Introduction
p. 171
Texte intégral
1Jusqu’à présent, les mécanismes de transmission des langues parentales aux enfants ont été étudiés en montrant qu’il s’avérait nécessaire de tenir compte de leur rapport à la langue française et du temps plus ou moins long, parfois nécessaire, à son acquisition. Après avoir mis en avant les contraintes et pressions sociales qui peuvent peser sur eux et les inciter à transmettre leur langue natale mais aussi à acquérir la langue française – pour ceux qui ne la maîtrisent pas à leur arrivée en France –, il importe d’analyser les stratégies qu’ils sont en mesure de mettre en œuvre pour que la passation de ce capital se fasse.
2Ainsi, entre contraintes, pressions sociales diverses mais aussi stratégies élaborées, la transmission linguistique et plus largement culturelle ne peut être appréhendée dans toute sa complexité à partir de la simple dichotomie « intégration » ou « non intégration ». L’usage du français, le maintien des langues natales en famille ne prend sens qu’eu égard au parcours migratoire et à la trajectoire en France. Au sein d’un même milieu social ou encore après une durée de vie en France équivalente, le rapport aux langues et les « choix » de transmission ne s’inscrivent pas nécessairement dans le même processus, sans que l’on puisse pour autant parler d’« intégration » pour les uns et « non-intégration » pour les autres.
3Parents et enfants disposent à des degrés différents de ressources mobilisables. C’est pourquoi, certains parents vont élaborer des stratégies de transmission en vue de préserver les langues parentales en mobilisant différents vecteurs de transmission, mais aussi dans la perspective parfois de transmettre la langue française. Les parents sont en effet conscients des injonctions extérieures sur « comment s’intégrer » et ne se limitent donc pas à transmettre uniquement l’arabe et le berbère, certains optant même pour la non-transmission de leur langue natale.
4En outre, parce qu’ils sont souvent considérés comme un laboratoire de relations interculturelles, on étudiera les relations familiales qui s’instaurent au sein des couples dits « mixtes » ; l’hétérogénéité d’une telle catégorie conduisant une fois encore à remettre en question la mesure de l’intégration à partir d’indicateurs tels que la langue ou le choix du conjoint.
5De leur côté, les enfants sont aussi acteurs de leur trajectoire de telle sorte qu’ils vont chercher à concilier aspirations familiales et revendications personnelles. Certes, dans le processus de transmission, le transmetteur, à savoir ici les parents, constitue le point de départ sans lequel le maintien de la langue peut difficilement être envisagé. Pour autant, la transmission devient effective uniquement lorsque le récepteur est à son tour en mesure de devenir un transmetteur potentiel. L’enfant n’est pas seulement un héritier, il est aussi un acteur en partie autonome. Et son rapport aux langues parentales est également lié aux contextes de vie au sein desquels il a grandi, aux expériences vécues, mais pourra être à nouveau interrogé au cours de son cycle de vie, au moment de son entrée dans l’âge adulte, selon, par exemple, l’origine du conjoint.
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