Chapitre 2
Pourquoi y a-t-il plus de garçons que de filles ?
p. 29-50
Texte intégral
1Comme il a été expliqué dans le chapitre précédent, en l’absence de migration différentielle, la proportion de chaque sexe au sein d’une population donnée découle, d’une part, de la répartition des garçons et des filles à la naissance et, d’autre part, de la mortalité affectant les hommes et les femmes à chaque âge de leur vie. En Chine, l’accélération du processus de masculinisation observée depuis les années 1980 résulte à la fois d’une détérioration du rapport de masculinité à la naissance au détriment des filles, et d’une surmortalité féminine particulièrement marquée dans la petite enfance.
I. La masculinisation des naissances
Il faudrait rechercher assez loin dans le passé, au-delà d’Aristote et d’Anaxagore, peut-être jusqu’au xe ou au xive siècle avant le Christ, les traces des plus anciennes de l’intérêt porté par les hommes au problème de la nature du sexe, de ses causes et de l’action que nous pouvons exercer sur elles. Depuis que l’humanité existe, partout on s’est demandé, dans l’attente de la naissance d’un enfant : sera-ce un garçon, ou une fille ?
Maurice Halbwachs et Alfred Sauvy,
Le point de vue du nombre, 1936.
1. Les normes biologiques
2Il a été observé, dès le xviiie siècle, que la répartition des sexes à la naissance ne se faisait pas de manière aléatoire, mais s’opérait au contraire avec une grande régularité. Le pasteur Johan Peter Süßmilch est le premier à avoir précisé, dans son ouvrage L’ordre divin paru en 1741, la constance du rapport garçons/filles à la naissance, en l’établissant autour de 21 garçons pour 20 filles soit, en termes actuels, 105 garçons pour 100 filles (Rohrbasser, 2001). Or, si cette norme démographique continue de valoir pour la grande majorité des pays du monde, elle n’est, en revanche, plus observée dans plusieurs pays d’Asie, qui se caractérisent par une surreprésentation des garçons dans l’ensemble des naissances. C’est, en particulier, le cas de la Chine, qui est actuellement le pays connaissant les déviations les plus importantes par rapport à cette norme.
3La proportion d’enfants de chaque sexe à la naissance (ou rapport de masculinité à la naissance) ne relève pas d’un processus aléatoire. Elle répond au contraire à une règle biologique qui s’applique de manière quasi universelle lorsqu’aucune discrimination n’est exercée à l’égard de l’un ou l’autre sexe. Compte tenu de la répartition des sexes à la conception (qui se situe autour de 123-130 garçons pour 100 filles) et de la surmortalité masculine au stade fœtal (Clarke, 2000), la surmasculinité à la naissance est, dans ces circonstances ordinaires, de l’ordre de 4 à 7 %, soit un rapport de masculinité qui se situe entre 104 et 107 naissances de garçons pour 100 naissances de filles (Chahnazarian, 1988 ; Halbwachs et Sauvy, 1936). Cependant, la valeur observée actuellement à l’échelle de la planète se situe plutôt dans la partie supérieure de cette fourchette, le rapport médian de masculinité à la naissance, calculé pour 73 pays en 1997, étant de 106 garçons pour 100 filles (Clarke, 2000).
4D’une région du monde à l’autre, des variations entre populations ou groupes de population donnés sont toutefois observées. James (1987) suggère en effet que le rapport de masculinité à la naissance, qui influence le rapport de masculinité global sur le long terme, tend à être plus élevé dans les populations orientales que dans les populations occidentales, ces dernières comptant à leur tour des proportions de garçons supérieures à celles relevées au sein des populations d’origine africaine. Cette observation est notamment attestée par Khoury et al. (1984) qui ont montré que, aux États-Unis, les populations afro-américaines connaissaient des rapports de masculinité à la naissance plus faibles que les Américains d’origine européenne. Cette tendance avait déjà été soulignée notamment par Ciocco (1938) et Visaria (1967), ce dernier auteur ayant alors relevé un niveau record de 113,1 garçons pour 100 filles à la naissance en Corée entre 1921 et 1929 (Garenne, 2002). Toutefois, si des différences continuent aujourd’hui d’exister, les écarts observés à l’échelle des pays – pays d’Asie exclus – sont ténus et se maintiennent dans une fourchette étroite, le niveau le plus bas étant observé au Rwanda, avec 101 naissances de garçons pour 100 naissances de filles en 2005-2010, le niveau maximum étant relevé au Surinam, en Serbie, en Macédoine et au Monténégro, où l’on enregistre 108 garçons pour 100 filles à la naissance (Nations unies, 2008). Il n’existe, en revanche, pas de pays ou de population comptant une majorité de filles à la naissance.
5Des facteurs principalement génétiques et environnementaux sont avancés pour expliquer les variations du rapport de masculinité à la naissance observées d’une population à une autre, tandis que seuls les facteurs environnementaux prévaudraient dans la justification des variations survenant au sein d’une même population (Ulizzi et Zonta, 1994). Il a par ailleurs été constaté que, dans de nombreux pays développés, la réduction de la mortalité périnatale, de même que les progrès des soins médicaux durant la grossesse, auraient surtout favorisé la survie des garçons et ainsi contribué à la légère augmentation du rapport de masculinité à la naissance au cours du xxe siècle (Clarke, 2000). La proportion de chaque sexe à la naissance est donc susceptible de varier dans le temps. En France, au cours du siècle dernier, par exemple, la répartition des sexes à la naissance a connu quelques fluctuations. Elle a d’abord augmenté entre 1900 et 1913 (passant de 104,1 à 104,8 garçons pour 100 filles) pour atteindre son maximum après la première guerre mondiale (106,4 de 1918 à 1920) et diminuer de nouveau par la suite (atteignant 103,8 en 1941). La seconde moitié des années 1940 a, à l’instar des années 1918-1920, été marquée par une remontée du rapport de masculinité à la naissance (105,9 entre 1942 et 1948), puis par une nouvelle baisse (passant de 105,3 en 1949 à 104,6 en 1963). Au cours de la période récente, une nouvelle hausse a été constatée jusqu’en 1972 (105,5), puis une phase de stabilisation, le rapport de masculinité à la naissance relevé au recensement français de 1999 étant de 105,1 (Garenne, 2002). Rappelons toutefois que le rapport de masculinité à la naissance est inférieur au rapport de masculinité à la conception, du fait d’une mortalité fœtale plus élevée pour les garçons que pour les filles. Ainsi, des améliorations dans la prise en charge des grossesses sont à même d’entraîner une hausse du rapport de masculinité à la naissance.
6Il a en outre été observé que, dans de nombreuses populations, la proportion de naissances de garçons tendait à diminuer avec le rang de la naissance (Chen Wei, 2003), une caractéristique qui, selon Teitelbaum (1972), serait le facteur le plus déterminant des variations du rapport de masculinité à la naissance. Ainsi, la baisse de la fécondité, en entraînant une diminution de la proportion de naissances de rang élevé, serait donc susceptible de conduire mécaniquement à une augmentation du rapport de masculinité dans l’ensemble des naissances. En outre, des caractéristiques telles que le statut socioéconomique (un meilleur statut ayant tendance à favoriser les naissances de garçons), la taille de la fratrie, le statut matrimonial (en particulier la pratique de la polygynie), la fréquence des rapports sexuels, le sexe du premier-né et l’âge respectif des deux parents au moment de la conception (un écart d’âge important entre époux, l’homme étant plus âgé que la femme, tendant à favoriser les naissances de garçons) joueraient également un rôle dans la répartition des sexes à la naissance (Clarke, 2000 ; Feitosa et Kreiger, 1993 ; Ruder, 1985 ; Teitelbaum, 1972 ; Whiting, 1993). D’autres études ont suggéré que ces variations pouvaient être liées à la saison à laquelle survient la naissance (Lerchl, 1998), à la malnutrition de la mère, qui favoriserait les naissances de filles (Andersson et Bergström, 1998) ou à diverses caractéristiques biologiques (Chahnazarian, 1988), socioculturelles ou génétiques (James, 1987). L’hypothèse d’une relation entre le phénomène de surmasculinité des naissances et la prévalence de l’hépatite B a même été récemment avancée (Oster, 2005). Le débat quant à l’influence de ces variables sur un déséquilibre du rapport de masculinité à la naissance reste cependant ouvert, principalement du fait de ses fluctuations aléatoires et de l’absence de données statistiques et/ou biologiques combinant l’ensemble de ces facteurs (Garenne, 2002 ; Clarke, 2000).
2. L’élimination des filles, une pratique ancestrale
7Les diverses hypothèses biologiques, génétiques et environnementales visant à expliquer le déficit croissant de naissances féminines en Chine au cours des trente dernières années, ne seront pas développées dans le cadre de cet ouvrage, faute de données sur le sujet. Nous limiterons donc cette étude aux facteurs sociaux et comportementaux discriminatoires liés à la préférence traditionnelle pour les fils, dans un contexte de modernisation économique et de baisse rapide de la fécondité. Ces facteurs sont de toute façon reconnus, dans le cas de la Chine, comme les principales causes du déséquilibre des sexes aux jeunes âges : l’essentiel de la communauté scientifique, aussi bien chinoise qu’occidentale, s’accorde en effet sur le fait que ce déséquilibre résulte d’interventions délibérées dans la composition par sexe de la descendance. Ces interventions ont lieu soit en amont de la conception, par la pratique de la contraception différentielle selon le rang et le sexe de l’enfant précédent, soit en amont de la naissance, par les avortements sélectifs selon le sexe, soit après la naissance, par la pratique d’infanticides, la sous-déclaration des naissances féminines, les abandons ou diverses négligences visant à favoriser les garçons au détriment des filles à l’origine d’un décès prématuré (Attané, 2005 ; Banister, 2004 ; Chu, 2001 ; Croll, 2000 ; Tu, 1993 ; Yu, 2003).
8Des pratiques discriminatoires envers les filles ont été mises en évidence dès les années 1980, notamment dans l’article d’Arnold et Liu (1986). Ces auteurs y prouvent, dans le cas de la Chine, l’existence d’une préférence marquée pour les fils. Ils montrent en particulier que, au début des années 1980, la majorité des couples qui s’étaient engagés à n’avoir pas plus d’un enfant en signant le certificat de l’enfant unique, étaient parents d’un fils unique. Ils soulignent également que les parents d’une fille unique connaissaient une probabilité plus forte d’avoir un deuxième enfant et pratiquaient moins la contraception que les parents d’un fils unique. Enfin, ils constatent la baisse du rapport de masculinité au sein d’une fratrie donnée, au fur et à mesure que sa taille augmente. Le lien de causalité entre l’intensité de la préférence pour les fils et le déséquilibre du rapport de masculinité à la naissance a été, en outre, établi à maintes reprises (Attané, 2002b ; Chen, 1993 ; Li, 1994 ; Poston, 2002 ; Xu et Guo, 1991).
9Le déséquilibre des sexes, notamment chez les enfants, n’est pas un phénomène nouveau en Chine. La surmortalité féminine, qui en est traditionnellement la principale cause, est en effet attestée par divers documents historiques (Attané et Rohrbasser, 2000 ; Banister, 1987 ; Cartier, 2002 ; Eastman, 1988 ; Lauwaert, 1999). Les périodes de famine, de guerre, de sècheresse ou de crise économique, en particulier, se sont caractérisées par une recrudescence de l’infanticide des filles, notamment par noyade ou par étouffement, encore largement pratiqué au cours du xixe siècle et dans la première moitié du xxe siècle (Das Gupta et Li, 1999). Pour survivre à ces crises, les familles les plus pauvres se voyaient, en effet, souvent contraintes de sacrifier certains de leurs membres, en général les filles, pour permettre la survie des autres, en particulier leurs fils, d’où des discriminations de fait. Ainsi, une femme âgée de la province du Zhejiang, sur la côte orientale, raconte :
Quand j’avais six ans [durant l’invasion japonaise], ma mère m’a annoncé que je devrais être vendue. J’ai supplié mon père, en lui promettant de manger très peu, à condition qu’il me garde à la maison. (Das Gupta et Li, 1999).
10Pendant la famine de 1959-1961 consécutive au Grand Bond en avant1, on a également assisté à une remontée des rapports de masculinité chez les enfants, dû notamment à une forte surmortalité féminine. En revanche, une fois dissipés les effets de la famine et résorbée la pénurie alimentaire, les discriminations des filles se seraient largement atténuées (Coale et Banister, 1994).
11S’il est impossible, faute de données démographiques exhaustives et fiables, d’évaluer précisément les effets de la surmortalité des filles sur la répartition des sexes au cours des siècles passés, l’exercice s’avère, en revanche, moins hasardeux pour la période récente. Les reconstitutions effectuées par Coale et Banister à partir des recensements successifs montrent, par exemple, que le rapport de masculinité atteignait 117 garçons pour 100 filles dans les cohortes âgées de 12-16 ans en 1953, donc nées en 1936-1940, pour tomber à 107 parmi les enfants nés en 1948-1952. Ces auteurs ont estimé à plus de 15 % le déficit de filles dans les cohortes nées entre 1936-1940 et 1939-1943, et à plus de 10 % dans celles nées jusqu’en 1944-1948 (Coale, Banister, 1994) (tableau 4).
Tableau 4 • Rapports de masculinité dans différentes cohortes de naissances, Chine, 1936-1978

Sources : les espérances de vie à la naissance en Chine correspondent à l’année 2000 et sont issues de Banister (2007) (cf. tableau 2). Pour les autres pays : Nations unies, 2008. L’IDH est tiré de Pnud (2008), sur le site internet http://hdr.undp.org/en/statistics/.
12Cette surmasculinité récurrente parmi les générations nées dans les premières décennies du xxe siècle s’explique par une mortalité féminine excessive liée à l’infanticide ou à des comportements plus ou moins intentionnels, consistant à négliger les filles sur le plan nutritionnel et sanitaire et entraînant leur décès prématuré. Du fait de l’amélioration du niveau de vie global et du statut des femmes à partir des années 1950, à un moment où aucune forme de restriction des naissances n’était encore imposée, ces pratiques discriminatoires sont devenues plus rares (Chen Wei, 2003 ; Zeng et al., 1993). Ainsi, une réduction du déficit de filles s’est opérée dans les cohortes suivantes, à l’exception de celles qui étaient en bas âge au moment de la famine de 1959-1961, pendant laquelle la mortalité infanto-juvénile a augmenté plus vite pour les filles que pour les garçons. Les estimations de Coale et Banister (1994) rejoignent celles de Das Gupta et Li (1999) selon lesquelles, durant la décennie 1960 et la première moitié de la décennie 1970, le déficit de filles n’aurait pas excédé 2 à 3 % des cohortes féminines correspondantes, avec un rapport de masculinité à la naissance fluctuant entre 105 et 107 garçons pour 100 filles (tableau 4). Ces auteurs notent en outre une hausse du rapport de masculinité dès les cohortes nées en 1974-1978, correspondant vraisemblablement à une résurgence de l’infanticide féminin dans les heures ou les jours suivant la naissance, de même qu’à une aggravation de la surmortalité des filles en bas âge causée par un accès différentiel aux soins de santé, quelques années seulement après le lancement de la troisième campagne de contrôle des naissances en 19712 (Coale et Banister, 1994).
3. Une surmasculinité anormale à la naissance parallèle à la baisse de la fécondité
13La hausse du rapport de masculinité à la naissance, décelée a posteriori par Coale et Banister (1994) a été confirmée par les opérations de collecte qui ont suivi (tableau 5). La proportion de garçons à la naissance, d’un niveau encore proche de la normale au recensement de 1982 (107,2 garçons pour 100 filles en 1981) (PCO, 1985), a en effet rapidement augmenté par la suite : elle est passée à 111,3 en 1989 (recensement de 1990) (PCO, 1993), à 116,9 au recensement de 20003 (PCO, 2002), puis à 120,5 lors de la dernière enquête intercensitaire de 2005 (BNS, 2007).
Tableau 5 • L’évolution du rapport de masculinité à la naissance, Chine, 1981-2005

Sources : PCO (1985) ; PCO (1993) ; PCO (2002) ; BNS (2007).
14Pour la Chine comme pour les autres pays asiatiques actuellement concernés une surmasculinité anormale à la naissance, un lien direct a été établi entre la détérioration du rapport de masculinité à la naissance et la réduction de la fécondité (Bhat et Zavier, 2007 ; Croll, 2000 ; Gu et Roy, 1995 ; Kim Doo-Sub, 2005). Dans le cas de la Chine, la politique de l’enfant unique mixse en œuvre en 1979 est régulièrement présentée comme le facteur déclencheur d’une intervention accrue des couples dans la composition de leur descendance (Li Yongping, 1993 ; Nie Jingbao, 2005 ; Tu Ping, 1993). Or, si ces deux évènements ont en effet coïncidé sur le plan chronologique, le premier n’a eu, en lui-même, qu’une responsabilité indirecte dans le développement du second.
15La relation entre la baisse de la fécondité et la détérioration du rapport de masculinité est complexe. En Chine, l’essentiel de la baisse de la fécondité s’est opéré en deux phases : la première au cours de la décennie 1970, alors que la population était sous le coup de mesures autorisant 2 enfants dans les villes et 3 à la campagne, et la seconde, au début de la décennie 1990, du fait des profonds bouleversements socioéconomiques intervenus à la suite des réformes économiques (Attané, 2000 ; Scharping, 2003). Dans la décennie 1980, alors que la coercition exercée par les autorités locales sur les couples, afin de faire respecter la norme de l’enfant unique, était à son comble, la fécondité n’a pour ainsi dire pas baissé (elle s’est maintenue au-dessus de 2,3 enfants par femme durant toute la première moitié de la décennie 1980). C’est pourtant à partir de cette époque que le rapport de masculinité à la naissance s’est fortement détérioré (figure 2).
Figure 2 • Rapport de masculinité à la naissance et nombre moyen d’enfants par femme, Chine, 1980-1999

Sources : nombre moyen d’enfants par femme : 1980-1989 : Chen et Coale (1993) ; 1990-1998, Attané (2000) ; rapports de masculinité à la naissance : estimés sur la base de rétroprojections réalisées par l’auteur à partir des données des recensements de 1990 et de 20004 (PCO, 1993 ; PCO, 2002).
16La baisse de la fécondité proprement dite a, de manière évidente, constitué une incitation majeure, pour les couples, à intervenir sur la composition par sexe de leur descendance. Une corrélation étroite existe en effet entre le niveau de la fécondité et celui du rapport de masculinité à la naissance sur l’ensemble de la période 1980-1999 (avec un coefficient de détermination R2=0,748 et un coefficient de corrélation correspondant r=0,8655), la relation étant inversement proportionnelle (figure 3a). Mais, lorsqu’on dissocie les données relatives aux deux décennies, la corrélation n’est plus évidente que sur la décennie 1990, avec r = − 0,900 sur 1989-1999 (figure 3c), contre r = − 0,038 sur la période 1980-1989 (figure 3b) qui, au contraire de la précédente, a été marquée par une nouvelle baisse de la fécondité. Il apparaît ainsi que, si la politique de l’enfant unique a, dans les premières années de son application, échoué à faire baisser la fécondité, elle a en revanche incité les couples à intervenir de manière de plus en plus active sur la composition par sexe de leur descendance. Cette propension n’a, en outre, fait que croître dans les années 1990, alors que la fécondité enregistrait une nouvelle baisse. Notons que, dans les années 1980 en particulier, les rapports de masculinité à la naissance divergent fortement à fécondité égale, ce qui indique que d’autres facteurs jouent incontestablement.
Figure 3a • Corrélation entre le nombre moyen d’enfants par femme et le rapport de masculinité à la naissance

Sources : Calculs effectués par l’auteur à partir des données des recensements de 1990 et 2000 (PCO, 1993 ; PCO, 2002).
Figure 3b • Corrélation entre le nombre moyen d’enfants par femme et le rapport de masculinité à la naissance

Sources : Calculs effectués par l’auteur à partir des données des recensements de 1990 et 2000 (PCO, 1993 ; PCO, 2002).
Figure 3c • Corrélation entre le nombre moyen d’enfants par femme et le rapport de masculinité à la naissance

Sources : Calculs effectués par l’auteur à partir des données des recensements de 1990 et 2000 (PCO, 1993 ; PCO, 2002).
17La stagnation de la fécondité dans les années 1980 n’a donc pas empêché une détérioration du rapport de masculinité à la naissance, alors que le passage de la fécondité au-dessous du seuil de remplacement des générations, au début des années 1990, s’avère avoir étroitement coïncidé avec une rapide aggravation du phénomène. La relation à établir n’est cependant pas seulement bilatérale (fécondité/rapport de masculinité à la naissance), mais trilatérale. Un troisième phénomène doit en effet être pris en compte : la mise à disposition de techniques modernes et efficaces permettant la détermination prénatale du sexe de l’enfant. Associée au mouvement de baisse de la fécondité observé depuis trente ans dans un contexte de préférence marquée pour les fils, c’est en effet la mise à disposition à grande échelle de ces techniques qui a permis à un nombre croissant de couples d’intervenir sur le sexe de leur descendance, et a donc contribué fortement à la détérioration du rapport de masculinité à la naissance (cf. infra. p. 163 sq.).
4. Le déséquilibre des sexes : une tendance contrastée
18L’ordre d’occurrence d’une naissance est un déterminant important de la probabilité de naître fille, la pression pour parvenir à une composition par sexe de sa descendance jugée idéale se faisant d’autant plus pressante que la ou les naissances précédentes n’ont pas été du sexe désiré (Brian et Jaisson, 2007). De fait, les discriminations exercées vis-à-vis des petites filles et visant à modifier les probabilités de leur survie entre leur conception et leurs premières années d’existence ne sont pas indépendantes du rang de la naissance. Elles ne le sont donc pas non plus, en général, du statut de la naissance dans le contexte particulier de la politique de limitation des naissances en vigueur en Chine. La norme biologique qui veut que naissent environ 106 garçons pour 100 filles est en effet globalement respectée pour les premières naissances, sur lesquelles aucune restriction n’est imposée (tableau 6). Elle est en revanche beaucoup plus systématiquement enfreinte parmi les naissances de rang 2 et plus (parmi lesquelles le rapport de masculinité à la naissance dépasse les 140 garçons pour 100 filles à partir de 2000) qui, pour la plupart, ne sont pas autorisées par la politique de limitation des naissances et sont donc sujettes à des amendes, voire à des sanctions plus lourdes (Blayo, 1997 ; Scharping, 2003). Ce sont donc bel et bien des facteurs comportementaux et sociaux qui modifient la répartition des sexes à la naissance, et qui ont de plus en plus d’influence.
Tableau 6 • Rapport de masculinité à la naissance, selon le rang, Chine, 1981-2005

*Ces valeurs ne correspondent pas à celles citées plus haut (cf. note 4).
Sources : PCO (1985) ; PCO (1993) ; PCO (2002) ; BNS (2007).
19Tandis que le rapport de masculinité à la naissance reste à peu près conforme à la norme pour les premières naissances, il a donc connu une hausse marquée parmi les naissances de rang 2 et plus au cours de la décennie 1980. Les enquêtes sur la fécondité menées en 1988 et en 1992 par la Commission nationale de planification des naissances* révèlent en effet que, parmi les naissances survenues en 1988 et en 1989 au sein de la population rurale et/ou agricole6, près de 90 % des naissances de rang 1 étaient autorisées, contre seulement un quart à un tiers (24-32 %) des naissances de rang 2 et 4 à 6 % des naissances de rang 3 et plus (Attané et Sun, 1999). Une relation étroite semble donc exister entre le caractère autorisé ou non autorisé d’une naissance et la probabilité de naître fille ou garçon. Dans les faits, les fortes contraintes pesant sur les couples pour réduire le nombre d’enfants se traduisent par une pression accrue de la part des autorités. Les couples sont donc tenus d’avoir moins d’enfants, mais ils ne sont pas pour autant prêts à renoncer à un garçon. Aussi, ayant de moins en moins de chances de s’assurer un héritier masculin, ils recourent de plus en plus massivement aux moyens dont ils disposent pour éliminer les filles (encadré 3).
Encadré 3. Fécondité et contrôle des naissances en Chine
La campagne de contrôle des naissances, lancée en Chine en 1971 a marqué un tournant dans l’histoire démographique du pays. Elle reposait sur des mesures visant à intervenir sur les déterminants proches de la fécondité, à savoir l’âge au mariage, la pratique contraceptive et, indirectement, l’avortement provoqué. Les consignes, diffusées à partir de 1973, prônèrent ainsi le mariage tardif, l’espacement des naissances et la réduction de la descendance, avec toutefois des exigences variables selon les catégories de population. En effet, la diversité de peuplements, de cultures, de modes de production et de contextes socioéconomiques n’échappa pas aux promoteurs de cette campagne, qui établirent une distinction entre population urbaine, population rurale et population des minorités ethniques. Les citadins furent d’emblée soumis aux règles les plus strictes : ils ne devaient pas se marier avant l’âge de 25 ans pour les femmes et de 28 ans pour les hommes et ne devaient pas avoir plus de 2 enfants. Les habitants des régions rurales bénéficièrent, quant à eux, de mesures moins drastiques : pour eux, l’âge minimum au mariage fut fixé à 23 ans pour les femmes et à 25 ans pour les hommes, et ils furent limités à 3 enfants. Tous, ruraux comme citadins, furent cependant tenus d’espacer les naissances d’au moins trois à quatre ans. Pour les minorités ethniques, en revanche, aucune prescription ne fut fixée à ce moment-là. En nombre restreint, cantonnées pour la plupart dans des zones géographiques périphériques à faible densité, elles n’avaient pas, du fait de leur poids relativement faible dans la population totale, un grand rôle à jouer dans la réalisation de l’objectif national de contrôle de la croissance démographique. Ces mesures de faveur visaient en outre à éviter d’aggraver le contentieux politique et stratégique entre certains de ces groupes et le pouvoir central, en le situant également au plan démographique, en particulier pour les Tibétains et les musulmans ouïgours du Xinjiang (Attané et Courbage, 2000 ; Attané, 2007).
Sous le coup de ces mesures, la fécondité des Chinoises diminua de plus de moitié en moins d’une décennie, passant de 5,7 enfants par femme en 1970 à 2,7 en 1978. Ainsi, dès la fin des années 1970, la menace d’une croissance démographique insoutenable pour le pays s’était éloignée. Ces résultats furent toutefois jugés insuffisants, d’autant qu’avec les générations nombreuses nées dans les années 1960, désormais en âge d’avoir des enfants, s’annonçait une nouvelle remontée de la natalité incompatible avec le nouvel objectif de modernisation économique qui s’imposa après la mort de Mao. La « politique de réforme et d’ouverture » (gaige kaifang zhengce), lancée en 1978 par son successeur, Deng Xiaoping, se doubla donc d’un second objectif qui consistait à juguler la croissance de la population pour permettre le développement économique (Chen Muhua, 1979). Pour répondre à cet objectif, la nouvelle politique, annoncée officiellement en janvier 1979, instaura la norme drastique de l’enfant unique à laquelle 95 % des citadins et 90 % des paysans étaient censés se plier. Les couples devaient s’y engager en signant le « certificat d’enfant unique » (du sheng zinü zheng) en échange de gratifications diverses, variables d’un endroit à l’autre.
On considère généralement qu’une fois déclenchée, la transition démographique conserve son élan jusqu’à faire tomber la fécondité au seuil de renouvellement des générations : 2,1 enfants par femme (Cleland et Wilson, 1987). Pourtant, la baisse spectaculaire des années 1970 ne s’est pas poursuivie dans les années 1980, malgré les efforts fournis par le gouvernement pour imposer un contrôle beaucoup plus strict sur les naissances. Les bouleversements socioéconomiques qui ont eu lieu de 1950 à 1970 semblent, en effet, avoir épuisé leur potentiel à induire la baisse de la fécondité, y compris en milieu urbain, l’indice national ayant fluctué entre 2,3 et 2,9 enfants par femme durant les années 1980. À cette époque, l’incompatibilité entre les objectifs démographiques et les stratégies familiales a, en outre, suscité l’émergence d’une forte résistance à la limitation des naissances, en particulier en milieu rural, dont l’expression a été facilitée par la perte de contrôle de l’État sur la population (Attané, 2002b ; Peng Xizhe, 2002 ; Zhu Fangling, 1993). Aussi, les autorités furent-elles, dès 1984, contraintes d’assouplir la norme de l’enfant unique. Si l’objectif avoué était d’autoriser une plus large proportion de couples à avoir un deuxième enfant, il s’agissait surtout « d’ouvrir une petite brèche pour en colmater une grande » (kai xiao kou du da kou), à savoir légitimer quelques exceptions à cette règle afin d’en éviter le plus grand nombre. Depuis lors, la politique de limitation des naissances est à plusieurs vitesses (Yin Wenyao, 1995 ; Guo et al., 2003). Depuis 1984, la règle de l’enfant unique n’est donc plus systématiquement imposée. Dans les campagnes, les couples ont, en général, le droit d’avoir un deuxième enfant, voire un troisième, notamment certaines minorités nationales. La possibilité d’un deuxième enfant ne répond cependant pas partout aux mêmes conditions et, d’une province à l’autre, parfois même d’un district ou d’un village à un autre, les critères changent (Attané, 2005 ; Scharping, 2003).
La croissance relativement faible (de +0,6 % en 2008) et la fécondité basse (vraisemblablement de 1,8 enfant par femme) qui caractérisent désormais la population chinoise rendent paradoxal le maintien d’un contrôle strict des naissances. Pourtant, les autorités n’envisagent officiellement pas de l’assouplir. La loi sur la population et la planification des naissances promulguée en 2002 est, à ce titre, sans ambiguïté. Elle stipule en effet que : « Les couples sont encouragés à n’avoir qu’un seul enfant ». En janvier 2005, un représentant de la Commission nationale de planification des naissances* déclarait : « Sa population nombreuse demeure une préoccupation importante pour la Chine et un obstacle déterminant à son développement économique et social. [C’est la raison pour laquelle] la Chine poursuivra sa politique de contrôle des naissances pendant une longue période(a) ». Il a également été récemment souligné que « La Chine reste confrontée à diverses difficultés, dont la coexistence d’une faible fécondité et d’un accroissement démographique absolu important, et le niveau de vie de la population reste globalement faible(b) ». La loi de 2002 vise par ailleurs, entre autres objectifs, à lutter contre la corruption et les abus divers, en garantissant notamment une collecte plus systématique des amendes dues en cas de naissance non autorisée, afin de stabiliser les budgets locaux qui en dépendent pour assurer les activités de planning familial. En outre, cette nouvelle loi prévoit de mettre fin aux amendes indûment ou abusivement réclamées au titre du planning familial, par certains cadres locaux corrompus(c).
(a) « China welcomes 1.3 billionth citizen », Le Quotidien du Peuple* en ligne (Renmin wang), sur le site Internet http://english.people.com.cn/200501/06/eng20050106_169765.html.
(b) Extrait de Qin Jize, « China still faces population problems », China Daily*, sur le site Internet http://www.chinadaily.com.cn/english/doc/2004-09/08/content_372497.htm.
(c) « No relaxation of Chinese‘ one couple, one child’ policy : Official », op. cit.
20Cette hypothèse se vérifie dans les calculs effectués par Yu Hongwen (2003) à partir des données du recensement de 2000 (tableau 7). Il apparaît, en effet, que les seules circonstances dans lesquelles le rapport de masculinité à la naissance demeure proche des niveaux normaux sont lorsqu’un couple met son premier enfant au monde, ou lorsque qu’il donne naissance à un deuxième enfant et que le premier est un garçon. Dans tous les autres cas, le rapport de masculinité à la naissance est très déséquilibré, soit en faveur des garçons lorsque les premiers-nés sont majoritairement des filles, soit – mais dans une bien moindre mesure – en faveur des filles, lorsque les premiers-nés sont majoritairement des garçons. La sélection du sexe des enfants en amont de la naissance ne toucherait donc pas seulement les filles : dans quelques circonstances précises, c’est-à-dire lorsque la fratrie n’est composée que de garçons, en effet, les parents mettraient donc en œuvre des stratégies de sélection visant à constituer une descendance comprenant au moins un représentant de chaque sexe.
Tableau 7 • Rapport de masculinité parmi les derniers-nés, selon la composition de la fratrie, en 2000

Source : calculs effectués à partir des données du recensement de 2000, in Yu Hongwen (2003).
5. Un déficit croissant de naissances de filles
21Ce déséquilibre croissant du rapport de masculinité à la naissance est responsable d’un déficit féminin dans les cohortes les plus jeunes, qui se répercute dans les classes d’âges plus âgées au fur et à mesure qu’elles vieillissent. Aussi, l’estimation du déficit de naissances féminines donne la mesure de son impact, à terme, sur l’ensemble de la population féminine.
22Sur la base d’un rapport de masculinité à la naissance de 106 garçons pour 100 filles qui correspond, rappelons-le, à la valeur médiane calculée en 1997 pour 73 pays (Clarke, 2000), il est possible d’estimer le nombre de filles absentes des statistiques des naissances, et cela indépendamment du motif de cette absence (avortement sélectif selon le sexe, sous-déclaration des naissances féminines, décès prématuré ou abandon des filles sans déclaration préalable de la naissance). En 1981, 10,7 millions de naissances masculines et 10 millions de naissances féminines ont été recensées (tableau 8). Avec un rapport de masculinité à la naissance de 106 garçons pour 100 filles, il aurait dû naître quelque 113000 filles supplémentaires, soit un déficit encore à peine perceptible, qui ne représente alors qu’un peu plus de 1 % des cohortes de naissances féminines correspondantes.
Tableau 8 • Estimation du déficit de naissances féminines, Chine, 1981-2000

(a) Estimé sur la base d’un rapport de masculinité de 106 garçons pour 100 filles, pour les naissances survenues au cours des douze mois précédant les recensements.
Sources : Calculs effectués d’après les données des recensements correspondants : PCO (1985) ; PCO (1993) ; PCO (2002).
23Au recensement de 1990, en revanche, le déficit de naissances de filles est plus nettement visible. Il s’établit alors à quelque 579 000 filles, soit 5 % des naissances féminines survenues au cours de l’année 1989. La situation s’est encore aggravée dans la décennie suivante. D’après le recensement de 2000, 7,6 millions de garçons et 6,5 millions de filles sont nés entre le 1er novembre 1999 et le 31 octobre 2000. Sur la base d’un rapport de masculinité à la naissance de 106 garçons pour 100 filles, on aurait dû compter 7,2 millions de naissances de filles. Ainsi, le déficit s’élève, sur ces douze mois, à près de 667 000, soit 10,2 % des naissances de filles effectivement recensées. Ces dernières années, la situation serait donc, en termes relatifs, redevenue aussi critique que celle qui avait été observée dans les années 1940, pour lesquelles les proportions de filles manquantes ont été estimées à environ 10 % (Coale et Banister, 1994, cf. supra, p. 33). Une interpolation simple du déficit de naissances de filles pour chaque année entre les trois recensements considérés (tableau 8, ligne 3) permet d’estimer le déficit cumulé de naissances féminines à plus de 11 millions sur l’ensemble de la période 1982-2000 soit 500 000 à 600 000 chaque année en moyenne (figure 4).
24Il est possible que, pour partie, ce déficit de filles soit le fait d’un biais statistique, leur naissance pouvant avoir eu lieu mais n’ayant pas été déclarée lors des recensements. Cette hypothèse a cependant été infirmée par des études récentes, qui ont révélé que la majorité de ces filles étaient bel et bien « manquantes », victimes en premier lieu d’avortements sélectifs de même que de négligences entraînant un décès prématuré, d’infanticide ou d’abandon, sans déclaration préalable de la naissance (Banister, 2004 ; Yu Hongwen, 2003). Nous verrons plus loin dans quelle mesure chacune de ces causes a pu jouer dans ce déséquilibre, sachant cependant qu’elles sont parfois, dans les statistiques, difficilement dissociables les unes des autres. Lorsqu’il s’agit, par exemple, d’un décès survenant très rapidement après la naissance alors que cette dernière n’a pas été déclarée, cet événement, qui influence directement le rapport de masculinité à la naissance n’est, en effet, d’un point de vue statistique, pas dissociable des avortements sélectifs.
Figure 4 • Estimation du nombre annuel de filles manquantes et du déficit, en % des naissances féminines, 1981-2000 *

* La relative résorption du déséquilibre des sexes à la naissance observée à partir de 1998 doit être interprétée avec précaution. Elle pourrait en effet n’être que le résultat d’un biais lié à la méthode employée pour reconstituer la série des rapports de masculinité des naissances depuis 1981. S’agissant de rétroprojections fondées sur les effectifs d’enfants de chaque âge recensés en 2000, les données relatives aux enfants les plus jeunes (2 ans ou moins) sont vraisemblablement davantage affectées par les problèmes de sous-déclaration que celles concernant les enfants plus âgés, tandis que ces dernières le sont davantage par les problèmes de surmortalité féminine. Le rapport de masculinité aux naissances survenues en 1996, par exemple, est celui des enfants de chaque sexe âgés de 4 ans en 2000, dont les effectifs ont été corrigés de la mortalité sur ces quatre années. Mais, compte tenu des processus observés jusqu’alors, des enfants âgés de 4 ans en 2000 pourraient avoir été réintégrés dans les statistiques du recensement, alors que cela n’a pas été encore le cas de leurs cadets, dont les parents hésitent à faire état de la naissance par crainte des sanctions liées à une naissance non autorisée (Wang Jinying, 2003).
Sources : estimations réalisées par l’auteur à partir des recensements de 1990 (PCO, 1993) et 2000 (PCO, 2002)
II. Une féminisation des décès infantiles
25Le déséquilibre du rapport de masculinité à la naissance n’est pas le seul facteur de masculinisation de la population chinoise. Vient en effet s’ajouter, depuis les années 1980, un excédent de décès de filles, en particulier avant leur premier anniversaire, qui creuse encore le déficit féminin.
26Au cours des deux dernières périodes intercensitaires (1982-1990 et 1990- 2000), on a en effet assisté, d’une part, à une masculinisation des naissances, la proportion de naissances de filles étant passée de 48,3 % en 1981 à 45,5 % en 2000 (tableau 9) et, d’autre part, à un processus de féminisation des décès infantiles, la part de décès féminins dans l’ensemble des décès infantiles étant passée de 46,7 % en 1981 à 54,3 % en 2000. Donc, d’un côté, les naissances de filles sont, eu égard aux naissances de garçons, de moins en moins nombreuses et, de l’autre, les filles sont désormais largement surreprésentées dans les décès infantiles.
Tableau 9 • Masculinisation des naissances et féminisation des décès infantiles, 1981-2000

Sources : Lignes 1, 2, 4 et 5 : PCO (1985) ; PCO (1993) et PCO (2002). Ligne 3 : CPIRC (1995) pour 1981 et 1989 ; Banister (2007) pour 2000.
1. Une détérioration de la survie des filles avant leur premier anniversaire
27L’évolution de la mortalité infantile nécessite une attention particulière, principalement à deux titres. En premier lieu, parce que l’on doit une grande partie de la hausse de l’espérance de vie à la naissance aux progrès de la lutte contre la mortalité infantile, du moins dans la première phase de la transition démographique (Meslé, 2004 ; Glei et Horiuchi 2007) ; ensuite, parce que la mortalité aux jeunes âges demeure l’un des indicateurs les plus pertinents du développement sanitaire d’un pays, de l’efficacité de son système de prévention et de l’attention qui est portée à la santé de la mère et de l’enfant. A fortiori, l’évolution de la mortalité selon le sexe reflète les conditions d’existence des hommes et des femmes dans une société et à un moment donnés, de même que les éventuels accidents, crises ou discriminations subies par les uns ou par les autres et susceptibles d’affecter leurs chances de survie à chaque âge, eu égard à l’autre sexe (Vallin et al., 2001).
28La surmortalité féminine, notamment dans la petite enfance, est un trait commun à de nombreuses sociétés qui reflète des comportements particuliers à un stade donné de leur développement économique et social. Ce phénomène a, par exemple, été constaté dans un grand nombre de pays européens au xixe siècle et au début du xxe siècle et dans différents pays en développement (Tabutin et Willems, 1995 ; Tabutin et Willems, 1996). En Chine, une surmortalité féminine à presque tous les âges de la vie, mais surtout avant l’âge de 5 ans, a pu être mise en évidence dans la plupart des cohortes nées depuis la fin des années 1930. La surmortalité des filles dans la petite enfance s’est accentuée au milieu des années 1980, parallèlement, on l’a vu, à la détérioration du rapport de masculinité à la naissance7. Il ressort des divers travaux portant sur la mesure et les causes de cette évolution, que cette surmortalité féminine reflète en premier lieu les inégalités de traitement dans les premières étapes de la vie, le facteur le plus discriminatoire étant un accès inéquitable aux soins de santé de base (Croll, 2000 ; Li et Feldman, 1996 ; Li et Zhu, 2001 ; Li et al., 2004 ; Riley et Gardner, 1997), qui montre que la préférence traditionnelle pour les fils reste profondément ancrée dans les comportements. Ainsi, les progrès en termes de mortalité infantile réalisés au cours des dernières décennies ont donc sur tout – voire exclusivement – bénéficié aux garçons.
29La dégradation récente du système de santé (encadré 4) a également joué en défaveur des filles. Cette contribution est évidemment indirecte, mais il ne fait pas de doute que l’augmentation des coûts de la santé a contraint les ménages les plus démunis à opérer un calcul coûts/bénéfices avant de faire soigner un enfant, son sexe entrant en considération au moment de la prise de décision, et même à négliger certaines précautions élémentaires en termes de soins de santé aussi bien préventifs que curatifs.
Encadré 4. Le système de santé chinois : du communisme au libéralisme
Dès les années 1950, les autorités communistes ont affiché une politique de santé publique axée sur la prévention, sur un développement massif de l’offre de soins, en particulier dans les régions les plus reculées, et sur la création d’une vaste couverture d’assurances(a). Parallèlement, d’importants moyens techniques, financiers et humains ont été mobilisés pour promouvoir la santé et l’hygiène. L’accent fut mis en premier lieu sur la lutte contre les principaux fléaux traditionnels, comme la consommation d’opium, les maladies vénériennes, la poliomyélite, la tuberculose, la lèpre et autres maladies contagieuses (Cailliez, 2002 ; Kane, 1985), et sur la prévention (vaccination massive des enfants, mesures d’assainissement de l’eau et de l’environnement). Des « campagnes patriotiques pour la santé » visèrent, entre autres objectifs, à éliminer certaines espèces nuisibles à l’agriculture(b). Des centres de prévention des maladies et des épidémies, supervisés par le ministère de la Santé, furent créés en plusieurs endroits du pays et diverses initiatives communautaires, comme la construction d’égouts et de latrines, furent lancées pour améliorer l’hygiène (Hsiao et Liu, 2002).
Les progrès sanitaires ont été favorisés par le fait que la Chine a bénéficié, surtout dans la période de l’après-guerre, de l’introduction de systèmes modernes de contrôle des maladies épidémiques, d’antibiotiques, de vaccins et autres mesures efficaces de santé publique (Banister, 2007). S’inspirant largement du modèle de l’Union soviétique, qui fournissait alors une bonne partie de l’assistance technique, les autorités chinoises donnèrent également la priorité à la formation de personnel médical, dont le rôle était de dispenser les soins de base, de même qu’à la production de médicaments. En moins de trois décennies, le milieu rural a ainsi été pourvu d’infrastructures offrant un accès généralisé aux soins de santé de première nécessité et d’une couverture sociale qui, au milieu des années 1970, bénéficiait à la plus grande partie de la population (Cailliez, 2002).
À partir de la fin des années 1970, le mouvement de réformes lancé dans le pays a touché le secteur de santé. Les mesures prises dans les années 1980 ont entraîné l’abandon de l’administration centralisée et soumis progressivement le système de santé aux lois du marché. Autrefois sous la responsabilité des communes populaires, le système de santé, décentralisé est en voie de privatisation : le paiement des soins incombe désormais aux patients, tandis que médecins et directeurs d’hôpitaux sont soumis à des contraintes de rentabilité. Les coopératives médicales qui, contre un versement forfaitaire, garantissaient aux paysans la prise en charge en cas de maladie, couvraient 90 % de la population rurale dans les années 1950, mais moins de 10 % à la fin des années 1990.
Tandis que, dans les villes, les services de santé publique garantissent encore la protection sanitaire de la plupart des habitants et que de nouveaux systèmes de protection sociale sont progressivement mis en place(c), l’effondrement du système de santé rural remet profondément en question l’universalité et l’égalité dans l’accès aux soins de santé primaire, surtout dans les zones pauvres (Cailliez, 1998). Confronté à une baisse considérable de ses subventions, celui-ci s’est privatisé de manière anarchique et a négligé les volets non lucratifs de sa mission (Cailliez, 2002). Les cliniques et hôpitaux publics sont encouragés à s’autofinancer et donc contraints, pour survivre, de relever progressivement leurs prix, d’où un accès de plus en plus restreint de la population aux soins de santé primaire. En milieu rural, la transition des communes populaires vers un système de responsabilité des ménages a ébranlé les bases financières du système médical coopératif, dont la faillite a permis aux médecins salariés des villages (autrefois appelés les « médecins aux pieds nus », chijiao yisheng) d’exercer comme praticiens privés sans contrôle extérieur, notamment sur la délivrance et la vente de médicaments. Les professionnels de la santé adoptent désormais des stratégies de plus en plus mercantiles. Avec le démantèlement des structures collectives, la majorité des familles est désormais privée de toute protection sociale. Dès 1983, seuls 40 à 45 % des villages étaient encore couverts par le système médical collectif. Désormais, presque partout, seuls les menus frais sont couverts, alors que les dépenses exceptionnelles restent en grande partie à la charge des familles. Selon un rapport de l’OMS, les paiements directs effectués par les usagers constituent la majorité des dépenses croissantes de santé (54 % fin 2005)(d).
(a) En 1951, le gouvernement chinois a promulgué les « Règlements d’assurance sociale de République populaire de Chine » (Zhonghua renmin gongheguo laodong baoxian tiaoli) (cf. Hou Wenruo, 1995).
(b) L’une d’entre elles visait à éradiquer les « quatre pestes » (si hai) : les mouches, les moustiques, les rats et les moineaux mangeurs de grain (Hsiao et Liu, 2002).
(c) Depuis le milieu des années 1990, des efforts sont faits dans les villes pour mettre en place de nouveaux systèmes d’assurance sociale, où la prise en charge des frais médicaux incombe en partie au salarié (geren zhanghu) et en partie à l’entreprise qui l’emploie (gongji zhanghu).
(d) Organisation mondiale de la santé.
30De fait, les conditions périnatales, l’hypoxie, l’asphyxie et autres traumatismes à la naissance figurent, en milieu rural chinois, parmi les dix principales causes de décès féminins et, en milieu urbain comme en milieu rural, les décès liés à de mauvaises conditions périnatales sont plus fréquents chez les filles que chez les garçons (tableau 10) (Phillips et al., 2002).
Tableau 10 • Principales causes de décès violents autour de la naissance selon le sexe et le milieu de résidence, Chine, 1995-1999

* Ne figure pas parmi les 15 principales causes de décès violents qui touchent les hommes et les femmes au cours de leur vie.
Source : Phillips et al., 2002.
31Soulignons en outre que l’infanticide des filles, s’il n’est plus que résiduel, n’a pas totalement disparu (Banister, 2004 ; Fang, 1993 ; Xu et Guo, 1991). Il faut garder à l’esprit que certaines fillettes ont probablement été victimes d’un décès prématuré, avant même que leur naissance n’ait été enregistrée. Ces décès contribuent, dans ce cas, d’un point de vue statistique, au déséquilibre du rapport de masculinité à la naissance, et non à l’augmentation des décès infantiles de filles. Le nombre de cas dans cette catégorie n’est cependant pas connu.
32Lorsque les femmes ne subissent pas de discrimination, notamment sur les plans sanitaire et nutritionnel, la mortalité des hommes est ordinairement plus forte que celle des femmes à tous les âges de la vie8. C’est particulièrement le cas entre la naissance et le premier anniversaire, ce qui joue comme une compensation naturelle de l’excédent, également naturel, de naissances masculines. La situation de la population chinoise est dans l’ensemble conforme à ce schéma habituel au sein de la population adulte, mais pas chez les jeunes enfants.
33En se fondant sur l’idée selon laquelle l’écart entre les sexes dans la mortalité infantile et juvénile est principalement déterminé par des facteurs biologiques et, dans une moindre mesure, comportementaux, Hill et Upchurch (1995) ont, à partir d’observations empiriques, estimé l’écart « attendu » dans des circonstances ordinaires. Ils ont ainsi établi le rapport du quotient de mortalité infantile des filles à celui des garçons à 0,786 pour un quotient de mortalité infanto-juvénile masculine voisin de 75 ‰, à 0,778 pour un quotient voisin de 50‰ et à 0,767 pour un quotient voisin de 25‰. En Chine, les données ajustées par le CPIRC (1995), le Bureau national de la statistique (BNS, 1996) et par Banister (2007) (cf. encadré 2, p. 25) indiquent que cet avantage féminin « standard » n’était déjà plus respecté en 1973-1975, avec un rapport de 0,875 contre 0,786 attendu d’après les estimations de Hill et Upchurch (1995). Depuis lors, la situation s’est régulièrement détériorée, le rapport étant passé, en Chine, de 0,948 en 1981 à 1,156 en 1990, pour atteindre la valeur exceptionnellement élevée de 1,465 en 2000 (tableau 11, figure 5)9. Ainsi, le quotient de mortalité infantile des filles était, cette année-là, presque deux fois supérieur (+ 91 %), à celui attendu en l’absence de discriminations à leur encontre. La dernière enquête intercensitaire (2005) témoigne d’une évolution plus favorable à la survie des filles (avec un rapport des quotients tombé à 1,253, soit 15 % de moins qu’en 2000), qui n’a cependant pas encore été confirmée par des données ultérieures.
Tableau 11 • Taux de mortalité infantile selon le sexe et estimation de la surmortalité infantile des filles, Chine, 1973-2000

Sources : lignes 1 et 2 : * CPIRC (1995) ; ** Banister (2007) ; ligne 4 : Hill et Upchurch (1995) ; lignes 3 et 5 : calculs réalisés par l’auteur.
Figure 5 • Évolution de la surmortalité infantile des filles, Chine, 1953-2005

Sources : calculs effectués par l’auteur à partir des données ajustées par Banister (1987) pour 1953 et 1964, de données non ajustées pour 2005 (BNS, 2007) et des données ajustées figurant au tableau 11 pour les autres années.
2. Contribution des décès infantiles au déficit féminin
34Indiscutablement, la surmortalité des filles avant leur premier anniversaire contribue au déficit féminin, au même titre que les avortements sélectifs selon le sexe. Nous avons vu précédemment que 500000 à 600000 filles avaient été, chaque année de la décennie 1990, éliminées par des avortements sélectifs. Il convient donc maintenant d’estimer le nombre de celles qui ont été victimes de négligences de traitement, à l’origine de leur surmortalité.
35L’effectif de décès féminins au cours de la première année de vie, estimé à partir des quotients de mortalité infantile ajustés par Banister (2007) s’élève à 246060 en 2000 (contre 184521 effectivement recensés en 2000). Cela correspond à un quotient de mortalité infantile des filles de 38,9 ‰, contre 26,5 ‰ pour les garçons, et un ratio de ces quotients de 1,465 qui témoigne des fortes discriminations exercées envers les filles avant leur premier anniversaire. En l’absence de telles discriminations, c’est-à-dire avec un ratio de ces quotients équivalent à ceux définis par Hill et Upchurch (1995), soit 0,767 et avec un quotient de mortalité infantile des garçons de 26,5 ‰, le quotient féminin aurait dû être de 20,3 ‰ (soit 26,5 x 0,767). Ce quotient corrigé implique 128831 décès infantiles de filles, soit un surplus de 117229 (246060 − 128831) par rapport à ceux inférés à partir des quotients ajustés par Banister (2007) (tableau 12).
36Le même calcul effectué à partir des données du recensement de 1990 ajustées par le CPIRC (1995) établit l’excédent de décès féminins avant 1 an à 107896. Une interpolation simple sur la période 1989-2000 permet d’estimer l’excédent de décès féminins au cours de la première année de vie à 1,35 million, ce qui correspond à une moyenne annuelle, sur ces douze années, d’un peu plus de 112560 décès prématurés, manifestement causés par des traitements discriminatoires.
Tableau 12 • Décès et quotients de mortalité infantiles observés et corrigés à partir des ratios standardisés. Estimation de l’excédent de décès féminin, Chine, 1989 et 2000

Sources : Pour 1989 : Estimations réalisées à partir des données tirées de (a) Pco, (1993) ; (c) et (d) CPIRC (1995) ; (e) : Hill et Upchurch (1995). Pour 2000 : Estimations réalisées à partir des données tirées de (a) Pco (2002) ; (c) et (d) Banister (2007) ;(e) : Hill et Upchurch (1995).
Notes de bas de page
1 La famine des « années noires » a été consécutive au Grand Bond en avant. Lancé en 1958, ce mouvement a entraîné une mobilisation en masse de la population afin de développer la production industrielle. Absorbés par les grands travaux de construction de base (jiben jianshe) et par la production industrielle (briqueteries, hauts fourneaux), les paysans négligèrent la récolte d’automne. Suivirent trois « années noires » (1959-1961) marquées par une grave pénurie alimentaire et la désorganisation de la production agricole. Le Grand Bond en avant ainsi que la famine qu’il a provoquée ont entraîné entre 15 et 30 millions de morts et un déficit démographique global supérieur à 50 millions de personnes (Godement, 1990).
2 Pour plus d’informations sur les politiques de contrôle des naissances mises en œuvre successivement en Chine, voir notamment : Blayo (1997), Scharping (2003), Attané (2005).
3 Notons que les recensements de 1990 et de 2000 donnent deux valeurs distinctes du rapport de masculinité à la naissance au cours des deux années considérées, selon les séries de naissances à partir desquelles il est calculé. En effet, entre le 1er janvier et le 31 décembre 1989, il y a eu, d’après le recensement de 1990, 24624887 naissances, avec un rapport de masculinité de 111,3 garçons pour 100 filles. Mais les données ventilées par rang de naissance et selon l’âge de la mère à la naissance totalisent seulement 23851876 naissances, avec un rapport de masculinité de 113,9. La même incohérence est observée dans le recensement de 2000, qui révèle que 14114536 naissances ont eu lieu entre le 1er novembre 1999 et le 31 octobre 2000, avec un rapport de masculinité de 116,9. Mais les données ventilées par rang de naissances tirées du questionnaire long (rempli par 10 % des ménages) donnent un rapport de masculinité de 119,9 garçons pour 100 filles.
4 Les autorités chinoises ne publiant pas de données annuelles sur la répartition par sexe des naissances, les évolutions du rapport de masculinité à la naissance, représentées sur les figures 2 et 6 ont été retracées sur la base de rétroprojections, effectuées à partir des données des recensements de 1990 et de 2000, ce qui a permis de reconstituer trois séries relatives aux décennies 1980 et 1990. La première série concerne l’ensemble du pays, la deuxième, le milieu urbain (comprenant les villes et les bourgs) et la troisième, le milieu rural.
5 Cette corrélation a été réalisée à partir de données annuelles entre 1980 et 1999 avec, en abscisses, le rapport de masculinité à la naissance et, en ordonnées, le nombre moyen d’enfants par femme.
6 Pour les définitions correspondantes, voir Attané (2002a, p. 356-357).
7 Cette surmortalité féminine peut être légèrement surestimée : dans des villages du Henan, des couples qui ont mis leur petite fille en nourrice, ont déclaré son décès pour ensuite subir l’opération de stérilisation exigée par les autorités du planning familial et finalement récupérer l’enfant. Mais ce type de comportement ne peut suffire à justifier les importants écarts de mortalité entre filles et garçons (Xu et Guo, 1991).
8 Sauf, dans certains cas, aux âges de la reproduction. Nous y reviendrons.
9 Les ajustements réalisés par Xu Baizhuang et al. (1994) et par Zhai Zhenwu (1993), bien que donnant des valeurs de la mortalité infantile légèrement différentes de celles obtenues à partir des ajustements réalisés par le CPIRC (1995), révèlent une surmortalité féminine d’ampleur comparable.
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