Chapitre 10
Former un couple en contexte multiculturel1
p. 291-322
Texte intégral
Introduction
1Sociologues et démographes de l’immigration s’intéressent depuis longtemps à la conjugalité à travers la mesure de la mixité des couples. La mixité y est généralement considérée comme un indicateur d’intégration des nouveaux arrivants et de leur adoption des normes et valeurs du pays d’installation (Gordon, 1964). Quand les modèles de mise en couple sont distants entre le pays d’installation et le pays d’origine, on peut effectivement considérer que les unions mixtes constituent un franchissement de frontières culturelles, religieuses, symboliques mais aussi matérielles, qui séparent les nouveaux migrants de la population majoritaire et qu’elles témoignent de l’atténuation des frontières ethno-raciales que le racisme contribue aussi bien à créer qu’à maintenir. Les recherches françaises retenant la mixité comme indicateur d’intégration montrent que les personnes migrantes en couple mixte se trouvent le plus souvent parmi les plus qualifiées, leur intégration culturelle étant alors combinée à leur intégration économique (Munoz-Peréz et Tribalat, 1984 ; Tribalat, 1995, 1996 ; Neyrand et M’Sili, 1997). Mais des travaux sur les États-Unis et des comparaisons internationales ont montré que le couple mixte peut être associé à une forte intégration culturelle en même temps qu’une faible intégration économique (Song, 2010), et inversement.
2Certaines recherches portent aussi leur attention sur l’articulation des événements que sont la migration et la formation du couple (Tribalat, 1995) : si, dans un courant migratoire donné, les individus sont arrivés en étant déjà en couple, la mixité est logiquement peu importante. L’étude de la mixité et la comparaison des groupes d’origine n’a donc véritablement de sens que lorsqu’il est possible de savoir si les migrants d’une origine donnée sont arrivés célibataires ou en couple. D’autres mettent l’accent sur les contraintes structurelles du « marché matrimonial » lui-même, et ont déplacé l’attention des aspirations individuelles vers le contexte social dans lequel évoluent les personnes migrantes, soulignant notamment l’importance de la taille d’une communauté sur la possibilité de choisir un conjoint de même origine (Alba et Golden, 1986 ; Gilbertson et al., 1996 ; Kalminj, 1998 ; Safi, 2008). Ainsi, lorsque les migrants originaires d’un pays donné sont peu nombreux et le maintien du contact avec le pays d’origine difficile, la mixité est généralement élevée. De nombreux travaux ont encore mis au jour des différences notables concernant les taux de mixité selon le sexe, les femmes étant plus fréquemment avec un conjoint de même origine, car elles migrent plus souvent en étant déjà en couple.
3Avec la naissance d’enfants d’immigrés dans les pays d’installation, des débats ont ensuite émergé sur la définition de la mixité et sur la légitimité, tant sociale que scientifique, de son interprétation en terme d’intégration (Filhon et Varo, 2005 ; Collet, 2010). Les unions entre les enfants d’immigrés et la population majoritaire, qui sont des unions entre personnes ayant grandi dans un même pays et qui partagent donc une culture commune, ne peuvent en effet être mises sur le même plan que celles entre un immigré et une personne de la population majoritaire. Cependant, ces couples sont souvent perçus et désignés comme des couples mixtes (Santelli et Collet, 2011, 2012), précisément parce qu’il demeure des différences, relatives à l’affiliation religieuse entre autres, qui peuvent paraître difficiles à concilier. En outre, les aspirations conjugales des descendants d’immigrés sont, comme celles de n’importe quel jeune, influencées par les attentes de leurs parents ce qui, en l’occurrence, peut les amener à privilégier une personne de même origine. Les contacts et séjours dans les pays des parents peuvent être également l’occasion de rencontrer un conjoint.
4De son côté, la sociologie du couple a développé d’autres perspectives de recherche. La majorité des travaux portent sur les processus de formation des couples en se demandant comment et pourquoi l’on se met en couple avec une personne plutôt qu’une autre. Ils ont mis au jour l’existence d’une forte tendance à l’homogamie sociale : on recherche généralement un conjoint « proche de soi », qui partage des valeurs, des idées, des goûts similaires et, par conséquent, appartient au même milieu social. Cette homogamie tenait autrefois au fait d’avoir des parents d’un même milieu social, du fait de l’importance de l’intervention parentale dans le choix du conjoint. Elle se traduit désormais par la proximité de niveaux d’instruction ou de catégories socioprofessionnelles, en raison de la fréquentation d’espaces de sociabilité propres à son milieu social (Bozon et Héran, 1987, 1988 ; Vanderschelden, 2006). La sociologie du couple s’est aussi intéressée au déclin du mariage et au développement du concubinage, puis aux divorces et aux séparations, pour explorer les recompositions familiales. Ces transformations témoignent de fortes modifications des normes régissant à la fois la sexualité et les relations entre les sexes, ainsi que des relations intergénérationnelles, la société française s’étant considérablement libéralisée au cours des soixante dernières années.
5Les migrants résidant en France viennent de pays qui, pour certains, ont connu des transformations sociales assez similaires à celles de la France, tandis que d’autres sont originaires de pays où l’institution du mariage reste l’unique forme possible de vie de couple et la virginité des femmes au mariage une norme encore dominante. L’attachement à ces normes ou, inversement, la volonté de s’en écarter, peuvent orienter vers un conjoint de même origine ou vers un couple mixte. La nature de l’union (mariage ou union libre) rend aussi indirectement compte de l’importance accordée aux normes relatives à la sexualité et à ce qui fait la légitimité sociale d’un couple dans un milieu social et culturel donné.
6Ce chapitre étudie les caractéristiques des couples de personnes migrantes et de leurs enfants nés sur le territoire français métropolitain, en prenant pour hypothèse que l’origine du conjoint est, comme l’homogamie sociale, influencée par les normes et les valeurs des individus et par le contexte social dans lequel ils évoluent. L’étude du couple mixte développée par la sociologie de l’immigration est ici reprise et conjuguée aux travaux de sociologie sur la formation du couple, aspect peu exploré dans les travaux sur la conjugalité des migrants. Elle s’étend aux circonstances et aux modalités de la rencontre, ainsi qu’aux caractéristiques des conjoints, et en particulier leur niveau de qualification.
I. Mise en couple et migration
1. En contexte migratoire, les modèles de mise en couple des pays d’origine perdent leur influence
7En 2008, plus de 70 % des personnes immigrées âgées de 18 à 60 ans sont en couple, sans grande variation ni par sexe ni par origine. Les personnes de la population majoritaire le sont en proportion équivalente (65 %). Les types d’unions : mariage direct, mariage précédé d’une cohabitation, union en concubinage ou Pacs, (tableau 1), ainsi que les circonstances et modalités de formation du couple (pays et modes de rencontre, tableaux 2 et 3), varient selon les courants migratoires. Leur importance respective dépend beaucoup des modèles dominants dans les pays d’origine.
8La classification retenue des espaces de rencontre reprend celle élaborée par Michel Bozon et François Héran dans leur ouvrage sur la formation du couple (1987, 1988). Les lieux dits « sélectifs » (études, travail, associations), auxquels sont ajoutés les sites de rencontre par Internet, sont davantage privilégiés par les milieux les plus favorisés, et se distinguent des lieux publics (rue, commerces, parcs, voisinage, restaurants et bars) plus souvent privilégiés par les ouvriers. Compte tenu de l’importance – voire de l’influence – de la sphère familiale dans le choix du conjoint, pour les immigrés venus des pays où le mariage est la norme dominante, le réseau familial (chez les parents, par des connaissances de la famille, lors d’une fête de famille) est distingué du réseau amical des enquêtés (par des amis, lors d’une fête ou sortie entre amis, en discothèque, en vacances).
9Pour les personnes originaires de Turquie, des pays du Maghreb et d’Afrique sahélienne déjà en couple avant de migrer, le modèle vécu (voire le seul possible) est celui du couple marié sans cohabitation préalable (Ouadah-Bedidi, 2005b), la sexualité en dehors du mariage étant considérée comme illégale jusque récemment (Parla, 2001). La cohabitation prémaritale et le concubinage sont ainsi quasi absents (tableau 1). Le principal univers de rencontre du conjoint est celui de la famille, dans environ 60 % des cas (tableaux 2 et 3), selon le modèle dominant au Maghreb (Ouadah-Bedidi, 2005a). Il existe aussi dans ces courants migratoires, mais en faible proportion, des unions non consenties par les intéressées (Hamel, 2011). Le modèle du mariage direct avec rencontre du conjoint dans le réseau de sociabilité parental est également présent dans les pays d’Asie du Sud-Est, mais y est moins exclusif. Pour les migrants originaires d’Afrique centrale ou guinéenne, et plus encore pour ceux venus d’Europe, ce modèle coexiste avec des normes sociales rendant possible la cohabitation prémaritale. Ce mode de mise en couple ne concerne plus que 40 % environ des premiers et 32 % des seconds (tableau 1). Le modèle du mariage direct s’observe cependant davantage pour les personnes migrantes, quelle que soit leur origine, dans la mesure où il n’a été suivi que par un tiers de la population majoritaire en France (tableau 1), et que le conjoint n’a été rencontré dans l’univers relationnel de la famille que dans moins de 10 % des cas (tableaux 2 et 3).
10Dans tous les courants migratoires, les personnes migrantes arrivées en étant jeunes adultes célibataires ou enfants avec leurs parents se sont considérablement éloignées des modèles d’origine pour se rapprocher de ceux de la population majoritaire. Dans le contexte migratoire, le concubinage se diffuse et la famille perd considérablement de son influence, notamment pour les femmes. Son rôle d’intermédiaire matrimonial se trouve concurrencé par l’espace public et les amis personnels, en particulier pour les femmes originaires du Maroc, de Tunisie et d’Afrique sahélienne (tableau 2). Ces différences témoignent de l’impact de la migration sur la transformation des normes pour les personnes entrées en tant que jeunes adultes célibataires, ce qui s’observe pour toutes les origines, mêmes si les différences de modèles entre pays d’origine demeurent. L’influence de la famille reste cependant forte pour les hommes venus de Turquie, du Maroc ou de Tunisie et d’Afrique sahélienne, notamment parce qu’une part élevée des rencontres continue de se faire dans le pays d’origine. Cette influence demeure également importante pour les femmes originaires de Turquie et d’Algérie, même lorsqu’elles ont connu leur conjoint en France. Les femmes arrivées durant l’enfance ont également davantage eu recours au mariage direct que celles arrivées comme adultes célibataires. Il faut dire qu’elles sont issues de milieux sociaux différents, les secondes étant davantage qualifiées et vivant leur période de jeunesse avec un moindre contrôle parental, ceux-ci résidant loin d’elles.
11La prégnance des différents modèles de formation du couple varie selon les pays de naissance. Ces différences entre origines tiennent principalement à la structure de ces populations, en particulier de la part de femmes et d’hommes arrivés en étant déjà en couple. Ainsi, les femmes sont globalement plus souvent arrivées en étant en couple que les hommes et ont donc eu une moindre possibilité de s’orienter vers un autre modèle que celui de leur pays d’origine. De même, les personnes originaires d’Espagne et d’Italie sont majoritairement arrivées enfants (70 %), de sorte que peu d’entre elles ont connu le modèle de mise en couple de leur pays d’origine, ce qui les différencie très fortement de tous les autres migrants. À l’inverse, les migrants originaires de Turquie constituent le groupe qui compte le taux le plus élevé de personnes déjà en couple2 lors de l’arrivée en France (40 %).
Tableau 1. Type d’union selon le calendrier de formation de l’union par rapport à la migration et selon l’âge à l’arrivée (%)

Champ : personnes immigrées, 18-60 ans. Lecture : 95 % des hommes immigrés originaires d’Algérie et actuellement en couple qui sont arrivés en France métropolitaine à l’âge adulte en étant déjà dans cette union, se sont mariés sans cohabiter préalablement (mariage direct), tandis que 5 % ont cohabité avant de se marier et aucun ne vit en concubinage ou n’est pacsé. Note : les pourcentages calculés sur moins de 100 individus dans l’échantillon sont indiqués en italiques.
Source : enquête TeO, Ined-Insee, 2008.
Tableau 2. Modes de rencontre (%) de la conjointe selon le calendrier de formation de l’union par rapport à la migration et l’âge à l’arrivée (hommes)

a Hors DOM. Champ : hommes immigrés en couple en 2008, 18-60 ans. Note : les pourcentages calculés sur moins de 100 individus dans l’échantillon sont indiqués en italiques. Lecture : parmi les hommes immigrés d’Algérie ayant rencontré leur conjointe actuelle avant leur installation en France, 84 % l’ont rencontrée en Algérie et 16 % à l’occasion d’un séjour en France. Pour 58 % de l’ensemble des hommes ayant rencontré leur conjointe avant leur installation en France, cette rencontre s’est faite dans un univers relationnel proche de la famille, pour 15 % dans un espace relationnel sélectif (comme le lieu de travail ou l’école), pour 6 % par le biais d’amis personnels et pour les 21 % restant dans l’espace public (voisinage notamment).
Source : enquête TeO, Ined-Insee, 2008.
Tableau 3. Modes de rencontre (%) du conjoint selon le calendrier de formation de l’union par rapport à la migration et l’âge à l’arrivée (femmes)

a Hors DOM. Champ : femmes immigrées en couple en 2008, 18-60 ans. Note : les pourcentages calculés sur moins de 100 individus dans l’échantillon sont indiqués en italiques. Lecture : Parmi les femmes immigrées d’Algérie ayant rencontré leur conjoint actuel avant leur installation en France, 98 % ont rencontré celui-ci en Algérie et 2 % en France à l’occasion d’un séjour préalable à leur migration. Pour 66 % de l’ensemble d’entre elles, cette rencontre s’est faite dans un univers relationnel proche de la famille, 7 % dans un espace relationnel sélectif (comme le lieu de travail ou l’école), 16 % par le biais d’amis personnels et 11 % dans l’espace public (voisinage notamment).
Source : enquête TeO, Ined-Insee, 2008.
2. Six modèles-types de formation du couple selon les circonstances de la rencontre
12Pour analyser les différents modèles de formation du couple, nous avons élaboré une typologie des couples formés par les immigrés à partir d’une analyse des correspondances multiples associée à une classification ascendante hiérarchique. Cette typologie permet de mettre en lien l’origine de l’enquêté et de son conjoint avec les autres éléments de contexte de formation du couple et du parcours migratoire. Pour préciser le lien entre la migration et la mise en couple dans le cycle de vie, les éléments retenus sont, outre le fait d’avoir rencontré son conjoint avant ou après la migration et la situation de l’enquêté lors de sa migration (enfant, adulte célibataire ou adulte en couple), le motif du premier titre de séjour obtenu (pour mariage, travail ou études) et l’âge au moment de la migration. De la même façon, le rang de l’union (première ou ultérieure) est pris en compte. En effet, des personnes peuvent entrer sur le territoire en étant déjà en couple et rompre ensuite. Elles ont alors la possibilité de former un couple mixte.
13Les modèles de mise en couple et l’espace de la rencontre sont traités avec les variables suivantes : le pays de rencontre (en France ou à l’étranger), le mode de rencontre (dans l’espace relationnel de la famille, parmi les amis, par les études ou le travail ou l’espace public), le type d’union (mariage direct, mariage précédé d’une cohabitation ou concubinage), l’âge à la cohabitation3 (par quartile, à sexe et cohorte donnés). Le couple lui-même est caractérisé par l’origine du ou de la conjoint-e et par le degré d’homogamie ou d’hétérogamie sociale. Dans cette première analyse sont considérées comme mixtes les unions avec une personne de la population majoritaire (ou, cas plus rare, avec un immigré ou descendant d’immigré d’une autre grande zone géographique). L’homogamie sociale est, quant à elle, appréhendée par l’écart entre les niveaux d’éducation des conjoints. Un même niveau de diplôme (à plus ou moins un niveau) caractérise une situation d’homogamie sociale.
14La classification aboutit à une typologie en 6 groupes dont la répartition au sein de chaque origine est présentée dans le tableau 4. Les principaux facteurs de la classification sont le moment de la rencontre dans la trajectoire de migration et la mixité de l’union (La répartition des origines au sein de chaque catégorie est présentée dans l’annexe 7.)
15Les couples entre personnes de même origine sont les couples les plus fréquents, on distingue parmi eux quatre sous-groupes :
les personnes arrivées en couple à l’âge adulte. C’est le groupe principal. Il concerne 31 % des immigrés (les femmes plus souvent que les hommes ; tableau 4). Il s’agit souvent de premières unions, formées à un âge relativement précoce dans le cadre d’un mariage direct (84 %), avec un conjoint du même pays, souvent peu ou pas diplômé et rencontré dans le cercle relationnel familial (dans près d’un cas sur deux) (annexes 2, 4 et 6, sur https://teo1.site.ined.fr/fr/donnees_et_resultats/tableaux-statistiques/4). Ces unions très homogames correspondent à un modèle de mise en couple où la norme de la virginité au mariage et le mariage arrangé sont prégnants. Les migrants originaires de Turquie (les hommes et plus encore les femmes), ainsi que les femmes venues du Maghreb ou d’Afrique sahélienne se trouvent le plus souvent dans cette configuration (tableau 4). Pour les femmes, le titre de séjour obtenu lors de la migration est lié à un regroupement familial (45 %) ou au titre de conjointe de Français (14 %), ce conjoint étant un immigré ayant acquis la nationalité française avant son mariage. Ce modèle, qui concerne surtout les personnes les plus âgées, est en perte de vitesse car l’âge au mariage s’est considérablement élevé dans les pays d’origine (Ouadah-Bedidi, 2000, 2005a et b ; HUIPS, 2004).
16Les trois autres groupes sont à peu près équivalents en taille, représentant chacun environ un immigré sur dix. Deux de ces groupes ont en commun le fait que la rencontre du conjoint a eu lieu après la migration, mais se distinguent dans les modalités de cette rencontre et le profil des conjoints :
les personnes venues en France enfants et vivant avec un-e conjoint-e de même origine. Il correspond à 10 % des personnes immigrées (tableau 4). Le ou la conjoint-e est également immigré-e dans 83 % des cas, ou descendant d’immigré de même origine (annexe 6). Il s’agit de premières unions formées précocement dans le cadre d’un mariage direct (96 % ; (annexe 1). Le pays de la rencontre est souvent l’étranger (dans 6 cas sur 10 ; annexe 3). L’influence parentale dans le choix du conjoint demeure relativement forte. L’homogamie de niveau de diplôme est faible, l’un des conjoints ayant été scolarisé en France et l’autre dans son pays d’origine, et la rencontre se faisant dans l’environnement parental, plutôt que par l’environnement social de l’individu. Les immigrés que l’on retrouve le plus fréquemment dans cette configuration (tableau 4) sont d’origine turque (près de 22 %), d’Europe du Sud (12 % à 16 %) et dans une moindre mesure du Maghreb (11 % à 15 %). Ils sont sensiblement plus jeunes que les autres.
les personnes qui ont rencontré leur conjoint-e à l’étranger après leur migration en France. Ce groupe ne concerne que 8 % des immigrés, en majorité des hommes venus du Sahel, du Maroc et de Tunisie. Ils ont fait partie des importantes vagues de migration de travail et sont plus âgés que les hommes des autres catégories (tableau 4). Dans 86 % des cas, l’union a consisté en un mariage direct mais il s’agit le plus souvent d’un second mariage (annexe 2). La rencontre des conjoints s’est généralement faite dans le cercle relationnel de la famille (62 % ; annexe 4). Le conjoint est de même origine (96 %) et l’homogamie sociale très prononcée : les trois-quarts des conjoints ont un niveau de diplôme comparable, souvent peu élevé (annexe 6).
les personnes pour qui la rencontre du conjoint s’est déroulée en France après la migration. Ce groupe comprend 13 % des immigrés et regroupe ceux arrivés à l’âge adulte (tableau 4). Il est beaucoup plus hétérogène : la moitié d’entre eux se sont mariés directement alors qu’un quart cohabitent sans être mariés mariage (annexe 2). Quand il s’agit de la première union, la migration a retardé le début de la cohabitation mais pour un quart, il s’agit d’une deuxième union (annexe 1). Le conjoint a été rencontré en France par l’intermédiaire d’amis ou dans un lieu public, pour près des deux tiers (annexe 4). Le couple ainsi formé unit des personnes ayant une origine commune, dont 17 % avec un descendant d’immigré. L’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud-Est et secondairement le Portugal sont les principales régions d’origine des migrants de ce groupe (tableau 4). Parmi les originaires d’Afrique subsaharienne, les femmes d’Afrique centrale ou guinéenne sont autant concernées que les hommes, tandis que les femmes d’Afrique sahélienne le sont beaucoup moins que leurs homologues masculins.
Tableau 4. Répartition des personnes immigrées en couple dans la classification des unions selon leur pays de naissance (%)

Champ : personnes immigrées âgées de 18 à 60 ans, vivant en couple. Lecture : 32 % des hommes et femmes immigrés
vivant en couple appartiennent à la classe des individus arrivés en étant déjà en couple.
Source : enquête TeO, Ined-Insee, 2008
Les couples mixtes représentent environ quatre unions sur dix :
les couples formés en France avec une personne de la population majoritaire. C’est la configuration la plus fréquente (29 %), les couples avec un immigré ou descendant d’immigré d’une autre origine étant très peu fréquents (tableau 4). La rencontre du conjoint dans un contexte familial est rare (annexe 4), elle se fait d’abord par le biais du travail ou de la scolarité, mais aussi dans des lieux festifs ou par l’intermédiaire d’amis. Le mariage direct concerne quatre unions sur dix, mais c’est dans cette catégorie que la cohabitation sans mariage est la plus fréquente (un tiers) (annexe 2). Les secondes unions y sont également plus fréquentes. Cette classe apparaît moins homogène quant à la situation matrimoniale au moment de la migration : 7 % ont rencontré leur conjoint avant leur migration, 43 % ont migré enfant et l’autre moitié a rencontré son conjoint après sa migration, en étant arrivé à l’âge adulte (annexe 5). Ils sont globalement plus diplômés et dans ces couples, le niveau de diplôme de la femme tend à être un peu plus élevé que celui de l’homme. Ce modèle est fortement présent parmi les immigrés venus d’Europe. Les personnes originaires d’Espagne et d’Italie actuellement en couple, et massivement arrivées en durant l’enfance, sont près de 60 % dans ce cas. Les originaires des autres pays de l’UE27, plutôt arrivés adultes et déjà en couple, sont nombreux à avoir formé une seconde union mixte (environ 40 %). Un tiers des originaires du Portugal sont aussi dans ce groupe. Les femmes sont autant concernées par ces unions que les hommes.
les immigrés ayant formé un couple mixte avec un conjoint rencontré avant leur migration. Cette situation, qui concerne 9 % des immigrés, est deux fois plus fréquente chez les hommes que chez les femmes (tableau 4). La moitié d’entre eux ont obtenu un titre de séjour comme conjoint de Français au moment de leur arrivée. Ces couples recouvrent des situations assez variées : le ou la conjoint-e peut être une personne née Française en France de parents nés en France (63 %), ou être née Française sur leur continent de naissance, particulièrement dans les anciennes colonies. Cette catégorie compte davantage de diplômés du supérieur (annexe 8).
17Il ressort de cette typologie que la place de la migration dans le cycle de vie contribue fortement à faire varier le taux de mixité au sein de chaque origine. Pour les migrants arrivés enfants, plus encore que pour ceux arrivés adultes célibataires, l’espace des rencontres du conjoint est majoritairement la France, si bien que les taux de couple mixtes reflètent les conditions de la migration. Cependant, les couples mixtes sont plus présents parmi les personnes les plus qualifiées et se révèlent plus hétérogames du point de vue de l’éducation, avec une surqualification de la conjointe par rapport à son conjoint. Ils sont aussi plus fréquemment des secondes unions.
3. Les conjoint-e-s des personnes immigrées arrivées adultes célibataires
18La population entrée sur le territoire français en étant adulte et célibataire se distingue des autres personnes immigrées par un niveau de qualification plus élevé (en particulier pour les femmes) et par une proportion plus importante d’hommes que de femmes. L’espace de rencontre du conjoint est pour ces personnes à la fois binational (la France ou le pays d’origine) et multiculturel (en raison de la concentration géographique des populations migrantes sur le territoire français). Elles sont en contact avec des compatriotes, des personnes de la population majoritaire, des immigrés d’autres origines et des enfants d’immigrés de divers courants migratoires, dont le leur. Dans le processus de choix du conjoint, les différences religieuses ou linguistiques, la présence ou non d’un « marché matrimonial » au sein d’une communauté d’origine peuvent intervenir, tout comme le modèle de rencontre du conjoint dans l’univers relationnel familial ne peuvent qu’influer sur l’origine du conjoint.
19Si les unions avec une personne de la population majoritaire ne représentent qu’un quart des unions de l’ensemble des immigrés, elles atteignent près de la moitié des unions des femmes ayant rencontré leur conjoint après la migration (46 %)5, les hommes ne sont qu’un petit tiers dans ce cas (tableau 5). Les femmes apparaissent ainsi particulièrement indépendantes et émancipées d’un contrôle familial ou de la communauté, constat qui vaut pour toutes les origines, hormis les Algériennes. Les originaires des pays de l’UE27 (hors Europe du Sud) forment le plus souvent leur couple avec une personne de la population majoritaire. De même, plus de 40 % des personnes venues d’Afrique guinéenne ou centrale sont en couple mixte, bien plus que les originaires d’Afrique sahélienne (33 % des femmes et 22 % des hommes). Cette différence tient probablement au niveau de qualification plus élevé dans ce premier groupe que dans le second. Un contraste de même ampleur s’observe entre les originaires d’Algérie, davantage en couple mixte que ceux venus du Maroc ou de Tunisie, notamment pour les hommes. Dans ce cas, l’ancienneté des contacts entre Français et Algériens (Collet et Santelli, 2012b) semble avoir favorisé la formation des couples avec des personnes de la population majoritaire, cela en dépit de la dureté de l’histoire coloniale en Algérie. En revanche, les femmes comme les hommes originaires d’Asie du Sud-Est, de Turquie et du Portugal arrivés adultes célibataires, sont relativement peu nombreux à s’être mis en couple avec une personne de la population majoritaire (de 8 % à 30 %), ce qui est d’autant plus étonnant pour les deux premiers courants migratoires que la taille de leur population en France est peu importante, phénomène dont on pourrait penser qu’il favoriserait les unions mixtes. Il faut croire que les effets de concentration géographique, ainsi que les différences culturelles, linguistiques et religieuses ont constitué d’importants freins à la formation de couples mixtes au sein de ces groupes.
Tableau 5. Statut migratoire et origine des conjoints des personnes immigrées entrées adultes et ayant formé leur union après la migration (%)

a Sont aussi inclus ici les conjoints natifs d’un DOM ou descendants de natifs d’un DOM, qui ne représentent que 0,8 % des conjoints d’immigré ayant formé leur couple après la migration. Champ : individus âgés de 18 à 60 ans, entrés adulte en France, et vivant actuellement en couple (marié, pacsé ou en concubinage), dont la rencontre avec le conjoint actuel est postérieure à leur migration. Note : les pourcentages calculés sur moins de 100 individus dans l’échantillon sont indiqués en italiques. Lecture : 34 % des hommes originaires d’Algérie arrivés en France à 15 ans ou plus ont une conjointe originaire d’Algérie ou d’un pays proche.
Source : enquête TeO, Ined-Insee, 2008.
20Les unions avec des filles ou fils d’immigrés dont les parents sont originaires du même pays ou de la même grande zone géographique sont quant à elles peu fréquentes : elles ne concernent que 8 % des hommes et 3 % des femmes. Il faut dire qu’elles ne sont possibles que dans les courants migratoires anciens pour lesquels les enfants d’immigrés avaient des âges similaires aux jeunes migrants arrivés adultes célibataires, essentiellement l’Algérie. Il faut sans doute aussi en déduire que les personnes migrantes entrées célibataires à l’âge adulte évoluent dans un environnement social et des espaces relationnels différents de ceux des enfants d’immigrés. Enfin, les unions formées avec une personne originaire d’une autre zone géographique ou dont les parents sont issus d’une autre zone géographique sont également peu fréquentes, sans être négligeables : elles concernent 7 % des hommes et 5 % des femmes.
21Les modes de rencontre du conjoint et de mise en couple privilégiés par les individus influent logiquement sur l’origine du conjoint. Pour ces unions mixtes, l’emprise du milieu familial apparaît très faible, comparativement aux immigrés en couple non mixte (tableau 6). Ainsi, les femmes comme les hommes immigrés en couple mixte ont majoritairement rencontré leur conjoint dans un espace public ou sélectif (autour des deux tiers) et leur union n’a pris la forme d’un mariage direct que dans un tiers des cas (34 % pour les femmes et 39 % pour les hommes). En revanche, quand un homme immigré vit en couple avec une immigrée du même continent, près d’une fois sur deux, la rencontre s’est déroulée par le biais de la famille.
Tableau 6. Part des mariages directs et lieux de rencontre des personnes migrantes arrivées adultes célibataires selon que leur couple est mixte ou pas (%)

Champ : individus âgés de 18 à 60 ans, vivant en couple (mariés, pacsés ou en concubinage), dont la rencontre avec le conjoint actuel est postérieure à leur migration et sont entrés adulte en France. Lecture : 82 % des hommes immigrés en couple avec une immigrée venue du même pays ou grande zone géographique se sont mariés sans cohabiter préalablement et 47 % ont rencontré leur conjointe dans le réseau relationnel familial.
Source : enquête TeO, Ined-Insee, 2008.
22Outre l’adoption de modèles spécifiques de mise en couple, les personnes contractant une union mixte ont un profil social distinct. Si les personnes arrivées adultes célibataires sont plus diplômées que les autres, celles qui forment un couple mixte le sont encore davantage, et plus leur diplôme est élevé, plus le taux de mixité est fort : 67 % des femmes et 56 % des hommes en couple mixte sont titulaires d’un diplôme supérieur ou égal à Bac + 2, contre seulement 30 % des femmes et hommes en couple non mixte, également arrivés célibataires à l’âge adulte. Cet effet du diplôme est très net toutes choses égales par ailleurs et se trouve renforcé par l’héritage scolaire quand le père est également fortement qualifié (tableau 7). Ce niveau de diplôme peut aller de pair avec une bonne maîtrise de la langue française au moment de la migration, qui réduit la distance culturelle et favorise les échanges avec les personnes de la population majoritaire.
23Les conditions de la migration des personnes entrées adultes et célibataires influent différemment pour les hommes et les femmes. Toutes choses égales par ailleurs, la mixité des unions est plus fréquente pour les femmes qui ont migré à un âge plus avancé. Migrer seule témoigne visiblement chez les femmes, davantage que chez les hommes, d’un fort degré d’émancipation par rapport au milieu d’origine, surtout quand leur migration n’est pas justifiée par leurs études. Dans le même ordre d’idées, elles nouent plus souvent une deuxième union avec un homme de la population majoritaire et l’ancienneté de la présence sur le territoire français favorise la mixité de leur couple. Pour les hommes, c’est l’inverse qui se produit. Les immigrés arrivés après 25 ans ont, toutes choses égales par ailleurs, une probabilité moindre de former une union mixte par rapport à ceux arrivés plus jeunes. De même, alors que la durée de présence en France tend à augmenter les chances d’une union mixte pour les femmes, elle tend à les réduire pour les hommes, comme si, avec le temps, ceux-ci voyant leurs chance de trouver une compagne parmi les femmes de la population majoritaire s’étioler, se repliaient vers les femmes de leur origine.
Tableau 7. Facteurs influençant la probabilité pour une personne immigrée entrée adulte célibataire de former un couple mixte(a) - effets moyens non pondérés

Tableau 7. suite

(a) Avec une personne de la population majoritaire ou immigrée ou descendante d’immigré d’une autre zone géographique. (b) Dérivées moyennes pour la variable continue et différences moyennes de probabilités prédites pour les variables discrètes. (c) Mesuré par la taille de la population immigrée de même origine et de sexe opposé à celui de l’enquêté au moment de son arrivée en France dans son département de résidence a été reconstituée à partir des recensements passés et de la commune de résidence de l’enquêté à son arrivée en France recueillie dans l’enquête. Légende : significativité à : *** 1 % ; ** 5 % ; * 10 %, Réf. : situation de référence. Champ : personnes immigrées âgées de 18 à 60 ans, venues après l’âge de 15 ans, vivant en couple, dont la rencontre avec le conjoint actuel est postérieure à leur migration. Note : la probabilité de former un couple mixte plutôt qu’un couple entre personnes de même origine est estimée au moyen d’une régression logistique. Sont considérées comme mixtes les unions entre une personne immigrée et une personne de la population majoritaire ou originaire d’une autre grande zone géographique (de fait essentiellement des personnes de l’UE27). Les unions avec un fils ou une fille d’immigrés de même origine, trop peu nombreuses, sont exclues de l’analyse. Lecture : tous les autres paramètres étant fixés, les immigrés venus d’Algérie ont en moyenne une probabilité 25 points supérieure aux immigrés venus du Portugal d’avoir une union mixte.
Source : enquête TeO, Ined-Insee, 2008.
24La religion et l’importance de la religion dans l’éducation reçue pendant l’enfance influencent significativement la destinée conjugale. Être originaire d’une famille ayant une religion minoritaire (père non chrétien) limite la mixité des unions, et encore davantage quand la religion a une forte importance dans l’éducation reçue. Les individus évitent ainsi les divergences que la différence religieuse peut engendrer dans un couple.
25L’ancienneté du courant migratoire peut avoir des effets contraires sur la mixité des unions. D’un côté, la durée de présence d’un groupe peut la favoriser en diminuant l’aspect « exotique » qu’ont parfois les nouveaux migrants pour la société d’installation, les habitudes culturelles de ces derniers étant parfois progressivement adoptées par la population majoritaire. Mais de l’autre, l’accroissement de la taille de la population d’un courant migratoire donné augmente le « vivier » de conjoints de même origine, et réduit la contrainte structurelle qui pousse à la mixité. La répartition géographique de la population issue d’un courant migratoire est alors essentielle : dans une zone géographique donnée, à préférences individuelles données, la probabilité de vivre en union mixte est plus élevée si les immigrés (et leurs descendants) sont peu nombreux dans cette zone (Safi, 2008). Pour les hommes, la forte concentration de femmes immigrées de même origine augmente les chances de trouver une conjointe de même origine et réduit celles de se mettre en couple mixte. L’effet n’est en revanche pas significatif pour les femmes, dont les plus hauts niveaux de qualification les orientent de toute façon davantage vers les couples mixtes.
26Une fois contrôlés tous ces facteurs, la mixité des unions reste significativement différenciée selon le courant migratoire. Chez les hommes, la probabilité de former une union mixte est plus faible d’au moins 10 points pour ceux venus de Turquie et d’Asie du Sud-Est, par rapport à ceux venus du Portugal, choisis comme référence. À l’opposé, les immigrés d’origine espagnole, italienne ou algérienne sont les plus enclins aux unions mixtes. Parmi les femmes, les effets liés aux origines sont en revanche peu significatifs, ce qui peut s’expliquer par des effectifs plus faibles et par une meilleure qualification, en comparaison des hommes entrés adultes et célibataires.
II. Les comportements conjugaux des descendant-e-s d’immigrés
1. Situation matrimoniale, formes d’union et mode de rencontre
27En 2008, la moitié des descendants d’immigrés âgés de 18 à 50 ans ont moins de 30 ans, si bien que beaucoup n’ont encore jamais vécu en couple (tableau 8). La part des célibataires avoisine 70 % dans les courants migratoires les plus récents : Maroc, Asie du Sud-Est et plus encore Afrique subsaharienne et Turquie. À l’inverse, elle tombe en dessous de 40 % pour les personnes, globalement plus âgées, dont les parents sont originaires d’Europe et au sein de la population majoritaire. Autrement dit, la majorité des descendants d’immigrés (hormis ceux d’origine européenne) sont à une étape de leur cycle de vie où ils et elles n’ont pas encore fait l’expérience d’une vie conjugale stable.
28Ceux qui ont franchi cette étape ont très majoritairement rencontré leur conjoint-e en France (90 %) (tableau 9). Cependant, les rencontres à l’étranger, probablement dans le pays d’origine des parents, s’élèvent à 55 % pour les femmes et 41 % pour les hommes pour les descendant-e-s d’immigrés venus de Turquie, ce qui les distingue nettement des autres descendants d’immigrés dont le taux se situe dans une fourchette très inférieure : entre 18 % et 25 % quand les parents sont venus du Maghreb ou d’Afrique subsaharienne, et moins de 6 % quand les parents sont originaires d’Europe ou d’Asie du Sud-Est, ce qui se rapproche de ce que l’on observe pour la population majoritaire (2 %). D’une manière générale, les individus font d’abord la connaissance de leur conjoint-e dans leur sphère amicale, mais celles et ceux qui rencontrent leur partenaire dans l’espace public (le voisinage comme les lieux festifs) ou dans les espaces sélectifs (au travail ou lors de leurs études) sont quasiment aussi nombreux, la proportion d’individus se situant dans chacune de ces configurations étant d’environ 30 % (tableau 9). En revanche, l’univers relationnel de la famille est peu mobilisé : il n’est l’espace de rencontre du conjoint que pour 15 % des femmes et 11 % des hommes. L’univers familial joue cependant un rôle plus important dans certains groupes d’origine. Un quart à un tiers des femmes et environ un quart des hommes descendants d’immigrés maghrébins ou d’Afrique sahélienne, et 51 % des filles et 33 % des fils d’immigrés turcs, ont rencontré leur conjoint par le biais de leur famille.
Tableau 8. Situation matrimoniale actuelle des descendants d’immigrés (%)

Champ : descendants d’immigrés, âgés de 18 à 50 ans. Note : la partie droite du tableau est réduite aux individus en couple. Les pourcentages calculés sur moins de 100 individus dans l’échantillon sont indiqués en italiques. Lecture : 44 % des hommes descendants d’immigrés algériens ont moins de trente ans. 51 % vivent en couple et parmi ces derniers 57 % se sont mariés sans cohabitation préalable.
Source : enquête TeO, Ined-Insee, 2008.
29Ce modèle n’est toutefois pas dominant. Les mêmes groupes d’origine présentent les taux de mariages directs les plus élevés (tableau 8). Les descendant-e-s d’immigrés européens, mais aussi d’Asie du Sud-Est ou encore d’Afrique centrale ou guinéenne (même si les résultats sont plus fragiles concernant ce dernier groupe, du fait de faibles effectifs) ont, quant à eux, mobilisé l’environnement de la famille aussi peu fréquemment que la population majoritaire.
Tableau 9. Pays et modes de rencontre du conjoint actuel des descendants d’immigrés (%)

Champ : descendants d’immigrés, 18-50 ans. Note : les pourcentages calculés sur moins de 100 individus dans l’échantillon sont indiqués en italiques. Lecture : 82 % des descendantes d’immigrés Algériens ont rencontré leur conjoint en France métropolitaine et 22 % dans le réseau relationnel proche de leur famille.
Source : enquête TeO, Ined-Insee, 2008.
30Le mariage est finalement privilégié par la majorité des groupes, y compris par les personnes de la population majoritaire (plus de 60 % des individus, tableau 8), mais il est davantage précédé d’une période de concubinage, comme pour les filles et fils d’immigrés des pays de l’UE27 et du Portugal. Les formes d’union diffèrent cependant selon le sexe, les femmes étant plus souvent mariées que les hommes, et ayant aussi plus souvent contracté un mariage direct. Cette distinction entre les sexes est plus prononcée parmi les descendants d’immigrés de Turquie et d’Afrique sahélienne, où la norme de la virginité au mariage demeure très prégnante dans le contexte migratoire (Hamel, 2006 ; Hamel et Milewski, 2012).
2. L’origine des conjoints des descendant-e-s d’immigrés
31Ces dix dernières années, le caractère transnational des familles dans lesquelles les descendants d’immigrés ont grandi (Levitt et Waters, 2002 ; Levitt et Glick Schiller, 2004 ; Levitt, 2009) et la manière dont cette dimension peut intervenir dans le choix conjugal de ces derniers ont été mis en exergue (Timmerman, 2006 ; Santelli et Collet, 2013). Bien que n’ayant pas fait eux-mêmes l’expérience de la migration, les enfants d’immigrés nés en France se situent dans un espace relationnel transnational et multiculturel, en raison des liens de leur famille avec le pays d’origine et de leur proximité avec d’autres familles immigrées en France. Mais ayant grandi en France, leur situation n’est pas comparable à celle des immigrés arrivés adultes, car il n’existe pas la même distance culturelle à l’égard de la population majoritaire. Réciproquement, une union avec un immigré originaire du même pays que leurs parents, comporte une certaine distance culturelle, car en dépit d’une origine commune, les écarts de valeurs peuvent être importants. En revanche, le choix d’un conjoint lui-même descendant d’immigré(s) peut reposer sur une forte proximité d’expérience : celui d’une histoire familiale marquée par la migration, par la diversité des référents culturels, et par une proximité du lieu de vie6 (Collet et Santelli, 2012a). Certains descendants d’immigrés sont confrontés à des injonctions contradictoires : d’une part, ne pas déplaire à leurs parents en optant pour une union avec un conjoint issu de la même origine qu’eux et, d’autre part, choisir par eux-mêmes leur conjoint, de la même manière que le font leurs homologues de la population majoritaire. Ces éléments laissent entrevoir une forte diversité de situations quant à l’origine du conjoint et une forte propension à la mixité (entendue ici comme toute union avec une personne de la population majoritaire ou une personne immigrée ou descendante d’immigrée originaire d’un autre pays que celui de leurs parents), l’univers de la famille n’étant plus l’espace de rencontre prédominant.
32Les deux tiers des descendants d’immigrés (hommes comme femmes) ont formé un couple avec une personne de la population majoritaire (tableau 10). C’est encore davantage le cas pour les personnes issues d’un couple mixte. Le choix d’un conjoint immigré de même provenance que leurs parents concerne seulement 15 % des enfants d’immigrés. Il s’avère plus fréquent (26 %) pour ceux qui ont deux parents immigrés que pour ceux issus d’un couple mixte (6 %) et pour les filles que pour les fils d’immigrés. Ceux qui choisissent un conjoint descendant d’un immigré issu du même courant migratoire que leurs parents sont également une minorité (environ 14 %) ; tandis que ceux qui forment un couple avec un immigré ou un descendant d’immigré d’une même grande zone géographique que celle de l’un de leurs parents sont 6 %, ce qui témoigne du haut degré de diversité culturelle dans lequel les enfants d’immigrés grandissent. Finalement, en additionnant les situations où le conjoint est une personne de la population majoritaire et celles où le conjoint est immigré ou descendant d’immigré d’un continent différent de celui des parents de l’enquêté, ce sont 71 % des descendants d’immigrés qui vivent en couple avec un conjoint qui n’a pas d’ascendance commune à la leur.
Tableau 10. Statut migratoire et origine des conjoints des descendants d’immigrés selon le pays de naissance de leurs parents (%)


a sont ajoutés ici les conjoints natifs d’un DOM, qui représentent une proportion infime.
Champ : descendants d’immigrés en couple, 18-50 ans. Note : les pourcentages calculés sur moins de 100 individus dans l’échantillon sont indiqués en italiques. Lecture : 26 % des descendants de parents nés en Algérie sont en couple avec une ou un conjoint-e originaire d’Algérie.
Source : enquête TeO, Ined-Insee, 2008.
33Les descendants d’immigrés en union mixte ont des caractéristiques qui diffèrent de celles des immigrés dans ce même type d’union. L’élément le plus déterminant n’est plus le niveau d’éducation, mais la mixité du couple parental (tableau 11). Ces unions sont en effet plus fréquentes dans les groupes où les parents sont eux-mêmes plus nombreux à avoir formé un couple mixte (comme pour les descendants de migrants originaires d’Asie du Sud-Est et d’Europe). La mixité du couple parental reste un facteur qui favorise la formation d’une union avec une personne de la population majoritaire lorsque l’on neutralise le niveau de diplôme des parents. Cet effet se révèle plus fort pour les filles que pour les fils. D’ailleurs pour les fils d’immigrés, la probabilité de former une union avec une femme migrante de même origine est aussi élevée pour ceux issus de couples mixtes que pour ceux qui ont deux parents immigrés. L’histoire migratoire des parents a ainsi un impact fort sur l’environnement dans lequel les enfants grandissent, ce qui influe sur les modalités de rencontre de leur conjoint. La mixité de l’ascendance renforce la maîtrise de la langue française et limite l’apprentissage de la langue du parent migrant, ce qui influe sur la formation ultérieure des unions des enfants : lorsque le français est la seule langue transmise aux enfants, ces derniers ont une plus grande probabilité de choisir un conjoint dans la population majoritaire, particulièrement pour les femmes.
34À l’inverse de ce qui a été observé pour les immigrés, le niveau de diplôme n’explique que faiblement la propension à former une union mixte. Un niveau élevé de qualification favorise l’union mixte, mais cet effet est limité. En particulier pour les hommes, il est nettement moins déterminant que la mixité du couple parental ou la religiosité. Le fait que le père de l’enquêté soit diplômé ou non n’a pas non plus d’influence. Pour les femmes, l’origine de leur conjoint apparaît davantage liée au diplôme atteint : la probabilité de former une union avec un immigré de même origine diminue ainsi avec le niveau de diplôme. La probabilité d’une union avec un descendant d’immigré est la plus élevée pour les femmes dotées d’un niveau de diplôme intermédiaire.
35Autre composante du milieu d’origine, la religion du père et l’importance de celle-ci dans l’éducation reçue dans l’enfance a un impact significatif. La probabilité de vivre avec une personne de la population majoritaire est beaucoup plus faible pour les personnes ayant un père non chrétien, tandis que l’importance accordée à la religion quelle que soit cette religion est sans effet. Les différences de confession constituent ainsi un frein à la constitution des unions, qui se vérifie pour les hommes comme pour les femmes7.
36Le rang de l’union dans l’histoire conjugale s’avère peu influent sur l’origine de la conjointe pour les hommes, tandis qu’il intervient en faveur de la formation d’une union avec une personne de la population majoritaire (ou d’une autre origine) pour les femmes. Pour elles, une première union associée à une cohabitation précoce va de pair avec le fait d’être en couple avec un conjoint immigré de même origine, tandis que le fait de vivre une seconde union est très corrélé à celui d’avoir un conjoint de la population majoritaire. Pour les hommes, l’âge à la cohabitation n’est pas clairement associé à d’autres caractéristiques du couple. Cependant, les unions intervenues tardivement pour les hommes sont très souvent des unions avec une femme immigrée. Dans cette catégorie, les descendants d’origine maghrébine – particulièrement d’Algérie – sont surreprésentés (40 % contre 28 % de l’ensemble des hommes descendants d’immigrés en couple) et ceux d’origine européenne sous-représentés.
37L’âge de l’enquêté a un effet peu significatif sur l’origine du ou de la conjointe. Cependant, alors que les fils d’immigrés des générations les plus récentes sont, toutes choses égales par ailleurs, moins souvent en couple avec une femme immigrée de même origine que leurs parents, les femmes les plus jeunes sont significativement plus nombreuses à être en couple avec un descendant d’immigré de même origine.
38Outre ces facteurs propres à l’histoire de la personne, des facteurs de contexte liés au lieu de résidence peuvent intervenir dans la sélection du conjoint8. Le poids de la population immigrée dans le département n’influe pas sur la formation des unions entre un-e descendant-e d’immigré et une personne immigrée, mais il favorise les unions entre descendants d’immigrés. Pour les hommes, la présence d’une population immigrée de même origine intervient positivement et significativement. On peut avancer que l’union de deux descendants d’immigrés d’une même origine relève plus de la concentration résidentielle des familles migrantes sur certaines zones du territoire français que d’une volonté délibérée d’une fermeture sur les origines. En effet, dans 97 % des cas, les conjoints se sont rencontrés en France et pour plus d’un tiers dans l’espace public (essentiellement le voisinage), contre seulement 11 % dans le cercle relationnel de la famille.
Tableau 11. Facteurs influençant l’origine géographique du conjoint des descendants d’immigrés (effets moyens non pondérés)


Légende : significativité à : *** 1 % ; ** 5 % ; * 10 %, Réf. : situation de référence. ; écarts types mesurés par bootstrap (100 tirages). (a) dérivées moyennes pour la variable continue et différences moyennes de probabilités prédites pour les variables discrètes. (b) population majoritaire ou personne immigrée ou descendante d’immigré d’une grande zone géographique autre que celle des parents.
Champ : descendants d’immigrés âgés de 18 à 50 ans, vivant en couple. Note : les facteurs associés au fait d’avoir formé un couple en dehors de tout lien avec l’origine des parents, plutôt qu’avec une personne immigrée de même origine ou encore avec une personne descendante d’immigré de même origine, sont identifiés grâce à une régression polytomique non ordonnée. Lecture : tous les autres paramètres étant fixés, les fils d’immigrés d’Afrique subsaharienne ont une probabilité d’être en couple avec une femme immigrée de la même grande zone géographique 14,8 supérieure à un descendant d’immigré portugais, retenu comme référence, ce résultat étant significatif au seuil de 10 %.
Source : enquête TeO, Ined-Insee, 2008.
39Une fois toutes les caractéristiques individuelles et contextuelles contrôlées, l’origine des enquêtés n’a plus, pour les hommes, d’influence significative sur le fait de former une union avec une personne immigrée, descendante d’immigrée ou de la population majoritaire, à l’exception notable de ceux ayant une ascendance turque qui ont une probabilité inférieure de 25 points à ceux ayant une ascendance portugaise, d’être en couple avec une personne de la population majoritaire. C’est l’inverse pour les hommes ayant une ascendance d’Asie du Sud-Est (+ 16 points). Pour les femmes, l’origine nationale des parents conserve une forte influence sur l’origine du conjoint : d’un côté, les filles ayant des parents venus d’Afrique subsaharienne, de Turquie ou de Tunisie et du Maroc sont plus enclines à former un couple avec une personne de même origine que leurs parents, alors que c’est l’inverse pour celles dont les parents viennent d’Asie du Sud-Est et d’Europe. Au-delà des différences de religion, les différences culturelles constituent des frontières plus marquées dans la formation des unions des femmes que des hommes. Les fils d’immigrés d’Asie du Sud-Est se distinguent également par une probabilité plus faible toutes choses égales par ailleurs de former une union avec une autre personne née en France de parents immigrés de cette région.
Conclusion
40Les circonstances et modalités de formation du couple, comme les types d’unions formées par les immigrés, sont très variables selon les origines. Ils dépendent beaucoup des modèles dominants dans les pays d’origine, de la place de la migration dans le cycle de vie et des ressources socioéconomiques des migrants, notamment de leur niveau d’instruction. On observe de fortes différences dans les comportements conjugaux pour ceux s’étant mis en couple après la migration. Les circonstances initiales de la migration des parents ont aussi une influence sur l’histoire matrimoniale de la génération suivante. Si les parents sont arrivés en étant déjà en couple, leurs enfants ont plus de chances d’apprendre leur langue, de côtoyer le pays d’origine et de rencontrer une fois adulte un conjoint dans ce pays, que les personnes dont les parents sont arrivés en étant de jeunes adultes célibataires, surtout si ceux-ci sont venus en France pour faire des études, et ont eux-mêmes formé un couple mixte.
41Les migrants originaires de Turquie sont particulièrement nombreux à être arrivés à l’âge adulte en étant déjà en couple. Il existe donc peu de couples mixtes dans ce groupe d’origine, à la différence de ce qui s’observe dans les autres courants migratoires. La génération née en France garde un lien fort à la Turquie et cela se traduit par des unions relativement nombreuses avec des personnes rencontrées là-bas, unions formalisées par des mariages sans cohabitation préalable. À l’inverse, les migrants espagnols ou italiens qui sont arrivés enfants avec leurs parents, ont eux-mêmes formé des couples avec la population majoritaire, si bien que leurs enfants nés en France se sont très rarement mis en couple avec une personne immigrée d’Espagne ou d’Italie ou même avec une personne née en France dont les parents auraient aussi une origine italienne ou espagnole.
42Les différents modes de rencontre présentés dans ce chapitre assurent chacun à leur manière une homogamie sociale entre les conjoints, mais ils renvoient à des modèles de formation du couple différents (allant du mariage direct sans phase de cohabitation à la cohabitation conjugale sans mariage). Le mariage direct et la rencontre du conjoint via la famille sont généralement associés tandis que le concubinage exclusif va de pair avec une rencontre du conjoint par le biais des amis, du travail ou des études. Chacun de ces modèles de formation du couple renvoie à des normes en matière de sexualité bien distinctes. La dominance de l’un ou l’autre de ces modèles dans les pays d’origine se perçoit quand on examine la situation matrimoniale de celles et ceux arrivés en couple, tandis qu’on observe une atténuation assez nette du modèle le plus éloigné des normes conjugales françaises quand les personnes sont arrivées célibataires et ultérieurement chez les descendants de migrants, même si la divergence des normes se perçoit encore.
43D’une manière générale, des différences s’observent entre les femmes et les hommes. Les hommes migrants, plus que les femmes, arrivent en étant célibataires, d’où une plus forte mixité pour ces derniers. Les femmes ont davantage connu un mariage direct que les hommes, mais cela vaut aussi quand elles sont arrivées célibataires. Celles arrivées seules ont tout de même un profil sociologique très particulier qui les distingue, y compris des femmes migrantes arrivées enfant, dans la mesure où elles sont plus diplômées et moins souvent en couple avec un homme immigré. Les différences selon le sexe s’observent aussi parmi les filles et fils de migrants, où l’on remarque davantage de mariages directs et de rencontres dans le cercle familial, pour les femmes que pour les hommes. Toutefois, le concubinage et la rencontre du conjoint hors de la famille sont nettement plus développées que parmi les migrant-e-s. En cela leur comportement se rapproche des individus de même âge issus de la population majoritaire. Mais ce constat ne doit pas cacher les fortes disparités d’un groupe d’origine à l’autre.
44Enfin pour conclure cette analyse des processus conduisant à un fort taux de mixité dans un groupe d’origine, il faut garder à l’esprit qu’il faut être deux pour former un couple. Dans cette contribution, nous n’analysons la mixité qu’à partir des parcours et pratiques des personnes migrantes ou de leurs enfants. Or, il est certain que les comportements des personnes de la population majoritaire produisent un effet important. Le racisme a probablement un impact. Le rejet de l’autre peut se traduire, du côté de la société d’accueil, par la hantise du métissage et la volonté de limiter, voire d’empêcher, les unions mixtes (Kalminj, 1993 ; 2007 ; voir aussi le chapitre 15 de cet ouvrage sur le racisme). Il est dommage qu’aucune enquête ne permette à ce jour d’explorer les variations du taux de mixité sous cet angle.
Bibliographie
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Santelli E., Collet B., 2012a, « De l’endogamie à l’homogamie socio-ethnique. Réinterprétations normatives et réalités conjugales des descendants d’immigrés maghrébins, turcs et africains subsahariens », Sociologie et sociétés, 43 (2), p. 327-352.
Santelli E., Collet B., 2012b, « Les descendants d’immigrés en couple mixte au prisme de l’enquête Trajectoires et Origines », Enfances, familles, générations, 17, p. 75-97.
Santelli E., Collet B., 2013, « Les choix conjugaux d’endogamie transnationale des descendants d’immigrés en France. Options culturelles et conditions sociales », Diversité urbaine (article commandé en cours d’expertise).
10.1080/13691830802586476 :Song M., 2010, “Is intermarriage a good indicator of integration ?”, Journal of Ethnic and Migration Studies, 35 (2), p. 331-348.
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Tribalat M., 1995, Faire France. Une enquête sur les immigrés et leurs enfants, Paris, La Découverte.
Tribalat M., 1996, De l’immigration à l’assimilation : enquête sur les populations d’origine étrangère en France, Paris, La Découverte.
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Notes de bas de page
1 Une version longue de ce texte a été publiée sur le site Internet de l’Ined, Document de travail, n° 189, 2013.
2 Sont considérées comme étant « en couple » les personnes qui, à leur arrivée, avaient déjà rencontré leur conjoint. C’est donc la date de rencontre (et non la date de cohabitation ni l’état matrimonial légal) qui est ici prise en considération. Lorsque les années de migration et de rencontre sont identiques, le pays de rencontre (France ou étranger) a été utilisé pour classer les individus.
3 La précocité de l’union est souvent associée au mariage direct et aux valeurs de la virginité au mariage (information malheureusement absente de l’enquête).
4 Tous les renvois signalés « en annexe » figurent sur le site teo.site.ined.fr/annexes.
5 Voir le chapitre 2 pour un tableau des migrations féminines en France.
6 Voir le chapitre 16 sur la ségrégation résidentielle.
7 Voir le chapitre 19 dans cet ouvrage.
8 La PCS des parents a été testée par ailleurs. Elle n’a pas non plus d’effet sur la probabilité d’être en couple avec une personne de la population majoritaire.
Auteurs
Christelle Hamel est sociologue, chercheuse à l’Ined, co-responsable de l’unité de recherche Démographie, genre et sociétés. Ses travaux antérieurs portent sur les rapports de genre chez les jeunes issus des immigrations maghrébine et turque, notamment la période de jeunesse, la conjugalité et l’expérience du racisme. Elle a aussi conduit des recherches sur le mariage forcé. Elle est également responsable de l’enquête Violences et rapports de genre : contextes et conséquences des violences subies en France.
Bertrand Lhommeau est adjoint à la cheffe du bureau de la jeunesse et de la famille à la Drees (ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes). Il était responsable de l’enquête TeO au sein de l’unité des études démographiques et sociales de l’Insee (cellule Statistiques et études sur l’immigration), lors de l’élaboration de cet ouvrage. Il a été chargé d’études sur les thèmes de la redistribution à l’Insee et à la Drees, puis des bas salaires à la Dares (ministère du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social).
Ariane Pailhé docteure en économie, est directrice de recherche à l’Ined. Ses thèmes de recherche sont les discriminations sur le marché du travail selon le sexe et/ou l’origine ethnique, l’articulation entre vie familiale et vie professionnelle et la gestion du temps entre conjoints. Ses récents travaux portent sur l’entrée dans la vie adulte des migrants et leurs descendants, le lien entre fécondité et chômage, et l’évolution de la répartition du travail domestique entre hommes et femmes dans les pays occidentaux. Elle est rédactrice en chef du site Internet de l’Ined, membre du comité de rédaction de la revue Population et du comité directeur du GDR européen Mage.
Emmanuelle Santelli est sociologue, chargée de recherche au CNRS rattachée au laboratoire Max Weber, université de Lyon, et chercheure associée à l’Ined dans l’unité Migrations internationales et minorités. Ses recherches portent les parcours des descendants d’immigrés maghrébins dans la société française qu’elle interroge à partir de plusieurs entrées (l’insertion professionnelle et la mobilité sociale, l’investissement dans le pays d’origine des parents, l’entrée dans la vie adulte, la formation conjugale…).
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Trajectoires et origines
Enquête sur la diversité des populations en France
Cris Beauchemin, Christelle Hamel et Patrick Simon (dir.)
2016
En quête d’appartenances
L’enquête Histoire de vie sur la construction des identités
France Guérin-Pace, Olivia Samuel et Isabelle Ville (dir.)
2009
Parcours de familles
L’enquête Étude des relations familiales et intergénérationnelles
Arnaud Régnier-Loilier (dir.)
2016
Portraits de famille
L’enquête Étude des relations familiales et intergénérationnelles
Arnaud Régnier-Loilier (dir.)
2009
Inégalités de santé à Ouagadougou
Résultats d’un observatoire de population urbaine au Burkina Faso
Clémentine Rossier, Abdramane Bassiahi Soura et Géraldine Duthé (dir.)
2019
Violences et rapports de genre
Enquête sur les violences de genre en France
Elizabeth Brown, Alice Debauche, Christelle Hamel et al. (dir.)
2020
Un panel français
L’Étude longitudinale par Internet pour les sciences sociales (Elipss)
Emmanuelle Duwez et Pierre Mercklé (dir.)
2021
Tunisie, l'après 2011
Enquête sur les transformations de la société tunisienne
France Guérin-Pace et Hassène Kassar (dir.)
2022
Enfance et famille au Mali
Trente ans d’enquêtes démographiques en milieu rural
Véronique Hertrich et Olivia Samuel (dir.)
2024