Étude de la pratique sportive des jeunes filles à l'UNSS dans et en dehors des zones d'éducation prioritaires de 1999 à 2002
p. 41-45
Texte intégral
1- Problématique
1La pratique sportive des jeunes filles dans les quartiers urbains sensibles a-t-elle baissé au cours de la période récente ?
2On ne peut apporter rapidement de réponse claire car il n’y a pas de données aisément disponibles sur la question. Les sources les plus complètes sont les statistiques sur les licences sportives. Elles ne sont pas rapidement disponibles au niveau des clubs. L’âge des titulaires n’y est pas connu avec une très grande homogénéité et l’origine sociale des adhérents n’est pas indiquée.
3Dans ce contexte, l’UNSS se trouve dans une situation particulière : le siège de chaque association sportive est un collège, et grâce à la carte des Zones d’éducation prioritaire (ZEP), les caractéristiques sociales sinon des adhérents du moins de l’aire de recrutement du collège peuvent être connues.
4Dans ces conditions, et avec les limites exposées ci après, on peut étudier l’évolution du nombre de jeunes adhérentes à l'UNSS, en ZEP et hors ZEP, pour vérifier si l’on observe ou non une baisse de la pratique sportive des jeunes filles.
2- Méthodologie
5La note qui suit analyse l’évolution de la population sportive inscrite à l’UNSS en collège pour les quatre dernières années scolaires. Elle porte sur près de 520 000 licenciés répartis dans quelque 5 000 collèges (l’ensemble des collèges publics en ZEP et hors ZEP de métropole). En s’appuyant sur les données de l’Éducation nationale et de l’UNSS, il est possible de déterminer le pourcentage respectif garçons-filles en ZEP et hors ZEP adhérents à l’UNSS, ainsi que les évolutions au cours des quatre dernières années scolaires (1999-2000 à 2002-2003).
6Le Ministère des sports (Mission statistique) a contribué à cette mission par le travail à plein-temps d’un statisticien pendant dix jours pour l’analyse et la production de la synthèse finale. L’UNSS a bien voulu mettre à disposition l’ensemble de ses fichiers et a aidé à l’exploitation des données.
3- Limites de l’exercice
7– Les données ci-jointes ne sont pas exhaustives, car les effectifs de l’UNSS représentent environ deux cinquièmes des effectifs de collégiens en clubs.
8– Faire du sport à l’UNSS plutôt que dans un autre club n’est pas neutre : cela renvoie sans doute à la façon dont les jeunes se situent dans le collège et ce qu’ils peuvent en attendre. On peut faire l’hypothèse qu’il faut se sentir assez bien dans un collège pour en faire le lieu de son club sportif.
9– Par ailleurs les éventuels comportements agressifs des garçons vis-à-vis des filles trouveraient leurs sanctions dans le cadre de la vie scolaire.
10– La pratique sportive des jeunes se déroule non seulement dans les structures sportives fédérales, mais aussi dans d’autres types de structures (maisons de jeunes, centres de quartier, etc.). Les populations peuvent être différentes de même que les objectifs recherchés par ces structures ainsi que les pédagogies employées.
11– Rien ne permet de préciser que les jeunes qui fréquentent des clubs UNSS en ZEP appartiennent aux catégories sociales les plus modestes : il peut s’agir des classes moyennes de ces quartiers.
4- Synthèse générale
12L’évolution du nombre des filles et des garçons dans les structures UNSS : stabilité globale et variabilités locales en ZEP comme en dehors des ZEP
I - Situation globale
13La participation sportive par le biais de l’UNSS ne montre pas de sous représentation forte au détriment des Zones d’Éducation Prioritaire (ZEP), comme on aurait pu le penser a priori (en effet, toutes les études disponibles montrent la moins grande participation aux clubs sportifs des jeunes des milieux les plus défavorisés, en particulier les jeunes filles). Il conviendrait même de tester l’hypothèse selon laquelle l’UNSS « va chercher » des populations qui, sinon, n’auraient pas de licence sportive, particulièrement dans les quartiers en difficulté.
14La part des filles dans le sport scolaire est globalement comparable à la moyenne des autres structures sportives ce qui indique vraisemblablement que l’UNSS offre une gamme d’activités comparable à l’ensemble du sport fédéral.
15L’évolution montre peut être un très léger effritement de la part des filles, qui devrait être analysé sur une plus longue période et à un niveau d’âge plus détaillé.
II- Analyse par établissement
16La variation d’une année sur l’autre du nombre de filles et de garçons dans une association locale UNSS peut être très forte. Cette variation semblerait structurelle et serait à rapprocher de la structure de l’offre UNSS : au gré des mutations, les enseignants proposent des activités qui attirent plutôt les garçons ou plutôt les filles.
17Il s’agit sans doute d’un jeu à somme nulle : les enseignants, en se déplaçant, déplacent aussi les activités. Les femmes représentent 44 % des professeurs d’EPS en 2002 et il s’agit sans doute de la profession sportive la plus féminisée.
18Les variations d’effectifs adhérents à l’UNSS sont plus fortes en ZEP que, hors ZEP, et plus fortes pour les filles que pour les garçons, et ceci à la baisse comme à la hausse.
19Dans la moitié des collèges, les évolutions du nombre de garçons et de filles inscrits à l’UNSS vont dans le même sens (baisse du nombre de garçons comme de filles dans 26 % des collèges, hausse du nombre de garçons et de filles dans 23 % des collèges). Le total de cette évolution ne remet pas en cause, de façon globale, la répartition garçons-filles. Dans un tiers des collèges, les évolutions vont dans le sens contraire : le nombre de filles baisse et le nombre de garçons augmente dans 19 % des collèges, alors que le nombre de filles augmente quand le nombre de garçons baisse dans 11 % des collèges. Ces mouvements contraires ne remettent pas en cause la répartition globale garçons-filles.
III - Analyse géographique
20L’analyse par département ne permet pas de déterminer une tendance nette d’évolution de la pratique sportive des jeunes filles par région.
5- Conclusion
21La nature de l’évolution des effectifs de garçons et de filles dans les associations sportives de l’UNSS ne permet pas d’affirmer qu’il existe une baisse de la pratique sportive des jeunes filles des quartiers urbains sensibles au cours des quatre dernières années.
22Les variations d’effectifs d’une année sur l’autre constatées dans beaucoup de collèges doivent inciter à des recherches complémentaires. Une hypothèse reste par exemple à explorer : celle de l’encadrement, en particulier sa mixité, qui peut avoir une influence sur la pratique sportive des jeunes filles.
Annexe
Tableaux annexes
Tableau 1 – Part des élèves des Zones d’éducation prioritaires dans les collèges et les associations sportives de l’UNSS
Garçons | Filles | Total | |
Collèges | 15 % | 15 % | 15 % |
AS UNSS | 14 % | 14 % | 14 % |
Tableau 2 – Proportion de licenciés à l’UNSS parmi les collégiens en 2002-2003
ZEP | Hors ZEP | Total | |
Garçons | 22 % | 23 % | 23 % |
Filles | 16 % | 18 % | 17 % |
Total | 19 % | 21 % | 20 % |
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