Chapitre 6. Panorama des principales actions dʹinsertion par le sport
p. 105-124
Texte intégral
1Face à la mobilisation de lʹopinion publique, à sa sensibilité extrême attisant les peurs et lʹintolérance, la mise en place des dispositifs socio-institutionnels sʹest avérée délicate. La lutte contre le désœuvrement et la délinquance des jeunes constitue le thème permanent dʹun véritable socle dʹobjectifs de lʹaction publique. Derrière cette unité de principe, grâce aux expériences accumulées au fil des années, les actions se sont transformées. Diversification, décloisonnement et partenariat représentent les principaux axes dʹévolution.
genese des actions dʹinsertion des jeunes
2Entre 1970 et 1975, lʹopération dite mille clubs apporte une première réponse aux jeunes qui éprouvent le besoin de trouver des lieux de regroupement, de rencontre et dʹéchange. Théoriquement prévus pour être livrés en kits modulables à assembler par leurs futurs utilisateurs, ces préfabriqués à caractère social montrèrent rapidement leur insuffisance au niveau de leur fiabilité technique et de leur usage (accaparement par des sous-groupes mieux organisés que dʹautres, puis par des jeunes moins défavorisés). Analysant ce phénomène en 1981, B. Schwartz soulevait le problème de la difficulté dʹaccès à ces installations et déplorait la reproduction du processus dʹexclusion des plus marginaux déjà entrevu, dans les années soixante, lors de la mise en place de la politique des MJC. Il proposait dʹ« inciter les municipalités à développer des installations de quartier, en particulier dans les ZUP »1, pour favoriser lʹintégration des plus démunis. Cette perspective modifiait le partage des tâches entre les élus et les résidents des quartiers. En effet, jusquʹalors, les élus se saisissaient de la demande en se rendant sur le terrain, leurs services municipaux organisant lʹoffre. La sensibilité nouvelle propose une figure plus décentralisée où des mairies annexes et des antennes instruisent la demande par le biais de conseils de quartiers qui vont peu à peu renforcer leur autonomie. Au début des années quatre-vingt, le quartier était ainsi devenu une entité à part entière. Cʹest à cette époque que la France redécouvre ses banlieues. Lʹespace dʹun été, les Minguettes, la Courneuve ravissent la vedette aux incendies de la garrigue provençale : les cités aussi pouvaient brûler. Le problème social se posait, spectaculaire ; la réponse qui sʹimposerait devait lʹêtre aussi. On lança sur les départements sensibles aux étés chauds, des pompiers de la régulation sociale qui, à coups dʹactivités physiques, de stages, de camps, de mises au vert établirent des contre-feux efficaces et évitèrent même parfois que lʹincendie ne se déclenche. Néanmoins, ce dispositif ne parvenait pas à toucher lʹensemble des jeunes susceptibles dʹêtre concernés ; répéter lʹopération sʹavérait donc insuffisant. En conséquence, le Ministère de la Jeunesse et des Sports diversifia ses actions, dont voici aujourdʹhui les principales mises en œuvre. En 1993, les différents dispositifs mis en place par ce Ministère ont requis 490 millions de francs, soit 43 % de son budget.
les operations prevention ete (ope)
Historique du dispositif
3Dès 1982, lʹEtat lance un programme de prévention auquel les journalistes donneront le nom évocateur de lutte anti-été-chaud. Il sʹagissait que les désordres connus durant lʹété 1981 ne se renouvellent pas. Onze départements furent initialement retenus en fonction de leur taux de délinquance, de leur taux de chômage ainsi que de leur densité2. Rebaptisé Opérations Prévention Eté (OPE), ce dispositif voulu souple et opérationnel souhaitait non seulement répondre aux situations urgentes mais encore les anticiper. La nécessaire rapidité des mises en œuvre répondant à la logique du coup impliqua la mise en place de cellules composées de professionnels de différents ministères (appartenant, notamment, aux Directions Départementales de la Jeunesse et des Sports et à celles des Affaires Sanitaires et Sociales). Dans un premier temps, il sʹagissait dʹoffrir aux jeunes socialement défavorisés les activités les plus larges possibles. Le principe de diversité sʹentendait comme alternative aux choix offerts par lʹécole. La mise au vert faisait figure de fer de lance spectaculaire de cette politique destinée à des jeunes souvent privés de vacances. Dans cette perspective, en 1982, le camp Deferre-Trigano fut largement médiatisé. Ces camps de nature éloignaient les jeunes pour les socialiser. Force est de montrer la taille du paradoxe : on désirait intégrer des jeunes à la société en les emmenant là où il nʹy avait personne. En outre, en 1986, F. Dubet faisait remarquer dans un rapport dʹévaluation de ces politiques que « lʹespace dʹinitiatives a été très vite étouffé au fil des années. Les opérations ont gagné en extension, mais elles ont perdu en dynamisme »3. Deux critiques se dégagèrent dès cette date : celle soulignant la nécessité dʹactions continues sur toute lʹannée et destinées à se substituer à la logique du coup ; celle privilégiant la municipalisation des actions plus que leur traitement au niveau départemental.
4La circulaire du 8 mars 1991, rédigée à lʹattention des Préfets par M. Rocard, alors Premier Ministre, rappelle les grandes lignes de lʹopération qui sʹinscrit dans cette « lutte contre lʹexclusion dʹune partie de la jeunesse (...) qui rend déterminante la réussite dʹune politique dʹinsertion sociale et de prévention de la délinquance ». Elle souligne que cette opération est destinée « à éviter le désœuvrement des jeunes issus principalement de milieux urbains défavorisés ». Actuellement, les OPE concernent essentiellement des départements comportant des centres urbains importants, tels les Bouches-du-Rhône, le Rhône, les Yvelines ou la Seine-Saint-Denis. Les directives ministérielles orientent ces actions vers les jeunes âgés de 13 à 18 ans et les jeunes majeurs résidant dans les quartiers sensibles.
5Le laboratoire de sociologie du sport de lʹINSEP a mené un travail dʹanalyse des rapports émanant des Directions Départementales de la Jeunesse et des Sports (DDJS) et des Directions Départementales des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS)4 et concernant les OPE de 19915. Après dix ans de fonctionnement de ce dispositif, ce travail voulait poser la question, naïve mais fondamentale, du rôle dʹune OPE.
Analyse des rapports départementaux sur lʹOPE de 1991
Le public touché
6Dans les rapports départementaux, les informations ayant trait au public atteint par lʹOPE se limitent à une donnée quantitative : le nombre de jeunes touchés. Devant les chiffres avancés par les Directions Départementales, on peut se poser la question de leur fiabilité. On remarque que certains départements fournissent des chiffres très précis, tandis que dʹautres sont en mesure de donner seulement des chiffres approximatifs. Ce constat met en évidence les problèmes soulevés par le comptage des jeunes concernés par les OPE. Il paraît évident quʹil est aisé de le réaliser dans le cadre de certaines activités (camps de vacances, par exemple) ; mais on peut sʹinterroger sur les moyens dont disposent les promoteurs6 pour évaluer le nombre de jeunes participant à une animation de rue ou à un concert.
7En dehors des réserves que lʹon peut émettre quant à la fiabilité des données concernant le nombre de jeunes touchés, il paraît également nécessaire de questionner la pertinence de ce critère dans le cadre de lʹévaluation dʹune action. On peut, par exemple, se demander sʹil faut attribuer le même poids au nombre de jeunes touchés durant quelques heures par une fête de quartier et au nombre de jeunes ayant participé pendant une semaine à un camp de vacances.
8Les effectifs concernés par lʹOPE varient largement selon les départements. Il est possible que ces différences soient imputables à un ciblage du public plus ou moins focalisé. En effet, il y a tout lieu de croire que certains départements ont centré leurs actions sur les jeunes les plus marginaux et les plus défavorisés quand dʹautres se sont intéressés à un public plus large.
9Ainsi que le préconisaient les directives ministérielles, les promoteurs des actions se sont adressés quasi exclusivement aux 13-18 ans. Il paraît néanmoins souhaitable, si lʹon veut exercer une action éducative efficace, dʹélargir la tranche dʹâge que lʹon cherche à toucher par ce dispositif, en proposant des activités aux 9-11 ans qui sont également exposés au risque de désœuvrement pendant les vacances. Par ailleurs, les OPE atteignent bien davantage les garçons que les filles puisque celles-ci représentent seulement 1/3 de lʹeffectif concerné. Une étude sur lʹOPE qui sʹest déroulée en 1992 dans les Hauts-de-Seine7 révèle que les filles sont majoritaires dans les activités culturelles et artistiques ; en revanche, elles participent peu aux animations de quartier, aux activités sportives et aux séjours. Les données de lʹenquête sur Les pratiques sportives des Français8 confirment cette différence selon le sexe : entre 12 et 17 ans, le taux de non-pratique sportive est de 7 % pour les garçons contre 13 % pour les filles. On peut ajouter que ces dernières, moins déscolarisées et moins exposées au désœuvrement dans la rue, sont généralement confrontées à des difficultés moindres que celles des garçons. Par ailleurs, les familles se montrent souvent réticentes à voir partir leurs filles loin de lʹautorité parentale, ce qui permet dʹexpliquer leur plus faible fréquentation des séjours.
10Dans les rapports départementaux, les données concernant le public touché laissent en suspens une interrogation majeure : le degré de satisfaction de ce public. Que penser, par exemple, dʹune activité qui aurait réuni un grand nombre de jeunes mais qui les aurait passablement déçus ?
Projets et promoteurs
11Ici encore, il faut traiter avec circonspection les données quantitatives recueillies par les Directions Départementales. En effet, la quantité des projets financés dans un département nʹest révélatrice ni de leur ampleur ni de leur qualité. Par ailleurs, on a parfois constaté, dans lʹesprit des rédacteurs, une réelle confusion entre le nombre de projets et le nombre de promoteurs. Enfin, la multiplication des projets ne suffit pas à induire un modèle de développement ; ce qui peut fournir une cohésion dʹensemble au plan départemental, cʹest le lien entre les projets.
12Dʹune année sur lʹautre, on constate une reconduction de beaucoup de ces projets qui transforme le financement par lʹEtat en subventions de fonctionnement, faisant perdre à ce programme tout caractère innovant. En outre, de nombreuses Directions Départementales soulèvent le problème des délais dʹinstruction-sélection des dossiers9. Il est de ce fait probable que les cellules départementales, chargées de retenir les projets, ont été influencées par deux phénomènes :
dʹune part la tendance, dans la contrainte temporelle, à se tourner vers des procédures habituelles, en favorisant des associations ayant déjà fait leurs preuves ;
dʹautre part, la tendance à appuyer des projets dont les promoteurs ont assuré personnellement la publicité auprès des services départementaux.
13La brièveté des délais dʹinstruction et de sélection des projets nuit évidemment à lʹimplication des jeunes dans leur phase dʹélaboration. Mais on peut également supposer que lʹintensité de cette implication est fondée sur la quantité et la qualité des informations fournies aux jeunes. Le rédacteur du bilan établi pour la ville de Paris propose de mettre en place des points info-jeunes qui pourraient tenir lieu de relais permettant de faire remonter les projets des jeunes tout au long de lʹannée. Des solutions originales ont été apportées dans certains départements ; on citera entre autres le J-Bus, point dʹinformation itinérant dans le département des Hauts-de-Seine.
14La qualité de lʹinformation peut également influencer le taux de participation des jeunes aux activités de lʹOPE. Ainsi, à Saint-Ouen, a été créé un centre dʹinitiation au tennis et au football. Le projet ne rencontrant pas le succès escompté au cours des premières semaines, les promoteurs se décidèrent à réaliser une campagne dʹinformation dans les quartiers concernés. La participation à cette activité devint alors plus que satisfaisante.
Lʹencadrement
15Le concept dʹencadrement met en tension deux préoccupations : lʹune visant à prendre en compte la demande, lʹautre cherchant à assurer la formation des intervenants pour améliorer le service rendu. Les problèmes de qualification du personnel se posent avec acuité car ils peuvent parfois réduire lʹimpact de lʹOPE. En Essonne, par exemple, la DDJS rapporte que « les difficultés rencontrées (au cours dʹun camp de vacances) proviennent généralement dʹun manque de rigueur dʹorganisation et dʹun manque de fermeté des adultes. Ces absences de repères, de balisage, peuvent fournir une porte ouverte à lʹexpression de lʹagressivité et de la violence des jeunes ». Mais derrière les incantations de principe (« pas assez de personnel, pas assez qualifié ») et les stages ponctuels quʹelles entraînent, on ne voit pas se dessiner de projet général de formation qualifiante et/ou professionnelle. Celui-ci semble dʹautant plus difficile à envisager que le cadre temporaire des actions ne conduit pas à en faire des supports dʹemploi.
16Lʹencadrement repose sur deux personnages principaux : le professionnel et le bénévole. Dans la majorité des cas, ce sont essentiellement des professionnels qui assurent lʹencadrement des OPE, mais la collaboration entre professionnels et bénévoles nʹest pas rare. Celle-ci ouvre parfois une concurrence dʹimage entre deux représentations contradictoires :
Professionnel | Bénévole |
Le ʺcrackʺ | Lʹamateur |
Lʹexpert | Le ʺchariotʺ |
Le ʺproʺ | La ʺbonne sœurʺ |
17La principale difficulté, en matière de bénévolat, consiste à dépasser les représentations initiales quʹont les jeunes de lʹaction de bonne volonté. La précaution générale est de leur montrer clairement que les bénévoles peuvent eux aussi être des experts. Il faut que le bénévole inspire un minimum de respect sʹil veut pouvoir susciter de lʹadmiration (cʹest-à-dire un processus liant amour et respect). A ce titre, il nʹest pas nécessaire dʹêtre un ancien pilote de ligne dʹAir France pour sʹattirer un jugement de respect : être un bon réparateur de mobylette peut, au yeux des jeunes, faire aussi bien lʹaffaire.
Les activités
18Pour donner une cohérence dʹensemble aux activités proposées dans le cadre des OPE, deux axes sont souvent invoqués :
celui du travail sur le quartier, qui sous-tend la revitalisation des liens sur lʹunité géographique de base ;
celui de la délocalisation, qui sous-tend la reconstruction dʹun chez-soi ailleurs.
19De ce fait, les OPE proposent à la fois des activités sur place (sous forme dʹanimations de quartier, dʹactivités sportives, artistiques, culturelles ou manuelles) et des activités à lʹextérieur (sorties dʹune journée, camps de vacances ou stages sportifs). Ajoutons à cela que ce dispositif offre également des aides financières individuelles.
20Le sport, pratiqué sur place ou en stages dans dʹautres départements, est lʹactivité la plus fréquemment proposée, quʹil sʹagisse de sports collectifs, de plein air ou à risques. Lʹétude portant sur lʹOPE des Hauts-de-Seine montre que les promoteurs voient là un moyen efficace de lutter contre le désœuvrement des jeunes en permettant la découverte de nouvelles activités. Pour eux, le sport joue un rôle important dans la prévention et la socialisation, dans la mesure où il permet dʹétendre les modes de sociabilité quotidiens à un espace plus large que le groupe de jeunes. Ils estiment que le sport, tout comme les animations de quartier, permet dʹaméliorer les relations intergénérationnelles et de favoriser les échanges inter-quartiers. Certains ajoutent quʹil est également susceptible de modifier notablement le comportement des jeunes. Les sorties et séjours sont également couramment proposés car les promoteurs y voient une possibilité, offerte aux participants, de découvrir de nouveaux espaces. Grâce à cela, ils tentent de mettre en place chez les jeunes un apprentissage de la vie collective et dʹaméliorer leur comportement en développant leur sens de lʹorganisation, leur responsabilisation et leur autonomie. Quant aux activités artistiques, manuelles et culturelles, elles devraient permettre aux jeunes dʹétendre leurs connaissances, de développer leur patience, leur investissement et leur motivation.
21A travers les objectifs que se sont fixés les promoteurs, on conçoit dès lors que lʹaxe de gravité de lʹévaluation doive être constitué par les personnes et leurs acquisitions, et non par leur environnement (pas de casse, pas de bruit...). Au rang de ces acquisitions figure une évolution concernant :
le but dans lequel les jeunes viennent aux OPE : passage dʹune logique clientéliste à une logique dʹinvestissement dans le groupe ;
le sens accordé à la socialisation : passage de lʹabsence de logique coopérative (la galère) à une logique de solidarité. A ce titre, on ne saisit pas tout à fait la pertinence des aides financières individuelles, même si lʹon en perçoit lʹintérêt pour lʹindividu ;
lʹappropriation et la conservation des modes de sociabilité expérimentés durant lʹopération : extension du mode relationnel des OPE sur le reste de lʹannée et les autres secteurs de vie.
22En 1991, nombre de rapports départementaux critiquèrent le déséquilibre entre les actions massives menées au cours de lʹété et lʹindigence des actions portant sur le reste de lʹannée. Les OPE répondaient aux flambées de violence des années 80, mais au début des années 90, les événements de Vaulx-en-Velin puis de Mantes-la-Jolie montrèrent à lʹévidence que les Zupiens ne rentraient plus dans les rangs en début dʹannée scolaire. Il fallait donc étendre ces actions à la fois dans lʹespace et dans le temps. Les équipements de proximité et les Tickets sports devaient permettre de répondre à ce besoin.
les equipements de proximite
Description du dispositif
23En juin 1991, le Ministère de la Jeunesse et des Sports annonça la construction de 500 équipements sportifs de proximité dans des quartiers sous-équipés où les jeunes se sentent, en général, peu concernés par les associations sportives traditionnelles10. La procédure dʹurgence prévoyait un financement intégral par lʹEtat, avec un plafond de 300 000 francs par équipement.
24Ouvert à tous, lʹéquipement devait être « décidé avec les jeunes, animé par eux et, si possible, construit avec leur aide. »11Ce dispositif, fruit dʹun partenariat direct avec les communes, poursuivait un double objectif : offrir aux jeunes un lieu de pratique sportive favorisant lʹanimation de la vie locale ; encourager la formation et lʹemploi des jeunes, à travers, notamment, la formation et le recrutement de nouveaux animateurs.
25Au mois de juillet, 446 équipements étaient en cours dʹimplantation ; à la fin du mois dʹaoût, la moitié fonctionnait déjà. Pour accroître lʹattractivité de ces lieux de pratique, plus de 300 athlètes de haut niveau acceptèrent de parrainer ces équipements et dʹen suivre le fonctionnement. Lʹinstruction du 19 septembre stipula la préparation dʹune seconde tranche de 500 nouveaux équipements de proximité pour 1992, et introduisit le terme J-Sports.
26Dans la très grande majorité des cas, les équipements furent implantés dans des quartiers concernés par la politique gouvernementale (quartiers DSQ, conventions de quartiers,...). En général, ils sont situés à proximité immédiate des habitations, au pied des immeubles, au sein de la zone de sécurité des jeunes afin de les inciter à les utiliser. Parfois, la municipalité a retenu un lieu limitrophe entre deux quartiers afin de privilégier les échanges. Le tableau suivant présente la distribution des activités sportives pratiquées sur ces sites.
1991 (446 équipements) | 1992 (1 016 équipements) | |
Sports collectifs | 27 % | |
Espace multi-activités* | 56,5 % | 18 % |
Multisports** | 14 % | |
Skate-board | 11 % | 10 % |
Football | 13 % | 8 % |
Escalade | 7,5 % | 6 % |
Sports de combat | 6 % | 4 % |
Basket-ball | 3 % | |
Bicross | 2 % | 2 % |
Tennis de table | 2 % | 2 % |
Tennis et divers | 2 % | 6 % |
27Ces données montrent quʹil existe une assez grande diversité dans la nature des équipements sportifs proposés : les terrains polyvalents ou multisports, ainsi que les terrains ou aménagements pour le football ou les autres sports collectifs, sont les plus fréquents ; au-delà des sports traditionnels, on trouve une préférence marquée pour le skate, lʹescalade ou les sports de combat.
Bilan des équipements de proximité
28Les bilans des équipements de proximité proviennent de quatre sources principales : la presse, le Ministère de la Jeunesse et des Sports, les municipalités, les associations.
La presse
29Lʹévaluation quʹen fournit la presse est essentiellement réalisée sous forme de photos, privilégiées par la mise en page des articles. Tant que la priorité reste donnée à lʹimage, les jeunes sont encore considérés comme des infans, cʹest à dire des personnes qui nʹont pas la parole, quels que soient par ailleurs les appels à la concertation. La relation entre le lecteur et les jeunes est dʹabord lʹœuvre du regard ; aux longs discours sur la souffrance répond lʹimmédiateté des images. La joie des adolescents, leur sourire et leur mine réjouie attirent la sympathie du lecteur au point de lui faire oublier la nécessité de toute autre évaluation. Les résultats des actions semblent sʹétaler une fois pour toutes dans cette iconographie éloquente. Le mouvement de cœur ainsi provoqué suspend toute évaluation rationnelle. Lorsque, de surcroît, les lecteurs connaissent les jeunes qui figurent sur ces photos (comme cʹest souvent le cas dans la presse locale) lʹaffection, cʹest à dire la capacité dʹêtre affecté, est naturellement redoublée. Lʹimage inscrit lʹévaluation dans lʹaffectif, dans la chair du visible. Son argumentation semble dʹemblée irréfutable. Lʹinsistance du recours aux photographies nʹa de sens que dans cette métaphysique de la preuve qui contraint les arguments intellectuels à céder face aux affects. En effet, le regard rapproche celui qui voit de celui qui est vu12. Le spectacle de la satisfaction est converti immédiatement en approbation des actions. Que nous disent toutes ces photos ? Que les jeunes sont heureux grâce aux actions. Définir les résultats en termes de bonheur les situent hors de la comptabilité ; la question de lʹévaluation ne se pose plus. Mais pour évaluer, il ne suffit pas de sʹattendrir, il faut surtout mettre en œuvre des principes fondés sur la raison.
Le Ministère de la Jeunesse et des Sports
30Les évaluations réalisées à la demande du Ministère de la Jeunesse et des Sports dans le but dʹaméliorer le dispositif en montrent, au contraire, les faiblesses.
31Le rapport dʹoctobre 1991, établi par lʹInspection Générale de la Jeunesse et des Sports sous la direction de G. Berche, souligne que « la rapidité de choix et dʹexécution nʹa pas toujours permis une fiabilité totale dans la réalisation des équipements ». Lʹaménagement des tracés et lʹentretien des sites posent parfois également problème.
32Par ailleurs, la participation des jeunes à la conception des projets sʹest avérée très active là où existait un conseil municipal de jeunes, déjà rompu au traitement de tels sujets et ayant lʹécoute des élus ouverts à une démarche participative. Mais ailleurs, les associations se sont souvent faites les interprètes des jeunes sans que lʹon soit vraiment sûr quʹelles aient été des porte-parole fidèles. La concertation des jeunes a probablement été gênée par la rapidité exigée dans la transmission des propositions qui nuisait à une consultation approfondie. Pour environ 50 % des cas, les jeunes ont participé à la réalisation des équipements. Cette collaboration a été limitée par le fait que certains des équipements requéraient une qualification particulière ou présentaient des risques.
33En ce qui concerne lʹencadrement, le rapport de lʹinspection générale regrette les insuffisances dans le domaine de la formation, et souhaite que le dispositif soit mieux pris en compte au niveau du schéma directeur des formations. Le rapport dʹévaluation du CIS13 avance que « la présence de jeunes en formation dans la ville a souvent été jugée suffisante (...), certaines communes attendant de voir se développer les activités sur les équipements avant de former dʹautres jeunes ».
34Lʹinstruction du 18 février 1992 révèle dʹautres problèmes : elle souligne les risques dʹappropriation de lʹéquipement par un clan ou un groupe et dénonce le caractère illusoire des parrainages symboliques par des sportifs de haut niveau qui ne se manifestent que le temps dʹune inauguration. Mais les critiques les plus sensibles concernent le ciblage de lʹopération : les jeunes en grande difficulté nʹauraient pas été les plus touchés.
Les municipalités
35F. Chobeaux14 montre comment les communes qui avaient bien antérieurement programmé ce type dʹactions ont parfois développé un sentiment de frustration et de dépossession. Nombreuses sont celles qui considèrent à terme lʹimplantation de lʹéquipement de proximité comme un cadeau empoisonne dont les frais dʹanimation et dʹentretien sont trop élevés. Le Centre National de la Fonction Publique Territoriale, structure chargée de la formation des personnels territoriaux, a mené à lʹautomne 1991 une évaluation du dispositif avec des représentants des villes où avaient été installés des équipements. Là encore les résultats font apparaître un sentiment de mise à lʹécart. Dans un article de la Gazette des Communes15, Jean-Paul Delannoy, président du comité dʹIle-de-France de lʹANDIS (Association Nationale des Directeurs dʹinstallations Sportives), exprime son indignation : « LʹEtat manque singulièrement dʹhumilité ; il devrait dire quʹil apporte une aide modeste à lʹaction de fond menée par les communes, qui nʹont pas attendu lʹexplosion de violence dans les banlieues pour agir. »
Les associations
36Acteurs historiquement premiers, les associations déplorent le manque de concertation. Les travailleurs sociaux font remarquer16 que leur connaissance fine des quartiers aurait pu être mieux utilisée pour choisir lʹimplantation des sites. Pour eux, le succès de tels équipements implique que lʹon sʹappuie plus fermement sur :
un travail en profondeur, en analysant davantage les besoins que les demandes ;
un inventaire pratique, prudent mais réel, des moyens déjà disponibles ou susceptibles dʹêtre dégagés ;
une implication des jeunes et des habitants du quartier.
37En effet, on ne peut sʹenfermer dans des démarches transformant les jeunes en ayants droit. On doit, au contraire, leur montrer quʹil ne suffit pas de demander pour obtenir et quʹil faut réellement vouloir pour réussir.
les tickets sports et lʹaide aux petits clubs
38La volonté de proposer des actions sur lʹensemble de lʹannée a présidé à la mise en place de lʹaction Tickets sports puis de lʹaide envers les petits clubs.
39Cette opération, initiée le 13 janvier 1992 par lʹinstruction 92-008 et fondée sur une contractualisation entre lʹEtat et les communes, consiste à ouvrir les équipements communaux pendant les petites vacances scolaires afin dʹoffrir aux jeunes qui ne partent pas, quels que soient leur âge et leur lieu de résidence, des activités sportives diversifiées, gratuites et encadrées. En avril 1992, une circulaire ministérielle demande de promouvoir également lʹouverture des équipements sportifs universitaires. Chaque jeune reçoit un titre de participation intitulé Ticket sports, sorte de « passeport pour lʹaccès aux équipements », dʹoù le nom de lʹopération. En sʹadressant à un large public, celle-ci constitue une passerelle entre une pratique spontanée et une pratique plus institutionnalisée.
40Lʹaide aux petits clubs part du constat selon lequel ces structures, de taille modeste et peu performantes au niveau compétitif, sont davantage concernées par les thèmes de lʹinsertion. Dans la mesure où elles ne sont pas subventionnées par le FNDS et peu par les municipalités et les Conseils Généraux, il semblait nécessaire de leur allouer une aide spécifique pour que vive cette autre conception du sport. Dans cette perspective, les DDJS ont recensé lʹensemble des clubs ayant un budget de fonctionnement inférieur à 50 000 francs et leur ont attribué une subvention.
lʹoperation 20 000 projets j
41Plusieurs ministères17 ont participé à la mise en place de cette opération qui a été entérinée en mars 1992. Elle consiste à aider cent mille jeunes à mener des projets qui leur tiennent à coeur dans divers domaines (culturel, artistique, sportif, formation...). Cette aide se concrétise non seulement par une subvention18, mais aussi par la création de comités chargés dʹapporter leur concours au montage et au suivi des projets.
42Ce programme poursuit deux objectifs :
favoriser chez les jeunes la prise de responsabilité et lʹengagement dans une action, « en privilégiant une relation contractuelle dans laquelle les jeunes sont écoutés et valorisés »19 ;
agir pour 1 insertion des jeunes en difficulté « en améliorant leurs liens avec les institutions locales ainsi que la transmission des savoirs et des expériences ».
43En juin 1992, alors que seulement 758 projets avaient été financés, le Ministère de la Jeunesse et des Sports réalisa une évaluation de cette opération20. Il ressort de cette étude que près de la moitié des projets visent à la participation à la vie locale. Cependant, si lʹon examine les lieux dʹimplantation des projets, on constate une contradiction avec cette affirmation : en effet, seulement 1/3 dʹentre eux ont été réalisés dans le quartier ou la commune ; en outre, 25 % ont été consacrés à des voyages. Par ailleurs, les projets J semblent avoir peu concerné la jeunesse en difficulté : 41 % des jeunes ayant bénéficié dʹune subvention sont des enfants de cadres moyens ou supérieurs, 22 % sont des enfants dʹemployés et 20 % des enfants dʹouvriers21. De plus, 58 % sont des lycéens et 10 % font des études supérieures. Le rapport ministériel conclut dʹailleurs que « les projets J ont touché en priorité des jeunes de milieu social moyen, qui sʹinscrivent dans un cursus scolaire long, et bien intégrés socialement ».
les deux faces de la demande
44Dans la mise en œuvre de toute cette panoplie dʹactions, un mot dʹordre semble dominer : prendre en compte la demande sociale. Il faut souligner lʹambiguïté dʹune telle exhortation. Le premier constituant de la demande sociale reste bien souvent son interdépendance avec lʹoffre ; elle participe autant à la définir quʹelle est définie par elle. Deux risques sont toujours présents : celui dʹune offre qui coderait trop nettement la demande et celui dʹune offre qui serait totalement indépendante de la demande.
45La demande sociale a un traitement complexe. Parfois, pour gagner sa légitimité, lʹexpression des sujets est analysée par des experts en fonction de critères rationalisant la plainte. Celle-ci est considérée comme insuffisante pour formuler un jugement sur la réalité et doit alors nécessairement sʹaccompagner dʹun diagnostic. Le asoupçon porte sur les professionnels de la chasse à la subvention, sur les pleurnicheurs de métier, sur ceux qui passent leur temps à gratter. Inversement, parfois, lʹétalage de la souffrance des sujets suffit à justifier leurs doléances.
46Ces deux formes de jugement entraînent une mise en tension entre deux façons de présenter la demande : lʹune consiste à rechercher hors des plaintes des repères solidement objectivés dans lʹexpertise, lʹautre vise à présenter seulement la plainte.
47Dans le premier cas, le promoteur fera valoir ses compétences et ses expériences, objectivées par des titres sportifs, des diplômes... (par exemple : ceinture noire de judo ayant dix ans dʹexpérience dʹanimation de quartier) ; le promoteur peut aussi mettre en avant lʹappartenance des jeunes à des catégories reconnues institutionnellement en difficulté : « Nous sommes en DSQ », « Il y a une ZEP », « Il nʹy a pas dʹassociation spécifique... » Dans le second cas, le promoteur fera simplement valoir la plainte du jeune. Ainsi, les dossiers comportent parfois des témoignages censés émouvoir dont voici un exemple : « A lʹépoque des vacances, nous regardons les trains partir, et nous restons toujours sur le quai de la gare » ; « Ça fait mal de savoir que cʹest toujours les autres qui partent. »22 Cette vision permet de construire un sentiment de sollicitude qui met entre parenthèses le souci de la preuve. Le promoteur adopte et cherche à faire adopter la position de principe selon laquelle on ne peut quantifier ni le malheur ni la douleur. Dire que le malheur est un sentiment subjectif revient à dire que seul celui qui le ressent peut prétendre le qualifier23. Le jeune résident des cités est alors perçu comme le meilleur avocat de sa cause. Etendant les thèses vitalistes de G. Canguilhem24 à la pathologie sociale, on peut penser que lʹindividu est le seul juge véritable de son état : « Lʹindividu est juge parce que cʹest lui qui en pâtit. »
48Les cellules ou commissions qui examinent dans un contexte dʹaction les demandes de subventions des promoteurs sont elles aussi soumises à ce balancement entre lʹexpertise et la sollicitude. La personnalisation des liens entre le promoteur et la cellule opérationnelle va souvent impliquer un jugement portant non seulement sur la demande mais aussi sur la conduite du promoteur. Aux demandes des jeunes qui vont jusquʹà menacer de dégrader leur quartier sʹils nʹobtiennent pas satisfaction, les cellules départementales opposent un ferme refus. Elles sanctionnent le chantage. A lʹinverse, un promoteur ʺsérieuxʺ voit généralement sa conduite récompensée. Les attitudes adoptées par les promoteurs prennent donc une dimension morale et suscitent sollicitude, compassion, ou inversement agacement et indignation. Les stratégies de présentation de soi jouent amplement un rôle dans le jugement de la demande. A lʹinverse, lʹétude froide, désingularisée des dossiers sʹattache plus à lʹexpertise de critères. Prendre pour point de départ des repères comme lʹinsécurité ou la violence permet aux responsables de la sélection des dossiers de faire parler des stéréotypes et de reconstruire sur cette base la vie du quartier en lʹabsence même de témoignage. Sʹen tenir aux chiffres (nombre de jeunes touchés, durée de lʹopération...) permet de faire obstacle à tout mouvement de coeur et, par là même, de se soustraire à toute influence. Les preuves du bien-fondé de la demande sont alors à chercher hors de la portée des manipulations affectives, dans les dossiers mêmes.
Notes de bas de page
1 Schwartz (B.).- Lʹinsertion professionnelle et sociale des jeunes. Rapport au Premier Ministre. Paris : La Documentation Française, 1981.
2 Intégrant les lois de décentralisation, les OPE concernent aujourdʹhui 29 départements et fonctionnent grâce à un montage financier entre les Directions Départementales de la Jeunesse et des Sports (DDJS), les Directions Départementales des Affaires Sanitaires et Sociales (DDASS), et les Conseils Généraux.
3 Dubet (F.).- Trois enjeux des opérations étés-chauds. In : Analyse longitudinale dʹune politique publique. Paris : IDEF/MIRE, 1986.
4 Sur les 24 départements concernés par les OPE en 1991, nous disposons de 17 bilans DDASS et de 21 bilans DDJS.
5 Augustini (M.), Duret (P.).- Evaluation des bilans départementaux sur lʹOPE de 1991. Rapport de recherche, INSEP, 1992.
6 Est considéré comme promoteur toute personne ayant déposé un projet qui a été retenu et, donc, subventionné par la cellule OPE. Les promoteurs peuvent être des particuliers, des associations ou des services des collectivités locales.
7 Augustini (M.), Duret (P.).- Bilan de lʹOPE 1992 dans les Hauts-de-Seine. Rapport de recherche, INSEP, 1992.
8 Irlinger (P.), Louveau (C.), Metoudi (M.).- Les pratiques sportives des Français. Paris : INSEP, Laboratoire de Sociologie, 1987.
9 Dans 80 % des cas, ces délais nʹexcèdent pas 7 semaines.
10 Durant le mois de juin, deux instructions émanant du Ministère de la Jeunesse et des Sports constituent lʹarmature réglementaire des équipements sportifs de proximité : celle du 14 juin (no 91-116) présente le dispositif retenu pour 400 quartiers en DSQ (Développement Social des Quartiers) ; celle du 27 juin (no 91-222) précise les modalités de mise en place des crédits.
11 Bredin (F.) (alors Ministre de la Jeunesse et des Sports).- In : J. Sports, publication du Ministère, 1992.
12 Merleau-Ponty (M.).- Le visible et lʹinvisible. Paris : Gallimard, 1964.
13 Rangeot (J.P.).- Evaluation de lʹopération aménagements sportifs de proximité, été 1991. Centre dʹingénierie Sociale, Ministère de la Jeunesse et des Sports, 1991.
14 Chobeaux (F.).- Les équipements sportifs de proximité : analyse dʹune intervention politique sur les espaces urbains. DEA en Ethnologie urbaine, EHESS 1992.
15 Les banlieues, le sport en urgence, 6 juillet 1992.
16 Rencontre nationale professionnelle des travailleurs sociaux, janvier 1992.
17 Il sʹagit des Ministères de la Jeunesse et des Sports, de la Ville, des Affaires Sociales, du Travail, de la Culture et de la Communication. Le Fonds dʹAction Sociale pour les travailleurs immigrés et leurs familles, et la Délégation Interministérielle à lʹinsertion professionnelle et sociale des jeunes en difficulté sont également parties prenantes.
18 La subvention nʹexcède pas 10 000 francs lorsquʹil sʹagit dʹun projet concernant un seul jeune, 30 000 francs lorsque le projet est présenté par une équipe de jeunes.
19 Instruction du Ministère de la Jeunesse et des Sports no 92-054 du 12 mars 1992.
20 Projets J. Bilan statistique établi au 1er juin 1992. Etude réalisée par la DASE et la DJVA. Ministère de la Jeunesse et des Sports.
21 La distribution de ces enfants dans lʹensemble de la population française en 1989 est respectivement de 28 %, 28 % et 30 %.
22 Dossier OPE cité par Science et vie économie, no 85, juillet/août 1992.
23 Dodier (N.).- Lʹexpertise médicale. Paris : Métailié, 1993, pp. 150-153.
24 Canguilhem (G.).- Le normal et le pathologique. Paris : PUF, 1966, p. 119.
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