Présentation
p. XI-XIII
Texte intégral
1Le Canada offre aux études démographiques un champ d’une singulière fertilité : développement économique et démographique général, coexistence de deux populations, immigration intense, conditions historiques exceptionnelles, etc.
2Dès sa création, l’I.N.E.D. a entretenu des relations suivies avec le Canada et, en particulier, les autorités politiques et culturelles d’expression française.
3En 1050, M. Roger Peltier, secrétaire général de l’I.N.E.D., fut invité à présenter et à commenter, en une série de conférences et d’entretiens, l’organisation, la méthode et les travaux de cet organisme. L’initiative de cette mission dans le Québec, que l’Institut scientifique franco-canadien devait faire aboutir, fut prise par M. Jean Bruchesi, sous-secrétaire d’Etat de la Province, et par M. Esdras Minville, Doyen de la Faculté des sciences économiques et sociales de l’Université de Montréal, et directeur de l’Ecole des hautes études commerciales. Les milieux universitaires intéressés voulurent bien retenir de cette mission que l’I.N.E.D. pourrait, le moment venu, servir utilement de modèle à un organisme de recherches sur la population, spécifiquement canadien.
4Par la suite, cette idée se précisa et fit l’objet de nombreux échanges de vues entre les autorités canadiennes et l’I.N.E.D. Concrétisant cette idée, un accord intervint, qui permit à trois jeunes universitaires canadiens de mérite, MM. d’Iberville Portier, Jacques Parizeau et Jacques Henripin, d’effectuer à Paris un stage de plusieurs années. Celui-ci aujourd’hui achevé, les a largement familiarisés avec les techniques multi-disciplinaires en vigueur à l’I.N.E.D., et inspirera leur action, le jour où le Canada, suivant l’exemple de la France, créera son propre Institut d’études démographiques.
5C’est une étude de M. Henripin que nous sommes heureux de présenter aujourd’hui.
6L’histoire des Canadiens français et de leur résistance culturelle dans des conditions très défavorables a souvent été décrite ; la vitalité de cette population est souvent citée en exemple.
7Mais l’aspect quantitatif de cette vitalité, c’est-à-dire les conditions de l’accroissement numérique, n’avait, jusqu’ici, été que sommairement étudié. Tout au moins les instruments de labour profond dont disposent aujourd’hui les démographes n’avaient-ils pas encore été utilisés. Nous pouvons juger aujourd’hui les fruits de ce travail mené par M. Jacques Henripin. Ils dépassent encore les espoirs de ceux qui avaient assisté aux premiers efforts de ce jeune savant, et les avaient encouragés.
8Utilisant pour matières premières à la fois les statistiques nationales et les généalogies rassemblées par Mgr Tanguay, document de base de première main, traitant ces matières par les procédés d’analyse démographique les plus au point, M. Henripin nous livre un produit élaboré de la plus précieuse qualité.
9Non seulement nous obtenons des résultats inédits, probants et utiles sur la population étudiée, mais nous trouvons aussi un ensemble d’enseignements de caractère plus général sur l’aptitude biologique de l’espèce humaine à se multiplier ou se perpétuer, enseignements si puissants qu’il serait mal venu de les considérer comme un simple sous-produit de ces travaux
10La fécondité humaine est mal connue, on parle souvent de "fécondité physiologique" ou "naturelle", comme si, pour l’homme, cette notion pouvait être séparée des circonstances sociales et notamment des coutumes matrimoniales.
11La population canadienne française a trouvé au XVIIIe siècle, à l‘exception de la période troublée de la Guerre de Sept ans et des années qui ont immédiatement suivi le changement de souveraineté, des conditions très rares, exceptionnelles, qui ne se rencontrent guère : une population disposant d’espaces considérables, dont la croissance ne se heurte ni à une résistance notable du milieu, ni à la nécessité d’investissements onéreux et de réformes sociales, des coutumes matrimoniales, propres à une haute fécondité ; développement purement quantitatif, en somme, spatial, qui fournit concrètement ce que les économistes appellent un modèle.
12Par suite, l’histoire de cette population prend la valeur d’une haute expérience. Non seulement des données générales peuvent en être déduites pour l’espèce humaine, mais des conclusions peuvent être tirées pour l’étude des actuels pays sous-développés, en dépit de la différence des circonstances.
13Il n’est plus besoin, dans ces conditions, de s’étendre sur la portée considérable de l’étude de M. J. Henripin, quand nous aurons dit que la qualité de l’analyse est en rapport avec l’importance du sujet.
Auteur
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