Chapitre 7
Le partage des rôles dans le couple : de la représentation à la mise en œuvre
p. 103-114
Texte intégral
1La Tunisie est considérée comme pionnière en matière de droits des femmes. C’est le premier pays du monde arabe à avoir inscrit dans sa constitution, trois années après la révolution, un article sur l’égalité hommes-femmes1. Un autre article2 s’engage à protéger et à renforcer les droits des femmes, à garantir une égalité des chances entre les sexes pour assumer différentes responsabilités ainsi que la parité dans les conseils élus et, enfin, à éradiquer la violence contre les femmes. À cette fin, l’assemblée des représentants du peuple3 a adopté une loi en 2017 pour que les violences faites aux femmes ne soient plus considérées comme relevant du domaine privé, loi assortie d’une assistance juridique et psychologique aux victimes4. Ce texte constitue une avancée majeure pour la protection des femmes.
2Malgré ces avancées et l’évolution de la société tunisienne, une vision traditionnelle du couple perdure, avec l’homme dans le rôle du protecteur et du responsable économique, la femme chargée du foyer, alors même que près d’un tiers des Tunisiennes exercent une activité professionnelle et peuvent aspirer à l’autonomie financière. Les représentations de la société patriarcale perpétuent une image où la femme est confinée dans un statut de second plan, malgré une émancipation à l’œuvre depuis quelques décennies grâce à une législation plus favorable au droit des femmes que dans d’autres pays du monde arabe.
I. Le statut de la femme tunisienne : un long chemin parcouru depuis l’indépendance
3Tahar Haddad, homme politique tunisien et l’un des penseurs d’avant-garde au début du xxe siècle (Sraieb, 1999), a milité activement pour l’émancipation de la femme et l’abolition de la polygamie dans le monde arabo-musulman. En 1930, il expose dans Notre femme, la législation islamique et la société, un ouvrage qui fait date, une lecture moderne du Coran en démontrant que rien ne s’oppose à ce que la femme tunisienne dispose des mêmes droits que les résidentes françaises, à savoir une protection contre la répudiation, la possibilité de refuser la polygamie et le droit à choisir son époux. « Aujourd’hui, la femme moderne, sous influence de l’esprit de son temps sur son éducation et son instruction, a pris sérieusement sa part dans la lutte de la vie, dans les domaines de l’agriculture, du commerce, et de l’industrie » (Haddad, 1930, p. 257). Haddad va jusqu’à proposer une réforme du système successoral.
4Plusieurs des propositions qu’il a émises dans son livre ont été reprises après l’indépendance, notamment dans le Code du statut personnel (CSP) promulgué en août 1956. Ce texte fixe des droits nouveaux pour les femmes, en particulier le droit au divorce civil, le consentement mutuel des époux avant le mariage, l’abolition de la polygamie et le droit à l’éducation. Il constitue un tournant majeur dans l’histoire sociale du pays et une avancée remarquable pour la condition féminine en Tunisie. La réforme de l’enseignement mise en place en 1958, soutenue par des investissements massifs, a contribué à généraliser l’accès à l’éducation. Aujourd’hui, la part des femmes diplômées du supérieur a dépassé celle des hommes. Elles sont pourtant davantage exposées au chômage (cf. chapitre 4) et ont plus de mal à accéder à des postes à responsabilités (on y compte moins d’un tiers de femmes contre deux tiers d’hommes).
5Les femmes sont surtout présentes dans la fonction publique (37 % en moyenne, mais ce taux diminue à mesure que le niveau de responsabilité augmente), en particulier dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de la recherche, ainsi que dans le secteur judiciaire (39 %, un des plus élevés du monde arabe5). Plus généralement, le taux d’activité des femmes reste plus faible que celui des hommes : en 2021, le taux d’activité des femmes est de 28,6 % contre 66,5 % pour les hommes. Cette proportion est cependant plus élevée que dans les pays voisins, puisque le taux d’activité des femmes est de 24,3 % au Maroc et de 19,9 % en Algérie6.
6Malgré ces chiffres, l’évolution de la société tunisienne a permis aux femmes d’acquérir un statut social et professionnel. Reste à savoir si ces changements ont affecté la famille tunisienne et, plus particulièrement, modifié le partage des rôles dans le couple. L’enquête ETST permet d’éclairer la place de la femme au sein de la société tunisienne, puisqu’elle aborde, à la manière de l’étude Erfi7 réalisée en France entre 2005 et 2011 (Regnier-Loilier, 2009a), la répartition des tâches dans le foyer, la gestion des revenus du ménage et la façon dont sont traitées, dans le couple, les questions relatives à l’éducation et aux soins apportés aux enfants. Au-delà du module portant sur l’organisation de la vie de famille, le questionnaire de l’enquête (reproduit en annexe à la fin du livre) comporte des questions d’opinion posées à l’ensemble des répondants, quel que soit leur statut matrimonial, et qui permettent d’étudier, auprès d’un échantillon représentatif de la population, le regard porté à l’échelle de la société sur les droits et les devoirs des hommes et des femmes.
7Ce chapitre va d’abord s’intéresser aux représentations de ces droits et devoirs en mettant à jour les caractéristiques sociales ou démographiques qui les guident. Dans un second temps, il s’attachera à observer si elles se traduisent concrètement par une meilleure répartition des tâches courantes au sein du couple.
II. Égalité des droits et devoirs entre hommes et femmes : une vision largement partagée
8Les mouvements féministes tunisiens demandent aujourd’hui un partage équitable des droits et devoirs entre les sexes, comme en témoigne le combat pour exiger d’introduire, dans la loi sur l’héritage8, une répartition égale des biens entre les hommes et les femmes9.
9Dans l’enquête ETST, les participants étaient invités à donner leur opinion sur la proposition suivante : « Les hommes et les femmes doivent avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs », et près de 4 personnes interrogées sur 5 ont déclaré être tout à fait d’accord ou plutôt d’accord avec cette proposition (figure 1). Mais ce résultat mérite d’être nuancé : l’opinion « tout à fait d’accord » arrive en tête chez les femmes (35 %), alors que les hommes sont plus nombreux à choisir la réponse « plutôt d’accord » (40 %). Cette moindre adhésion peut signifier que la population masculine adhère au principe sans le mettre en pratique. Par ailleurs, on relève qu’une faible proportion de femmes (2,6 %) déclarent être totalement en désaccord avec l’idée d’égalité des devoirs et des droits entre les hommes et les femmes. Cette dernière opinion émane avant tout de personnes de plus de 55 ans peu éduquées.
Figure 1. Opinions sur l’égalité des droits et devoirs pour les hommes et les femmes selon le sexe

Champ : ensemble des répondants (n = 3 163).
Source : enquête ETST (Ined-LHESM/Université de Tunis), 2016.
10Une autre proposition concernait le partage des tâches : « Les hommes et les femmes doivent se partager10 le travail à la maison. » Cette fois encore, les femmes sont plus favorables à un partage des tâches domestiques (figure 2). Cependant, même si l’opinion de la population masculine est plus nuancée, elle adhère en majorité à l’égalité entre les sexes, ce qui traduit une évolution des rapports de genre.
Figure 2. Opinions sur le partage des tâches ménagères selon le sexe

Champ : ensemble des répondants (n = 3 163).
Source : enquête ETST (Ined-LHESM/Université de Tunis), 2016.
11Si le niveau d’instruction influence les réponses des enquêtés, ce sont globalement les opinions en faveur du partage des tâches qui l’emportent (figure 3). Un tiers des personnes sans instruction sont tout à fait d’accord avec l’idée de répartir équitablement le travail domestique, alors que cela concerne la moitié des diplômés du supérieur.
Figure 3. Opinions sur le partage des tâches ménagères selon le niveau d’éducation

Champ : ensemble des répondants (n = 3 163).
Source : enquête ETST (Ined-LHESM/Université de Tunis), 2016.
III. La répartition des tâches au sein du couple : une mise en pratique différenciée
12Dans le cadre matrimonial, il existe tout un ensemble d’activités que le couple négocie au quotidien : tâches ménagères (courses, repas, vaisselle, ménage, bricolage, etc.), parentales (conduire les enfants à leurs activités, aide aux devoirs, soins, etc.), tâches de nature sociale (inviter des amis) et tâches liées à l’économie du ménage (règlement des factures, achats ou, plus largement, gestion du budget).
1. Les tâches ménagères : une affaire de femmes
13Les résultats de l’enquête ETST confirment les stéréotypes de genre associés aux différentes tâches, en particulier pour les tâches ménagères (repas, vaisselle, ménage) dont l’accomplissement est assuré en très grande majorité par les femmes (figure 4). En moindre proportion, le bricolage11, activité considérée comme plutôt masculine, recueille à peu près 50 % de réponses positives chez les hommes et 27 % chez les femmes, signe que ces dernières se sont approprié cette activité. En revanche l’organisation de la vie sociale, en particulier l’invitation d’amis, est une tâche très majoritairement déclarée comme étant effectuée par les deux membres du couple.
Figure 4. Répartition des tâches quotidiennes selon le sexe

Champ : ensemble des répondants (n = 3 163).
Source : enquête ETST (Ined-LHESM/Université de Tunis), 2016.
14Ces résultats rejoignent ceux de l’enquête Erfi pour la France : « Les femmes assument près de 80 % des tâches domestiques en France et le déséquilibre est d’autant plus prononcé qu’il y a d’enfants dans la famille. […] L’organisation sociale de la vie du ménage (invitations, organisation des sorties) est plus souvent partagée à égalité, bien que cette tâche revienne généralement aux femmes lorsque ce n’est pas le cas » (Regnier-Loilier, 2009b, p 1).
15Mais c’est dans le temps consacré au travail domestique que la différence entre les sexes est la plus nette, comme l’a montré l’enquête Budget temps des femmes et des hommes, conduite en 2005-200612. Les femmes consacrent 5,16 heures par jour aux tâches domestiques contre 40 minutes pour les hommes. Quand elles exercent une activité professionnelle, la durée moyenne allouée aux activités domestiques diminue de seulement 1 heure (4,20 heures). Une enquête similaire menée au Maroc13 en 2011-2012 a établi une durée moyenne de 5 heures allouée au travail domestique pour les femmes, contre 40 minutes environ pour l’homme, soit un ratio comparable à celui observé en Tunisie quelques années plus tôt14.
16Si l’on compare maintenant les réponses en fonction du sexe des répondants, on observe des écarts selon la nature de la tâche (figure 5). Les plus importants s’observent pour les activités qui apparaissent comme les moins sexuées, à savoir les courses, le (petit) bricolage et l’invitation d’amis. Pour cette dernière tâche, les femmes considèrent que ce sont plus souvent elles qui en ont la responsabilité, alors que les hommes déclarent plus fréquemment que cette tâche est effectuée par les deux membres du couple. À l’inverse, les hommes déclarent plus fréquemment que les courses sont une activité qui leur revient. Quant au bricolage, si un tiers des femmes déclarent s’en charger, seuls 20 % des hommes disent que cette tâche est effectuée par leur épouse. Cet écart selon le sexe des répondants est aussi observé dans les résultats de l’enquête Erfi, qu’il s’agisse des tâches ménagères (Bauer, 2009) ou des activités parentales (Brugeilles et Sebille, 2009). Il peut être interprété comme une volonté de donner une image valorisante de soi (Auriat, 1996). D’une manière générale, la proportion de réponses en faveur des deux membres du couple, selon le sexe du répondant, est relativement proche, même si les hommes recourent un peu plus souvent à cette réponse.
Figure 5. Déclaration des tâches quotidiennes selon le sexe du répondant

Champ : ensemble des répondants (n = 3 163). Lecture : 40 % des répondantes déclarent effectuer elles-mêmes les courses, 32 % disent que c’est leur mari qui s’en charge et 25 % que la tâche est assurée par les deux. Chez les répondants, 47 % déclarent qu’ils effectuent eux-mêmes les courses, 20 % que c’est leur femme qui s’en charge et 30 % que la tâche est assurée par les deux. La somme n’est pas égale à 100 % car les réponses « Autre » ont été éliminées.
Source : enquête ETST (Ined-LHESM/Université de Tunis), 2016.
2. Les tâches économiques : plutôt une affaire d’hommes
17Concernant le partage des responsabilités économiques au sein du ménage, le rôle de l’épouse est plus réduit, surtout en ce qui concerne le règlement des factures et la tenue des comptes. Il est toutefois intéressant de constater, là encore, le décalage entre les réponses des hommes et celles des femmes : 66 % des hommes déclarent ainsi prendre en charge les tâches économiques, mais seulement 55 % des femmes disent que c’est le cas. Si l’on s’intéresse maintenant à la gestion des revenus du ménage, les résultats sont plus nuancés15. C’est l’homme qui gère les revenus dans la moitié des couples interrogés, et cette proportion est relativement stable, que le déclarant soit un homme ou une femme (figure 6). En revanche, les hommes sont plus nombreux (environ 30 %) que les femmes (25 %) à déclarer une gestion en commun des revenus du ménage. La fonction économique revient donc plus souvent à l’homme (dans 50 % des couples), mais la situation diffère lorsque la femme a une activité professionnelle (la gestion par l’homme ne concerne plus que 38 % des couples).
Figure 6. Gestion des revenus du ménage selon le sexe du répondant

Champ : ensemble des répondants (n = 3 163).
Source : enquête ETST (Ined-LHESM/Université de Tunis), 2016.
3. Le partage des tâches parentales : une division sexuée
18Les tâches parentales ont été divisées en plusieurs catégories : accompagnement ou conduite des enfants à différentes activités, aide aux devoirs, jeux, soins et fonctions d’autorité. Faute d’informations permettant de savoir si le partage des tâches s’est modifié avec l’arrivée des enfants, l’enquête ETST permet d’observer un investissement différencié des parents selon la nature des tâches.
19Selon les résultats d’une enquête menée en 2002 par l’Office national de la famille et de la population, on constate une grande inégalité dans le couple, puisque les mères sont deux à quatre fois plus impliquées que leur conjoint dans l’éducation, la scolarité ou la santé des enfants16.
20Les résultats de l’enquête ETST montrent que la tâche la plus inégalitaire concerne la préparation des repas et la toilette des enfants, puisqu’elle est effectuée à 85 % par les mères (figure 7). Vient ensuite l’aide au travail scolaire, effectuée à hauteur de 50 % par les mères, 30 % par les deux parents et 18 % par les hommes seulement. Jouer avec les enfants est la tâche la plus partagée (assurée par les deux parents dans 68 % des couples), avec l’exercice de l’autorité (45 %), fonction pour laquelle l’homme est le plus présent, même si c’est surtout la femme qui l’assume au quotidien. Ce constat rejoint celui fait en France d’après les données de l’enquête Erfi : « Dans plus de la moitié des familles, les mères prennent en charge, exclusivement ou le plus souvent, l’habillage des enfants et l’aide aux devoirs scolaires. Leur niveau d’implication décline légèrement lorsqu’il s’agit d’accompagner les enfants à leurs différents lieux de vie, mais surtout de les coucher ou de partager des loisirs avec eux » (Brugeille et Sebille, 2009, p. 244).
Figure 7. Le partage des tâches parentales

Champ : ensemble des personnes ayant au moins un enfant (n = 1 706).
Source : enquête ETST (Ined-LHESM/Université de Tunis), 2016.
21Lorsqu’il s’agit de partager les responsabilités parentales, les couples ont donc tendance à reproduire un schéma social classique, les femmes étant plus investies que les hommes dans les domaines en lien avec le quotidien des enfants. Cependant, certains domaines ne leur sont pas exclusivement réservés, en particulier le jeu et le champ éducatif, qui impliquent les deux parents.
4. Dialogue parents-enfants : les études et la religion au détriment de la politique et des relations amoureuses
22Le dialogue est un élément important de la relation entre l’enfant et ses parents : « Les liens de famille, mais aussi les relations avec les parents, ont un impact certain sur la socialisation d’un jeune devenant un adulte. Les rapports avec les parents agissent sur les orientations, sur les transitions, sur les parcours, et inversement les événements de la vie, les expériences, les cheminements agissent sur les relations avec les parents » (Bidart et Pellissier, 2007). L’enquête ETST permet d’approfondir cette question en interrogeant les couples de parents sur leur communication avec leurs enfants. Plusieurs domaines importants pour la construction individuelle ont été retenus : les études, la politique, la religion et les relations amoureuses. En premier lieu, on observe que les relations amoureuses et la politique sont les deux grands absents des discussions entre parents et enfants. Ainsi, 70 % des parents déclarent ne pas parler de politique avec leurs enfants et 40 % ne pas aborder la question des relations amoureuses (figure 8). Si un seul parent est impliqué, c’est le plus souvent la mère quand il s’agit des relations amoureuses alors que le père arrive légèrement en tête concernant la politique.
Figure 8. Dialogue parents-enfants en fonction des thématiques

Champ : ensemble des personnes ayant au moins un enfant de plus de 10 ans (n = 1 093).
Source : enquête ETST (Ined-LHESM/Université de Tunis), 2016.
23En revanche, les deux parents s’engagent très majoritairement ensemble pour discuter avec leurs enfants de leur avenir (et plus particulièrement de leurs études) et des questions religieuses.
24Selon les thèmes abordés et le parent impliqué dans la discussion, le niveau d’éducation jouera de manière différente sur les échanges avec les enfants (figure 9). Le fait d’être diplômé17 accroît ainsi, pour le père comme pour la mère, la probabilité d’échanger avec ses enfants sur la politique. En revanche, le niveau de diplôme exerce un effet inverse pour des thèmes comme la religion ou les relations amoureuses. Il joue de manière positive pour les hommes : plus un père est diplômé, plus il abordera ces thématiques avec ses enfants. Pour la mère, c’est l’inverse, même si la plupart abordent plus volontiers ces sujets que les pères. Malgré tout, aborder le sujet de la politique et les relations amoureuses avec ses enfants reste une pratique minoritaire.
Figure 9. Dialogue parents-enfants selon le niveau d’éducation du parent interrogé

Champ : ensemble des personnes ayant au moins un enfant de plus de 10 ans (n = 1 093).
Source : enquête ETST (Ined-LHESM/Université de Tunis), 2016.
25L’héritage culturel explique en grande partie ces observations : les parents discutent avec leurs enfants de sujets importants à leurs yeux, comme l’éducation et la religion alors que les échanges sur les relations amoureuses, qui relèvent du domaine de l’intime, sont plus souvent jugés tabous, surtout pour les pères. L’absence de discussions politiques au sein de la famille est plus surprenante dans le contexte actuel de la Tunisie. Elle peut s’expliquer par le fait que la révolution a été surtout portée par les jeunes et que la liberté d’expression est relativement récente en Tunisie. Il existe un fossé avec la génération des parents, qui n’ont pas connu cette liberté, ce qui les empêche encore aujourd’hui d’engager le dialogue avec leurs enfants sur les questions politiques.
Conclusion
26Chez les jeunes Tunisiennes et Tunisiens, en particulier pour les plus éduqués, on assiste à un meilleur partage des tâches au sein du couple ce qui reflète une évolution de la société en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes.
27Si certains domaines restent réservés aux femmes (les tâches ménagères, par exemple), les rôles sont désormais mieux répartis dans le domaine social ou le bricolage, mais aussi dans la gestion économique du ménage et de la famille. Le taux des femmes ayant une activité professionnelle augmente depuis quelques décennies, et elles sont également plus nombreuses à occuper des postes à responsabilités, ce qui leur procure une plus grande autonomie face à leur conjoint. Pourtant, même si l’on observe une timide évolution dans la répartition des tâches lorsque les deux conjoints exercent une activité professionnelle, la société tunisienne demeure très patriarcale, et les stéréotypes de genre dominent encore largement les relations dans le couple, la répartition des rôles et le statut de chacun au sein de la famille.
Bibliographie
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10.4000/clio.285 :Notes de bas de page
1 Article 21 de la Constitution du 10 février 2014 : « Tous les citoyens et les citoyennes ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Ils sont égaux devant la loi sans discrimination aucune. »
2 Article 46 : « L’État s’engage à protéger les droits acquis de la femme et œuvre à les renforcer et à les développer. L’État garantit l’égalité des chances entre la femme et l’homme quant à l’accès à toutes les responsabilités et dans tous les domaines. L’État œuvre à réaliser la parité entre la femme et l’homme dans les assemblées élues. L’État prend les mesures nécessaires en vue d’éliminer la violence contre la femme. »
3 Cette instance, qui correspond à un parlement monocaméral, existe depuis la promulgation de la Constitution de 2014.
4 Loi organique n° 2017-58 du 11 août 2017 relative à la lutte contre les violences faites aux femmes.
5 Déclaration de la ministre de la Femme, de la Famille et de l’Enfance le 9 mars 2017.
6 Données de la Banque mondiale (2019).
7 Enquête Étude des relations familiales et intergénérationnelles (Ined-Insee).
8 La loi coranique établit que la femme hérite de la moitié de la part d’un homme du même degré de parenté.
9 La question de l’héritage revient régulièrement sur le devant de la scène politique. Un projet de loi a été adopté en novembre 2018 en conseil des ministres, mais le texte définitif n’a toujours pas été voté par l’Assemblée, en raison des oppositions qu’il soulève encore.
10 En arabe, le terme natakassam signifie implicitement « diviser en parts égales ».
11 La question précisait « petit bricolage ».
12 Conduite par le ministère tunisien des Affaires de la femme, avec le concours de l’INS et le soutien du Fonds de développement des Nations unies pour la femme (Unifem), cette enquête sur la gestion du temps au quotidien a été réalisée entre juillet 2005 et juin 2006, en marge de l’enquête sur la consommation des ménages. Elle portait sur un échantillon de 4 271 ménages, représentatif de la population nationale (Benzarti, 2011).
13 Enquête nationale sur l’emploi du temps, qui portait sur un échantillon de 9 200 ménages représentatif de la population marocaine.
14 Une nouvelle enquête Budget temps a été réalisée par l’INS en 2020.
15 La question posée est reprise de l’enquête Erfi : « Avec votre conjoint, comment gérez-vous les revenus du ménage ? 1) Vous gérez la totalité de l’argent et vous donnez sa part à votre conjoint. 2) Votre conjoint gère la totalité de l’argent et vous donne votre part. 3) Vous mettez en commun la totalité de l’argent et chacun prend ce qui est nécessaire. 4). Vous partagez les charges financières (courses, loyer, factures, etc.) et vous disposez séparément du reste. 5) Autre. »
16 Enquête conduite dans le cadre du Pan Arab Project for Family Hearth (Papfam).
17 Nous avons pris en compte les caractéristiques de la personne enquêtée.
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