Chapitre 14. Du désir d’enfant à la première et deuxième naissance
p. 365-395
Note de l’auteur
L’auteure remercie France Prioux, Arnaud Régnier-Loilier et Laurent Toulemon pour leurs commentaires constructifs sur une version antérieure de ce chapitre.
Texte intégral
Introduction
1Depuis les années 1960, les changements importants qui ont marqué la conjugalité et la fécondité, ainsi que les modes de contraception et l’avortement, ont fait du désir d’enfant, tel qu’il s’exprime chez l’individu et dans le couple, le catalyseur des processus de procréation. Bien qu’une certaine proportion de naissances non désirées subsiste, la tendance observée dans l’ensemble des sociétés postindustrielles est de ne mettre au monde que les enfants que l’on désire, quand on les désire (Dagnaud et Mehl, 1987 ; Dandurand et al., 1994 ; Leridon, 1995).
2Le désir d’enfant relève d’un processus complexe, car l’enfant prend des fonctions différentes selon les sociétés, les individus et les situations de vie. Il peut être désiré comme l’incarnation des liens affectifs unissant le couple, il peut aussi être attendu en tant que garant de la lignée, comme l’occasion d’acquérir une identité sociale et un pouvoir inaccessibles par d’autres moyens, ou encore comme révélateur de « son soi » (Bourguignon, 1987 ; Charton, 2006). Ces motivations, qui n’épuisent pas l’ensemble des significations associées à la procréation, illustrent toutefois des « images-guides de la famille » (Kellerhals et al., 1982) à l’origine, probablement, aussi bien du nombre désiré d’enfants, que du moment des naissances ou encore du rôle de chacun au sein de la famille (Langevin, 1984 ; Cicchelli, 2001).
3Si la parentalité est désormais une fonction relevant largement d’un choix, la concrétisation d’un projet de procréation ne dépend pas exclusivement d’un désir d’enfant. Le projet de procréation s’inscrit dans une réalité sociale, dynamique, qui comporte à la fois des dimensions subjectives (par exemple, être avec le bon conjoint, être psychologiquement prêt à accueillir un (nouvel) enfant) et objectives (potentialités fécondes, santé, possibilités de concilier une (nouvelle) parentalité et une activité professionnelle).
4Henri Leridon (1982) relevait déjà en 1978 qu’en France, entre 2 et 5 % des couples restaient sans enfant au terme de leur vie féconde en raison de problème de stérilité et que près de 20 % des femmes déclaraient avoir connu « des difficultés à concevoir ». Un quart de siècle plus tard, Arnaud Régnier-Loilier (2007) constate également qu’un grand nombre de couples déclarent un délai d’attente plus long voire très long pour concevoir, jusqu’à ne pas réussir, pour certains, à fonder la famille qu’ils souhaitent. Selon Laurent Toulemon (1995), 8 % des couples sont ainsi concernés par l’infécondité, qui résulte pour moitié d’une non-concrétisation d’un projet d’enfant.
5Celui-ci peut résulter notamment des aléas de la vie sentimentale et du décalage entre le vécu du temps biographique et les contraintes du temps socialement prescrit pour la procréation (Donati, 2000). En effet, en dehors des facteurs physiologiques (Leridon, 2002 ; La Rochebrochard, 2003), l’arrivée d’un enfant peut aussi être retardée, voire ajournée en raison de contraintes financières et professionnelles (Ekert-Jaffé et Solaz, 2001 ; Meron et Widmer, 2002). Nicolas Herpin (1990) dans le cas de la France, et Laurence Charton (2002) pour la Suisse, constataient que la situation financière des ménages avait une influence sur l’agrandissement des familles. Rosella Palomba et Hein Moors (1993) relevaient également qu’en Italie et aux Pays-Bas, la descendance finale était bien inférieure à la fécondité désirée, car des obstacles structurels surgissaient dès la première naissance, en raison de l’absence d’organisation et d’aides sociales aux familles avec enfants.
6Si le recours aux méthodes contraceptives modernes permet un contrôle efficace de la fécondité et une meilleure planification des naissances, on observe toujours un écart entre le nombre souhaité d’enfants (deux en moyenne dans les pays occidentaux) et le nombre effectif des naissances (Monnier, 1987 ; Toulemon et Testa, 2005).
7Dans ce chapitre, nous souhaitons porter notre attention sur cet écart, en étudiant plus précisément les facteurs qui pèsent sur l’expression d’un désir d’enfant et sur l’arrivée d’un premier puis d’un deuxième enfant. Il ne s’agit pas de mesurer les différences entre les intentions de fécondité et le niveau réel de la fécondité (les données que nous utilisons ne le permettant pas pour l’instant1), mais d’observer les éventuelles analogies entre ces deux processus, c’est-à-dire celui de l’intentionnalité de l’événement et celui de son occurrence. Autrement dit, les facteurs qui interviennent dans l’expression d’un désir d’enfant sont-ils les mêmes que ceux qui mènent à la naissance d’un enfant ? Les personnes restées sans enfant, ou parents d’un enfant, répondent-elles aux mêmes caractéristiques que les personnes ne désirant pas d’enfant (supplémentaire) ou indécises quant à leur désir ? Enfin, exprime-t-on le désir d’un premier enfant ou d’un second dans des conditions de vie semblables ou les facteurs qui interviennent dans le désir d’enfant varient-ils en fonction du rang de naissance ?
8L’Étude des Relations familiales et intergénérationnelles (Erfi) de 2005 permet de répondre à ces questions pour au moins deux raisons. D’une part, le caractère rétrospectif de l’enquête offre la possibilité d’étudier l’évolution des comportements féconds des générations participant à la baisse de la fécondité depuis les années 1960, en saisissant également les facteurs individuels et contextuels qui ont une influence sur l’arrivée d’un enfant. D’autre part, les informations collectées permettent d’observer si les intentions en matière de fécondité peuvent être associées à des contextes et caractéristiques spécifiques, et d’en cerner les configurations.
9Quatre axes d’analyses sont privilégiés. Dans un premier et deuxième temps l’évolution de l’intensité et du calendrier des premières puis secondes naissances sera observée pour des femmes et des hommes nés entre 1930 et 1974 (âgés en 2005 entre 31 et 75 ans), ainsi que la situation conjugale des parents à la naissance et à la conception des enfants. Ces analyses rendent compte des changements structurels qui interviennent au fil des générations dans la formation des familles. Dans un troisième temps seront étudiées, à l’aide de régressions logistiques (Allison, 1982), les intentions de fécondité dans les trois ans suivant l’enquête chez les femmes et les hommes âgés de 21 à 45 ans (générations 1960-1984) sans enfant ou déjà parents d’un enfant. Enfin, dans un quatrième temps nous nous intéressons aux facteurs qui ont une influence sur l’arrivée d’un premier et d’un deuxième enfant chez les femmes et les hommes âgés de 30 à 60 ans (générations 1945-1975) en utilisant des modèles semi-paramétriques de Cox (1972).
I. Le contexte conjugal à l’arrivée du premier enfant
1. Une première naissance plus tardive et moins souvent vécue par les hommes
10Au cours des dernières décennies, l’âge à la première naissance a évolué. Si l’âge médian2 est resté stable chez les femmes (autour de 23 ans3) et s’est réduit chez les hommes (passant de 26,3 ans à 25,4 ans)4 des générations 1930-1934 aux générations 1945-1949, il n’a ensuite cessé de s’élever atteignant 26,4 ans pour les femmes et 28,6 ans pour les hommes des générations 1970- 19745 (figure 1). Quelles que soient les générations, les femmes commencent par ailleurs plus précocement que les hommes à constituer leur famille.
Figure 1. Âge médian des femmes et des hommes à la première naissance par génération

Champ : femmes et hommes nés entre 1930 et 1974, ayant au moins un enfant biologique
Lecture : la moitié des femmes, mères d’un enfant au moins, nées entre 1930 et 1934 avaient déjà un premier enfant à l’âge de 23 ans.
Source : Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
11L’élévation de l’âge médian à la première naissance depuis les générations 1950-1954 s’explique par l’allongement de la durée de vie en couple sans enfant (Roussel, 1992 ; Robert-Bobée, 2003) et, dans une moindre mesure, par le retard de l’entrée en conjugalité (Prioux, 2005). Ainsi, au fil des générations, la part des femmes déjà mères à 20 ans a diminué de manière constante pour passer de 12 % (générations 1930-1934) à 5 % (1970-1974) (figure 2). À 25 ans, plus de la moitié des femmes nées avant 1960 a déjà eu un enfant contre seulement une sur quatre parmi celles nées après 1970. Les écarts entre les générations se poursuivent au fil des âges : à 28 ans, 75 % des femmes des générations 1930-1934 ont un premier enfant contre seulement 53 % des femmes nées entre 1970 et 1974. Les hommes des générations les plus récentes expérimentent également une première paternité à un âge plus avancé, puisque près d’un homme sur deux (49 %) né en 1930-1934 était père à 27 ans contre un peu moins d’un homme sur cinq (22 %) né en 1970-1974.
Figure 2. Taux de fécondité cumulés de rang 1 par âge exact et groupes de générations

Champ : femmes et hommes nés entre 1930 et 1974.
Lecture : à 20 ans, 12 % des femmes nées entre 1930 et 1934 avaient eu leur premier enfant.
Source : Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
12Comparativement aux femmes, les hommes sont moins nombreux à déclarer avoir un enfant. Le niveau d’infécondité des hommes à 45 ans oscille entre 13 % (générations 1930-1934) et 19 % (générations 1955-1959) tandis qu’il reste relativement stable chez les femmes au fil des générations, autour de 11 %6. L’expérience de la parentalité apparaît ainsi « globalement » moins souvent vécue par les hommes. Quatre raisons peuvent expliquer cette différence (Toulemon, de Guibert-Lantoine, 1996) : le déséquilibre du marché matrimonial en faveur des femmes, notamment en raison des flux d’immigration plutôt masculine, constituerait un premier argument ; ensuite, un certain nombre d’enfants ne seraient pas reconnus par leur père ; troisièmement, les femmes sans enfant répondraient moins volontiers aux enquêtes démographiques, ceci ayant pour effet de surestimer la fécondité des femmes ; enfin, certains hommes ayant eu deux unions tendraient à ne pas déclarer tous leurs enfants, en particulier ceux issus d’une première union et avec lesquels ils n’auraient plus de contact.
2. Première naissance et mariage
13L’évolution du calendrier de la fécondité s’est produite parallèlement à d’importants changements dans les modes de formation des unions. À partir d’analyses portant sur la situation conjugale des parents à la conception et à la naissance de l’enfant, on continue à observer une dissociation de plus en plus marquée entre fécondité et nuptialité, déjà commencée dans les années 1970 (Desplanques et de Saboulin, 1986).
a. Des premiers enfants conçus plus souvent au sein de couples cohabitants
14Jusqu’à la fin des années 1970, plus de quatre enfants sur cinq naissent de parents mariés (tableau 1). La situation conjugale des parents à la naissance du premier enfant a ensuite fortement évolué. De 70 % à la fin des années 1960, la proportion d’enfants de rang 1 conçus dans un mariage est passée à 59 % dans la seconde moitié des années 1980, pour atteindre 48 % dans les années 1990-1994, et 39 % au début des années 2000.
Tableau 1. Situation conjugale à la conception et à la naissance du 1er enfant, et changements conjugaux entre ces deux événements (%)

Champ : enfants de rang 1 nés entre 1965 et 2005 d’hommes et de femmes nés entre 1926 et 1987 et ayant eu un premier enfant avant 40 ans.
Lecture : 69,5 % des enfants de rang 1 nés entre 1965 et 1969 ont été conçus dans le cadre d’un mariage ; 16,1 % des enfants nés entre 1965 et 1969, et conçus en dehors d’un couple sont nés dans le cadre d’un mariage.
Source : Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
15Entre 1965 et 1974, la proportion de premières naissances conçues en dehors d’une union est d’environ 25 %, indiquant que malgré l’interdiction sociale des rapports sexuels hors mariage, ces derniers sont loin d’être rares. À partir de la seconde moitié des années 1970, les enfants sont moins fréquemment conçus hors union : de 17 % dans les années 1975, la proportion passe à 10 % au début des années 2000. On notera que malgré la part importante de ces conceptions hors union jusqu’à la fin des années 1970, une union (le plus souvent le mariage) venait dans la plupart des cas « légitimer » la conception avant la naissance de l’enfant. En outre, la forte baisse des conceptions hors union observée à partir de 1975 tient sans doute en partie au vote de la loi Veil, l’avortement offrant alors une nouvelle alternative à la mise en couple en cas de grossesse non souhaitée.
16La fin des années 1970, mais surtout le début des années 1980 marquent ainsi un changement important dans le contexte de la conception de l’enfant puisque, parallèlement à une baisse des conceptions hors union et de celles issues d’un mariage, la part des conceptions issues d’une cohabitation hors mariage augmente de manière significative. Elle passe de 22 % au début des années 1980 à 50 % après 2000. Le mariage n’est plus le lieu privilégié de la procréation et l’arrivée d’un premier enfant s’annonce désormais le plus souvent dans le cadre d’une cohabitation (Toulemon, 1994).
b. Des conceptions prénuptiales qui deviennent rares
17Lorsque l’on observe les changements de situation conjugale des parents entre la conception et la naissance du premier enfant né entre 1965 et 2005, on constate que la fréquence des conceptions suivies d’un mariage avant la naissance de l’enfant (hors union et en cohabitation) avoisine 18 % (16 % et 2 % respectivement) dans les années 1965-1969, 23 % (18 % et 5 %) au début des années 1970 pour atteindre environ 5 % (1 % et 4 %) en 2000-2005 (tableau 1). La légère hausse du début des années 1970 résulte de l’augmentation des conceptions prénuptiales issues de couples cohabitants. Si la sexualité hors mariage a été petit à petit socialement mieux tolérée, le mariage reste toutefois le cadre dans lequel les enfants doivent naître (Prioux, 1974 ; Leridon, 1990). À partir du milieu des années 1980, les grossesses qui s’annoncent dans le cadre d’une cohabitation hors mariage conduisent de moins en moins souvent à un mariage.
18La baisse de la proportion des conceptions prénuptiales (issues de personnes hors couple ou vivant en cohabitation hors mariage) résulte de profondes modifications des attitudes à l’égard du mariage et de la procréation, qui ont conduit à d’importants changements législatifs, notamment au niveau de l’accès à la contraception moderne7 et du droit de la filiation. Les lois du 3 janvier 1972 puis du 22 juillet 1987 ont permis par exemple, de réduire l’écart de statut entre les enfants nés hors mariage et ceux nés dans le cadre d’un mariage, et de permettre le partage de l’autorité parentale des enfants nés hors mariage8 (Munoz-Pérez, 2004).
c. Des premiers enfants plus souvent issus d’une deuxième union
19L’augmentation de la part d’enfants de rang 1 (du répondant, femmes ou hommes) naissant dans le cadre d’une deuxième union9 commence à s’observer à partir des années 1975-1979 (tableau 2). De 2 %, elle passe à 9 % au début des années 1990 pour atteindre 16 % au début des années 2000. Désormais, l’arrivée d’un enfant n’est plus directement associée à une première mise en couple et à un mariage, ces événements familiaux se dissociant progressivement les uns des autres.
Tableau 2. Nombre d’unions vécues avant le premier enfant, selon son année de naissance (%)

Champ : hommes et de femmes nés entre 1926 et 1987 et ayant eu un premier enfant avant 40 ans.
Lecture : 0,4 % des répondants ayant eu un premier enfant entre 1965 et 1969 avaient déjà vécu en couple (en dehors de leur vie de couple du moment).
Source : Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005
II. La situation des parents à l’arrivée du deuxième enfant
1. Un deuxième enfant plus tard et moins fréquent chez les hommes
20Le calendrier de la première naissance se répercute sur celui de la deuxième naissance. Des générations 1930-1934 aux générations 1945-1949, l’âge médian au deuxième enfant est relativement stable chez les femmes (autour de 26 ans) et en baisse chez les hommes (passant de 29,4 ans à 28,2 ans) (figure 3).
Figure 3. Âge médian des femmes et des hommes à la deuxième naissance par génération

Champ : femmes et hommes nés entre 1930 et 1974 ayant eu au moins deux enfants biologiques.
Lecture : la moitié des femmes, mères de deux enfants au moins, nées entre 1930 et 1934 avaient un deuxième enfant à l’âge de 25,9 ans.
Source : Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
21À partir des générations 1950-1954, l’âge auquel la moitié des femmes et des hommes a déjà eu un deuxième enfant augmente, atteignant 28,1 ans pour les femmes et 31,6 ans pour les hommes pour les générations 1960-196410.
22Des générations 1930-1934 aux générations 1955-1959, la proportion de femmes ayant un deuxième enfant est relativement constante (autour de 70 %), tandis qu’elle diminue chez les hommes (passant de 72 % à 65 %) (figure 4). Le report de la formation de la famille semble affecter surtout le nombre d’enfants des hommes, la fécondité féminine (de rangs 1 et 2) restant pour sa part relativement stable11.
Figure 4. Taux de fécondité cumulés de rang 2 par âge exact et groupes de générations

Champ : femmes et hommes nés entre 1930 et 1974 ayant eu au moins un enfant.
Lecture : à 25 ans, 32 % des femmes nées entre 1930 et 1934 avaient eu leur deuxième enfant.
Source : Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
2. Le mariage reste un cadre privilégié à la naissance du deuxième enfant
a. Le deuxième enfant de plus en plus souvent conçu hors mariage
23Si la majorité des enfants de rang 2 nés entre 1965 et 2005 ont été conçus dans le cadre d’un mariage (proportion passant respectivement de 92 % à 60 %), on observe, depuis le début des années 1980, une hausse des conceptions issues de couples cohabitants (tableau 3). De un enfant sur dix de rang 2 conçu en cohabitation dans les années 1980-1984, la proportion passe à plus d’un enfant sur trois (35 %) dans les années 2000-2005.
Tableau 3. Situation conjugale à la conception et à la naissance du deuxième enfant (%)

Champ : enfants de rang 2 nés entre 1965 et 2005 d’hommes et de femmes nés entre 1926 et 1987 et ayant eu un premier enfant avant 40 ans.
Lecture : 92,1 % des enfants de rang 2 nés entre 1965 et 1969 ont été conçus dans le cadre d’un mariage ; 0,5 % des enfants nés entre 1965 et 1969, et conçus en dehors d’un couple sont nés dans le cadre d’un mariage.
24Source : Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005
25Contrairement à la première naissance, la situation conjugale des parents entre la conception et la naissance du deuxième enfant varie peu, quelle que soit la décennie considérée. Les familles s’agrandissent en outre toujours le plus souvent dans le cadre d’un mariage.
26Dans les années 1965-1979, plus de neuf enfants sur dix de rang 2 ont ainsi été conçus et sont nés dans une union maritale. Dès les années 1980, la part des naissances issues de couples mariés, tout en restant majoritaire, se réduit à la faveur de celles issues de couples cohabitants : de 13 % d’enfants nés d’un couple cohabitant dans les années 1985-1989, cette proportion atteint 35 % dans les années 2000-2005.
b. Une même configuration familiale pour les deux premières naissances
27Lorsque l’on observe la situation conjugale des répondants au moment de la deuxième naissance en fonction de la situation conjugale qu’ils occupaient à la naissance du premier enfant, on constate que ceux dont le premier enfant est né hors union ont aussi eu le plus souvent leur deuxième enfant hors union (tableau 4). Ainsi, parmi les femmes dont le premier enfant était né hors union et qui en ont eu un deuxième entre 2000 et 2005, près d’une sur deux l’a également eu en dehors d’un couple (46 %), situation rarissime lorsque le premier enfant était né dans le cadre d’un couple, marié (0,3 %) ou non (3 %). Si l’effet observé est très marqué, il convient cependant de le relativiser dans la mesure où les femmes ayant deux enfants hors union sont très rares.
Tableau 4. Situation conjugale à la deuxième naissance selon celle observée à la première naissance

Note : Les valeurs entre parenthèses ne sont pas significatives.
Champ : enfants de rang 2 nés entre 1965 et 2005 d’hommes et de femmes nés entre 1926 et 1987 et ayant eu un deuxième enfant avant 40 ans.
Lecture : parmi les personnes ayant eu un deuxième enfant entre 2000 et 2005, 71,6 % des personnes dont le premier enfant est né alors qu’elles étaient en couple cohabitant ont eu leur 2e enfant dans le même cadre conjugal (mais pas nécessairement avec le même conjoint). Les valeurs entre parenthèses ne sont pas significatives.
Source : Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
28De la même manière, les personnes qui ont eu leur premier enfant dans le cadre d’une union cohabitante, ont aussi majoritairement donné naissance à un deuxième enfant dans le même cadre conjugal, même si l’union a assez souvent été légitimée par un mariage entre l’arrivée du premier et du deuxième enfant. Parmi les enfants de rang 2 nés entre 1985 et 1989, 40 % sont nés dans le cadre du mariage alors que leur aîné était né hors mariage. On note cependant que la survenue d’un mariage entre les deux premiers enfants tend à se raréfier puisque cette proportion n’est plus que de 26 % pour les enfants de rang 2 nés entre 2000 et 200512.
29Enfin, sans surprise, les personnes ayant eu leur premier enfant dans le cadre d’un mariage ont eu quant à elles presque toujours leur deuxième enfant dans ce même cadre conjugal. Toutefois, on observe depuis le milieu des années 1980 que les naissances survenant de rang 2 hors mariage (donc après un divorce) sont plus fréquentes, conséquence de la fragilisation des mariages.
30Tout comme les enfants de rang 1, ceux de rang 2 naissent toujours majoritairement dans le cadre d’une première union (tableau 5). Ce n’est qu’à partir des années 1990 (comme pour les premières naissances) que les descendances s’agrandissent davantage dans le cadre d’une seconde union : les valeurs passent de 3 % en 1975-1984, à 10 % en 1990-1994 pour atteindre 16 % en 2000-2005. Les changements observés depuis les années 1970, dans le calendrier et le contexte conjugal des premières et deuxièmes naissances, sont entre autres imputables au développement de la contraception moderne et de l’avortement, et à la hausse du travail salarié des femmes (Battagliola, 2000). Ces deux éléments ont permis aux femmes d’investir différemment leur couple, en dissociant sexualité, procréation, conjugalité et nuptialité, et en leur offrant les moyens d’acquérir une certaine autonomie. Progressivement, le mariage a ainsi perdu de son attrait et la formation du couple n’a plus été directement associée à la formation d’une famille.
Tableau 5. Nombre d’unions vécues avant la naissance du deuxième enfant, selon l’année de naissance (%)

Champ : hommes et de femmes nés entre 1926 et 1987 et ayant eu un deuxième enfant avant 40 ans.
Lecture : 1,7 % des répondants ayant eu un deuxième enfant entre 1965 et 1969 avaient déjà vécu en couple (en dehors de leur vie de couple du moment).
Source : Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
31Dans ce contexte, il convient de s’interroger maintenant sur les conditions qui favorisent la constitution d’une famille, et notamment sur ce qui peut encourager les couples à désirer ou à ne pas désirer un (nouvel) enfant.
III. Quelles sont les intentions de fécondité des personnes sans enfant ou parents d’un enfant ?
32Le désir d’enfant n’est ni universel ni immuable. Certaines personnes n’éprouvent pas de désir d’enfant, tandis que d’autres ne désirent pas un (nouvel) enfant. Le désir d’enfant évolue généralement au fil du parcours de vie et se manifeste en fonction de l’environnement social, culturel, économique ou conjugal dans lequel les individus se situent à un moment donné. Comment se déploie-t-il alors ? Quels sont les facteurs qui l’orientent ? Existe-t-il des contextes plus ou moins favorables à l’expression de ce projet ? Ou encore, désire-t-on un deuxième enfant dans les mêmes conditions que l’on en désire un premier ?
1. Des premiers ou deuxièmes enfants souhaités entre 26 et 35 ans
33Parmi l’ensemble des personnes interrogées âgées de 21 à 45 ans (nées entre 1960 et 1984), non-parents à l’enquête, et n’étant pas confrontées à un problème de stérilité au sein de leur couple, les femmes et les hommes de moins de 26 ans ou de plus de 35 ans (40 ans pour les femmes) sont les moins impliqués dans la réalisation d’un projet de procréation (tableau 6). Chez les 21-25 ans, 34 % des femmes et 37 % des hommes déclarent ne pas désirer d’enfant dans les trois années à venir, et respectivement 47 % et 54 % n’ont pas de projet très défini de procréation au cours des trois prochaines années (réponses « peut-être » ou « ne sait pas »). On appréhende ici la difficulté des plus jeunes à se projeter dans la formation de la famille.
Tableau 6. Intentions de fécondité dans les trois prochaines années par âge, selon le nombre d’enfants

Champ : hommes et de femmes nés entre 1960 et 1984, sans enfant biologique, et parents d’un enfant biologique. Note : Les valeurs entre parenthèses ne sont pas significatives (effectifs trop faibles).
Ne tient pas compte des personnes/couples enceintes et des personnes/couples infertiles.
(a) Personnes cherchant à être enceintes, ayant des intentions de fécondité positives, actuelles ou dans les 3 ans.
(b) Personnes ne cherchant pas à être enceintes, ayant des intentions de fécondité négatives, actuelles et dans les 3 ans.
Lecture : 16,6 % des hommes âgés de 41 à 45 ans sans enfant en souhaitent un dans les trois prochaines années.
Source : Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
34Cette difficulté à exprimer clairement un désir d’enfant se retrouve par ailleurs également chez les femmes jusqu’à 35 ans, et chez les hommes jusqu’à 40 ans. Chez les personnes sans enfant, le désir se manifeste plus distinctement entre 31 et 35 ans chez les femmes, et entre 26 et 35 ans chez les hommes : 41 % des femmes et 31 % des hommes déclarent alors souhaiter un enfant dans les trois années à venir. Au-delà de 40 ans, le désir d’enfant s’affaiblit puisque plus d’une femme et d’un homme sur deux déclarent ne pas vouloir d’enfant (respectivement 77 % et 66 %).
35Quel que soit leur âge, les hommes se prononcent moins facilement que les femmes sur leur projet de procréation (peut-être parce qu’ils sont moins conscients des contraintes biologiques liées à l’âge ou qu’ils y sont moins confrontés) et si, contrairement à leurs partenaires, ils peuvent devenir pères jusqu’à un âge relativement avancé, ils semblent rationnaliser leur désir de procréation sur le temps fécond des femmes. Les parents d’un enfant biologique à l’enquête paraissent moins souvent confrontés à l’indécision entourant un nouveau projet de procréation. Ces personnes expriment en effet plus clairement leur souhait d’avoir ou non un deuxième enfant dans les trois ans. Cette plus faible indécision résulte sans doute d’enjeux sociaux et psychologiques différents, associés à un deuxième enfant et à une meilleure connaissance des difficultés et des joies vécues à la naissance d’un enfant.
36En outre, la plupart des couples refusent l’idée de l’enfant unique, aspirant majoritairement à se conformer à la norme de la famille à deux enfants. Ainsi, parmi les femmes n’ayant qu’un seul enfant, 44 % des 26-30 ans en désirent un second dans les trois ans, et à 36-40 ans, elles sont plus de trois sur cinq (65 %) à ne plus en souhaiter (proportion qui atteint 84 % à 41- 45 ans) ; deux hommes sur cinq (39 %) âgés de 31 à 35 ans expriment un désir d’une seconde paternité, tandis qu’un homme sur deux de 36 à 40 ans, et plus de trois sur quatre (77 %) de 41 à 45 ans ne le souhaitent pas.
37Parmi les personnes qui n’ont pas eu de premier ou de second enfant à la date de l’enquête, les 26-35 ans (jusqu’à 40 ans pour les femmes nullipares) sont les plus désireux d’avoir un (nouvel) enfant. Avant ces âges, les personnes souhaitent rarement un enfant (à l’exception des mères de moins de 25 ans avec un enfant), probablement parce qu’elles s’investissent prioritairement dans d’autres projets (études, investissement professionnel, projet conjugal, etc.). Au-delà de 35 ans, ces personnes semblent également peu investies dans un (nouveau) projet familial. Une sorte de rationalisation du temps fertile (calqué en partie pour les femmes sur leur temps reproducteur) se distingue ici, comme s’il était difficile de désirer un enfant (en particulier un premier) avant 26 ans, mais aussi et surtout après 36 ans (voire après 40 ans pour les nullipares). Si l’aspect physiologique est d’importance dans la fécondité, il semble toutefois, comme le remarque Annette Langevin (1984) que « l’âge maternel [et paternel] (ses pratiques et ses représentations) n’est pas un support où le biologique l’emporte sur le social, tout événement démographique se produit en situation ». En d’autres termes, le désir d’enfant est associé à des normes comportementales vis-à-vis de la reproduction, qui semble se retrouver notamment dans l’expression du « bon âge » pour devenir parent (Charton, 2008a).
2. Des conditions différentes à l’expression du désir d’un premier ou d’un deuxième enfant
38Un désir d’enfant ne se ressent pas n’importe quand dans le cycle de vie des hommes et des femmes. Le fait que toutes les personnes ne soient pas « touchées » par ce désir, ou ne le soient pas au même moment, indique qu’il existe des situations favorables à l’expression de ce projet.
39À partir de quatre régressions logistiques portant, d’une part, sur les hommes et les femmes sans enfant et, d’autre part, sur celles et ceux ayant déjà un enfant biologique, nous avons tenté de cerner les facteurs qui peuvent conduire certaines personnes à affirmer un désir d’enfant à l’horizon de trois ans, au regard de celles qui n’en souhaitent pas ou expriment des intentions moins fermes. Deux catégories de variables ont plus particulièrement été utilisées. Tout d’abord, celles qui font référence aux expériences passées, et qui renvoient au milieu social et familial d’origine, ainsi qu’aux expériences personnelles (Desplanques, 1985 ; Axinn et al., 1994 ; Marechal, 1997 ; Ekert-Jaffé et al., 2002). L’appartenance socioculturelle (appréhendée par la catégorie socioprofessionnelle des parents et la nationalité du répondant), la taille de la fratrie, l’histoire conjugale des parents, et le niveau de formation atteint sont ainsi pris en compte, tout comme l’histoire conjugale du répondant (cernée à partir du nombre d’unions passées déclaré).
40La seconde catégorie de variables concerne les conditions actuelles d’existence, et renvoie aux caractéristiques sociodémographiques (âge, pratique religieuse), professionnelles (statut), et à la situation conjugale des individus (en couple cohabitant, non cohabitant, hors couple) (Montgomery et Casterline, 1996 ; Lollivier, 2001).
41Dans l’étude des facteurs ayant une influence sur l’expression d’un désir d’enfant chez les mères et pères d’un enfant, l’âge du premier enfant à l’enquête et le sexe de l’enfant sont également retenus dans le modèle (Yamaguchi et Ferguson, 1995 ; Hank et Kohler, 2003).
a. Un désir de premier enfant associé au couple
42Les expériences passées, qui renvoient au milieu social et familial d’origine, jouent uniquement pour les hommes un rôle dans l’expression du désir d’un premier enfant. Les hommes dont le père n’exerçait pas d’activité professionnelle ou était « ouvrier », « artisan, commerçant, chef d’entreprise » ou « cadre et profession intellectuelle supérieure » (respectivement à un père employé), tout comme ceux dont la mère était « ouvrière » (respectivement employée) expriment plus fréquemment un désir d’enfant (tableau A en annexe). Selon le milieu d’origine, l’enfant prend des significations différentes. Il peut jouer un rôle de compensation au sentiment d’isolement et d’impuissance sociale dans les milieux économiques moins favorisés (Neal et Groat, 1976), tandis qu’il peut permettre le renforcement de sa position sociale dans les milieux plus aisés. Les hommes de niveau de formation tertiaire expriment, par ailleurs, moins fréquemment un souhait d’enfant dans les trois années à venir que ceux de formation secondaire (R = 0,47). Enfin, ceux qui ont connu au moins deux unions non fécondes par le passé expriment plus souvent un souhait d’enfant. Les femmes âgées de 31 à 35 ans déclarent plus fréquemment que les 26-29 ans souhaiter un enfant dans les trois années qui viennent (R = 1,91), tandis que les hommes de 21-25 ans et 41-45 ans sont moins enclins à énoncer un désir d’enfant (respectivement : R = 0,36 et R = 0,43). Le statut professionnel joue aussi un rôle significatif dans le souhait d’enfants, mais uniquement pour les femmes inactives (en majorité étudiantes). Ces dernières désirent en effet moins fréquemment un enfant dans les trois ans que les femmes exerçant une activité professionnelle (R = 0,43), probablement parce qu’elles souhaitent d’abord s’investir dans leurs études avant de former une famille. Les hommes pratiquant régulièrement une religion déclarent pour leur part plus souvent désirer un enfant que les pratiquants occasionnels (R = 2,59), vraisemblablement en raison de significations différentes associées à l’enfant selon ces croyances (Pinnelli et al., 2001). Désirer un enfant paraît ainsi moins imputable à des facteurs physiologiques qu’à des facteurs sociaux, économiques, voire culturels (Charton, 2008b).
43Enfin, la situation conjugale des personnes joue un rôle important puisque, comparativement aux hommes et aux femmes qui vivent en couple (marié ou non) à l’enquête, la probabilité de souhaiter un enfant dans les trois années à venir est plus faible, à la fois, pour ceux et celles qui n’ont pas de partenaire à l’enquête (respectivement R = 0,13 et R = 0,15), que pour les hommes et les femmes en couple non cohabitant (respectivement R = 0,21 et R = 0,45). Le désir d’un premier enfant paraît ainsi s’épanouir et s’inscrire au sein de couples cohabitants.
b. Un désir de deuxième enfant conditionné à un idéal de famille ?
44Les facteurs qui encouragent le désir d’un premier enfant ne sont pas nécessairement les mêmes que ceux que l’on retrouve dans l’expression du désir d’un deuxième enfant (tableau A en annexe). Concernant l’origine familiale, seuls les hommes dont la mère est « ouvrière » expriment moins fréquemment un désir de deuxième enfant (relativement aux hommes dont la mère est employée : R = 0,11). Il pourrait être intéressant d’observer plus précisément à l’avenir, à partir de variables appropriées, si un environnement familial et professionnel favorable, notamment en termes d’aides à la garde d’enfants, ou d’articulation entre activité professionnelle et vie familiale, peut avoir une influence sur ce désir. Les autres variables qui caractérisent les expériences passées n’ont pas d’effet significatif sur l’expression du désir d’un second enfant.
45L’âge à l’enquête des personnes joue un rôle dans le projet d’une seconde naissance, tout comme l’âge du premier enfant, mais uniquement pour les femmes. Comparativement aux personnes de 26-29 ans, les femmes de 41- 45 ans ont, en effet, une probabilité plus faible d’exprimer un nouveau désir d’enfant (R = 0,09), tandis que les hommes de 31-35 ans expriment plus fréquemment ce souhait (R = 2,55). Par rapport aux femmes ayant un enfant de 4 ou 5 ans, les mères d’un enfant de 2 ou 3 ans en désirent plus souvent un second (R = 2,40), alors que celles ayant un enfant déjà âgé (12 ans ou plus) en souhaitent moins fréquemment un second (R = 0,36). Les femmes semblent ainsi désirer avoir des enfants avec un écart d’âge relativement réduit, probablement en raison d’une certaine représentation (un idéal) de la famille au regard notamment du nombre d’enfants et de l’intervalle intergénésique13, et en raison de contraintes et stratégies professionnelles, laissant entrevoir l’existence d’un temps pour avoir ses enfants et d’un temps pour se consacrer à son activité professionnelle.
IV. Quels facteurs influencent l’arrivée d’un premier et deuxième enfant ?
46Si le désir d’enfant paraît être aujourd’hui l’un des principaux catalyseurs des processus de procréation, il ne conditionne pas à lui seul la venue d’un premier enfant ni d’un second. La naissance d’un enfant est liée à la situation de vie personnelle et familiale.
47Pour mesurer le rôle de ces facteurs sur l’arrivée d’un premier et d’un deuxième enfant, quatre analyses ont été réalisées à partir d’un modèle de survie semi-paramétrique (Blossfeld et Rohwer, 1995). Il s’agit ici de s’intéresser aux facteurs pouvant accélérer ou freiner, chez les hommes et les femmes, la naissance d’un premier et deuxième enfant. Les modèles ont donc pour objectif de mesurer le risque statistique d’avoir un enfant (de rang 1 ou 2 selon le modèle) en fonction du temps écoulé depuis l’âge de 15 ans (pour le premier modèle) ou depuis la première naissance (pour le second modèle). Les variables retenues dans ces modèles reprennent autant que possible celles prises en compte dans l’analyse du processus menant au désir d’enfant, notamment celles qui caractérisent le milieu social et familial d’origine (expériences passées), et les variables sociodémographiques (conditions actuelles). En l’absence de données sur les trajectoires scolaires, le niveau d’études déclaré à l’enquête a été pris en compte, sous l’hypothèse que celui-ci varie peu au-delà de 30 ans. Des variables qui évoluent dans le temps sont également utilisées, comme un premier, un deuxième et un troisième changement de statut conjugal. Pour le premier changement conjugal, une première mise en couple est retenue en distinguant le cadre formel de l’union (hors ou dans le cadre d’un mariage). Pour le second changement conjugal, une modification de sa situation conjugale comme, par exemple, la transformation d’une cohabitation en mariage ou la survenance d’une rupture d’union, est prise en compte car supposée pouvant avoir une influence sur l’arrivée d’un premier et d’un deuxième enfant. Le troisième changement permet de mesurer l’influence éventuelle d’une deuxième union sur l’arrivée d’un enfant. Le sexe du premier enfant et la situation conjugale à la naissance de cet enfant sont par ailleurs pris en compte dans les modèles portant sur l’arrivée du deuxième enfant (Marleau et Saucier, 1996).
1. Une influence variable selon le sexe, le milieu social et familial d’origine
48L’origine sociale joue un rôle variable dans l’arrivée d’un premier et d’un deuxième enfant pour les femmes et pour les hommes. Ainsi, si la situation familiale des parents n’influence pas le moment des naissances pour les hommes, les femmes dont les parents se sont séparés (ou ont divorcé) ont pour leur part une probabilité plus forte d’avoir plus rapidement un premier enfant que celles dont les parents ne se sont pas séparés (R = 1,19).
49De même, les femmes dont la mère est agricultrice ont une probabilité plus élevée d’avoir un premier et deuxième enfant plus tôt (respectivement R = 1,41 et R = 1,26), tout comme les filles d’ouvrières, pour un premier enfant (R = 1,14), que celles dont la mère est employée (tableaux B et C en annexe). Les hommes dont le père est agriculteur ont moins rapidement un second enfant que les fils d’employés (R = 0,74), tandis que ceux dont la mère appartient à la catégorie des « artisans, commerçants, chef d’entreprises » ont plus rapidement un premier enfant (R = 1,25).
50Seule la taille de la fratrie d’origine joue un rôle à la fois pour les femmes et pour les hommes sur le moment de la naissance du deuxième enfant. Ainsi, les personnes issues d’une famille nombreuse (composée d’au moins trois enfants) ont une probabilité plus importante d’avoir un deuxième enfant plus rapidement que celles ayant grandi dans une famille plus réduite. Ce résultat également observé par d’autres (Desplanques, 1987 ; Murphy et Knudsen, 2002 ; Régnier-Loilier, 2006), laisse entrevoir une transmission intergénérationnelle des comportements reproducteurs et des cadres de socialisation (préférence pour les familles élargies versus familles réduites lorsque l’on est soi-même issu d’une grande fratrie).
51Par rapport aux générations 1955-1959, les générations masculines 1945-1949, 1950-1954 et 1965-1969 ont une probabilité plus élevée de devenir plus tôt pères (arrivée du premier enfant), tandis que ceux nés entre 1970 et 1975 ont moins rapidement leur deuxième enfant. Il n’y a pas de différences significatives entre générations chez les femmes quant à l’arrivée des enfants. Les femmes et les hommes de niveau de formation primaire ont pour leur part une probabilité plus grande d’avoir un premier et un deuxième enfant plus jeunes que celles et ceux de niveau de formation secondaire. Cette observation laisse entrevoir une valorisation différenciée de la parentalité selon son milieu social, l’accès au statut de parent étant plus rapide chez les personnes à faible niveau scolaire.
2. L’arrivée de l’enfant est fortement liée à l’histoire conjugale
52La prise en compte de variables dépendantes du temps, au regard notamment de la trajectoire conjugale, montre l’importance de la mise en couple, du mariage et de la stabilité du couple dans le processus de parentalité. Comparativement aux personnes qui se sont mariées après une période de cohabitation, les hommes et les femmes qui n’ont jamais vécu en couple, qui se sont séparés après une première union ou qui vivent dans une deuxième union ont moins rapidement leur premier enfant. Par ailleurs, celles et ceux qui se sont mis en couple à l’occasion de leur mariage (mariage direct) ont une probabilité plus forte d’avoir leur premier enfant tôt, que les personnes qui ont connu au préalable une période de cohabitation.
53La stabilité de l’union accroît en outre la probabilité d’avoir plus rapidement un deuxième enfant. Les mères et les pères qui sont toujours dans leur première union ont en effet plus de chances d’avoir rapidement leur second enfant que celles et ceux ayant connu une première union après la naissance de leur premier enfant, ou qui se sont séparés suite à cette naissance. Comparativement aux premières naissances issues de couples cohabitants, les deuxièmes naissances se sont annoncées plus rapidement lorsque la première naissance s’est produite dans le cadre d’un mariage, et moins rapidement lorsqu’elle a eu lieu hors union. Enfin, le sexe du premier enfant n’a aucune influence sur la propension des parents à avoir un deuxième enfant rapidement.
Conclusion
54À partir de l’enquête Erfi de 2005, outre l’évolution des contextes de vie à la conception et à la naissance des deux premiers enfants, l’objectif de ce chapitre était d’observer les conditions dans lesquelles se manifeste un désir de premier et de second enfant, et celles qui favorisent la naissance de ces enfants14. Au fil des générations, le contexte des naissances a évolué. Les premières et deuxièmes naissances se produisent de plus en plus souvent en dehors d’un mariage, mais toujours au sein d’un couple. La formation de la famille n’est plus désormais exclusivement associée à un mariage : on peut désirer un premier enfant hors mariage et concrétiser ce désir, et l’on constitue aussi plus fréquemment toute sa descendance hors mariage.
55Le désir d’enfant et l’arrivée des enfants ne sont pas forcément influencés par les mêmes facteurs15. Si l’origine familiale joue un rôle uniquement sur le désir d’un premier enfant pour les hommes, elle paraît par contre plus déterminante dans l’arrivée des enfants pour les femmes. Le désir d’enfant (d’un premier ou d’un second) s’affirme surtout entre 26 et 35 ans (jusqu’à 40 ans pour les femmes sans enfant), et est fortement dépendant d’une histoire de couple cohabitant.
56La situation conjugale est également très importante dans le calendrier des naissances. Un premier ou un deuxième enfant s’annonce en effet plus vite chez les personnes en union stable (n’ayant pas connu de séparation, voire de nouvelle union), tandis qu’un mariage direct accélère encore le moment de la naissance de ces enfants.
57Les femmes énoncent en outre plus facilement leur volonté de fécondité, et deviennent mères d’un ou de deux enfants à un âge plus précoce que les hommes. Leur désir d’un deuxième enfant est par ailleurs fortement lié à l’âge du premier enfant. On appréhende ici l’impact probable de la valorisation sociale du statut de mère et des contraintes professionnelles sur le désir d’enfant et sur l’intensité et le calendrier des naissances.
58Si le désir d’enfant est une condition essentielle aujourd’hui pour envisager une future parentalité, l’arrivée des enfants ne dépend toutefois pas exclusivement des intentions de fécondité car comme l’écrit Ricœur (1988) : « autre chose est de signifier une action par projet, autre chose d’agir corporellement conformément au projet ». Ainsi, si l’intervalle qui sépare le projet de l’action peut être plus ou moins court (je désire un enfant, et je mets tout en œuvre pour combler ce désir), l’action peut aussi être différée du projet voire ne jamais être concrétisée. Un enfant peut aussi s’annoncer en dehors d’un désir, tout comme un enfant peut être désiré, mais sa venue non planifiée. On appréhende ici toute la complexité qui sous-tend l’arrivée d’un enfant, notamment dans le rapport du projet à son exécution, tout comme la difficulté à prédire la fécondité des générations futures.
59Les données de l’enquête Erfi de 2008 (puis de 2011) pourraient permettre une meilleure compréhension des processus de procréation et des comportements de fécondité, notamment en observant dans quelle mesure les personnes rencontrées en 2005 ont réalisé au cours des trois années suivantes leur (non) projet de procréation.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Références bibliographiques
Allison P.D., 1982, Event history analysis, regression for longitudinal event data, Beverly Hills, Sage Publications.
10.2307/2061386 :Anderton D.L., Tsuya N.O., Bean L. L., Mineau G.P., 1987, « Intergenerational transmission of relative fertility and life course patterns », Demography, 21(4), p. 467-480.
10.2307/2061908 :Axinn W.G., Clarkberg M.E., Thornton A., 1994, « Family influences on family size preferences », Demography, 31(1), p. 65-79.
10.3917/dec.batta.2008.01 :Battagliola F., 2000, Histoire du travail des femmes, Paris, La Découverte.
10.4324/9781410603821 :Blossfeld H.P., Rohwer G., 1995, Techniques of event history modeling. New approaches to causal analysis, Mahwah, L. Erlbaum Associates Publishers.
Bourguignon O., 1987, « La question de l’enfant », L’année sociologique, 37, p. 93-118.
Cicchelli V., 2001, « La construction du rôle maternel à l’arrivée du premier enfant. Travail, égalité et transformation de soi », Recherches et prévisions, 63, p. 33-46.
Charton L., 2002, Revenu, ménage, famille, individu : mise en perspective de liens à partir des données du Panel suisse des ménages de 1999, Working Paper, Neuchâtel, FSMP.
Charton L., 2006, Familles contemporaines et temporalités, Paris, L’Harmattan, coll. « Logiques sociales ».
Charton L., 2008a, « La stérilisation contraceptive : motivations et répercussions. Une comparaison France–Québec », Communication à l’ACFAS, Québec, 8 mai 2008.
Charton L., 2008b, « La stérilisation contraceptive : quelques considérations éthiques », Revue des sciences sociales, 39, p. 106-113.
10.1111/j.2517-6161.1972.tb00899.x :Cox D. R., 1972, « Regression models and life tables », Journal of the Royal Statistical Society, Series BJ, 34, p. 187-220.
Dagnaud M., Mehl D., 1987, Merlin l’enfanteur. La médecine, la femme, le désir d’enfant, Paris, Ramsay.
Dandurand R.B., Bernier L., Lemieux D., Dulac G., 1994, Le désir d’enfant : du projet à la réalisation, Rapport présenté au Conseil québécois de la recherche sociale, Montréal, INRS-Culture et Société.
Desplanques G., 1985, « Fécondité et milieu social », Économie et statistique, 175, p. 21-54.
Desplanques G., 1987, « Calendrier des familles », Données sociales, 296, p. 477-481.
10.3406/estat.1986.2448 :Desplanques G., Saboulin M. (de), 1986, « Mariage et premier enfant : un lien qui se défait », Économie et statistique, 187, p. 31-45.
10.3406/caf.2000.919 :Donati P., 2000, « L’absence d’enfant. Un choix plus ou moins délibéré dans le parcours d’hommes et de femmes », Recherches et Prévisions, 42, p. 43-56.
Ekert-Jaffé O., Solaz A., 2001, « Unemployment and formation of the family in France », The Journal of Socio-Economics, 30, p. 75-98.
Ekert-Jaffé O., Joshi H., Lynch K., Mougin R., Rendall M., 2002, « Fécondité, calendrier des naissances et milieu social en France et en Grande-Bretagne : politiques sociales et polarisation socioprofessionnelle », Population, 57(3), p. 457-484.
10.2307/1529457 :Festy P., 1971, « Évolution de la nuptialité en Europe occidentale depuis la guerre », Population, 26(2), p. 331-379.
10.3406/estat.1990.5483 :Herpin N., 1990, « La famille à l’épreuve du chômage », Économie et Statistique, 235, p. 31-42.
Kellerhals J., Perrin J.-F., Steinauer-Cresson G., Voneche L., Wirth G., 1982, Mariages au quotidien. Inégalités sociales, tensions culturelles et organisation familiale, Lausanne, Éditions Favre, coll. « Regards Sociologiques ».
Langevin A., 1984, « Régulation sociale du temps fertile des femmes », in M.-A. Barrère-Maurisson (dir.), Le sexe du travail. Structures familiales et système de production, Presses universitaires de Grenoble, p. 97-111.
10.3917/popu.304.0549 :La Rochebrochard E. de, 2003, « Des hommes médicalement assistés pour procréer. IAD, FIV, ICSI, bilan d’une révolution dans la prise en charge médicale de l’infertilité masculine », Population, 58 (4-5), p. 549-586.
10.2307/1532457 :Leridon H., 1982, « Stérilité, hypofertilité et infécondité en France », Population, 37(4-5), p. 807-836.
Leridon H., 1990, « Extramarital cohabitation and fertility », Population Studies, 44(3), p. 469-487.
Leridon H., 1995, Les enfants du désir, Paris, Julliard.
Leridon H., 2002, « Les facteurs biologiques et sociaux de la fécondité : une vue d’ensemble » in G. Caselli, J. Vallin, G. Wunsch (dir.), Démographie, analyse et synthèse, vol. 2, La fécondité, Paris, Ined, p. 173-190.
10.3406/estat.2001.7417 :Lollivier S., 2001, « Les choix d’activité des femmes en couple : une approche longitudinale », Économie et statistique, 349-350, p. 125-138.
Marechal M., 1997, « Cycle de vie et milieu social selon l’enquête Famille de 1990 », Insee Résultats, « Démographie et sociétés », 62-63, Paris, Insee.
10.2307/1534592 :Marleau J.-D. et Saucier F.-F., 1996, « Influence du sexe des premiers enfants sur le comportement reproducteur : une étude canadienne », Population, 51(2), p. 460-464.
10.3917/popu.202.0327 :Méron M., Widmer I., 2002, « Les femmes au chômage retardent l’arrivée du premier enfant », Population, 57(2), p. 327-357.
Monnier A., 1987, « Projets de fécondité et fécondité effective. Une enquête longitudinale ı: 1974, 1976, 1979 », Population, 42(6), p. 819-842.
10.2307/2808010 :Montgomery M., Casterline J., 1996, « Social learning, social influence and new models of fertility », Population and development review, 22, suppl.: « Fertility in the United States. New patterns, new theories », p. 151-175.
Munoz-Pérez F., 2004, « Situation des enfants nés hors mariage en France (1960-2000) », in J. Duchêne (dir.), Enfants nés dans le mariage et enfants nés hors mariage. Inégalités et disparités en Europe. Contextes législatifs des prestations familiales et normes sociales et culturelles, Louvain-La-Neuve, Bruyant-Academia, p. 67-97.
10.1080/00324720215937 :Murphy M., Knudsen L. B., 2002, « The intergenerational transmission of fertility in contemporary Denmark: The effects of number of siblings (full and half), birth order, and whether male or female », Population Studies, 56(3), p. 235-248.
10.1086/224952 :Neal A., Groat H., 1976, « Alienation correlates of Catholic Fertility », American Journal of Sociology, 76, p. 460-473.
Palomba R., Moors H., 1993, « Life-styles, values and fertility intentions in a cross-cultural perspective », International Population Conferences, Montréal, vol. 1, Liège, IUSSP, p. 27-41.
Pinneli A., Hoffmann-Nowotny, Fux B., 2001, Fécondité et nouveaux types de ménages et de formation de la famille en Europe, Strasbourg, Conseil de l’Europe, 35.
10.3917/popu.p1974.29n1.0088 :Prioux F., 1974, « Les conceptions prénuptiales en Europe occidentale depuis 1955 », Population, 29 (1), p. 61-88.
10.3917/popu.304.0623 :Prioux F., 2005, « L’âge à la première union en France : une évolution en deux temps » in Lefèvre C. et Filhon A. (dir.), Histoires de familles, histoires familiales : les résultats de l’enquête Famille de 1999, Paris, Ined, coll. « Cahiers de l’Ined », 156, p. 201-221.
10.3917/popu.603.0193 :Régnier-Loilier A., 2006, « L’influence de la fratrie d’origine sur le nombre souhaité d’enfants à différents moments de la vie », Population, 61(3), p. 193-224.
Régnier-Loilier A., 2007, Avoir des enfants en France. Désirs et réalités, Paris, Ined, coll. « Les Cahiers de l’Ined », 159.
Ricœur P., 1988 (1re éd., 1950), Philosophie de la volonté I. Le volontaire et l’involontaire, Paris, Aubier, coll. « Philosophie ».
Robert-Bobée I., 2003, Calendrier de constitution des familles et âge de fin des études, avec la participation de Mazuy M., Paris, Insee, Document de travail F0308.
10.2307/1533635 :Roussel L., 1992, « La Famille en Europe occidentale : divergences et convergences », Population, 47(1), p. 133-152.
10.2307/1534012 :Toulemon L., 1994, « La place des enfants dans l’histoire des couples », Population, 49 (6), p. 1321-1346.
10.2307/1534316 :Toulemon L., 1995, « Très peu de couples restent volontairement sans enfant », Population, 50 (4-5), p. 1079-1109.
Toulemon L., Guibert-Lantoine de C., 1996, Enquêtes sur la fécondité et la famille dans les pays de l’Europe (région ECE des Nations-Unies). Résultats de l’enquête française, Paris, Ined, Dossiers et Recherches, 55.
10.3917/popu.104.0611 :Toulemon L., Mazuy M., 2001, « Les naissances sont retardées mais la fécondité est stable », Population, 56(4), p. 611-644.
10.3917/popsoc.415.0001 :Toulemon L., Testa M.-R., 2005, « Fécondité envisagée, fécondité réalisée : un lien complexe », Population et sociétés, 415.
Yamaguchi K., Ferguson L. R., 1995, « The stopping and spacing of childbirths and their birth-history predictors: rational-choice theory and event-history analysis », American Sociological review, 60, p. 272-298.
Annexe
Annexes
Tableau A. Probabilité de désirer un premier et un deuxième d’enfant (modèle logit, risques relatifs)

(a) Dans le cas d’une double nationalité (française et étrangère), la personne a été considérée comme étrangère.
Champ : Femmes et hommes âgés de 21 à 45 ans, sans enfant biologique et parents d’un enfant biologique.
Légende : Réf. : modalité de référence ; ★★★ : significatif au seuil de 1 ‰ ; ★★ : significatif au seuil de 1 % ; ★ : significatif au seuil de 5 %.
Lecture : un risque relatif supérieur à 1 (resp. inférieur à 1) statistiquement significatif indique un facteur qui accélère (resp. qui ralenti) la probabilité de souhaiter un premier (voire un deuxième) enfant dans les trois années à venir, par rapport à la modalité de référence de la variable considérée. Plus le risque relatif est éloigné de 1, plus l’influence du facteur auquel il est associé est importante.
Source : Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
Tableau B. Probabilité d’avoir un premier enfant biologique (modèles semi-paramétriques, risques relatifs)

(a) Dans le cas d’une double nationalité (française et étrangère), la personne a été considérée comme étrangère.
(b) En l’absence d’informations sur les trajectoires scolaires, le niveau de formation est celui déclaré à l’enquête. Légende : Réf. : modalité de référence ; ★★★ : significatif au seuil de 1 ‰ ; ★ : significatif au seuil de 1 % ; ★ : significatif au seuil de 5 %.
Champ : femmes et hommes âgés de 30 à 60 ans. Lecture : un risque relatif supérieur à 1 (resp. inférieur à 1) statistiquement significatif indique un facteur qui accélère (resp. qui ralenti) la probabilité d’avoir un premier enfant, par rapport à la modalité de référence de la variable considérée. Plus le risque relatif est éloigné de 1, plus l’influence du facteur auquel il est associé est importante.
Source : Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
Tableau C. Probabilité d’avoir un deuxième enfant biologique (modèles semi-paramétriques, risques relatifs)

(a) Dans le cas d’une double nationalité (française et étrangère), la personne a été considérée comme étrangère. (b) En l’absence d’informations sur les trajectoires scolaires, le niveau de formation est celui déclaré à l’enquête. Légende : Réf. : modalité de référence ; ★★★ : significatif au seuil de 1 ‰ ; ★★ : significatif au seuil de 1 % ;
★ : significatif au seuil de 5 %. Champ : Femmes et hommes âgés de 30 à 60 ans.
Lecture : un risque relatif supérieur à 1 (resp. inférieur à 1) statistiquement significatif indique un facteur qui accélère (resp. qui ralenti) la probabilité d’avoir un deuxième enfant, par rapport à la modalité de référence de la variable considérée. Plus le risque relatif est éloigné de 1, plus l’influence du facteur auquel il est associé est importante.
Source : Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
Notes de bas de page
1 Les deux prochaines vagues de l’enquête Erfi (2008 et 2011) devraient permettre de répondre à cette question.
2 Âge auquel la moitié des personnes, parents au moins d’un enfant biologique à l’enquête, a eu son premier enfant.
3 Les âges médians à la première maternité sont légèrement inférieurs à ceux relevés par Isabelle Robert-Bobée (2003) à partir des données issues de l’enquête Étude de l’histoire Familiale de 1999.
4 Cette tendance résulte d’un rajeunissement des conjoints au mariage des années 1945 à 1964 (Festy, 1971).
5 Les âges médians pour les générations les plus récentes sont sous-estimés, puisqu’un certain nombre de personnes auront leur premier enfant après l’enquête.
6 Le niveau de l’infécondité naturelle est de l’ordre de 4 % et de 8 % si l’on tient compte des femmes qui ne vivent jamais en couple (Leridon, 1982).
7 Rappelons qu’en France, jusqu’à la promulgation de la loi n° 67-1176 du 28 décembre 1967 sur la régulation des naissances, et la loi n° 75-17 du 17 janvier 1975 autorisant l’interruption volontaire de grossesse, la contraception était interdite sous peine de poursuites pénales (loi du 31 juillet 1920).
8 Il faudra toutefois attendre la loi du 8 janvier 1993 pour que le partage de l’autorité parentale ne dépende plus exclusivement d’une demande de la mère au juge des tutelles, et que l’autorité parentale soit reconnue aux deux parents, lorsque la reconnaissance se produit avant le premier anniversaire de l’enfant et lorsque les parents vivent ensemble au moment de cette demande. La loi du 4 mars 2002 allège encore ces conditions, puisqu’elle permet désormais aux pères qui ont reconnu leur(s) enfant(s) avant l’âge d’un an d’obtenir automatiquement l’autorité parentale.
9 Un enfant est considéré ici comme né dans une première union si le répondant n’avait pas vécu précédemment en couple. Cette première union pour le répondant peut correspondre par contre à une seconde union (ou davantage) pour son conjoint (en l’absence d’informations sur l’histoire conjugale passée du conjoint).
10 Tout comme pour la première naissance, les âges médians à l’arrivée du deuxième enfant sont sous-estimés pour les générations les plus récentes, car un certain nombre de personnes auront leur deuxième enfant après l’enquête.
11 Ce qui rejoint la tendance observée par Toulemon et Mazuy (2001).
12 À noter qu’ici, on ne fait que comparer la situation conjugale du répondant au moment des deux premières naissances, mais qu’une situation conjugale peut être « inchangée » légalement (être non marié à la première et à la seconde naissance), alors qu’au moment de la naissance du deuxième enfant, le répondant n’est plus forcément avec le même conjoint lors de la naissance du deuxième qu’au moment de la naissance de son premier enfant.
13 Cette volonté de naissances rapprochées a déjà été observée ailleurs (Charton, 2006, 2008a) un second enfant peut ne plus être désiré s’il ne s’annonce pas dans les 2-3 ans suivant la naissance de l’aîné.
14 Conditions appréhendées sur des populations différentes (personnes sans enfant ou parents d’un enfant, et personnes ayant eu éventuellement un ou deux enfants à l’enquête).
15 Ce commentaire doit toutefois être nuancé car le désir d’enfant est mesuré sur une population sélectionnée, en termes d’âge et de non présence d’enfant(s) à l’enquête.
Auteur
Sociologue et démographe, est maître de conférences au département de sociologie de l’université de Strasbourg. Rattachée au laboratoire Cultures et Sociétés en Europe, elle travaille sur la famille, la conjugalité, les cycles de vie, la santé reproductive et le rapport au temps. Elle est actuellement responsable d’un projet franco-québécois sur le recours à la stérilisation contraceptive.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Trajectoires et origines
Enquête sur la diversité des populations en France
Cris Beauchemin, Christelle Hamel et Patrick Simon (dir.)
2016
En quête d’appartenances
L’enquête Histoire de vie sur la construction des identités
France Guérin-Pace, Olivia Samuel et Isabelle Ville (dir.)
2009
Parcours de familles
L’enquête Étude des relations familiales et intergénérationnelles
Arnaud Régnier-Loilier (dir.)
2016
Portraits de famille
L’enquête Étude des relations familiales et intergénérationnelles
Arnaud Régnier-Loilier (dir.)
2009
Inégalités de santé à Ouagadougou
Résultats d’un observatoire de population urbaine au Burkina Faso
Clémentine Rossier, Abdramane Bassiahi Soura et Géraldine Duthé (dir.)
2019
Violences et rapports de genre
Enquête sur les violences de genre en France
Elizabeth Brown, Alice Debauche, Christelle Hamel et al. (dir.)
2020
Un panel français
L’Étude longitudinale par Internet pour les sciences sociales (Elipss)
Emmanuelle Duwez et Pierre Mercklé (dir.)
2021
Tunisie, l'après 2011
Enquête sur les transformations de la société tunisienne
France Guérin-Pace et Hassène Kassar (dir.)
2022
Enfance et famille au Mali
Trente ans d’enquêtes démographiques en milieu rural
Véronique Hertrich et Olivia Samuel (dir.)
2024