Chapitre VI.
De la répartition des subsistances
p. 115-136
Texte intégral
1L’équation établie et discutée aux deux chapitres précédents résulte, avons-nous dit, de ce que « P se proportionne aux subsistances disponibles. » On demande ce que veut dire ce mot disponibles, ou, en d’autres termes, quelle influence la répartition des subsistances a sur la quantité de P et sur le bien-être des vivants.
§ 1er. Influence sur la quantité de P.
2La question de quantité peut être envisagée au point de vue général de l’humanité, ou au point de vue particulier des nations.
3Au point de vue général, chaque individu ne pouvant absorber que ce que permet dans d’étroites limites sa capacité alimentaire, l’inégale répartition, qui résulte des diverses conditions de fécondité du sol, ou des climats, ou de la différence des tempéraments industriels, n’influe pas d’une manière appréciable sur le nombre des habitants du globe, pris en masse : en sorte que, si la quantité actuelle des subsistances, fruits du travail de l’homme, fût répartie avec égalité sur chaque kilomètre carré de la terre habitable, on ne voit pas que le genre humain y eût à perdre ou à gagner, quant au nombre.
4C’est autre chose, si l’on considère une nation en particulier. On a vu, p. 57, que la Population est répartie sur le sol, de la même manière que le travail et ses produits. On conçoit que, si une partie des produits, exportée pour satisfaire à certaines exigences privilégiées, va être consommée sur un autre sol, c’est d’autant moins d’habitants qui peuvent subsister sur le sol originel. Or, cette exportation des subsistances peut résulter soit de la constitution de la propriété, soit des besoins du commerce.
5Sous Louis XI, il fut constaté en justice que les prélats bénéficiers français qui vivaient à la cour du pape, avaient un revenu de 2 800 000 livres tournois, valeur d’alors. Celui de l’État était de 3 400 000 livres. Le parlement remontra que cette prébende ecclésiastique dépassait les 4/5 du revenu public, et qu’elle ôtait autant de sujets au roi qu’elle en nourrissait au pape. Aussi à cette époque la France n’avait que 30 habitants au kilomètre carré, et elle produisait plus de blé qu’il n’en fallait pour les nourrir. Les possesseurs de ce blé superflu en exportaient beaucoup en Espagne, en Italie, et jusqu’aux Antilles (Montvéran, J. soc. fr. stat., /30, 2e p. p. 50).
6Si les prélats de l’église anglicane, titulaires en Irlande, possèdent 1 /4 des produits du travail irlandais, et dépensent ce revenu en Angleterre, il est clair que l’Irlande nourrit de ses sueurs une partie du peuple anglais, et que cette vassale, quelque condensée que soit déjà sa Population, pourra, sans faire un effort de plus, élever chez elle 10 millions d’habitants au lieu de 8, dès qu’ayant secoué les liens de la conquête et de la superstition, elle sera rentrée en possession d’elle-même et de son travail.
7Nous avons fait voir, p. 98, que les peuples qui s’adonnent à la coûteuse habitude de l’émigration, paient aussi tribut aux pays qu’ils peuplent. C’est le tribut le plus onéreux, parce qu’il est gratuit et sans retour ; c’est de plus un tribut ridicule, parce qu’il est payé bénévolement par celui qui se croit sage et fort, à la barbarie qui serait impuissante à l’exiger. Soit dit pour les gouvernements qui ont la sottise de pousser à l’émigration de leurs citoyens. Quant aux masses qui consentent à se déplacer, à être transportées, elles cèdent naturellement, avec plus ou moins d’intelligence et plus ou moins de déception, à la loi toute-puissante qui distribue les travailleurs selon le travail ; elles quittent les pays où la main-d’œuvre est plus offerte, pour gagner ceux où elle est plus demandée.
8Les nations qui ne peuvent satisfaire par elles-mêmes à tous leurs besoins, faute d’avoir développé leur industrie, sont en ce point vassales et tributaires des peuples plus actifs ou mieux placés et plus avancés : il faut qu’elles sacrifient une portion de leurs subsistances pour jouir des produits qu’elles convoitent. Les pêcheurs du Nord et les pasteurs du Midi entretiennent les ouvriers de l’Europe médiane, en lui fournissant des bois, des métaux, des cuirs, des laines, des huiles, etc. pour les étoffes, les meubles, les machines et instruments de toute espèce qu’elle sait confectionner. C’est ainsi que les peuples manufacturiers peuvent condenser leur Population bien au-delà de ce que permet la fertilité de leur sol ; et que l’Angleterre et la France engendrent des légions d’ouvriers qui naîtraient Espagnols et Italiens, si l’Espagne et l’Italie se tournaient vers l’industrie.
9On a examiné à ce sujet s’il ne serait pas dans l’ordre général de l’humanité que chaque nation cultivât les genres d’industrie les plus appropriés aux produits de son sol et au caractère de ses habitants, afin d’épargner les déplacements inutiles de matières et le vain emploi des forces humaines. Cela ne paraît pas douteux dans l’hypothèse de l’échange parfaitement libre. C’est un beau théorème de la plus large économie sociale.
§ 2. Influence sur le bien-être. – Salaires.
10Il est donc reconnu que l’industrie manufacturière, en amoncelant sur certains points les valeurs et par conséquent les subsistances, y accroît le nombre des habitants.
11Accroît-elle aussi leur bien-être ? Les souffrances et les plaintes des classes ouvrières, les rapports des économistes qui les ont vérifiées, répondent unanimement Non. On a cherché les causes de cette grande et perpétuelle infortune, qui est comme la maladie chronique du corps social. Des hommes célèbres ont cru qu’il suffirait, pour la guérir, de systématiser à nouveau la répartition des subsistances entre tous les travailleurs.
12« Ce n’est pas assez qu’un pays ait la faculté de produire beaucoup d’aliments : il faut que l’état social soit tel qu’il engage à les bien distribuer » (Malthus, Essay, I, 9).
13« Les travailleurs n’ont pas besoin de subventions et de protections abusives : il suffit qu’on leur laisse une plus forte part des produits de leur travail... Nous ne consentirons plus à donner le nom de richesse qu’à la somme du produit national équitablement distribuée entre tous ses producteurs » (Prof. Blanqui, de l’Institut, J. éc. /9 /51).
14« La charité est le régime protecteur de la misère » (Wolowski).
15« Pour pouvoir appeler richesse de la nation les richesses individuelles, il faudrait que tous les individus participassent à cette richesse, puisque la nation se compose de tous les individus sans exception, et que, la richesse n’étant pas une chose abstraite, il est assez difficile de concevoir qu’une nation soit riche, lorsqu’une partie considérable de ses enfants est dans l’extrême besoin. Cependant cela est ainsi. Et même dans toute l’Europe, il n’y a nulle part plus d’indigents que chez les nations qu’on appelle opulentes » (Bonald).
16« A mesure que l’instruction descend dans les classes inférieures, celles-ci découvrent la plaie secrète qui ronge l’ordre social depuis le commencement du monde, plaie qui est la cause de tous les malaises, de toutes les agitations populaires. La trop grande inégalité des conditions et des fortunes a pu se supporter tant qu’elle a été cachée, d’un côté, par l’ignorance, de l’autre, par l’organisation factice de la cité ; mais aussitôt que cette inégalité est généralement aperçue, le coup mortel est porté.
17« Recomposez, si vous le pouvez, les fictions aristocratiques, essayez de persuader au pauvre, quand il saura lire, au pauvre auquel la parole est portée chaque jour par la presse, de ville en ville, de village en village, essayez de persuader à ce pauvre, possédant la même lumière et la même intelligence que vous, qu’il doit se soumettre à toutes les privations, tandis que tel homme, son voisin, a, sans travail, mille fois le superflu de la vie, vos efforts seront inutiles.
18« Lorsque les Chrétiens brisèrent les dieux de l’Égypte, ils virent s’échapper des rats de la tête des idoles. Tout s’en va. Il ne sort pas un enfant des entrailles de sa mère, qui ne soit un ennemi de la vieille société » (Chateaubriand cité par Colins, t. 3.)
19On sait avec quelle extrême inégalité les divers produits sociaux paraissent répartis entre ceux qui les créent. Les producteurs sont le plus ordinairement réunis en groupes dirigés par un ou plusieurs chefs d’action. Ces chefs ont bien souvent un quart, un tiers, une moitié des produits du groupe qu’ils dirigent. Le propriétaire d’un domaine de 40 ou 60 hectares est à la tête de 20 ou 30 cultivateurs ; il travaille de la tête pendant qu’eux travaillent des bras ; sur les produits obtenus en commun, l’ouvrier perçoit de 1 fr. 50 c. à 2 francs par jour, soit de 500 à 600 francs par an ; le maître a 4 ou 6 000 francs de revenu annuel. Il en est de même du chef d’atelier industriel, du manufacturier, propriétaire d’un établissement qui donne à travailler et à vivre à 50,100, 200 ouvriers, et plus. De même encore (dans l’église d’Angleterre) le clergé d’un diocèse se compose de 500 prêtres, peu plus peu moins, gouvernés par un prélat qui les tient hiérarchiquement échelonnés. Sous l’archevêque viennent les évêques, puis les dignitaires, les prebendiers, les chanoines, enfin les bénéficiaires et les curates. Par les soins qu’ils prennent tous des ouailles, par leurs exhortations, leurs assiduités, l’onction de leur éloquence et l’habileté de leur maniement, la matière prêchable et convertible afflue aux basiliques, aux séminaires, aux écoles de tout genre, aux confréries et aux congrégations qui appellent de toute part l’un et l’autre sexe. Leur action incessante, dont la force est centuplée par une indivisible centralisation, maintient ce qui reste d’influence à l’Église, restaure ce qu’elle en a perdu, et reconstruit peu à peu son ancienne opulence. Comment se répartit la richesse due aux efforts de tous1 ? Le simple vicaire, le curé de campagne ont l’équivalent de 8 à 1200 francs pour leur entretien annuel ; le curé de la grande ville perçoit 30 mille, 40 mille, 60 mille francs ; le prélat en touche 200 000, 300 000, cardinal ou non. C’est le budget des dépenses de l’église d’Irlande, de l’église anglicane, et jusqu’à un certain point de quelques autres (Ann. éc. pol., 1850).
20On nous dira qu’une répartition moins inégale serait plus conforme à l’équité naturelle et aux préceptes de Christ. Nous renvoyons cette question aux moralistes : elle n’est point du ressort de la statistique.
21Mais nous disons qu’il n’est pas sûr qu’une répartition plus égale, soudainement opérée, fût une cause directe de bien-être pour le peuple. Les sommes plus ou moins considérables que touchent ces chefs de propriété et d’industrie, ils ne les absorbent pas de leur bouche, ils ne les consomment pas personnellement. Ils en entretiennent leur luxe ! Soit. Mais ils ne fabriquent pas eux-mêmes leurs riches étoffes, leurs meubles précieux ; ils n’édifient pas leurs palais ; ils ne décorent pas de leurs mains leurs somptueux appartements. Ces produits qu’ils semblent monopoliser se répartissent donc, en fin de mouvement ; sur la classe ouvrière. Ces masses de subsistances passent par leurs mains, sans pouvoir s’y arrêter. Si elles allaient directement des sources de production aux bouches de la consommation, y en aurait-il un gramme de plus pour chaque consommateur ? Hélas ! non : dès qu’il y aurait plus de subsistances disponibles, la Population s’accroîtrait. Si ce surplus de subsistances venait s’ajouter au salaire, il provoquerait une offre plus empressée de la main-d’œuvre, qui ravalerait promptement le salaire au taux fixé par l’inexorable nécessité de la concurrence.
22La répartition des subsistances, par le fait de l’ordre social, n’offre donc peut-être qu’une inégalité apparente : et il n’est nullement prouvé que la suppression des intermédiaires par lesquels cette répartition est opérée, apportât quelque allégement à la misère dont tant de membres de la société sont affligés. (Nous considérons tous les directeurs du travail, en leur qualité de percepteurs du produit net, comme intermédiaires entre ce produit et sa consommation).
23Ici se placerait la démographie du salaire. Nous ne pouvons la faire, nous n’avons point trouvé de matériaux. L. Blanc a donné deux petits tableaux, mais sans justification (Org. trav., p. 12). Dans quels corps d’état les salaires ont-ils baissé ou haussé depuis la révolution ? Thiers dit que la journée de l’ouvrier des champs s’est élevée, depuis 1789, de 1 fr. 20 à 2 fr. ; celle du tisserand de 1 fr. à 2 ; que, dans la métallurgie, les prix ont doublé ; que le tourneur et l’ajusteur, qui gagnaient 3. fr., en gagnent aujourd’hui 5, 6 et 7 ; — que, si la viande a un peu augmenté, si le logement a enchéri de 0.33, le prix du pain est le même depuis 1814, la draperie est réduite de 0.40, les autres vêtements de 0.80. Toutes assertions à établir comme faits généraux. Il en est de même de celles de P. Leroux (Ploutocratie, p. 173).
24Un écrivain, qui avait été ministre, a eu une belle occasion de dresser la démographie des salaires, lorsqu’il a dû traiter de leur taux au Dict. des économistes, mais il n’en a pas profité, parce qu’il manquait d’esprit philosophique. Son travail long, diffus, contradictoire, est rempli de citations anglaises, que l’auteur n’a pas pris la peine de fondre et amalgamer au creuset de la logique. Il pose en principe que le salaire est soumis, comme toute marchandise, au rapport de l’offre et de la demande. Puis il accorde à Mac-Culloch et à Mill que le salaire dépend du rapport du capital au nombre des travailleurs. Mais les arguments des auteurs anglais (art. cité, p. 571), confrontés à la loi de P, perdent toute valeur. Ricardo, croyant que la Population s’accroissait plus vite que le capital, soutenait que le salaire devait tendre continûment à baisser. Le conséquent était juste d’induction, mais faux en fait comme l’antécédent. Aussi L. Faucher les repousse ; mais comment ? « On pourrait démontrer, dit-il, que le prix (en argent) de la main-d’œuvre s’est élevé de 0.25 à 0.50, pendant que le prix des denrées diminuait ». Pourquoi ne le démontrez-vous pas ? Est-ce que ce n’était pas le lieu ? Est-ce que vos réflexions et les opinions de vos auteurs peuvent suppléer aux faits articulés, aux chiffres authentiques qu’appelait le sujet ?
25Tout en disant que « les hommes sont aujourd’hui mieux nourris, logés et vêtus qu’au moyen-âge », il convient qu’il y a des causes qui « amènent invariablement en Europe la plus abjecte pauvreté, que souvent ce n’est qu’en s’imposant les plus dures privations que le travailleur peut vivre, et qu’il n’y a pas de nation qui n’ait à quelque degré son Irlande » (1. c., p. 572). Il propose, comme le meilleur moyen pour changer ce funeste état de l’Europe, d’augmenter la production ! ce qui apparemment ne pourrait se faire qu’en exaltant encore la concurrence. Comme si la production ne dépendait pas des débouchés et des salaires ! Comme si la production pouvait être augmentée à volonté et sans augmenter d’abord ou en même temps la consommation ! Comme si la production pouvait être augmentée sans appeler de nouveaux producteurs, par conséquent sans augmenter la Population et la concurrence entre les salariés ! On voit là à quel non-sens conduit l’ignorance du principe de P ; on voit l’économisme aux abois. Ce L. Faucher, qui demande ici que l’on surexcite encore l’ardeur de la production, est le même qui a dénoncé ailleurs les excès du régime manufacturier.
26L’auteur n’accorde pas à Ricardo et à Mac-Culloch qu’il y ait un taux naturel des salaires, basé sur les nécessités à la subsistance. Il est vrai qu’il faudrait dire limite naturelle inférieure, au lieu de taux naturel. Cette limite est une conséquence très-exacte du principe offre-et-demande, posé par l’auteur.
27Ce qui n’empêche pas qu’elle ne puisse être élevée en certain cas par des habitudes locales : c’est ainsi que, dans le comté anglais de York, le travail agricole est payé 14 sh, tandis qu’il n’est payé que 7 dans le Dorset, où les paysans se tiennent moins bien, et où ils travaillent moins aussi. Quant à l’observation de Humboldt, que, dans les régions tempérées du Mexique, l’ouvrier dépense 1/3 de plus que dans les chaudes, c’est un effet naturel du climat ; il confirme la règle sans y faire exception : le mexicain qui dépense plus, exige plus et rend plus.
28L’auteur énumère encore, après Ad. Smith, les divers motifs de l’inégalité des salaires ; degrés de fatigue, de désagrément, d’humiliation, d’intelligence appliquée, d’apprentissage, de probabilité de succès. Il ne remarque pas qu’ils se rapportent tous à la loi offre / demande.
29Après tous les efforts tentés pour relever les salaires, efforts qui n’ont produit que la constatation et l’aveu de leur insuffisance, il ne reste plus qu’un essai à faire : c’est de les supprimer. Rossi croyait ce progrès possible, puisqu’il en a émis le vœu (Cours, t. 3), à travers maintes logomachies sur l’identité du travail et du capital. Ce sage vœu conduirait à instituer dans la société la complète indépendance et la souveraineté du travail. Là doivent tendre tous les efforts de ceux qui se disent, sincèrement et sans affectation, émus des souffrances des travailleurs.
30Rossi ne prenait pas la concurrence pour une panacée économique : il savait bien que, pour régulariser la demande du travail et amortir ses ruineuses et meurtrières intermittences, il faut autre chose que cette concurrence sauvage et brutale qu’il définit ainsi : « Rejoindre celui qui vous précède, le fouler aux pieds et passer outre, c’est là l’effort constant de l’industrie ; c’est sa loi et sa vie ». Aussi ajoutait-il : « Si la concurrence peut animer l’offre du travail, elle n’anime jamais la demande ». Il paraît d’abord que c’est une erreur ; car la concurrence, en faisant baisser le prix des produits, en doit étendre et accroître, la consommation. Mais, comme c’est principalement en abaissant les salaires qu’elle abaisse le prix des produits, et comme l’abaissement des salaires étrangle la consommation, l’axiome de Rossi reste vrai et formidable.
31Nous ne dirons pas avec Larochefoucauld que la misère des peuples est un tort des gouvernements. Mais il se peut qu’elle soit le tort des lois, comme l’indique un auteur plus moderne par ces mots terribles : « La rétribution du travail est abandonnée au hasard ou à la violence. » Or, ce penseur qui, après avoir fait des livres, a fait un gouvernement, prouve par son exemple qu’il ne dépend pas toujours de ceux qui gouvernent et qui gouvernent fort, d’introniser les lois que théoriquement ils regardent comme les meilleures. Il faut que le peuple soit assez élevé pour les comprendre et les respecter.
32Nos conclusions doivent-elles contrister le cœur de l’homme de bien qui cherche son bonheur dans celui de ses semblables, et qui ne saurait goûter de repos devant leur malaise ? Nous ne le pensons pas. Sans doute il faut chasser des illusions généreuses, il faut réfréner des impatiences aveugles, n’attendre le progrès que des transformations successives qu’amènera la science conduite par le temps, et ne pas s’imaginer que l’humanité puisse entrer dans son repos par un coup de main. Mais il sort de tout ce qui précède un nouveau corollaire plein de consolation et d’espérance. C’est qu’il n’y a point d’antagonisme naturel, point de motif intrinsèque de lutte entre les classes qui composent la société. Le paysan ne lutte avec personne : depuis qu’il est devenu propriétaire, son intérêt, tel qu’il le comprend, est essentiellement conservateur ; il a d’ailleurs bien assez de son combat éternel contre la paresse de la terre et les caprices des saisons. L’ouvrier sait que ce sont les paysans qui lui font le blé et la viande : engagerait-il la lutte avec eux ? – L’engagerait-il avec le bourgeois ? Ce serait se battre contre soi-même. Le bourgeois est préposé par la société à la réserve des subsistances : il en est le commissionnaire-chargeur ; il est la source du crédit, le régulateur et le distributeur du travail. Si (ce qu’à Dieu ne plaise), un cataclysme inopiné supprimait la bourgeoisie, d’abord les vivants des autres classes n’hériteraient pas d’elle, ce serait contraire à la Loi de P ; puis la classe ouvrière périrait du même coup, peut-être toute entière. Pour qui travaille l’ouvrier des villes, voire même des campagnes ? Pour la bourgeoisie. S’il veut travailler pour lui-même, il le peut, soit isolément, soit par association ; mais alors il se fait bourgeois. Et qui l’en empêche ? Il faut faire des vœux pour que le penchant qui l’y porte soit favorisé par des dispositions législatives efficaces, larges et généreuses.
33Pousserons-nous plus haut ou plus bas cette énumération ? Non. Il n’y a plus aujourd’hui (économiquement parlant) de domination possible que celle de la bourgeoisie ; toute autre que l’on tenterait d’établir périrait, manque de raison d’être, avorterait seulement par le ridicule, à défaut d’autre dissolvant.
§3. Répartition agricole, culture et possession.
34Au reste, ce point de mire de tant d’aspirations et de tant d’attaques, l’égalité des conditions, s’établit graduellement et sans combat, au moins dans les campagnes, par le seul mécanisme de la société moderne. On sait combien peu de fortunes se transmettent intactes à la 4e ou 5e génération. Nos lois ne s’opposent pas à la division de la propriété ; et la constitution de la famille y pousse continûment. Il est donc nécessaire que, dans une période de temps qui bientôt se pourra mesurer, la distribution du sol soit si générale et si complète, qu’il ne puisse plus nourrir ni fermier ni métayer, et qu’il ne soit occupable que par celui qui le cultivera, c’est-à dire, par le paysan. Or, quand le paysan tient, il tient bien. La reconstitution des grandes propriétés individuelles, qui d’ailleurs s’éloigne de plus en plus de nos mœurs, sera donc de moins en moins possible.
35Une autre cause pousse ferme à ce nivellement : c’est la concurrence que le propriétaire-paysan fait au fermier, et l’impossibilité où est celui-ci de la soutenir. Le fermier et le métayer, prélevant sur les produits de leur travail la rente de la terre et ne pouvant appliquer à leurs besoins et à ceux de leur famille que ce que le propriétaire leur laisse, sont obligés de maintenir le prix des denrées à un taux supérieur à leur simple valeur de consommation. Le propriétaire-cultivateur n’a point cette obligation : il vend pour son besoin ; n’ayant pas d’avances, il vend au jour le jour, et il affaisse les prix. Sans doute il voudrait bien tirer de la terre, outre son entretien et celui de sa famille, l’intérêt de l’argent que l’acquisition de la terre lui a coûté : mais ce désir ne pèse pas sur lui du poids d’un contrat à remplir, et cède à l’entraînement des besoins journaliers. Le fermier a inévitablement le dessous. Aussi c’est une profession généralement décriée comme gain : et elle doit l’être. Les fermiers se ruinent : ce n’est point par accident, c’est par la force des choses : c’est parce que tous les hommes sont égaux devant la loi, et tous les fils devant leur père. Et la France cultivable devient insensiblement et sans tremblement de terre le domaine exclusif des cultivateurs.
36On a tâché de calculer à quelle distance la France est encore de cet aménagement du sol, où la portent lentement ses lois civiles ; on a cru voir qu’elle en est encore bien loin, quoiqu’elle devance dans cette route peut-être toutes les autres nations.

37Note2
38Catineau-Laroche n’élève pas si haut le revenu de l’agriculteur. Il est agriculteur lui-même. Il compte qu’un paysan français produit 215 francs brut ; sur quoi l’on prélève
391/3 pour fermage,
401/5 du fermage pour contributions directes,
411/20 pour contributions locales,
421/10 pour semences,
431/5 pour nourrir les animaux. Il reste au producteur 55 francs pour se nourrir, et 6 francs pour se vêtir (Fr. et Angl. comparées, Fontainebleau, 1844).
44Souhaitons encore une fois que des lois bienfaisantes favorisent et accélèrent cet heureux aménagement de la propriété. L’un des moyens les plus sûrs est celui que l’on essaie maintenant, mais avec trop de timidité : c’est de mettre le crédit à la portée de tous ceux qui en sont dignes.
45Cette question du classement du sol n’est pas encore éclaircie pour tout le monde. Ceux qui regrettent le passé font l’éloge de la grande propriété, soutenant qu’elle est la plus favorable à l’abondance des produits agricoles, et s’appuyant sur l’exemple de l’Angleterre où la grande culture a les plus riches résultats. Ils confondent deux systèmes qui ne sont point unis par la nature des choses, et que doit distinguer la science sociale, à savoir, la grande propriété et la grande culture. Nous admettons les faits observés depuis longtemps dans les belles campagnes anglaises, et tout récemment encore racontés en fort bons termes par L. Lavergne. Cet écrivain attribue les succès des Anglais en ce genre, principalement aux goûts agricoles très prononcés qui animent chez eux les classes privilégiées. Pour qu’on dût en faire honneur à la grande propriété, il faudrait que, partout où elle existe, elle produisît les mêmes fruits, au lieu de ne les donner que par exception. Or, tout le monde sait en quelle stérilité était l’agriculture en France, quand la France était couverte de grandes propriétés. C’est à mesure que la noblesse déchue a divisé ses majorats, à mesure que les moyennes exploitations se sont multipliées par les défrichements et les dessèchements, que la France s’est enrichie de produits et de Population. Tout le 18e siècle a été employé à cette lente transformation, et la crise finale a couronné l’œuvre. On sait quelle a été la profonde misère de la noble et catholique Espagne, jusqu’au jour actuel, qui luit enfin pour elle, où elle va retrouver sa fécondité première, en livrant à des millions de bras laborieux les grandes propriétés improductives de ses couvents, de ses paroisses et de toutes ses corporations. Ne sait-on pas enfin dans quel honteux dénûment croupissent les provinces qui entourent la ville de Rome ? La misère les a dépeuplées. Et quand nous cherchons les conditions de cette profonde misère, que trouvons-nous ? Les plus grandes propriétés, les domaines les plus princiers qu’il y ait au monde. On en a eu hier un relevé semi-officiel. Dans l’Agro-romano les plus petites fermes ont au moins 300 hectares ; il y en a beaucoup qui vont à 5000 hectares. Cet Agro-romano, dont la surface dépasse 2000 kilom. c., est la propriété de 113 familles et de 64 congrégations. Les terrains s’afferment de 8 à 18 fr. l’hectare. Dites, que pensez-vous de leur état de culture ? (Mon. univ. 1/10/54). Dans la province de Velletri, qui est voisine, on signale la ferme de Campo-Morto, qui appartient à une fabrique (main-morte ecclésiastique), et dont l’étendue est de 85 kilom. c. C’est aujourd’hui encore un asile légal pour les criminels !
46Latifundia Italiam perdiderunt. Cet abus est donc renouvelé de l’antiquité. Le mémoire cité en attribue le renouvellement au népotisme des papes.
47Voici encore, sur la profonde misère des peuples qui cultivent sans posséder, le témoignage d’un observateur impartial, qui parle de pays où il a séjourné : « Quoique la Pologne regorge de biens, le peuple qui les sème et les moissonne n’en est pas moins le plus misérable, le plus mal nourri et le plus mal vêtu de l’Europe continentale... L’Irlande fournit à la marine britannique d’immenses approvisionnements en viandes auxquelles ne touchent jamais la plupart de ceux qui les préparent » (Fr. D’Iv. Bibl. univ. /30, t. 43).
48Devant un abus aussi persévérant et aussi contraire à l’humanité, si vous ne prenez pas en horreur et les grandes propriétés et les majorais qui les perpétuent, ô M. Raudot, je vous loue, vous êtes bien maître de vos impressions. Vous nous offrez en vain comme un modèle d’état social la France avant la Révolution 3. Nous jugeons de l’arbre par les fruits qu’il portait. Nous avons cité les épidémies qui prenaient tout ce que les naissances apportaient et au-delà, les pestes qui enlevaient les deux tiers des habitants des villes, les famines qui changeaient les hommes en animaux immondes et furieux (p. 52, 68, 72, 73). Vous avez l’imprudence de parler de mortalité, et vous ne voyez pas qu’aucune période du 19e siècle n’a élevé les décès à l’effroyable hauteur de la période 1781-5, authentiquement connue par les Mémoires de l’académie des sciences (1783 seqq.) ; – aucune, bien que plusieurs aient eu des naissances plus nombreuses ; aucune, entendez-vous, pas même celle qui a été frappée tout à la fois par la disette, par les convulsions contre-révolutionnaires et par le choléra asiatique. Aucune année de notre siècle n’a vu les décès égaler les naissances, comme ils les ont égalées, que dis-je, surpassées (1779, 1783) en cette période fatale, qui, montrant à nu le fond putride de l’abîme monarchique, sonnait l’heure de le combler. Vous vous étonnez que, de 1800 à 1816, on ait eu D < que sous Louis XVI et sous Louis-Philippe, et vous supposez en conséquence que, sous l’empire, aucun décès militaire n’était inscrit aux registres de l’état-civil : hypothèse gratuite, puisque la mortalité de l’époque impériale était nécessairement diminuée par la diminution des naissances résultant de l’abandon du travail ; hypothèse démentie par les faits, comme nous l’avons prouvé ailleurs4, et comme nous le montrerons encore ici, ch. VII, § 2. Tous vos calculs sont faussés par cette vaine supposition, et le sont doublement par l’omission de la correction des mort-nés, omission que l’on vous a reprochée ailleurs (p. 48). Vous n’avez donc dessiné de l’ancienne Population de la France qu’un portrait imaginaire, que vous vous êtes vainement efforcé d’embellir. Incorrect dans vos calculs, vous êtes, ce qui est pis, inexact dans vos citations. Lavoisier, selon vous, aurait trouvé, calculant P’, une surabondance de 307 746. Il n’a trouvé que 217 746 (Collection écon. Guillaumin, t. 14)5. Vous vous gardez bien de dire que son calcul porte la Population entière de la France, pour 1780, à 25 millions seulement ; ce serait avouer votre condamnation. Nous ne voulons juger sévèrement ni votre réticence ni votre intempérance de chiffres : nous n’y voyons qu’un effet décevant de votre brillante facilité d’écrire. Vous n’êtes pas capable de mentir, mais vous êtes bien capable de voir trouble et de voir double, quand vous mouillez trop vos lèvres à la coupe du fanatisme royaliste.
49Concluez avec nous, et par l’histoire de notre pays et par celle de tous les pays qui nous touchent, que la grande propriété, individuelle ou de main-morte, est stérilisante de sa nature ; et ne lui attribuez plus les bienfaits dus à la culture grande et éclairée. Convenez que, plus on augmente le nombre des personnes intéressées à une bonne culture, plus on est sûr d’y arriver. Ne criez plus au morcellement indéfini du sol. Vous devez savoir que c’est une erreur aussi grosse, plus grosse que celle de l’accroissement indéfini de la Population ; que, dès que les subsistances seront arrivées à leur complet développement, il en sera de même de la quantité de Population, époque qui n’est pas éloignée pour la France ; et que, dès qu’il n’y aura plus de propriété dépassant l’area qu’une famille peut cultiver, la division du sol sera irrévocablement arrêtée.
50Prétendrez-vous que la grande culture soit impraticable avec la petite propriété ? Vous nous pousseriez vers la propriété collective du baron de Colins, qui raisonne comme il suit (Qu’est-ce que la Sc. soc.) :
51« Tout intérêt, loyer, fermage, est un impôt, que l’économe lève sur le prodigue, le prévoyant sur le mangeur, l’heureux sur le malheureux. « Le fermage, dit Ricardo, retombe toujours sur le consommateur, jamais sur le fermier » ; ce que Thiers traduit en ces termes : « L’impôt foncier enchérit le pain et la viande ; il se répartit en proportion de ce que chacun consomme ; il devient partie intégrante du prix des choses » ; et ce que Maury avait exprimé avant eux : « Tout impôt sur la terre est un impôt sur le blé ». D’où il résulte nettement que tout impôt est un droit de consommation. Colins adhère à ces maximes, et ne les trouve pas en contradiction avec la loi offre/demande. Pourtant, si cette loi règle le prix de toute marchandise, qu’y fait l’impôt ? Comment peut-il enchérir le pain et la viande ? – Il rend la production plus coûteuse, partant la diminue, et accroît le rapport demande/offre. Si ce que le cultivateur paie en fermage, il le payait en engrais ou en amendement ou en cheptel, son champ, au lieu de lui rendre comme 2 1/2 produirait comme 5. Il est donc vrai que fermage, loyer, intérêt, comme tout impôt, diminue l’offre, pèse d’autant sur le demandeur, et comprime et restreint en proportion la consommation. Les propriétaires napolitains ne laissent à leur métayer qu’un tiers de son produit (Lullin, L. sur l’Italie, 2e éd., p. 261)... Or, on conçoit que l’impôt payé à l’État soit une nécessité sociale, comme condition des services que l’État rend actuellement, des sûretés qu’il établit et maintient. Conçoit-on quelque chose de pareil relativement au détenteur non-cultivateur, à celui qui détient et possède sans travail le sol ou l’atelier qui ne produira que par le travail ? On voit la raison que la société a d’imposer en faveur de, l’État : en a-t-elle autant d’imposer en faveur des individus ? L’impôt qui ne pèse pas également sur tous, est-il un impôt juste, un impôt social ? Et peut-on dire que cet impôt pèse également sur tous, qui est levé sur quelques-uns en faveur de quelques-uns, levé sur un grand nombre en faveur d’un petit ? Cet impôt à la personne est un incontestable privilège, dans le sens propre et vrai du terme, et une incontestable dérogation au principe d’égalité. Or, comme il n’y a pas de société où il n’y a pas égalité de droits, l’auteur conclut que la société n’est pas apte à imposer en faveur des personnes, que cela est contre son essence, que cet impôt inique n’a pas été établi par elle, mais par la force masquée en droit, et que c’est à elle, à la société vraie, à le révoquer, dans la mesure, la limite et le temps que dicteront ses vrais principes et ses vrais intérêts... C’est à la société, dit-il : car elle seule a le droit de disposer de son bien, même aliéné. Les individus ou fractions sociales, qui prétendraient faire justice de ces privilèges par d’autres moyens que la conviction et l’adhésion réciproques, commettraient la même usurpation que les individus et classes qui se les sont arrogés.
52Telle est, selon lui, l’iniquité de certaines appropriations. Il prétend que cette vérité bourrèle la conscience de tous les auteurs de l’économisme qui méditent et raisonnent de bonne foi. Il n’a échappé à aucun d’eux que la société n’a pas intérêt à l’impôt de classe. Le voulant défendre comme conservateurs, ils ont été poussés à chercher, dans les idées abstraites et alambiquées d’une prétendue justice, l’appui qu’ils ne trouvaient pas dans la solidité de l’intérêt commun. Ils ont pour cela faussé l’idée de la justice. L’individu est tenu à l’engagement qu’il a pris envers son pair, quel que soit pour lui le détriment ou le profit de cet engagement. La société ne peut prendre envers personne d’engagement contraire à l’intérêt général. L’intérêt général est donc l’idée même de la justice sociale : l’un est à l’autre ce que la cause est à l’effet, ce que le corps colorant est à la couleur. Colins conclut que tout le mal vient de l’appropriation du sol.
53Pour nous qui ne savons pas trouver dans l’ouvrage du prolétaire Colins les preuves de ses assertions, nous n’avons pas de peine à concevoir une grande culture communale ou cantonale, alliée à la répartition du sol entre les familles agricoles, – l’association de l’art dans la division de la possession, l’unité du travail dans la multiplicité des producteurs. Bouchardat a prouvé que la division du sol influe heureusement sur le bien-être de ceux qui le cultivent (Ann. agr., t. 18, p. 305). On démontre en Suisse que ce bien-être peut être affermi, sans réagglomérer la propriété, par l’association des moyens d’exploitation. Le canton de Vaud est renommé à la fois pour la bonne répartition de son sol et pour ses associations agricoles : il a des fromageries communes dans presque tous les villages, des bergeries sociétaires, des instruments aratoires en commun. Il n’est pas moins remarquable par la vitalité de ses habitants que par leur intelligent travail. Il fournit la preuve de leur bien-être dans la durée de leur vie, qui surpasse celle de tous les autres cantons à l’exception de Genève (Franscini).
54Le travail isolé pouvait convenir à l’agriculteur, quand la terre n’obéissait qu’à l’effort de ses bras. Désormais elle obéit à son regard. Ce n’est plus une espérance, c’est un fait officiel : la vapeur se fait laboureur, nous avons la déclaration solennelle d’un ministre de l’agriculture. Déjà J.-B. Say, dans son Traité imprimé il y a 40 ans, parlait de la machine à battre le blé comme généralement employée en Angleterre. On vient d’introduire dans les rizières d’Arcachon (Gironde la moissonneuse du même pays. Ainsi, le cultivateur, qui vivait le dos courbé sur la glèbe, se tiendra le corps droit et la tête levée derrière l’agent mécanique, qui va défricher, labourer, semer, herser, moissonner et battre pour lui. Seulement il ne faut pas, après avoir constaté publiquement cette application nouvelle du génie de l’homme, après avoir proclamé que désormais c’est la vapeur qui travaille, laisser la vapeur s’exhaler sans action et l’engin se rouiller sous le hangar. Il faut que la machine soit multipliée et qu’elle fonctionne par un soin incessant, qu’elle soit partout en disponibilité, prompte au désir de tout possesseur de sol qui aura le bon esprit de vouloir jouir de ses avantages. Il faut être plus tenace à propager le progrès que le paysan ne l’est à garder la routine ; il faut se ressouvenir du pré fumé au plâtre par Franklin.
Notes de bas de page
1 Les revenus du clergé anglican dépassent 236 millions de francs, en dîmes, casuel, produits des collèges, etc. (J. soc. fr. stat., 1832).
2 Le recensement de 1851 en compte plus de 6 millions et demi ; mais, quant au nombre des familles, il y a souvent double emploi, parce que le recensement omet d’indiquer l’état civil des propriétaires du sexe féminin. Cette omission laisse un doute sur le nombre réel des familles cultivant la terre.
3 L’un des ouvrages par lesquels M. Raudot s’efforce de ramener notre pays à son vomissement.
4 Journ. écon. /5 /54, t. 2 de la 2e série, p. 263.
5 Voyez encore, si vous pouvez l’obtenir de quelqu’une de nos bibliothèques publiques, le Journ. d’éc. publ. ou la Collection de Rœderer.
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