Chapitre 9
Orientation sexuelle et identité de genre : quelles catégories d’enquête en Afrique subsaharienne ?
p. 191-208
Texte intégral
1À l’inverse de quelques travaux pionniers en sciences humaines et sociales, la question de l’homosexualité masculine est restée inexistante dans les enquêtes quantitatives en Afrique subsaharienne jusqu’au début des années 2000, malgré les épidémies de VIH qui ravageaient le continent.
2C’est en 2005 qu’est publiée, pour la première fois, une étude quantitative bio-comportementale (Wade et al., 2005) sur une population d’hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) en Afrique – en l’occurrence au Sénégal. Le principal résultat concernait la prévalence du VIH : sur les 463 hommes interrogés, 22 % étaient infectés par le VIH, et ce dans un pays, le Sénégal, connu pour sa faible prévalence en population générale (moins de 1 %). Mais l’enquête apportait aussi d’autres informations importantes, notamment au sujet de l’orientation sexuelle : 94 % des répondants déclaraient avoir eu des relations sexuelles avec des femmes au moins une fois au cours de leur vie. Cette proportion élevée d’hommes ayant des pratiques bisexuelles est devenue un élément récurrent des enquêtes sur les HSH en Afrique, et l’un des aspects les plus discutés.
3Depuis le milieu des années 2000, parallèlement à une attention internationale croissante accordée aux HSH dans les pays à ressources limitées1 et une pression politique des bailleurs internationaux pour la prise en compte des populations dites « clés » dans la riposte aux épidémies de VIH, les enquêtes quantitatives sur les HSH se sont développées exponentiellement en Afrique subsaharienne. À partir des années 2010, une partie d’entre elles ont aussi exploré l’identité de genre et certaines publications ont concerné plus, spécifiquement, les personnes « transgenres ».
4Ce chapitre fait le point sur ces dimensions telles qu’elles apparaissent dans la littérature disponible, en examinant les connaissances dont nous disposons sur les différentes populations que recouvre la catégorie HSH. À partir d’une revue de littérature exhaustive, nous recensons les catégories que mettent en évidence les enquêtes quantitatives du point de vue de l’orientation sexuelle (articulant plusieurs dimensions, dont le pôle d’activité sexuelle, l’orientation sexuelle déclarée et l’attirance sexuelle) et de l’identité de genre.
5L’objectif est de savoir si les dimensions investiguées sont suffisantes pour la compréhension fine, tant des logiques sociales de la sexualité que des comportements et des identités, et de questionner la façon dont est pensée la diversité des profils au sein de la catégorie HSH. Nous faisons l’hypothèse que les catégories utilisées sont importées des pays du Nord et plaquées sur les pays africains au détriment des catégories et représentations locales, en suivant un agenda international lié à l’épidémie de VIH, qui dicte la définition des catégories à investiguer. Après de nombreuses décennies au cours desquelles s’est construite l’image d’un continent exclusivement hétérosexuel (Epprecht, 2008), le développement exponentiel des enquêtes épidémiologiques sur les HSH en Afrique ne témoigne-t-il pas lui aussi d’un travers, certes inverse, en dessinant des formes d’orientation sexuelle et d’identité de genre minoritaires de manière réductrice et schématique ?
I. Une analyse fondée sur une revue de littérature
6Depuis 20052, nous réalisons une veille scientifique des publications portant sur les minorités sexuelles et de genre en Afrique subsaharienne, à partir de recherches sur les grands portails bibliographiques, de références identifiées au fil des lectures ou lors de conférences internationales et de rapports, voire d’analyses non publiées, dont nous avons eu connaissance par nos réseaux de recherche.
7À partir de cette revue de la littérature scientifique, qui couvre quinze années, de fin 2005 jusqu’à fin 2020, nous avons lu 452 manuscrits et retenu 153 publications (tableau S13) présentant une ou plusieurs estimations quantifiées de l’orientation sexuelle et/ou de l’identité de genre au sein des populations HSH enquêtées. Les études portant uniquement sur des personnes infectées par le VIH n’ont pas été retenues.
8Le sigle HSH (ou plus spécifiquement sa forme anglaise MSM pour « Men who have sex with men ») apparaît au début des années 1990 (Dowsett, 1990) dans le contexte des travaux sur le VIH. Il reflète l’idée que ce sont les comportements, et non les identités, qui exposent les individus au VIH, une distinction importante dans la mesure où les experts scientifiques et médicaux avaient initialement présenté l’identité gaie comme facteur de risque, ce qui était source de stigmatisation (Young et Meyer, 2005). Du point de vue épidémiologique, cette catégorie HSH permet d’être plus inclusif en intégrant des hommes ne se considérant pas nécessairement comme « homosexuel », mais ayant des rapports sexuels avec des hommes.
9Selon les enquêtes, l’opérationnalisation du concept d’HSH s’est traduite différemment en termes de critères d’inclusion. Ceux-ci sont assez souvent similaires : être majeur, être en capacité de formuler un consentement éclairé, avoir déjà eu un rapport sexuel avec un homme.
10Ce dernier critère varie cependant d’une étude à l’autre, à la fois concernant la période de temps considérée — vie entière, douze derniers mois, six derniers mois, trois derniers mois — et la définition d’un rapport sexuel, certaines enquêtes ne recrutant que des hommes ayant eu au moins un rapport anal sur la période considérée, et excluant de fait les hommes ayant uniquement d’autres pratiques que la pénétration anale avec des hommes, ou bien des hommes s’identifiant comme homosexuel, mais n’ayant pas eu de rapport avec un homme. D’autres enquêtes ont également considéré les rapports oraux, voire masturbatoires4.
11Concernant le sexe, la plupart des enquêtes mentionnent simplement avoir recruté des hommes, même si, notamment dans les enquêtes les plus récentes, il est fait plus spécifiquement référence aux « hommes biologiques », aux personnes « nées de sexe masculin », aux personnes « assignées hommes à la naissance » voire aux « femmes transgenres » dans une perspective d’inclusion de personnes transgenres, aux « hommes cisgenres » et aux « travestis ».
12En l’absence de base de sondage et en raison du stigmate associé aux relations homosexuelles, les enquêtes ont toutes adopté un échantillonnage de convenance, à l’exception d’une étude sud-africaine établie sur un sous-échantillon d’une enquête en population générale (Dunkle et al., 2013). On retrouve une grande variété de méthodes de recrutement, que ce soit via l’identification de lieux de sociabilité, le recours à des pairs-éducateurs ou à des réseaux sociaux sur Internet. La technique la plus fréquente reste celle des « boules de neige » et, en particulier, sa formalisation connue sous le nom de « respondent driven sampling » (RDS).
13Le principe d’une enquête par « boules de neige » consiste à identifier, dans la population d’intérêt, une première série de personnes à enquêter (les « graines »). Chaque personne ayant participé à l’étude et ayant complété le questionnaire est ensuite invitée à recruter d’autres participants (créant ainsi plusieurs « vagues » d’enquête). Comme il s’agit d’un échantillon de convenance non probabiliste, il n’est pas possible au sens strict de calculer une variance statistique ni, de facto, d’intervalle de confiance.
14L’approche RDS formalise l’approche par « boules de neige » (Heckathorn, 1997) : des coupons de recrutement sont distribués aux participants et sont ensuite présentés par les nouveaux enquêtés, permettant ainsi de reconstruire le réseau de recrutement ; il est demandé à chaque participant d’estimer la taille de son réseau (i.e. le nombre de personnes de la population enquêtée qu’il connaît). Ces deux informations, complétées par une estimation de la taille de la population concernée, permettent de réaliser des inférences statistiques, d’attribuer un poids statistique à chaque individu et de calculer des variances. L’approche RDS est devenue très populaire dans le champ des enquêtes auprès de populations difficiles d’accès, dont les HSH : plus de la moitié des enquêtes identifiées dans ce chapitre y ont eu recours.
15L’objectif des deux sections qui suivent sera de présenter et discuter les catégories d’orientation sexuelle et d’identité de genre mobilisées dans les enquêtes réalisées en Afrique subsaharienne, tout en interrogeant les instruments de mesure et leurs effets.
II. La mesure de l’orientation sexuelle et la question de la bisexualité
16Au regard des données publiées, nous avons distingué trois dimensions de l’orientation sexuelle des individus : le pôle d’activité sexuelle, l’orientation sexuelle déclarée et l’attirance sexuelle (tableau S1, note 3 et figure 1). Sur la figure, les résultats sont présentés par sous-région, selon la nomenclature utilisée par la division statistique de l’ONU. Les données sont limitées pour l’Afrique centrale, seules trois enquêtes ayant été identifiées et portant toutes sur le Cameroun.
Figure 1. Taux de bisexualité dans les enquêtes quantitatives sur les HSH en Afrique subsaharienne (2000-2019)

Pour le pôle d’activité sexuelle, l’expression « HSHF (durée) » indique la proportion des enquêtés ayant des rapports sexuels à la fois avec des hommes et des femmes sur la période de temps considérée.
Sources : voir tableau S1 (lien en note 3) pour la liste complète des sources.
17Le pôle d’activité sexuelle — pour reprendre une expression introduite par Messiah et Mouret-Fourme (1993) — mesure l’orientation sexuelle au travers du sexe des partenaires sexuels sur une période de temps considérée, le plus souvent les douze derniers mois ou au cours de la vie. On distinguera dès lors les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes exclusivement (HSHE) et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et avec des femmes (HSHF), la période de référence utilisée pour le calcul — semaine précédant l’enquête, mois précédant l’enquête, deux derniers mois, six derniers mois, douze derniers mois, cinq dernières années, vie entière — étant indiquée entre parenthèses. Il est à noter cependant que, pour une bonne part des articles, il s’agit simplement d’un indicateur comportemental — au milieu d’autres indicateurs sur les comportements sexuels — et non d’une manière d’appréhender l’orientation sexuelle.
18La période de référence pour le calcul du pôle d’activité sexuelle varie fortement d’une publication à l’autre et, par construction, les taux de pratiques bisexuelles ont tendance à décroître lorsque cette période est plus courte (figure 1). Alors qu’en France, Messiah et Mouret-Fourme (1993) avaient mis en évidence le fait que, sur des périodes courtes, le pôle d’activité sexuelle des individus se concentrait sur un seul sexe5, les taux de pratiques bisexuelles observés en Afrique subsaharienne sur douze mois ou moins restent comparativement élevés.
19Si les catégories HSHE et HSHF caractérisant le pôle d’activité sexuelle semblent relativement objectives, car fondées sur des comportements, et plus faciles à comparer entre enquêtes et entre pays que d’autres indicateurs, elles ne sont toutefois pas exemptes d’ambiguïté. Par exemple, la notion de « partenaire féminine » peut être mal comprise et conduire à des déclarations « erronées ». Dans l’enquête ELIHoS réalisée au Sénégal en 2007, un volet qualitatif a mis en évidence que, dans ce contexte, le terme de « partenaire féminine » pouvait recouvrir diverses significations et n’était pas corrélé à la notion de « partenaire sexuelle », certaines partenaires féminines n’étant pas des partenaires sexuelles et certaines partenaires sexuelles n’étant pas considérées comme des partenaires féminines par les enquêtés (Enel et al., 2009).
20Plusieurs études ont également rapporté la proportion des enquêtés ayant déclaré au moins une partenaire femme régulière au moment de l’enquête. Cette notion de « partenaire régulière » doit néanmoins être relativisée, car, selon l’enquête, il ne s’agit pas, là non plus, nécessairement d’une partenaire sexuelle. Ainsi, dans l’étude sud-africaine de 2012-2013, si 26 % et 41 % des hommes enquêtés respectivement dans deux districts déclaraient une partenaire régulière, seuls 2 % et 8 % avaient eu au moins un rapport sexuel avec une femme au cours des six derniers mois (Lane et al., 2014). Dans l’enquête sénégalaise de 2007, les auteur·es ont élaboré une typologie prenant en compte, à la fois, le pôle d’activité sexuelle sur les douze derniers mois et le sexe des partenaires réguliers, montrant l’absence d’homogénéité des catégories HSHE et HSHF ainsi que la diversité et la complexité des comportements, en termes d’âge au premier rapport, de sexe du premier partenaire, de nombre de partenaires et de type de pratiques sexuelles (Larmarange et al., 2009).
21L’orientation sexuelle déclarée (ou autodéfinition) est appréhendée dans la plupart des enquêtes sous la forme d’une question du type « Comment vous définiriez-vous ? » avec des modalités de réponse pré-codées (par exemple : « homosexuel », « bisexuel » ou « hétérosexuel »). Dans le tableau S1 (lien en note 3), nous avons rapporté les termes utilisés dans la publication d’origine, qui peuvent différer des termes et/ou de la langue du questionnaire.
22La majorité des enquêtes ont abordé l’orientation sexuelle déclarée selon trois modalités : « homosexuel », « bisexuel » ou « hétérosexuel », les termes anglais « gay » et « straight » étant parfois employés6. Seules trois études menées au Kenya en 2004, 2006 et 2008 ont proposé un choix de termes locaux tels que « basha », « shoga », « queen », « king » ou encore « kuchu ». En Afrique de l’Ouest, les catégories « ibbi » et « yoos »7 (Niang et al., 2003) ou encore le terme « branché » (Broqua, 2007), régulièrement évoqués dans les travaux anthropologiques, n’ont pas été utilisés dans les enquêtes quantitatives.
23On sait que l’orientation sexuelle déclarée, tout comme d’ailleurs n’importe quelle autre dimension de l’identité, n’est pas une donnée stable, mais se définit de manière relationnelle dans la vie sociale. Cette logique n’échappe évidemment pas à la relation d’enquête, en particulier lors de questions à choix multiples (mais limités). Les catégories d’autodéfinition dépendent à la fois des catégories proposées et de la définition de celles-ci. Les catégories « gay », « bisexuel » et « hétérosexuel » ne recouvrent pas les mêmes histoires ou significations selon les pays ou les zones géographiques, les histoires de mobilisation, etc.8 Se définir comme gay en Afrique de l’Ouest n’a donc pas nécessairement le même sens qu’en Europe ou en Amérique du Nord (Moen et al., 2014). Par ailleurs, il est étonnant de ne jamais retrouver l’expression « men who have sex with men » (MSM) dans les catégories proposées, dans la mesure où elle est devenue une catégorie d’autodéfinition courante, en particulier chez les hommes proches des milieux associatifs (Broqua, 2012), qui sont probablement nombreux parmi les enquêtés.
24L’orientation sexuelle déclarée varie selon la socialisation et la position dans les réseaux sexuels. Cette dernière peut être appréhendée, certes imparfaitement, par la vague de recrutement dans les enquêtes RDS9. Selon les données combinées de trois enquêtes RDS menées au Lesotho, en Eswatini et au Malawi, 49 % des enquêtés des vagues 0 à 3 se définissaient comme « gay or homosexual », 48 % pour les vagues 4 à 7 et 27 % pour les vagues 8 à 13 (Stahlman et al., 2016).
25La disjonction entre pratiques et identités sexuelles est connue de longue date et a été largement reprise dans le cadre des enquêtes et des actions menées auprès des HSH face au VIH/sida. Les travaux les plus approfondis ont également introduit la dimension de l’attirance sexuelle (Michaels et Lhomond, 2006), mais elle reste très rarement prise en considération dans les enquêtes menées en Afrique (seules 11 études dans notre corpus).
26Comme le montre la figure 2 qui, à partir de données issues d’une enquête menée en 2013 au Burkina Faso, croise les différentes dimensions de l’orientation sexuelle – attirances, identités et pratiques –, celles-ci ne se superposent pas et la prise en compte de leur articulation introduit une complexité supplémentaire dans la compréhension de l’orientation sexuelle.
Figure 2. Croisement des trois dimensions de l’orientation sexuelle* auprès de 142 HSH, Ouagadougou, Burkina Faso, 2013

* Pôles d’activité sexuelle, d’orientation sexuelle déclarée et d’attirance sexuelle. Lecture : graphique en mosaïque : la largeur des colonnes correspond à la proportion de chaque modalité d’orientation sexuelle déclarée dans l’ensemble de l’échantillon ; au sein d’une colonne, la hauteur d’un rectangle indique la distribution selon l’attirance sexuelle pour cette orientation sexuelle déclarée ; au sein d’un rectangle, les couleurs correspondent à la distribution selon le pôle d’activité sexuelle, pour une orientation sexuelle déclarée et une modalité d’attirance sexuelle donnée.
Source : Dah Ter Tiero et al., 2016.
27La figure 1 montre la grande variation des taux de bisexualité (quelles que soient les dimensions de l’orientation sexuelle envisagée) d’un pays à l’autre, mais aussi parfois d’une ville à l’autre ou d’une étude à l’autre, au sein d’un même pays. Les taux de bisexualité varient ainsi de 25 % à 99 % pour le pôle d’activité sexuelle sur la vie, de 42 % à 80 % sur les cinq dernières années, de 23 % à 76 % sur les douze derniers mois, de 2 % à 67 % sur les six derniers mois ; de 4 % à 77 % pour l’orientation sexuelle déclarée et de 14 % à 75 % pour l’attirance sexuelle.
28Cette variation des taux de bisexualité peut s’expliquer — en partie seulement et de manière non quantifiable — par les techniques de recrutement employées. Les approches de recrutement par les pairs ont tendance à surreprésenter les individus les plus socialisés au sein de ce que l’on pourrait appeler le « milieu homosexuel » et, dès lors, les hommes s’identifiant comme « gay » ou « homosexuel » et/ou ayant des pratiques homosexuelles exclusives. En Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord, la comparaison entre échantillons représentatifs et échantillons de convenance montre que les seconds sous-estiment les taux de bisexualité (Larmarange et al., 2009). Or nous pouvons faire l’hypothèse que l’ampleur de ce biais peut varier d’une enquête à l’autre, en fonction de la capacité à atteindre les personnes les plus « éloignées » du « milieu ».
29Malgré tout, une certaine tendance semble se dégager. Les taux de bisexualité observés en Afrique de l’Ouest, quel que soit l’indicateur considéré, sont sensiblement plus élevés que ceux d’Afrique australe, l’Afrique centrale et de l’Est étant dans une situation intermédiaire.
30L’Afrique du Sud est le pays où a été mené le plus grand nombre d’enquêtes. Les taux de bisexualité y sont relativement bas, ce qui peut s’expliquer par l’existence d’un milieu gai blanc très proche des milieux homosexuels européens ou nord-américains. Corroborant cette explication, on trouve des taux de bisexualité élevés lorsque les enquêtes ont porté plus spécifiquement sur les populations noires, comme l’enquête réalisée en 2008 dans le township de Soweto (Lane et al., 2014).
III. La mesure des identités de genre non masculines
31Certaines études ont ajouté, à la question sur l’orientation sexuelle déclarée, à côté des items « homosexuel », « bisexuel » et « hétérosexuel », une quatrième modalité intitulée « transgender », « trans/woman », « transexual » ou « transvestite », que nous regroupons par commodité sous l’expression « orientation trans* » (tableau S1, lien en note 3). Cette approche méthodologique a pour principal inconvénient de mélanger orientation sexuelle et identité de genre.
32D’autres études ont collecté, quant à elles, l’identité de genre au travers d’une ou plusieurs questions spécifiques. Si, à chaque fois, l’objectif était d’identifier des personnes nées de sexe masculin et ne s’identifiant pas en tant qu’homme, les modalités proposées aux enquêtés ont grandement varié d’une étude à l’autre : « woman », « female », « transgender », « transgender woman », « transgenre », « transexual », « both », « intersex », « versatile », « neither », « travesti », « non binary », « male to female », « a woman in a man’s body » et « other ». Par commodité, nous regroupons toutes ces catégories sous l’appellation « identité de genre non masculine ».
33Nous pouvons observer une évolution temporelle concernant la manière dont les enquêtes ont abordé les identités de genre. Pour les enquêtes menées entre 2004 et 2009, toutes sauf une ont utilisé une modalité trans* à la question de l’orientation sexuelle déclarée. Pour les enquêtes menées entre 2010 et 2014, les deux types d’indicateurs (modalité trans* dans la question sur l’orientation sexuelle déclarée et question spécifique sur l’identité de genre) ont coexisté, et depuis 2015, les données sur l’identité de genre sont, très majoritairement, collectées indépendamment de la question sur l’orientation sexuelle déclarée.
34Les taux d’enquêtés avec une identité de genre non masculine varient fortement selon le type d’indicateur retenu (tableau S1, voir note 3, et figure 3). Lorsqu’il s’agit d’une modalité trans* ajoutée à la question sur l’orientation sexuelle, seuls 0 à 3 % des enquêtés optent pour cette catégorie, à l’exception d’une étude menée en 2014 au Burundi sur un petit échantillon (n = 51) recruté via des pairs-éducateurs et probablement fortement biaisé (Coulaud et al., 2016). Lorsqu’une ou plusieurs questions spécifiques sur l’identité de genre sont posées, la part des enquêtés ne se reconnaissant pas dans la catégorie « homme » varie entre 1 % et 39 %. Il est à noter que lorsque l’enquête propose à la fois une modalité « femme » et une modalité « transgenre », la proportion ayant répondu « femme » est usuellement plus élevée que la proportion ayant répondu « transgenre ». Ainsi, s’il n’est pas pertinent de ranger la catégorie trans* dans l’orientation sexuelle, cela donne paradoxalement une meilleure idée du volume probable qu’elle représente.
Figure 3. HSH ayant une identité de genre non masculine dans les enquêtes quantitatives en Afrique subsaharienne, 2004-2017, par sous-région

*Calculs selon deux types de mesures : une question spécifique sur l’identité de genre (identité de genre non masculine) ou une modalité « trans* » proposée dans une question sur l’orientation sexuelle déclarée. Les identités de genre non masculines incluent « woman », « female », « transgender », « transgender woman », « transgenre », « transexuel », « both », « intersex », « versatile », « neither », « travesti », « non binary », « male to female », « a woman in a man’s body » et « other ». Les modalités « orientation trans* » correspondent à « transgender », « trans/woman », « transexual » et « transvestite ».
Source : voir note 3.
IV. Des catégorisations épidémiologiques insuffisantes
35Inexistantes avant les années 2000, les enquêtes épidémiologiques ou quantitatives qui se sont multipliées depuis sur les HSH en Afrique subsaharienne nous apportent de nombreuses informations utiles. Sur l’orientation sexuelle, elles montrent la part élevée de bisexualité ; sur l’identité de genre, elles signalent le nombre important de personnes aux identités non masculines. Surtout, elles permettent de mesurer la nécessité de lutter contre le VIH/sida au sein de ces populations. De ce point de vue, l’enjeu n’est pas tant la connaissance fine des formes d’orientation sexuelle ou d’identité de genre, que la production de données permettant de servir le plaidoyer et d’apporter les preuves « scientifiques » (« evidence ») nécessaires à l’élaboration des politiques de lutte contre le VIH/sida, via l’obtention de financements par les autorités et organisations locales de la part des bailleurs de fonds internationaux. Or, cet impératif implique de s’aligner sur les catégorisations internationales et de suivre leurs éventuelles évolutions. Ainsi s’explique l’émergence progressive, dans les enquêtes, des questions relatives à l’identité de genre. Outre que les chercheurs ont pu être confrontés à des données qui les ont incités à faire évoluer leurs questionnaires et analyses, c’est sans doute l’officialisation récente, par les instances et les bailleurs internationaux, de la catégorie « transgenre » comme l’une des « populations clés » les plus exposées au VIH qui a suscité sa prise en compte dans les enquêtes épidémiologiques/quantitatives. Il découle de ces logiques des insuffisances dans la connaissance des minorités sexuelles et de genre.
36Les enquêtes abordent l’orientation sexuelle de manière réductrice. Rares sont celles qui cherchent, à travers des catégories même sommaires, à distinguer un tant soit peu les individus selon différentes composantes de l’orientation sexuelle, à l’image de ce qui avait été tenté à partir de l’enquête ELIHoS au Sénégal (Larmarange et al., 2009), voire à inverser le regard, par exemple en s’intéressant au groupe des HSHF dans une enquête portant plus largement sur des hommes ayant des relations sexuelles avec des femmes (Eaton et al., 2013).
37Raisonner à partir de trois catégories d’orientation sexuelle (homosexuels/bisexuels/hétérosexuels) pose problème. L’homosexualité, et la bisexualité en particulier, sont multiformes en Afrique subsaharienne : les HSHE et HSHF ne constituent pas des groupes homogènes et les identités sexuelles sont si diverses que la distinction entre homosexuel et bisexuel est réductrice. Il s’agit plutôt d’un continuum dont il faudrait pouvoir retracer au moins une partie des nombreuses composantes10. Il en va de même des données disponibles sur l’identité de genre qui permettent seulement d’entrevoir la complexité des parcours et des situations. Cette insuffisance découle à la fois du fait de plaquer sur les enquêtés des catégories issues d’autres contextes, mais aussi de penser les catégories de manière trop exclusive et trop rigide. En outre, la standardisation des questionnaires et le manque d’attention portée à l’environnement social des pratiques ont tendance à décontextualiser les données rapportées.
38Concernant l’identité de genre, la variété des termes employés dans les enquêtes met en évidence les difficultés conceptuelles et opérationnelles pour capturer les identités non masculines (chez les personnes assignées hommes à la naissance). Ces dernières sont par ailleurs trop souvent appréhendées au prisme de catégories construites dans d’autres contextes. L’un des exemples les plus flagrants de l’imposition de catégories extérieures aux sociétés étudiées et de la confusion que cela peut entraîner, est le traitement de la catégorie « transgenre » dans une étude ayant utilisé les données d’enquêtes RDS menées dans huit pays d’Afrique subsaharienne (Poteat et al., 2017). Les auteurs distinguent les « femmes transgenres » (« transgender women ») et les « hommes cisgenres » (« cisgender men ») ayant des rapports sexuels avec des hommes et comparent la prévalence du VIH dans les deux groupes (respectivement 23,5 % et 7,3 %). Pour cette étude, les personnes ayant répondu « femme » à une question sur le genre d’appartenance ont été fusionnées avec celles ayant répondu explicitement « transgenre » à cette même question.
39Or, à la différence d’autres contextes culturels (notamment Europe et Amérique du Nord) où l’autodéfinition comme « femme » par des personnes assignées hommes à la naissance renvoie à des parcours trans*, dans de nombreux pays d’Afrique, il n’y a pas forcément incompatibilité à se définir comme « gay » ou « HSH » tout en se déclarant « femme » à la question sur l’identité de genre. Ainsi, dans le cadre de la cohorte CohMSM mise en place au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Togo, parmi des HSH non infectés par le VIH, 16 % se déclaraient11 à la fois « homosexual/gay » et « only a man », 21 % « homosexual/gay » et « both a man and a woman », 37 % « bisexual » et « only a man » et 21 % « bisexual » et « both a man and a woman » (Coulaud, 2019, p. 128).
40Au final, les questions sur l’identité de genre auraient plutôt tendance à refléter une distinction du type ibbi/yoos ou woubi/yossi, termes wolofs utilisés pour distinguer respectivement celui censé jouer un rôle féminin (par extension, « passif ») et celui censé jouer un rôle masculin (par extension, « actif ») dans une relation homosexuelle masculine12. La distinction entre expression de genre, identité de genre, rôle sexuel et orientation sexuelle reste floue pour une majorité des personnes enquêtées (Kama et Simporé, 2018). Dans un article en préparation, présentant les résultats d’une enquête quantitative réalisée auprès de HSH en Côte d’Ivoire, nous prenons au sérieux les catégories woubi/yossi et montrons qu’elles ne sont superposables à aucune autre dimension de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre telles qu’appréhendées dans les autres enquêtes au travers des catégories globales (Broqua et Larmarange, 2022).
41Une erreur classique consiste à vouloir interpréter les données africaines au prisme du paradigme LGBT occidental alors que les constructions identitaires de l’orientation sexuelle et du genre sont différentes. Cela ne signifie pas pour autant que les identités LGBT n’existent pas en Afrique subsaharienne, les constructions identitaires et les mobilisations associatives étant aussi influencées par les échanges avec les communautés européennes et nord-américaines. De même, certaines personnes sont engagées dans des processus de transition pouvant éventuellement les mener vers une hormonothérapie et/ou une chirurgie de changement de sexe. Cependant, considérer que toutes les personnes ayant déclaré une identité de genre non masculine relèveraient d’un parcours ou d’une identité trans* est réducteur et induit une surestimation du phénomène.
V. La nécessité d’aller plus loin
42Les connaissances apportées sur l’orientation sexuelle des populations étudiées, en même temps que les limites dont elles souffrent, suggèrent de nouvelles pistes d’investigation, au travers d’études tant quantitatives que qualitatives. Tout d’abord sur le groupe précis des bisexuels, sans doute gagnerait-on à ne plus les concevoir comme se camouflant derrière les apparences de l’hétérosexualité et une conformation à la norme dominante, mais à les prendre au sérieux et à s’attacher à comprendre leurs relations intimes avec des femmes. En particulier, il serait intéressant de mieux connaître les logiques de leurs pratiques sexuelles, sentimentales et conjugales avec des femmes et la place accordée à la parentalité. Certains travaux réalisés au Sénégal ont montré des logiques fortement différenciées selon que les personnes envisageaient leur vie sentimentale avec un homme ou avec un femme (Enel et al., 2009).
43Il est ensuite nécessaire de mieux comprendre de quoi est faite l’orientation sexuelle et de prolonger en cela divers travaux qui ont émergé aux États-Unis dès les années 1970. Au-delà du triptyque pratiques/identités/attirances, d’autres dimensions sont à prendre en considération, telles que par exemple :
- le dévoilement de l’orientation13 (« sexual disclosure ») à son entourage, qui peut fortement varier selon les sphères sociales (famille, amis, travail, etc.) ;
- la place que l’on occupe dans le « milieu », qui n’est pas nécessairement corrélée à l’orientation sexuelle déclarée dans le sens que l’on imagine : on peut y être intégré et ne pas se considérer comme homosexuel ni gay, ou en être éloigné et se considérer comme homosexuel ou gay (avec Internet se développent des profils d’hommes qui, de manière isolée, peuvent se construire comme homosexuels exclusifs, ce qui n’était possible avant que par l’entremise de relations sociales et par la socialisation secondaire offerte par le « milieu ») ;
- l’avenir que l’on s’imagine, à savoir la projection dans un devenir homosexuel ou, au contraire, dans un parcours hétérosexuel ;
- l’âge ou la position dans le cycle de vie peuvent jouer un rôle pour deux sortes de raisons au moins. Dans des sociétés où les relations sociales, dont les relations sexuelles, sont fortement basées sur des différenciations générationnelles, le comportement ou l’attente pourront différer selon l’âge du partenaire — pour prendre un exemple trivial, le partenaire plus âgé pourra parfois imposer le rôle sexuel insertif sans que le plus jeune ne puisse s’y refuser. Deuxièmement, une mesure transversale ne permet pas de rendre compte de la dynamique temporelle des processus identitaires et des changements/évolutions de l’orientation sexuelle au cours de la vie (Rosario et al., 2006).
44De même, la compréhension des différents aspects de l’identité de genre impose de prendre en considération la dimension du temps, car elle renvoie, comme l’orientation sexuelle, à des processus évolutifs et non à des états stables.
45L’une des questions importantes concerne l’actualité des rôles d’inversion de genre qui, dans le passé, ont correspondu à des positions sociales parfois centrales et souvent bien admises dans de nombreuses sociétés africaines. Ces catégories de genre sont aujourd’hui resignifiées comme catégories d’orientation sexuelle et, ce faisant, deviennent fortement stigmatisées (Broqua, 2017). Parallèlement, on constate une forte différenciation genrée des rôles sociaux (et sexuels) aussi bien parmi les hommes que parmi les femmes homosexuelles dans la plupart des pays d’Afrique, sans nécessairement qu’elle renvoie à une forme d’inversion de genre considérée comme telle dans la société tout entière (mais plutôt au sein du « milieu », voire des intimités conjugales ou sexuelles). Enfin, des personnes se revendiquant comme trans* apparaissent depuis peu dans une partie des pays du continent, se substituant parfois à la catégorie antérieure du « travesti ». Comment ces différentes figures s’articulent-elles au présent ? Qu’est-ce qu’implique aujourd’hui la non-conformité de genre, en termes de position sociale ou de devenir ?
46Pour finir, soulignons que les grandes absentes de ce corpus sont les personnes assignées femmes à la naissance. Les études sur les hommes sont motivées par leur forte exposition au VIH et par la nécessité d’y remédier. Les femmes n’étant que très peu exposées dans le cadre des relations sexuelles entre elles, les recherches ne s’imposent pas avec la même nécessité. Les études quantitatives portant sur les femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes (FSF) sont ainsi très rares, bien qu’elles signalent des niveaux élevés de bisexualité. Dans une étude multi-pays menée en 2010 en Afrique du Sud, au Botswana, en Namibie et au Zimbabwe, 77 % des femmes interrogées se déclaraient « lesbian » ou « gay » et 47 % avaient déjà eu un rapport sexuel avec un homme au cours de leur vie (Sandfort et al., 2013). Dans une autre étude menée en 2012 à Abidjan en Côte d’Ivoire, 64 % se sont définies comme « homosexuelles » et 36 % comme « bisexuelles ». Près de neuf femmes sur dix (87 %) avaient déjà eu au moins un rapport sexuel avec un homme au cours de leur vie (Konan et al., 2014). Des enquêtes futures devront être mises en œuvre avec des moyens qui restent à trouver, afin de rétablir un peu de symétrie face aux connaissances sur les hommes, acquises au cours des quinze dernières années.
47De manière plus générale, l’étude des sexualités africaines mériterait que des enquêtes quantitatives spécifiques y soient consacrées, au-delà de la problématique du VIH, idéalement en « population générale » tout en tenant compte de l’existence des minorités sexuelles et de genre. De cette revue critique de la littérature, il ressort en effet que les recherches sur les minorités sexuelles et de genre gagneraient à ne pas s’aligner sur les agendas, les objectifs et les catégories des politiques de santé publique internationale qui, d’un côté, permettent des financements et une visibilité, mais, de l’autre, circonscrivent de manière trop spécifique le périmètre des recherches.
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10.2105/AJPH.2004.046714 :Notes de bas de page
1 Pré-conférence du Global Forum on MSM and HIV en marge de la conférence mondiale sur le sida de 2006. Création en 2007 du réseau associatif Africagay en Afrique francophone. En décembre 2008, à Dakar, pour la première fois, la conférence africaine sur le sida (ICASA) consacre plusieurs sessions thématiques aux homosexuels masculins.,
2 Année de publication de la première enquête quantitative bio-comportementale réalisée chez des HSH en Afrique subsaharienne.
3 Table S1. Identité de genre, orientation sexuelle déclarée, pôle d’identité sexuelle et attirance sexuelle dans les enquêtes quantitatives sur les HSH en Afrique subsaharienne (2000-2019), consultable via ce lien : https://0-doi-org.catalogue.libraries.london.ac.uk/10.5281/zenodo.5596128
4 Une enquête réalisée sur Facebook (Afrique du Sud, 2010) s’est, elle, fondée sur l’attirance pour les personnes de même sexe affichée sur le profil Facebook des enquêtés. Une autre (Western Kenya, 2014) (‘Jiamini study’ selon l’article associé, Harper 2015, voir tableau S1) a combiné pratiques et identités en interrogeant des hommes ayant eu des rapports anaux ou oraux avec un homme au cours des douze derniers mois, ou s’identifiant comme gay, bisexuel ou selon une autre identité non hétérosexuelle.
5 Et donc que la part des HSHF parmi les HSH était faible.
6 Certaines études ont inclus une modalité du type trans* à leur question sur l’orientation sexuelle déclarée. Ce point sera abordé dans la section suivante sur les identités de genre.
7 Catégories également orthographiées « woubi » et « yossi », en Côte d’Ivoire par exemple.
8 Voir le chapitre 7 du présent ouvrage.
9 Dans une enquête RDS, les premières personnes enquêtées, que l’on nomme également « graines », constituent la vague 0 de l’enquête. Ces personnes sont invitées à recruter d’autres participants qui constituent la vague 1, participants à leur tour invités à recruter d’autres enquêtés (la vague 2) et ainsi de suite.
10 Voir également le chapitre 1 du présent ouvrage.
11 Données manquantes pour 5 % des enquêtés.
12 Ces termes renvoient par ailleurs au rôle social affiché dans le milieu homosexuel, rôle qui peut différer des pratiques sexuelles de l’individu dans son intimité.
13 Sur ce point, des données existent dans une partie de la littérature qui constitue ici notre corpus, mais les données publiées sont trop partielles et hétérogènes pour pouvoir en tirer une description et/ou une analyse systématiques.
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