Chapitre VIII.
Distribution des travailleurs dans l’atelier social
p. 183-208
Texte intégral
§ 1. Analyse générale du travail.
Sciences, arts, métiers.
1Les professions s’entendent des fonctions diverses que remplissent les travailleurs dans l’ordre commun. Car il est évident que tout membre de la communauté est obligé à travailler pour elle. Celui qui ne travaille pas ne doit pas manger, dit l’apôtre : il est comme le frelon dans la ruche, il en doit être exclu.
2Le travail de l’esprit éclaire, dirige et protège le travail du corps. Leur concours fait naître la science et l’art.
3La science connaît et indique, l’art exécute. On dit : les données de la science, les indications de la science, — la pratique de l’art, les ressources de l’art.
4On a dit les arts-et-métiers, dans un temps où l’on traitait l’ouvrier comme un ressort matériel que l’on pressait à volonté, et auquel on n’attribuait pas la pensée.
5L’art exécute en connaissance de cause, le métier exécute machinalement. On dit : il entend son art, il est habile dans son art ; vous faites un sot métier, un pauvre métier. Car ignorance est mère de sottise, qui est mère de pauvreté.
6La science s’acquiert par l’observation et la réflexion, l’art par la réflexion et l’expérience, le métier par la routine.
7La science se compose de faits classés ; l’art, de procédés éprouvés ; le métier, de journées mal employées.
8Il n’y a aucune action de l’esprit ou du corps que l’on ne puisse concevoir faite avec art ou sans art.
9Si ces distinctions ont été saisies avec justesse dans l’esprit de la langue, on comprend que, par le progrès de l’humanité, la science doit arriver à diriger tous les arts, et que, par la diffusion de la science, les arts doivent arriver à n’avoir plus de gens de métier. Ce sera un effet composé de la liberté des institutions et de la liberté de l’esprit.
10Il est à souhaiter, pour le progrès de l’égalité parmi les hommes, que les gens de métier soient remplacés le plus possible par des agents mécaniques ou par des agents moraux. Dans un atelier de tourneur en fer ou autres métaux, je vois avec plaisir l’ouvrier intelligent et habile qui dirige à son gré le burin, et façonne sans effort apparent les pièces les plus lourdes et les plus dures ; je vois avec serrement de cœur le manœuvre qui tourne la roue du matin au soir, et qui ne vit plus que par les bras et les reins. Dans les mains du premier, l’outil, devenu docile, semble acquérir de l’intelligence ; chez le second devenu machine, l’intelligence semble pétrifiée. Manque-t-on de moteurs inanimés, qui puissent rendre cet homme, car c’en est un encore, au travail complet et à la vie morale ?
11On peut rencontrer, aujourd’hui même, à Paris, dans telle typographie autorisée, des presses justement nommées mécaniques, qui sont mues par deux ou 4 hommes attelés ! Cet attelage fait partie de la mécanique. Malheureux ! peux-tu voir, sans être navré, tes semblables, tes égaux, tes pairs, réduits à l’état de barres articulées ? S’il te faut des brutes pour t’aider à gagner, ne pourrais-tu mettre là un cheval ou des chiens ?
12Il y a quelque chose de plus triste. Ce manouvrier, cet homme devenu machine, l’est par sa volonté : il peut cesser de l’être, s’il apprend à se relever. Il peut se dire libre, dans un sens restreint, il est vrai : il se rend à l’atelier, parce qu’il veut s’y rendre, personne ne peut le contraindre : il a au moins le choix entre la douleur d’un travail bestial et la joie de la mort. Mais il y a des hommes qui n’ont pas le droit de mourir, parce qu’ils feraient tort à leur propriétaire : on les vend comme bétail ou comme outil, on les transmet par contrat, contrat exécrable qui les retranche de l’humanité, eux et toute leur descendance à jamais. Il y a des pays où, par un monstrueux abus du terme le plus auguste, on appelle Lois les actes de violence qui maintiennent cette infamie, et où l’on met au rang des professions sociales.... l’esclavage. O Raison ! Religion ! Sainteté du droit ! Toute-puissance de Dieu ! n’êtes-vous donc que des noms, puisque vous ne faites pas disparaître de cette terre, où vous êtes censées régner, un forfait qui, depuis tant de siècles, vous combat, vous souille et vous nie ?
13Les arts appelés libéraux renferment la philosophie, la médecine, l’éloquence, la poésie et les beaux-arts. Ils ont pour objet l’homme lui-même, les besoins de sa pensée, de sa santé, de son imagination. Les uns sont utiles, les autres agréables, tous sont nécessaires à la perfection de l’humanité. Tous par conséquent doivent faire vivre ceux qui les exercent avec honneur, selon les besoins et à la satisfaction de la société.
14Par la philosophie et la médecine les arts libéraux touchent à la série des sciences ; par l’architecture, la gravure, ils donnent la main aux arts mécaniques.
15Les arts mécaniques s’entendent de l’industrie dans sa plus large acception, ou, si l’on veut, de l’agriculture et de l’industrie proprement dite. Ils ont pour objet les produits matériels.
16Les arts de l’administration et du gouvernement ne sont pas classés, sans doute parce qu’ils ont été rarement exercés comme arts producteurs et utiles au plus grand nombre, mais plutôt comme droits dynastiques, comme pouvoirs, comme exploitation privilégiée. A les considérer dans leur sens social, ils paraissent se rapprocher plutôt des arts libéraux. On les appelle spécialement fonctions, mais par une restriction abusive de ce titre, qui appartient de droit à tous les coefficients moraux de la grande formule humanitaire. Il est vrai cependant que les fonctions dites publiques diffèrent des autres en ce qu’elles confèrent l’Autorité, que le Corps social institue pour garder la liberté de tous en réprimant la licence de quelques-uns. Il y a les fonctionnaires de l’ordre administratif (empereur, ministres et tous leurs officiers et employés), les fonctionnaires de l’ordre judiciaire, et d’autres encore.
17On a demandé si c’est exercer une profession ou un métier, que d’être soldat ? Nos ancêtres disaient, naturellement et sans méchante allusion, le métier des armes. Leurs descendants disent plus délicatement, la profession militaire.
18Que professes-tu ? l’art de tuer tes semblables par principes et par adresse ? – Non : je protège mes concitoyens contre l’agression étrangère, contre l’ambition envahissante. — Mais si toi-même tu es l’instrument sous la main d’un ambitieux ? – Soldat je ne raisonne pas : j’obéis à l’ordre préétabli, je le défends de l’arme qu’il m’a confiée, et je verse avec mon sang le sang de quiconque ose l’attaquer.
19Barbare nécessité ! anachronisme inhumain ! Sommes-nous donc encore aux temps de la violence animale, où les pasteurs des hommes n’étaient que des loups dévorants ? Et nous nous vantons d’avoir civilisé les deux mondes ! Ah ! le travail a payé assez cher ses lettres de noblesse par cinquante siècles de spoliations et de carnage, pour qu’enfin sa pacifique suprématie soit universellement reconnue, et consacrée par la ferme volonté de toutes les nations.
20Elle est prochaine, espérons-le, grâce à la diffusion de la science et de la liberté, l’époque où tout homme sera un agent moral, où nul ne dira plus sans rougir de lui-même : J’agis et je ne pense pas ; où quelques gendarmes suffiront à contenir de rares malfaiteurs ; où il ne dépendra plus du caprice d’un despote de troubler l’harmonie de l’humanité ; où tous les diplomates n’auront plus en vue d’autre équilibre que celui de la production et de la consommation.
21Une couronne de l’Orient, avide et puissante, convoite sa faible voisine, et l’attaque contre la foi des traités. Les couronnes de l’ouest s’unissent pour défendre la faible. Car il y a entre elles toutes, depuis 1815, une société de secours mutuels sous le nom d’équilibre européen. Songera-t-on, dans cette politique surannée, aux peuples et au travail ? Si l’on en prend souci, un souffle de liberté aura raison du despote et de ses hordes, bien plus vite et plus sûrement que notre tonnante artillerie, et que nos belles, vaillantes et formidables armées. 20 millions d’hommes énergiques, instruits de nos sciences et de nos arts, mûrs pour la véritable autocratie qui est le gouvernement de soi-même, se lèveraient au premier mot d’une bouche puissante, de la Theiss au Dniester, pour appuyer la sûreté de l’Europe et l’indépendance de la paix ; vingt-cinq millions d’une autre race, non moins énergiques, non moins impatients de la servitude, n’attendent que ce signal, de la Vistule au Borysthène, pour venger d’anciens outrages, revendiquer leur existence sociale et concourir de tout leur courage à la défense commune de la civilisation : — double boulevard chrétien, bien plus inébranlable au choc des barbares que ce Divan vermoulu, reste impuissant d’une conquête qui a déshonoré l’Europe, et que les vieux politiques s’obstinent à restaurer. Quand les cabinets alliés diffèrent à donner ce signal réparateur, craignent-ils que l’assurance mutuelle des couronnes ne devienne l’assurance mutuelle des nations ?
§ 2. Classement des professions.
22Il y a, au grand dommage de la Démographie et à la grande perte de temps de ceux qui la cultivent, très-peu d’uniformité dans les systèmes suivis en divers pays pour le relevé des professions. Le classement n’en est pas encore définitivement convenu. Il n’est assurément pas sans d’assez grandes difficultés ; mais elles s’amoindriraient beaucoup, si l’on voyait bien le but où l’on tend, si l’on osait le fixer d’un œil ferme.
23Francœur, dans le Discours préliminaire au dictionnaire technologique (1822), considérant l’industrie comme « l’application de nos forces et de celles de la nature au travail et à la production des choses utiles », divise les arts en trois classes : arts agricoles, — arts chimiques et physiques, — arts mécaniques et de calcul. L’encyclopédie méthodique (Arts et métiers, terminé en 1790) avait décrit 491 arts et métiers. Ce n’est qu’une branche du grand arbre du travail.
24L’abbé Expilly rapporte en entier, dans son dictionnaire, et loue sans réserve les remarques du chevalier John Nickolls, qui propose de distribuer les professions en trois classes : « La première comprendrait ceux qui forment proprement la masse de l’État et lui fournissent sa subsistance, tels que les propriétaires des terres et laboureurs, les commerçants et manufacturiers. La seconde, les hommes qui reçoivent leur subsistance pour les services qu’ils lui ont voués, magistrats, soldats, clergé. La troisième, les hommes qui tiennent leur subsistance gratuitement de l’État ; tels que les rentiers, les gens sans emploi, les mendiants » (Popul. 790). Dans son système de répartition professionnelle, Nickolls est forcément conduit à rapprocher rentiers et pauvres secourus, comme étant les uns et les autres à la charge des travailleurs ; tête et queue de l’immense reptile, qui, l’une mordant l’autre, forme le cercle (très-vicieux) dont l’humanité s’efforce de sortir. (V. Guib. Dict. p. 1853, col. 1. Württemberg.)
25Le classement adopté par E. Engel (stat. Mittheilung, 3e livr.) nous paraît, jusqu’à présent, le plus conforme à la méthode naturelle. Le but et les motifs en sont clairement exposés, pages 2-4 de l’introduction. « Il s’agit de savoir si l’on veut une statistique pour les métiers, ou pour la Population d’après les métiers. Dans le premier cas, on considère les ressemblances et différences des métiers et le nombre des établissements : on groupe ceux qui traitent les métaux, la pierre ou le bois (comme a fait Francœur). Dans le deuxième cas (c’est celui que choisit le démographe), l’objet principal est la connaissance des personnes et leur distribution dans les ateliers : on considère le point de départ et le but des différentes occupations ; ce n’est pas assez de reconnaître le nombre des gens exerçant une profession ; il faut distinguer la Population adulte et non-adulte, dépendante et indépendante, nourrissante ou nourrie ; il faut distinguer le sexe, l’âge, l’état-civil, On ne saurait mettre sur la même ligne la ménagère et la petite fille, la femme d’un manœuvre qui travaille comme son mari et celle qui garde sa profession de mère de famille, la veuve rentrée chez ses parents et la veuve qui reste à la tête de l’établissement du défunt, etc. »
26L’exemple suit le précepte. La matière est d’abord divisée en six grandes sections : 1ΓΘ agriculture, 2e industrie, 3e négoce et trafic, 4e administration, sciences et arts, 5e domesticité, 6e nullité ; puis chaque section comprend l’énumération, détaillée et ordonnée, de toutes les professions ou négations de profession qui s’y rapportent. Ne sachant que faire du soldat, ne pouvant ni en faire une classe ni lui donner place dans les autres, on le met sub littera B à la suite de l’administration. Ainsi, la série professionnelle se développe comme une courbe majestueuse qui, partant de l’agriculture, origine de tout travail, s’élève par degrés aux diverses industries, au commerce qui les vivifie par l’intelligence des besoins généraux, à l’administration, aux sciences et aux beaux-arts, qui sont ou doivent être la plus haute expression de cette intelligence : puis, au faîte arrivée, elle descend rapidement de la classe intellectuelle au militaire, du militaire au domestique, de là aux autres professions improductives et enfin nulles. Tout cela est développé dans une longue suite de tableaux, largement conçus, remplis de faits, fréquemment résumés, qui occupent le 3e volume tout entier des belles publications du bureau de Dresde.
27L’art de composer les tableaux numériques est un point essentiel dans l’éducation des hommes d’administration, point fort négligé. Il faut, pour la conception de l’ensemble, une vue philosophique du sujet, pour la distribution des détails la clarté d’un jugement solide, pour la disposition des colonnes une dextérité méthodique, et pour les en-tête une précision de langage, — toutes qualités qui se trouvent rarement réunies, et qui sont cependant indispensables pour mettre en œuvre d’immenses matériaux qu’il faut resserrer dans un cadre étroit sans en escamoter aucun. Que de fois en cherchant, dans le dédale des in-folio, un renseignement utile, on tombe avec dépit sur de longues rangées de points stériles, ou sur des piles de chiffres fastidieusement reportées de page en page ! Si l’on veut s’exercer à la critique en ce genre, exercice instructif, on en trouvera ample matière dans les deux volumes, Administration publique (Stat. Fr.), ou dans la grosse diatribe qu’un inspecteur de bienfaisance a commise contre la société française, et qu’il a intitulée Rapport au ministre sur la misère accidentelle de 1847. On louera, au contraire, les copieux et salutaires résumés du 4e volume Agriculture (en la même Statist. Fr.). On peut proposer comme modèles de tableaux démographiques ceux des Comptes rendus de l’administration de la justice en France, particulièrement le résumé de 1825-50, joint au volume de 1850, et ceux élaborés par X. Heuschling au titre Il de l’Exposé belge.
28Nous ne louerons pas, comme les tableaux, le classement professionnel que nous lisons dans cet Exposé. On y distingue (p. 16 du titre II) les professions en manuelles, libérales (l’inconvénient de cette division, déjà remarqué, se dénotera encore plus bas) et nulles ; – -les manuelles en agricoles, industrielles et commerciales ; — l’industrie en industrie de l’aliment, du vêtement, du bâtiment, de l’ameublement, des manufactures, des métaux et autres diverses. — Les professions libérales sont énumérées en une liste qui monte à 46, et que l’on peut résumer ainsi :
29Fonctionnaires de l’administration, de la justice et de la police ;
30− de l’enseignement ;
31− des religions ;
32− de la santé ;
33− des sciences ;
34− des lettres et arts ;
35− des affaires ;
36− retraités. Les avocats et avoués vont avec la justice, ainsi que leurs clercs. La classe fonctionnaires des affaires, ne comprenant ni les négociants ni les industriels, n’a que les notaires et les écrivains. Les notaires devraient appartenir à l’administration, les écrivains aux lettres et arts. Où mettre les propriétaires ? Ceux qui le sont par héritage sont retraités sans avoir travaillé. C’est une anomalie. Dans le même cas paraissent être les adultes valides des deux sexes qui se font appeler exclusivement religieux, comme s’il fallait être cloîtré ou embeguiné pour croire en Dieu.
37On est tout surpris de trouver (l. c.) l’agent de change dans les professions manuelles ; mais on l’est bien plus de voir le soldat dans les professions libérales. C’est un contre-sens inhumain. Passe pour le gendarme ; nous ne le croyons pas fait seulement pour empoigner : il impose aux malfaiteurs par la seule vue de son uniforme respecté.
38Le classement anglais a essuyé des critiques assez vives, dont on trouve (Annu. de statist. /55) un résumé fort bien traduit du Companion Almanach par Mademoiselle Félicité Gn. Le Companion a rapporté ce classement sous le titre Occupations du peuple. La méthode adoptée par les commissaires du recensement fait 17 classes, dont la 1re comprend reine et autres personnes employées au gouvernement général et local ; la 2e, l’armée de terre et de mer, avec ses pensionnés ; la 3e, les professions instruites, gens de loi, de médecine et chirurgie, d’église, fabricants d’instruments y relatifs ; la 4e, les sciences, lettres et arts ; la 5e, les fils et neveux, filles et nièces, les écoliers ;..... la 16e. les personnes de rang et de qualité ; la 17e, les personnes à la charge de la communauté et sans profession spécifiée (p. 59-88).
39Ce qui nous paraît de plus excentrique en cette classification, ce n’est pas que l’on ait séparé la reine des personnes de rang et de qualité, car la reine est une employée civile qui va de droit à la première classe ; ce n’est pas que l’on ait mis les gens de science, de lettres et de beaux-arts, hors des professions instruites, learned occupations, car on a voulu peut-être marquer mieux la parfaite indépendance des sciences, des lettres et des beaux-arts, quand on les cultive pour eux-mêmes et non dans une vue d’application professionnelle, ou indiquer que les professions, routinièrement dites instruites, sont trop souvent sans rapport avec la vérité des sciences et avec l’élégance des belles-lettres et des beaux-arts ; ce n’est pas qu’on ait uni à ces professions savantes les fabricants d’instruments, car Gay-Lussac fabriquait des instruments de physique, des règles à calcul, et il n’est guère de chimiste qui ne fabrique quelque instrument dans son laboratoire ; ce n’est pas que l’on ait confondu les auteurs et les éditeurs, car à quoi sert la pensée si elle ne circule pas ; ce n’est pas que l’on ait bizarrement mêlé l’état de fils et de fille, de neveu et de nièce, parmi les professions actives : c’est que l’on ait su trouver un motif, une ombre de raison, pour distinguer et séparer la classe 16e de la 17e.
40La Commission belge a sagement repoussé, ainsi que la Saxe, la Bavière, l’Angleterre, la distinction de grande et petite industrie, qui est factice et sans limites précises. D’ailleurs, il n’y a rien de grand que ce qui est pour le bien du grand nombre ; tout est petit qui ne va pas au but de l’humanité.
41Le Bureau de Paris comprend, dans grande industrie, les tissus chanvre et lin, c’est-à-dire les métiers de tisserands. D’où il arrive que le tissu domine tout l’horizon industriel, dans les 86 départements, à quelques exceptions près. Le même bureau confond le bâtiment et l’ameublement, peut-être comme ne se distinguant pas assez bien.
42Toutes les professions exercées en France sont rapportées en 14 tableaux (P. II, n° 25-38), dont 5 ou 6 répètent pour la Population mâle les chiffres que portent les tableaux d’ensemble, sans y ajouter de nouveaux renseignements, dont l’absence se fait sentir. Le Résumé général (n° 36) paraît beaucoup trop concis pour les besoins de l’étude, et il y avait place pour quelques distinctions désirables. Nous sommes loin de blâmer la tentative de démographier séparément les professions des deux sexes. Elle est conforme aux besoins de la science. C’est P’’ surtout qu’il faudrait faire connaître professionnellement, avec les notes d’âge et d’état-civil. Ce soin comblerait peut-être de nombreuses lacunes qui existent dans toutes les statistiques, et dont la plus regrettable est l’absence d’une connaissance certaine de la distribution du sol entre les familles qui le possèdent et le cultivent, ou qui le cultivent sans le posséder, ou qui le possèdent sans le cultiver.
43Voici quel est à-peu-près le classement adopté à Paris.
DISTRIBUTION PROFESSIONNELLE DE LA POPULATION FRANÇAISE, D’APRÈS LE RECENSEMENT DE 1851 (P. II. N° 25 À 36, P. 142-179).

44Note1
§ 3. Proportion des professions.

45Note2
46Sur 101 690 épouses d’agriculteurs, le bureau de Dresde en classe 4 733 comme exerçant professionnellement l’agriculture, et 94 963 comme vivant du travail de leur mari. A-t-on fait différemment en France, en Belgique, en Bavière ? est-ce pour cela que ces pays semblent avoir une plus forte proportion d’agriculteurs que la Saxe ? – Non : car le Bureau saxon a fait pour l’industrie comme pour l’agriculture. Sur 184 666 épouses d’industriels, il y en a seulement 12 203 exerçant profession ; il y en a 172 463 dans leur position naturelle d’angehœrige (dépendantes. Mittheil. III, 100).
PROPORTION DES CLASSES.

47On ne doit pas regarder comme synonymes Population rurale et Population agricole. La Population rurale comprend au moins les 4/5 des habitants de la France ; la Population agricole n’en comprend guères plus de la moitié.
48L’autre moitié se compose de deux parties inégales ; les industriels et commerçants en forment 5/8, et complètent le corps d’armée du travail producteur. Des 3/8 restants, une partie va à l’avant-garde (professions dirigeantes dites libérales) ; l’autre se fait traîner à l’arrière-garde (classes onéreuses et professions nulles).
RAPPORT DES PRINCIPALES PROFESSIONS A LA POPULATION QU’ELLES SERVENT ET QU’ELLES CHARGENT.



§ 4. Disproportion.
49Si tu aimes tes semblables, ô lecteur ! tu ne pourras encore arrêter tes regards sur ces tableaux sans de pénibles serrements de cœur. Quel chaos dans cette distribution des forces humaines 1 Elle est encore peu connue, tu vois les lacunes, tu remarqueras plus tard les incertitudes des nombres. Mais, si peu connue que soit cette distribution, on ne voit que trop combien elle est fortuite et grossière. 1 agriculteur pour 2 habitants et demi ou pour 3 ! Les grands progrès de la mécanique, les applications brillantes de la vapeur et de l’électricité aux arts utiles, sont donc encore réservés aux professions urbaines, qui en ont seules le privilège ! Le grand art nourricier n’en a rien eu jusqu’ici, ou rien accepté ! Il se plaint de manquer de bras valides : donnez-lui donc des machines ; montrez-lui comment l’eau fait marcher le fer pendant que l’homme regarde, commande et dirige.
50Voyez ce qui se passe dans cette France, qui se vante, peut-être avec quelque fondement, d’être sous certains rapports la plus avancée dans la voie du progrès social ; et jugez des autres nations par le modèle.
51Elle n’a, sur 4 habitants, qu’un enfant à la charge de la famille ! Où sont les autres enfants ? Car elle en a plus de 10 millions au-dessous de 15 ans. Où est le dixième million ? Il ne devrait sortir de la maison paternelle que pour fréquenter l’école. Je le cherche, et le trouve accroupi sur la terre des ateliers. Au lieu de s’instruire, il travaille, d’un travail prématuré et ruineux pour lui, pour la société, pour sa famille elle-même.
52Elle n’a, sur 13 habitants, qu’une femme vivant du travail ou du revenu de son mari ! et pourtant il y a en France 1 femme mariée sur habitants 5.17, une sur P" 2.60. Il y a près de 7 millions de femmes mariées : il n’y en a pas 3 millions qui doivent à leur mari la subsistance et l’entretien. − Il y a 574000 rentières, je vous l’accorde (cependant il faudrait savoir combien de veuves parmi ces rentières) : enfin il reste plus de 3 millions de femmes mariées qui vivent où ? comment ? en domesticité ! dans les ateliers ! Comment peuvent-elles remplir leurs devoirs d’épouse, entourer leur mari des soins attentifs, des douces prévenances qui allégeraient le fardeau d’une vie de travail et de privations ? comment remplir leur devoir de mère ? surveiller, élever, instruire leurs enfants ? les garantir de tant de dangers qui menacent et le corps et l’âme ? Heureuses si elles-mêmes restent sans souillure au contact d’une domination étrangère...
53La France a plus de 100000 industriels pour servir le luxe et ses faux besoins ; elle n’en a que 71000 pour servir le nécessaire aux lettres, aux sciences, aux beaux-arts. 1 pour 508 en France ! ailleurs 1 pour 1000 !
54Elle a 360000 soldats ! 1 pour 100 habitants, 1 sur 27 hommes valides ! (V’20-60 9552094. Recensement 1851). Pour conserver l’équilibre des puissances, on détruit, dans tous les États de l’Europe, l’équilibre du travail, seul vrai conservateur. On conçoit le garde champêtre, le gardien municipal ; on conçoit le gendarme, en tant que l’on conçoit le malfaiteur ; on ne conçoit pas le soldat : ce sera, dans un avenir certain, le souvenir d’une difformité sociale (V. la note de la page 149).
5540 000 détenus ! Cette société, dont on nous vante l’assiette et le bon ordre, ne vivrait pas en paix, ne compterait pas sur le lendemain, si elle ne retenait dans les prisons un de ses membres sur 912 ; ailleurs 1 sur 700.
56Enfin, 217 000 vagabonds ou mendiants, dont le nombre augmente chaque année (Ctes rendus de la justice ; Watteville, rapport) et 71 000 infirmes, qui n’ont pu avoir chez eux, dans leur famille, le secours de la maladie et le pain de la vieillesse.
57Ce sont là de grands maux : nous n’en accusons ni les hommes, ni même les lois, qui ne sont que ce que les hommes les font. Nous avons prouvé que ces maux étaient plus grands sous d’autres institutions : ce qui a été déjà amélioré peut s’améliorer encore. Ce n’est pas à nous de rechercher les remèdes : il nous est commandé seulement de constater l’état des hommes ; mais on ne peut nous imputer à crime l’émotion douloureuse que nous ressentons à remplir ce devoir.
58Froids calculateurs, celui qui a dressé ces tableaux se livre à votre risée : il a été oppressé à la vue de tant d’abus, d’inégalité dans les classes et conditions, de gaspillage du trésor social, de souffrances volontaires ou imposées ; il a mouillé de larmes ce feuillet, où vous jetez à peine un regard distrait et ennuyé. Il a été tenté de renier la civilisation. Poursuivez de vos lazzis sa niaise sensiblerie ! Continuez d’enseigner avec complaisance la science des richesses ; apprenez à ceux qui manquent d’instrument de travail comment se forment les richesses, à ceux qui n’ont pas de pain comment se distribuent les richesses. Que votre âme reste heureuse et calme devant ces chiffres accablants, dont chacun représente une douleur cuisante. Prenez garde pourtant ! profitez au moins des enseignements de l’histoire (qui vous ont été rappelés dans un ouvrage récent) : combien de fois ne vous a-t-elle pas appris que chaque douleur devient une menace, après avoir été un avertissement méprisé ?
59Ces tableaux, qui ont pourtant coûté beaucoup de soins, n’offrent qu’une première et grossière idée de la distribution des travailleurs dans le grand atelier social.
60Il est peu probable que, dans la proportion de la Population agricole active, il y ait, de fait, entre les nations, autant de différence qu’en indiquent les documents. On peut présumer qu’en France, en Bavière, les recenseurs ou les recolleurs y ont compris plus d’enfants et de femmes qu’en Belgique, en Saxe et en Angleterre. On ne conçoit guère que la femme d’un paysan ne participe pas à ses travaux, ni son enfant dès qu’il a un certain âge. Il faudrait s’entendre sur cet âge, convenir par exemple que l’on rejetterait au bas du tableau tous les enfants (paysans) au-dessous de 15 ans, puisqu’il est désirable pour l’exhaussement de cette classe que jusqu’à cet âge ils aient pour principale occupation de s’instruire ; et que l’on mettrait toutes les épouses (paysannes), ou avec leurs maris, ou avec leurs enfants. Il faudrait surtout déclarer expressément, en publiant le recensement, comment on a fait, quel parti l’on a pris, à quel classement on s’est arrêté.
61Il faudrait que les bureaux statistiques des différents pays convinssent entre eux bien exactement de ce qu’ils comprennent sous chaque chef ou titre de profession, et quant au genre de travail et quant à l’âge des travailleurs : de sorte que l’on distinguât toujours nettement les personnes de la famille qui vivent sur le travail de l’homme valide, – notamment les femmes mariées ; sans quoi il est impossible de dresser la Démographie du sexe.
62L’excellente Commission belge a fait à-peu-près cette distinction dans le recensement de 1846 (in-folio) ; puis elle l’a oubliée dans l’Exposé décennal (p. 16), où elle compte, par exemple, les nouveaux-nés des deux sexes, partie comme maîtres, partie comme ouvriers. Quelle instruction pouvait-elle espérer d’un pareil tableau ? C’est de la Population par provinces, et presque rien de plus. Nous en faisons la remarque sans vouloir rien ôter au mérite d’un si grand et si utile travail, — dans l’unique désir de voir améliorer les publications futures. C’est dans la même vue que nous nous sommes récrié de voir les soldats parmi les professions libérales : confusion fort illibérale.
63La Commission belge nous paraît louable d’avoir distingué les ateliers de l’ameublement de ceux du bâtiment. Le recensement français, qui les a confondus, fait d’autres distinctions indispensables qu’elle a omises, — les industries qui ont pour objet les sciences, lettres et arts, puis la Population infirme des hospices, la Population valide mais stérile des prisons, les gens de maison distingués des domestiques agricoles.
64On voit cependant, et l’œil en est blessé, on voit combien le recensement français laisse de lignes en blanc. Ces lacunes fâcheuses proviennent-elles des sources municipales, ou des relevés préfectoraux, ou de la publication centrale ? Espérons que l’on se mettra en mesure de les remplir avec quelques autres, au prochain recensement qui est imminent.
65Pour les maires, on leur doit envoyer des cadres complets et uniformes.
66Pour les préfets, il faut leur donner le moins d’ouvrage possible. Dans leur petite plénipotence provinciale, ils sont tout à l’action, tout à la sphère étroite qui les entoure. La science générale leur est indifférente et étrangère : elle ne doit pas compter sur eux.
67Il faudrait donc étoffer sans parcimonie le bureau central : car c’est lui qui a les lumières, lui qui juge de l’importance des détails par la vue de l’ensemble, et qui doit être pourvu des larges moyens nécessaires pour mettre en œuvre d’immenses matériaux.
68En effet, on ne peut considérer le recensement de /51 comme publié dans le volume Stat. Fr. P. II. Il y est seulement résumé. Les vingt tableaux (n° 24 à 42 bis) dans lesquels on l’a comprimé, fort bien faits comme tableaux synoptiques et résumptifs, sont tout-à-fait insuffisants comme documents primitifs et fondamentaux. Nous signalons les trois branches qui nous paraissent le plus sacrifiées : ce sont les professions, les femmes et les étrangers.
69On peut voir, au reste, par nos tableaux comparatifs, que le recensement français n’est pas le seul que déparent de vastes lacunes. Mais la science se confie pour l’avenir au zèle des bureaux, à l’intérêt bien entendu des gouvernements, et aux perfectionnements incessants des arts administratifs. Nous ne sommes pas en vain dans l’ère du progrès.
70Quand ces tableaux seront plus complets et plus sûrs, il en pourra sortir des remarques curieuses, propres à nuancer la physionomie des nations.
71La France, la Bavière, probablement la Suisse, ont plus d’agriculteurs ; la Belgique, la Saxe, l’Angleterre, plus d’industriels. Le tissage et la filature consomment moins de bras chez les premiers [7], p. 197. Ils en prennent trop partout : car ce sont actions réglées, toujours semblables, propre pâture de la mécanique.
72Le Suisse se rend à lui-même beaucoup de services que les autres demandent à des artisans spéciaux. Le Saxon, au contraire, paraît (si les relevés sont comparables) avoir un nombre excessif d’artisans. Y a-t-il paresse dans la nation ? Y a-t-il division plus avancée du travail ? Chacun est-il trop occupé de son métier pour en faire un autre, même accidentellement comme il arrive bien en France et en Suisse ? Questions intéressantes, dignes d’être recommandées aux moralistes de Dresde et de Leipzig.
73La vanité française se glorifiera de l’emporter sur le continent par la quantité des hommes de sciences et de lettres, et des industriels qui font circuler leurs œuvres [37 et 30], p. 198. Mais elle pourra rougir de sa faible proportion d’artistes [38], Il est vrai qu’elle se consolera par le nombre imposant de ses rentiers, pensionnés et propriétaires oisifs [44, 45].
74Allemand, mangeur de viande, mangeur de pain, gros mangeur [21, 22].
75Mais nul ne consomme de viande autant que l’Anglais : c’est en vain qu’on l’a contesté, la démonstration est flagrante : John Bull est le seul au monde qui ait plus de bouchers que de boulangers. Cette consommation est nécessaire à son énorme travail. Voyez, outre ses fileurs et tisseurs, quelle quantité de métallurgistes [27], d’extracteurs de mines [28], et quelle masse de commerçants en tous genres [31] !
76D’un autre côté le Royaume-Uni s’administre avec une simplicité antique, avec une sobriété de rouages qui n’a peut-être pas sa pareille sur le continent [35], La France et la Saxe ont le superflu en ce genre d’instruments : l’Angleterre a-t-elle le nécessaire ? On en jugerait par les produits comparés, si la Démographie les pouvait exposer.
77L’entretien des croyances [41] est 2 et 3 fois plus onéreux aux pays de catholicité (Belgique, France, Russie) qu’aux pays de réforme.
78Il est remarquable que le nombre des sages-femmes s’élève ou s’abaisse en raison inverse de celui des médecins [39]. Il y a en Prusse, proportionnellement à P, autant de sages-femmes qu’il y a en France de médecins, et réciproquement autant de médecins à-peu-près qu’il y a en France de sages-femmes. Ce symptôme est peu favorable à la Prusse : il indique d’abord une excessive répétition de Naissances et une hâte fâcheuse dans tous les mouvements de Population ; il indique en second lieu une coupable indifférence pour la vie des hommes, puisqu’on la confie par préférence à des femmes dont les études sont nécessairement superficielles et bornées ; enfin il fait pressentir une misérable existence des médecins prussiens, induction confirmée par les recherches de l’un d’eux (Casper, Gaz. méd. Berlin, 3/1/34).
§ 5. Fécondité du travail.
79On peut, pour une vue plus élevée de la science sociale, recomposer et résumer, comme il suit, le tableau de distribution donné p. 194.

80Un trait inattendu frappe à la vue de ce tableau : c’est la petite quantité de femmes et d’enfants qui restent à la charge des fonctionnaires du travail : un demi par travailleur. En sorte que, en moyenne générale, et sauf répartition faussée, chaque travailleur n’aurait à gagner que sa vie et celle d’une demi-personne avec lui. En joignant aux femmes et aux enfants les adultes qui sont hors du travail régulier, on trouve, au lieu d’1/2, 3/5. Il parait résulter de là que, si la répartition des produits du travail était faite convenablement, et si tous les travailleurs étaient instruits et raisonnables, l’aisance serait partout, et la misère serait chassée de la terre de France.
81Ne dites pas que, dans les classes des gens que l’on donne pour travailleurs, il y a les travailleurs vrais, ceux qui produisent, et les travailleurs faux, ceux qui ne produisent pas. Ce serait ne pas distinguer le travail pour la famille et le travail pour la société ; et ce serait oublier que, produire un objet ou produire un service, c’est toujours produire. Si le prêtre vit de l’autel, le domestique vit de la brosse, et le gendarme du baudrier. Tout travailleur d’un ordre quelconque produit donc ou doit produire et pour lui et pour ceux qui lui sont attachés par un lien légitime, et que leur sexe ou leur âge empêche de concourir au travail.
82Mais le mal vient de ce qu’il y a répartition trop inégale tout-à-la-fois des produits du travail et de ses charges. Le travailleur n’étant pas entièrement libre dans ses moyens de défense (association, instruction, corporation), est opprimé par la concurrence, – puissance légitime, même quand elle abuse, – et il subit la loi du vaincu, dépouilles et rançon. D’un autre côté, il y a les ménages célibataires, lèpre dorée ; il y a cette foule de jeunes ouvriers, et d’autres travailleurs de divers âges, qui ne songent qu’à eux-mêmes, vivent dans la débauche ou la dissipation, et, oubliant ce qu’ils doivent à leurs parents, les contraignent à recevoir l’aumône des bureaux, ou des sacristies ou des hospices. De ces causes il vient que le devoir retombe plus lourd sur ceux qui ont à cœur de le remplir, et qu’une foule de familles honnêtes sont, malgré le travail, l’ordre et l’économie, dans une détresse que n’accuse pas le résumé général de la Population française.
83C’est pourquoi il faut deux conditions pour que cette détresse s’allège et devienne de plus en plus rare : la première, nous l’avons fait entendre plusieurs fois ; la seconde, c’est que les travailleurs soient instruits et raisonnables. Or, ils le deviennent tous les jours : nous nous en convaincrons au livre suivant.
Notes de bas de page
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