Introduction
Des Portraits de familles aux Parcours de familles
p. 15-29
Texte intégral
1En 2005, l’institut national d’études démographiques (Ined) réalisait, avec le concours de l’institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la première vague de l’enquête Étude des relations familiales et intergénérationnelles (Érfi). À partir de celle-ci, l’Ined avait rassemblé, dans un recueil collectif, différents Portraits de familles (Régnier-Loilier, 2009)1. De nombreuses dimensions de la famille étaient abordées. Dans une perspective transversale (description de situations à un moment donné), l’exploitation des données avait permis de caractériser différentes figures du couple (du mariage aux relations amoureuses stables non cohabitantes), d’étudier la répartition des tâches domestiques et parentales selon les configurations familiales et les caractéristiques des membres du couple, de décrire la situation familiale des enfants, le sentiment de mal-être à différents âges de la vie, les relations entre générations (fréquence des rencontres entre enfants et parents, entourage familial ascendant et descendant des grands-parents) ou encore les opinions relatives au soutien entre générations. Dans une perspective longitudinale rétrospective, l’enquête avait également permis de mettre en avant l’évolution du passage à l’âge adulte ou de la constitution de la famille, au fil des générations et selon la pratique religieuse, de retracer l’histoire familiale des enfants ou encore d’étudier l’entrée dans la grand-parentalité. Il s’agissait de proposer un état des lieux, telle une photographie instantanée, et de retracer certaines transformations des comportements familiaux.
2Les deux instituts ont réinterrogé les mêmes personnes trois et six ans plus tard, en 2008 et 2011, avec un questionnaire similaire. Quels en étaient les objectifs ?
I. Pourquoi une enquête à passages répétés ?
3La famille évolue sans cesse, par petites touches ou parfois à plus grands traits. Sur la période 2005-2011, qui nous intéresse plus particulièrement, l’évolution des indicateurs démographiques est contrastée. Le nombre de naissances est resté relativement stable en France métropolitaine (774355 en 2005, 792996 en 2011) mais, dans le même temps, la proportion de naissances hors mariage n’a cessé de progresser, passant de 47 % à 55 %. Cette évolution traduit une baisse du taux de nuptialité, de 4,5 ‰ à 3,7 ‰. Bien que le pacte civil de solidarité, créé en 1999, ne puisse être considéré comme une officialisation de l’union au même titre que le mariage (Rault, 2009)2, sa progression considérable (de 60473 en 2005 à 152176 en 2011) contrebalance d’une certaine manière la diminution du nombre de mariages. En 2011, un pacs était conclu pour deux mariages célébrés (le rapport s’est encore réduit depuis). Du côté des divorces, la situation est stable sur la période, avec environ 130000 divorces prononcés chaque année3. En termes de structure de la population par âge, la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus a progressé de 16,6 % à 17,3 %, en raison notamment de l’augmentation de l’espérance de vie à la naissance (elle était de 76,8 ans pour les hommes et 83,9 ans pour les femmes en 2005, pour respectivement 78,4 ans et 85,0 ans en 2011).
4Pour autant, les constances ou évolutions décrites s’inscrivent dans des tendances de plus long terme et ne marquent pas de rupture nette dans les comportements familiaux. Depuis la baisse rapide de la fécondité enregistrée dans la première moitié des années 1970 (en lien avec la libéralisation de l’usage de la contraception par l’adoption de la loi Neuwirth en 1967, et celle de l’interruption volontaire de grossesse, avec l’adoption de la loi Veil en 1975), le nombre de naissances est, depuis une quarantaine d’années, relativement stable. De même, la forte augmentation du nombre de naissances hors mariage ne fait que poursuivre une évolution dont la pente est d’une intensité comparable à celle observée depuis le début des années 1970, traduisant la baisse concomitante de la nuptialité. L’allongement de la durée de vie et le vieillissement de la population s’inscrivent également dans une tendance de long terme.
5L’objectif des passages répétés de l’enquête Érfi n’est donc pas d’actualiser les indicateurs démographiques ni de mesurer l’évolution des comportements familiaux au niveau macro sur une si courte période. L’enquête n’a d’ailleurs pas été pensée dans cette optique et les données collectées en 2008 et 2011 ne sont pas représentatives de la population française de ces années-là mais de celle de 2005, année de la première interrogation. Seuls les répondants à la première vague d’enquête ont été sollicités pour participer à un nouveau questionnaire trois et six ans plus tard ; ils ont donc vieilli (de 18-79 ans en 2005 à 24-85 ans en 2011) et l’échantillon suivi ne tient pas compte des flux migratoires. L’interrogation successive des mêmes personnes a pour but de mieux comprendre les parcours de vie, en étudiant la manière dont les comportements démographiques se déterminent au niveau individuel et quelles en sont leurs conséquences.
6Bien que les données rétrospectives collectées lors de la première vague d’Érfi permettent de saisir différentes dimensions du parcours de vie des personnes, comme c’est le cas à partir de la plupart des enquêtes à passage unique, l’approche transversale souffre cependant de certaines faiblesses. En premier lieu, sa portée explicative est parfois limitée. La mise au jour d’inférences causales au niveau individuel nécessite en effet de disposer de données pour lesquelles les dimensions supposées explicatives d’un comportement sont observées et enregistrées avant que celui-ci survienne, ou pas, dans la vie des personnes (Vikat et al., 2007). Un large consensus se dégage ainsi depuis plusieurs années parmi les démographes pour dire qu’une meilleure compréhension des comportements passe par une approche longitudinale prospective, avec l’idée qu’il faut appréhender les comportements familiaux et de fécondité comme des processus qui interagissent entre eux et en lien avec d’autres éléments du parcours de vie des personnes. En second lieu, la collecte d’informations rétrospectives présente plusieurs limites, en termes d’effort cognitif que cela représente pour le répondant, mais aussi en raison des possibles biais liés aux difficultés de remémoration (Auriat, 1996) ou de reconstruction a posteriori de sa trajectoire biographique. Elle doit donc tenir compte de la capacité des répondants à se remémorer les évènements du passé et des risques d’omission. Une courte période de vie en couple ou un bref épisode de chômage auront d’autant plus de chances d’être omis que le temps a passé. Par ailleurs, certaines informations se prêtent mal à une collecte en rétrospectif. C’est, par exemple, le cas des revenus ou des transferts financiers (sommes versées ou reçues), dont l’importance théorique pour rendre compte des comportements est avérée. Cela concerne aussi la plupart des dimensions subjectives (perceptions, représentations, sentiment de bien-être, intentions), qui sont étroitement liées au contexte et à la situation des personnes au moment où elles sont exprimées, et dont le souvenir ne peut être qu’imprécis. Au-delà du risque d’oubli, la qualité de ce type d’informations collectées rétrospectivement peut être altérée par un phénomène de rationalisation ex-post. On peut par exemple penser qu’une personne a priori défavorable à l’institution matrimoniale, mais qui s’est mariée (quelle qu’en soit la raison), se montre in fine moins réticente dans les opinions qu’elle exprime par rapport au mariage.
7L’enquête Érfi, déclinaison française de l’enquête internationale Generations and Gender Survey (chapitre 1), a ainsi été construite dans la perspective d’interroger les personnes à plusieurs reprises. D’une part, il s’agit d’actualiser leur situation à différents moments du parcours de vie, à la fois sur des dimensions très factuelles (faire le point sur leur situation d’emploi, de couple, le nombre d’enfants, les revenus) et plus subjectives (opinions, santé perçue, sentiment de bien-être, satisfaction dans tel ou tel domaine). L’objectif n’est pas ici de calculer des taux de prévalence au fil du temps, mais de mieux repérer les changements observés à l’échelle individuelle dans différents domaines de l’existence et de pouvoir les ordonner chronologiquement. D’autre part, il s’agit d’inclure dans l’enquête une dimension prospective en questionnant les intentions dans différents champs de la vie (se marier, avoir des enfants, déménager, changer d’emploi, etc.). Celles-ci sont appréhendées dans un horizon temporel de trois ans, lequel recoupe le laps de temps séparant chacune des vagues d’enquête. Le choix d’une fréquence d’interrogation triennale repose sur une double tension entre, d’un côté, la nécessité que suffisamment d’événements démographiques se produisent entre chaque interrogation pour permettre des analyses statistiques et, de l’autre, l’exigence de contenir la déperdition de l’échantillon entre les vagues à un niveau raisonnable (Vikat et al., 2007).
8La dimension panel de l’enquête doit ainsi permettre de dépasser les Portraits de familles proposés en 2009 et d’étudier plus finement les Parcours de familles sur trois ou six ans. Deux principales perspectives d’analyse s’ouvrent avec les données longitudinales de l’enquête Érfi. Le suivi des mêmes personnes permet d’abord de mieux comprendre leur parcours, leurs comportements familiaux et les éventuels obstacles qui peuvent contrarier les projets. Il offre par ailleurs la possibilité d’étudier les conséquences des comportements et changements de situation dans différents domaines de la vie. Ces deux dimensions sont celles que l’on retrouve principalement dans les contributions des différents auteurs (liste des contributeurs pages 11 à 14).
II. Deux principales perspectives d’analyse longitudinale
9Dans l’année qui a suivi la troisième vague de l’enquête Érfi, l’Ined a lancé un appel à contributions ouvert aux chercheurs et doctorants, de l’institut ou d’ailleurs. Les recommandations faites aux chercheurs étaient de proposer des premiers éclairages statistiques, lesquels pouvaient rester à un stade relativement descriptif, telles de premières fondations promises à des prolongements ultérieurs. L’objectif étant de promouvoir l’usage des données longitudinales, une seule consigne leur était imposée : que tout ou partie de leur étude mobilise les données d’au moins deux des trois vagues d’enquête. La plupart des contributions commencent ainsi par un état des lieux en coupe transversale à partir des données de la première vague (2005), puis tentent de décrypter les comportements et parcours familiaux ou de les mettre en regard avec d’autres changements et bifurcations que les personnes ont connu dans l’intervalle.
D’une meilleure compréhension des comportements…
10Plusieurs études se sont données pour objectif de mieux comprendre certains comportements familiaux et démographiques. Du côté des parcours conjugaux, Éva Beaujouan s’intéresse aux facteurs liés au risque de se séparer (chapitre 5). L’auteure montre qu’un degré élevé de désaccords entre conjoints, associé à une moindre satisfaction dans le couple et au fait d’avoir déjà envisagé de se séparer, s’accompagne d’un risque significativement plus élevé d’avoir rompu son union entre 2005 et 2011. Elle teste par ailleurs l’influence d’autres caractéristiques sur le risque de séparation, notamment la similitude des catégories socioprofessionnelles entre les conjoints ou encore l’ancienneté de la relation, son rang (première union ou pas) et sa forme (être marié ou non). Dans le chapitre 4, Arnaud Régnier-Loilier se focalise plus spécifiquement sur la trajectoire conjugale des personnes qui étaient engagées lors de la première vague d’enquête dans une relation amoureuse « chacun chez soi ». C’est à notre connaissance la première fois que l’on dispose de données permettant de suivre celles et ceux que l’on désigne dans la littérature anglo-saxonne par l’acronyme LAT (Living Apart Together). Si les médias présentent généralement la non-cohabitation comme une nouvelle forme conjugale, l’enquête révèle qu’il s’agit le plus souvent d’une situation transitoire : seules 12 % des personnes sont toujours en relation non cohabitante six ans plus tard. Les destinées conjugales sont cependant très contrastées selon le moment où la relation se situe dans le cycle de vie. En particulier, la non-cohabitation est plus durable lorsque l’on a passé la cinquantaine ; en revanche, elle résiste mal aux âges où se dessinent les projets d’enfants.
11De ce point de vue, les données longitudinales des trois vagues d’Érfi offrent un éclairage complémentaire sur les comportements de fécondité. Les deux premières vagues d’enquête ont déjà permis de confronter les intentions de fécondité à la réalisation des projets dans une perspective comparative entre la France et l’Italie, faisant émerger certains obstacles à l’arrivée des enfants (Régnier-Loilier et Vignoli, 2011). En élargissant la fenêtre d’observation à six ans, les différents travaux présentés ici offrent davantage de finesse dans l’analyse. Le fait de ne pas avoir eu d’enfant dans les trois ans alors que l’on en avait l’intention peut signifier, dans certains cas, un renoncement au projet, dans d’autres un ajournement de celui-ci, distinction que seule la prise en compte des trois vagues d’enquête peut permettre d’appréhender. Arnaud Régnier-Loilier et Pascal Sebille (chapitre 9) comparent ainsi les situations qui conduisent à avoir concrétisé son projet, mais plus tard que prévu (c’est notamment le cas pour les plus jeunes) à celles qui amènent à ne pas avoir eu d’enfant sur la période (situation plus fréquente aux âges plus avancés). L’analyse proposée par Éva Beaujouan (chapitre 11) apporte un éclairage complémentaire en se focalisant sur les chances d’avoir un enfant tardivement et sur la redéfinition des intentions au fil du temps. Les rares hommes et femmes qui déclaraient ne pas du tout vouloir d’enfant étant jeunes ont généralement changé d’avis six ans après. À l’inverse, le renoncement au projet s’avère plus fréquent en fin de vie féconde. Le désir d’enfant apparaît donc changeant, assez mal défini dans des circonstances incertaines, et dépendant du stade où l’on se situe dans sa trajectoire féconde. On retrouve cette idée dans l’étude sur le degré de planification des naissances (chapitre 8). Bien que la majorité des naissances survenues entre 2005 et 2011 soient arrivées au moment souhaité dans la vie des personnes, la part de naissances mal planifiées ou non désirées est plus élevée chez les jeunes femmes mais aussi vers la quarantaine, ou lorsque la femme était déjà mère d’au moins trois enfants. Il en est de même lorsque la situation économique est instable (très bas revenus, inactivité du père). La contribution d’Ariane Pailhé et d’Arnaud Régnier-Loilier prolonge ce constat en interrogeant plus spécifiquement l’effet que peut avoir le fait de perdre son emploi sur la réalisation du projet d’enfant (chapitre 10). La mise en regard du calendrier des naissances avec la trajectoire professionnelle du répondant entre 2005 et 2011 montre que le chômage retarde l’arrivée du premier enfant. Ce retard s’explique par un report de la mise en couple pour les hommes et par l’attente d’une situation professionnelle stable pour les femmes, laquelle figure parmi les prérequis que se fixent les couples avant d’avoir un enfant. En revanche, le chômage n’affecte pas directement la réalisation des projets d’enfant pour celles et ceux qui sont déjà parents.
12Enfin, les données prospectives de l’enquête se prêtent à l’étude d’autres transitions, et notamment au passage à la retraite. Sylvie Renaut, Jim Ogg et Sabrina Aouici l’étudient en lien avec les intentions déclarées quelques années auparavant (chapitre 14). Si les plus jeunes générations tendent à se maintenir plus souvent en activité entre 2005 et 2011, le fait de disposer de faibles revenus ou de résider encore avec des enfants repousse également la réalisation du projet de départ en retraite. Mettant à profit les premiers résultats d’une campagne d’entretiens conduite auprès de répondants à l’enquête Érfi (lors d’une post-enquête qualitative), les auteurs illustrent la complexité et les incertitudes qui pèsent sur la fin d’activité des personnes, davantage prégnantes au moment de la réforme des retraites de 2010 (avec en particulier le relèvement de l’âge légal de départ de 60 à 62 ans).
… à l’étude de leurs conséquences
13La seconde perspective qu’ouvrent les données longitudinales de l’enquête et qui traverse plusieurs chapitres, a trait à l’étude des conséquences des changements conjugaux et familiaux dans différents domaines de la vie. En transversal, on observe par exemple que plus les femmes ont d’enfants et moins le temps qu’elles consacrent chaque semaine à leur activité professionnelle est important. En outre, le volume et la composition des tâches domestiques qu’elles exécutent dépendent largement de la composition du ménage (Brousse, 2015). Pour autant, une partie des écarts relevés peut tenir à un effet de sélection (les couples sans enfants pourraient être moins « traditionnels », tant dans leur organisation domestique que dans leurs choix familiaux et professionnels). Les deux premières vagues de l’enquête avaient permis de montrer que l’arrivée d’un enfant s’accompagnait d’une dégradation de la répartition des tâches domestiques au sein du couple, aux dépens des femmes mais que, pour certaines tâches, celle-ci tenait à d’autres facteurs, en particulier à leur changement de situation vis-à-vis de l’emploi (Régnier-Loilier et Hiron, 20104). Sandra Zilloniz s’intéresse ici plus spécifiquement à l’évolution de l’organisation du temps de travail (chapitre 12). Après avoir mis en parallèle les rythmes de travail avec les situations familiales en transversal, elle analyse l’effet de différents facteurs, dont la naissance d’un enfant, sur l’interruption d’activité, la réduction du temps de travail et les changements de rythme de travail (tout en restant prudente sur le sens des causalités mises en évidence : nous y revenons plus loin). Si le passage à temps partiel est largement utilisé à la naissance d’un enfant, et le retrait du marché du travail (temporaire ou définitif) fréquent à partir du troisième enfant, l’auteure conclut que les changements de rythmes de travail directement liés à la naissance d’un enfant sont au final peu nombreux, ceux-ci étant principalement déterminés par la profession exercée. Dans une perspective longitudinale, mais cette fois-ci à partir de données rétrospectives collectées lors des vagues 2 et 3 de l’enquête (i.e. indépendamment du suivi des personnes) concernant la situation d’activité du répondant depuis son 16e anniversaire, Zsuzsanna Makay s’intéresse à la rapidité avec laquelle les femmes (re)prennent une activité professionnelle après la naissance d’un enfant (chapitre 13). En proposant une approche comparative entre la France et la Hongrie (à partir de l’enquête GGS hongroise), deux pays où un congé parental rémunéré peut être pris après le congé de maternité, elle démontre un effet marqué de la politique familiale sur les comportements d’activité des femmes. Elle explique notamment pourquoi la majorité des femmes gardent elles-mêmes leur enfant le plus longtemps possible en Hongrie (jusqu’à la fin du congé parental rémunéré) tandis qu’en France, beaucoup retournent rapidement sur le marché du travail. Elle met toutefois en évidence des comportements contrastés selon le statut social des femmes.
14Si l’aménagement des rythmes de travail n’est pas toujours possible, suffisant ou souhaité, le recours à une aide extérieure peut représenter une solution pour aider à surmonter les difficultés d’articulation entre activité professionnelle et vie familiale. Maëlan Le Goff, Julien Navaux et Lionel Ragot montrent notamment que l’arrivée du premier enfant favorise l’entraide intergénérationnelle (chapitre 15). Elle se traduit par une aide en temps de la part des parents pour la garde ou la réalisation de tâches domestiques, mais ne donne pas lieu à des donations ni à des aides financières de leur part. L’aide financière des parents est en revanche plus forte envers les étudiants, mais aussi à la suite d’une perte d’emploi ou d’une séparation ; les donations s’effectuent quant à elles principalement au moment de l’acquisition d’un logement. De son côté, François-Xavier Devetter met en évidence que l’arrivée d’un enfant entre les différentes vagues d’enquête s’accompagne d’un recours plus fréquent à une aide domestique rémunérée, lequel dépend aussi d’autres facteurs comme la situation économique ou la dégradation de l’état de santé (chapitre 16).
15Les données de l’enquête se prêtent par ailleurs à l’étude d’autres conséquences des changements familiaux. En s’appuyant sur les deux premières vagues de l’enquête Érfi, Delphine Chauffaut et Pauline Domingo (2011) s’étaient intéressées à l’évolution des opinions relatives à la construction de la famille, à l’importance des enfants et à la solidarité familiale. Elles concluaient au faible impact de l’arrivée d’un enfant et des changements matrimoniaux ou professionnels sur les opinions. La contribution de Manon Réguer-Petit s’inscrit dans cette perspective, en s’intéressant plus spécifiquement aux conséquences que peut avoir l’entrée dans la monoparentalité ou dans la beau-parentalié sur l’évolution des opinions (chapitre 7). Ses résultats la conduisent à défendre l’hypothèse d’une « socialisation de transformation » pour les femmes devenues mères seules à la suite d’une séparation et pour celles devenues belles-mères alors qu’elles n’avaient pas elles-mêmes d’enfants, plus spécifiquement en ce qui concerne les valeurs relatives à la division des rôles entre sexes et au modèle patriarcal. Pour leur part, Didier Breton et Nicolas Cauchi-Duval portent leur attention sur l’évolution du climat conjugal vécu par les enfants avec la naissance ou la décohabitation d’un (demi-) frère ou d’une (demi-) sœur (chapitre 6). Au final, à l’instar des opinions dont la variation s’avère assez peu liée aux changements familiaux, la fréquence des désaccords réagit peu à l’évolution de la fratrie présente dans le ménage. Seule la naissance d’enfants s’accompagne d’une baisse significative des désaccords parentaux ou d’un maintien de ceux-ci à un niveau faible. L’entente entre conjoints paraît en revanche plus sensible aux variations du niveau de vie et du rôle respectif du père et de la mère, tant dans la répartition des tâches que dans celle de l’autorité liée aux décisions parentales.
16Les différentes contributions présentées dans cet ouvrage témoignent des potentialités offertes par les données longitudinales, notamment pour l’analyse des déterminants des comportements familiaux, mais aussi pour l’étude des conséquences qui les accompagnent. Pour une question de lisibilité, l’ouvrage n’a toutefois pas été organisé selon la perspective d’analyse privilégiée par les auteurs, d’autant que plusieurs perspectives peuvent coexister au sein d’une même contribution. Nous avons opté pour une présentation en quatre grandes parties thématiques : le couple (partie II, chapitres 4 à 7), la fécondité (partie III, chapitres 8 à 11), l’activité professionnelle (partie IV, chapitres 12 à 14) et l’aide aux personnes (partie V, chapitres 15 et 16). En amont de ces études, une première partie revient sur la fabrique des données et sur leurs limites. Le chapitre 1 présente d’abord à grands traits le projet international Generations and Gender Survey (GGS) dont Érfi est la déclinaison française et rappelle, de manière très concrète, la mise en place des trois vagues de l’enquête en France. Les chapitres 2 et 3 examinent plus directement la représentativité des données longitudinales et leur qualité.
III. Quelques contraintes liées aux données longitudinales
17Si le recours aux données de type longitudinal et individuel représente un instrument de choix incontestable pour repérer différents obstacles à la réalisation des projets et mieux comprendre certaines relations de cause à effet, il n’est cependant pas exempt de limites.
Des enquêtes lourdes à mettre en place
18Du point de vue pratique et organisationnel, la mise en place d’une enquête à passages répétés est à la fois lourde et coûteuse. Fusse-t-elle fondée sur un questionnement proche d’une vague à l’autre, chaque réinterrogation représente en elle-même une enquête à part entière, avec les mêmes jalons : préparation et programmation informatique du questionnaire, enquête-pilote, recherche de financements, présentation de l’étude aux autorités statistiques, formation des enquêteurs, collecte, apurement et documentation des données.
19À cela s’ajoute la difficulté de suivre les mêmes personnes pendant plusieurs années, nécessitant un effort important d’actualisation de leurs coordonnées. Les résultats de l’enquête Logement de l’Insee montrent que la mobilité géographique est importante (entre 2002 et 2006, 31 % des ménages ont ainsi déménagé : Fabre et Dejonghe, 2015), particulièrement aux jeunes âges (Dubujet, 1999). Dans ces situations, rares sont les personnes qui spontanément préviennent de leur changement d’adresse. En l’absence de registre de population en France, contrairement à d’autres pays, la procédure de suivi (rappelée dans le chapitre 2, concernant Érfi) est donc lourde. Elle consiste en l’envoi régulier de courriers puis, en cas de retour de celui-ci avec la mention « n’habite plus à l’adresse indiquée » ou « adresse inconnue », à la mise en place d’une véritable enquête pour retrouver la trace des personnes (contact de personnes-relais, appels téléphoniques, recherche dans les pages blanches). L’investissement humain et le coût de l’opération sont donc particulièrement élevés.
20Si des analyses statistiques peuvent être produites dès la première vague d’enquête (comme cela a été le cas pour Érfi), ce n’est finalement qu’au terme de ce suivi de plusieurs années que l’on peut prétendre à une approche longitudinale prospective. En outre, malgré les efforts et les moyens consentis pour suivre le panel d’individus, l’échantillon initial s’érode avec le temps et les effectifs fondent au fil des vagues, conduisant à s’interroger sur la représentativité de la population suivie.
La qualité des données parfois en question
21Plusieurs limites peuvent venir compromettre la qualité des données collectées. En premier lieu, l’échantillon de l’enquête Érfi interrogé en 2005 n’a pas échappé à la règle de l’attrition. Celle-ci a été de 35 % entre 2005 et 2008 et a atteint 43 % en 2011, au terme de la troisième vague. La réduction de la taille des effectifs – souvent pointée comme un obstacle aux ambitions initiales d’exploitation des données par les contributeurs à cet ouvrage – limite, d’une part, le nombre d’événements observables vécus par la population suivie (e.g. la naissance d’un enfant) et, d’autre part, peut venir compromette la robustesse des tests statistiques. Le risque de distorsion de la structure de l’échantillon initiale peut par ailleurs biaiser les résultats et l’interprétation qui en serait faite (Razafindratsima et Kishimba, 2004). Là encore, Érfi n’échappe pas à la règle. L’attrition a été sélective, touchant plus spécifiquement certaines catégories de personnes, notamment les plus jeunes, mais aussi les plus âgées, les hommes, les habitants des grandes agglomérations ou encore les personnes en mauvaise santé. Celle-ci est en partie contrôlée dans les analyses longitudinales par le recours à des variables de redressement, mais qui recalent la structure des échantillons longitudinaux sur celle de l’échantillon initial sur quelques critères seulement (voir chapitre 2 pour plus de détails). Il appartient donc à chaque chercheur, selon la thématique qu’il aborde, de s’assurer que l’attrition ne compromet pas ses résultats.
22La réinterrogation des mêmes personnes pose en outre la question de la cohérence de l’information collectée au cours des vagues successives d’enquête. Lors des vagues 2 et 3 de l’enquête Érfi, une importante sous-déclaration des enfants a été mise au jour (chapitre 3). Celle-ci est d’autant plus problématique qu’elle touche l’une des thématiques centrales de l’enquête. Le phénomène concerne plus particulièrement les enfants non cohabitants du répondant et semble être plutôt aléatoire. Dit autrement, il ne touche pas les mêmes répondants aux différentes vagues et aucun déterminant ne se dégage nettement. Dans le cas de l’enquête Érfi, on peut déplorer deux conséquences en termes de perspective d’analyses. En premier lieu, la sous-déclaration compromet la possibilité d’étudier en longitudinal les déterminants de l’évolution des relations entre le répondant et ses enfants non cohabitants (satisfaction, fréquence des rencontres). En second lieu, dans la mesure où seules les personnes ayant déclaré avoir des enfants de 16 ans ou plus étaient interrogées sur l’existence de petits-enfants, la grand-parentalité est, par conséquent, elle-même sous-estimée dans Érfi. L’exploitation de cette partie du questionnaire, introduite lors de la troisième vague de l’enquête, paraît dès lors compromise ou, à tout le moins, nécessite une expertise préalable des biais éventuels extrêmement méticuleuse.
23Si l’on peut parfois raisonnablement parler d’incohérences, comme c’est le cas dans Érfi au sujet du nombre total d’enfants, d’autres variations de réponses peuvent avoir une signification sociologique en tant que telle. Pointant différentes « incohérences » de réponse aux questions rétrospectives sur les sorties culturelles collectées dans l’enquête longitudinale française sur les loisirs des adolescents, Pierre Mercklé et Sylvie Octobre (2015) proposent ainsi de considérer que celles-ci ne doivent pas nécessairement être pensées « comme des “erreurs” mais comme des faits positifs, des comportements culturels et des représentations à analyser » (p. 579). La signification d’un même événement peut en effet varier selon les personnes et dans le temps, invitant à la prudence dans l’interprétation trop hâtive que l’on pourrait être tenté de donner à des écarts de réponses entre différentes vagues d’enquête. Comparant la manière dont les mêmes enfants (nés entre 2005 et 2008) ont été déclarés en termes de planification en 2008 et en 2011, Arnaud Régnier-Loilier (chapitre 8) montre que la réponse diffère dans un tiers des cas. Pour autant, ces écarts ne sauraient être interprétés comme des contradictions ou dus à un phénomène de reconstruction a posteriori ; ils tiennent plus probablement à une certaine porosité entre les modalités de réponse proposées à cette question. Dans le cas présent, la collection répétée de données et les écarts observés peuvent représenter une opportunité dans la mesure où ils invitent à reconsidérer la formulation de la question ou à la préciser.
Un pouvoir explicatif à nuancer
24Quelques nuances méritent enfin d’être apportées quant au pouvoir explicatif des données de suivi. En premier lieu, comme nous l’avons évoqué plus haut, l’attrition a réduit la taille de l’échantillon. En conséquence, le nombre d’événements survenus entre les vagues (naissances, mise en couple, mariages, pacs, séparations, décès des parents, passage à la retraite, décohabitation des enfants, vécu d’une période de chômage, etc.) est réduit d’autant, voire davantage pour certains sujets. C’est en particulier le cas concernant les séparations (chapitre 5). Celles-ci conduisent généralement au déménagement de l’un et/ou l’autre des conjoints, situation qui s’accompagne d’une perte de contact plus fréquente avec le répondant. Les ruptures et divorces entre les vagues sont, de ce fait, sous-estimés dans l’enquête.
25De façon plus générale, le nombre d’événements s’est parfois révélé insuffisant pour permettre de mener à bien les analyses envisagées, ce qui a conduit certains chercheurs ayant initialement pris part au groupe d’exploitation de l’enquête, à renoncer à leur projet. Une étude se proposait par exemple d’analyser les ajustements vis-à-vis de l’emploi (cessation d’activité, départ précipité à la retraite, augmentation ou réduction du temps de travail), en lien avec la survenue de la dépendance du conjoint. Une autre prévoyait d’étudier ce que les difficultés à avoir un enfant auraient comme répercussions sur les trajectoires conjugales, professionnelles et sur le bien-être. D’autres encore envisageaient de se focaliser sur l’exercice de la paternité après une séparation en fonction des modalités de résidence des enfants, sur l’étude des déterminants de la rupture ou du maintien du lien entre un père et ses enfants, ou encore sur le fait de retourner vivre chez ses parents. Sur ces thématiques, les attentes à partir des données longitudinales étaient fortes dans la mesure où elles auraient théoriquement pu permettre d’étudier de manière inédite les choix et les comportements des personnes soumises à telle ou telle situation. Notons toutefois que la faiblesse des effectifs très souvent mise en avant par les chercheurs n’est pas spécifique aux données longitudinales5.
26Une autre limite qui transparaît dans certaines des études présentées ici est le potentiel parfois limité des données longitudinales pour éclairer le sens des causalités. L’étude du lien entre la naissance d’un enfant et les changements de rythme de travail (chapitre 12) ne permet pas, par exemple, de se prononcer de manière formelle sur le sens des corrélations observées, dans la mesure où l’évolution des horaires de travail n’est pas datée. Elle est déduite de la comparaison des situations des personnes aux différentes vagues de l’enquête. Ainsi, il n’est pas possible de resituer chronologiquement ces changements de situations par rapport à l’arrivée d’un enfant. Le changement de rythme de travail a pu précéder la conception de l’enfant comme il a pu survenir après. L’actualisation des situations tous les trois ans, sans que les changements ne soient datés, ne permet donc pas toujours de débrouiller finement le sens des relations causales, ni d’écarter l’existence possible de causalités inverses (comportements d’anticipation). En revanche, la datation précise des périodes de chômage, collectées au mois près dans le calendrier rétrospectif d’activité, permet d’évaluer de façon précise les conséquences de la perte de son emploi sur la réalisation des projets de fécondité, à partir de modèles de durée (chapitre 10).
27Les contributeurs ont enfin regretté l’absence de certaines informations pourtant importantes pour mieux rendre compte des comportements étudiés, en particulier des informations relatives au conjoint de la personne interrogée. Si sa situation d’activité est décrite à chaque vague, on ne dispose pas de suffisamment d’éléments sur son parcours : un conjoint en situation d’activité au moment des différentes vagues d’enquête a pu connaître une ou plusieurs périodes de chômage dans l’intervalle. De même, on ne dispose d’aucune information relative à son parcours conjugal. Il n’est certes pas envisageable de demander à une personne de décrire l’histoire professionnelle ou conjugale du conjoint, mais il serait néanmoins possible de collecter quelques informations simples le concernant, telles que le fait d’avoir connu un épisode de chômage entre les vagues, d’avoir déjà vécu en couple ou été marié.
IV. Vers de futures exploitations, vers de nouvelles données
28Tout en entretenant un lien fort de filiation avec Portraits de familles (paru en 2009) sur le plan thématique et des données mobilisées, Parcours de familles s’en démarque largement à plusieurs égards. En premier lieu, sans se priver d’états des lieux transversaux (en 2005), l’approche privilégiée dans cet ouvrage est résolument longitudinale et apporte de ce point de vue une véritable valeur ajoutée en termes d’analyse. Ainsi, si certains thèmes de recherche reviennent dans les deux ouvrages (fécondité, conjugalité, relations intergénérationnelles), ils sont abordés sous un angle différent, le plus souvent par d’autres chercheurs, et sans lien direct avec les études publiées sept ans plus tôt. Seul le chapitre 4 propose une véritable « suite », tel un feuilleton, en s’intéressant au devenir des différents « types » de relations amoureuses non cohabitantes mis au jour dans Portraits de familles (Beaujouan et al., 2009). En second lieu, certaines thématiques n’avaient pas été explorées jusque-là, comme l’organisation du temps de travail, le climat conjugal, la reprise d’activité, l’aide financière et temporelle entre générations ou encore le recours à une aide extérieure payante.
29Les contributions présentées dans ce recueil collectif illustrent ainsi la richesse et les potentialités d’analyse de l’enquête Érfi. Bien d’autres exploitations suivront, en France mais aussi dans une perspective comparative internationale. À ce jour, dix-neuf pays ont réalisé la première vague d’enquête, douze la deuxième et six la troisième, ouvrant la voie à de nombreuses comparaisons internationales. Les ambitions initiales du projet Generations and Gender Programme (GGP) devront néanmoins être revues à la baisse. Certains pays manquent en effet à l’appel, notamment les pays d’Europe du Sud. En outre, le nombre de pays pour lesquels trois vagues d’interrogation auront eu lieu sera au final limité, soit en raison de contraintes budgétaires, soit à cause d’une attrition trop forte entre les deux premières vagues. Enfin, les pays participants n’ont pas tous réalisé à part entière l’enquête GGS, mais seulement certaines parties du questionnaire, limitant les possibilités de comparaison.
30Il n’en demeure pas moins que, seize ans après son lancement, le GGP peut se targuer d’un bilan plus que satisfaisant comme en témoigne le nombre de travaux déjà réalisés à partir de ces données. Des prolongements sont d’ores et déjà envisagés, avec des ambitions longitudinales renouvelées. On peut toutefois appeler de nos vœux que la mise en place d’une nouvelle enquête soit précédée d’une évaluation fouillée du programme GGP, comme cela avait été fait à la suite du précédent round d’enquêtes internationales Fertility and family survey (Festy et Prioux, 2002). Concernant le contenu même du questionnaire et dans une perspective comparative, il serait, par exemple, intéressant de voir quelles questions ont été le moins souvent déclinées à l’identique dans les différents pays. Les ajustements apportés au questionnaire international lors de sa mise en œuvre au niveau national pourraient permettre de repérer les parties les plus problématiques. L’évaluation pourrait aussi porter sur les questions qui sont peu ou pas exploitées6. S’agit-il de difficultés à interpréter les réponses, traduisant des questions pas toujours univoques7 ? De questions pour lesquelles les réponses se concentrent trop sur la modalité « autres », révélant une question mal circonscrite8 ? Ou encore de situations trop rares pour permettre une exploitation statistique ? Cette évaluation pourrait conduire à réfléchir à l’opportunité de surreprésenter certaines classes d’âges dans le tirage initial des échantillons, afin de pouvoir bâtir les analyses statistiques sur un nombre plus conséquent d’événements ; ou encore à supprimer certaines questions, ouvrant alors le champ à l’exploration d’autres dimensions dont on peut regretter l’absence (par exemple concernant le parcours résidentiel des personnes, les raisons du premier départ de chez ses parents, le rang du répondant dans sa fratrie ou encore l’inclusion d’un module visant à appréhender la personnalité des individus). Les différents programmes internationaux d’enquêtes régulièrement mis en place depuis les années 1970 (Comparative Fertility Surveys, World Fertility Surveys, Fertility and Family Survey et, actuellement, Generations and Gender Survey) se nourrissent toujours de l’expérience issue de leurs prédécesseurs, offrant ainsi des perspectives d’analyses sans cesse renouvelées.
Bibliographie
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Références bibliographiques
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Notes de bas de page
1 La première vague de l’enquête Érfi a donné lieu à de nombreuses autres études, en France et ailleurs. Une bibliographie générale des publications issues des enquêtes GGS est consultable sur le site du Generations and Gender Programme : http://www.ggp-i.org/bibliography.html
2 Il est, dans certains cas, un prélude au mariage, comme en atteste l’importante proportion de dissolutions de pacs dues à un mariage : une sur deux en 2014 (source : ministère de la Justice).
3 Même si 2005 représente un cas particulier avec 152 020 divorces prononcés, pic à rapprocher de la réforme du divorce (loi n° 2004-439 du 26 mai 2004 entrée en vigueur le 1er janvier 2005) qui simplifie les procédures et autorise une seule comparution, alors qu’auparavant une seconde était imposée après « trois mois de réflexion » (Lermenier et Timbart, 2009).
4 Au sujet de l’évolution de la répartition des tâches parentales au sein du couple à partir des données d’Érfi, voir Brugeilles et Sebille, 2011.
5 C’est une limite qui survient dès lors que l’on étudie des situations ou configurations relativement rares à partir d’une enquête ne comptant que quelques milliers de répondants.
6 En France, les données relatives à l’activité complémentaire du répondant/du conjoint, à la description des biens du ménage et des privations, aux dépenses liés aux modes de garde n’ont à notre connaissance pas été exploitées à ce jour.
7 Les questions d’intention (d’avoir un enfant, de quitter le domicile parental, etc.) étaient généralement suivies d’autres, visant à savoir dans quelle mesure la décision « d’avoir ou de ne pas avoir un enfant »/ « de partir ou non du foyer parental », etc., dépendait de tel ou tel aspect : situation financière, travail, logement, santé, etc. Ces indicateurs semblent rarement mobilisés dans les études, peut-être parce que l’on peine à savoir de quelle manière le répondant s’est positionné pour répondre, dans quel sens tel aspect joue sur sa décision, et sur quelle décision : avoir un enfant ou ne pas en avoir, quitter le domicile parental ou rester chez ses parents, etc.
8 C’est par exemple le cas en France concernant les raisons de ne pas cohabiter avec son partenaire. L’entrée par l’opposition binaire entre choix et contrainte paraît aujourd’hui discutable et ces situations semblent relever non pas d’un unique motif mais d’un ensemble (Duncan et al., 2013).
Auteur
Docteur en sociologie, chargé de recherche à l’Ined et rattaché à l’unité Fécondité, famille, sexualité. Il enseigne également en master les méthodes d’analyse quantitative à l’université Paris-Sorbonne. Ses principaux travaux portent sur la fécondité, la diversité des conjugalités et les relations enfants-parents en France. Ses réflexions portent également sur la méthodologie d’enquête. Responsable de la mise en place des trois vagues de l’enquête Generations and Gender Survey en France (Étude des relations familiales et intergénérationnelles, Érfi) réalisées en partenariat avec l’Insee entre 2005 et 2011, il a également coordonné, avec Wilfried Rault (Ined), l’enquête Étude des parcours individuels et conjugaux (Épic, 2012-2013, en partenariat avec l’Insee).
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