Chapitre 20. Les différences d’opinions entre la France et la Russie sur le soutien entre générations
p. 515-536
Texte intégral
Introduction
1Cette étude a pour objectif de décrire les convergences et divergences d’opinion entre la France et la Russie sur la place respective de la « société » et de la « famille » dans les solidarités entre les générations, en se concentrant sur la question de l’aide aux personnes âgées. Les résultats des enquêtes russe (2004) et française (2005), réalisées dans le cadre du programme international GGS (encadré 1 et chapitre 1), permettent de brosser le portrait de l’opinion de la société sur ces sujets : quels sont les types de responsabilités de la famille et de la société dans la prise en charge des personnes âgées ? Qui doit les soutenir financièrement ? Et jusqu’à quel point une aide intragénérationnelle doit-elle avoir des conséquences sur les situations et les parcours résidentiels et professionnels des individus ?
Encadré 1. Les enquêtes GGS en Russie et en France
Les données exploitées sont celles de la première vague des enquêtes GGS (Generation and Gender Surveys), menées en Russie en 2004 et en France en 2005. Il s’agit d’un programme international d’enquêtes sociodémographiques, sous l’égide de la Population Activities Unit de la Commission économique des Nations unies pour l’Europe, conçu en trois vagues à trois ans d’intervalle et réalisé dans une vingtaine de pays, suivant un questionnaire et un protocole communs (cf. : http://www.unece.org/ead/pau/ggp/). L’enquête russe « Parents et enfants, hommes et femmes dans la famille et dans la société » (Russie, NISP, 2004) a été menée sous la direction de l’Institut indépendant de Politique sociale de Russie (IIPS), auprès de 11260 personnes pour la vague 1, dans 39 des 89 régions que compte la Russie. Les entretiens ont eu lieu en face-à-face avec l’enquêteur, sur la base d’un questionnaire papier dont la passation durait en moyenne entre une heure et demie et deux heures.
La première vague d’Erfi a été réalisée par l’Ined et l’Insee en 2005 auprès de 10079 personnes interrogées en face-à-face, par un enquêteur de l’Insee, à l’aide d’un questionnaire Capi. La durée moyenne de passation était d’une heure.
Les variables plus particulièrement étudiées sont les réponses au dernier module portant sur les valeurs et opinions, ainsi que toutes les caractéristiques sociodémographiques du répondant pouvant être utiles à l’analyse. Au préalable, un examen de la comparabilité des modalités de réponses et des nomenclatures a dû être mené entre la France et la Russie, ce qui a conduit à construire ou reconstruire un certain nombre de variables. Après une première analyse descriptive (sur la base de tableaux croisés comparables), des régressions logistiques sont menées de manière similaire pour les deux pays (annexes 1 et 2).
2Les réponses sont liées aux traditions culturelles et historiques du pays, mais dépendent aussi du système de protection sociale de chaque pays et notamment de la prise en charge socialisée des personnes âgées. Ce travail comparatif entre la France et la Russie permet d’étudier où commencent les spécificités de chaque pays, et dans quelle mesure les différences de réponses correspondent aux institutions existantes et/ou aux situations individuelles des répondants, même s’il est toujours difficile, dans un travail sur les opinions et les valeurs, de démêler ce qui relève du constat de ce qui relève de la norme, sociale ou familiale.
3En Russie, les bouleversements de la sphère économique et sociale, au cours des quinze dernières années, ont fortement modifié la nature des attentes sociales de la population. Même à l’époque soviétique où régnait un fort paternalisme d’État, la famille et le soutien familial restaient les acteurs les plus efficaces pour la garde des enfants (malgré les nombreuses crèches) ou l’aide aux personnes âgées.
4Avec les profondes transformations politiques et socioéconomiques des années d’après 1991, ce système d’État paternaliste a été affaibli, au moment où la part de la population ayant besoin d’un soutien social connaissait une forte hausse.
5Vu de la Russie, le système social français, avec un soutien socialisé aux familles avec enfants et aux personnes âgées, apparaît très développé, avec notamment un réseau de maisons de retraite et pour personnes dépendantes, à qualité de services inégale, mais équipées de matériel médical et paramédical moderne. En outre, la France met en œuvre une politique sociale active en matière de soutien aux familles avec enfants. Selon l’enquête barométrique de la Drees1 menée en 2006, 46 % des enquêtés disent que la solidarité est avant tout l’affaire de l’État et des collectivités, avant la famille citée en deuxième par 39 % des personnes (Boisselot, 2006)
I. La Russie, un pays proche des traditions du Sud de l’Europe ?
6On constate, dans un premier temps, une proximité des taux de réponse entre la France et la Russie pour la question portant sur l’aide aux personnes âgées ayant besoin d’une assistance à domicile : elle doit être assurée par la famille selon 45 % des répondants en France et 52 % en Russie (tableau 1).
Tableau 1. Opinions sur le soutien aux personnes âgées (%)

(a) À noter qu’en France, cette question était précédée de « À supposer que la famille en ait la possibilité… ». Champ : Ensemble des enquêtés de 18 à 79 ans
Sources : Russie, NISP, 2004 ; France, Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
7Cependant, lorsque l’on examine plus précisément les réponses concernant un besoin d’assistance à domicile et au quotidien (aider à faire les courses, faire le ménage, le repas, la toilette…), la majorité des répondants russes cite la famille, tandis qu’en France, la majorité des répondants indique que la société doit jouer un rôle, seule ou à part égale avec la famille. Ces derniers expriment un peu plus souvent qu’en Russie une opinion intermédiaire : « autant la société que la famille ». Si la famille est autant citée en Russie pour l’aide à domicile, c’est en premier lieu parce que ce pays est très peu doté en maisons de retraite. Les institutions publiques d’accueil des personnes âgées dépendantes sont peu développées et les quelques maisons de retraite privées qui existent ont un coût très élevé. Par ailleurs, s’il existe bien des services d’aide sociale aux personnes âgées, ce sont essentiellement des aides aux démarches, aux sorties nécessaires (courses, visites médicales, etc.), réservées aux personnes seules et sans parents, mais pas d’aides ménagères. Enfin, même si les familles font appel et rémunèrent des gardes-malades ou des assistantes à domicile, ce qui reste assez rare, ceux-ci sont considérés comme une aide familiale privée et en aucune façon liée à une participation de l’État ou de la société. Souvent, le plus simple consiste finalement à cohabiter sous le même toit à plusieurs générations, notamment avec les parents âgés afin que l’aide qui leur est nécessaire chaque jour fasse justement partie du quotidien de la famille. En comparaison avec d’autres pays européens (Galland et Lemel, 2007), ces situations rapprochent plutôt la Russie des traditions du Sud de l’Europe, à l’opposé de la position interventionniste des pays scandinaves. Selon les données de l’enquête Eurobaromètre de 1995, ancienne, mais dont les tendances sont toujours valables, on pouvait facilement distinguer deux types d’opinions et d’attentes. La grande majorité (80 %) des Suédois estimait que c’était à la société d’assurer l’aide à domicile aux personnes âgées, grâce au financement de l’État et à l’action des institutions publiques. En revanche, en Grèce, la proportion était inversée et 80 % de la population pensait que ce rôle revenait à la famille. Cela est lié à l’absence d’infrastructures adaptées, ainsi qu’à la conviction qu’il est important que la famille s’occupe de ses aînés (Valetas, 2001).
8On retrouve ces deux aspects en Russie avec la rareté des maisons de retraite et de réseaux d’aides ménagères, et les normes sociales traditionnelles. L’opinion publique condamne en effet les personnes qui placent leurs parents âgés en maison de retraite, où les soins ne peuvent pas être correctement prodigués. Mais en Russie, le taux d’activité des femmes qui prennent en charge, dans la majorité des cas, leurs parents âgés, a toujours été élevé alors que dans les pays du Sud de l’Europe, le fait que les femmes s’occupent très souvent de leurs parents à domicile est lié, au contraire, à leur faible taux d’activité.
9Pour étudier les facteurs qui ont le plus d’influence sur la réponse à la question « Qui, de la société ou la famille, a la responsabilité de prendre en charge les personnes âgées à leur domicile ? », une régression logistique a été menée (annexe 1, modèle 1). En Russie comme en France, le sexe du répondant joue un rôle significatif : les hommes pensent plus fréquemment que c’est à la société de s’occuper des personnes âgées ayant besoin d’un soutien aux activités quotidiennes ; et en France, les hommes expriment des opinions plus tranchées, que ce soit pour la famille ou pour la société et citent donc moins souvent que les femmes un partage égal de la responsabilité entre les deux.
10En Russie, un autre facteur important est l’âge du répondant : les plus jeunes (moins de 25 ans) et les plus âgés (60 ans et plus) répondent dans une forte proportion que cette question est du ressort de la société. S’agit-il d’une aspiration à un État social plus prononcé pour ces deux générations ? Ou d’un constat de la génération intermédiaire du rôle important qu’elle doit finalement jouer auprès des personnes âgées ? Difficile de trancher. En France, la variable de l’âge n’apparaît pas comme déterminante.
11L’appartenance et surtout la pratique religieuse jouent également un rôle important. En Russie, les données des sondages du Centre Levada2 montrent qu’il existe, dans la société, un décalage entre les personnes qui se considérent comme orthodoxes et les pratiques religieuses réelles : la part des personnes baptisées dans la population russe n’a cessé d’augmenter, et atteignait 75-77 % des adultes en 2002-2003 ; mais parallèlement, ce chiffre correspond aussi à la proportion de personnes qui déclarent ne jamais prier et ne respecter ni les obligations ni les fêtes religieuses (Doubine, 2004 et 2005). En France, en 2005, la part des croyants ayant une pratique religieuse régulière dépassait à peine les 10 % (14 % des femmes et 9 % des hommes), mais 37 % des hommes et des femmes disaient appartenir à une religion, sans observer aucun rite (Insee, 2008). Cette distinction entre pratiquants et non-pratiquants s’est révélée pertinente dans notre analyse : dans le domaine de l’assistance aux personnes âgées, les personnes de confession musulmane dans les deux pays, ainsi que les catholiques pratiquants en France, estiment dans une large mesure que celle-ci doit être assurée par la famille ; à l’inverse, ils sont beaucoup plus rarement que les autres en accord avec le fait que : « c’est à la société de s’occuper des personnes âgées ».
12Le niveau de formation n’a pas une grande influence sur l’opinion des répondants en Russie, à la différence du statut socioprofessionnel. Les inactifs (femmes au foyer, chômeurs et personnes sans activité), ainsi que les actifs travaillant dans le domaine des services, répondent dans une grande proportion que c’est à la société de s’occuper des personnes âgées (annexe 1, modèle 1). En France, c’est le niveau de diplôme plus que le statut socioprofessionnel, qui est le facteur le plus important : plus il est élevé, moins le répondant pense que c’est du ressort de la société. En somme, les résultats obtenus dans les deux pays peuvent être considérés comme similaires (les moins diplômés en France et les inatifs en Russie attendent davantage de la société) dans la mesure où, en Russie, il n’existe plus de grande correspondance entre le niveau d’éducation et le statut socioprofessionnel. Le revenu du ménage y joue aussi un rôle très significatif : plus il est élevé, moins les répondants estiment que c’est à la société de prendre en charge les personnes âgées ayant besoin d’une aide à domicile.
II. Aider financièrement les personnes âgées et pauvres : un devoir de la société
13Dans les enquêtes GGS, une majorité de personnes, en France comme en Russie, pense que la société doit aider financièrement les personnes âgées en situation de pauvreté. Les répondants distinguent donc nettement les situations de dépendance modérée qui appellent, selon eux, une aide à domicile par la famille, avec les situations de pauvreté économique sur lesquelles ce serait à la société d’agir. L’affirmation selon laquelle la société doit assurer la part la plus importante de cette aide remporte ainsi l’adhésion de deux tiers des répondants en Russie et de la moitié en France. Cependant, seulement 10 % des répondants en Russie, mais 20 % en France estiment que cette responsabilité doit être du ressort principal de la famille (tableau 1). La tendance est la même, mais les ordres de grandeur sont assez constrastés et les écarts de réponse entre les deux questions sont plus forts en Russie.
14Une aide financière apportée par la société est nettement attendue en Russie car, pour la majorité des personnes interrogées, la pauvreté de la population est une conséquence de la politique de l’État en matière de retraites, de salaires et d’emploi. La pauvreté des personnes âgées est directement liée au montant de leur pension de retraite. Or, en 2005, le montant réel des pensions atteignait seulement 59 % de leur niveau en 1991. En 2004, le montant minimum de la retraite des actifs représentait un tiers du seuil de pauvreté officiel, et le montant moyen des retraites excédait de seulement 20 % ce seuil (Siniavskaïa, 2006). La seule possibilité pour un retraité d’augmenter ses revenus est d’exercer une activité, ce qui concerne en 2005 entre 20 et 25 % des retraités, essentiellement au cours des 5 années qui suivent le départ en retraite (Rochtchine, 1999). Après ces quelques années, la situation financière du retraité repose presqu’entièrement sur les pensions de retraite d’État.
15Quelles sont les catégories de la population qui attendent une aide financière de la société aux personnes âgées en situation de pauvreté ? Il s’agit, comme pour la question du soutien au quotidien, d’abord des jeunes, tant en Russie qu’en France (annexe 1, modèle 2). Les avis des plus âgés (souvent retraités) sont partagés : en Russie, ils sont en accord avec les jeunes et pensent que c’est le rôle de l’État ; en France en revanche, cette responsabilité est, pour eux, du ressort de la famille. Ces résultats traduisent bien des effets générationnels importants, notamment en Russie. En revanche on n’observe pas de différence entre les hommes et les femmes.
16Un facteur se révèle significatif en Russie, mais pas en France : le type de commune de résidence. Les habitants des grandes villes pensent que c’est l’affaire de la société. L’influence des revenus est prévisible : plus ceux-ci sont élevés, moins les répondants attendent de la société une aide financière aux personnes défavorisées, préférant régler eux-mêmes ce problème. Autre explication : en Russie, les personnes avec des revenus élevés estiment, dans une plus grande mesure que les autres groupes de la société, que les personnes pauvres sont elles-mêmes responsables de leur situation (Ovtcharova et al. 2007) et que c’est donc à leur famille de les aider.
17Par ailleurs, dans les deux pays, les répondants de confession musulmane, ainsi que les catholiques pratiquants en France répondent beaucoup plus fréquemment que c’est à la famille de venir en aide financièrement aux personnes âgées.
III. Les différents niveaux de « dévouement » entre la France et la Russie
18Un autre ensemble de quatre questions permet de creuser la problématique de l’assistance à ses parents âgés, en la mettant « en situation ». Il s’agit non plus de désigner un acteur, la société ou la famille, mais de donner ou non son accord à des propositions qui vont du plus général (« les enfants sont reponsables de la prise en charge de leurs parents si ceux-ci en ont besoin ») aux conséquences les plus précises (« adapter sa vie professionnelle », « accueillir chez soi », etc.).
19On observe logiquement le phénomène suivant : la part des personnes qui répondent positivement s’amenuise lorsque l’on passe d’une formulation générale à une représentation concrète de l’aide pouvant être apportée par les enfants à leurs parents âgés. En Russie, l’adhésion au fait que les enfants doivent avoir la responsabilité de s’en occuper fait pratiquement l’unanimité (96 %, contre deux tiers des répondants en France). Cet assentiment demeure assez fort lorsque l’on demande si les enfants doivent, en cas de nécessité, aider financièrement leurs parents (87 % en Russie et 66 % en France). En Russie, 71 % des répondants disent être prêts à vivre avec leurs parents si ceux-ci ne sont plus autonomes contre 44 % en France, et la part de ceux qui se disent prêts à adapter leur vie professionnelle afin de pouvoir s’occuper de leurs parents âgés est légèrement supérieure à la moitié des répondants en Russie, alors qu’en France, elle ne représente que 12 % (tableau 2).
Tableau 2. Comment les enfants doivent-ils aider leurs parents âgés ? (%)

Champ : ensemble des répondants de 18 à 79 ans.
20Sources : Russie, NISP, 2004 ; France, Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005
21Toutes ces propositions, issues de situations bien réelles de la vie courante, mettent en évidence différents niveaux de dévouement nécessaire de la part des enfants envers leurs parents âgés. L’idée d’accueillir chez soi ses parents est celle qui différencie le plus les deux pays : en Russie, moins de 1 % des répondants se prononcent en total désaccord avec la proposition, contre la moitié en France. Une telle différence est liée dans une large mesure au système de prise en charge de personnes âgées existant dans chacun des pays, ainsi qu’à des traditions culturelles, comme indiqué précédemment. Il s’agit ici aussi d’une réponse qui correspond tout simplement à un constat : cette situation est fréquente en Russie et rare en France. Les enquêtés répondent-ils alors ici par rapport à ce qu’ils voient tous les jours dans la vie courante (encadré 2) ou à ce qu’ils souhaiteraient de manière abstraite ?
Encadré 2. L’aide intergénérationnelle en France et en Russie : éléments contextuels
Les liens familiaux et amicaux s’exprimant par des aides financières ou des dons de produits ou de services sont traditionnels en Russie. Outre les aides habituelles (à l’achat de médicaments, de logement, etc.), les dons de nourriture proviennent pour l’essentiel des cultures du jardin ou du potager, élément important pour une partie de la population russe (Otvcharova et Prokofieva, 2000).
Les services gratuits, rendus ou reçus, concernent les tâches ménagères élémentaires, la garde des enfants ou des personnes âgées, mais aussi la construction ou la rénovation de la maison. Toutes ces expressions de solidarité familiale, qui existaient déjà en Russie avant 1991, sont particulièrement précieuses depuis cette date, avec l’augmentation du coût de la vie (Désert et Rousselet, 2004).
La cohabitation de plusieurs générations est une autre forme de soutien intergénérationnel. Si, sous l’ère soviétique, une telle cohabitation était dictée, en grande partie, par la pénurie de logements et par un système d’attribution contrôlé par l’État, depuis 1991, le développement d’un marché du logement extrêmement cher se fait en décalage avec les moyens matériels de la majeure partie de la population et empêche les jeunes familles de quitter leurs parents. En outre, les conditions de vie difficiles de la période de transition ont forcé par exemple deux familles ayant chacune un logement, à n’en partager qu’un, pour mettre l’autre en location dans le but de percevoir un complément de revenu pour subsister. Cette forme d’adaptation passive était particulièrement répandue parmi la population urbaine de Russie, dans les années 1990.
Les résultats de la dernière grande enquête sur les ménages, Nobus, menée par Rosstat (l’Institut de statistique de Russie) en 2003 montraient que la proportion de ménages recevant une aide matérielle de la part de leurs parents ou de leurs amis s’élevait à 22 % en moyenne. Cette aide jouait un rôle plus important que les aides aux logements et les allocations.
Des types d’entraide familiale comparables existent en France : des recherches menées par l’Insee au milieu des années 1990 ont montré que 13 % des ménages recevaient réellement une aide financière de leur famille (Paugam et Zoyem, 1997). Ces aides s’insèrent dans un système complexe de liens familiaux et ne relèvent donc pas seulement d’un strict besoin financier, mais aussi de traditions d’aides entre les générations, notamment des parents vers les enfants devenant adultes et prenant leur autonomie résidentielle : c’est au moment de l’achat d’un logement que le soutien familial se manifeste plus particulièrement (Bonvalet et al., 2001). En Russie, l’aide des parents à l’autonomie des enfants existe toujours aujourd’hui, mais les jeunes sont plutôt dans une meilleure situation économique en termes de revenus et d’emploi, que leurs parents. Les parents refusent cependant une inversion complète des flux d’aide. Même si les enfants les aident, ces flux ne correspondent donc pas aux écarts objectifs de niveau de vie.
22En France, les personnes actives cherchent d’autres solutions que de s’occuper elles-mêmes quotidiennement de leurs parents et étudient comment les confier à différents services d’accueil ou d’accompagnement. Mais pour cela, elles doivent s’investir encore plus dans la sphère professionnelle (notamment pour payer ces services), et non pas la quitter. Ceci explique donc aussi une partie des réponses à la question sur l’adaptation de sa vie professionnelle aux besoins des parents.
23À travers une nouvelle régression logistique (annexe 2, modèles 3 à 7), on observe des différences statistiques importantes selon le sexe et le groupe d’âges, distinguant fortement la France et la Russie. En Russie, les femmes sont plus favorables que les hommes à tous les types d’aide aux personnes âgées ; en France, c’est l’inverse. L’affirmation selon laquelle les enfants doivent assumer la responsabilité de s’occuper de leurs parents remporte la plus forte adhésion parmi les répondants les plus âgés (50 ans et plus) en Russie, et les jeunes (moins de 30 ans) en France (annexe 2, modèle 3). Les jeunes en France sont d’ailleurs favorables à toutes les affirmations sur l’aide aux parents âgés. En Russie, les jeunes disent vouloir aider financièrement leurs parents si nécessaire, mais sont opposés à l’idée de vivre avec eux ou d’adapter leur vie professionnelle à leurs besoins, ce qui constitue une nouveauté (annexe 3, modèles 4, 5, 6). En effet, ils souhaitent rompre avec les comportements passés et connaissent des rythmes de vie et de travail ainsi que des conditions de logement différents de la période soviétique et des générations précédentes. Des modes de vie et des conditions socioéconomiques plus individualistes se développent.
24Le fait de vivre dans un ménage « complexe3 » influence positivement l’opinion du répondant sur la nécessité d’aider ses parents, notamment sur le fait de vivre avec eux, s’ils perdent leur autonomie (annexe 2, modèle 5). En revanche, le fait d’avoir un conjoint, en France plus qu’en Russie, conduit les répondants (les femmes comme les hommes) à être moins favorables à soutenir de cette manière leurs parents âgés.
25Au-delà du sexe et de l’âge, l’appartenance et la pratique religieuse du répondant (confession musulmane ou confession et pratique orthodoxe en Russie et catholique en France) jouent fortement dans le sens de l’accord avec toutes les formes d’aide à apporter aux parents (annexe 2, tous modèles).
26Les caractéristiques individuelles du répondant liées à sa formation et à ses qualifications, ainsi qu’au niveau de revenu de son ménage, sont également significatives. Plus les niveaux de formation et de revenus sont élevés, plus la probabilité d’adhésion à l’idée de vivre avec ses parents âgés et de modifier sa carrière professionnelle pour faciliter leur prise en charge est faible, en France comme en Russie. Par ailleurs, les répondants n’ayant pas d’activité professionnelle sont davantage prêts à participer au réseau d’aide familiale aux parents âgés.
IV. Qu’attend-on de ses fils et de ses filles ?
27Une question concernait la répartition des responsabilités de l’aide aux parents entre filles et garçons. La proposition « lorsque les parents ont besoin d’aide, c’est aux filles plus qu’aux fils de prendre en charge cette responsabilité » remporte l’adhésion de 38 % des répondants en Russie, contre 9 % en France (figure 1). L’important n’est pas seulement la vision traditionnelle de la Russie en matière d’égalité au quotidien des hommes et des femmes dans la famille et dans la société, en décalage avec l’égalité des droits proclamée, mais aussi la différence de compréhension du terme « s’occuper » des personnes âgées. En Russie, cela désigne avant tout une assistance concrète, physique, nécessitant un travail féminin, tandis qu’en France, cela peut aussi signifier d’assurer à une personne âgée qu’elle puisse trouver et payer une aide ménagère ou un établissement social qui corresponde à son état de santé. On peut aussi se demander si les enquêtés en Russie répondent davantage sur le mode du constat et, en France, plus sur le principe, car d’autres études (Insee, 2008, p. 180-181) montrent la place prépondérante des femmes et des filles dans l’aide aux personnes âgées.
Figure 1. « Lorsque les parents ont besoin d’aide, c’est aux filles plus qu’aux fils de prendre en charge cette responsabilité (%)

Sources : Russie, NISP, 2004 ; France, Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
28Comme indiqué précédemment, les femmes ont une approche plus traditionnelle en Russie : elles sont plus souvent prêtes à vivre avec leurs parents âgés et sont plus souvent d’accord avec le fait que c’est à elles, plus qu’aux fils, d’assumer la plus grande part de responsabilité pour l’aide aux parents. En France, au contraire, ce sont les hommes qui se prononcent le plus en faveur d’un soutien actif à leurs parents et ne disent pas que c’est aux filles plus qu’aux fils de prendre en charge les parents (annexe 2, modèle 7).
29En Russie, les jeunes se prononcent en faveur d’une égalité des responsabilités entre filles et garçons, à l’inverse des générations précédentes qui soutiennent l’idée d’une « inégalité des genres ». En France, le groupe des plus âgés est également d’opinion « inégalitaire » de manière significative, ce qui traduit la progression de la norme « égalitaire » entre hommes et femmes au fil des générations.
30Le groupe de répondants ayant le plus haut niveau de formation et de revenu rejette le fait que les filles devraient assumer la plus grande part de responsabilité dans l’aide à leurs parents âgés. Il en est de même dans les deux pays où les citadins sont résolument opposés à l’idée que les filles soient plus responsables que les fils de cette prise en charge.
31En Russie, les répondants en mauvaise santé ou ayant besoin d’une aide auxiliaire se prononcent plus souvent en faveur d’une plus grande participation des filles dans la vie de leurs parents âgés, elles jouent sans doute dans ce cas le rôle de garde-malade et d’infirmière. En France, cette variable n’est pas significative.
32Enfin, la pratique religieuse incite à répondre en faveur d’un rôle plus marqué des filles que des fils envers les parents âgés (annexe 2, modèle 7).
V. Qui doit s’occuper de qui ? L’aide des ascendants vers les enfants devenus adultes
33Les enquêtes GGS permettent donc d’étudier le degré de socialisation ou de familialisation des aides à apporter aux personnes âgées – ou ascendants – d’une part et aux enfants, jeunes ou devenus adultes – ou descendants, d’autre part. Plus précisément est posée la question du sens souhaité des solidarités intergénérationnelles : doivent-elles plutôt s’exprimer des ascendants vers leurs enfants, ou l’inverse, ou encore de manière réciproque ? Existe-il des différences entre les deux pays ?
34On observe ici aussi une gradation et des différences croissantes de réponses entre les deux pays suivant que l’on passe d’une réponse de principe à une opinion sur des effets plus précis des solidarités familiales sur sa vie.
35Lorsque l’affirmation est formulée de façon relativement abstraite (les parents « doivent s’occuper de », « doivent aider »), la grande majorité des répondants dans les deux pays approuvent l’aide des ascendants vers les enfants adultes (70-77 %) (figure 2, 2e et 3e lignes).
Figure 2. Les parents ou les grands-parents doivent-ils aider leurs enfants adultes ? (%)


Source : NISP, 2004. Source : Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
36Lorsque l’on passe à une formulation plus concrète, faisant appel à la notion de changement nécessaire (« devoir changer de mode de vie pour aider leurs enfants », figure 2, 1re ligne), alors la part des personnes en accord avec cette affirmation chute à 56 % en Russie et à 37 % en France ; en outre, les personnes « entièrement d’accord » ne représentent que 10 % et 16 % des personnes interrogées. En France, cette affirmation est rejetée dans une plus grande mesure qu’en Russie : 41 % la réfutent, contre 17 % en Russie.
37Les réponses varient selon l’âge. Plus les personnes sont âgées, plus elles répondent que les parents doivent aider les enfants adultes si besoin. Les différences de réponses liées à l’âge apparaissent de façon particulièrement claire dans la troisième affirmation, la plus « forte » : « les parents doivent changer leur mode de vie pour aider leurs enfants ». Ce sont justement les « enfants » qui se prononcent le plus souvent contre cette idée. Mais il est difficile d’interpréter cette réponse de manière univoque : cela illustre-t-il le fait qu’ils ne souhaitent pas recevoir un tel soutien de leurs parents, ou qu’en se projetant dans l’avenir dans cette situation, ils ne s’estiment pas capables de faire face à une telle éventualité ? À l’inverse, l’avis des personnes âgées exprime-t-il le fait qu’elles aient déjà fait preuve de leur capacité à se dévouer pour leurs enfants ou qu’elles considèrent devoir être prêtes à le faire même si elles n’ont pas été encore dans cette situation ? (figure 3).
Figure 3. Proportion de personnes (%) « d’accord » ou « pas d’accord » avec la proposition : « les parents doivent-ils changer de mode de vie pour pouvoir aider leurs enfants adultes, si ceux-ci se trouvent en difficulté »

Champ : ensemble des répondants de 18 à 79 ans.
Sources : Russie, NISP, 2004 ; France, Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
38En Russie, des différences d’opinions selon le sexe du répondant apparaissent pour deux questions : les femmes estiment plus fréquemment que les hommes que les grands-parents doivent s’occuper de leurs petits-enfants si les parents ne sont pas en mesure de le faire, et elles se disent également prêtes à changer de mode de vie pour aider leurs enfants adultes si ceux-ci se trouvent en difficulté. Du côté français, ce sont les hommes qui estiment plus souvent devoir aider leurs enfants et, notamment, envisager de changer de mode de vie pour pouvoir les aider. Ce souhait d’aider ses enfants peut être perçu comme le maintien d’un système de relations familiales fortes, reposant sur une situation de reconnaissance des enfants envers leurs parents, mais il peut aussi signifier le souhait de favoriser leur autonomie. Ainsi, à l’énoncé suivant, « à 18-20 ans, les jeunes doivent commencer à vivre de manière indépendante », en France, ce sont les hommes, à 66 %, qui répondent le plus par l’affirmative (les femmes sont 60 % à être d’accord ; les taux sont un peu plus faibles en Russie, respectivement 55 % pour les hommes et 50 % pour les femmes).
39La vision la plus traditionnelle des obligations « parents-enfants » émane de personnes n’ayant pas d’activité professionnelle (chômeurs et inactifs), ou ayant un faible niveau de qualification : ce sont elles qui se disent davantage prêtes à changer de mode de vie pour aider leurs enfants. Il est possible qu’une partie d’entre elles l’ait déjà fait, et considère ce comportement comme totalement naturel. Par ailleurs, les personnes ayant une position faible sur le marché du travail envisagent très facilement un changement de carrière, car elles n’encourrent pas le risque de perdre un bon poste ou un bon travail. Il n’est donc pas étonnant de constater qu’à mesure que le niveau de formation augmente, l’adhésion à cette affirmation décroît et que, par conséquent, les répondants ayant le plus haut niveau d’éducation la réfutent le plus souvent.
40En France, il faut noter l’influence des difficultés à se loger lorsque l’on est jeune, différentes suivant le type de commune. Ainsi, les citadins se prononcent en faveur de la nécessité, pour les parents, d’accorder une aide financière à leurs enfants. L’accès à l’autonomie est plus difficile en ville et nécessite la mobilisation des forces de toute la famille pour aider les jeunes.
41Le type de famille entre également en compte comme facteur ayant une influence sur l’opinion des répondants concernant la question de l’aide apportée par les anciennes générations à leurs petits-enfants. Dans les ménages « complexes », on est plus souvent en accord avec le fait que les grands-parents doivent s’occuper de leurs petits-enfants si les parents ne peuvent pas le faire, ce qui n’est guère surprenant, étant donné que dans les familles où cohabitent plusieurs générations, les grands-parents s’occupent naturellement de leurs petits-enfants. L’opinion exprimée tient alors du constat. Par ailleurs, les répondants ayant des enfants de moins de 14 ans sont moins enclins à soutenir l’idée de la nécessité d’aider financièrement les enfants adultes, et de changer de mode de vie pour les aider (Russie), ou l’idée du soutien des petits-enfants de la part des grands-parents (France). Dans le cas de la Russie, il semble que les efforts importants qu’ils déploient aujourd’hui pour élever leurs enfants ne leur permettent pas d’envisager d’avoir à assurer une aide toute leur vie. Pour la France, la réponse correspond sans doute, au contraire, au souhait des parents d’assumer seuls le soutien de leurs enfants, sans l’aide des grands-parents. Enfin rappelons qu’il s’agit ici d’opinions exprimées devant un enquêteur et non de pratiques réellement observées.
42En France et en Russie, les répondants bénéficiant d’un revenu élevé sont moins souvent d’accord avec l’obligation d’aider leurs enfants adultes. A priori, cela peut sembler contradictoire, car cette catégorie de la population, pour les questions précédentes, estimait que la responsabilité n’incombait pas à la société en matière d’aide aux défavorisés, alors qu’ici, elle « refuse de soutenir » ses proches. Cela peut être lié au fait que les répondants ayant réussi dans la vie estiment, pour des raisons pédagogiques, qu’il n’est pas nécessaire d’aider ses enfants et souhaitent au contraire que ceux-ci se sortent eux-mêmes d’une situation difficile. Ou peut-être que les traditions de la solidarité familiale les rebutent, et qu’ils ne peuvent pas imaginer une situation où leurs enfants auraient besoin de quoi que ce soit.
Conclusion
43En France et en Russie, les enquêtes GGS montrent que les opinions concernant les soutiens intergénérationnels sont comparables lorsque les questions sont formulées de manière abstraite et générale, mais révèlent des divergences importantes de réponses lorsqu’elles portent sur les formes précises et les conséquences de ces aides, particulièrement si elles impliquent des modifications de vie professionnelle pour les « aidants ». Les répondants russes indiquent plus souvent qu’en France que c’est à la famille de prendre en charge les personnes âgées, mais à la société de les aider financièrement. De manière globale, ils répondent plus souvent aussi être prêts à adapter leur vie aux besoins des solidarités familiales intergénérationnelles.
44De manière plus fine, on observe des différences, suivant les caractéristiques individuelles des répondants. En Russie, les jeunes semblent plus réservés que leurs aînés sur la nécessité d’entretenir de forts liens de soutien intrafamilial, ce qui traduit, sans doute, un changement comportemental générationnel, tandis que leurs pairs en France se disent davantage prêts à aider leurs parents, et même à habiter avec eux s’il le faut. Mais, dans les faits, ils sont aussi moins confrontés à cette situation. Les plus âgés sont attachés à une conception des relations entre parents et enfants selon laquelle les parents aident les enfants : ils n’acceptent pas l’idée d’une aide matérielle de la part des enfants, ni celle de vivre avec eux. En France plus qu’en Russie, les hommes expriment plus souvent leur accord avec l’idée de devoir aider leurs parents. Enfin, les personnes les plus partisanes de valeurs familiales traditionnelles concernant les solidarités entre les générations, sont celles ayant de fortes croyances et pratiques religieuses et un faible niveau de formation et de revenu.
45Des enseignements plus généraux sur les réponses à des questions d’opinion portant sur les solidarités intergénérationnelles, et ici étudiées de manière comparative, peuvent être tirés :
les divergences d’opinion s’accroissent lorsque l’on passe de propositions générales à des mises en situation précises ;
les réponses sont assez différentes suivant que l’on parle d’aide financière ou de soutien matériel et moral au quotidien ;
il est parfois difficile de distinguer les réponses qui expriment une norme sociale, un souhait idéal, ou encore un constat des situations réelles les plus fréquentes ;
ceci peut dépendre du fait que l’enquêté soit, ou non, directement dans la situation à laquelle fait référence l’énoncé de la question ;
comme dans la plupart des enquêtes portant sur l’entraide, on constate que le répondant a tendance à dire qu’il est davantage d’accord pour aider que pour être aidé ;
enfin, les éléments contextuels de politiques sociales contribuent bien sûr à expliquer certaines réponses, en particulier, dans cette étude, l’existence d’un réseau développé de maisons de retraite et le degré de prise en charge socialisée de la dépendance.
46Enfin, la comparaison entre la France et la Russie montre qu’en plus des facteurs culturels sous-jacents qui ont certainement une influence, le rôle des transformations économiques, sociales et politiques d’envergure joue aussi sur les questions d’opinion, comme on l’observe sur les réponses des générations les plus jeunes en Russie.
Bibliographie
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Références bibliographiques
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Annexe
Annexes
Annexe 1. La société ou la famille. Les effets des principales variables sociodémographiques sur les réponses :
Modèle 1 : « C’est la société ou plutôt la société qui devrait prendre en charge les personnes âgées à leur domicile »
Modèle 2 : « C’est la société ou plutôt la société qui devrait prendre en charge l’aide financière aux personnes âgées vivant au-dessous du seuil de pauvreté »
Quelques explications concernant la construction des modalités
Lorsque cela avait un sens (sexe, âge, type de famille, par exemple), nous avons retenu des modalités identiques en France et en Russie. Pour certaines variables, nous avons dû élaborer des équivalents de modalités de variables :
pour les diplômes, nous avons retenu les appellations de diplôme français, pour la Russie, les résultats sont donnés pour des diplômes de nature et de durée d’études équivalents.
pour la religion, nous avons raisonné en termes de religion majoritaire, pratiquée ou non, et d’autres religions. Cela signifie que nous avons comparé les réponses « catholique pratiquant » en France à « orthodoxe pratiquant » en Russie, et « orthodoxe non pratiquant » à « catholique non pratiquant », puis laissé les autres réponses telles quelles. Dans les deux pays, la seconde religion déclarée est la religion musulmane.
Revenus : quintiles dans les deux pays.
Villages/villes/grandes villes : moins de 10000 habitants ; 10000-199999 ; 200000 et plus.
Tableau A. Probabilité estimée d’être d’accord ou plutôt d’accord avec les propositions sus-citées (coefficient β de la régression logistique)

Champ : ensemble des répondants de 18 à 79 ans.
Lecture : un coefficient de signe positif (resp. négatif), statistiquement significatif, indique que l’on est en présence d’un facteur qui accroît (resp. réduit) la probabilité d’être « d’accord » ou « plutôt d’accord » avec les propositions.
Légende : ★★★ : significatif au seuil de 1 % ; ★★ : significatif au seuil de 5 % ; ★ : significatif au seuil de 10 % ; Réf. : catégorie de référence.
Sources : Russie, NISP, 2004 ; France, Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
Annexe 2. L’aide des enfants à leurs ascendants. Effets des principales variables sociodémographiques sur les réponses :
Modèle 3 : « Les enfants sont responsables de la prise en charge de leurs parents si ceux-ci en ont besoin »
Modèle 4 : « Les enfants doivent adapter leur vie professionnelle aux besoins de leurs parents »
Modèle 5 : « Les enfants doivent accueillir chez eux leurs parents si ceux-ci ne sont plus en mesure de vivre seuls »
Modèle 6 : « Les enfants doivent aider financièrement leurs parents si ceux-ci ont des difficultés financières »
Modèle 7 : « Si les parents ont besoin d’être pris en charge, c’est aux filles plus qu’aux fils que revient la responsabilité »
Tableau B. Probabilité estimée de répondre d’accord ou plutôt d’accord aux propositions sus-citées (coefficient β de la régression logistique)


Lecture et légende : cf. tableau A.
Sources : Russie, NISP, 2004 ; France, Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
Notes de bas de page
1 Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques.
2 Institut de sondage russe privé.
3 On appelle « ménage complexe » un ménage qui comporte d’autres personnes que celles constituant un noyau enfant-parents. Il peut s’agir d’un ménage regroupant trois générations, ou comportant des collatéraux, ou des personnes ne faisant pas partie de la famille.
Auteurs
Chercheur, administrateur de l’Insee. Elle était chef du service des Enquêtes et Sondages à l’Ined lors de l’élaboration de cet ouvrage. Ses recherches portent sur deux grands axes : les politiques sociales en France, en Russie et dans les pays de l’ex-URSS, dans une approche comparative internationale, ainsi que les méthodes d’enquête, la comparabilité des sources et des enquêtes et les interactions entre leur méthodologie et les résultats qu’elles produisent.
Chercheuse à l’Institut d’études socioéconomiques de la population russe à l’Académie des sciences de Moscou. Ses recherches portent principalement sur l’analyse du bien-être et de la pauvreté en Russie, à partir d’analyses quantitatives et qualitatives. Elle travaille sur l’évolution de la pauvreté, les facteurs de risque et l’exclusion sociale. Ses travaux portent également sur la protection sociale, en particulier sur l’évaluation des réformes sociales sur le bien-être de la population et sur les solidarités familiales.
Directrice de recherche à l’Institut des problèmes socioéconomiques de la population (ISEPN), à l’Académie des sciences de Russie. Ses recherches portent principalement sur la Russie. Elle travaille actuellement sur la politique sociale et la solidarité familiale en Russie, les conditions de vie et la pauvreté (facteurs de pauvreté et groupes à risque), l’évolution des structures familiales en Russie, la mobilité professionnelle des hommes et des femmes et la famille après divorce (conséquences économiques et les relations « pères-enfants »).
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