Chapitre 3. Genre et lutte contre le travail des enfants au Burkina Faso
p. 85-99
Texte intégral
Introduction
1Après avoir disparu de la scène publique au cours des années 1970 à 1990, la lutte contre le travail des enfants au Burkina Faso est réapparue ces dix dernières années avec un intérêt sans précédent aussi bien de la part des acteurs étatiques, des organisations non gouvernementales (ONG) que des organismes onusiens. Dans une double perspective sociologique et anthropologique, ce chapitre traite des différences en termes de genre dans la lutte contre ce phénomène au Burkina Faso.
2Le texte est structuré en trois parties. Il présente d’abord les éléments caractéristiques propres à une approche en termes de genre dans la lutte contre le travail des enfants. Ensuite, il aborde les politiques et les acteurs de cette lutte au Burkina Faso, en décrivant les processus de problématisation de la question. Enfin, il traite du cas spécifique d’un projet triennal de retrait d’enfants des mines artisanales des régions du Nord et du Sahel burkinabè, afin d’interroger la prise en compte du genre, les obstacles sociaux, culturels, et autres contraintes possibles à l’égalité fille-garçon dans cette intervention. Il questionne par ailleurs la responsabilité des acteurs de terrain dans la (re)production des normes et des rôles sexués.
3Les données utilisées sont issues d’une thèse de doctorat dont l’ensemble de la méthodologie est qualitative et inductive (Wouango, 2012b), résultat de quatre années de recherche menée au Burkina Faso, entre 2008 et 2011, auprès d’acteurs engagés dans les politiques de lutte contre le travail des enfants, mais également avec des enfants eux-mêmes, des parents et des employeurs.
I. Penser le genre dans la lutte contre le travail des enfants
4Une approche en termes de genre concernant le travail des enfants conduit à prendre en considération un certain nombre d’aspects dans les actions menées en faveur des filles et des garçons. D’une façon générale, les études sur le genre donnent des pistes de recherche théoriques et pratiques. Même si la notion elle-même connaît encore un usage polysémique, elle est utilisée ici dans le sens d’une prise en compte égalitaire des filles et des garçons dans les réponses apportées par les politiques de lutte contre le travail des enfants d’une part, et d’une prise en considération des expériences différentielles de ces derniers d’autre part. En effet, filles et garçons vivent le travail différemment : ils peuvent avoir des motivations et des modalités d’implication variées, y trouver des avantages et des inconvénients fort divers.
5Les attentes des parents à l’origine du travail des enfants peuvent être différentes selon qu’il s’agit de filles ou de garçons. Cette situation s’explique par les rôles sociaux assignés aux enfants dans la communauté. Filles et garçons peuvent alors vivre différemment cette influence familiale, et résister différemment à cette pression. C’est pourquoi une recherche sur le travail des enfants doit prendre en considération ces expériences variables et diverses. Et les réponses proposées pour retirer les enfants de leurs lieux de travail ne devraient pas être globales mais adaptées à la situation familiale, aux types de travaux et aux attentes des enfants travailleurs, selon leur sexe.
6En 2005, le Programme international pour l’élimination du travail des enfants (IPEC)1 a publié un document intitulé « La promotion de l’égalité des sexes dans la lutte contre le travail et la traite des enfants ». Il s’agit d’un guide pratique pour les décideurs et les praticiens engagés dans la lutte contre la traite et l’exploitation sévère du travail des filles et des garçons. Son but est d’aider ces acteurs à « identifier des moyens efficaces pour réduire au minimum les difficultés rencontrées par les filles et les garçons – et leur famille – en situation de vulnérabilité » (Haspels et Suriyasarn, 2005). Les lignes directrices de prise en compte des rapports de genre y sont clairement exposées : « les filles sont particulièrement vulnérables à l’exploitation du travail des enfants, elles font face à des problèmes différents et ont d’autres stratégies de survie que les garçons. Les programmes de lutte contre le travail des enfants et la traite doivent prendre en compte ces différences s’ils veulent atteindre efficacement les filles et les garçons » (ibid., p. 1). Cette promotion de l’égalité des sexes dans la lutte contre le travail des enfants implique :
d’appréhender les filles et les garçons travailleurs en prenant en compte leurs besoins, contraintes et opportunités de manière égale ;
de tenir compte de la vulnérabilité des filles, des contraintes spécifiques qu’elles subissent (harcèlement sexuel et autres types de violences sur leurs lieux de travail) ;
d’être attentif à l’égalité et l’équité entre les sexes dans les solutions proposées à la « population cible », à savoir offrir les mêmes opportunités et possibilités aux filles et aux garçons ;
d’agir sur les normes et les valeurs locales de légitimation des pratiques et rôles sexuées ;
de tenir compte de l’intérêt supérieur des enfants travailleurs dans les décisions prises contre le travail des enfants.
7Cette prise en compte de l’égalité des sexes, mais aussi des préoccupations et des expériences des enfants travailleurs filles et garçons, devrait se faire tout au long du processus d’intervention – de l’élaboration à l’évaluation du projet ou programme, et en particulier dans les étapes initiales. Ainsi, toute action auprès des enfants doit être précédée d’une analyse de ce type afin d’identifier et de comprendre les rôles et les besoins des filles et des garçons, et ensuite d’évaluer les répercussions que cette action aura pour les un-e-s et les autres. Lorsque les filles sont dans une situation vulnérable, l’intervention doit privilégier une approche « sexospécifique » ou de discrimination positive (Calvès, 2004). En 2009, l’Organisation internationale du travail (OIT) consacrait le thème de la Journée mondiale contre le travail des enfants du 12 juin à l’exploitation des filles. Elle appelait à ce que les réponses politiques visant les causes du travail des enfants accordent une place spécifique à la situation particulière des filles et qu’une plus grande attention soit accordée à leurs besoins en éducation et en formation, afin qu’elles puissent trouver un travail décent à l’âge adulte (BIT-IPEC, 2009)2.
8De manière symbolique, les Nations unies ont décidé en 2012 de faire du 11 octobre la « journée internationale de la fille » afin de renforcer et de cibler la lutte contre les discriminations et les violences faites aux jeunes filles dans tous les secteurs de la vie, dans le monde entier. Lors de cette journée, le directeur de l’OIT, Guy Ryder, a rappelé les inégalités que ces dernières rencontrent durant leur scolarisation et dans le monde du travail : « elles occupent souvent les emplois les plus mal rémunérés, les plus précaires, et subissent l’inégalité des sexes à la maison et sur leur lieu de travail. Celles qui travaillent à domicile demeurent invisibles et ne sont pas recensées. » Nous verrons, dans le cadre d’un projet précis de retrait d’enfants travailleurs des mines artisanales, dans quelle mesure ces différences et inégalités de genre apparaissent.
II. Un intérêt récent
9Au Burkina Faso, ce n’est qu’au début des années 2000 que l’État burkinabè et d’autres acteurs s’engagent réellement pour lutter contre le phénomène. Cette partie présente la trajectoire historique de la prise en compte du travail des enfants comme problème public ; elle analyse le rôle de chaque catégorie d’acteurs et explique les enjeux liés au nouvel objectif qui est d’éradiquer les « pires formes de travail des enfants » dans le pays.
1. Le rôle nouveau du gouvernement burkinabè
10La compréhension du travail des enfants et de sa construction en véritable problème public au Burkina Faso nécessitent un retour à l’histoire3, autrement dit une lecture diachronique des faits et des dynamiques ayant caractérisé la mobilisation récente contre ce qui est devenu « intolérable » (Fassin et Bourdelais, 2005). En effet, ce qui est nommé aujourd’hui « travail des enfants » n’a pas toujours été un problème et les logiques de sa problématisation ont changé au cours de la longue histoire du pays.
11En prenant pour point de départ les politiques coloniales, on constate, de façon générale, que les enfants travailleurs en Afrique ont été tout simplement oubliés durant les quarante premières années de la colonisation. Les tentatives de reconnaissance de « droits » à leur égard n’émergent qu’après les années 1930, au moment où le travail des enfants en Occident connaît son déclin. Au cours de cette période, ce domaine spécifique de la vie sociale est précisément l’un de ceux où les pouvoirs publics de l’ordre colonial interviennent très peu. Le désintérêt vis-à-vis de la question du travail des enfants concerne alors également le monde de la recherche. Ainsi Beverly Grier (2004, p. 2) en vient à parler d’une double invisibilité : de la part des décideurs coloniaux et de la part des chercheurs africains et africanistes. Alors que les enfants ont représenté de façon omniprésente une main-d’œuvre marchande et non marchande, à l’intérieur comme à l’extérieur de la sphère domestique, la recherche académique sur l’enfance en Afrique a presque totalement négligé cette thématique, que ce soit pendant la période précoloniale ou coloniale. Le travail des enfants reste un parent pauvre, une question peu étudiée et sous-théorisée. Cette double invisibilité en a eu pour conséquence une troisième, laquelle a comme caractéristiques une inaction des autorités publiques et une totale négligence du travail des enfants comme problème à résoudre, et ce jusque vers la fin des années 1940.
12Comme dans la plupart des colonies africaines françaises, la population de la Haute-Volta a d’abord été soumise à la politique du travail forcé qui n’est aboli qu’en 1946. Puis se mettent en place des tentatives d’intégrer le travail des enfants au questionnement social et au droit du travail. Une inspection du travail est créée en avril 1947 et différents inspecteurs coloniaux sont nommés. La première législation relative au travail des enfants est adoptée en 1954 (arrêté n° 539/ITLS/HV du 29 juillet) ; elle est censée permettre à l’administration française de réglementer le recrutement des jeunes travailleurs et d’interdire le travail des enfants dans ses propres colonies. Toutefois, cette législation restera inappliquée jusqu’à l’indépendance du pays. Le travail des enfants comme problème à résoudre s’est limité à cet arrêté et aux quelques allusions dans les rapports des inspecteurs coloniaux, et ce jusqu’à la mise en place d’un ministère du Travail à proprement parler en 1959 (Wouango, 2012b, p. 95-103).
13Après l’indépendance de la Haute-Volta, le 5 août 1960, se met en place un mécanisme politique qui relance progressivement un discours mettant en avant la relation antinomique entre le travail et l’enfance. Les autorités publiques vont avoir deux attitudes vis-à-vis de la question. La première période post-indépendance, de 1960 à fin 1980 se limite, comme auparavant, à des allusions au sujet, dans les textes et les discours, mais sans entrevoir la nécessité de mener des actions concrètes. Les politiques de l’enfance seront toujours centrées sur le secteur de la santé et, surtout, de l’éducation. La seconde période, de la fin des années 1980 à aujourd’hui, voit l’émergence de la lutte contre le travail des enfants, laquelle bénéficie d’un intérêt sans précédent. Elle marque une prise de conscience à l’échelle du Burkina Faso – mais aussi à l’échelle internationale – de l’urgence à agir pour éradiquer ce qui est devenu une « plaie sociale » (Unicef, 1997), un fléau qui « prive les enfants de leur enfance » (BIT, 2006). Cet objectif d’élimination du travail des enfants se réalise conjointement avec celui du renforcement de la scolarisation comme solution alternative.
14Ainsi, la question devient de plus en plus un problème public, dans un cadre discursif à partir du début des années 1990, puis dans celui de l’action depuis les années 2000. Cet intérêt est d’abord favorisé par des facteurs liés au contexte régional et mondial, sous l’impulsion des organisations internationales, des conventions ratifiées par le Burkina Faso, de l’application des droits de l’enfant et du droit à l’éducation, et enfin des ONG et des associations. À partir de 1992, l’État burkinabè va progressivement passer d’une politique « silencieuse », puis « informative », à une politique ostensiblement « active » sur la question. C’est à cette période que l’intérêt gagne le niveau national, au travers notamment d’études réalisées pour le compte des pouvoirs publics ou pour celui des ONG. Acteurs étatiques et associatifs commencent progressivement à dénoncer les formes les plus visibles d’« exploitation » du travail des enfants – relayés dans l’espace public par les médias –, et un certain nombre d’acteurs publics et privés évoquent l’urgence qu’il y a désormais à agir. Au cours des années 2000, des politiques actives se multiplient et de nombreux acteurs, publics et privés, viennent renforcer l’action de l’État et s’engagent afin d’éliminer les « pires formes de travail des enfants4 ».
2. L’engagement de différents acteurs
15L’action publique contemporaine contre le travail des enfants au Burkina Faso mobilise plusieurs acteurs aux ressources argumentaires, financières et matérielles inégales, aux approches diversifiées, aux intérêts variables voire concurrentiels. Ces acteurs se regroupent en cinq catégories.
16La première concerne les acteurs étatiques issus des trois ministères en charge de l’enfance, du travail, et de l’éducation5, avec leurs représentations dans les régions et provinces du Burkina Faso, ainsi que d’autres services ministériels (santé, sécurité, droits humains, etc.) qui collaborent occasionnellement avec ces trois ministères clés. La deuxième catégorie concerne les partenaires techniques et financiers (PTF), qui portent le discours officiel international abolitionniste. Ils impulsent la nécessité d’agir et sont les bailleurs de fonds des programmes et projets de lutte au niveau national. La troisième catégorie concerne une pluralité d’ONG et d’associations qui s’engagent ou se reconvertissent vers le champ de la lutte contre le travail des enfants. Ce sont elles qui portent la dimension concrète de l’action, principalement par la réalisation de projets visant le retrait des enfants de travaux considérés comme « dangereux ». Cette catégorie d’acteurs a des interactions plus fortes avec les PTF – qui disposent de plus de ressources – qu’avec les acteurs étatiques – qui dépendent aussi financièrement des PTF. La quatrième catégorie, qui a récemment rejoint le combat, est constituée de syndicats et du patronat, et regroupe ce que l’OIT nomme les « partenaires sociaux ». Elle élargit le rang des acteurs de la lutte abolitionniste. Enfin, la cinquième et dernière catégorie concerne l’opinion publique et les médias, considérés comme des acteurs relais. Les enfants travailleurs et leurs parents sont la « cible » des interventions. Ces différents acteurs n’ont ni le même degré d’engagement ni le même poids, car ils disposent de ressources financières et discursives inégales, créant par la même occasion des rapports de force inégaux. Pour autant, ils s’intéressent peu aux questions de genre dans le cadre de cette politique abolitionniste.
17Le rôle des ONG, nationales et internationales, et des associations est aujourd’hui incontournable dans l’action publique contre le travail des enfants. Depuis leur développement, au début des années 1990, elles participent à (re)mettre cette lutte à l’agenda politique. Compte tenu de l’échec ou de l’inaction de l’État burkinabè dans les secteurs sociaux après les années 1980, ces ONG et associations sont allées jusqu’à le remplacer dans certains domaines et dans plusieurs régions du pays. Leur capacité d’action les positionne comme des acteurs quasiment incontournables dans la promotion des secteurs sociaux et des droits de l’enfant au Burkina Faso. C’est dans ce contexte que les ONG et les associations proposent des solutions concrètes notamment pour combler les carences ou l’inaction de l’État burkinabè, dont les pratiques de lutte contre le travail des enfants ne sont jamais allées au-delà des mesures législatives. Nous analyserons plus loin, à partir de l’examen d’un projet triennal de retrait d’enfants dans les mines artisanales des régions du Nord et du Sahel, les solutions proposées en termes de « formation à un métier » et les considérations en matière de rapports de genre et d’égalité des sexes.
3. Un secteur concerné : les mines et carrières
18Au Burkina Faso, les mines et carrières d’« exploitation artisanale traditionnelle6 » sont considérées, depuis un décret de 2009, comme relevant des « travaux dangereux » eu égard à la nature, l’intensité et la dangerosité des tâches exercées par les enfants. Dans ce secteur d’activité, ces dernières sont très hétéroclites et varient selon que l’enfant (fille ou garçon) effectue ce travail avec ses parents ou non, pour son propre compte ou non. Les filles et garçons peuvent également avoir des motivations fort différentes : gagner son argent, aider ses parents, répondre à leur demande, etc. Les projets de retrait d’enfants travailleurs, développés depuis les années 2000 dans le pays, ciblent en priorité ce secteur.
19Si le travail dans les mines a souvent été pensé comme une activité typiquement « masculine » (Gueye, 2001), aujourd’hui, des femmes et des jeunes filles y effectuent des tâches diversifiées. Au Burkina Faso, une enquête conduite sur deux mines artisanales du Sahel indique que les filles sont impliquées dans des activités comme la casse de minerai (32,7 %), le pilage et le lavage de minerai (24,1 %). Les garçons sont, quant à eux, chargés de travaux tels que le lavage de minerai (22,2 %), l’extraction (17,3 %) et le creusage7 pour 16 % d’entre eux (Sangaré et al., 2009). Par ailleurs, le durcissement des conditions de vie a entraîné un déplacement de familles entières vers les sites miniers. Une étude menée en 2005 par l’IPEC estime que, ces dernières années, la proportion de filles et de garçons est sensiblement la même dans ce secteur d’activité (IPEC, 2005). Les dangers encourus (maladies pulmonaires, blessures, accidents, mauvais traitements) touchent les deux sexes, mais les filles sont plus susceptibles que les garçons d’être confrontées à la violence verbale ou physique, au viol ou à la prostitution. Certains de ces dangers peuvent parfois même conduire à des décès.
20En 2009, le Bureau des mines et de la géologie du Burkina Faso (Bumigeb) a dénombré 210 sites de production aurifère artisanale, sans pouvoir évaluer le nombre d’enfants qui y travaillent, aucun travail de recensement n’ayant été réalisé à l’échelle nationale. Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) et le ministère de l’Action sociale (MASSN) ont commandité une étude statistique en 2010, qui était nationale au départ mais qui, finalement, pour des raisons budgétaires, s’est limitée à quatre régions sur les treize du pays. Cette étude a estimé que 19881 enfants de moins de 18 ans travaillaient dans les mines d’or artisanales de ces quatre régions (Yaro et al., 2010, p. 11).
21Dans les discours et la législation sur le travail des enfants, ce secteur des mines et carrières est donc considéré comme relevant des travaux « dangereux » et « exploitatifs » (INSD, 2008 ; MTSS, 2009). Cependant, en dehors du cadre législatif, il n’existe pas d’action directe de la part de l’État visant à offrir des alternatives aux enfants travaillant dans ce secteur. Dans ce contexte, ce sont surtout une vingtaine d’ONG et d’associations qui interviennent. Qui sont ces acteurs d’initiative formellement privée déclarant agir pour le « bonheur » (Atlani-Duault, 2005) des enfants des mines et carrières et quelles sont les logiques de leurs interventions ? Celle que nous allons étudier maintenant est une ONG nationale8.
III. Un exemple de projet triennal
1. Le retrait d’enfants des « travaux dangereux »
22Le projet dont il est question ici a eu lieu sur trois ans, de 2006 à 2009. Il avait pour cible les enfants travailleurs des mines artisanales des régions du Sahel et du Nord du Burkina Faso, et a été mis en œuvre par une ONG nationale créée en 2002 dont l’objectif est la promotion et la protection des droits des enfants. Son but explicite est de retirer ces derniers de ce secteur d’activité car, selon elle, « le travail des enfants dans les mines est dangereux et exploitatif, et il doit être traité de toute urgence ». Les domaines d’intervention de l’ONG sont divers, incluant la nutrition, l’éducation, la protection des droits et la lutte contre le travail des enfants sur les sites aurifères. Aujourd’hui, l’ONG a fait sa place dans le champ de la protection de l’enfance au Burkina Faso, comme en témoignent ses nombreux partenariats techniques et financiers9. S’agissant de la lutte contre le travail des enfants, l’ONG oriente ses activités vers le retrait des enfants des mines et, comme l’affirme son directeur, leur « réhabilitation et [leur] réinsertion socioéconomique ». Elle se revendique explicitement de la perspective abolitionniste et prône une « tolérance zéro » concernant le travail des enfants dans les mines d’exploitation artisanale. Grâce à l’appui financier de ses partenaires, l’ONG a commencé en 2002 à réaliser des projets dans les domaines des droits de l’enfant de façon générale, de la lutte contre le travail des enfants (de 2002 à 2009) et dans d’autres domaines tels que la lutte contre la traite des enfants et l’octroi de microcrédits aux femmes.
23À partir de l’examen de la nature et des objectifs de chaque type de métier proposé aux enfants qui ont été retirés des mines artisanales, on identifiera les pratiques en termes de promotion de l’égalité des sexes.
2. Les pratiques et les réponses effectives
24Dans le cadre de ce projet, mais aussi dans les pratiques au niveau national, deux grandes catégories de réponses sont proposées aux enfants travailleurs que l’on cherche à retirer des travaux considérés comme dangereux pour leur santé et leur sécurité. La première est la (ré) insertion des enfants, généralement des plus jeunes, dans un circuit scolaire formel ou informel. La seconde est la (ré) insertion socioprofessionnelle des enfants ayant dépassé l’âge d’aller à l’école. L’ONG a défini cinq types d’activités principales, qui constituent ses apports spécifiques à la lutte abolitionniste dans les mines :
le plaidoyer, l’information et la sensibilisation, ainsi que le renforcement des capacités et des compétences des acteurs de terrain ;
l’éducation et l’alphabétisation ;
la formation professionnelle ;
le retrait d’enfants des travaux dangereux et leur réinsertion socioéconomique ;
la supervision, le suivi et l’évaluation.
25Parmi ces activités, l’éducation et l’alphabétisation d’une part, la formation professionnelle et la réinsertion socioéconomique d’autre part, sont celles qui touchent directement les enfants travailleurs.
26En ce qui concerne l’éducation et l’alphabétisation, filles et garçons sont scolarisés sans distinction, pour autant que leurs parents décident ou acceptent une scolarisation non préférentielle selon le genre. Le projet a ainsi permis, selon son bilan, de scolariser 66 garçons et 57 filles dans les écoles publiques ou communautaires des deux régions, respectant ainsi autant que possible la parité fille/garçon. Il n’a pas de garantie cependant quant à la continuité de la fréquentation scolaire à long terme, pour les filles comme pour les garçons. Les politiques éducatives depuis les années 2000 ont instauré la discrimination positive (exemption de paiement et dotation de fournitures) dans certaines zones pour favoriser la scolarisation et surtout le maintien à l’école des filles, mais les défis restent nombreux.
27La formation professionnelle, quant à elle, occupe une place importante et vise à permettre aux enfants d’exercer un métier générateur de revenus dans différents domaines, comme l’explique une animatrice du projet :
Grâce à ce projet, nous avons retiré des enfants qui travaillaient dans les deux mines d’exploitation artisanale. Les plus jeunes, les moins de 10 ans, qui avaient l’âge d’aller à l’école, ont été scolarisés. Pour ceux qui avaient dépassé l’âge scolaire, nous les avons placés dans des ateliers, pour qu’ils apprennent un métier dans les domaines de la soudure, la menuiserie métallique, la menuiserie bois, la couture, la coiffure, etc.
28La formation à un métier est prévue pour tous les enfants plus âgés, mais différenciée selon le genre. Le processus qui accompagne le transfert vers les ateliers d’apprentissage reste le même : campagne de communication dans les mines, sélection des enfants à retirer selon les critères de l’ONG10, listing des métiers disponibles, détermination ou choix par l’enfant du métier à apprendre et formation dont la durée varie selon le type de travail. C’est au niveau du choix professionnel que les questions de genre ou de rapports sociaux de sexe apparaissent très explicitement. En termes de résultat, le projet aurait permis de retirer et de former en tout 118 enfants de 12 ans et plus : 61 filles (en couture et broderie, coiffure, cuisine et teinture) et 57 garçons (en menuiserie bois, mécanique, soudure et embouche bovine). En plus de ces formations à un métier, les enfants reçoivent un cours d’alphabétisation en langue locale (fulfuldé ou moore) censé leur permettre de lire, écrire et compter dans leur langue, et ainsi de renforcer leurs compétences et leur autonomie dans la gestion de leurs activités futures.
29Depuis 2002, l’ONG a fait de la lutte contre le travail des enfants dans les mines l’un de ses champs d’action prioritaires, mais les chiffres avancés de retraits effectifs en trois ans montrent que l’ONG a encore du chemin à parcourir pour concrétiser son slogan de « tolérance zéro ».
30Les pratiques de retrait des enfants dans le cadre de ce projet triennal ne sont pas isolées. En réalité, les stratégies de prise en charge des enfants travailleurs des mines burkinabè sont peu diversifiées, que ce soit dans leur forme ou dans leurs fondements. Et leurs résultats sont également limités. Ainsi le nombre d’enfants qui bénéficient de formations professionnelles reste peu élevé, compte tenu des coûts directs et indirects de cette prise en charge. Les bénéfices réels de l’intervention reviendront à quelques heureux, et la majorité des enfants supposés être retirés devront attendre, avec un peu de chance, l’arrivée de nouveaux projets. Même si l’enfant arrive au bout du processus, il faut ensuite qu’il se batte pour faire ses preuves et faire sa place face à la concurrence du secteur informel. Il faut du temps pour qu’il acquière l’expérience suffisante, ait son autonomie professionnelle et financière, et se constitue une clientèle. La réussite de la réinsertion et l’accès aux ressources et au soutien varient selon le genre et les facilités offertes par l’environnement social.
31La question de l’efficacité et de la pertinence des solutions proposées comme alternatives au travail des enfants dans les mines ne sera pas abordée ici ; nous entendons plutôt mettre l’accent sur les formes de prise en compte des rapports de genre dans ces réponses : dans quelle mesure offrent-elles aux filles et aux garçons une égalité de droits et d’opportunités ?
3. Les réalités de la prise en compte des rapports de genre
32Dans les actions contre le travail des enfants au Burkina Faso, mais également à l’échelle internationale, c’est le travail, et non l’enfant, qui est le plus souvent le point focal des défenseurs et des professionnels de la question. Par conséquent, la plupart des stratégies visent le travail, et particulièrement ses formes les plus nuisibles, sans cibler l’enfant lui-même ni le vécu différentiel du travail selon le sexe. Les réponses que constituent ces projets de retrait d’enfants sont construites sur la base d’une rhétorique des droits de l’enfant ; et dans ce contexte est utilisé un vocable uniformisant, celui d’« enfants exploités au travail ».
33L’on peut regretter que, dans le cadre du projet triennal au Burkina Faso, comme dans la plupart de ceux étudiés ailleurs (Wouango, 2012b), les filles rejoignent les filières dites féminines que l’on qualifie péjorativement de « série C », eu égard aux initiales des métiers concernés (couture, cuisine, coiffure) dans lesquels elles sont souvent très nombreuses. Un chercheur burkinabè, très impliqué dans l’analyse des actions d’ONG et d’associations œuvrant au retrait d’enfants des mines, reconnaît que la prise en compte des rapports sociaux de sexe des enfants travailleurs est encore faible. Il constate que ces projets ont souvent tendance à reproduire les représentations et les pratiques sexuées qui dévalorisent le statut des filles. Une animatrice d’un centre de réinsertion de filles à Ouagadougou renchérit, en affirmant : « à tout garçon identifié comme étant, d’une façon ou d’une autre, victime d’exploitation, une formation socioprofessionnelle en menuiserie sera proposée. Sa voisine, quant à elle, sera orientée vers une formation à la couture ».
34L’orientation des filles dans les métiers dits de « série C » s’explique par le fait que les acteurs de la lutte abolitionniste ont des objectifs très circonscrits dans le temps et dans l’espace. Les types de métiers vers lesquels sont dirigés filles et garçons sont construits ex ante. Les gestionnaires des projets ne font, eux, qu’appliquer un ensemble de critères et d’orientations construits, parfois, en leur absence.
35Ainsi, le projet étudié dans ce chapitre n’est pas nécessairement « genré » dans sa conception, et le sexe en constitue une dimension secondaire, le retrait des enfants de travaux dangereux restant la priorité dans les pratiques. Les stratégies de prise en charge sont peu diversifiées, l’approche essentiellement abolitionniste ; les enfants sont orientés vers les types de métiers à apprendre uniquement selon qu’ils sont filles ou garçons, et il n’y a pas d’interventions « sexospécifiques » à proprement parler. Dans ce contexte, les réponses proposées sont plutôt globales. Et l’on assiste en fait à la reproduction des métiers selon la division sexuée du travail dans les régions, laquelle est enracinée dans « le processus de socialisation de genre des filles et des garçons » (Rouyer et al., 2010, p. 8). Par exemple, le projet a orienté des filles vers la cuisine alors qu’elles désiraient exercer un autre métier. Les décideurs accordent peu de considération au vécu différentiel du travail dans les mines par les filles et les garçons et il n’y a pas de stimulation pour les filles vers des métiers autres que ceux dits de « série C ». Pourtant, les enfants qui exercent des activités variables dans les mines s’inscrivent dans des logiques différentes, travaillant pour répondre à des besoins familiaux et individuels variables. Filles et garçons veulent « gagner leur argent » mais pas pour les mêmes raisons, ni pour le dépenser de la même manière, ni pour combler les mêmes besoins (Wouango, 2012b, p. 312). Le projet étudié ici reste focalisé sur l’objectif abolitionniste : sortir les enfants des mines « à tout prix ».
36Les spécialistes qui étudient ces questions nous apprennent que « rapports sociaux de sexe et division sexuelle du travail sont deux termes indissociables […], la division sexuelle du travail a le statut d’enjeu des rapports sociaux de sexe » (Kergoat, 2000, p. 39-40). Malgré les politiques publiques définies en termes d’« émancipation » féminine, la société burkinabè a encore tendance à diriger les filles et les garçons vers des métiers dits de femme et d’homme. L’action du projet triennal de retrait d’enfants des mines artisanales ne fait ici guère mieux que de reproduire cette division sexuée du travail dans les solutions qu’il offre aux filles et aux garçons travailleurs. Yacouba Yaro et Léila Laure Bayala (2004) ont réalisé une étude sur l’accès des filles aux métiers dits masculins montrant qu’il y a des déterminants sociologiques, familiaux, personnels, environnementaux et institutionnels qui jouent favorablement ou non sur l’itinéraire et le devenir des filles dans de tels métiers. Ils mettent également en évidence le fait que, dans son format actuel, l’éducation de base et le milieu familial véhiculent, involontairement sans doute, des stéréotypes d’images discriminatoires des activités professionnelles et techniques. Quelques expériences de formation des filles aux métiers dits masculins existent, mais elles sont encore très peu nombreuses.
37L’offre de formation de l’ONG étudiée ici tend à renforcer les stéréotypes sexistes par les orientations professionnelles proposées aux filles et aux garçons. Dans les deux zones d’intervention, localisées en milieu rural, il est difficile pour les deux sexes de trouver un travail rémunéré, d’où l’engouement de familles entières envers les mines. Et il y est encore plus difficile pour une fille de travailler dans un métier dit d’homme, la pression sociale et culturelle liée à la construction locale des rôles sociaux étant encore forte. Or, les ONG n’osent pas bousculer ces normes pour imposer, par exemple, une offre de formation mixte. Leur intervention consiste d’abord à obtenir l’adhésion de la population à leurs actions ; et dans le domaine du retrait des enfants des mines, elles rencontrent encore de fortes résistances de la part des parents et des enfants eux-mêmes, compte tenu des solutions alternatives souvent simplistes qui sont proposées. L’intervention des ONG étant par ailleurs limitée dans le temps, celles-ci n’osent guère aller à l’encontre des représentations et des pratiques de « ségrégations de sexe » existantes, au risque de ne plus être les bienvenues dans la zone et d’affronter la méfiance des parents d’enfants travailleurs. La prise de risques est faible sur un terrain d’intervention où les ONG se concurrencent dans le champ de la lutte contre le travail des enfants. Jean-Pierre Olivier de Sardan (1995) dit des acteurs de ce type de projets que ce sont des « gens pressés » qui n’ont pas le temps – et peut-être pas l’intérêt – de procéder à l’analyse qualitative de l’impact de leur intervention. Et un tel feed-back en termes de rapports sociaux de sexe en est encore plus absent.
Conclusion
38Le travail des enfants implique des différences sexospécifiques : ses causes et ses conséquences ainsi que la nature des activités exercées peuvent varier selon le sexe. Une approche en termes de genre dans le cadre de la lutte contre le travail des enfants passe par une compréhension et une interrogation du sens que celui-ci a pour eux, des avantages qu’ils en retirent et des difficultés et inconvénients qu’ils rencontrent. Comme le défend Martin Woodhead (1999), le point de départ d’une intervention et d’une aide efficace pour les enfants travailleurs est une prise en compte du rôle du travail dans la vie sociale et familiale des enfants dans la construction de leur identité personnelle et leur estime de soi.
39Pourtant, le projet analysé dans ce chapitre montre que le genre – ou l’objectif d’égalité réelle – n’est pas une variable primordiale. Surtout, sont élaborées des réponses globales pour des enfants ayant des trajectoires familiales et socioéconomiques largement différentes et distinctes selon le sexe. Or, les enquêtes révèlent qu’il n’y a pas de discours et d’actions égalitaires en termes de genre. Les solutions proposées reproduisent, consciemment ou non, les normes et les pratiques locales de division sexuée du travail. On peut s’interroger alors sur les blocages et les résistances de la part des intervenants du projet par rapport aux rôles sexués existants. À la lumière du cas analysé dans ce chapitre, la lutte contre le travail des enfants au Burkina Faso est un combat abolitionniste qu’il faudrait mener sur deux fronts : celui du travail des enfants, et celui de l’égalité des sexes, en particulier dans les alternatives offertes aux filles et aux garçons. Force est de constater que la priorité est à l’abolitionnisme et que la question des rapports sociaux de sexe reste secondaire, dans les discours comme dans les pratiques.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 L’IPEC est un programme de l’Organisation internationale du travail (OIT) créé en 1992 et visant à l’élimination progressive du travail des enfants dans le monde, avec pour cibles prioritaires les pires formes de travail des enfants telles que définies par la convention n° 182. Il est présent dans 88 pays et a été opérationnel au Burkina Faso de 1999 à 2010.
2 http://www.ilo.org/ipec/Campaignandadvocacy/WDACL/WorldDay2009/lang--fr/index.htm
3 Pour plus de détails sur cette lecture historique, voir Wouango, 2012a.
4 Cette expression renvoie à l’intitulé de la convention 182 de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur les formes de travail des enfants « à abolir d’urgence ».
5 Ministère du Travail et de la Sécurité sociale, ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, ministère de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation.
6 L’exploitation artisanale traditionnelle concerne « toute opération qui consiste à extraire et concentrer des substances minérales et à en récupérer les produits marchands pour en disposer en utilisant des méthodes et procédés traditionnels et manuels. Elle n’utilise pas d’équipements, ni d’énergie mécanique et n’est pas fondée sur la mise en évidence d’un gîte ou d’un gisement » (MMCE, 2003, p. 3).
7 Le creusage consiste à descendre dans des galeries situées à plusieurs dizaines de mètres pour creuser le sol et retirer une qualité suffisante de terre qui sera remontée en surface pour y extraire d’éventuelles particules d’or.
8 L’identité de l’ONG ne sera pas précisée, afin de respecter le principe de l’anonymat défini lors de la collecte des données.
9 Principalement avec l’Unicef, Save the Children UK et Save the Children Sweden, l’Union européenne, l’ambassade des États-Unis à Ouagadougou, l’Agence canadienne de développement international (ACDI), l’IPEC, Global Fund for Children et le Programme alimentaire mondial (PAM).
10 Qui dit tenir compte des conditions de vie de l’enfant ; mais elle doit également compter avec son budget.
Auteur
Est titulaire d’un doctorat en sciences politiques et sociales de l’université de Liège (Belgique). Elle a réalisé des recherches postdoctorales sur la loi québécoise de protection de la jeunesse en lien avec l’interculturalité au sein du Centre de recherche sur l’adaptation des jeunes et des familles à risque (Jefar) de l’université Laval au Canada. Elle a ensuite travaillé à l’université de Reading (Royaume-Uni) comme research fellow sur les politiques sociales et la protection de l’enfance au Sénégal. Elle est actuellement maîtresse de conférences à l’université de Liège. Ses champs de recherche portent sur les politiques publiques, l’enfance et la jeunesse, les formes locales et légales de protection de l’enfance en Afrique subsaharienne, les questions de développement et de lutte contre la pauvreté. Elle a récemment publié « Children’s perspectives on their working lives and on public action against child labour in Burkina Faso », in A. Pankhurst, M. Bourdillon, G. Crivello (dir.), Children’s work and Labour in East Africa. Social Context and Implications for Policy, Organization for Social Science Research in Eastern and Southern Africa, 2015.
Josephine.wouango@ulg.ac.be
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