Chapitre 6
Des voisins inégaux ? Modèles familiaux en France et en Allemagne1
p. 145-164
Texte intégral
Introduction
1En matière de fécondité, la France et l’Allemagne font souvent figure de voisins inégaux (Salles et al., 2010 ; Fagnani, 2002). La France présente l’un des taux de fécondité les plus élevés d’Europe, l’Allemagne l’un des taux de fécondité les plus bas. Cet écart est en général attribué à des facteurs structurels, en particulier aux mesures visant à concilier vie professionnelle et vie familiale, telles que les infrastructures d’accueil pour la petite enfance. Une abondante recherche a en effet mis en évidence un lien entre les politiques de conciliation entre travail et famille et les niveaux de fécondité comparativement plus élevés en France et dans les pays nordiques (Gauthier, 2007 ; McDonald, 2005 ; Hantrais, 2004). Cependant, les facteurs structurels ne peuvent à eux seuls expliquer l’écart entre la France et l’Allemagne, car le gouvernement allemand a mis lui aussi en œuvre diverses réformes pour faciliter la conciliation entre travail et famille. Même si le taux de fécondité a augmenté outre-Rhin ces dernières années, il reste à un niveau relativement bas. L’Allemagne est ainsi l’un des rares pays d’Europe à se caractériser par une forte participation des mères au marché du travail et un taux relativement élevé de prise en charge extérieure de la petite enfance, tout en affichant un faible indice de fécondité. De fait, plusieurs études observent un effet limité des mesures politiques (Luci-Greulich et Thévenon, 2013 ; Toulemon et al., 2008).
2Les facteurs culturels peuvent aussi contribuer à expliquer les écarts de niveau de fécondité entre les deux pays (Ruckdeschel, 2012 ; Salles et al., 2010 ; Fagnani, 2002) et apporter un certain éclairage sur les effets limités des réformes de politique familiale en Allemagne. Alors que l’on observe en France une pression sociale à concevoir (Debest et Mazuy, 2014), une certaine acceptation de l’infécondité semble émerger en Allemagne (Salles, 2016 ; Sobotka, 2008 ; Dorbritz, 2008). Dans une moindre mesure, ces différences culturelles se retrouvent également au sein même de l’Allemagne : à bien des égards, l’est semble présenter plus de points communs avec la France qu’avec l’ouest, et cela plus de trente ans après l’unification (BMFSFJ, 2015). En d’autres termes, les différences de niveau de fécondité entre la France, l’ouest de l’Allemagne et l’est de l’Allemagne pourraient également être associées à des « normes relatives à la fécondité » différentes (Liefbroer et al., 2015 ; Liefbroer et Billari, 2010). L’influence sociale, définie ici comme la disposition à se conformer à des normes largement acceptées, explique en effet pourquoi les attitudes à l’égard de la fécondité ne suivent pas le rythme des réformes ou des changements économiques. Il faut du temps pour que les réformes de politique familiale agissent sur les comportements de fécondité (Salles et al., 2010 ; Rossier et Bernardi, 2009). Cependant, l’examen du lien entre normes sociales et fécondité s’est révélé difficile en raison du manque de données disponibles.
3L’objectif de ce chapitre est de combler ces lacunes en recourant au concept culturel de « modèle dominant » (Leitbild en allemand), qui sera présenté plus loin. Afin d’analyser les effets des normes et du contexte social, ce concept est étudié à deux niveaux : individuel (à partir des réponses à des questions sur les opinions personnelles – « ce que vous pensez vous-même ») et sociétal (à partir des réponses à des questions sur les opinions collectives – « ce que pensent les gens en général »). Le terme « sociétal » sert donc ici à décrire les représentations individuelles des opinions collectives, à partir des réponses sur « ce que pensent les gens en général », par opposition aux réponses sur les opinions individuelles. Après un bref rappel du contexte démographique des deux pays étudiés, les réponses aux questions sur les modèles individuels et sociétaux sont mises en regard des situations individuelles pour montrer les logiques à l’œuvre sur deux aspects des comportements de fécondité – le fait de rester sans enfant d’une part, les familles nombreuses d’autre part –, ainsi que sur certaines normes de fonctionnement et d’organisation des couples.
I. Des différences persistantes sur le long terme
1. Fécondité et politiques familiales
4Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la fécondité s’est maintenue à un niveau plus élevé en France que dans l’ouest de l’Allemagne. Alors que l’écart, stable depuis 1970 autour de 0,4 enfant par femme, s’était creusé entre 2000 et 2010, il se resserre depuis peu. L’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF2) a en effet légèrement augmenté en Allemagne ces dernières années et quelque peu diminué en France, pour atteindre respectivement 1,56 et 1,83 enfant par femme en 2019 (figure 1). Pour les personnes nées en 1970, la descendance finale atteint 1,5 enfant par femme en Allemagne, contre 2 en France (Destatis3 ; Insee). À l’est, l’ICF a évolué de manière très similaire à l’ouest jusqu’au début des années 1970. La mise en place d’une politique de soutien aux naissances axée sur la conciliation entre travail et famille s’est accompagnée reprise de la fécondité dans les années 1970-1980, conduisant à une descendance finale de 1,8 enfant pour les femmes nées dans la seconde moitié des années 1950, comparé à 1,6 dans l’ouest de l’Allemagne. Après la chute du mur de Berlin, la fécondité s’est effondrée à l’est, passant à 0,8 enfant par femme en 1993-1994, ce qui s’explique notamment par les incertitudes qui ont accompagné l’unification, avec la mise en place d’une économie de marché, et par l’extension de la politique familiale ouest-allemande, qui encourage le retrait partiel des femmes du marché du travail. L’ICF a beaucoup augmenté depuis à l’est et dépasse légèrement le niveau ouest-allemand depuis une dizaine d’années. La forte baisse de la fécondité dans les années 1990 a cependant induit un net recul de la descendance finale, qui est actuellement comparable dans les deux parties de l’Allemagne.
Figure 1. Indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) en France, dans l’ouest de l’Allemagne et dans l’est de l’Allemagne, 1950-2019

Note : les données concernent l’ouest de l’Allemagne, y compris l’ouest de Berlin jusqu’en 2000, et l’est de l’Allemagne, y compris l’est de Berlin jusqu’en 2000. À partir de 2001, elles ne tiennent pas compte de Berlin. À partir de 2011, l’ICF tient compte, en Allemagne, des résultats du micro-recensement. En France, les données sont provisoires depuis 2018. Lecture : en 2019, l’indicateur conjoncturel de fécondité s’élevait à 1,83 enfant par femme en France, et à 1,56 enfant par femme à l’est et à l’ouest de l’Allemagne.
Sources : Destatis (Allemagne) ; Insee (France).
5L’écart de fécondité entre la France et l’Allemagne s’explique par un niveau d’infécondité plus bas et une part plus élevée de familles nombreuses en France qu’en Allemagne (Kreyenfeld et Konietza, 2017 ; Köppen et al., 2017 ; Bujard et Sulak, 2016 ; Hornung, 2011 ; Prioux, 2007). Sur l’ensemble des femmes nées en 1970, près de 30 % ont trois enfants ou plus en France, contre moins de 17 % en Allemagne. La France présente également une plus faible proportion de femmes avec un seul enfant (figure 2).
6Alors que l’ICF est presque identique dans les deux parties de l’Allemagne, la répartition des mères selon le nombre d’enfants reste très différente. Dans l’est de l’Allemagne, 36 % des femmes nées entre 1968 et 1972 ont un seul enfant, contre 22 % à l’ouest (et 18 % en France). Cette partie du pays compte ainsi presque autant de femmes avec un seul enfant que de femmes avec deux enfants, mais nettement moins de familles nombreuses qu’à l’ouest. Néanmoins, l’ICF est légèrement plus élevé dans les nouveaux Länder, parce que l’infécondité y est moins répandue.
Figure 2. Répartition des femmes selon le nombre d’enfants en France, dans l’ouest de l’Allemagne et dans l’est de l’Allemagne (%)

Champ : femmes nées entre 1968 et 1972. Lecture : dans l’ouest de l’Allemagne, 23 % des femmes nées entre 1968 et 1972 n’ont eu aucun enfant.
Sources : Köppen et al., 2017 ; Statistisches Bundesamt, Mikrozensus, 2008.
7Les naissances hors mariage sont moins fréquentes à l’ouest (environ 30%) qu’à l’est et en France (60 %) [Destatis ; Insee]. Cela peut être en partie lié à la politique familiale, dans la mesure où certaines aides, notamment fiscales, sont ciblées sur les personnes mariées en Allemagne, ce qui est moins le cas en France. Dans l’ex-RDA en revanche, la politique familiale en faveur des mères célibataires a incité les parents à avoir leur premier enfant hors mariage et à reporter ce dernier. Cette tendance a affaibli le lien entre enfants et mariage, et a contribué à remettre en question l’institution du mariage après l’unification (Salles, 2006).
8Si l’unification s’est accompagnée d’un rapprochement entre les deux parties de l’Allemagne sur certains aspects, comme le niveau de fécondité ou l’âge moyen à la naissance d’un enfant, des différences subsistent, entre autres une norme parentale plus forte, un attachement des mères à l’emploi – en particulier à temps plein – et une plus grande acceptation de la prise en charge extérieure des enfants (Salles, 2017), autant de particularités de l’est de l’Allemagne qui ne sont pas sans rappeler la situation française. Le maintien de telles différences trente ans après l’unification pourrait s’expliquer par le phénomène de socialisation – en d’autres termes l’impact du modèle véhiculé par les parents et le vécu pendant l’enfance (Schiefer et Naderi, 2015).
9Pour autant, les politiques familiales sont souvent mises en avant pour expliquer les disparités démographiques des deux pays. Celle de la France est axée depuis longtemps sur le soutien aux familles nombreuses. Les aides aux familles augmentent en effet avec le nombre d’enfants et se révèlent particulièrement importantes à partir du troisième enfant, qu’il s’agisse des allocations familiales, des aides fiscales comme le quotient familial ou encore du congé parental. En Allemagne, ces aides sont, dans une large mesure, indépendantes du rang de naissance de l’enfant.
10En outre, si la France favorise depuis longtemps une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale par le biais d’une offre d’accueil diversifiée et d’un soutien financier pour la prise en charge extérieure des enfants, c’est relativement nouveau pour l’ouest de l’Allemagne. Jusqu’au milieu des années 2000, il était en effet assez difficile pour les mères ouest-allemandes de concilier travail et famille, en raison d’infrastructures d’accueil limitées pour les enfants de moins de 3 ans. La situation a changé depuis 2005, avec l’essor de l’offre de garde, la mise en place en 2013 d’un droit opposable à une place d’accueil pour les enfants âgés de 1 an à 3 ans et une réforme du congé parental sur le modèle suédois. Le congé parental allemand est assorti d’une allocation parentale s’élevant à 65 % du salaire précédemment perçu4, versée sur une période de douze mois, à laquelle s’ajoutent deux mois pour le deuxième parent (non transférables). Les parents peuvent se partager le congé à leur guise, par exemple à raison de sept mois par parent, ensemble ou séparément. Il est alternativement possible d’opter pour une allocation à taux réduit (37,5 % du salaire) pendant vingt-quatre mois, à laquelle s’ajoutent quatre mois pour le deuxième parent. Le cadre légal permet une utilisation très flexible du congé parental. En d’autres termes, l’Allemagne s’est engagée dans une politique active de conciliation entre travail et famille.
2. Représentations collectives et opinions individuelles
11Les disparités dans les modèles de vie familiale ont souvent été expliquées ces dernières années par la théorie du choix rationnel. Celle-ci permet en effet d’éclairer certaines tendances, comme une faible fécondité chez les femmes les plus diplômées, pour lesquelles le coût d’opportunité est le plus élevé et les aspirations alternatives plus nombreuses (Ajzen, 1991). Néanmoins, elle ne permet guère d’interpréter d’autres faits qui ont pu être observés, comme la persistance d’une répartition traditionnelle des tâches au sein de couples présentant le même niveau de rémunération (Aassve et al., 2014). Certaines études associent aux facteurs institutionnels des arguments culturels (Pfau-Effinger, 2004, 1996). La présente analyse se réfère au concept de « modèle dominant » qui développe ces approches en décrivant plus précisément les caractéristiques culturelles (Lück et al., 2017 ; Diabaté et Lück, 2014).
12L’expression « modèle dominant » désigne un ensemble de conceptions collectivement partagées d’un statut ou d’un processus « normal », c’est-à-dire largement répandu, attendu socialement et/ou désiré personnellement. Autrement dit, il s’agit d’un « ensemble de représentations (mentales ou verbalisées), socialement partagées, d’un avenir souhaité ou souhaitable et qui est censé pouvoir être réalisé à l’aide d’actions appropriées » (Giesel, 2007, p. 245). Les modèles dominants peuvent porter sur des questions familiales, comme ce que l’on entend par une famille (Lück et Ruckdeschel 2018), le nombre d’enfants ou le bon moment pour les avoir. Birgit Pfau-Effinger (2004, p. 382) définit les modèles dominants comme des « représentations, normes et valeurs de l’idéal sociétal relatives à la famille et à l’intégration sociétale des femmes et des hommes ».
13Un modèle dominant peut influencer le comportement individuel par le biais de trois mécanismes connexes (Lück et al., 2017) :
- la motivation de l’acteur à mettre en pratique ses désirs personnels (comme les attitudes, préférences ou valeurs) ;
- la motivation à satisfaire les attentes sociales des autres et à éviter l’exclusion sociale (comme les normes prescriptives se référant à la pression sociale) ;
- le suivi non réfléchi des routines ou pratiques sociales afin d’économiser du temps et des efforts (comme les cadres et les scénarios s’ils sont considérés comme communs et évidents).
14Cependant, le concept de modèle dominant suppose que les conceptions de la normalité rassemblent la plupart du temps les trois aspects, et que ceux-ci soient interdépendants. En ce sens, les modèles dominants sont beaucoup plus complexes que la plupart des concepts culturels.
15Cela implique également qu’ils se situent à la fois au niveau microsocial et au niveau macrosocial :
- au niveau microsocial, parce que chaque individu a des modèles de comportement en tête, qui peuvent différer de ceux des autres ; par conséquent, les différences de comportement familial peuvent être expliquées en se référant à des modèles personnels ou individuels ;
- au niveau macrosocial, parce que les modèles dominants tendent également à être partagés par de nombreux individus au sein d’une société ou d’un groupe social et peuvent donc expliquer les différences de comportement, et apparaître comme modèles collectifs ou culturels.
16Ces modèles dominants influencent le comportement en même temps que la réflexion rationnelle et la prise de décisions. Cependant, les individus ne sont pas nécessairement ni systématiquement conscients qu’ils suivent des modèles dominants. Ils peuvent tout à fait envisager leur comportement comme le résultat d’une décision personnelle (Rossier et Bernardi, 2009), construit par opposition à un modèle dominant.
17Dans notre comparaison, les modèles de comportement sont supposés différer au niveau individuel et collectif en France et en Allemagne, et entre l’ouest et l’est de l’Allemagne, en raison d’héritages historiques et de cadres institutionnels distincts. Ceux-ci ont affecté différemment les modèles de comportement à travers les normes relatives à l’infécondité, aux familles nombreuses, aux rapports de genre et au couple. C’est pourquoi l’étude se concentre, d’une part, sur les modèles individuels en tant que produits manifestes des normes et, d’autre part, sur les opinions perçues dans la société, à partir des réponses à des questions concernant l’« opinion générale ».
II. Situations familiales et représentations des modèles dominants
1. Des modèles différenciés ?
18L’écart de niveau de fécondité entre les deux pays s’explique en particulier par l’ampleur de l’infécondité dans l’ouest de l’Allemagne, un grand nombre de familles à un seul enfant à l’est et la part élevée de familles nombreuses en France. Par conséquent, l’hypothèse formulée ici est que les modèles relatifs au nombre d’enfants sont distincts dans les trois zones envisagées. La permanence de spécificités est-allemandes, parfois proches de la situation en France – comme la part élevée de naissances hors mariage ou la faible proportion de femmes sans enfant –, soulève la question de savoir si les nouveaux Länder ne se rapprochent pas davantage de la France que du reste de l’Allemagne.
19Les données disponibles ne permettant pas d’étudier le lien entre les modèles dominants et le nombre d’enfants qu’auront les personnes au terme de leur vie féconde, l’étude se concentre ici sur les intentions de fécondité, c’est-à-dire sur le nombre souhaité d’enfants. Il est supposé que, dans les trois régions, les individus sont convaincus par leurs modèles personnels et leur comportement. En d’autres termes, les personnes qui souhaitent rester sans enfant considèrent l’infécondité comme quelque chose de normal, tandis que celles qui veulent au moins trois enfants voient les familles nombreuses sous un jour positif. Les intentions contraires aux leurs ne sont pas perçues comme des normes. L’hypothèse émise est que l’infécondité est considérée comme étant acceptée sur le plan sociétal dans l’ouest de l’Allemagne et, dans une moindre mesure, dans les nouveaux Länder, mais pas en France, et au contraire que les familles nombreuses sont socialement acceptées en France, alors que ce désir ne répond pas aux attentes sociales en Allemagne – à l’ouest, et plus encore à l’est.
20Un autre facteur de différenciation entre les régions est la plus faible proportion de naissances hors mariage dans l’ouest de l’Allemagne par rapport à la France et aux nouveaux Länder, ce qui suggère un plus grand attachement aux valeurs traditionnelles relatives à la conception du couple. Par conséquent, dans l’ouest de l’Allemagne, l’infécondité pourrait être liée à un certain rejet du mariage et des modèles traditionnels de rapports de genre au niveau individuel. En France et dans l’est de l’Allemagne, cela ne devrait pas avoir d’influence.
21L’effet de la politique familiale est appréhendé par l’importance accordée à la sécurité financière dans le couple. Les répondants qui souhaitent avoir des enfants ne devraient pas attacher autant de poids à la situation financière en France – où l’État est supposé soutenir les familles – qu’en Allemagne. Ces écarts devraient se retrouver au niveau sociétal dans chacun des deux pays.
2. Une enquête allemande reprise dans Elipss
22Les données d’enquête analysées ici ouvrent de nouvelles perspectives pour comparer les modèles familiaux en France et en Allemagne. Elles s’appuient sur une nouvelle méthode de mesure de l’opinion générale. Pour ce faire, les questions ont été posées à deux niveaux : en premier lieu, des opinions personnelles sur des sujets en lien avec la famille, puis la perception d’une norme sociétale sur le même sujet, afin de comparer l’opinion personnelle des répondant·es avec l’opinion générale telle qu’elles et ils la perçoivent. Dans la pratique, cela signifie que les enquêté·es se sont vu d’abord poser les questions sur un mode personnel. Par exemple : « Aujourd’hui, c’est normal de ne pas avoir d’enfant. Êtes-vous personnellement d’accord ? » Puis, il leur a été demandé : « Et qu’en pensent les gens en général ? » pour mesurer la perception d’une norme collective, appelée « sociétale » parce qu’elle se réfère à la perception de ce qu’est la norme dominante dans la société.
23L’enquête allemande Familienleitbilder a été conduite en 2012 par le Bundesinstitut für Bevölkerungsforschung sous la forme d’une enquête téléphonique. La population cible était composée de personnes âgées de 20 à 39 ans vivant en Allemagne. L’enquête a été spécialement conçue pour explorer les aspects culturels liés aux questions familiales, et l’échantillon* comprenait 5 000 répondant·es (3 986 à l’ouest, 1 014 à l’est) [Diabaté et al. 2019]. L’enquête française Situation de couple, intentions de fécondité et opinions sur la famille5 a été réalisée en 2013, au tout début du panel* Elipss. À cette date, l’échantillon pilote d’Elipss était de petite taille et, comme l’étude porte uniquement sur les répondant·es âgé·es de 18 à 40 ans, elle ne concernait que 340 personnes.
24La mise en regard des deux enquêtes représente de ce fait un défi. Néanmoins, l’étude présente l’avantage de disposer de réponses à des questions sur les modèles de comportement dont la formulation est identique en France et en Allemagne, ce qui permet la comparaison. Les deux enquêtes offrent ainsi, pour la première fois, la possibilité de confronter la France et l’Allemagne en matière de modèles familiaux. Seules sont décrites et interprétées les différences significatives* au seuil de 5 %. Toutes les questions de l’enquête allemande n’ont pas pu être reprises dans l’enquête française, certaines parce qu’elles étaient trop spécifiques, comme celles sur l’acceptation de la prise en charge extérieure des enfants de moins de 3 ans : s’il est courant, en Allemagne, de considérer qu’un très jeune enfant souffrira d’être pris en charge à l’extérieur (Ruckdeschel, 2015), la question des modes de garde ne se pose pas dans ces termes en France, au point que la question peut paraître incompréhensible. Malgré ces limites, la réplication en France de l’enquête allemande permet d’apporter un éclairage complémentaire sur la comparaison entre les deux parties de l’Allemagne et met aussi en évidence des résultats inattendus pour la France.
25L’impact des modèles familiaux sur les intentions de fécondité est analysé à partir des questions d’opinion portant sur l’infécondité, les familles nombreuses et le couple. Il était demandé aux répondant·es de formuler leur opinion personnelle (« Vous-même personnellement, que pensez-vous de… ») sur un certain nombre d’affirmations portant sur ces différents sujets :
- au sujet de l’infécondité : « De nos jours, c’est normal de ne pas avoir d’enfant » ;
- au sujet des familles nombreuses : « Avoir beaucoup d’enfants, c’est merveilleux », « Seules les familles qui en ont les moyens devraient avoir beaucoup d’enfants » ;
- au sujet du couple : « Pour qu’un couple fonctionne bien, il faut absolument… Que dans le doute ce soit plutôt l’homme qui décide / Que le couple n’ait pas de problèmes financiers / Que le couple ait des enfants » ;
- au sujet de la représentation du mariage : « Le mariage est une institution dépassée. »
26La même échelle de réponses a été utilisée pour l’ensemble des questions (BiB, 2016), en quatre items : « Tout à fait d’accord », « Plutôt d’accord », « Plutôt pas d’accord » et « Pas du tout d’accord », la réponse « Ne sait pas » étant possible. Presque toutes les questions étaient suivies de la relance complémentaire : « Et, à votre avis, que pensent les gens en général ? », les mêmes modalités de réponses étant proposées. Afin d’étudier le lien entre modèles dominants et intentions de fécondité, l’étude compare des groupes avec des intentions de fécondité différentes. À l’instar de Hagewen et Morgan (2005), les intentions de fécondité sont interprétées comme un « déterminant immédiat » du comportement réel, sachant qu’il n’est pas certain que ces intentions de fécondité soient finalement réalisées. La variable « nombre d’enfants souhaité » désigne le nombre d’enfants qu’une personne interrogée a déjà, auquel s’ajoutent le nombre d’enfants supplémentaires désirés et les éventuelles grossesses en cours (Sobotka, 2009 ; Liefbroer, 2009).
27Afin de rendre les données représentatives* de la population dans chacun des pays, une variable de pondération* est disponible pour chacune des enquêtes6 et appliquée lors de l’analyse descriptive (tableau 1).
28Le taux de non-réponse* était élevé dans l’enquête française (environ 18 %7 sur les questions relatives au modèle dominant), tandis que les réponses manquantes sont très peu nombreuses dans les données allemandes (de l’ordre de 1 %). Cela pourrait s’expliquer par le fait que certaines questions sont plus adaptées au public allemand. Mais cet écart tient probablement davantage au mode de collecte des données, qui diffère d’un pays à l’autre : en Allemagne, les entretiens ont été menés par téléphone, sans proposer de manière explicite la possibilité de ne pas répondre ; en France, les questionnaires ont été complétés par les personnes interrogées sur des tablettes où les réponses « Ne sait pas » figuraient parmi l’ensemble des réponses possibles.
29En raison des effectifs réduits dans l’enquête française, le modèle de régression* mis en place n’inclut qu’un nombre restreint de variables* : l’âge, le sexe, la situation de couple et le niveau d’éducation. L’étude compare les personnes sans enfant qui souhaitent le rester, celles souhaitant un seul enfant et celles en souhaitant au moins trois avec la famille « standard », c’est-à-dire les répondant·es qui indiquent souhaiter deux enfants exactement. Dans la mesure où l’est de l’Allemagne s’est souvent montré plus proche de la France sur certains points, par exemple sur l’acceptation de la participation des femmes au marché du travail et sur la prise en charge extérieure des enfants (Ruckdeschel, 2012 ; Salles et al., 2010), les deux régions d’Allemagne sont analysées séparément.
30Dans un premier temps sont comparées les représentations individuelles et sociétales relatives à l’infécondité et aux familles nombreuses, au couple et aux modèles de répartition des rôles en France et en Allemagne (est et ouest). Dans un second temps, l’analyse porte sur le lien entre ces différents modèles dominants et les intentions de fécondité pour les trois régions.
III. Des modèles très différents entre l’Allemagne et la France
1. Infécondité en France et familles nombreuses en Allemagne
31Les résultats concernant l’affirmation « De nos jours, il est normal de ne pas avoir d’enfant » confirment que l’infécondité semble bien acceptée en Allemagne, tant au niveau individuel que sociétal (tableau 1). Il est surprenant de constater qu’il n’y a pas de grandes différences entre les deux régions allemandes, bien qu’elles diffèrent considérablement par leur niveau d’infécondité (cf. figure 2 supra). En France, en revanche, il semble que l’infécondité soit mieux acceptée à l’échelle individuelle que sociétale, si l’on en juge par la manière dont les répondant·es rendent compte de leur perception de la société dans laquelle elles et ils vivent. Toutefois, le taux d’acceptation reste nettement inférieur à celui de l’Allemagne, tant au niveau individuel que sociétal.
32En Allemagne, les familles nombreuses sont valorisées individuellement, mais semblent ne pas l’être socialement. Autrement dit, seule une minorité de répondant·es pensent que les gens en général estiment merveilleux d’avoir beaucoup d’enfants (tableau 1). En outre, les familles nombreuses ne sont considérées comme un choix valorisé que pour les parents qui peuvent faire face aux dépenses, comme en témoigne l’évaluation de la phrase « Seules les familles qui en ont les moyens devraient avoir beaucoup d’enfants ». En effet, elles sont souvent stigmatisées outre-Rhin, où elles sont souvent perçues comme vivant de l’aide sociale (Diabaté et al., 2015), ce qui peut être lié à une politique familiale moins axée sur les familles nombreuses en Allemagne qu’en France. Elles sont mieux acceptées à l’ouest qu’à l’est, ce qui n’est guère surprenant puisqu’elles sont plus répandues à l’ouest (cf. figure 2 supra).
33Si les bonnes conditions financières comptent dans les deux pays, elles sont plus souvent perçues comme la clé du succès d’un couple en Allemagne qu’en France (tableau 1, « Pour qu’un couple fonctionne bien, il faut absolument qu’il n’ait pas de problèmes financiers »). Par ailleurs, la réussite d’un couple semble plus fortement liée à la présence d’enfants en Allemagne qu’en France, notamment à l’échelle de la perception individuelle (tableau 1, « Pour qu’un couple fonctionne bien, il faut absolument qu’il ait des enfants »). S’il n’y a guère de différences concernant le mariage, l’item affirmant que c’est plutôt à l’homme de prendre les décisions en cas de doute révèle de forts écarts au niveau individuel, ce qui suggère une plus grande valorisation de l’égalité en France qu’en Allemagne dans la prise de décisions au sein des couples.
Tableau 1. Part de personnes « d’accord » ou « tout à fait d’accord » avec diverses opinions relatives à la famille et au couple, en France et en Allemagne (%)

2. Modèles dominants et comportements familiaux
34Dans un second temps, les liens entre modèles dominants et intentions de fécondité ont été étudiés en utilisant le nombre total d’enfants souhaité comme variable dépendante*. En raison de la taille différente des échantillons, les variations des réponses selon le nombre d’enfants souhaité apparaissent plus souvent significatives* pour l’Allemagne que pour la France (tableau 2).
35L’hypothèse d’une correspondance étroite entre intentions individuelles et modèles de comportement se confirme en Allemagne. Autrement dit, les personnes qui souhaitent rester sans enfant considèrent l’infécondité comme normale, alors que c’est le contraire pour celles qui souhaitent avoir une famille nombreuse. En France, à l’inverse, les personnes qui souhaitent rester sans enfant ne considèrent pas l’infécondité comme normale et perçoivent également leurs propres intentions comme étant en dehors d’une norme acceptée. Il est ainsi frappant de voir que les répondant·es français·es qui ne souhaitent pas avoir d’enfant rejettent plus que les autres l’opinion « De nos jours, c’est normal de ne pas avoir d’enfant », surtout dans leur réponse individuelle. Cette constatation confirme les résultats d’une étude qualitative menée par Charlotte Debest (2014 ; cf. aussi Debest et Mazuy, 2014). Il semble y avoir, dans la société française, un consensus général selon lequel l’infécondité est une situation indésirable, liée à des circonstances externes comme l’absence de partenaire, des contraintes professionnelles ou des difficultés à concevoir (Salles et al., 2010). Les résultats sont différents pour l’Allemagne. À l’est comme à l’ouest, les personnes sans enfant jugent « normal de ne pas avoir d’enfant », mais perçoivent l’infécondité – donc leur propre projet de vie – comme n’étant pas acceptée socialement. À l’ouest, il en va de même pour les personnes qui souhaitent avoir un enfant unique. Comme celles qui ne souhaitent pas d’enfant, elles rejettent l’idée qu’il est important pour qu’un couple fonctionne bien d’avoir des enfants. Cela est moins vrai à l’est, où il est beaucoup plus fréquent d’avoir un seul enfant. Le niveau d’adhésion à la norme selon laquelle il faut qu’il y ait des enfants pour qu’un couple fonctionne bien y est très similaire parmi les répondant·es qui souhaitent un enfant et ceux et celles qui en désirent deux.
36Les familles nombreuses semblent mieux acceptées en France qu’en Allemagne, où elles sont valorisées sur le plan individuel, mais perçues comme étant stigmatisées par la société. Dans les deux pays, l’intention d’avoir une famille nombreuse repose principalement sur des convictions individuelles fortes qui, dans le cas de l’Allemagne, dépassent même les préoccupations financières. À cette exception près, la fondation d’une famille est, en Allemagne, intimement associée à la sécurité financière, qui constitue un élément intrinsèque du modèle dominant. Cela est moins vrai en France.
37L’étude révèle par ailleurs que les Allemand·es associent plus que les Français·es le bon fonctionnement du couple au fait d’avoir des enfants en commun. Cette différence reflète le lien étroit entre enfants et mariage dans l’ouest de l’Allemagne, comme en témoigne le rejet du mariage par les répondant·es qui ne souhaitent pas d’enfant, et qui peut s’expliquer par le rôle des institutions, certaines prestations comme le quotient conjugal n’étant attribuées qu’aux couples mariés. Même si ce lien s’est affaibli ces dernières années, depuis l’extension de nombreuses aides aux familles dont les parents ne sont pas mariés, le mariage demeure, dans l’ouest de l’Allemagne, le cadre de référence pour élever des enfants. Ce point révèle également que les contraintes financières peuvent être plus fortes en Allemagne qu’en France. Le risque de tomber dans la pauvreté en élevant seul·e des enfants est plus élevé en Allemagne qu’en France (Jaehrling et al., 2011). Néanmoins, les personnes qui ne veulent qu’un seul enfant rejettent le mariage dans l’est de l’Allemagne alors que, à l’ouest, la ligne de séparation semble se situer entre l’infécondité et le souhait d’un ou plusieurs enfants. Autrement dit, les répondant·es à l’ouest s’expriment davantage en faveur du mariage dès le premier enfant, tandis qu’on observe une plus grande propension à l’est à vivre en union libre lorsqu’on souhaite avoir un seul enfant. En témoigne un niveau similaire d’adhésion à l’item « Le mariage est une institution dépassée » chez les personnes sans enfant et chez celles ayant un enfant, à l’est, alors qu’un écart important est observé à l’ouest (tableau 2). Cela confirme une relative décorrélation entre le mariage et les enfants dans l’est de l’Allemagne. En France, les opinions sur le mariage n’offrent pas autant de contraste selon le nombre d’enfants souhaité.
Tableau 2. Lien entre le nombre d’enfants souhaité et les opinions relatives à la famille et au couple (régression multinomiale, odds ratios*)

Tableau 2. suite

Conclusion
38L’objectif de cette recherche était d’approfondir l’étude des différences de fécondité entre la France et l’Allemagne (ouest et est) en partant du concept culturel de « modèle dominant », à la fois au niveau individuel et au niveau sociétal. Si la taille réduite de l’échantillon français limite la portée des résultats observés, les différences entre les trois zones sont statistiquement significatives et apportent des éléments de comparaison. Les individus identifient les modèles de la société dans laquelle ils vivent, comme le montrent les réponses très concentrées autour d’une norme perçue comme dominante par la très grande majorité des répondant·es, et globalement cohérentes avec les comportements familiaux les plus fréquents, les situations rares étant décrites comme « hors norme ». Le plus souvent, les enquêté·es acceptent ces normes et les suivent, mais certain·es n’y adhèrent pas et mettent plutôt en avant leurs propres modèles de comportement. En d’autres termes, elles et ils s’en tiennent à ce qu’elles et ils disent et font. Dans l’ouest de l’Allemagne, cela concerne tous les groupes en dehors de la norme de deux enfants, c’est-à-dire les personnes qui veulent rester sans enfant, celles qui veulent un seul enfant ou celles qui en désirent au moins trois. Leurs intentions sont cohérentes avec leurs modèles de comportement, mais ces personnes croient que les gens en général pensent différemment d’elles. Il en va de même dans l’est de l’Allemagne, à l’exception des personnes qui souhaitent un seul enfant, ce qui peut s’expliquer par un modèle général fort de l’enfant unique dans cette région. Dans l’ensemble, ces attitudes révèlent une opposition significative entre les représentations personnelles et les opinions perçues dans la société, les intentions de fécondité étant cohérentes avec les représentations individuelles. Ces individus se considèrent comme en dehors de la norme sociale, mais valorisent leurs propres modèles de comportement, cohérents avec leur situation et leurs intentions.
39En France, la situation apparaît bien différente. Pour les personnes qui ne souhaitent pas d’enfant, les représentations individuelles sont alignées avec les opinions dominantes perçues dans la société, mais à l’opposé de leurs intentions personnelles. Autrement dit, les répondant·es français·es qui ne souhaitent pas avoir d’enfant ne jugent pas normal, ni dans leur évaluation de l’opinion générale ni même à titre personnel, de ne pas avoir d’enfant, ce qui semble contradictoire avec leur intention de rester sans enfant et suggère une forme d’auto-stigmatisation. Cela met en évidence la prédominance d’un seul modèle de comportement général : avoir des enfants. Par ailleurs, les familles nombreuses ne sont ni survalorisées ni stigmatisées en France, la politique familiale nataliste et la valorisation des familles nombreuses ayant banalisé le fait qu’il est « normal » (ni « merveilleux » ni « déraisonnable ») d’avoir de nombreux enfants. L’Allemagne se caractérise par une approche plus individualiste. Les modèles individuels sont plus forts que les modèles sociétaux, ce qui conduit à un éventail plus large de modèles familiaux à l’échelle individuelle. Il en résulte des sous-groupes plus divers selon les intentions de fécondité, ce qui peut être un indicateur d’une segmentation de la société allemande en milieux familiaux distincts, s’appréciant peu mutuellement. En revanche, on observe une image assez homogène en France, avec un modèle de comportement dominant. Avoir des enfants y est considéré comme une bonne chose : l’infécondité est jugée hors norme, au point que ce modèle dominant peut susciter des pressions sur les personnes qui ne sont pas sûres de vouloir des enfants. Inversement, en Allemagne, le lien entre le fait d’avoir plusieurs enfants et une vision traditionnelle du couple peut provoquer un phénomène de rejet chez les personnes qui n’adhèrent pas à cette approche des rapports de genre.
40Cette étude souligne l’importance des modèles de comportement dans les intentions de fécondité. En outre, elle montre la pertinence des modèles de comportement de la famille qui prévalent dans une société donnée lorsqu’il s’agit d’étudier le lien entre le cadre institutionnel et les décisions en matière de fécondité. Toutefois, comme les bases de données utilisées proviennent de deux enquêtes transversales dont la taille et la mise en œuvre diffèrent, des recherches plus poussées sont nécessaires. Des données de panel comparables à l’échelle internationale seraient, de ce point de vue, mieux adaptées pour étudier en profondeur les relations de cause à effet entre les modèles dominants et le comportement de fécondité.
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10.4054/DemRes.2008.19.16 :Notes de bas de page
1 Ce chapitre est la version remaniée d’un article publié dans CPoS (Comparative Population Studies), publication du Bundesinstitut für Bevölkerungsforschung (BiB), l’institut fédéral allemand d’études démographiques.
2 L’ICF mesure le nombre d’enfants qu’aurait une femme au cours de sa vie si les taux de fécondité observés à chaque âge une année donnée demeuraient inchangés. Les taux utilisés dans le calcul étant ceux observés la même année dans l’ensemble de la population féminine (composée de plusieurs générations observées à différents âges), l’ICF ne représente pas le nombre moyen d’enfants mis au monde par les femmes appartenant à une même génération (descendance finale).
3 Office allemand de la statistique.
4 Le taux de remplacement augmente pour les salaires modestes, pour atteindre progressivement 100 %. L’allocation parentale s’élève au minimum à 300 € par mois et au maximum à 1 800 €.
5 Laurent Toulemon, Arnaud Régnier-Loilier, Anne Salles, équipe Elipss [auteurs], Situation de couple, intentions de fécondité et opinions sur la famille (2013) [fichier électronique], Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), [producteur], Centre de données sociopolitiques (CDSP) [diffuseur], version 0.
6 Pour les données allemandes, voir Lück et al., 2013 ; pour les données françaises, voir Pilorin et Legleye, 2018.
7 Ce taux atteint au maximum 22 % pour une question. Nos résultats ne prennent en compte que les réponses explicites.
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