Postface
Quelles évolutions depuis cinquante ans ?
p. 391-414
Texte intégral
1On aimerait pouvoir continuer le vaste panorama du mariage que Louis Roussel a constitué patiemment sur tous les plans : démographique, historique, social et géographique. Ce chapitre se limitera à fournir quelques tendances marquantes depuis le milieu des années 1970 pour répondre à la question essentielle qu’il pose alors : le mariage est-il en crise ? Encore faut-il préciser de quelle crise il s’agit. Au moment où l’ouvrage sort, Roussel perçoit une profonde évolution de la signification du mariage et de ses représentations malgré son niveau démographique élevé. Sa question est donc en réalité double et interroge non seulement l’institution du mariage, mais plus largement une conjugalité en pleine métamorphose.
2De fait, ces cinquante dernières années ont été profondément marquées par une crise de l’institution, le « démariage » (Théry, 1993), qui se traduit par un moindre recours au mariage et une remise en cause plus fréquente de la pérennité de ce lien. Pour autant, le démariage ne signe pas la fin de la conjugalité, bien au contraire. Le couple constitue encore largement un horizon pour les jeunes générations même s’il prend des formes et contenus nouveaux. Le mariage occupe une nouvelle place dans les biographies individuelles : à la fois plus optionnel, plus tardif et moins durable, mais qui continue d’être célébré dans des cérémonies dont le faste s’est développé à partir de la fin des années 1990. Le mariage, dans la langue française, masque trois faits sociaux distincts – l’institution, le couple et le rite – qui ont connu des histoires contrastées et avec des rythmes différents au cours de ces cinquante dernières années (Maillochon, 2008, 2016).
I. Évolution du mariage dans la société française au xxie siècle
1. Diminution du nombre de mariages
3Roussel écrit son ouvrage à un moment charnière de la démographie du mariage comme le montre la figure 1.
Figure 1. Nombre de mariages et taux de nuptialité de 1946 à 2023*

*Ce graphique complète la figure 1, chapitre 1 de l’ouvrage. Champ : France métropolitaine. Source : statistiques de l’état civil de l’Insee, graphique de l’autrice.
4Depuis son pic en 1972 (416 000 mariages en France métropolitaine), le nombre de mariages diminue continûment (figure 1), à quelques exceptions près, pour des raisons juridiques, symboliques ou sanitaires. Un rebond a lieu en 1998, suite à une modification de la Loi de finances qui supprime les avantages fiscaux accordés aux couples l’année de leur mariage. Le changement de millénaire, et le cortège de mythologies qui l’a accompagné, ont également encouragé les mariages lors des années 2000 et 2001. Au contraire, la pandémie de Covid-19 et la série de mesures de confinement ou de couvre-feu qu’elle a requis, ont brutalement et profondément limité le nombre d’unions matrimoniales au cours des années 2020 et 2021, sans qu’il y ait un total rattrapage en 2023 (Papon, 2024). Alors que le taux de nuptialité est resté élevé (7,5 mariages pour 1 000 habitants de France métropolitaine) au cours du xxe siècle, à l’exception de la période de la Première Guerre mondiale, il enregistre également une baisse importante à partir des années 1970 et se stabilise actuellement à un niveau relativement bas (autour de 3,5 mariages pour 1 000 personnes).
5Même si Roussel n’utilise pas ce terme, c’est indéniablement la démocratisation du « mariage d’amour » où l’amour précède le mariage au lieu de le suivre (Daumas, 2004) qu’il observe dans sa reconstitution démographique et sociologique des comportements de l’après-guerre. Sous l’effet combiné des transformations des conditions de vie, et de la structure des emplois qui permet aux individus d’être moins dépendants du groupe familial, le mariage, qui était auparavant un instrument essentiel de la construction de la famille et de la transmission du patrimoine, est devenu un acte choisi pour des raisons plus sentimentales. Roussel avance qu’il était évident qu’auparavant, « le lien matrimonial trouvait sa signification bien au-delà des satisfactions subjectives » : dans des raisons familiales et économiques que l’évolution des conditions de vie et des mentalités rendent moins nécessaires et incontournables. Il ne s’agit pas pour autant d’opposer trop brutalement un mariage du passé, privé de sentiments et un mariage contemporain qui serait choisi pour d’uniques motifs affectifs et sans contrôle social, mais plutôt de concevoir le changement de priorité qui s’est effectué avec la généralisation du mariage d’amour. « On serait tenté de dire que l’on s’aimait parce que l’on était marié plutôt qu’on se mariait parce qu’on s’aimait. Encore faudrait-il mettre entre guillemets le mot amour qui recouvrait probablement des sentiments assez différents de ce que nous attendons aujourd’hui par ce terme ».
6Dans leur immense majorité, les mariés des années 1960 partagent les nouveaux idéaux du couple, fondés sur l’amour, le partage, la reconnaissance des individualités. Cet idéal du mariage d’amour est conforté dans les années 1970 par une évolution de la législation qui transforme profondément les trois piliers sur lesquels il reposait : l’indissolubilité du contrat, l’inégalité de genre incarnée dans la puissance maritale et l’indissociabilité de la famille.
7C’est donc au milieu des années 1970, alors même que l’institution du mariage est profondément redéfinie en accord avec les valeurs de liberté individuelle et d’égalité des sexes, que la nuptialité commence à décliner et que le divorce progresse. C’est ce phénomène social qu’Irène Théry (1993) désigne par le terme de « démariage ».
2. Augmentation des divorces
8Roussel observe dès le début des années 1960 une augmentation du nombre de divorces (figure 2) qui, d’après lui, coïncide avec une plus grande tolérance à son égard. « Celui-ci ne constitue plus un scandale en soi : l’opinion se montre plus sensible aux conséquences probables pour les individus qu’à la rupture d’un lien traditionnellement indissoluble ». Cette évolution précède, et justifie donc, l’introduction en 1975 du divorce par consentement mutuel, mesure juridique qui fut accusée à l’époque de provoquer les ruptures en facilitant l’accès au divorce. De fait, après une période d’accroissement du nombre et du taux de divorces (qui correspondait à l’épuisement d’un stock de désunions qui n’avaient pas encore été reconnues), la tendance s’est stabilisée dans les années 1990. Un nouveau pic à la hausse est survenu en 2005 en raison du raccourcissement des procédures1 de divorces par consentement mutuel et, dans une moindre mesure, des procédures contentieuses (Prioux et Mazuy, 2009). Depuis cette période, la part des divorces par consentement mutuel ou requête conjointe dépasse celle des procédures contentieuses.
Figure 2. Nombre de divorces et taux de divorces de 1946 à 2016

Champ : France métropolitaine. Source : Insee, Sous-direction de la statistique et des études (SDSE), graphique de l’autrice.
9Comme l’institution matrimoniale a évolué – de l’alliance familiale au mariage d’amour – le divorce a également changé de signification à la fin du xxe siècle. La loi de 1975 laisse au couple, et en particulier aux deux membres du couple, la capacité de décider de sa réussite ou de son échec, sans qu’il y ait de faute ou de conflit avérés. La durée du couple n’est plus définie par l’institution, ou laissée à l’autorité de l’époux, mais bien décidée, elle aussi, conjointement. Le divorce ne s’oppose pas au mariage, mais est devenu une composante structurelle des mariages contemporains comme l’affirment, dès le début des années 1980, Roussel (1980) et d’autres sociologues (Kellerhals et Troutot, 1982) qui peinent encore à en convaincre les démographes. « Le recours au divorce devient normal, non pas en ce sens qu’il a dépassé un certain seuil de fréquence, mais parce qu’il est devenu, en cas d’échec, l’issue logique du mariage. Il est aujourd’hui de la « nature » du mariage d’être résiliable » (Roussel, 1993, p. 926).
10Le recours facilité au divorce a pu être interprété par ses détracteurs comme une peur ou un refus de l’engagement, une forme de facilité ou de renoncement. Mais fonder la valeur du mariage sur sa durée, c’est aussi négliger ou ignorer l’immense détresse de femmes et d’enfants dans des unions matrimoniales qui, sous l’apparence de la stabilité (imposée par l’indissolubilité de l’institution plus que choisie) constituaient des espaces domestiques de maltraitance et de violences en tous genres (Jaspard, 2005). C’est aussi négliger les conséquences importantes du divorce sur les parcours de vie individuels et le niveau de vie des familles, en particulier lorsqu’elles deviennent monoparentales. Toutes les enquêtes entreprises depuis le début des années 1990 montrent que le divorce ne s’est pas banalisé et a un coût souvent élevé (Bastard et Cardia Vonèche, 1991), en particulier pour les femmes.
11Comme le moindre recours au mariage, le plus ample recours au divorce est la preuve d’une transformation du lien conjugal, fondée sur un plus grand partage de sentiments et la reconnaissance mutuelle des époux. Le divorce progresse aussi bien dans les couples les plus récents, qui sont aussi les plus fragiles (figure 3), que dans les plus anciens. Cette possibilité de remise en cause du lien, à tout moment, est au fondement même du mariage d’amour. Celui-ci ne peut reposer sur une indissolubilité imposée, susceptible d’entrer en contradiction avec l’intensité et l’authenticité des sentiments sur lesquels il repose. C’est parce que le lien matrimonial est fondé sur l’amour, qui doit être réaffirmé en permanence, qu’il prend désormais la forme d’un contrat révocable. Le démariage n’est pas la fin de l’union conjugale, mais l’expression d’une forme plus élevée d’exigence et d’affirmation du mariage d’amour.
12Étant donné la diversification des formes d’unions conjugales, le divorce n’épuise cependant pas l’ensemble du phénomène des ruptures et séparations. À partir des années 2010, le nombre de ruptures d’unions libres et de pactes civils de solidarité (pacs) dépasse le nombre de divorces (même si on observe quelques pacs dissous pour mariage). Les personnes en union libre ont, à tout âge, une probabilité plus forte de se séparer dans l’année que les personnes mariées ou pacsées (Costemalle, 2017). Dans ses formes institutionnalisées ou non, le couple contemporain contient en lui-même la possibilité de sa fin qui, dès lors, n’est plus toujours pensée comme un échec.
Figure 3. Taux de divorce pour 1 000 mariages suivant la durée des deux premières décennies de mariage (1968, 2016)

Champ : France métropolitaine. Source : Insee, Sous-direction de la statistique et des études (SDSE), graphique de l’autrice.
3. Mariage et fécondité
13Les transformations de la législation sur la famille et la déconnection progressive de la filiation du lien matrimonial d’une part, ainsi que les réformes sur l’autorité parentale (1987, 1993) d’autre part, ont vraisemblablement contribué au phénomène du « démariage ». La loi du 3 janvier 1972 reconnaît les mêmes droits aux enfants « légitimes » car issus d’une union légale et aux enfants « naturels », nés hors mariage. Un certain nombre de mariages visant à légitimer des grossesses pour assurer la reconnaissance juridique de l’enfant et protéger la mère de l’opprobre sociale ont dès lors pu être ajournés. En 1975, les effets de cette loi sont encore peu visibles puisque la proportion d’enfants nés hors mariage est faible (8,5 %) et comparable à celle de 1960 (6,1 %). Mais à partir de cette décennie, la part de naissances hors mariage ne cesse d’augmenter. En 2023, 63,8 % des enfants sont nés hors mariage. Cette proportion est la plus élevée d’Europe (Breton et al., 2022).
14Avec l’augmentation de l’âge au mariage et la moindre intervention des familles dans le choix du conjoint (Bouchet-Valat et Grobon, 2021) et l’organisation de la cérémonie (Castrén et Maillochon, 2009 ; Maillochon, 2011), le mariage ne semble plus assurer les conditions de passage d’un état familial à un autre, qu’il s’agisse de se séparer de sa famille d’origine ou de fonder la sienne.
II. Les nouvelles institutions et configurations du couple
15Le « démariage » fondé sur la diminution du nombre de mariages et l’augmentation des divorces n’est pas une crise de couple comme certains ont pu le redouter dans les années 1970, mais une évolution fondamentale de la place sociale de l’institution matrimoniale : le mariage cesse d’être l’horizon indépassable des relations entre les hommes et les femmes. Il s’inscrit dès lors plus comme une étape possible du parcours conjugal plus qu'un accomplissement nécessaire.
16Cette reconfiguration des formes conjugales s’est développée en deux temps. Le premier, jusque dans les années 2000, est une phase de désinstitutionnalisation du couple, voire, pour reprendre le terme utilisé par Roussel en 1989 dans La famille incertaine, de « double désinstitutionnalisation » des comportements et de la législation. Elle désigne « d’une part une sorte d’hésitation des couples à entrer dans l’institution, et d’autre part un assouplissement de la loi qui, dans l’esprit des législateurs, devait atténuer cette réticence » (Roussel, 1989).
17Dans un contexte de reconnaissance des minorités sexuelles, le second temps est marqué par une sorte de réinstitutionnalisation du couple (instauration d’une nouvelle législation (pacs) en 1999 et réforme du mariage en 2013), , qui n’endigue pas l’érosion continue de l’institution matrimoniale.
1. L’union libre et le mariage à l’essai
18Dans un article paru en 1978, Roussel propose le terme de « cohabitation juvénile » pour désigner la progression d’un phénomène majeur observé chez les jeunes. La cohabitation « prénuptiale » se généralise, mais cette vie commune est aussi pratiquée sans que le mariage apparaisse comme un horizon, voire en étant clairement rejeté comme éventualité. Les données de quatre recensements de 1962 à 1982 (Audirac, 1982) ont confirmé l’évolution de cette tendance ; une enquête ad hoc adossée à l’enquête Emploi en 1985 a permis de dresser les contours de ces nouvelles unions, prénuptiales ou non (Leridon et Villeneuve-Gokalp, 1988).
19La cohabitation prénuptiale s’est rapidement imposée à la fin du xxe siècle. Elle concernait 8 % des couples mariés en 1960-1969 et 57 % en 1980-1985 parmi les 21-44 ans. Cette tendance s’est progressivement développée à tous les âges et s’est installée dans la durée : deux ans en moyenne pour les personnes qui se mariaient à la fin des années 1980, y compris parmi les catholiques qui ont été plus lents à pratiquer cette entrée en conjugalité (Leridon et Villeneuve-Gokalp, 1988). Quarante ans après Le mariage, l’enquête sur les parcours et la vie conjugale (Épic), montre que les mariages directs sans cohabitation ont quasiment disparu (Rault et Régnier-Loilier, 2015). La cohabitation prémaritale, encore minoritaire et fortement stigmatisée dans les années 1960, est devenue la norme incontournable.
20Si la cohabitation est une étape nécessaire avant le mariage, toutes les cohabitations ne se terminent pas par un mariage. Roussel observe dès la fin des années 1970 la progression « d’unions libres ». Leridon et Gokalp (1988) rappellent qu’elles ne coïncident pas avec « l’amour libre », mais désignent plutôt une liberté d’horizon sur l’avenir de la relation « à un âge où il était normal de se marier et où [disent-ils] l’on ne voit guère l’intérêt de s’imposer une telle formalité tant que certaines contraintes externes ne la rendent pas nécessaire » (p. 367).
21La baisse du nombre de mariages dans les années 1980 a donc une double racine : la remise en cause de son caractère incontournable et son report dans les calendriers individuels en raison de l’augmentation de la durée de la cohabitation prénuptiale. Le développement de différentes formes de cohabitation, qu’elle soit temporaire (prénuptiale) ou définitive – dans le cadre plus officiel d’un « concubinage » ou dans le refus de toute forme institutionnelle (« l’union libre ») n’est pas un refus de l’engagement conjugal. De fait, le nombre de couples ne diminue pas dans cette période. Ces transformations sont bien au contraire la manifestation de l’importance déterminante du sentiment amoureux au fondement du couple, que ce soit dans le mariage d’amour ou dans des nouvelles formes non institutionnalisées de couple. Dès la fin des années 1980, après avoir été longtemps un comportement caractéristique de la jeunesse, la cohabitation s’installe durablement comme un modèle conjugal en soi, même si certains cohabitants n’ont pas renoncé définitivement au mariage (Toulemon, 1996).
2. Les nouvelles institutions du couple
22En même temps que les unions conjugales non institutionnalisées (« unions libres ») se sont généralisées dans la population, la législation elle-même a évolué. Le xxie siècle s’ouvre avec deux réformes juridiques qui modifient en profondeur les institutions conjugales avec, d’une part, en 1999, une nouvelle forme de contrat conjugal, alternatif au mariage et, d’autre part, en 2013, une modification de la nature même du contrat matrimonial.
23La loi n° 99-944 du 15 novembre 1999 instaure le pacs. Les couples, y compris de même sexe, ont la possibilité de signer un contrat qui fixe les modalités de la vie commune et permet de bénéficier de certains avantages autrefois réservés aux couples mariés. Ceux-ci demeurent réduits en matière d’héritage et de filiation, malgré plusieurs réformes, qui n’ont pu totalement corriger le caractère fondamentalement ambivalent du texte original. D'après Wilfried Rault (1999), le pacs est en effet le fruit d’un combat pour la reconnaissance de l’homosexualité dans un contexte de diversification des formes de vie commune concomitante à la crise du mariage. Destiné à ceux qui « ne peuvent ou ne veulent se marier », pour reprendre une formule fréquemment mobilisée au cours des débats, « ses dispositions juridiques traduisent les ambivalences d’un dispositif fondé sur l’objectif de légalisation du couple du même sexe, mais devant également incarner une nouvelle forme de vie commune en dehors du mariage » (Rault, 2009, p. 33). De fait, il constitue une avancée sur les deux plans, sans permettre une égalité des droits aux couples de même sexe. Le droit au mariage ne sera acquis que bien plus tardivement, par la loi n° 2013-404 du 17 mai 2013, après une année de débats et de manifestations d’opposition plus violentes encore que celles qui avaient eu cours pour le pacs.
24Le succès du pacs a été croissant depuis son instauration : encore confidentiel en 2000 où il est surtout conclu par des couples de même sexe, il devient une option de plus en plus choisie par les couples de sexe différent (figure 4). Depuis 2010, environ 95 % des pacs enregistrés concernent des couples de sexe différent, alors que ce n’était le cas que de 79 % en 2000 et 2001. L’essentiel de la hausse du pacs relève donc d’un transfert de personnes qui, à d’autres époques, se seraient mariées ou auraient vécu en union libre. Cependant les profils des personnes, qui ont désormais la possibilité de choisir le pacs plutôt que le mariage, sont relativement contrastés. Ils sont notamment plus distants au religieux et ont une perception moins différentialiste des rapports sociaux de sexe (Rault et Letrait, 2010 ; Rault, 2019). Mais le pacs connaît un processus de démocratisation dans le sens où il est de plus en plus populaire et choisi par des milieux sociaux qui ne s’en étaient pas emparés à ses débuts (Bailly et Rault, 2013).
Figure 4. Nombre de pacs et de mariages (2000-2022)

Champ : France métropolitaine. Source : Insee, statistiques de l’état civil (mariages) ; SDSE, fichiers détails (pacs).
25Le nombre de pacs a connu une nette accélération en 2010 en raison d’une réforme fiscale supprimant l’avantage fiscal spécifique accordé l’année de la contractualisation de l’union. La hausse ponctuelle du nombre de pacs cette année-là (suivie d’un déficit passager en 2011) est vraisemblablement une accélération du processus d’officialisation de certaines unions en anticipation de la perte d’un avantage. La moindre hausse du nombre de mariages la même année s’explique par une différence de calendrier de ces deux types d’unions. Le pacs se conclut avec une plus grande simplicité et rapidité administrative que le mariage. La signature d’un pacs est en outre moins souvent accompagnée de célébrations (Rault et Letrait, 2010) alors qu’en raison de celles-ci, le choix de la date du mariage est un processus long et complexe, qui se prête plus difficilement à des modifications et en particulier une anticipation brutale. Les enjeux festifs peuvent être priorisés sur les enjeux fiscaux pour des raisons d’organisation en raison de l’allongement des séquences préalables au mariage (annonces, fiançailles, enterrements de vie de jeune fille ou de jeune garçon, etc.) et autour du mariage (préparation de diverses cérémonies civiles, religieuses, laïques, etc. [Maillochon, 2016]). Les calendriers des mariages contemporains (qui sont engagés un an minimum, mais le plus souvent deux ou trois ans, avant la date de la fête) se distinguent aussi largement des mariages conclus jusque dans les années 1980 qui pouvaient être organisés en quelques mois, notamment pour éviter les naissances illégitimes.
26À partir de 2017, un changement dans leurs modalités d’enregistrement2 a engendré une légère baisse du nombre de pacs. En effet, depuis le 1er novembre 2017, les pacs (contractualisations et dissolutions) sont enregistrés en mairie et non plus dans les tribunaux d’instance comme c’était le cas depuis 1999. Ils peuvent l’être aussi auprès d’un notaire. Le recensement des pacs est donc effectué par l’Insee et non plus par le ministère de la Justice et des libertés.
27Le nombre de pacs a connu une chute radicale pendant l’épidémie de Covid-19, bien que moins spectaculaire que celle du nombre de mariages en raison de leur plus grande simplicité administrative et de leur moindre ritualisation festive. En effet, pendant le premier confinement, la possibilité d’enregistrer le pacs chez un notaire a été maintenue3 alors que le mariage en mairie a été suspendu, sauf cas exceptionnels, entraînant une baisse drastique en mars et juin et une disparition quasi totale en avril et mai. Les pacs, moins systématiquement accompagnés de fête que les mariages (Rault, 2009) ont également moins subi les contraintes sanitaires limitant le nombre de convives imposés pendant toute l’année 2020. Au contraire, de nombreux mariages ont été décalés, voire annulés, en raison de l’impossibilité de réaliser la fête prévue, enjeu important de la célébration conjugale au xxie siècle (Maillochon, 2016).
28Au fur et à mesure de sa diffusion et de son inscription dans le paysage légal français, le pacs est devenu une option de plus en plus plébiscitée des jeunes couples, au-delà de leur orientation sexuelle, des motivations fiscales ou des logiques de mobilité professionnelle. C’est en 2020 que, pour la première fois, le nombre de pacs excède celui des mariages. Ce moment, issu d’un mouvement de fond, a été précipité par l’épidémie de Covid-19 qui a davantage réduit le nombre des mariages que celui des pacs.
29Les unions de même sexe connaissent une évolution un peu différente. Depuis 2013, année d’ouverture du mariage aux couples de même sexe (Loi n° 2013-404 du 17 mai 2013), le nombre annuel de mariages entre personnes de même sexe diminue (Bellamy et Beaumel, 2017). Ce recul faible mais continu qui correspond à l’épuisement d’un stock d’unions parfois très anciennes en attente de ce moment, n’est pas compensé par l’augmentation du nombre de pacs entre deux hommes ou deux femmes. En raison des droits de filiation qu’il offre, le mariage est plus sollicité que le pacs par les couples de même sexe souhaitant fonder une famille. Les mariages de couples de femmes sont chaque année plus nombreux que les pacs depuis 2013 alors que, pour les couples d’hommes, les pacs sont redevenus majoritaires depuis 2016. La part des unions de même sexe dans l’ensemble des unions officielles s’élève à 2,9 % pour les mariages et à 4,9 % pour les pacs en 2022 d’après les données de l’état civil. D’après les enquêtes annuelles de recensement, le nombre de personnes de même sexe en couple cohabitant a fortement cru, passant de 17 000 en 2011 à 305 000 en 2020, soit 1 % des couples (Rault, 2023).
30Si ces transformations juridiques constituent des avancées majeures dans la reconnaissance des droits des minorités sexuelles, elles sont également les manifestations de la contractualisation et de la privatisation du lien conjugal. Que ce soit sous sa forme la plus ancienne et institutionnalisée (le mariage), le pacs ou l’union libre, c’est le lien amoureux, toujours incertain et fragile, qui est au cœur des enjeux conjugaux, plus que les injonctions familiales et juridiques. Les contraintes culturelles, sociales et économiques ne sont pas absentes de la construction du couple, mais leur primauté sur l’expression des sentiments a considérablement évolué au cours des dernières décennies.
3. Nouvelles temporalités du couple : début ou fin en soi ?
31Même si les flux de mariages et de pacs tendent à s’équilibrer, la structure actuelle des couples est encore largement dominée par l’union matrimoniale (figure 5). En raison de l’épuisement progressif du nombre de couples de baby-boomers qui s’étaient mariés dans des proportions sans précédent, et de la diminution constante du flux de nouveaux mariages dans les générations suivantes, la proportion de couples mariés au sein des unions conjugales est vraisemblablement amenée à connaître une chute drastique dans les vingt prochaines années.
Figure 5. Évolution de la conjugalité et de sa structure de 1962 à 2019

Champ : France métropolitaine. Source : Insee 2019, RP1962 à RP1975, sondages au 1/20 ; RP1982 et RP1990, sondages au 1/4 ; RP1999 à RP2019 exploitations complémentaires ; graphique de l’autrice. L’information permettant de distinguer les personnes pacsées des autres personnes non mariées est disponible dans les enquêtes de recensement à partir de 2015.
32L’évolution viendra-t-elle des jeunes et/ou d’une catégorie sociale spécifique ? Ce sont en effet les jeunes qui ont porté et accéléré la transformation des régimes conjugaux à la fin du xxe siècle. La génération des années 1960 a initié la cohabitation prémaritale et l’union libre. Les personnes nées à partir de 1982 sont les premières à avoir bénéficié de la possibilité du pacs et les générations suivantes se sont emparées de cette possibilité en se pacsant relativement plus qu’elles ne se marient avant 30 ans (Breton et al., 2017). Il est probable que ces deux formes canoniques de couple soient, à leur tour, interrogées, modifiées ou repoussées par les jeunes générations. L’enquête sur la vie affective des jeunes adultes (Envie 2023) montre une assez faible institutionnalisation des couples dans cette tranche d’âges, mais qui augmente avec l’âge : entre 25 et 29 ans, 23 % des couples sont pacsés et 15 % mariés (Bergström, Maillochon et al., 2024). En comparaison, les 25-29 ans en couple étaient mariés dans 54 % des cas pour les hommes et 69 % pour les femmes en 1985 (Leridon et Villeneuve-Gokalp, 1988, p. 335). Les jeunes ne rejettent pourtant pas la conjugalité : 60 % des hommes et 70 % des femmes entre 25 et 29 ans sont en couple en 2023 d’après l’enquête Envie (ils étaient respectivement 71 % et 81 % en couple en 1985), mais ils continuent cependant à en interroger le contenu et contribuent à en faire évoluer les formes.
33Si les jeunes sont souvent porteurs de changement, il est difficile de prédire, au moment de leur observation, s’ils sont le reflet d’un décalage dans les calendriers biographiques (une manière de gagner du temps sur l’installation ou l’institutionnalisation du couple par exemple) ou l’instauration d’une nouvelle configuration conjugale. L’analyse démographique, fondée généralement sur des comparaisons de données transversales, peine à identifier la portée de nouvelles pratiques comme fin en soi ou étape dans une série d’événements biographiques. Les études biographiques longitudinales permettant de le savoir sont encore rares, et c’est souvent le recul historique qui permet de comprendre les évolutions durables.
34La cohabitation a été d’abord considérée dans les années 1980 comme un « mariage à l’essai ». Elle était généralement associée aux épithètes « prémaritale » ou « juvénile » comme un phénomène passager et transitoire. Catherine Villeneuve-Gokalp en a pourtant pressenti l’importance dès 1990 en en dévoilant la diversité des formes, évaluées par rapport à leurs fonctions et leur rapport (proche, distancié ou distinct) au mariage : prélude au mariage, test, union libre, union stable sans engagement, union libre éphémère. La cohabitation est devenue une étape de formation du couple, qu’il s’institutionnalise par un mariage ou par un pacs. En se concentrant sur les effets d’âge et de génération, les études démographiques négligent souvent l’impact de la structure sociale dans la diffusion des comportements. Catherine Villeneuve-Gokalp (1990) a montré que l’analyse longitudinale permet de retrouver une histoire sociale plus complexe où la diffusion ne se fait pas toujours dans le même sens (du haut vers le bas) et où des pratiques prétendues nouvelles sont surtout le fruit de leur invisibilisation dans certains milieux : la cohabitation dans les milieux ouvriers, par exemple, a précédé largement la cohabitation juvénile des étudiants contestataires de 1968 à qui on attribue volontiers (et à tort) l’initiative de ce changement.
35Dans les années 2000, c’est au tour du pacs d’apparaître comme un sous-produit de modèles conjugaux établis comme le mariage, ou devenus acceptables comme la cohabitation. Ses détracteurs le considèrent à la fois comme « un mariage-bis, un pseudo- ou sous-mariage, mais aussi un surconcubinage ou un concubinage amélioré » comme le rappelle Wilfried Rault (2009). Le pacs, comme la cohabitation juvénile auparavant, a pu être pensé comme une étape intermédiaire vers un niveau d’officialisation supérieure apportée par le mariage. De fait, les dissolutions de pacs pour mariage sont au début des années 2000 peu nombreuses, les personnes choisissant l’une ou l’autre modalité d’officialisation du couple ne présentant pas les mêmes profils et ne le faisant pas pour les mêmes raisons (Rault, 2007a ; 2007b). C’est au contraire une diversité des modes d’appropriation du pacs qui s’observe, du quasi-mariage à l’anti-mariage. Depuis une vingtaine d’années, le nombre de dissolutions de pacs par mariage augmente. Dans la mesure où le nombre des mariages a fortement diminué sur la même période, la part des mariages entre un homme et une femme faisant suite à un pacs augmente : elle s’élève à 17 % en 2016 (Breton et al., 2019).
36Parmi les interrogations sur la manière de faire couple, la vie commune dans une même résidence, engagement légal du mariage et du pacs et pilier de la cohabitation, fait également l’objet de questionnement depuis la fin du xxe siècle en particulier. D’après l’enquête Famille et logements de l’Insee, parmi les 72 % de personnes se déclarant en couple, très peu (4 %) ne cohabitent pas avec leur conjoint (Buisson et Lapinte, 2013). Mais les enquêtes spécifiques sur la formation du couple mettent en avant l’importance de ce phénomène et, en réalité, la très grande variété des formes que prennent les unions (Régnier-Loillier et al., 2009) que les anglophones réunissent sous le terme Living Apart Together (LAT). Ces formes de couple ont été l’objet d’un coup de projecteur dans les années 2000, mais elles étaient déjà présentes et étudiées comme de nouvelles formes d’unions conjugales concurrençant le mariage auparavant. Au milieu des années 1980, Leridon et Villeneuve-Gokalp (1988) estiment que parmi les 21-44 ans, 2 à 3 % des personnes mariées en 1985 et 7 à 8 % des couples non mariés ont une vie conjugale sans partage de résidence, que ce soit par contrainte ou par choix.
37Ces unions à distance ont été favorisées par la combinaison de plusieurs évolutions structurelles majeures comme la diversification des formes d’unions conjugales et leur augmentation au cours de la vie. Elles ont des modalités et des significations différentes suivant les âges et le parcours conjugal (Villeneuve-Gokalp, 1997 ; Régnier-Loillier et al., 2009). Plus répandues initialement parmi les jeunes, ces relations non corésidantes se diffusent aussi chez les plus âgés, après une rupture d’une précédente union (Régnier-Loillier, 2019a). Le cas échéant, ce modèle s’impose d’autant plus pour les personnes qui ont été précédemment mariées, et notamment pour les femmes (Régnier-Loillier, 2019a) qui ne souhaitent pas renouveler une vie commune, fondée sur une inégalité structurelle du partage des charges domestiques. La présence d’enfants d’une précédente union augmente aussi la propension à vivre en couple dans des résidences séparées (Régnier-Loillier, 2019b).
38Pour les plus jeunes, la distinction des logements est aussi souvent une étape de passage, une cohabitation à l’essai, comme la cohabitation juvénile était un mariage à l’essai dans les années 1980. Tous les couples cohabitant sont en effet passé par une phase non corésidente (Costemalle, 2015). Avant 25 ans, il est plus fréquent pour les hommes d’être en couple non cohabitant (marié ou non) que marié et cohabitant (Buisson et Lapinte, 2013 ; Lebreton et al., 2017). Les données de l’enquête Envie réalisée en 2023 montrent également que les jeunes de moins de 30 ans ne délaissent pas le couple puisque la majorité (60 % des hommes et 72 % des femmes) se déclarent en couple (Bergström, Maillochon et al., 2024). Mais ils vivent majoritairement (pour deux tiers d’entre eux) dans des espaces disjoints. Cette dissociation des résidences, étape souvent nécessaire pour les plus jeunes en raison de leur éloignement géographique, pourrait aussi devenir un modèle de couple en soi, au moins pour une partie de la population dégagée d’enjeux familiaux.
39Les résultats de cette enquête donnent du crédit au propos que Catherine Gokalp établissait vint ans auparavant. « Avec plus de vingt ans de retard, la vie en couple avec deux domiciles présente des analogies avec la cohabitation sans mariage au moment où celle-ci commençait à se diffuser : chacune en son temps pourrait avoir eu pour fonction de desserrer les liens trop rigides du mariage puis de la cohabitation permanente ; la “conjugalité à distance” précéderait la cohabitation, comme la cohabitation précédait le mariage. Durant les années 1970, la cohabitation ne se voulait pas encore une alternative au mariage, mais un moyen de l’attendre ou de le retarder ; les doubles résidences semblent jouer aujourd’hui le même rôle. » (Villeneuve-Gokalp, 1997, p. 1065.)
40Cette pratique semble confortée par les transformations des modes de rencontre (Bergström, 2019) et des modes de vie ainsi que l’évolution du rapport hommes-femmes qui a connu un moment d’accélération à la suite du mouvement #meetoo (Achin et al. 2019).
III. Nouvelles temporalités des unions
41La transformation des relations conjugales au cours des cinquante dernières années s’accompagne d’une évolution majeure des calendriers sociaux, à l’échelle individuelle ou collective.
1. Le mariage, un ou plusieurs moments dans la vie
42Avec la disparition du caractère inéluctable et inaltérable du mariage, c’est aussi son unicité qui est remise en question. La structure des rangs de mariage s’est profondément modifiée depuis le début des années 1970. À ce moment-là, le nombre de remariages était, comme l’ensemble des mariages, à son pic sur la période allant de l’après-guerre à aujourd’hui (figure 6). Mais le nombre de remariages n’avait pas progressé aussi vite que le nombre de mariages et leur proportion était encore relativement faible (moins de 10 %). Cette proportion va dès lors croître de façon importante et atteindre un plateau (autour de 20 % en 2005) alors que leur nombre absolu diminue en réalité, dans un contexte global de moindre recours à l’union matrimoniale. Depuis le milieu des années 2000, le nombre de remariages de divorcés continue de baisser avec une chute brutale en 2020 liée à l’épidémie de Covid-19 et une faible reprise en 2022. La part des divorcés parmi les mariés s’est désormais stabilisée, à un niveau toujours supérieur pour les hommes (19 % environ) que pour les femmes (18 %). La plus grande facilité à dissoudre un mariage ne conduit pas nécessairement à en réengager un. Le cas échéant, il s’accompagne plus souvent d’un contrat de mariage (Frémeaux et Leturcq, 2013).
Figure 6. Évolution de la structure des mariages de sexe différent (1946-2022)

Champ : France métropolitaine. Source : Insee, statistiques de l’état civil, graphique de l’autrice.
43Toutes les relations conjugales, qu’elles soient engagées dans le cadre du mariage, du pacs ou de l’union libre, sont désormais susceptibles d’être remises en question, à tout moment. Les durées de relation avant rupture se réduisent depuis une quarantaine d’années (Régnier-Loillier, 2023). Il s’ensuit une diversification des trajectoires avec une, voire plusieurs, remises en couple (Rault et Régnier-Loillier, 2015). Pour une majorité de personnes, la biographie sentimentale est passée « d’une histoire pour la vie à une vie d’histoires » pour reprendre la belle formule d’Arnaud Régnier-Loilier (2023).
2. L’élévation de l’âge au mariage
44D’après les enquêtes d’opinion compilées par Roussel dans Le mariage, d’importants changements dans les rapports entre générations se profilent au tournant des années 1970. Les parents sont de plus en plus enclins à laisser de la liberté à leurs enfants, une tendance qui ne se fait pas sans heurt et sans résistance, mais qui sera au final entérinée par l’abaissement de l’âge de la majorité de 21 ans à 18 ans en 19744. La génération des baby-boomers, parvenue à la jeunesse au moment où Roussel élabore son ouvrage, cherche à se distinguer des générations précédentes, et de leurs parents en particulier. Dans le domaine privé, les jeunes choisissent désormais leur conjoint, mais ne remettent pas véritablement en question le cadre institutionnel de l’union matrimoniale. Plus que toute autre génération, ils se marient massivement, et le font tôt, voire très tôt.5. C’est entre 1972 et 1975, période qui attire l’attention de Roussel sans qu’il puisse encore être en mesure d’en constater l’exceptionnalité, que l’âge au mariage atteint une valeur plancher : 25,9 ans pour les hommes et 23,7 ans pour les femmes (figure 7) et respectivement 24,4 ans et 22,4 ans pour les célibataires.
Figure 7. Âge moyen au mariage suivant le sexe des conjoints (1946-2022)

Champ : France métropolitaine. Source : Insee, statistiques de l’état civil, graphique de l’autrice.
45En cohabitant avant le mariage, les générations suivantes seront responsables de l’accroissement de l’âge moyen au mariage, une augmentation qui se poursuit alors même que l’institution est de moins en choisie. Depuis 1975, l’âge moyen au mariage recule au fur et à mesure que celui devient moins fréquent. À la fin des années 1990, les trentenaires sont plus nombreux que les vingtenaires dans les salles de mariage (figure 8) et ce vieillissement général des mariés se poursuit chaque année un peu plus. En 2022, les premiers mariages sont de plus en plus célébrés par des personnes dans la force de l’âge : 36,6 ans en moyenne pour les hommes et 34,7 pour les femmes en couple de sexe différent, respectivement 43,2 ans et 37,5 ans dans les couples de même sexe (figure 9). L’âge moyen au mariage est plus élevé encore (autour de la quarantaine) en raison de l’accroissement de la part de remariages dans les unions enregistrées à l’état civil.
Figure 8. Âge au premier mariage suivant le sexe, couples de sexe différent (1946-2022)

Champ : France métropolitaine. Source : Insee, statistiques de l’état civil, graphique de l’autrice.
Figure 9. Taux de primo-nuptialité suivant l’âge et la génération (1946-2022)

Champ : France métropolitaine. Source : Insee, statistiques de l’état civil, graphique de l’autrice. Âge moyen calculé pour une génération fictive d’hommes qui auraient à tout âge les taux de primo-nuptialité calculés l’année considérée. Lecture : sur 100 hommes âgés de 25 à 29 ans, 2,06 en moyenne se sont mariés pour la première fois en 2022.
3. Des calendriers différents pour les hommes et pour les femmes
46Au tournant des années 1970, avec le développement du mariage d’amour qui remet en cause l’influence des ascendants sur leur progéniture, c’est aussi la domination masculine dans l’organisation de la société et en particulier au sein du couple qui est mise en question. L’égalité des sexes s’installe plus largement dans les mentalités, la mixité se développe dans de nombreux espaces sociaux qui étaient organisés suivant une stricte séparation (école, famille, etc.). D’après Roussel, le rapprochement de l’âge des époux au mariage serait une manifestation « d’une égalité des droits et des responsabilités avant et durant le mariage qui semble caractériser les jeunes mariages contemporains ». De fait, la différence d’âge entre époux et épouse a continûment diminué de 1946 à 1974 (figure 8) et s’est réduite de plus d’un an (passant d’un écart de 3,4 ans en moyenne en 1946 à 2,2 ans en 1974). Cependant, après la parution du Mariage, la différence remonte pour se stabiliser autour de 2,5 ans en moyenne. Si un effort considérable d’égalisation des statuts d’épouse et d’époux au sein du mariage a été entrepris au niveau juridique, il n’est pas certain qu’un égal progrès s’observe dans les calendriers nuptiaux : il faut attendre 2006 pour que l’âge légal du mariage soit fixé à 18 ans6 pour les femmes, comme pour les hommes. Les femmes continuent à s’installer en couple plus tôt que les hommes malgré les contraintes, qui pèsent sur elles comme sur les hommes : allongement de la durée des études, recul de l’âge au premier emploi, etc. Les différences d’âges entre hommes et femmes au sein du couple demeurent importantes, malgré une légère évolution qui ne parvient pas encore à rendre normales les unions où les femmes sont nettement plus âgées que leur conjoint (Bergström, 2018).
47Le calendrier du pacs est plus précoce que celui du mariage : environ 2,5 ans de différence pour les hommes et pour les femmes (Breton et al., 2019). Il connaît cependant lui aussi une élévation de son âge.
4. La saison des amours
48Comme les séquences biographiques des conjugalités, le calendrier social de leur institutionnalisation est également assez normé. La majorité des mariages sont actuellement conclus en été (Rault et Régnier-Loilier, 2016). La cohabitation commence en septembre et les pacs en fin d’année. Les différentes formes d’institutionnalisation ne correspondent pas en effet aux mêmes enjeux et impératifs.
49La concentration progressive, à partir des années 1970, des mariages sur la période estivale est une pratique récente (Papon, 2021) que Roussel n’avait pas pu encore totalement observer et qui correspond à une transformation majeure des noces (Maillochon, 2008, 2016). Les dates de mariage suivent un calendrier solaire, propice aux fêtes, plus qu’un calendrier conjugal, dicté par les impératifs d’une mise en couple ou la reconnaissance d’une future naissance. Les mariages sont toujours des fêtes familiales, mais l’équilibre des générations en est profondément modifié. La fête n’est plus la célébration d’entrée dans le rang et dans une lignée, organisée et financée par les parents (Castrén et Maillochon, 2009 ; Maillochon, 2011). Même si ceux-ci continuent d’apporter une aide financière et logistique, la fête est désormais pensée et organisée par le couple, pour qu’elle leur « ressemble » (Maillochon, 2009b, 2016). Elle symbolise davantage l’union conjugale, et éventuellement la construction d’une nouvelle famille nucléaire que la célébration d’une alliance familiale. Désormais, les générations des descendants du couple occupent aussi une place centrale dans les convives, aux côtés, ou au détriment des générations des ascendants.
50Alors que les années 1970 et 1980 ont connu une certaine forme d’affaiblissement du rite, sous l’influence d’une frange de la population, pressée de cohabiter et d’en finir avec une institution et des festivités compassées (Bozon, 1992), les cérémonies de mariage ont repris du faste à la fin des années 1990 (Segalen, 1997), alors même que l’institution perdait du terrain sur d’autres formes de conjugalité. En effet, le mariage tire désormais sa puissance de ce qu’il n’est plus un rite de passage de l’individu, mais un rite distinctif du couple (Maillochon, 2008). Dans ce nouveau contexte, la cérémonie de mariage devient d’autant plus indispensable qu’elle est l’expression symbolique d’un mariage d’amour alors que rien ne l’oblige, même si ses codes s’avèrent encore très marqués socialement (Maillochon, 2014) et inscrites dans un rapport de genre très marqué (Maillochon, 2009a). Loin de conduire à la disparition des cérémonies du mariage, la désaffection de l’institution a sans doute contribué à un renouvellement inattendu : la forme supplante dans ce cas le fond. Depuis trente ans, les exigences de mise en scène du mariage n’ont cessé de croître, notamment avec le développement conjoint de dispositifs techniques (photos, vidéos, réseaux sociaux) qui ont amplifié un phénomène déjà présent (Maillochon, 2016, 2019). La crise sanitaire semble avoir engendré une certaine prise de distance par rapport aux très grands mariages que les effets de cycle générationnel et les difficultés économiques liées à l’inflation de 2023 et 2024 pourraient remettre en cause durablement.
Conclusion
51La transformation fondamentale du mariage que Roussel décrit dans son ouvrage correspond trait pour trait à l’avènement du « mariage d’amour », même si ce n’est pas le terme qu’il emploie. Fondé sur les sentiments, il remplace progressivement un mariage conçu comme une alliance familiale par une union entre deux personnes. Mais ce modèle romantique, qui semble compatible avec une société portée par la satisfaction du bonheur individuel, contient en lui-même une fragilité fondamentale. Le mariage d’amour n’est-il pas un inévitable oxymore ? Si l’amour est au fondement du couple contemporain, peut-il survivre à une nécessaire institutionnalisation ? De fait, l'apogée du mariage d’amour signe son déclin. Le couple prend actuellement le modèle d’un contrat amoureux sous des formes plus ou moins institutionnalisées, dont le mariage n’est que l’un des possibles. Il serait sans doute opportun d’adapter les institutions conjugales à ces évolutions récentes. L’un des enjeux et des difficultés d’une telle réforme est de concilier l’instabilité potentielle du lien de conjugalité avec la pérennité des liens de filiation, quand le couple et la famille sont souvent vécus, de fait, comme des sphères séparées.
52Les années 1970 ont donc marqué l’avènement du « mariage d’amour », et en quelque sorte précipité sa crise : effondrement et recomposition. Depuis, c’est aussi la définition de l’amour qui a évolué ainsi que le déploiement de ses exigences nombreuses et parfois contradictoires (Bozon, 2016). C’est maintenant le couple, et non plus le mariage, que l’amour interroge et travaille. Si l’on considère la crise comme une période de tension ambivalente entre attrait et rejet, celle-ci s’est bien déportée du mariage au couple. Les interrogations contemporaines sur ce qui fait le ciment du couple (cohabitation, exclusivité, partage des tâches, etc.) sont la traduction de ces exigences renouvelées pour fonder l’union sur un amour juste, sincère et respectueux, dans une relation plus égalitaire. Dans quelle mesure est-il possible de concevoir ce nouveau type de relations, dans le cadre de rapports sociaux de sexe, structurellement inégalitaires ? Un espoir semble émerger avec le changement de la composition socioprofessionnelle des couples au cours des cinquante dernières années. En effet, avec l’augmentation du niveau d’éducation des femmes et leur évolution dans la structure des emplois, les couples où la femme est plus diplômée que son conjoint sont désormais majoritaires en France (Bouchet-Valat, 2015), de même que celle où leur position professionnelle est supérieure à celle du conjoint, également en hausse (Bouchet-Valat, 2018). Il semble donc que l’hypergamie sociale des femmes, que Roussel avait observée jusque dans les années 1970, s’affaiblit et ne peut donc conforter le rapport de genre dont elle était l’expression.
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Notes de bas de page
1La loi du 26 mai 2004 relative au divorce, entrée en vigueur le 1er janvier 2005, a modifié profondément l’économie générale du divorce.
2La loi n° 2016-1547 du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice prévoit de transférer à l’officier d’état civil de la mairie les missions du tribunal d’instance en matière de pacs.
3Depuis 2011, les pacs peuvent être enregistrés chez un notaire, au même titre que dans un tribunal d’instance.
4Loi n° 74-631 du 5 juillet 1974 fixant à 18 ans l’âge de la majorité.
5Et réciproquement : c’est aussi la possibilité de se marier très jeune qui gonfle le nombre de mariages à cette époque.
6Loi n° 2006-399 du 4 avril 2006.
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