Quatrième partie
Questions de méthode : moyennes, tables de survie
p. 549-552
Texte intégral
Présentation
1Cette dernière partie traite de deux questions de méthode, les calculs de moyennes et la construction de tables de survie. Bertillon considérait ces sujets comme cruciaux, et les a abordés l’un comme l’autre dans un grand nombre de publications.
2Le célèbre article « Moyenne » de 1876, paru simultanément dans le JSSP et dans le DESM en 1876, a été précédé de deux versions plus succinctes1. Il fait appel à des exemples pris dans le champ de l’anthropométrie : pour Bertillon, la démographie, « étude statistique des peuples » (1877d, p. 311), s’inscrit dans l’anthropologie et inclut, pour chaque « peuple » ou « race », non seulement la caractérisation de la natalité ou de la mortalité, qui nous paraissent relever pleinement de la démographie telle que nous l’entendons aujourd’hui, mais aussi la description de caractéristiques anatomiques telles que la capacité cranienne ou la stature. Nous reproduisons ici le texte de 1876 en le faisant précéder d’une présentation critique plus développée que celles de la plupart des autres chapitres. En montant en épingle le cas de la distribution bimodale des tailles des conscrits du Doubs, où il pensait distinguer deux sous-populations, de grands Burgondes et de plus petits Celtes, Bertillon s’était lancé dans une interprétation qui allait être amplement reprise, mais dont le médecin militaire italien Ridolfo Livi allait formuler une critique radicale (Livi, 1895). Deux des plus éminents spécialistes de l’histoire des statistiques, Stephen M. Stigler et Alain Desrosières, se sont trouvés en désaccord à propos de la pertinence de cette critique (Stigler, 1986, p. 215s ; Desrosières, 1993, p. 122n). C’est pourquoi il nous est apparu utile d’entrer dans un examen détaillé de cette affaire.
3À propos des tables de survie, après avoir déjà reproduit la rubrique du dictionnaire Nysten que Bertillon avait consacrée à ce sujet en 1865 (1865h ; chapitre 1), nous publions ici une correspondance inédite entre Adolphe Quetelet et Louis-Adolphe Bertillon (chapitre 21). Elle porte principalement sur l’établissement pour la France d’une table de mortalité de pas annuel destinée à figurer dans un grand article comparatif de Quetelet sur la mortalité, année par année, dans huit pays européens (Quetelet, 1872). Les rapports entre les deux hommes s’aigrissent après la parution du texte de Quetelet, dont Bertillon estime qu’il ne rend pas pleinement justice à l’ample travail qu’il a fourni, tandis que Quetelet se montre peu soucieux d’entrer dans les débats techniques sur le terrain desquels son correspondant voudrait l’entraîner.
4A. C.
Notes de bas de page
1 1876b, 1876i ; 1863a, 1865h (voir le chap. 1 dans le présent ouvrage).
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