Chapitre 11. Infécondité et fécondité tardive
p. 285-302
Note de l’auteur
Cette recherche a été financée par une bourse du European Research Council (n° 284238, EURREP) dans le cadre du programme Européen FP7.
Texte intégral
Introduction
1Rester sans enfant est de plus en plus commun en Europe. Dans certains pays comme l’Autriche, la Finlande ou le Royaume-Uni jusqu’à un cinquième des femmes pourraient ne pas avoir eu d’enfant au terme de leur vie féconde (Sardon, 2006). Diverses raisons de rester sans enfant peuvent être évoquées, qui incluent un aspect volontaire, mais aussi un aspect involontaire lié aux circonstances de la vie : problèmes de santé, infertilité, absence de conjoint ou conjoint avec lequel on ne désire pas d’enfant, etc. (Debest, 2013 ; Merz et Lief broer, 2012 ; Tanturri et Mencarini, 2008 ; Toulemon, 1995). Ces circonstances peuvent changer au cours de la vie et les intentions se modifier, et le non-désir d’enfant peut aussi s’inscrire dans le temps si la personne s’habitue à mener une vie sans enfant (Gray et al., 2013). Avec une meilleure maîtrise individuelle de la fécondité grâce aux moyens contraceptifs, et des premières naissances potentielles de plus en plus tardives, avoir des enfants ou non dépend de plus en plus des dernières années de la vie féconde. Il est donc intéressant d’analyser de façon plus précise la manière dont cette période de la vie se déroule en termes de désir d’enfant et de réalisation, d’explorer les changements d’intention et de mettre en lumière la diversité des situations de fécondité tardive.
2Les récentes décennies sont marquées par un report important de l’âge à la première naissance en Europe, et la France n’est pas une exception. Alors qu’environ un sixième des femmes et à peine un quart des hommes n’avaient pas d’enfant à 35 ans dans les cohortes 1946-1950, ce sont respectivement un cinquième des femmes et un tiers des hommes dans les cohortes 1971- 1975 (Masson, 2013). Cela ne signifie cependant pas toujours que ces personnes ne veulent pas d’enfant, mais plutôt que le début de leur vie familiale a commencé plus tard, notamment du fait de l’allongement des études (Ní Bhrolcháin et Beaujouan, 2012). Une contraception efficace laisse également la place pour un choix individuel de liberté et d’émancipation du destin biologique (Debest, 2013), sur le court ou le long terme. Bien que la parenté tardive ait toujours été fréquente, notamment en raison de descendances nombreuses (pour les naissances de rang élevé), de plus en plus de personnes ont un premier enfant « sur le tard » (Bessin et al., 2005).
3Les couples font plus souvent face à des difficultés à concevoir ou à mener une grossesse à terme en vieillissant (Mazuy et De La Rochebrochard, 2008). Un peu moins d’une femme sur cinq âgée de 35 ans ne peut plus avoir d’enfant, une sur trois à 40 ans et deux sur trois à 45 ans (Leridon, 2008). Les hommes n’ont pas les mêmes contraintes, leur fertilité diminuant moins rapidement que celle des femmes (De La Rochebrochard et al., 2006 ; Fisch et Braun, 2005) mais, d’une part, l’âge de leur conjointe doit être pris en compte et, d’autre part, l’infertilité masculine n’est pas rare et l’homme est à l’origine des problèmes de fécondité du couple dans quatre cas sur dix (Fisch et Braun, 2005).
4Les hommes ont en outre des trajectoires différentes vers l’infécondité, la désirant plus souvent comme garantie d’une liberté sans contrainte (Donati, 2000). Parmi eux, les plus diplômés et ceux qui ont une carrière stable seront le moins souvent sans enfant, à l’inverse des femmes (Keizer et al., 2008). La fécondité des hommes semble également bien plus façonnée par leur trajectoire conjugale que celle des femmes. L’évolution du désir d’enfant1 suit-elle la même logique pour les hommes et pour les femmes, et leurs comportements reflètent-ils cette variété ? Les femmes qui désirent des enfants rapidement à 35-44 ans en ont-elles aussi souvent que les hommes, sachant qu’elles sont d’autant plus contraintes par l’« horloge biologique » (Beaujouan et Solaz, 2013 ; Billari et al., 2011) ?
5Les intentions de fécondité changent avec l’âge et les circonstances de la vie (Gray et al., 2013 ; Hayford, 2009 ; Iacovou et Patricio Tavares, 2011 ; Liefbroer, 2009). Lorsqu’ils arrivent en fin de vie féconde et ne veulent pas d’enfant, les hommes et les femmes peuvent avoir désiré ne pas être parents dès leur jeunesse (Debest, 2013), mais ils peuvent aussi avoir changé d’avis au fil de leur existence. De même, il est possible de désirer un enfant seulement lorsque les circonstances y sont propices, et de passer d’un état d’incertitude à des résolutions plus tranchées, par exemple après les études ou lors d’une mise en couple (Ní Bhrolcháin et Beaujouan, 2011). Les intentions des personnes sans enfant en fin de vie féconde pourront donc largement varier selon les circonstances qui les ont amené à 35 ans à ne pas avoir d’enfant (Tanturri et Mencarini, 2008).
6Nous analysons ici les possibilités d’avoir des enfants tardivement en gardant à l’esprit que cet événement est guidé aussi bien par le désir d’enfant que par la faisabilité du projet. Après avoir analysé les intentions de fécondité aux différents âges, leur fermeté et leurs éventuelles variations au fil du temps, nous ferons une étude comparée des hommes et des femmes qui atteignent les âges moins féconds, selon qu’ils aient ou non des enfants, et regarderons s’ils ont eu les enfants qu’ils souhaitaient avoir dans un futur proche. Nous regarderons également si ceux qui n’en ont pas changent d’avis en termes d’intention et récapitulerons les caractéristiques des personnes les plus tardives en matière de décision de fécondité.
I. Définitions et mode d’utilisation des données
7Les âges de 35 et 40 ans sont d’excellents pivots pour l’étude de la fécondité tardive, car ces âges ronds sont des marqueurs symboliques. Il ressort en effet que les âges compris entre 25 ans et 35 ans sont perçus comme de bons âges pour concevoir (Mazuy, 2006). En outre, la perception générale en France est qu’en moyenne, il ne serait plus souhaitable pour une femme d’avoir un enfant après 40 ans et pour un homme après 45 ans (Toulemon et Leridon, 1999). De même, 40 ans apparaît comme un âge critique pour les médecins qui se montrent plus réticents à réaliser une fécondation in vitro (Bühler, 2014). Nous étudions donc deux groupes d’âges plus en détail, 35- 39 ans et 40-44 ans. Les définitions de la fécondité et de la fertilité sont telles que celles proposées par Henri Leridon (2010). Notamment, « la fertilité mesure l’aptitude à procréer, indépendamment des souhaits des individus ». L’infécondité finale désigne la proportion de femmes et d’hommes d’une génération qui atteignent la fin de leur vie féconde sans avoir eu d’enfant.
8Trois questions ont été utilisées pour déterminer les intentions de fécondité (encadré 1). Les réponses indiquent si la personne cherche actuellement à avoir des enfants, ses intentions à court terme et ses intentions à plus long terme. Les questions étaient posées dans chacune des vagues de l’enquête : les réponses de 1 881 hommes et 2 550 femmes âgés de 20 à 44 ans en 2005 sont disponibles pour l’étude qui couvre uniquement la première vague (2005), et celles de 1 042 hommes et 1 560 femmes pour l’étude qui couvre la première et la dernière (2005 et 2011)2.
II. Être sans enfant, un désir changeant ?
1. Rester intentionnellement sans enfant est toujours rare
9Parmi les femmes nées dans les années 1960, un peu plus de 10 % resteraient sans enfant d’après les données de l’Observatoire démographique européen (Sardon, 2006). Dans Érfi, parmi les personnes âgées de 40 à 44 ans en 2005 (nées en 1960-66), 22 % des hommes et 11 % des femmes n’ont pas d’enfant (figure 1). L’infécondité finale dans les cohortes 1961-1965 calculée à partir de l’Enquête Famille et logements (EFL, Insee, 2011) est respectivement de 21 et 13 % (Masson, 2013). Les chiffres sont donc relativement cohérents d’une source à l’autre, bien que l’estimation issue de l’EFL soit plus élevée pour les femmes.
Encadré 1. Questions sur les intentions de fécondité issues de la vague 1, construction des catégories de réponse, filtres et attrition
Cherchez-vous actuellement à avoir un enfant ?
1. Oui
2. Non, pas pour l’instant
3. Non, je ne veux plus d’enfant, ni maintenant ni plus tard
Si « 2 » (Non, pas pour l’instant) à la question précédente : Vous-même, voudriez-vous avoir d’autres enfants, maintenant ou plus tard (en plus de celui que vous attendez) ?
1. Oui
2. Non, mais peut-être plus tard
3. Non, ni maintenant ni plus tard
9. Ne sait pas
Si « 1 » ou « 2 » ou « 9 » à la question précédente : Souhaitez-vous avoir un enfant dans les trois années à venir (en plus de celui que vous attendez) ?
1. Non
2. Non, probablement pas 3. Oui, probablement
4. Oui
9. Ne sait pas
Les modalités de notre variable sur les intentions ont été reconstruites à partir de ces trois questions (voir aussi tableau 1) : « essaie maintenant » (Oui à la première question), « oui dans les trois ans » (Oui ou Oui, probablement à la troisième question), « oui plus tard » (Oui à la deuxième question mais pas à la troisième), « ne désire aucun enfant » (Non, ni maintenant ni plus tard à la deuxième question), « ne désire plutôt pas d’enfant, incertain » (Non, mais peut-être plus tard ou Ne sait pas à la deuxième question, et pas Oui ou Oui, probablement à la troisième question).
Nous avons également tenu compte des filtres sur la fertilité et la stérilisation, et des limites d’âge dans l’enquête. Ainsi, les personnes qui disent que leur couple ne peut pas avoir d’enfant, mais aussi celles en couple de même sexe ne sont pas éligibles. En 2005, les femmes de moins de 45 ans et les hommes seuls de moins de 45 ans, ou en couple avec une femme de moins de 45 ans (sans limite d’âge pour l’homme) ont été interrogés sur leurs intentions d’avoir des enfants. En 2011, la limite d’âge a été déplacée de 5 ans jusqu’à 49 ans. Les personnes âgées de 44 ans à la première vague (2005), et qui étaient donc âgées de 50 ans à la troisième vague (2011), n’ont par conséquent pas été interrogées sur leurs intentions d’avoir des enfants en 2011 (sauf les hommes dont la conjointe a moins de 50 ans)(1).
Concernant l’étude de l’attrition, nous utilisons ici des variables qui ont été présentées dans le chapitre 2 : sexe, âge, statut parental, statut de couple et diplômes. L’attrition sur ces caractéristiques a été en grande partie corrigée par les pondérations. La qualité du suivi des personnes selon leurs intentions est moins certaine. Nous calculons donc la distribution des intentions de 2005 sur l’échantillon complet de 2005, puis toujours sur l’échantillon de 2005 mais limité aux seuls répondants à la troisième vague (tableau 1). Il s’avère que les proportions concernées par chaque intention sont comparables dans l’échantillon avant et après attrition, ce qui laisse présager d’un biais lié à l’attrition limité.
(1) Nous considérons qu’elles ne désirent plus d’enfant, car nous observons que dès 48-49 ans, plus aucune femme ne désire d’enfant, ni aucun homme de 50 ans en couple avec une femme de moins de 50 ans.
Tableau 1. Proportion (%) d’hommes et de femmes dans chaque situation en 2005, en utilisant l’ensemble de l’échantillon (Érfi1) et l’échantillon réduit après attrition

Champ : hommes et femmes âgés de 20 à 44 ans lors du premier passage, échantillon complet 2005, et échantillon de 2005 après avoir supprimé les personnes qui sortent entre les vagues du fait de l’attrition. Note : application des poids longitudinaux sur le deuxième échantillon (Érfi123). Lecture : 8,5 % des femmes interrogées en 2005 déclaraient « essayer maintenant » d’avoir un enfant. Cette proportion est de 7,9 % si on limite l’échantillon aux seules femmes ayant été réinterrogées six ans plus tard.
Source : Érfi-GGS1-3, Ined-Insee, 2005-2011.
10Malgré la légère augmentation de la proportion de personnes sans enfant en fin de vie féconde (Masson, 2013), le désir explicite de ne pas avoir d’enfant reste très peu commun : avant 40 ans, moins de 6 % de l’ensemble de la population signifie son désir de ne jamais avoir d’enfant (figure 1). Cependant, une partie importante des plus jeunes est assez ambivalente sur son désir d’avoir un enfant : 22 % des hommes et 13 % des femmes de 20 à 24 ans ne désirent « plutôt pas d’enfant/incertains »3. Le reste des personnes sans enfant, soit environ 7/10e pour les hommes et 4/5e pour les femmes, désirent avoir un enfant.
Figure 1. Intentions de fécondité (en 2005) des personnes sans enfant, par sexe et âge

Champ : hommes et femmes âgés de 20 à 44 ans à l’enquête, ne se disant pas infertiles. Lecture : à 20-24 ans, 93 % des hommes n’ont pas d’enfant, 6 % ne désirent aucun enfant, 22 % ne désirent plutôt pas d’enfants ou sont incertains et 66 % désirent un enfant.
Source : Érfi-GGS1, Ined-Insee, 2005.
11Considérant les contraintes physiques auxquelles les femmes sont confrontées, la part de celles sans enfant qui en désirent toujours un à des âges plus tardifs est élevée : plus de la moitié à 35-39 ans et plus d’un cinquième à 40-44 ans (partie supérieure de la barre reportée au total dans la figure 1). Parmi les hommes, les proportions sont légèrement supérieures à 40-44 ans et, étant plus nombreux que les femmes à ne pas avoir d’enfant à ces âges, ils sont d’autant plus nombreux au total à toujours en désirer un.
2. Les intentions de rester sans enfant se transforment avec l’âge
12Grâce au suivi des intentions six ans après, on constate qu’une partie des personnes sans enfant et qui n’en désiraient pas ou étaient plutôt négatives à ce sujet ont reconsidéré leur projet (figure 2a ; voir également chapitre 9). Une part non négligeable a en fait eu des enfants (8 % des hommes, 7 % des femmes). La révision du projet est particulièrement fréquente avant 30 ans, où les désirs étaient plus incertains. Par exemple, 27 % des hommes et 21 % des femmes de 20-24 ans sans enfant qui ne désirent pas particulièrement d’enfant en 2005 (total des trois zones de la figure 2a), seuls 5 % des hommes et 2 % des femmes n’en ont pas eu et n’en désirent toujours pas six ans plus tard.
13Un certain nombre de personnes sans enfant âgées de 20 à 24 ans en 2005 changent donc d’avis sur la période, et dans les deux directions : 7 % des hommes et 4 % des femmes disent ne plus désirer d’enfant alors qu’ils souhaitaient en avoir auparavant (figure 2b), et 14 % des hommes et 12 % des femmes désirent des enfants alors qu’ils n’en désiraient pas en début de période (figure 2a). Ensuite, la part des personnes qui désiraient un enfant lors de la première vague mais qui infirment cette intention augmente avec l’âge. Ce changement est le plus fort (27 %) chez les femmes âgées de 35 à 39 ans en 2005 (qui passent le cap des 40 ans entre les deux vagues d’enquête). Cela rejoint le résultat montrant qu’en France et en Italie, jusqu’à 30-34 ans, les femmes (mères ou sans enfant) avec des intentions positives, qui n’ont pas eu d’enfant en trois ans tendent plutôt à reporter leur projet qu’à y renoncer, mais qu’au-delà elles y renoncent plus souvent (Régnier-Loilier et Vignoli, 2011). De récents travaux ont montré des tendances similaires en Autriche même si, finalement, moins de personnes ont des enfants qu’en France (Beaujouan et Sobotka, 2013).
Figure 2. Changement d’intention des personnes sans enfant entre 2005 et 2011, par sexe et âge

Champ : hommes et femmes âgés de 20 à 44 ans et sans enfant en 2005, présents aux deux vagues d’enquête. Note : le complément pour obtenir 100 % du champ considéré est le suivant : « 2005 : voulait un enfant ; 2011 : a eu un enfant ou l’attend ». Les effectifs pour les hommes et femmes sans enfant qui ne désirent pas d’enfant ou incertains en 2005 sont faibles (entre 15 et 38 personnes, selon le groupe d’âges). Source : Érfi-GGS1-3, Ined-Insee, 2005-2011.
14Cependant, parmi les personnes qui n’ont pas d’enfant, le report d’une intention positive semble continuer jusqu’à des âges tardifs, en particulier chez les hommes (figure 2b). Ceux-ci changent moins d’avis, en positif ou en négatif, sauf après 40 ans où les femmes semblent avoir stabilisé leurs intentions. Nous distinguons donc deux trajectoires bien spécifiques pour les hommes et pour les femmes, qui peuvent correspondre à une perception différente des contraintes qui les entourent. Notamment, la représentation du temps biologique peut varier nettement pour les hommes, qui ont eux-mêmes moins de contraintes physiques. Mais aussi, ces différences de trajectoires peuvent refléter des différences hommes-femmes dans la représentation de la trajectoire personnelle de fécondité, la subjection aux normes sociales sur l’âge à la parentalité (Billari et al., 2011) et l’injonction à la parentalité en général (Debest, 2013).
III. Un souhait d’enfant qui perdure malgré l’âge
1. Vouloir un enfant aussi tôt que possible ?
15Les désirs d’enfant changent avec la trajectoire, et peuvent se renforcer au tournant d’une nouvelle union ou en vieillissant. À l’opposé, ils peuvent diminuer ou rester peu concrets face à une séparation, à des problèmes de santé ou, de nouveau, du fait de l’âge. Nous nous concentrons donc à présent sur les personnes plus âgées qui, d’une part arrivent à des âges moins féconds et, d’autre part, ont moins de chances de concevoir un enfant même lorsqu’elles le désirent. Pour une meilleure perspective, nous comparons les personnes sans enfant et les parents, dans les groupes d’âges 35-39 ans et 40-44 ans.
16Les personnes sans enfant désirent plus souvent un enfant que les parents, dans les deux groupes d’âges et pour les deux sexes (figure 3). Comme indiqué précédemment, cela peut être lié à un report de la première naissance vers des âges plus tardifs. De fait, celles et ceux qui ont fait des études, consacré du temps à leur carrière ou à d’autres activités, ou qui n’étaient pas en couple, ont moins souvent eu des enfants, mais peuvent toujours en désirer lorsqu’ils atteignent 35 ans. Les parents ont, en revanche, déjà eu un certain nombre d’enfants et une partie d’entre eux n’en désirent pas davantage. Les hommes, qui commencent en général leur vie féconde un peu plus tard que les femmes et connaissent moins de limites biologiques, ont des intentions légèrement plus élevées que celles-ci. Seuls les hommes sans enfant à 35-39 ans sont proportionnellement moins nombreux que les femmes à souhaiter un enfant (plus de la moitié des femmes sans enfant essayent alors de concevoir un enfant ou en désirent un dans les trois ans).
Figure 3. Hommes et femmes âgés de 35 à 44 ans qui essaient d’avoir un enfant, ont l’intention d’en avoir un dans les trois ans ou après, par âge et statut parental en 2005(%)

Champ : hommes et femmes âgés de 35 à 44 ans et qui n’attendent pas d’enfant. Note : il y a plus de 80 personnes à chaque dénominateur.
Source : Érfi-GGS1, Ined-Insee, 2005.
17Il est notable que les personnes âgées de 35 ans ou plus désirent un enfant très rapidement : soit elles essaient, soit elles le souhaitent dans les trois années qui viennent, mais très peu reportent à plus de trois ans. Le court terme de ces intentions semble refléter une certaine conscience de la « fenêtre de fécondité » et donne une impression d’urgence. Parmi les personnes sans enfant de 35 à 39 ans, seuls 12 % des hommes et 6 % des femmes envisagent d’avoir un enfant dans un futur plus lointain.
2. Parmi les plus âgés, les intentions positives ne sont en général pas réalisées dans les six ans
18Les effectifs de personnes de 35 ans ou plus qui avaient l’intention d’avoir un enfant en 2005, différenciées par statut parental, sont trop faibles pour entrer dans le détail des changements entre les vagues. On peut tout de même dire qu’environ un tiers des hommes et un cinquième des femmes âgés de 35 à 44 ans en 2005 et qui désiraient alors un enfant, en ont un six ans plus tard (figure 4). La réalisation du projet varie donc selon le sexe. L’intention d’avoir des enfants ne perdure que peu chez les pères et les mères qui n’ont pas eu d’enfant dans l’intervalle. En revanche, les personnes sans enfant semblent persévérer davantage pour essayer d’en avoir et un cinquième des femmes et deux cinquièmes des hommes continuent de désirer un enfant. En complément, deux tiers de ces femmes changent d’intention, mais moins de 40 % des hommes (calcul à partir des proportions de la figure 4). Comme dans la littérature sur les familles recomposées, on retrouve ici qu’avoir au moins un enfant est souhaité, comme une étape permettant d’accéder au « statut de parent » (Buber et Fürnkranz-Prskawetz, 2000). Certaines femmes ont également un enfant très rapidement en deuxième union, mais moins les hommes (Beaujouan et Solaz, 2013 ; Buber et Fürnkranz-Prskawetz, 2000). Ce sont bien ces contrastes que l’on retrouve, alors que les hommes semblent avoir des intentions plus flexibles, comme s’ils percevaient une fenêtre d’opportunité plus grande.
Figure 4. Naissances et intentions de fécondité six ans plus tard, parmi les personnes qui avaient l’intention d’avoir un enfant, par statut parental en 2005

Champ : hommes et femmes âgés de 35 à 44 ans, qui désiraient un enfant en 2005, présents aux deux vagues d’enquête. Note : les effectifs sont de 40 hommes sans enfant et de 62 pères, et, respectivement, de 35 et 74 femmes.
Source : Érfi-GGS1-3, Ined-Insee, 2005-2011.
3. Les personnes sans enfant et celles qui essaient d’en avoir ont des désirs plus persistants
19Les intentions se transforment avec l’arrivée à des âges moins féconds : une grande proportion de personnes qui n’ont pas eu l’enfant souhaité reviennent alors sur leur intention, ce qui pourrait être assimilé à un renoncement ou à du réalisme. Nous explorons maintenant les circonstances qui sont les plus favorables à une naissance et celles qui sont le plus associées à un changement d’avis à partir de 35 ans. Ceux qui ont le plus retardé la première naissance peuvent aussi renoncer plus tardivement à leurs intentions : les plus diplômés, ceux qui cohabitent sans être mariés (versus mariés), les hommes. À l’inverse, ceux qui ont déjà eu des enfants et n’en désirent plus, ou ceux qui ne désirent pas d’enfant depuis longtemps, risquent de moins changer d’avis tardivement. Finalement, ceux qui essayaient d’avoir un enfant en 2005 risquent de moins modifier leurs intentions et devraient avoir plus de chances d’avoir des enfants que ceux qui ont l’intention d’en avoir sans pour autant chercher à concevoir en 2005.
20Nous récapitulons ici, pour toutes les personnes qui arrivent en fin de vie féconde, les caractéristiques dominantes (a) de celles qui ont un enfant entre 2005 et 2011, (b) de celles qui changent leurs intentions et (c) de celles qui ne changent pas leurs intentions.
21Afin de modéliser ces événements, nous mettons en place un modèle à risques compétitifs. Il s’agit d’une régression logistique dans laquelle nous reconstituons simultanément les risques relatifs d’avoir connu l’un des trois événements dans la période étudiée, pour un même ensemble de personnes au départ. Notre champ d’étude couvre les personnes âgées de 35 à 44 ans lors de la première vague (2005). Elles sont étudiées selon leurs caractéristiques en première vague : intentions (négatives, positives, essaie d’avoir un enfant), sexe, statut conjugal, parental et niveau d’études.
22Les figures 5a et 5b représentent les probabilités estimées pour les deux premiers événements, auxquels nous nous intéressons le plus ici, le troisième étant présenté en annexe 1. Elles montrent la probabilité d’occurrence de l’événement choisi pour les personnes avec une caractéristique définie, lorsque toutes les autres variables sont fixées à leur moyenne pour cet événement. Par exemple, dans la figure 5a, le premier point correspond à la probabilité estimée qu’un homme qui a l’âge moyen des hommes de l’échantillon et le statut parental, la situation de couple, l’intention et le niveau de diplôme représentatifs de l’ensemble des hommes de l’échantillon, ait un enfant entre 2005 et 20114.
Figure 5. Probabilités estimées (a) d’avoir un enfant (b) de changer d’intention entre 2005 et 2011 (modèle à risques compétitifs)

Champ : hommes et femmes âgés de 35 à 44 ans en 2005, qui peuvent avoir un enfant. Groupe de référence : femmes, 35-39 ans, sans enfant, cohabitant, intentions négatives, diplôme inférieur au baccalauréat. Note : les effectifs de cette régression sont au total de 482 hommes et 693 femmes. Parmi les hommes, 99 ont un enfant, 54 changent d’intention et 329 gardent la même intention, et respectivement 101, 61 et 531 parmi les femmes. Lecture : la probabilité estimée qu’une personne qui avait des intentions positives en 2005 et les caractéristiques moyennes de toutes les personnes avec des intentions positives, ait changé d’intention en 2011 est de 51 %.
Source : Érfi-GGS1-3, Ined-Insee, 2005-2011.
23Comme le suggéraient les résultats descriptifs, une part non négligeable des personnes de 35 ans ou plus en 2005 ont eu un enfant entre 2005 et en 2011, et c’est bien plus le cas parmi ceux qui essayaient d’en avoir un en 2005 (figure 5a). Les personnes qui avaient l’intention d’avoir des enfants sans essayer à ce moment-là, ont également plus de chances d’en avoir eu que celles qui n’avaient pas l’intention d’en avoir, mais sont loin du niveau de celles qui essayaient. Même les personnes qui ne désiraient pas d’enfant ont des chances non négligeables d’en avoir eu. Ce sont les personnes seules en 2005 qui auront le moins souvent eu d’enfants, montrant qu’à ces âges également, la fécondité est étroitement liée à la situation de couple. Bien que la différence et la significativité soient peu prononcées dans la régression simple, il semblerait que les personnes en couple cohabitant aient un peu plus de chances que les personnes mariées d’avoir des enfants après 35 ans : elles ont certainement formé leur couple depuis moins longtemps en 2005 et sont encore dans un processus de formation de la famille.
24Les personnes âgées de 35 à 39 ans ont relativement de plus fortes chances d’avoir un enfant que celles d’âge supérieur, mais l’écart n’est pas frappant, malgré les nettes variations dans la capacité à avoir des enfants à ces deux âges. Cela pourrait être lié au fait que les hommes et les femmes sont ici dans le même modèle, pour des raisons d’effectifs et afin de pouvoir comparer les deux sexes directement entre eux5. Les hommes et les personnes les plus diplômées semblent avoir légèrement plus souvent eu un enfant, ce qui est certainement dû aux âges plus élevés auxquels ces groupes commencent à avoir des enfants : ils ont commencé plus tard à penser fonder une famille, alors que chez les femmes et les moyennement diplômés, les personnes qui ne veulent pas d’enfant, ou qui ne peuvent pas en avoir, peuvent être bien plus présentes au même âge. Les moins diplômés ont des familles plus grandes, ce qui peut expliquer qu’ils continuent à avoir des enfants plus tard. Le souhait d’avoir des enfants, chez les femmes et parmi les moyennement diplômés perdure également plus souvent d’une vague à l’autre, suggérant qu’ils continuent à espérer les enfants qu’ils sont moins nombreux à avoir eu (figure A, annexe 1).
25Assez peu de personnes changent d’intention entre les vagues et, lorsque c’est le cas, c’est majoritairement d’une intention positive vers une intention négative (figure 5b). On note (dans la régression simple en annexe 2) que plusieurs différences pourraient être significatives. Les personnes qui essayaient de concevoir un enfant en 2005 (et qui n’ont pas réussi) ont moins souvent changé d’avis que celles qui avaient l’intention d’en avoir un dans les trois ans sans pour autant essayer. Il semblerait également que celles qui n’avaient pas d’enfant en 2005 soient moins promptes à changer d’intention (lorsqu’elles n’en ont pas eu dans l’intervalle) que celles qui étaient déjà parents. Il est possible que ces personnes conservent leur désir d’être parent parce qu’elles souhaitent « former famille », alors que les parents ne ressentent plus cette nécessité.6. Les personnes seules ou vivant en union libre en 2005 changent plus souvent d’intention que celles en couple marié : les personnes qui cohabitent sans être mariées ont un risque de séparation plus élevé que celles qui sont mariées, ce qui peut aussi les mener plus souvent à changer d’avis. Les moins diplômés sont ceux qui changent le plus fréquemment leurs intentions et, de nouveau, les différences de calendrier par niveau de diplôme peuvent en être la cause.
Conclusion
26Ce chapitre nous éclaire sur les chances d’avoir des enfants tardivement, et sur la manière dont les hommes et les femmes qui restent sans enfant ajustent leurs intentions. On ne peut parler de désir permanent de ne pas avoir d’enfant que pour une très petite partie de la population (maximum estimé à 3-4 % au vu de la figure 2). Le peu d’hommes et de femmes qui déclaraient ne pas vouloir d’enfant étant jeunes ont généralement changé d’avis (voir chapitre 9 à ce sujet). À l’inverse, en fin de vie féconde, de nombreuses personnes, parmi celles qui n’ont pas eu les derniers enfants désirés, disent ne plus en vouloir. Cela semble confirmer que ce sont les circonstances qui forment les intentions, qui apparaissent alors changeantes. Notamment, une nouvelle situation conjugale ainsi que l’avis du partenaire peuvent faire changer d’avis, la décision se prenant le plus souvent au sein d’un couple (Lief broer, 2009 ; Testa, 2012). Au total, les désirs d’enfant apparaissent donc changeants, assez mal définis dans des circonstances incertaines, et dépendent grandement du stade dans la trajectoire (Ní Bhrolcháin et Beaujouan, 2011). Le choix définitif d’une vie « libre d’enfants » reste rare et difficile à détecter dans des enquêtes transversales.
27Le ressenti de l’horloge biologique est plus marqué pour les femmes que pour les hommes, comme on peut le voir à la fois dans leur changement d’intentions lorsqu’elles n’ont pas eu d’enfant s et dans l’accélération des naissances en arrivant à des âges plus tardifs (Beaujouan et Solaz, 2013). Les hommes, en revanche, apparaissent plus flexibles tout au long de leur trajectoire et continuent à souhaiter des enfants plus longtemps que les femmes. De fait, les normes et contraintes en matière de parentalité diffèrent pour les hommes et les femmes (Donati, 2000). Les intentions sont aussi modelées au fil des événements, et dans certains pays, grâce à des données adaptées, on a pu suivre le changement des intentions tout au long de la vie des personnes, selon leurs caractéristiques (Berrington et Pattaro, 2013 ; Hayford, 2009). Il serait intéressant, pour la France, de mieux connaître la persistance des intentions de ne pas avoir d’enfant au cours de la vie, la redéfinition des intentions à des âges moins féconds, etc., en distinguant celles des hommes et des femmes. Cela nécessiterait cependant un suivi plus long sur un échantillon plus important. Mieux comprendre les variations et l’adaptation aux contraintes selon l’appartenance sociale de l’individu pourrait compléter l’étude.
28Les résultats de Laurent Toulemon (1995) sont ici approfondis : il montrait que 4 % des femmes restaient volontairement sans enfant, et que 4 % le restaient pour des questions d’infertilité. Il prédisait également une augmentation de ces deux proportions. Cependant, aujourd’hui en France, dans presque toutes les générations fécondes, ce sont environ 3-4 % qui ne désirent pas d’enfant et n’ont pas changé d’intention en six ans, alors que ce sont bien plus de 4 % qui ne parviennent pas à avoir d’enfant, ou arrivent en fin de vie féconde sans avoir rejeté l’idée d’avoir des enfants, mais sans en avoir pour autant. Une partie de ces personnes peuvent être qualifiées d’involontairement infécondes dans le sens où elles désiraient vraiment des enfants (au point d’essayer à un moment donné par exemple) mais n’en ont pas eu. Une partie pourrait cependant ne pas avoir eu d’idée bien définie sur la question (Ní Bhrolcháin et Beaujouan, 2015), et avoir repoussé la conception effective d’un enfant grâce à une contraception efficace, jusqu’à finalement ne pas avoir eu d’enfant.
29Même parmi les personnes fermement décidées à avoir un enfant, les chances de réussite dans les six ans sont limitées, environ un tiers des hommes et un cinquième des femmes. Selon les résultats épidémiologiques, bien plus de la moitié des femmes qui commencent à essayer d’avoir un enfant vers 35-40 ans devraient parvenir à en avoir, incluant les aides médicalisées à la procréation (Leridon, 2004). Outre le fait qu’une partie des femmes qui ont essayé après 35 ans dans notre enquête, pouvaient avoir commencé plus tôt et de fait être moins fertiles (puisqu’elles n’avaient pas encore réussi), des circonstances autres telles qu’une séparation, le chômage, ou la santé, peuvent remettre en question la possibilité d’avoir un enfant. Davantage d’explorations seraient nécessaires avec des données adaptées pour recouper les résultats épidémiologiques et démographiques. En cas d’infertilité liée à l’âge, le recours à d’autres moyens pour avoir des enfants peut être envisagé, mais ne semble pas rattraper le fait d’avoir commencé plus tard (Te Velde et al., 2012).
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Références bibliographiques
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Annexe
Annexes
Annexe 1. Troisième graphique de la régression à risques compétitifs
Figure A. Probabilités estimées de ne pas changer d’intention entre 2005 et 2011 (modèle à risques compétitifs)

Champ : hommes et femmes âgés de 35 à 44 ans en 2005, qui peuvent avoir un enfant et plus généralement éligibles pour répondre à la question sur les intentions, ou ayant eu des enfants entre les vagues et présents aux deux vagues d’enquête.
Source : Érfi-GGS1-3, Ined-Insee, 2005-2011.
Annexe 2. Résultats et significativité des régressions simples
Tableau A. Odds ratios de trois événements entre 2005 et 2011, calculés dans des régressions simples (a) Naissance, (b) Changement d’intention, (c) Mêmes intentions

Champ : hommes et femmes âgés de 35 à 44 ans en 2005, éligibles pour répondre à la question sur les intentions ou ayant eu des enfants entre les vagues et présents aux deux vagues d’enquête. Légende : Réf. : situation de référence, ★★★ significatif à 0,1 % ; ★★ à 1 % ; ★ à 5 % ; sans ★ : non significatif . Lecture : un odds ratio supérieur à 1 (resp. inférieur à 1) et significatif indique que l’on est en présence d’un facteur qui accroît (resp. diminue) la probabilité d’avoir vécu l’événement entre 2005 et 2011.
Source : Érfi-GGS1-3, Ined-Insee, 2005-2011.
Notes de bas de page
1 Nous nous fondons ici sur une définition biologique des intentions de fécondité et de la naissance d’enfants, sachant que des questions sur les intentions d’adoption et l’adoption ont été posées séparément mais ne sont pas traitées ici. Nous couvrons donc une forme de filiation biologique plutôt que juridique ou sociale.
2 Sauf exception précisée, nous utilisons la variable de pondération longitudinale « poidsV1V3 ».
3 Le besoin de regrouper les réponses à trois questions, dont certaines conditionnelles, pour calculer ces pourcentages peut expliquer en partie la proportion importante qui déclare « plutôt non ».
4 La significativité des coefficients d’origine n’est pas reportée car les logiciels disponibles actuellement ne permettent pas de la calculer. Cependant nous donnons en annexe 2, pour indication, les résultats des régressions simples équivalentes, avec les tests de significativité et erreurs standards correspondants.
5 Les effectifs ne sont malheureusement pas suffisants pour faire des interactions, mais il est toujours intéressant d’étudier les autres facteurs nets de l’âge et du sexe.
6 Le désir de donner un frère ou une sœur à un enfant unique est important en France (Beaujouan et Solaz, 2013), mais ici nous ne tenons pas compte de la parité.
Auteur
Chercheuse au Wittgenstein Centre for Demography (Vienna Institute of Demography, Austrian Academy of Science) où elle travaille sur la fécondité et la famille. Ses récents travaux portent sur les transformations de la famille et de la fécondité depuis le milieu du xxe siècle. Elle s’intéresse également à la fécondité tardive, phénomène fortement différencié par niveau de diplôme, et plus généralement aux causes et conséquences du recul de l’âge à la naissance des enfants.
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