Chapitre 9. Pères et mères face aux activités parentales : un partage inégalitaire
p. 241-264
Texte intégral
Introduction
1Depuis une vingtaine d’années, les médias diffusent l’image d’un « nouveau père » fortement impliqué dans l’éducation et la prise en charge quotidienne de ses enfants et les recherches sur l’implication des hommes et des femmes dans la sphère domestique se sont multipliées. Certaines s’intéressent à la conciliation ou à l’articulation entre vie familiale et vie professionnelle, en mettant en exergue les liens avec l’emploi et les carrières professionnelles féminines, la fécondité ou encore les politiques familiales (Barrère-Maurisson et al., 2000 ; Barrère-Maurisson, 2001 ; Garner et al., 2005), d’autres plus récentes déclinent au masculin ces préoccupations en se fondant sur les nouvelles aspirations des pères, recherche de proximité affective et valorisation de la relation à l’enfant (Ferrand, 2001). Les discours des psychologues soulignant l’importance de l’investissement paternel dans le développement de l’enfant (Le Camus, 2006) ont également dynamisé ce champ de recherche.
2Ces travaux relativisent nettement l’avènement des « nouveaux pères ». En dépit de l’activité féminine, la participation des hommes aux tâches ménagères et aux soins des enfants progresse en effet peu. S’occuper des enfants reste une prérogative féminine et la division sexuelle du travail se modifie lentement (Méda et al., 2004). Cependant, des différences liées à la composition du ménage et à ses caractéristiques économiques et sociales ont été soulignées (Brousse, 1999 ; Puech, 2005 ; Bauer, 2007). Cet article prolonge l’analyse de la répartition des activités parentales au sein des couples en centrant l’étude sur les rapports sociaux de sexe à l’œuvre dans la génération des parents, articulés à d’autres rapports sociaux appréhendés grâce aux caractéristiques démographiques et socioéconomiques (différences d’âge, de niveau d’éducation, d’activité, de revenus, de temps de travail, etc.) et sur les rapports sociaux de sexe intergénérationnels. Il s’agit dès lors de vérifier si, à une influence des rapports sociaux à l’œuvre au sein du couple parental sur l’investissement quotidien respectif des pères et des mères, dans la prise en charge des enfants, s’ajoute une influence de la composition de la fratrie, à savoir sa taille, l’âge et surtout le sexe des enfants.
3Les rapports sociaux de sexe mobilisés dans la relation parents-enfant(s) sont peu considérés pour analyser le partage des activités parentales à l’exception de quelques recherches (par exemple : Algava, 2002). Or, l’enjeu d’une telle approche, ici au stade exploratoire, est double. Elle contribue à la fois à étudier ce qui freine tout partage plus égalitaire des tâches parentales, en examinant notamment la nature des tâches et leurs connotations sexuées, et à mieux cerner les transmissions des identités sexuées et des comportements. En effet, les identités et les rôles sexués se construisent via un processus de socialisation qui conduit les enfants à appréhender des comportements considérés comme appropriés pour chacun des deux sexes. L’observation des pairs, des adultes mais aussi de l’activité des adultes avec les enfants participe à cette socialisation (Dafflon Novelle, 2006a). En outre, les pratiques éducatives maternelles et paternelles diffèrent. La mère faisant moins de distinction entre les garçons et les filles, « le père serait le principal agent de cette socialisation différenciée » (Bergonnier-Dupuy, 1999, p. 72). Dans une synthèse sur les modalités de socialisation différenciée selon le sexe de l’enfant, Véronique Rouyer et Chantal Zaouche-Gaudron (2006) montrent l’influence de l’attitude de chacun des parents, dans la transmission des identités sexuées et indiquent que, « les pères qui modèlent des comportements non traditionnels ont des enfants avec moins de connaissances sur les distinctions de genre » (p. 33), alors que « les pères plus traditionnels encouragent l’apprentissage plus précoce des distinctions du genre chez les enfants, telles que le savoir sur les stéréotypes […] et l’apprentissage des labels de genre chez les jeunes enfants » (p. 33).
4L’enquête Erfi informe sur la participation des parents à différentes activités parentales – habiller, coucher, accompagner les enfants à leurs différents lieux de vie, s’occuper de leurs devoirs scolaires et de leurs loisirs – pour l’ensemble de la descendance présente dans le ménage, ce qui impose de travailler à l’échelle de la fratrie. Une fois précisés les contours de notre étude, l’analyse descriptive des données permettra de savoir comment est opéré le partage des tâches entre parents. Les facteurs de l’implication paternelle seront ensuite recherchés à partir de modélisations par régressions logistiques.
I. Activités parentales et rapports sociaux de sexe
5Pour mener à bien l’analyse de l’influence des rapports sociaux de sexe, entre les parents et entre les générations, sur la participation des pères et des mères aux activités parentales, un sous-échantillon homogène de l’enquête Erfi a été retenu. Il comprend les individus, hommes et femmes interrogés, vivant en première union et corésidant dans un même ménage au sein duquel vit, au moins, un de leurs enfants âgés de moins de 14 ans.
6Sur l’ensemble des 10079 personnes de l’échantillon âgées de 18 à 79 ans en 2005, 1629 correspondent à la définition retenue. Les familles monoparentales et les familles recomposées ont été exclues de l’analyse afin, d’une part, de garantir une présence maternelle et paternelle dans les ménages et, d’autre part, de préserver une homogénéité dans les liens intergénérationnels. Dans les familles recomposées, aux configurations variées, d’autres logiques imposent ou expliquent des organisations familiales spécifiques (garde alternée) et des répartitions particulières des tâches de prise en charge ou d’éducation des enfants, notamment dans la relation aux beaux-parents.
7Nombre d’études soulignent la difficulté de distinguer travail domestique et parental, les deux étant fortement imbriqués et le travail parental souvent analysé globalement (Algava, 2002 ; Fagnani et Letablier, 2003 ; Méda et al., 2004), même si certains auteurs s’attachent à identifier des activités différentes (Bauer, 2006, 2007). L’hypothèse est ici faite que toutes les tâches ne sont pas équivalentes au regard de la représentation des identités et des rôles sexués et que la nature des tâches est une composante qui explique l’investissement différentiel des parents. Aucun contour précis n’est circonscrit ; l’enquêté déclare donc sa propre implication, et celle de son conjoint, en fonction de sa propre définition des activités suivantes :
« Habiller les enfants ou vérifier qu’ils sont bien habillés »,
« Mettre les enfants au lit (ou vérifier qu’ils vont se coucher) »,
« Jouer avec les enfants et/ou participer à leurs activités de loisirs »,
« Aider les enfants à faire leurs devoirs »,
« Emmener/aller chercher les enfants à l’école, la crèche, chez l’assistante maternelle ou à leurs activités ».
8Contrairement aux recherches s’appuyant sur des enquêtes du type Emploi du temps où le partage des tâches est « objectivé » par le chercheur, l’enquête Erfi impose de considérer le ressenti d’Ego. L’enquêté dispose en effet de neuf modalités qu’il auto-définit pour répondre : « Toujours moi », « Le plus souvent moi », « Autant moi que mon conjoint », « Le plus souvent mon conjoint », « Toujours mon conjoint », « Toujours ou le plus souvent d’autres membres du ménage », « Toujours ou le plus souvent quelqu’un ne faisant pas partie du ménage », « Les enfants eux-mêmes », « N’est pas concerné ». À partir de ces déclarations et du sexe d’Ego, cinq modalités ont été construites : « Plutôt la mère », « Égalité entre les deux parents », « Plutôt le père », « Autre », « Non concerné ».
9L’enquête informe sur la participation des parents aux différentes tâches parentales pour l’ensemble des enfants présents dans la famille. Ainsi, afin de cerner l’influence des relations intergénérationnelles sur l’implication respective des parents, trois variables caractérisant la fratrie sont considérées : la composition sexuée, l’âge, et le nombre des enfants qui la composent. Fondée sur les travaux de psychologues et de sociologues, mais aussi sur ceux d’historiens qui ont montré que la participation à l’éducation et les pratiques éducatives des parents se modulaient selon le sexe de l’enfant (Ariès, 1960 ; Belotti, 1974 ; Falconnet et Lefaucheur, 1975 ; Bergonnier-Dupuy, 1999 ; Algava, 2002 ; Cromer, 2005 ; Dafflon Novelle, 2006b ; Rouyer et Zaouche-Gaudron, 2006 ; Gouyon et Guérin, 2006), l’hypothèse qui sous-tend cette étude est que la composition sexuée de la fratrie influe sur l’implication du père et de la mère.
10Aussi ont été distinguées les fratries composées uniquement de garçons de celles uniquement composées de filles, ainsi que les fratries mixtes. Le sexe de l’aîné(e) pouvant également influer – les filles aînées étant traditionnellement plus sollicitées pour aider les parents – nous avons également fait intervenir ce paramètre pour les fratries mixtes.
11L’âge des enfants définit à la fois la charge de travail parental (Bergonnier-Dupuy, 1999 ; Algava, 2002 ; Bauer, 2006 ; Gouyon et Guérin, 2006) et les modalités d’intervention, les parents s’investissant de moins en moins et différemment avec le développement de l’autonomie. En articulant rapports sociaux de sexe et âge des enfants, cette caractéristique permet de vérifier l’association traditionnelle entre les mères et les « petits », les pères et les « grands ». Trois types de fratrie ont été distingués : celles composées uniquement d’enfants de moins de 6 ans, celles d’enfants de plus de 6 ans, et celles où ils se répartissent entre mineur(s) et majeur(s) de 6 ans. L’âge de 6 ans est considéré comme une étape dans l’autonomie et dans le « mode de vie », avec notamment l’entrée à la « grande école ».
12Enfin, le nombre d’enfants dans le ménage indique également le poids du travail parental et introduit la dynamique interne à la fratrie. Le nombre de frères et sœurs a une incidence sur une prise en charge des uns par les autres et sur l’autonomie des enfants. De façon sous-jacente, il opère une sélection de la population, le passage à 3 enfants étant plus fréquent pour certains couples définis par la taille de la fratrie des parents ou leur nationalité (Breton et Prioux, 2005).
13Le partage des activités au sein du couple parental résulte d’une négociation, explicite ou implicite, entre les partenaires. Elle est sous-tendue par des rapports sociaux. Aussi le choix a-t-il été fait de ne pas considérer les caractéristiques individuelles du père et/ou de la mère, mais les rapports entre les deux, selon l’âge, le niveau de diplôme, de revenu et le temps de travail. Cependant, l’analyse étant focalisée sur la participation paternelle, les caractéristiques du père seront utilisées pour situer le couple socialement et économiquement selon différentes dimensions :
l’âge des parents peut intervenir selon deux modalités combinées : la génération et la différence d’âge entre conjoints. Afin de vérifier s’il existe un effet de génération, les pères âgés de moins de 35 ans sont distingués des plus âgés. Cette césure est justifiée par la place accordée à la paternité chez les hommes âgés de 25-34 ans qui déclarent plus souvent que leurs aînés avoir donné moins d’importance au travail après la naissance d’un enfant, même si dans les faits leur temps de travail a augmenté avec le nombre d’enfants (Méda et al., 2004). L’inégalité liée à l’âge au sein du couple est une variable classique des études de genre (Labourie-Racapé et Locoh, 1999). Une forte différence d’âge en faveur de l’homme est associée à des rapports inégalitaires, à une influence accrue de l’homme sur sa partenaire. À l’inverse, une faible différence d’âge est associée à des relations plus égalitaires (Bozon, 1990).
le capital socioculturel : le rapport entre le capital socioculturel des partenaires au sein de chaque couple est appréhendé par la comparaison des niveaux de diplômes, proxi de leur dotation (Bourdieu, 1998) et la position du couple est donnée par l’obtention ou non d’un diplôme universitaire par le père. Les représentations du masculin et du féminin, la définition des rôles de père et mère, les aspirations (Ferrand, 2001 ; Méda et al., 2004), la « conception » de l’éducation des filles et des garçons varient selon les milieux sociaux (voir, par exemple, à propos des jouets : Vincent, 2001), ce qui aura des conséquences sur l’investissement parental. Ainsi, un niveau de diplôme élevé, mais aussi le rapport entre les dotations des conjoints ont une incidence. Un niveau de diplôme supérieur au baccalauréat chez la femme va favoriser un partage plus égalitaire (Brousse, 1999 ; Degenne et al., 2002)
le capital économique, cerné par la contribution du père au revenu du ménage qui s’échelonne de moins de la moitié à plus des trois quarts des ressources, est un argument de poids dans les négociations conjugales (Roy, 2007), ce que confirme une étude réalisée par la Sofres qui montre que l’argent serait une source de conflit dans 57 % des couples avec enfants1. Denise Bauer, mais aussi Jeanne Fragnani et Marie-Thérèse Letablier, constatent que plus le poids des revenus professionnels du père est important dans les ressources du ménage, moins il se conforme au modèle du « nouveau père » (Bauer, 2006 ; Fragnani et Letablier, 2003). Le pouvoir économique au sein du couple est une dimension incontournable pour comprendre la division du travail domestique.
l’écart du temps de travail permet d’appréhender la disponibilité « objective » des deux parents, mais il résulte de l’investissement dans la sphère professionnelle qui est une des expressions des rapports sociaux de sexe : « choix » des femmes de l’inactivité ou du moindre investissement professionnel pour préserver le temps familial, et/ou maintenir l’équilibre économique de la famille, et/ou s’adapter aux contraintes notamment en termes d’horaires liés à la présence d’enfants (Garner et al., 2005 ; Colin et al., 2005 ; Pailhé et Solaz, 2006) ; chômage, temps partiel contraint et précarité plus fréquents pour les femmes (Maruani 2003 ; Maruani et Meulders, 2005), etc. Ces insertions contrastées dans le monde professionnel ont des répercussions sur les comportements au sein des ménages ; les hommes se mobilisent plus dans l’espace domestique si leur conjointe travaille à temps plein (Méda et al., 2004 ; Ferrand, 2004), ou s’ils ont eux-mêmes une durée de travail réduite (Fagnani et Letablier, 2003), et moins si elle est au foyer (Bauer, 2006). Moins la femme consacre de temps à une activité professionnelle, plus la répartition des tâches est spécialisée au sein du couple (Algava, 2002).
14C’est l’ensemble de ces dimensions que l’analyse proposée dans la troisième partie de ce travail cherche à intégrer à l’étude des facteurs explicatifs de l’implication des pères aux activités parentales.
II. Le partage des activités parentales
15La première étape de l’analyse des données révèle que les cinq activités considérées sont régulièrement assumées par l’un des parents – la prise en charge totale par un tiers, ou par les enfants eux-mêmes, est peu fréquente (au maximum dans 17 % des familles pour l’habillage et 13 % pour le coucher) – et qu’incontestablement les tâches parentales sont principalement assumées par les mères, même si leur implication varie selon la nature de l’activité.
16Cette diversité dans la participation s’explique par le nombre d’enfants dans la famille, mais aussi par le sexe du déclarant. Des discours différents apparaissent en effet selon les hommes et les femmes, signe d’enjeux sexués dans la participation aux tâches de soins et d’éducation.
1. Des mères toujours en première ligne
17Dans plus de la moitié des familles, les mères prennent en charge, exclusivement ou le plus souvent, l’habillage des enfants et l’aide aux devoirs scolaires (figure 1). Leur niveau d’implication décline légèrement lorsqu’il s’agit d’accompagner les enfants à leurs différents lieux de vie, mais surtout de les coucher ou de partager des loisirs avec eux. Ainsi, le coucher est une activité essentiellement féminine dans un tiers des familles. Cette plus faible participation exclusive des mères, signe de partage plus égalitaire dans la prise en charge des enfants, est encore plus vraie pour les loisirs. Dans seulement un quart seulement des foyers, la mère participe principalement aux loisirs alors que le partage égalitaire est avéré dans une majorité des familles. On distingue donc des tâches principalement maternelles, l’habillage, les devoirs scolaires2 et dans une moindre mesure la prise en charge des trajets et des activités où la mixité domine, le coucher, les loisirs. L’enquête confirme ainsi un investissement supérieur des femmes dans la prise en charge des tâches quotidiennes « contraintes » (s’habiller, faire ses devoirs, se déplacer), les hommes partageant plus les activités ludiques et affectives (Kellerhals et al., 1982 ; Bergonnier-Dupuy, 1999 ; Ferrand, 2001, 2004). Elle montre aussi que les femmes assument les activités parentales qui s’inscrivent dans l’emploi du temps de la journée – même si elles sont souvent concentrées sur le début de la journée et la fin de l’après-midi – alors que les hommes sont plus impliqués dans des tâches qui se déroulent nettement en dehors des horaires classiques de travail, la soirée et la fin de semaine, et qui donc ont peu d’impact sur leur investissement professionnel. Cependant, la prise en charge « principale » ou « exclusive » par les hommes est rare quelle que soit l’activité considérée. Elle est plus fréquente pour les activités tournées vers les sphères sociales et géographiques extérieures à la famille (devoirs, loisirs, accompagnement) et plus marginale pour la prise en charge de moments plus intimes de la vie quotidienne (habillage, coucher).
Figure 1. Participation des pères et des mères aux tâches parentales (%)

Source : Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
2. Paroles de mères, paroles de pères : deux images du partage des tâches
18En s’adressant aussi bien aux hommes qu’aux femmes, l’enquête permet de distinguer les déclarations masculines et féminines à propos de la répartition des tâches parentales. La distinction des résultats selon le sexe du déclarant montre que les paroles des pères et mères donnent une image sensiblement différente des pratiques, chacun valorisant son propre rôle (figure 2). Quelle que soit l’activité, les femmes minimisent la participation des pères et le partage égalitaire et mettent en exergue leur rôle « d’actrice principale ». Les hommes donnent quant à eux une vision plus égalitaire de l’implication des deux parents, mais affirment aussi assumer la majeure partie du travail légèrement plus souvent que ne le reconnaissent les mères. Ces différences modifient peu le classement des tâches. Hommes et femmes conviennent de l’implication essentiellement maternelle dans l’habillage et l’aide aux devoirs scolaires et de la suprématie de la mixité des interventions pour les loisirs. En revanche, les femmes déclarent plus fréquemment assumer les trajets des enfants, alors que pour les hommes, il s’agit à part égale d’une activité maternelle ou mixte. Enfin, pour les hommes, le coucher est le plus fréquemment une activité mixte, alors que pour les femmes c’est une tâche autant maternelle que mixte.
Figure 2. Participation des pères et des mères aux tâches parentales selon le sexe du déclarant (%)

Source : Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
19Donner un sens à ces différences est complexe. Les questions posées étant peu précises, les déclarations sont liées à des définitions des tâches parentales et de la prise en charge qui peuvent diverger selon le répondant et selon son sexe. Il est probable que la conception des tâches parentales, à l’instar des tâches ménagères, soit plus vaste chez les femmes (Kaufmann, 1992 ; de Singly, 2007). Par exemple, l’habillage peut inclure uniquement l’aide donnée à l’enfant pour mettre ses vêtements, mais aussi le choix de la tenue vestimentaire et une partie du travail domestique relatif au linge. Par ailleurs, de nombreuses femmes organisent le travail parental et assimilent légitimement cette « charge mentale » à une participation alors que certains hommes omettront cet aspect de l’implication de leur compagne (Ferrand, 2001 ; Méda, 2001). Au-delà de ces questions de définition, les réponses renvoient à l’adhésion à différentes normes et à la représentation de soi. Il est probable que la valorisation d’un schéma égalitaire, qui a acquis une grande légitimité sociale, entraînera une déclaration plus fréquente du partage des tâches, qu’il soit réel ou non. En revanche, un schéma plus classique de partage sexué toujours très prégnant dans certains milieux sociaux, parfois relayé par les instances s’occupant de la petite enfance et fréquentées par de nombreux parents (Bloch et Buisson, 1998 ; Bloss, 2001 ; Delforge, 2006 ; Murcier 2007 ; Coulon et Cresson, 2007) et renforcé par les politiques familiales malgré leur référence au principe d’égalité hommes-femmes (Fagnani, 1999), donnera lieu à une déclaration plus importante de la prise en charge maternelle, qu’elle soit, dans ce cas aussi, réelle ou non. Les déclarations des enquêtés dépendent donc d’un arbitrage entre ces normes contradictoires. Faut-il en déduire que des hommes valorisent plus le modèle égalitaire ou/et qu’ils n’assument pas leur moindre participation ? Les femmes cherchent-elles à se conformer à un profil de « bonne mère » dans une perspective plus traditionnelle ou craignent-elles qu’une reconnaissance d’une plus forte implication des pères ne mette en péril leurs prérogatives et la place socialement reconnue qu’elles occupent dans l’organisation familiale (Lipovetsky, 1997) ?
20Les différences masquent-elles, notamment chez les pères, un hiatus entre aspirations et pratiques dans un champ d’injonctions normatives contradictoires et de contraintes différentielles selon le sexe ? Des études ont ainsi souligné le désir énoncé par des pères, et parfois réalisé grâce à la réduction du temps de travail, d’être plus présents auprès de leurs enfants (Méda et al., 2004). Quoiqu’il en soit, les déclarations révèlent certes le vécu et le ressenti, mais relèvent aussi de la mise en scène de soi, pour soi ou pour autrui, d’autant que les réponses varient encore selon la présence d’un tiers durant l’entretien et de son identité (voir le chapitre 7). Pour cette raison, l’analyse qui suit sera fondée sur la déclaration d’Ego, mais en la contrôlant par le sexe du déclarant.
3. Des pères plus investis auprès des enfants uniques
21La prise en compte des caractéristiques de la fratrie permet d’approfondir l’analyse de la répartition des tâches parentales et de la participation des pères aux activités de prise en charge des enfants. La taille de la fratrie et la distinction entre les familles d’enfant unique et les autres représentent une première dimension de l’analyse. De nombreux travaux ont montré que l’augmentation du nombre d’enfants entraîne un alourdissement des tâches et une polarisation des rôles parentaux (Brousse, 1999 ; Bloss, 2001 ; de Singly, 2004). Cependant, si l’ampleur du travail est conditionnée par le nombre des enfants présents dans le ménage, la relation charge de travail-parité n’est pas linéaire. Le passage d’un premier enfant à un second semble générer un accroissement de la durée de travail parental supérieur à celui lié à la naissance d’un troisième enfant (Algava, 2002). Ainsi, deux types de famille ont été distinguées afin de comprendre les processus à l’œuvre dans la distribution des tâches parentales : les familles à enfant unique et les familles composées d’une fratrie. Elles correspondent soit à des choix reproductifs différents, soit à des moments distincts du cycle de vie familiale.
22Qu’il s’agisse d’habiller, de coucher, de s’occuper des loisirs ou des devoirs scolaires, les pères sont plus actifs auprès des enfants uniques et ces différences d’investissement sont confirmées quel que soit le sexe de la personne enquêtée (figure 3). La présence d’un seul enfant favorise non seulement une participation égalitaire des deux parents, mais aussi, en ce qui concerne le coucher, les loisirs et les devoirs scolaires, une prise en charge exclusive des pères, même si elle reste très secondaire face à l’implication maternelle. Ces résultats montrent-ils un investissement supérieur des pères auprès des bébés ou des petits enfants, pendant un temps, celui de la nouveauté ? Révèlent-ils une attention différente notamment dans la carrière scolaire de l’enfant unique qui cristallise les ambitions parentales ? Sont-ils plutôt le résultat d’un effet de sélection, les femmes peu disponibles limitant leur fécondité ? Ou bien, confirment-ils qu’avec la présence de plusieurs enfants, le schéma classique de partage des rôles reprend ses droits ? Trois explications non exclusives pourraient éclairer cette plus faible participation des pères de plusieurs enfants. La première tiendrait à leur investissement professionnel accru afin de maintenir le bien-être économique de la famille. La deuxième serait liée à la prise en charge par les femmes du surcroît de travail généré par l’accroissement de la taille de la fratrie, les pères ne changeant pas durablement les habitudes prises avec leur premier enfant. Enfin, les familles à plusieurs enfants font plus souvent appel à un tiers ; cette aide bénéficie-telle principalement aux pères en les autorisant à se mettre en retrait ?
Figure 3. Participation des pères et des mères aux tâches parentales selon la composition de la fratrie (%)

Source : Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
23Les conséquences du nombre d’enfants sur la prise en charge de l’accompagnement des enfants à leurs différents lieux de vie ne révèlent pas de tendance significative en fonction de la taille de la fratrie et les déclarations diffèrent selon le sexe du déclarant. Globalement, les pères de plusieurs enfants se déclarent légèrement plus actifs – grâce à une prise en charge exclusive plus fréquente – que ceux qui n’en ont qu’un. Les mères n’indiquent pas de différence dans l’implication de leur conjoint selon le nombre des enfants, tout en déclarant une prise en charge exclusive par les pères un peu plus fréquente lorsqu’il n’y a qu’un enfant.
III. Les facteurs de l’implication paternelle
24Dans un contexte où la majorité du travail parental est dévolue aux mères, quels sont les facteurs qui vont conduire les pères à s’impliquer au moins autant que leur compagne ? Pour chacune des cinq tâches parentales de nature différente et suscitant un investissement variable des pères, une régression logistique a été réalisée pour les familles ayant un seul enfant et pour celles comportant une fratrie. L’hypothèse est, d’une part, que les mécanismes à l’œuvre ne sont pas forcément les mêmes face à un enfant unique et pour une fratrie, et d’autre part, que les caractéristiques de l’enfant unique ou de la fratrie ainsi que celles du couple parental ont un impact sur les rôles parentaux. Les activités sont analysées de la plus féminisée à la plus mixte.
1. Habillage : des pères plus attentifs aux garçons
25L’habillage est la tâche parentale la plus féminisée et celle qui entretient les liens les plus étroits avec le travail domestique dévolu traditionnellement aux femmes : entretien du linge et hygiène du corps (Kaufmann, 1992 ; Brousse, 1999). Elle comporte également une dimension esthétique par le choix de la tenue vestimentaire. Rappelons que dans 17 % des ménages cette activité n’implique aucun des parents. Or, l’investissement paternel est moindre si l’enfant unique a plus de 6 ans et s’il est de sexe féminin (tableau 1, modèle 1a). Avec l’âge et l’autonomie grandissante de l’enfant, la présence parentale est moins nécessaire et il semble que les pères se retirent en premier. En effet, la nature de la tâche d’habillage évoluant vers une gestion du linge, dès lors sa féminisation est attendue. En outre, il s’agit d’aider l’enfant à choisir des vêtements propres, adaptés et en accord avec les codes vestimentaires – esthétiques, sociaux – de la famille. Les pères semblent moins qualifiés pour ce type de transmission, a fortiori auprès d’une fille. Par ailleurs, la relation à l’intimité et au corps peut conduire les pères à moins s’investir auprès de leur fille. Quoiqu’il en soit, ce résultat confirme les travaux des psychologues qui montrent que les pères s’engagent plus dans les soins quotidiens auprès de leur fils (Rouyer et Zaouche-Gaudron, 2006).
26Peu de caractéristiques du couple parental influent sur la participation paternelle dans l’habillage des enfants uniques (modèle 1a). La disponibilité joue et les pères qui travaillent moins ou autant que leur compagne aident plus leur enfant à s’habiller. Un effet de génération peut être soupçonné puisque les pères âgés de 35 ans et plus, qui ont une compagne du même âge, s’investissent moins. Cependant, ce constat ne concerne pas les hommes de ces mêmes générations et qui sont plus âgés que leur compagne. Une analyse plus fine en termes de cycle de vie serait nécessaire pour comprendre ces différences. Ces hommes ont-ils eu des enfants plus tardivement ? Souhaitent-ils aider leur compagne plus jeune ? Les couples « atypiques » dont la femme est plus âgée reproduisent plus souvent le schéma traditionnel. Dans ces cas aussi, des explications psychosociales sont certainement à rechercher.
27Avec la présence d’une fratrie dans le ménage, les discours divergent entre les hommes et les femmes. En effet, lorsque l’enfant est unique, la réponse est univoque quel que soit le sexe d’Ego, dès lors qu’il existe plusieurs enfants dans la famille, les femmes déclarent moins que les hommes la participation des pères. Soulignons que cette différence est récurrente quelles que soient les caractéristiques des couples (modèle 1b).
28Comme chez les enfants uniques, les caractéristiques de la fratrie sont importantes : la moindre participation du père lorsque les enfants ont plus de 6 ans est confirmée et la composition sexuée de la fratrie influe mais, de façon significative, uniquement pour les fratries mixtes dont l’aînée est une fille. Il semble qu’il y ait un apprentissage du métier de parents et les pratiques établies avec le premier enfant se perpétuent : un père qui n’a pas pris l’habitude avec sa fille aînée de s’impliquer dans cette tâche ne le ferait pas avec les cadets. Il n’est cependant pas simple d’expliquer pourquoi la participation masculine est moindre lorsque les cadets sont des garçons. L’aînée d’un ou de plusieurs garçons devient-elle plus rapidement autonome, aide-t-elle son ou ses frères, allégeant ainsi le travail parental et rendant moins nécessaire le recours au père ? Notons que, contrairement à ce qui pouvait être attendu, la taille de la fratrie ne joue pas. Le recours à un tiers ou la prise en charge par les enfants eux-mêmes qui est maximum pour cette activité, a fortiori dans les fratries, peut expliquer ce résultat.
29La disponibilité et les revenus introduisent des différences de comportements entre parents. Lorsque les femmes sont inactives, le partage des tâches avec les hommes renvoie à un modèle traditionnel. De même, plus les hommes assument un rôle de pourvoyeur économique, moins ils s’investissent dans cette activité quotidienne traditionnellement très féminisée. En revanche, les pères participent plus lorsque qu’ils travaillent moins ou autant que la mère et que la différence de ressources est moindre. L’âge des conjoints ne joue plus, contrairement à ce que l’on observait dans les familles à enfant unique.
Tableau 1. Modèles de régression logistique du risque pour le père de s’occuper au moins autant des enfants que la mère (Coef. Bêta)

Légende : facteurs significatifs ★ au seuil de 10 %, ★★ au seuil de 5 %, ★★★ au seuil de 1 %, Réf. : situation de référence.
Lecture : un coefficient positif (resp. négatif) et significatif indique que l’on est, en principe, en présence d’un facteur qui accroît (resp. diminue) la probabilité d’une participation du père au moins égale à la mère.
Source : Ined-Insee, Erfi-GGS1, 2005.
2. Devoirs scolaires : la compétence des parents fait consensus
30Aider les enfants à faire leurs devoirs scolaires, comme les aider à s’habiller, est une tâche quotidienne très féminisée, mais c’est aussi l’une des tâches où les pères s’investissent le plus comme « acteur principal ». Sa nature évolue avec l’âge et l’autonomie de l’enfant. Les familles composées d’enfants de moins de 6 ans n’étant pas concernées ont été exclues des modèles (2a et 2b). L’implication des parents auprès de ceux de 6 ans et plus peut aller du simple contrôle du travail réalisé, au soutien scolaire spécialisé dans une ou plusieurs disciplines et mobiliser alors des compétences spécifiques.
31Ainsi, le partage du travail parental relève moins d’une logique de spécialisation sexuée que d’une utilisation des compétences de chacun des parents au bénéfice de l’enfant, quel que soit son sexe, son âge et le nombre de ses frères et sœurs (modèles 2a et 2b). Le niveau de diplôme joue un rôle déterminant : les pères ayant un niveau plus élevé que leur compagne épaulent d’avantage leur(s) enfant(s). Dans l’idéal, les besoins des enfants, leurs difficultés scolaires, sont aussi à prendre en considération. En effet, Marie Gouyon et Sophie Guérin (2006) montrent que si les mères s’investissent plus lorsque les enfants ont des difficultés, elles le font aussi bien avec leur fille qu’avec leur garçon, alors que les pères ne s’investissent que lorsque ce sont leurs fils qui sont en difficulté. L’absence de telles données dans l’enquête Erfi ne permet pas de vérifier cette hypothèse. Quoiqu’il en soit, l’investissement au service de la réussite scolaire ne semble pas contesté ; il y a consensus dans les déclarations lors de l’enquête : une moindre déclaration de la participation des pères par les mères n’est pas significative tant dans les familles à enfant unique, que dans celles qui se composent d’une fratrie.
32La « négociation » au sein des couples relève de ressorts différents selon la présence d’un ou de plusieurs enfants. Lorsque l’enfant est unique, l’écart d’âge entre les conjoints constitue un déterminant important de l’investissement des pères dans l’aide aux devoirs scolaires. Les familles où le partage est le plus égalitaire sont celles où pères et mères ont le même âge, et cela est d’autant plus vrai s’ils sont âgés de moins de 35 ans. Quelle que soit la génération, lorsque les conjoints n’ont pas le même âge, que le père soit plus jeune ou plus âgé que la mère, celui-ci participe moins. Cette implication variable des pères selon leur âge et les écarts d’âge avec leur conjointe renvoie au parcours familial et aux trajectoires individuelles des parents, sources de définition ou de redéfinition du partage des responsabilités au sein de la famille.
33L’effet de l’âge disparaît lorsque les parents sont face à une fratrie. L’augmentation des activités ménagères et parentales, inhérente à la taille de la famille, et l’arbitrage entre le temps domestique et le temps consacré au travail, constituent alors des déterminants importants de l’implication des pères à l’aide aux devoirs des enfants. Le rôle joué par la disponibilité en temps de l’un et de l’autre des parents le montre. Si l’enfant est seul dans la famille, la participation des pères n’est pas déterminée par l’écart de temps consacré par les pères et les mères à l’activité professionnelle. En revanche, dès lors qu’il s’agit d’une fratrie, les pères travaillant moins ou autant que leur conjointe s’investissent plus dans le suivi scolaire des enfants, tandis que, dans les familles où la mère est inactive, ils se dégagent de ce rôle.
3. Accompagnement des enfants à différents lieux de vie : la disponibilité prime
34Les occasions d’accompagnement se diversifient et se multiplient avec l’âge des enfants. Pour les plus jeunes, la destination du trajet est le plus souvent le lieu de garde (résidence de l’assistante maternelle, crèche…), pour les plus grands, il s’agit de l’école, du collège, mais aussi parfois de différents lieux de loisirs réguliers (pratiques sportives, artistiques) ou irréguliers (visite culturelle, invitation chez des camarades, etc.). Parallèlement à cet accroissement des déplacements, les enfants deviennent plus autonomes et ont moins besoin d’accompagnateurs. Cette activité tournée vers des sphères sociales et géographiques extérieures à la famille ne nécessite pas une réelle interaction avec l’enfant et peut s’inscrire dans les activités des adultes. Si les trajets sont principalement assumés par la mère, les hommes participent cependant plus que pour les tâches d’habillage ou l’aide aux devoirs scolaires. Malgré cette tendance, hommes et femmes ne s’accordent pas dans leurs déclarations : à mêmes caractéristiques, les femmes minorent la contribution des hommes et ce, quel que soit le nombre d’enfants de la famille.
35Lorsqu’il n’y a qu’un seul enfant dans la famille, le partage de ce rôle de « taxi » semble très pragmatique et dépend uniquement de la disponibilité : les hommes ne consacrant pas plus de temps à leur travail que leur compagne, participent davantage (modèle 3a). Aucune autre caractéristique, ni du couple ni de l’enfant, n’explique le partage de cette tâche. On relève cependant une exception. Moins investis dans l’habillage et l’aide pour les devoirs scolaires, les pères plus jeunes que leur conjointe accompagnent aussi moins leurs enfants.
36Dès qu’il y a une fratrie, les caractéristiques des enfants vont moduler « la demande de transport » et la charge de travail. Des répercussions sur l’investissement paternel dans les transports sont alors observées (modèle 3b). L’implication des pères est minimum si les enfants sont âgés de moins de 6 ans et maximum si la fratrie est composée d’enfants de moins et de plus de 6 ans. Cette structure correspond à une charge de travail parental importante et surtout variée, les besoins des enfants se diversifiant selon l’âge. Elle favorise certainement un schéma traditionnel où la mère focalise son attention sur les plus petits, ou sur des tâches plus domestiques, et délègue au père le convoyage des plus grands. Les pères de fratrie dont tous les enfants ont fêté leur sixième anniversaire ont un positionnement intermédiaire : la multiplication des trajets favorise le partage, mais l’autonomie des enfants limite certainement la demande. Outre l’âge des enfants, la taille de la fratrie va également avoir des conséquences. Les pères de trois enfants sont les plus coopératifs : avec leur compagne, ils doivent faire face à une demande de transports importante. Mais l’accroissement du nombre d’enfants au-delà de trois n’entraîne pas une mobilisation plus importante des pères : assiste-t-on à un partage plus traditionnel des tâches dans les familles « nombreuses » ? Les enfants sont-ils plus autonomes – certains étant aussi plus âgés – et gèrent-ils leurs déplacements eux-mêmes ou entre eux ?
37Au-delà des caractéristiques propres à la fratrie, la disponibilité comme le revenu des deux parents jouent de façon attendue. Comme pour la participation à l’habillage et aux devoirs, les pères dont la durée de travail n’est pas supérieure à celle de la mère sont les plus coopératifs, alors que ceux dont la compagne est inactive sont le plus en retrait. De même, les hommes, dont le rôle de pourvoyeur économique est affirmé, s’impliquent moins directement dans la prise en charge des déplacements de leurs enfants.
4. Le coucher : les fils uniques bénéficient plus de l’implication paternelle
38Moment intime, qui peut inclure une prise en charge de l’hygiène (brossage des dents par exemple), le coucher est aussi un temps de loisirs lorsqu’il y a lecture d’une histoire, chansons ou discussions. C’est l’activité qui implique les échanges affectifs les plus intenses, rassurer et câliner les petits par exemple, mais qui peut aussi nécessiter une certaine sévérité pour imposer l’extinction des « feux » (lumières mais aussi télévision, ordinateur, téléphone, etc.) chez les plus grands. Moment privilégié dans la relation à l’enfant et peu contraignant sur l’emploi du temps professionnel des adultes, c’est l’une des activités les mieux partagées entre les parents. Cependant, comme pour l’habillage et la prise en charge des trajets, les déclarations des personnes enquêtées divergent selon leur sexe, qu’il y ait un seul enfant dans la famille ou une fratrie.
39Peu de variables présentes dans le modèle expliquent les différences de comportement entre les pères. De façon cohérente avec ce qui est observé pour l’habillage, les pères de filles uniques s’impliquent moins que les pères de fils uniques dans cet échange affectif et intime. Les pères de 35 ans et plus et les conjoints de femme inactive adoptent aussi une attitude plus traditionnelle et interviennent moins à ce moment de la journée (modèle 4a). L’effet des différentes caractéristiques n’est pas identique lorsque les parents ont à coucher une fratrie (modèle 4b). Ce n’est plus le sexe des enfants, mais leur âge qui influe, les fratries de « grands » devant plus souvent se passer de la présence paternelle. Participer au coucher ne suscite peut-être pas le même intérêt chez les pères lorsque les enfants sont plus grands et que la dimension affective est moindre. Une autonomie accrue qui permet aux enfants de se coucher seuls, dédouane-t-elle les pères ? Comme pour l’habillage, une réponse positive confirmerait le caractère volontaire, non obligatoire de la participation masculine et ainsi leur place en deuxième ligne (Bauer, 2006). C’est dans les couples plus égalitaires par le temps de travail, dans ceux où le père a un niveau d’études supérieur à celui de la mère, ou lorsque les deux parents ont fait des études supérieures, que les pères saisissent le plus les opportunités de relations avec les enfants offertes par le coucher.
5. Les loisirs : des pratiques fortement sexuées
40Enfin, d’après l’ensemble des réponses des pères et des mères, la participation aux loisirs des enfants est la tâche parentale la mieux partagée. C’est aussi celle que les pères assument le plus souvent en qualité « d’acteur principal ». Centrée sur quelques activités pour les plus jeunes – jouer, lire des histoires, se promener –, elle se diversifie avec l’âge des enfants et peut parfois inclure des pratiques sportives ou artistiques communes et la « consommation » de produits culturels (spectacles, expositions, etc.) qui intéressent toute la famille. Cette tâche parentale présente un fort potentiel éducatif – transmission de pratiques sportives et culturelles, ouverture sur des mondes extrafamiliaux – et affectif. Elle est la plus éloignée du travail domestique. En dépit de son caractère « mixte », hommes et femmes ne s’accordent pas sur leur participation respective, chacun revendiquant, une fois encore, une implication supérieure, quel que soit le nombre d’enfants présents.
41Les pères de fils uniques s’investissent plus que les pères de filles uniques (modèle 5a). Les loisirs des enfants, comme ceux des adultes, sont très connotés sur un plan sexué (Belotti, 1974 ; Falconnet et Lefaucheur, 1975 ; Boyer, 1999 ; Bergonnier-Dupuy, 1999 ; Lehingue, 2003). La « proximité de goûts » et la similitude des pratiques entre fils et pères favorisent certainement l’implication de ces derniers, faisant de ces échanges des moments forts de la transmission des comportements sexués. Sylvie Octobre souligne ainsi que les discussions au sujet des loisirs sont polarisées selon le sexe. Les filles seraient plus proches de leur mère, les fils de leur père, révélant un partage sexué des pratiques : « les pères sont plus nombreux à participer au hobby de leur fils qu’à celui de leur fille, autour de goût et d’activités communs, comme le football par exemple mais aussi l’informatique » (Octobre, 2005, p. 6).
42L’absence d’influence de la disponibilité en temps dans l’implication aux loisirs témoigne de l’importance, pour les pères, de ce temps partagé. Contrairement aux femmes, lorsque par manque de temps les hommes renoncent à s’occuper de leurs enfants, ils abandonnent principalement les activités domestiques au profit « de temps libres passés avec eux ». C’est notamment l’un des résultats d’une enquête relative à l’emploi des heures disponibles dégagées par la loi sur les 35 heures. Les hommes consacrant plus de temps à leurs enfants s’investissent en effet en priorité dans l’accompagnement à des activités et dans les loisirs (Méda et al., 2004). Partager des loisirs apparaît donc comme un temps choisi, intéressant et gratifiant pour les hommes. Les pères de moins de 35 ans plus âgés que leur compagne et ceux qui, sans avoir fait d’études supérieures, sont plus diplômés qu’elle, apparaissent comme les plus motivés par cette activité. À l’inverse, ceux qui vivent dans des foyers ou la transparence sur les revenus n’est pas de mise, sont moins impliqués.
43Fait incontestable, dans les fratries aussi, pères et mères s’investissent plus avec les enfants de leur sexe (modèle 5b). Si un père n’a que des garçons, ou si les plus jeunes sont des garçons – ou que parmi les plus jeunes, il y a des garçons – il partagera plus de loisirs avec eux. À l’inverse, il sera en retrait s’il n’a que des filles, ou si parmi les cadets, il y a des filles, confirmant ainsi les observations formulées pour les enfants uniques. Par ailleurs, lorsque les enfants ont tous plus de 6 ans et lorsqu’ils sont nombreux (4 ou plus), les pères participent moins, résultats qui tendent à confirmer, à nouveau, leur place subsidiaire. Avec des enfants plus autonomes, le recours au père est moindre, même pour cette activité fortement valorisée. De même, dès qu’il y a plusieurs enfants, le poids de la contrainte du temps apparaît : les pères dont le temps de travail est inférieur ou équivalent à celui de la mère s’occupent plus des loisirs que ceux qui travaillent plus que leur conjointe, qu’elle soit active ou non. L’impact du revenu dans les familles est confirmé ; les pères qui assurent les trois quarts des ressources du ménage sont en retrait. Ainsi, même pour cette tâche parentale mixte et « récréative », les ressorts classiques de la partition du travail parental opèrent. Enfin, dans les générations de 35 ans et plus, lorsque l’écart d’âge entre les parents correspond aux normes traditionnelles, à savoir que l’homme est plus âgé que sa compagne, le père participe plus aux loisirs renforçant ainsi le portrait classique de la division du travail au sein des couples. Il en va de même chez les hommes qui n’ont pas fait d’études supérieures, contrairement à leur conjointe.
Conclusion
44Loin de l’idéal égalitaire, la réalité que présente l’enquête Erfi confirme l’hétérogénéité de l’engagement des pères et des mères auprès de leur(s) enfant(s) et les enjeux présents entre les parents dans la répartition des tâches parentales. Les différences de déclarations entre pères et mères témoignent de discours sexués où le partage des tâches reflète une réponse à des normes et à des adhésions identitaires. Si les femmes restent, quel que soit le type de tâche, plus investies que les pères, certaines activités sont, plus encore, l’apanage des mères, comme l’habillage, les devoirs, et dans une moindre mesure l’accompagnement des enfants à la crèche, chez la nourrice, à l’école ou à d’autres activités. Le coucher et les loisirs suscitent, en revanche, un partage plus équitable. Ces premiers résultats montrent l’importance de distinguer les tâches de prise en charge des enfants. Certaines sont plus proches des tâches domestiques alors que d’autres constituent des moments clefs de la construction de la relation avec l’enfant, des moments d’échanges affectifs ou éducatifs. Les bénéfices pour les adultes et les contraintes qui sont liées à la prise en charge de ces activités vont moduler l’implication des pères auprès des enfants. L’investissement des hommes, plus variable que celui des femmes, se révèle plus marqué dans les activités d’ouverture vers l’extérieur de la famille et à fort potentiel affectif et relationnel, celles aussi qui potentiellement empiètent le moins sur les horaires de travail.
45Les rapports sociaux intergénérationnels de sexe et la nature des prises en charge des enfants semblent bien jouer sur l’implication des parents. L’existence de comportements différenciés selon la structure de la fratrie en témoigne. Ainsi, l’investissement des pères dans l’habillage, le couchage et les loisirs apparaît moindre avec les filles, alors que le discours parental est autre dans une société qui valorise l’égalité entre les sexes et la mixité (Dafflon Novelle, 2006a). Les comportements des parents demeurent finalement fortement orientés par les stéréotypes de sexe même si, dans les enquêtes, ils affirment, le plus souvent, ne pas les prendre en compte (Rouyer et Zaouche-Gaudron, 2006). Cependant, l’analyse faite à partir de l’enquête Erfi ne permet de vérifier qu’en partie cette hypothèse. Malheureusement, les données n’offrent pas la possibilité de distinguer, dans les fratries, pour chaque enfant, selon son sexe, le degré d’implication des pères et des mères. Parmi les autres caractéristiques de la fratrie, l’âge apparaît comme le plus discriminant et cela pour toutes les activités, à l’exception de l’aide aux devoirs scolaires. Pour les plus jeunes enfants, l’absence d’autonomie et la nature des tâches impliquent un investissement accru des mères, qui n’est compensé qu’en partie et pour certaines tâches, par la participation des pères. Le nombre d’enfants dans la famille joue sur l’implication paternelle, soit en la favorisant, certainement en réponse à une augmentation de la charge de travail pour l’accompagnement, soit en la diminuant du fait de la dynamique « entre enfants » pour les loisirs.
46Au-delà des caractéristiques de la fratrie, les variables révélatrices des rapports sociaux entre les parents confirment la logique sociale inhérente aux modèles plus ou moins traditionnels de partage des tâches de prise en charge des enfants au sein du couple. L’implication professionnelle en temps de travail et la participation économique des pères et des mères au revenu du ménage, représentent bien les deux déterminants majeurs du partage des tâches parentales auprès des enfants. Ainsi, dans les familles où la femme est inactive et/ou l’homme est le principal pourvoyeur économique du ménage, la participation des pères est fortement réduite. Les diplômes ont un effet indéniable lorsqu’une compétence est nécessaire comme pour l’aide aux devoirs. Les études supérieures semblent aussi favoriser la valorisation de la présence paternelle auprès des enfants lors de moments intimes. Enfin, la génération et la différence d’âge entre conjoints ont des effets plus contrastés selon les activités.
47Ces résultats montrent l’intérêt de poursuivre l’étude des relations entre, d’une part, l’organisation économique et sociale de la famille, les caractéristiques sociodémographiques des enfants et la structure de la fratrie, et d’autre part, le partage des tâches de prise en charge des enfants par les parents. Si la présence de freins au partage égalitaire liée aux rapports sociaux intra-générationnels de sexe est connue, le rôle des rapports sociaux intergénérationnels de sexe apparaît fortement probable. Ainsi apparaît un double paradoxe. Alors que notre société prône l’égalité entre les femmes et les hommes, et entre les filles et les garçons, elle n’est avérée ni pour les adultes ni pour les enfants. Dès lors, les pratiques éducatives des parents participent à la socialisation différentielle et à la perpétuation des identités sexuées, dans un contexte où les discours médiatiques sur le partage des activités parentales évoluent plus rapidement que les comportements.
Bibliographie
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Notes de bas de page
Auteurs
Maître de conférences en démographie, enseignante chercheuse à l’université de Paris-Ouest Nanterre-La Défense (département de Sociologie) et directrice du Centre de recherche Populations et Sociétés (Cerpos). Ses recherches portent sur la socialisation des enfants et la « construction » des identités sexuées, notamment à travers les pratiques parentales et les représentations transmises par des écrits destinés à la jeunesse (albums illustrés, magazines, manuels scolaires, etc.). Elle travaille également sur les choix reproductifs, la planification familiale, la santé de la reproduction, les politiques démographiques, plus particulièrement en Amérique latine, ainsi que sur l’influence des rapports sociaux de sexe sur les comportements démographiques.
Maître de conférences en démographie, enseignant-chercheur à l’université de Paris-Ouest Nanterre-La Défense (département de Sociologie), rattaché au Centre de recherche Populations et Sociétés (Cerpos) et chercheur associé à l’Ined. Ses recherches portent sur l’étude des histoires de vie en démographie, le passage à l’âge adulte et la formation de la famille en France et en Europe. Les dynamiques familiales et migratoires en Amérique latine constituent un autre de ses champs d’études. Il coordonne également, avec Cécile Lefèvre et Alain Blum, l’exploitation comparée de l’enquête Erfi avec d’autres pays (Russie, Géorgie, Lituanie).
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