Chapitre 6. Modification d’une fratrie et climat conjugal
Une analyse du point de vue des enfants
p. 161-184
Texte intégral
Introduction
1À partir des années 1970, avec l’expansion du divorce dans de nombreux pays occidentaux, d’abondantes recherches se sont intéressées aux effets des ruptures du couple parental sur le bien-être économique et social ou le comportement des enfants issus de ces unions (Amato et Sobolewski, 2001 ; Kiernan, 1992 ; Bourreau-Dubois et Jeandidier, 2005 ; Bradshaw, 2011 ; Bradshaw et Richardson, 2008). Il en ressort notamment que les séparations sont souvent l’issue d’un processus qui s’inscrit dans le temps, dont l’impact dépend des expériences vécues tout au long du parcours familial, y compris durant la période qui précède la séparation (Amato, 2000 ; Kelly et Emery, 2003 ; Strohschein, 2005). Plus que la séparation des parents, c’est donc le contexte dans lequel elle a eu lieu qui s’avère primordial sur le développement des enfants (Stanley et Fincham, 2002), et une rupture « sereine » aurait moins de conséquences sur le développement des enfants que le fait de passer leur enfance au sein d’une famille dans laquelle le climat est très mauvais (Dronkers, 1999 ; Archambault, 2007). Or, malgré l’augmentation des ruptures du couple parental durant l’enfance, au fil des générations, la très grande majorité des enfants naît encore au sein d’un couple dans lequel ils passent toute leur enfance (Breton et Prioux, 2009). C’est à cette population d’enfants, et à l’effet des évolutions de leur famille sur le climat conjugal de leurs parents que se consacre ce chapitre et, plus particulièrement, aux effets des transformations de la fratrie cohabitante parmi les couples stables, population dont nous définirons les contours. Il s’appuie en cela sur les résultats de nombreuses recherches ayant montré l’effet de la venue d’un enfant sur l’entente entre ses parents (Cowan et Cowan, 1992 ; Wicki, 1999 ; Widmer et al., 2003 ; Kellerhals et al., 2004), mais aussi celui de la présence d’enfants, comme principale cause des désaccords dans les couples parentaux (Brown et Jaspard, 2004 ; Saurel-Cubizolles et al., 1997). Les effets d’autres changements retiennent notre attention, forts de résultats issus de précédentes recherches. D’abord, celles qui ont montré la redistribution de la répartition des tâches domestiques et de l’autorité liée aux décisions parentales après l’arrivée d’un enfant (Régnier-Loilier et Hiron, 2010), affectant alors le climat conjugal, tant elles cristallisent les inégalités de genre (Brown et Fougeyrollas-Schwebel, 2004 ; Colin et al., 2005). Il en est de même des revenus du ménage et de leurs variations, tant des situations de précarité ou des périodes de stress économique qui peuvent avoir des répercussions pour les parents et les enfants (Conger et al., 1990 ; Menahem, 1992 ; MacLeod et Shanahan, 1993 ; Chambaz et Herpin, 1995 ; Jaspard et al., 2003).
2L’originalité de notre approche est de retenir les enfants, et non leurs parents, comme unité d’analyse. À défaut de disposer des données d’une cohorte généraliste d’enfants sur une période suffisamment longue, comme ce sera bientôt le cas avec les données de la cohorte Elfe, Étude longitudinale française depuis l’enfance (Pirus et al., 2010), nous utilisons les données des trois vagues de l’enquête Érfi, réalisées en population générale représentative de la population des adultes (a fortiori ici des parents). La répétition des questions relatives au climat conjugal à chaque collecte fait de cette source la seule permettant de répondre à notre question de recherche. Si l’utilisation d’un tel panel pouvait laisser craindre l’existence d’une attrition sélective liée aux désaccords, il s’avère que les répondants qui déclarent le plus de désaccords renouvellent plus souvent leur participation à l’enquête (Cauchi-Duval, 2015)1. Aussi, grâce aux trois vagues de l’enquête Érfi, est-il possible d’adopter une approche dynamique du climat conjugal, ce que ne permettrait pas une approche rétrospective trop affectée par des biais de mémoire dont l’ampleur varie en raison du sexe et de l’importance accordée aux évènements (Auriat, 1996 ; Schuman et Scott, 1989).
3Notre objectif est donc ici de juger de l’existence d’une éventuelle relation entre la modification de la fratrie des enfants de couples stables et les désaccords entre leurs deux parents. Le cas échéant, résiste-t-elle à une mesure qui contrôle les différents effets de structure et les déclarations différentielles selon le sexe du parent répondant ? Pour ce faire, la fratrie des enfants, l’évolution des conflits conjugaux et les caractéristiques du couple parental (répartition des tâches, autorité liée aux décisions parentales et revenus) seront tout d’abord précisément décrites. Puis, nous examinerons les relations entre la fréquence des désaccords au sein du couple parental d’une part, et les modifications des différentes caractéristiques familiales, d’autre part. Enfin, par l’usage d’analyses multivariées, nous dégagerons les effets propres de chacune d’elles.
I. Les transformations au sein du ménage parental
1. La fratrie et son évolution
4À chacune des trois vagues de l’enquête Érfi, les répondants devaient recenser l’ensemble des enfants vivant dans le ménage enquêté – qu’ils soient les leurs, ceux de leur conjoint ou de toute autre personne – ainsi que les enfants qu’eux ou leur éventuel conjoint ont eus, mais qui ne cohabitent plus avec eux (résident en dehors du ménage ou sont décédés). Malgré quelques obstacles méthodologiques, l’enquête peut ainsi devenir représentative de la population des enfants et plus uniquement de la population des adultes2 (Breton, 2006 ; Breton et Prioux, 2009).
5Grâce aux 5 433 répondants des trois vagues de l’enquête Érfi3, il est possible de reconstituer les parcours familiaux de 2725 enfants âgés de 0 à 17 ans en 2005, encore en vie en 2011. Parmi eux, 67 % vivaient avec leurs deux parents aux trois vagues de l’enquête4. Ce sont ces derniers qui sont retenus dans ce travail et constituent « les enfants des couples stables ». Ils forment une proportion plus importante parmi les enfants les plus jeunes en 2005, mais restent majoritaires à presque tous les âges. La proportion baisse, pour les plus jeunes enfants, du fait de la rupture d’union de leurs parents et pour les plus âgés, du fait de la décohabitation parentale. Ce phénomène est particulièrement marquant à partir de 13 ans (âge en 2005), les enfants sont alors âgés de 19 ans en 2011 (figure 1).
Figure 1. Situation familiale des enfants en 2011 selon leur âge

Champ : ensemble des enfants âgés de 0 à 17 ans (en 2005) encore en vie en 2011 (n = 2725).
Source : Érfi-GGS123, Ined-Insee, 2005-2008-2011.
6D’autres évènements peuvent néanmoins modifier la structure familiale des enfants des couples stables, parmi lesquels :
la naissance d’un frère ou d’une sœur ;
le décès d’un (demi-) frère ou d’une (demi-) sœur ;
la décohabitation ou (re)cohabitation d’un (demi-) frère ou d’une (demi-) sœur ;
la cohabitation, la décohabitation ou le décès de toute autre personne du ménage, avec ou sans lien familial direct avec eux.
7Nous ne conservons cependant que la naissance ou la décohabitation d’un autre enfant du couple parental ; les autres évènements sont écartés du fait de leur relative rareté en population générale, accentuée par la faiblesse de la taille de l’échantillon et l’attrition au fil des vagues (chapitre 2).
8Près d’un tiers des 1789 enfants qui vivaient avec leurs deux parents en 2005 et 2011 ont connu au moins une modification de leur fratrie sur cette période. La naissance d’un frère ou d’une sœur est l’évènement le plus souvent connu par les plus jeunes enfants alors que la décohabitation d’un (demi-) frère ou d’une (demi-) sœur concerne principalement les plus âgés (figure 2).
Figure 2. Modification de la structure familiale des enfants de couples stables selon l’âge et le nombre de frères et sœurs en 2005

Champ : enfants vivant avec leurs deux parents aux trois vagues d’enquête (n = 1789). Lecture : 72 % des enfants âgés de 0 à 5 ans, qui vivent avec 2 frères ou sœurs en 2005, n’ont connu ni la décohabitation de l’un d’eux ni la naissance d’un autre frère ou d’une autre sœur.
Source : Érfi-GGS123, Ined-Insee, 2005-2008-2011.
9Quelle que soit la taille de la fratrie, près de 45 % des enfants de moins de 6 ans en 2005 ont connu la naissance d’un frère ou d’une sœur, et 17 % des plus de 10 ans la décohabitation d’un des enfants de leur fratrie (indicateur moyen). Les enfants les plus jeunes qui connaissent la naissance d’un frère ou d’une sœur sont très majoritairement des enfants qui n’avaient pas de (demi-) frère ou (demi-) sœur cohabitant en 2005. À l’inverse, les décohabitations du foyer parental d’un (demi-) frère ou d’une (demi-) sœur concernent principalement des enfants qui en 2005 cohabitaient avec au moins deux (demi-) frères ou (demi-) sœurs. Ces derniers appartenant à des fratries de taille relativement grande ont également, plus souvent, l’occasion d’avoir connu à la fois la naissance d’un frère ou d’une sœur et la décohabitation d’un membre de leur fratrie. Ces situations restent toutefois très rares et concernent moins de 2 % des enfants retenus dans notre population d’enfants des couples stables. Afin de disposer d’une population homogène, on ne retiendra par la suite, parmi les enfants qui vivaient avec leurs deux parents en 2005 et 2011, que ceux qui n’ont connu qu’un des deux évènements les plus fréquemment observés : la naissance d’un frère ou d’une sœur et la décohabitation d’un (demi-) frère ou d’une (demi-) sœur. Les 17 enfants ayant connu ces deux évènements sont donc exclus de l’analyse. Parmi les 1772 enfants restants, 171 ont connu la décohabitation d’un des membres de leur fratrie, 297 ont partagé la naissance d’un frère ou d’une sœur, et 1304 n’ont connu aucune transformation de leur fratrie.
10Par ce jeu d’entrées et de sorties d’enfants, la taille de la fratrie se modifie au fil du temps (figure 3). Entre 2005 et 2011, ce sont les plus jeunes enfants qui ont connu le plus de mouvements ; ceux vivant avec deux autres enfants au moins étant de plus en plus nombreux, au détriment de ceux ne vivant avec aucun autre enfant. Par exemple, les enfants d’un an en 2005 étaient 15 % à vivre avec deux autres enfants au moins à ce moment-là, ils étaient 28 % en 2008 et 41 % en 2011. À l’inverse, ils sont respectivement 38 %, 14 % et 8 % à être le seul enfant du ménage. À partir de 7 ans, le nombre de (demi-) frères ou (demi-) sœurs présents au sein du foyer parental stable n’évolue que très peu.
Figure 3. Nombre de (demi-) frères ou (demi-) sœurs des enfants de couples stables selon l’âge et la vague d’enquête considérés

Champ : enfants vivant avec leurs deux parents aux trois vagues d’enquête ayant connu au plus une modification de leur fratrie entre 2005 et 2011 (n = 1772).
Source : Érfi-GGS123, Ined-Insee, 2005-2008-2011.
2. Les conflits conjugaux des couples stables avec enfants
11Le climat conjugal des couples est renseigné lors de chaque vague de l’enquête Érfi à travers la fréquence des désaccords à propos de neuf sujets5. À partir des réponses des enquêtés, nous avons établi un indicateur synthétique du climat conjugal qui prend la forme d’une échelle en trois modalités : « Rares ou inexistants », « Intermédiaires » et « Fréquents » (cf. annexe). Dans la mesure où les enfants concernés par ces désaccords sont âgés de 6 à 23 ans en 2011, on pourrait craindre que les plus âgés aient décohabité d’autant plus tôt que le climat conjugal de leurs parents est conflictuel, ce qui entraînerait un biais de sélection. Cela ne semble toutefois pas être le cas, puisque la fréquence de désaccords des couples stables ayant des enfants âgés de plus de 15 ans en 2011 et leur évolution, ne diffèrent pas significativement selon que ces enfants ont décohabité ou pas.
Figure 4. Répartition des enfants de couples stables selon la fréquence des désaccords à chaque vague, et leur évolution entre vagues

Champ : enfants vivant avec leurs deux parents aux trois vagues d’enquête ayant connu au plus une modification de leur fratrie entre 2005 et 2011 (n = 1772).
Source : Érfi-GGS123, Ined-Insee, 2005-2008-2011.
12À chaque vague d’enquête, les enfants des couples stables se répartissent presque également entre les trois modalités de désaccords (figure 4). En revanche il existe, derrière cette stabilité sur l’ensemble de la population, des modifications à l’échelle individuelle entre vagues successives. Au cours de chaque période, 45 % à 50 % des enfants connaissent des modifications du climat conjugal de leur(s) parent(s).
13Reste que ces évolutions sont en partie dépendantes des fréquences de désaccords de la première vague. En effet, les enfants dont les désaccords entre parents sont rares ou inexistants ne peuvent qu’en connaître plus ou ne pas changer de catégorie et, inversement, pour ceux dont les désaccords sont fréquents. C’est pourquoi l’évolution des désaccords a non seulement été différenciée selon qu’elle est « en baisse », « stable » ou « en augmentation » entre 2005 et 2011, mais également en fonction de la situation intermédiaire de 2008. Au total, on peut distinguer six formes d’évolution :
une « baisse continue » si les désaccords sont moins fréquents en 2011 qu’en 2005, et qu’ils étaient stables ou en baisse entre 2005-2008 et
2008-2011 ;une « baisse avec variations » si les désaccords sont moins fréquents en
2011 qu’en 2005, malgré une hausse entre 2005 et 2008 ou entre 2008 et 2011 ;une « stabilité continue » si la fréquence des désaccords est identique en 2005, 2008 et 2011 ;
une « stabilité avec variations » si la fréquence des désaccords est identique en 2005 et 2011, malgré une hausse ou une baisse entre 2005 et 2008, et entre 2008 et 2011 ;
une « hausse continue » si les désaccords sont plus fréquents en 2011 qu’en 2005, et qu’ils étaient stables ou en hausse entre 2005 et 2008 et entre 2008 et 2011 ;
une « hausse avec variations » si les désaccords sont plus fréquents en
2011 qu’en 2005, malgré une baisse entre 2005 et 2008 ou entre 2008 et 2011.
14Dans la majorité des cas (45 %), les enfants dont les désaccords parentaux sont initialement les plus fréquents ou les plus rares ne connaissent pas de modifications du climat conjugal. Pour 4 enfants sur 10, il existe une dégradation du climat conjugal si les désaccords sont initialement rares et, pour une proportion identique, une amélioration du climat conjugal si les désaccords sont fréquents en 2005 (figure 5). Les enfants qui, en 2005, se trouvaient dans une situation intermédiaire se distribuent presque équitablement entre hausse, baisse et stabilité des désaccords en 2011, et c’est parmi ces derniers que l’évolution est la plus variable entre 2005-2008 et 2008-2011. La stabilité du climat conjugal entre 2005 et 2011 n’est donc qu’apparente.
Figure 5. Répartition des enfants de couples stables selon la fréquence initiale des désaccords et son évolution de 2005 à 2011

Champ : enfants vivant avec leurs deux parents aux trois vagues d’enquête ayant connu au plus une modification de leur fratrie entre 2005 et 2011 (n = 1772).
Source : Érfi-GGS123, Ined-Insee, 2005-2008-2011.
3. L’évolution des caractéristiques du couple parental
a. La répartition des tâches domestiques et parentales
15Généralement, c’est la femme qui se charge toujours, ou le plus souvent, du repassage du linge, de passer l’aspirateur, de préparer les repas quotidiens ou des courses (Bauer, 2007) ; l’augmentation de la participation des hommes aux tâches ménagères au fil des générations tenant en partie à leur très faible participation initiale. C’est également ce qui s’observe entre 2005 et 2011 du point de vue des enfants. La répartition des tâches ménagères entre les parents reste fortement sexuée et, dans la majorité des cas, la distribution des tâches n’évolue pas. En cas de redistribution, l’augmentation de la participation du père va plutôt dans le sens de situations plus égalitaires (figure 6). Seules les tâches dont les mères se chargent le moins souvent au départ deviennent plus souvent réalisées par les pères. C’est notamment le cas de la gestion des comptes, alors que le repassage reste presque exclusivement le fait des mères.
Figure 6. Évolution de la prise en charge des repas et des décisions liées à l’éducation des enfants de couples stables entre 2005 et 2011

Champ : enfants vivant avec leurs deux parents aux trois vagues d’enquête ayant connu au plus une modification de leur fratrie entre 2005 et 2011 (n = 1772).
Source : Érfi-GGS123, Ined-Insee, 2005-2008-2011.
b. La redistribution de l’autorité liée aux décisions parentales
16En plus de la répartition des tâches ménagères, le parent répondant indiquait qui, de lui ou de son conjoint, prenait le plus souvent les décisions concernant les achats quotidiens et exceptionnels du ménage, la vie sociale et les loisirs ainsi que l’éducation des enfants. Hormis les achats quotidiens pour lesquels la mère reste celle qui décide le plus souvent, les décisions sont conjointement prises par les deux parents et n’ont pas évolué entre 2005 et 2011 : entre 73 % et 78 % (figure 6). Lors des rares fois où l’autorité liée aux décisions parentales est redistribuée, c’est, le plus souvent, la mère qui en prend la charge. Ainsi, la proportion d’enfants pour qui le père décide le plus souvent, notamment de leur éducation, diminue entre 2005 et 2011.
c. L’évolution des revenus des parents
17Afin de juger de l’évolution des revenus perçus par les parents d’enfants issus de couples stables, nous avons décidé de recourir aux revenus totaux du ménage. Certes, cet arbitrage est imparfait6, mais apparaît plus pertinent que les autres alternatives ; qu’il s’agisse d’utiliser les revenus du répondant et de son conjoint7, ou de considérer le nombre d’unités de consommation (UC) du ménage8. Ainsi, les revenus des ménages sont regroupés en trois grands groupes de revenus qui correspondent aux 30e et 60e centiles de la distribution des revenus des couples stables. On parle alors de revenus relativement faibles (moins de 1500 euros), moyens (de 1500 à 2500 euros) ou élevés (supérieurs à 2 500 euros). Majoritairement, les enfants des couples stables n’ont pas connu d’évolution des revenus de leurs parents entre 2005 et 2011 (64 %). Dans le cas contraire, et quel que soit leur âge, ils ont plus souvent bénéficié d’une hausse des revenus de leur ménage qui s’explique principalement par le niveau initial des revenus en 20059 (figure 7).
Figure 7. Évolution des revenus de 2005 à 2011 selon le niveau de revenu en 2005

Champ : enfants vivant avec leurs deux parents aux trois vagues d’enquête ayant connu au plus une modification de leur fratrie entre 2005 et 2011 et dont le parent répondant a déclaré les revenus du ménage (n = 1689).
Source : Érfi-GGS123, Ined-Insee, 2005-2008-2011.
II. Des désaccords liés aux évolutions des caractéristiques familiales
18Qu’il y ait modification de la fratrie ou non, le maintien d’une même fréquence de désaccords au fil des vagues de l’enquête est la situation que rencontrent le plus souvent les enfants des couples stables (tableau 1). Par ailleurs, la répartition des enfants selon qu’ils ont connu une amélioration ou une détérioration du climat conjugal de leurs parents est similaire entre les enfants dont la fratrie n’a pas évolué, et ceux dont un (demi-) frère ou une (demi-) sœur a décohabité. Seuls les enfants qui ont connu la naissance d’un frère ou d’une sœur sont proportionnellement plus nombreux à avoir connu une baisse des désaccords parentaux.
Tableau 1. Évolution des désaccords parentaux de 2005 à 2011, selon les modifications qu’a connu le couple parental

Champ : enfants vivant avec leurs deux parents aux trois vagues d’enquête et ayant connu au plus une modification de leur fratrie entre 2005 et 2011 (n = 1772 ; hormis pour l’évolution des revenus où le parent répondant n’a pas toujours déclaré les revenus du ménage : n = 1689). Lecture : 40 % des enfants dont c’est la mère qui continue à décider de leur éducation ont connu une baisse continue des désaccords.
Source : Érfi-GGS123, Ined-Insee, 2005-2008-2011.
19Pour la plupart des formes de distribution des décisions parentales, les situations n’ayant pas évolué sont également majoritaires. Seuls les enfants pour lesquels la mère reste détentrice de l’autorité liée aux décisions parentales se distinguent par une baisse plus fréquente des désaccords. À l’inverse, ceux dont la mère acquiert nouvellement cette autorité sont ceux pour qui le climat conjugal se détériore le plus, et ce malgré une proportion relativement faible de parents dont les disputes étaient rares10. Au final, les enfants pour lesquels le père décide plus souvent de leur éducation, connaissent plus rarement des désaccords de leurs parents à ce sujet.
20S’agissant des tâches domestiques dont la répartition était questionnée dans l’enquête, nous avons choisi de nous focaliser sur la préparation des repas du fait qu’elle est, contrairement aux autres, une obligation quotidienne. Quelles qu’en soient la répartition initiale et son évolution, le climat conjugal est le plus souvent inchangé. Toutefois, une hausse de l’indice synthétique de désaccords est plus souvent observée pour les enfants dont la préparation des repas est devenue plus inégalitaire ; à la défaveur de la mère notamment. La diminution des désaccords est quant à elle plus courante lorsque la répartition reste inchangée, indépendamment du fait qu’elle soit égalitaire ou non.
21Le changement de situation d’activité ou du rythme de travail de l’un ou l’autre des parents pourrait expliquer, parmi d’autres raisons, de telles évolutions. Dans ces cas-là, nous pouvons faire l’hypothèse qu’il s’ensuit une période de tension économique liée à une baisse des revenus du ménage.
22La variation des désaccords est liée au niveau initial des revenus mais aussi à la fréquence initiale des désaccords. Sans contrôler ces deux effets de structure, les variations de revenus sont associées à des variations du climat conjugal des enfants, mais de façon relativement modeste. Les enfants qui connaissent le plus souvent une dégradation du climat conjugal de leurs parents sont ceux dont le revenu des parents initialement faible a régulièrement augmenté. On peut imaginer que la reprise d’activité de la mère de l’enfant entraîne à la fois une augmentation des revenus et l’occurrence des désaccords11. À l’opposé, les enfants dont les parents ont un revenu faible en 2005 et en 2011 sont ceux chez lesquels l’amélioration du climat conjugal est la plus nette. Ils bénéficient d’une baisse continue de l’indice et ce, malgré la faible part d’entre eux (14 %) à avoir des parents avec des conflits fréquents en 2005. Pour les autres catégories, l’effet est très faible.
III. L’effet propre des modifications des structures familiales sur les désaccords
23Les évolutions des tâches parentales, des décisions liées à l’éducation des enfants et du revenu des parents interagissent les unes avec les autres. Selon le principe des avantages comparatifs, une baisse des revenus pourrait, par exemple, favoriser la spécialisation pour les tâches domestiques du parent dont le revenu est le plus faible, alors que le parent dont les revenus sont plus élevés chercherait à augmenter son temps de travail (Becker, 1985). Aussi, afin de distinguer l’effet propre à chaque type de modifications, recourrons-nous à une modélisation multivariée (tableau 2).
Tableau 2. Risque pour un enfant de couple stable de connaître une évolution de la fréquence des désaccords du couple parental

Champ : enfants vivant avec leurs deux parents aux trois vagues d’enquête (2005, 2008 et 2011), ayant connu au plus une modification de leur fratrie entre 2005 et 2011, et dont le parent enquêté a répondu à l’ensemble des questions utilisées (n = 1679). Modèle 1 : pour 719 enfants, les désaccords parentaux ont diminué ou sont restés rares, contre 960 pour qui ils ont augmenté ou sont restés intermédiaires ou fréquents. Modèle 2 : pour 835 enfants, les désaccords parentaux ont augmenté ou sont restés fréquents, contre 844 pour qui ils ont diminué ou sont restés intermédiaires ou rares. Légende : Réf. = situation de référence ; ★★★ = significatif à 1 % ; ★★ = à 5 % ; ★ = à 10 % ; sans ★ = non significatif. Lecture : (modèle 1) : un OR supérieur à 1 (resp. inférieur à 1) et statistiquement significatif indique un facteur qui augmente (respectivement diminue) la propension d’un enfant à avoir assisté à une baisse des désaccords entre ses parents ou au maintien de rares désaccords. Plus la valeur de l’OR s’éloigne de 1, plus l’effet du facteur est important.
Source : Érfi-GGS123, Ined-Insee, 2005-2008-2011.
1. La description des modèles
24Nous ajustons deux variables dichotomiques permettant de modéliser, au travers de régressions logistiques, la probabilité12 pour un enfant de couple stable de connaître, entre 2005 et 2011 :
« une baisse ou un maintien de rares désaccords parentaux », et non une hausse ou un maintien de ces désaccords à un niveau intermédiaire ou fréquent (modèle 1) ;
« une hausse ou un maintien de fréquents désaccords parentaux », et non une baisse de ces désaccords ou leur maintien à un niveau rare ou intermédiaire (modèle 2).
Dans la mesure où notre champ d’études est circonscrit aux enfants de couples stables, ceux-ci ne connaissent pas d’autres modifications (fréquemment observables) de leur structure familiale que la naissance d’un frère ou d’une sœur ou la décohabitation d’un (demi-) frère ou d’une (demi-) sœur. Trois critères attachés à l’enfant sont ajoutés aux modèles :son âge en 2005 (vague 1), que nous regroupons en classes dont les bornes sont cohérentes avec les âges de passage du système scolaire français (moins de 6 ans avant le primaire, entre 6 et 10 ans pour le primaire, de 11 à 17 ans correspondant au collège et au lycée) ;
son rang de naissance ;
la taille de sa fratrie cohabitante en 2005.
25En plus des variables considérées comme susceptibles de créer des tensions au sein du couple parental, nous y intégrons quelques variables reconnues comme étant associées à l’ajustement conjugal dans les premières années de vie d’un enfant (Bégin et al., 2002), ou au risque de ruptures d’unions (Marcil-Gratton, et al., 2002 ; Vanderschelden, 2006). Ainsi, nous avons retenu : la durée de l’union et son statut matrimonial en 2005, l’écart d’âge entre les deux parents, identifié comme proxy d’inégalité entre les hommes et les femmes au sein des couples (Bozon, 1991), mais aussi leur différentiel de formation (plus haut niveau de diplôme), et l’existence d’une parentalité antérieure de l’un ou l’autre des membres du couple parental. Par ailleurs, les revenus du ménage et leurs évolutions, ainsi que la répartition de l’autorité liée aux décisions parentales et de la réalisation des repas ont été intégrés dans le modèle.
26Enfin, nous retenons le niveau initial de la fréquence des désaccords, puisque la variation dépend en partie de cette variable ainsi que du sexe du parent répondant dont on sait qu’il agit sur la déclaration des désaccords au sein du couple (Goffman, 1974 ; Régnier-Loilier et Guisse, 2009) ou sur les relations avec les enfants non cohabitants (Breton et al., 2009).
2. Les résultats des modèles multivariés
a. Peu d’effets des modifications de la fratrie
27Les deux modèles confirment la faible association entre les modifications de la fratrie et celle du climat parental déjà mises en évidence en statistiques descriptives. Le seul effet significatif est une baisse des fréquences des désaccords ou le maintien à un niveau faible en cas d’une nouvelle naissance (OR = 1,5). Ce résultat contredit l’hypothèse liminaire d’une augmentation des tensions au sein des couples en cas d’une nouvelle naissance13. Les désaccords augmentent probablement en cas de première naissance plus qu’en cas de naissance de rang supérieur, et les parents qui décident d’avoir un enfant de plus pourraient prendre cette décision en partie car ils n’ont que de rares désaccords ou que ceux-ci s’amenuisent.
b. Des déclarations différentielles de désaccords entre les pères et les mères
28Les enfants ont une propension plus faible d’avoir connu une baisse des désaccords ou un maintien à un niveau faible, et une probabilité plus forte de connaître une augmentation ou un maintien à un niveau élevé des désaccords déclarés, lorsque c’est leur mère qui a répondu. Ainsi, non seulement les femmes ont une propension plus forte à déclarer des désaccords (Régnier-Loilier et Guisse, 2009), mais elles sont également plus souvent amenées à déclarer une détérioration du climat conjugal. Réciproquement, les hommes qui font habituellement état d’un climat conjugal plus serein ont plus souvent tendance à exprimer une amélioration des relations au sein du couple.
c. Des risques d’évolution de conflits fortement liés à l’intensité des désaccords initiaux
29Les deux modèles confirment l’effet très fortement significatif et relativement important (OR entre 1,3 et 3,6) du niveau initial de la fréquence des désaccords. Certes, ces résultats sont en partie liés à la construction des variables dichotomiques, mais il est important de les contrôler pour juger de l’effet des autres caractéristiques. Les enfants dont les parents ont peu ou pas de désaccords en 2005 ont à la fois un risque relatif plus fort de voir ces disputes rester faibles (modèle 1 : OR = 2,7), mais aussi de voir ces disputes augmenter (modèle 2 : OR = 1,9). À l’inverse, les enfants dont les parents ont des désaccords fréquents en 2005 ont à la fois un plus fort risque de voir ces disputes diminuer (modèle 1 : OR = 1,3) ou rester stables (modèle 2 : OR = 3,6). Dans chaque modèle, le risque est toujours plus fort pour les catégories dont la fréquence des désaccords est stable (initialement faible dans le modèle 1 et initialement élevée dans le modèle 2).
d. Pas d’effet significatif de l’âge de l’enfant et peu d’effet du rang de l’enfant
30L’âge de l’enfant en 2005 n’est pas associé à une variation du climat conjugal. Ce résultat peut surprendre, puisque le début et la fin de la scolarité sont deux transitions qui affectent l’équilibre parental et favorisent les conflits (Widmer et al., 2003). Il est possible que, plus que l’âge de l’enfant, ce soit l’âge de l’aîné de la fratrie qui soit discriminant. L’âge de l’enfant est également dépendant de la taille de la fratrie, dont nous avons retenu deux dimensions dans le modèle : la taille de la fratrie cohabitante et le rang de l’enfant vis-à-vis de sa mère. Les deux variables sont certes liées, mais non colinéaires, du fait par exemple de frères ou sœurs non cohabitants. L’expérience passée des parents, lors du parcours éducatif des (demi-) frères et (demi-) sœurs plus jeunes, semble agir sur l’évolution du climat conjugal, puisque les enfants de rang élevé bénéficient plus que les autres d’une baisse des conflits ou de la stabilité de leur rare occurrence. Mais lorsque les enfants sont nombreux à cohabiter, le climat conjugal s’améliore moins (modèle 1 : OR = 0,57), alors que les enfants vivant seuls dans le ménage sont ceux pour qui le climat se détériore le moins, quel que soit le modèle (modèle 1 : OR = 1,4 ; modèle 2 : OR = 0,64).
e. Un effet très important du niveau et de l’évolution des revenus
31Les enfants des ménages dont le revenu est resté faible sont à la fois ceux dont les disputes ont le plus diminué ou sont restées faibles (OR = 7,3) et ceux dont la probabilité de connaître une augmentation des disputes est la plus basse (OR = 0,2). L’effet est identique, mais d’une moindre intensité, concernant les enfants pour lesquels les revenus du ménage sont également stables, mais dont le niveau initial est moyen. Les faibles revenus des ménages sont souvent associés à l’inactivité de la mère de l’enfant14 où l’homme est le pourvoyeur principal des ressources. Les situations significativement plus « paisibles » de ces ménages pourraient alors résulter de contextes où la prise en charge des tâches ménagères par les femmes n’occasionne pas de désaccords, celles-ci disposant d’un moindre potentiel de négociation lié à leurs rares ressources personnelles (Steil, 1997 ; Jaspard et al., 2003). Cela expliquerait également qu’au sein de ménages dont le revenu baisse après avoir été élevé, les enfants ont une probabilité plus faible de voir les désaccords parentaux augmenter ou rester élevés, dès lors que cette baisse découlerait de la baisse d’activité rémunérée de la mère15. En revanche, le dernier résultat significatif (dont l’effet est plus faible) ne peut pas s’expliquer par le prisme de l’éventuelle baisse de l’activité, puisque les enfants des ménages dont le revenu initialement moyen a augmenté ont une probabilité plus forte de connaître une diminution des désaccords. Il est alors probable qu’au-delà des rapports de genre, l’évolution des revenus illustre des conditions de stress économique plus ou moins importantes, une hausse de revenus se traduisant ici par de moindres tensions économiques et donc un apaisement du climat conjugal.
f. La redistribution des charges parentales associée à la détérioration du climat conjugal
32Les inégalités entre hommes et femmes ne semblent cependant pas opérer identiquement lorsqu’elles se manifestent dans l’organisation du ménage. La détérioration du climat conjugal s’observe lorsque la répartition concernant la préparation des repas évolue en défaveur de la mère (modèle 1 : OR = 0,58 ; modèle 2 : OR = 1,6), ou lorsque l’éducation des enfants devient moins souvent le fait des pères, car les mères s’en occupent alors davantage (modèle 1 : OR = 0,59 ; modèle 2 : OR = 2,0), ou encore lorsque que les décisions deviennent plus égalitaires (modèle 2 : OR = 1,7). Le contraste entre convictions égalitaires des parents et nouvelle distribution inégalitaire des tâches parentales pourrait alors favoriser ici la dégradation de leur entente conjugale (Zammichieli et al., 1988).
g. Des effets significatifs des caractéristiques du couple parental
33Quel que soit le modèle, une différence d’âge entre les parents n’est pas significativement associée à une modification des désaccords des parents. A contrario, les enfants dont les parents ont un niveau d’études comparable ont une probabilité plus forte de voir les désaccords parentaux s’estomper ou rester faibles. C’est également le cas des enfants dont les parents ont une durée d’union importante ou dont l’un d’eux a déjà eu un enfant dans une union précédente. On peut probablement y voir, ici encore, les résultats d’une expérience passée qui favorise de moins nombreux conflits. Enfin, avoir des parents non mariés est associé à une augmentation significative des désaccords ou à leur maintien à un niveau élevé (OR = 1,4), en raison de l’effet conjoint d’un probable effet de sélection – en dehors de la norme16, ces couples parentaux sont peut-être plus enclins aux désaccords ou à la volonté de défendre des positions conflictuelles – et de leur relative jeunesse17.
Conclusion
34Bien que la fréquence de désaccords parentaux à chaque vague de l’enquête soit stable, de nombreuses variations du climat conjugal se cachent à l’échelle individuelle. Près de 4 enfants sur 10 ont ainsi connu une modification de ce climat conjugal entre 2005 et 2008, et autant entre 2008 et 2011. Nous appuyant sur une littérature faisant état des liens entre les variations de ce climat et l’arrivée d’un enfant dans le couple, nous postulions qu’en prenant l’enfant comme unité d’analyse, la variation de la taille de sa fratrie affecterait le climat conjugal de ses parents. Les résultats obtenus le confirment, mais indiquent une relation particulièrement ténue et de sens inverse à ce qui aurait pu être attendu.
35L’analyse multivariée montre en effet que seuls les enfants dont la fratrie croît connaissent une baisse significative du désaccord de leurs parents ou un maintien à un niveau faible. C’est en fait plus particulièrement aux variations du niveau de vie et du rôle respectif du père et de la mère, tant dans la répartition des tâches que dans celle de l’autorité liée aux décisions parentales, que le climat conjugal est le plus sensible pour les enfants de couples stables. En effet, c’est lorsque la mère est inactive et que le père est celui dont dépendent les revenus familiaux, que le climat conjugal risque le moins de se détériorer, et le plus de s’améliorer.
36Si pour l’heure, les trois vagues de l’enquête Érfi constituent l’unique source française de données qui permette d’entreprendre une telle recherche, l’accès prochain aux données de la cohorte Elfe permettra de préciser et d’enrichir ces premiers constats. D’abord, ces données de cohorte permettront de juger de l’effet éventuel du sexe du parent répondant sans réduire de moitié l’échantillon initial puisque les questions relatives au climat conjugal et à la répartition des tâches sont posées à la fois au père et à la mère des enfants. Ensuite, il sera possible, grâce à ces données de cohorte, de juger d’éventuelles relations entre le changement du climat conjugal et différentes dimensions du développement de l’enfant, comme le font déjà des recherches s’appuyant sur des données de cohortes américaines et anglaises (Amato et al., 1995 ; Kiernan et Mensah, 2010). Ces relations pourront par ailleurs être étudiées à l’aune des parcours des couples parentaux, en distinguant les couples stables des couples ayant rompu. Enfin, le grand absent de notre recherche est le point de vue de l’enfant face à ces désaccords et son ressenti ; ce qu’il sera envisageable de collecter lors des vagues ultérieures de la cohorte Elfe, autour de 10 ans, une fois que l’enfant aura atteint un âge suffisant.
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Annexe
Annexe
Construction d’un indicateur synthétique du climat conjugal
Les répondants au questionnaire de l’enquête Érfi étaient invités à renseigner la fréquence des désaccords qu’ils ont eus avec leur éventuel conjoint au cours des douze mois qui précédaient l’enquête au sujet de neuf thématiques : les tâches ménagères, l’argent, l’organisation des loisirs, les relations avec les amis, les relations avec les parents et les beaux-parents, l’éducation des enfants, le désir d’enfant, la consommation d’alcool et les relations sexuelles. S’agissant du désir d’enfant, seuls les couples dont la femme est âgée de moins de 50 ans étaient interrogés.
Pour chaque sujet, les modalités de réponses étaient : « jamais », « rarement », « parfois », « souvent », « très souvent », et « non concerné ». Dans la mesure où l’on souhaite identifier les situations de conflits conjugaux auxquels sont soumis les enfants, et non de tenter d’expliquer ces situations, les « non concernés » sont assimilés à « jamais ». Puis, les différentes modalités sont transformées en une échelle allant de 1 à 5, afin de recourir à une analyse en composantes principales (ACP).
Les fréquences de désaccords relatifs à chacun des thèmes présentent des niveaux d’incidence sensiblement identiques ; signe que les raisons des désaccords sont « globalement » la manifestation d’un désaccord plus général (figure A). Certains sujets (l’alcool et les rapports sexuels) semblent moins dépendants de l’ensemble des autres sujets, mais peuvent néanmoins être interprétés sur ce plan factoriel. Ce n’est au contraire pas le cas du désir d’enfant. Pour cette raison, qui s’ajoute à celle de l’exclusion des couples dont la femme est âgée de plus de 50 ans ou plus, cette variable est extraite de l’ACP. Les résultats des modélisations logistiques auxquelles nous avons eu recours ont offert a posteriori une justification supplémentaire, puisqu’intégrer cette variable dans les modèles logit n’affecte pas les résultats qui s’avèrent non significatifs.
Figure A. Cercle des corrélations du premier plan factoriel de l’ACP relative au climat familial en 2005

Aussi, l’indicateur synthétique que l’on produit correspond à la moyenne pondérée de la fréquence d’apparition de désaccords pour les huit autres sujets, où les coefficients de pondération sont les contributions de chaque variable au premier axe de cette ACP. Les valeurs sont ensuite regroupées pour chacune des vagues en trois modalités : « Rares ou inexistants », « Intermédiaires » et « Fréquents », dont les bornes sont définies par les 33e et 66e centiles des scores obtenus en 2005. Il s’agit donc d’une mesure relative en 2005, mais pas d’une année à l’autre.
Notes de bas de page
1 Seuls les désaccords liés à la sexualité révèlent une moindre réponse aux vagues successives, probablement en partie en raison de séparation du couple, mais ne concernent alors pas notre population d’enfants de couples stables.
2 Les pondérations des adultes sont rapportées au nombre de personnes éligibles dans le ménage, puis sont corrigées du risque de double compte des enfants du ménage associé à leur situation familiale, notamment lorsqu’ils résident alternativement avec leur père et leur mère séparés. Ces nouvelles pondérations permettent ainsi d’obtenir une estimation directe du nombre d’enfants concernés par les variables d’intérêt. Il n’en reste pas moins qu’un effet de grappe puisse venir surestimer la précision de ces estimations.
3 Ceux qui présentent des incohérences laissant supposer que le répondant diffère d’une vague à l’autre, ont été exclus.
4 Ce qui représente 96 % des enfants vivant avec au moins un parent et un même conjoint aux trois vagues d’enquête.
5 Les thèmes en question concernent les tâches ménagères, l’argent, l’organisation des loisirs, les relations avec les amis, les relations avec les parents et les beaux-parents, l’éducation des enfants, le désir d’enfant, la consommation d’alcool, et les relations sexuelles.
6 Les revenus sont regroupés par tranche de valeurs et l’on ne sait pas s’ils appartiennent, en partie au moins, à d’autres familles que celle du répondant avec lesquelles il pourrait ne pas y avoir de solidarité financière.
7 Ceux-là ne permettent pas de connaître l’ensemble des revenus s’il y a plus de quatre sources différentes de revenus, ou s’il y a d’autres personnes qui perçoivent des revenus ; on omet par exemple les ressources des parents d’un enfant majeur qui vivrait dans le foyer parental.
8 Des tests statistiques ont également été réalisés avec prise en compte des UC, ce qui conduit aux mêmes résultats, mais ajoute des hypothèses sur la répartition des revenus au sein des classes et les bornes inférieures et supérieures.
9 Entre 2008 à 2011, les variations sont bien plus sensibles à l’âge des enfants (de 29 % à 51 %) et concernent moins d’un enfant sur deux. Parallèlement, plus d’un quart des enfants ont souffert d’une baisse des revenus perçus alors qu’ils n’étaient que 13 % entre 2005 et 2008. Il faut certainement y voir les effets de la crise économique dont l’impact s’observe sur les revenus dès 2009 (Burricand et al., 2012).
10 21 % de ces enfants connaissaient de rares désaccords initiaux, contre 33 % pour l’ensemble des enfants.
11 Pour 18 % des enfants dont les parents ont connu une hausse des désaccords, leur mère a obtenu un travail après une période de chômage, ou un travail à temps complet après un temps partiel. C’est le cas de 10 % des enfants ayant connu une baisse des désaccords.
12 Nous commenterons ici les odds ratios (OR) et non les probabilités renvoyées par le modèle. Un OR supérieur à 1 signifie que la probabilité dans la catégorie étudiée est plus forte que dans celle de référence, toutes choses égales, par ailleurs et inversement si l’OR est inférieur à 1.
13 Du moins, si les désaccords sont plus fréquents, ils n’augmentent pas assez pour qu’ils apparaissent relativement importants au regard des autres couples stables.
14 Parmi les enfants dont les parents ont connu une baisse des revenus entre 2005 et 2011, 26 % d’entre eux ont une mère dont l’activité a été réduite. C’est seulement le cas de 14 % des mères d’enfants dont les parents n’ont pas connu de variation de leurs revenus, et de 10 % des mères dont les couples ont connu une hausse des revenus.
15 Certaines baisses d’activité peuvent par ailleurs n’entraîner qu’une faible baisse des revenus, inobservable à l’échelle du ménage ; c’est par exemple le cas de congés parentaux. Il n’est toutefois pas possible d’identifier leur influence de manière significative dans la mesure où ces congés ne concernent que 6 % des parents des enfants de notre population.
16 Dans le sens où la proportion d’enfants de 0 à 17 ans vivant au sein de couples non mariés et ceux dont au moins un des parents a eu un premier enfant, est minoritaire dans la population totale.
17 Les parents répondants des enfants de couples mariés sont en moyenne âgés de 39 ans contre 35 ans pour les autres.
Auteurs
Maître de conférences en démographie à l’université de Strasbourg et rattaché au laboratoire Société, Acteurs, Gouvernement en Europe (SAGE-UMR 7363). Il travaille actuellement sur deux principaux thèmes de recherches : l’enfance et les villes en décroissance. Ses récents travaux portent sur les fratries recomposées et les mobilités résidentielles des enfants, ainsi que sur la décroissance urbaine en France dans le cadre du projet ANRAltergrowth-Alternative urban policies for shrinking cities. Il coordonne également le groupe thématique Démographie-Famille de l’équipe projet de la cohorte Elfe.
Professeur de démographie à l’Institut de démographie de l’université de Strasbourg (Idus), membre du laboratoire Société, Acteurs, Gouvernement en Europe (SAGE-UMR 7363). Ses travaux portent sur les dynamiques familiales en France métropolitaine et dans les départements d’outre-mer (fécondité aux jeunes âges, agrandissement des familles et histoires familiales des enfants). Il a participé à l’élaboration de l’enquête Migrations, Famille et Vieillissement (MFV) réalisée par l’Ined et l’Insee en outre-mer (Martinique, Guadeloupe, La Réunion et Guyane en 2009-2010 et Mayotte en 2015). Il est également impliqué dans la conception de la cohorte Étude longitudinale depuis l’enfance (Elfe) depuis 2005 (groupe Démographie-Famille).
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