (Graph. 2).
ENCADRÉ 2
Méthodologie
Les « moyennes mobiles » sur 5 ans (MM5) des taux de croissance annuels se déterminent de la façon suivante :
Chaque point de la courbe correspond à la moyenne des taux de croissance sur cinq années ;
On passe d’un point de la courbe au suivant en enlevant le taux de l’année la plus éloignée et en ajoutant celui de l’année la plus récente.
Exemple : pour l’année 1980, le point sur la courbe correspond à la moyenne des taux des années 1978, 1979, 1980, 1981, 1982. Pour l’année 1981, ce sera la moyenne des taux des années 1979, 1980, 1981, 1982, 1983.
Cette procédure permet de dégager des tendances. Ici, on détermine empiriquement trois sous-périodes selon que les MM5 sont inférieures ou supérieures à 4 % (Graph. 2).
1957-1986, « l’âge d’or »
4Les deux caractéristiques principales de la première sous-période sont les suivantes :
elle est relativement de courte durée. Son amplitude s’étend de 1949 à 1956 ;
le rythme de croissance est proche du rythme moyen de l’ensemble de la période, le taux de croissance annuel moyen étant de 3,0 % (Tabl. 2).
5Ainsi, en 1949 dénombrait-on environ 1 870 000 licences délivrées par 49 fédérations agréées et environ 2 300 000 délivrées par 54 fédérations licences s’est accru de 23,2 %, qui correspond à une agréées en 1956. Entre ces deux dates, le nombre de croissance absolue de 437 000 licences (Tabl. 1).
6La deuxième sous-période présente les caractéristiques suivantes :
elle est longue (trente ans), de 1957 à 1986 ;
elle est particulièrement dynamique. C’est la période au cours de laquelle le rythme de croissance a été le plus soutenu, le taux de croissance annuel moyen étant alors de 5,9 % (Tabl. 2).
7En 1986, on dénombrait environ 12 700 000 licences délivrées par 94 fédérations agréées. Entre 1956 et 1986, le nombre des licences a donc été multiplié par 5,5, qui correspond à une croissance absolue d’environ 10 330 000 licences (Tabl. 1).
8La troisième sous-période, contemporaine, présente, elle, les caractéristiques suivantes :
elle couvre les années 1987 à 2002 (seize ans) ;
elle correspond à un fort ralentissement du mouvement précédent. Sur le demi-siècle écoulé, c’est la période où la croissance aura été la moins soutenue, le taux de croissance annuel moyen n’étant plus que de 1,0 % (Tabl. 2).
9En 2002, on dénombrait environ 14 900 000 licences délivrées par 112 fédérations agréées.
10Entre 1986 et 2002, le nombre de licences s’est donc encore accru de 17,2 %, qui correspond à une croissance absolue d’environ 2 192 000 licences (Tabl. 1).
11Toutefois, on observe ces dernières années, approximativement à l’entrée dans le vingt et unième siècle, une tendance à la reprise. Les points les plus bas de la période ont été atteints au milieu des années 90 et ils correspondaient à une quasi-stagnation du nombre de licences délivrées (Graph. 2). Les données pour 2003 confirment et renforcent cette tendance à la reprise.
Plusieurs périodes, plusieurs moteurs
12Même si l’évolution d’ensemble est étroitement liée à celle des licences délivrées par les fédérations olympiques (elles représentaient respectivement 49,0 % et 47,8 % des licences délivrées en 1949 et en 2002), le mouvement de croissance a été animé par des « moteurs » évoluant à des rythmes différenciés selon les sous-périodes : les fédérations du sport scolaire et universitaire pour la première, les fédérations olympiques pour « l’âge d’or », les fédérations multisports et affinitaires pour la période contemporaine.
Fédérations olympiques (Tabl. 2, Graph. 3)
13Elles auront tenu le rôle du « moteur » le plus actif au cours de la sous-période la plus faste, épaulées par les fédérations non olympiques. Le taux de croissance annuel moyen des licences délivrées par les fédérations olympiques est alors de 6,2 % contre 5,9 % pour l’ensemble, le nombre de licences étant multiplié par 6,1 entre 1956 et 1986.
14Par contre, sur les deux autres sous-périodes, le taux de croissance annuel moyen des licences délivrées par les fédérations olympiques est inférieur à celui de l’ensemble.
15Sur la première, il l’est très sensiblement : 1,4 % contre 3,0 % globalement, le nombre de licences délivrées s’accroissant, sur cette sous-période, de 10,1 % contre 23,2 % pour l’ensemble.
16En revanche, il est beaucoup plus proche du taux de croissance d’ensemble sur la période contemporaine : 0,7 % contre 1,0 %, le nombre de licences des fédérations olympiques progressant de 11,8 % entre 1986 et 2002.
Fédérations non olympiques (Tabl. 2, Graph. 3)
17Comme pour les fédérations multisports et affinitaires, même si c’est à un degré moindre, la période contemporaine reste relativement favorable pour ces fédérations. Leur taux de croissance annuel moyen de licences délivrées y est de 1,8 %, supérieur à celui de l’ensemble, ce qui correspond à une augmentation de 31,7 % du nombre de leurs licences sur cette sous-période.
18Cette position sur la période contemporaine traduit une montée en puissance régulière de ces fédérations. Alors que sur la première sous-période leur vitesse moyenne de croissance était inférieure à celle de l’ensemble : 2,2 % contre 3,0 %, elle lui était identique sur la deuxième : 5,9 %. Ainsi, de 1949 à 1956, le nombre de licences a augmenté de 16,5 %, de 1957 à 1986, il a été multiplié par 5,6.
Fédérations scolaires et universitaires (Tabl. 2, Graph. 3)
19L’heure de gloire de ces fédérations correspond à la période du « baby boom », soit à la première des sous-périodes définies ici. Elles ont alors enregistré un taux de croissance annuel moyen des licences délivrées très élevé : 6,8 %, le nombre de licences augmentant de 48,2 %de 1950 à 1956. Cette prédominance est également vraie en valeur absolue (Tabl. 1).
20Après cette période, l’évolution est marquée par un ralentissement progressif. Au cours de la deuxième sous-période, si la croissance reste vive, elle est néanmoins légèrement inférieure à celle de l'ensemble : 5,6 % contre 5,9 %, le nombre de licences étant multiplié par 5,2.
21Enfin, la période contemporaine montre une quasi-stagnation de ces fédérations. Le taux de croissance annuel moyen des licences délivrées, le plus faible des quatre « familles » de fédérations, est de 0,1 %, le nombre de licences n’augmentant que de 1,3 % en seize ans.
Tableau 2 – Taux de croissance annuel moyen (unité : %)
Fédérations | 1949-1956 | 1957-1986 | 1987-2002 |
Olympiques | 1,4 | 6,2 | 0,7 |
Non Olympiques | 2,2 | 5,9 | 1,8 |
Scolaires et Universitaires | 6,8 | 5,6 | 0,1 |
Multisports et Affinitaires | 0,0 | 4,5 | 2,3 |
Total | 3,0 | 5,9 | 1,0 |
Fédérations multisports et affinitaires (y compris les fédérations spécifiques aux personnes en situation de handicap) (Tabl. 2, Graph. 3)
22Même si, en valeur absolue (Tabl. 1), les fédérations olympiques fournissent la plus forte contribution à la croissance au cours de la période contemporaine, en termes de vitesse de croissance, les fédérations multisports et affinitaires sont le plus fort « moteur » de cette même période. Le taux de croissance annuel moyen des licences qu’elles délivrent est alors de 2,3 % contre 1,0 % pour l’ensemble, le nombre de licences délivrées s’étant accru de 43,4 % depuis 1986.
23Par contre, l’évolution du nombre de licences délivrées par les fédérations multisports et affinitaires a été inférieure à la croissance d’ensemble sur les deux premières sous-périodes : les taux annuels moyens sont respectivement de 0 % et 4,5 %, induisant une stagnation du nombre de licences délivrées sur la première sous-période et une multiplication par 3,7 du nombre de licences sur la deuxième.
La part des femmes a augmenté de 75 % en quarante ans
24Dans la répartition des licences entre hommes et femmes, on ne dispose de données d’ensemble que pour une période s’étendant de 1962 à 2002. En 1962, on dénombrait environ 2 700 000 licences détenues par des hommes et 670 000 par des femmes.
25En 2002, ces chiffres étaient respectivement de 9 800 000 et 5 100 000. Entre ces deux années, le nombre des licences détenues par des hommes a été multiplié par 3,1, alors que pour les femmes, il a été multiplié par 5,6. Si, au terme de la période, les hommes sont toujours majoritaires, il n’en demeure pas moins que la contribution des femmes à la croissance a été significative sur les quarante ans qui viennent de s’écouler, cette contribution étant en constante augmentation.
26Sur la période commune avec celle de « l’âge d’or » (1962-1986), en moyenne, la part des femmes expliquait 25 % de la croissance et ce rôle s’est ensuite accentué puisqu’elle en explique 32 % sur la période contemporaine.
27Au total, le taux moyen annuel de croissance de la contribution des femmes sur l’ensemble de la période aura été de 1,8 %. Autrement dit, chaque année depuis 1961, la part des licences féminines dans le total des licences délivrées a augmenté, en moyenne, au rythme de 1,8 % par an, passant de 16,0 % en 1962 à 34,0 % en 2002 (Graph. 4).
28La contribution des licences féminines à la croissance d’ensemble se porte dans des domaines assez différents de ceux des licences masculines. L’observation des taux de croissance annuels moyens selon les différentes « familles » de fédérations et le sexe met en évidence ces tendances.
29Globalement, la vitesse de croissance est plus forte pour les licences féminines sur les deux sous-périodes pour lesquelles les données sont disponibles. Ce même constat s’applique, en général, à chacune des « familles » de fédérations.
30Dans la dernière période, la croissance se ralentit fortement, qu’il s’agisse des licences masculines comme des licences féminines. Néanmoins, ce mouvement est sensiblement moins important dans le cas des licences féminines : pour elles, on passe d’un taux de croissance annuel moyen de 7,6 % sur la période 1962-1986 à un taux de 1,5 % sur la période contemporaine. Pour les licences masculines, ce même taux passe de 5,0 % sur la période 1962-1986 à un taux de 0,8 % sur la période contemporaine. Entre les deux périodes, le ralentissement de la croissance pour les licences masculines est de 23 % supérieur à ce qu’il est pour les licences féminines. En valeur absolue, sur la dernière période, l’augmentation du nombre de licences féminines est légèrement supérieure à celle des licences masculines (Tabl. 3).
31Les hiérarchies des taux de croissance, indice des choix, sont différentes selon les sexes.
32Pour les licences masculines, durant la période faste, ce sont les fédérations unisport qui enregistrent les plus fortes croissances avec des taux très supérieurs à ceux des deux autres « familles », signe d’une tendance masculine à se diriger vers des formes d’activités sportives appuyées pour l'essentiel sur des compétitions. Sur la période contemporaine, les fédérations multisports et affinitaires sont celles qui résistent le mieux à cette érosion de la croissance. Toutefois, les fédérations olympiques restent celles qui progressent le plus en valeur absolue (Tabl. 3).
33Pour les licences féminines, la situation est sensiblement différente. Sur la période faste, les fédérations multisports et affinitaires ont le taux de croissance le plus élevé, mais les fédérations olympiques la plus forte progression en valeur absolue. En revanche, sur la période contemporaine la hiérarchie est bouleversée, les fédérations non olympiques soutenant la croissance des licences féminines, alors que les multisports et affinitaires ont la plus forte variation en valeur absolue (Tabl. 3).
Bibliographie
RÉFÉRENCES
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Publication/STAT – Info d’octobre 2002. Le sport chez les jeunes de 12 à 17 ans. – Guy Truchot, Audrey Moreau, Alexandra Pichault « Les pratiques sportives en France ». Résultats de l’enquête menée en 2000 par le ministère des Sports et l'Institut National du Sport et de l’Éducation Physique : édition de l’INSEP
DRDJS Midi-Pyrénées/Haute Garonne avril 2004. Licences et clubs en Midi-Pyrénées – évolutions 1993-2003. – Thierry Maudet, Agathe Barbieux
DRDJS Midi-Pyrénées/Haute Garonne novembre 2001– Place et part des femmes en Midi-Pyrénées, le sport un « monde à part ? ». – Thierry Maudet, Agathe Barbieux
Notes de bas de page
1 Voir les définitions dans STAT-Info no 04-02 février 2004
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Pékin 2008
Regards croisés sur la performance sportive olympique et paralympique
Institut national du sport et de l'éducation physique (dir.)
2008
La pratique des activités physiques et sportives en France
Enquête 2003 – Ministère de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative Ministère de la Culture et de la Communication, Insee
Hervé Canneva (dir.)
2005
Les pratiques sportives en France
Enquête 2000
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Données et études statistiques : jeunesse, sports et vie associative
Recueil des travaux et publications de la Mission statistique de 1999 à 2004
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