Première partie
Qu’est-ce que la démographie ?
p. 83-86
Texte intégral
Présentation
1Les deux chapitres formant cette brève première partie portent sur la définition générale, très extensive, que Louis-Adolphe Bertillon donne de la démographie en 1865 : « statistique appliquée à l’étude collective de l’homme » (1865h, p. 423). Cette formule, qu’il dit emprunter à Achille Guillard onze ans après que celui-ci ait lancé le terme (Guillard, 1854b), renvoie à une méthode, la statistique, et à un vaste domaine qui intéresse non seulement ce que l’on nommera démographie, mais qui embrasse aussi de multiples disciplines, économie, sociologie, géographie, anthropologie physique, histoire.
2Néanmoins, selon l’historien Paul-André Rosental, si l’on s’accorde sur les principales caractéristiques de la démographie moderne, Bertillon opère déjà une rupture durant les années 1850-1860 :
« Forgée au milieu du xixe siècle, la démographie a pour propriété de saisir la population dans ses dynamiques internes : elle la réduit au jeu de variables telles que la natalité, la nuptialité et la mortalité, en considérant ses autres déterminations (y compris, le plus souvent, les migrations) comme exogènes. Contrairement à ce que postulent tous les récits finalistes, cette définition, due à Louis-Adolphe Bertillon, crée une rupture avec les sciences qui, auparavant, se saisissaient de la population : arithmétique politique, astronomie et théologie à l’époque moderne ; statistique administrative et économie politique au xixe siècle » (Rosental, 2006, p. 13).
3Une délimitation plus restrictive commence à se dessiner lorsque l’on considère non pas la définition générique donnée par Bertillon, mais la panoplie de concepts qu’il définit dans les notices du Dictionnaire de médecine de Littré et Robin (chapitre 1), ou dans un article paru dans un quotidien généraliste, L’Avenir national (chapitre 2) : la natalité, la nuptialité, la mortalité et les questions méthodologiques afférentes sont, cette fois, au cœur du sujet, et c’est la démographie, dans l’acception moderne du terme, qui prend ainsi forme sous sa plume.
4A. C.
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