Chapitre 7
Faire couple à distance. Prévalence et caractéristiques
p. 165-194
Texte intégral
Introduction
1Autrefois synonyme de mariage, le couple a connu de nombreuses évolutions en France depuis quarante ans. Alors que 400 000 mariages étaient célébrés chaque année au début des années 1970, 228 000 l’ont été en 20161. Cette chute rapide et profonde de la nuptialité reflète une mise à distance des plus jeunes générations vis-à-vis de l’institution matrimoniale plus qu’un rejet vis-à-vis du couple en tant que tel (Prioux, 2005). La cohabitation hors mariage, d’abord qualifiée de « juvénile » car pensée comme une nouvelle étape avant le mariage, s’est inscrite dans la durée (Toulemon, 1996). Depuis 1999, l’éventail des formes conjugales s’est encore élargi avec la création du pacte civil de solidarité (Pacs).
2Dans ce contexte de diversification des formes d’union, le couple « chacun chez soi » pourrait représenter une nouvelle alternative aux autres formes conjugales. Certains médias n’hésitent pas à parler d’un mode de conjugalité qui séduit de plus en plus. De nombreux partenaires feraient le choix de ne pas vivre ensemble, désireux de préserver leur indépendance et d’échapper à la routine du quotidien.
3Pour autant, il apparaît très difficile de mesurer l’ampleur et l’évolution d’un phénomène que l’on peine à circonscrire précisément. Qu’entend-on exactement par « être en couple » ? À partir de quand peut-on considérer que deux personnes « sont » en couple, dès lors que l’on s’affranchit de la seule notion de cohabitation ? Claude Martin et al. (2011) évoquent par exemple la situation d’ex-conjoints qui continuent à vivre sous le même toit (pour des raisons matérielles ou en raison de la présence de jeunes enfants par exemple), bien qu’ils se considèrent comme séparés. Si les frontières entre le couple et le hors-couple sont difficiles à définir précisément, celles entre la cohabitation et la non-cohabitation le sont tout autant. Le seul critère du logement commun n’est pas suffisant, comme l’illustrent les situations de « cohabitation alternée » décrites par Vincent Caradec (1996) : chacun dispose de son propre logement mais les deux partenaires résident ensemble en permanence, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre. Ou encore, en cas de résidence commune, l’un ou l’autre des partenaires peut résider dans un autre logement une partie du temps, par exemple pour des raisons professionnelles (on parle alors de semi-cohabitation).
4L’objectif de ce chapitre est double. Il s’agit dans un premier temps de nous interroger sur la mesure du phénomène que les Anglo-Saxons qualifient de Living Apart Together (LAT) et que l’on tend généralement à considérer comme couples non cohabitants. Pourtant, les LAT sont le plus souvent mesurés dans les enquêtes démographiques à partir de la notion de « relations amoureuses stables » ou « privilégiées » avec quelqu’un qui réside dans un autre logement, sans qu’il soit fait explicitement référence à la notion de « couple ». En nous appuyant sur deux enquêtes récentes aux approches conceptuelles fort différentes, nous montrons à quel point la prévalence des LAT peut varier selon que l’on fasse ou non référence à cette notion de « couple ». Dans un second temps, nous cherchons à caractériser les « couples non cohabitants » par rapport aux « couples cohabitants ». La diversité des caractéristiques mise en évidence laisse entrevoir un phénomène pluriel, entre première étape dans le processus de mise en couple, situations transitoires ou temporaires et forme plus durable de conjugalité.
I. « Relation amoureuse stable » versus « couple » : un mot compte triple
1. Qu’est-ce qu’un couple non cohabitant ?
5Jusque récemment, les enquêtes démographiques permettaient seulement de distinguer les couples mariés, non mariés et les personnes seules. Mais « tous les célibataires ne sont pas des solitaires », écrivait Sabine Chalvon-Demersay en 1983. Ces personnes échappaient alors à tout enregistrement statistique. Les données désormais disponibles montrent que cette situation est loin d’être négligeable. Dans de nombreux pays, près de 1 adulte sur 10 entretient une relation amoureuse stable avec quelqu’un qui réside dans un autre logement. C’est par exemple le cas en France, en Allemagne, en Russie (Liefbroer et al., 2015), en Italie (Régnier-Loilier et Vignoli, 2018), au Canada (Turcotte, 2013), au Royaume-Uni (Haskey, 2005) ou encore aux États-Unis (Strohm et al., 2009). Dans ces pays, c’est ainsi près de 1 personne sur 4 vivant sans conjoint qui n’est pas seule sur le plan affectif.
6Toutefois, de nombreuses études se sont attachées à mettre en évidence la pluralité des situations de non-cohabitation, à la fois à partir de données quantitatives (Villeneuve-Gokalp, 1997 ; Beaujouan et al., 2009 ; Reimondos et al., 2011) et qualitatives (Levin, 2004 ; Roseneil, 2006 ; Duncan et al., 2013 ; Stoilova et al., 2014). Plusieurs profils reviennent de manière récurrente dans les typologies proposées par les chercheurs : la non-cohabitation des plus jeunes qui s’apparente plutôt à une étape dans le processus de conjugalisation, la relation temporairement à distance souvent contrainte par des motifs professionnels, la non-cohabitation de partenaires ayant en charge d’autres personnes (le plus souvent des enfants d’une précédente union, parfois un parent dépendant) ou encore la non-cohabitation comme une alternative aux autres formes de conjugalité plus communes (mariage, Pacs, cohabitation), en particulier pour les personnes plus âgées, veuves ou séparées.
7Cette pluralité de situations tient probablement pour partie au fait que les contours de ce que l’on qualifie de « couple non cohabitant » (sous l’acronyme anglo-saxon « LAT », pour Living Apart Together) sont flous. Ils varient d’ailleurs selon les recherches. Jenny de Jong Gierveld (2004) met par exemple l’emphase sur la notion de choix, considérant comme LAT une relation entre deux personnes qui ont choisi de garder deux logements séparés et ne vivent ensemble qu’une partie du temps. Pour sa part, Irene Levin (2004) définit le LAT comme le fait d’être en relation avec une personne avec qui on ne vit pas, que les deux partenaires se considèrent comme un couple, et qu’ils aient le sentiment que leur entourage les perçoit ainsi.
8Si cette dernière définition est fréquemment rappelée dans les études (y compris en démographie), le dénombrement des LAT découle le plus souvent d’un questionnement beaucoup moins restrictif, s’appuyant sur la notion de « intimate relationship with someone who lives in another household2 » ou de « relation amoureuse stable3 », sans qu’il soit explicitement fait référence à la notion de couple. Celle-ci a pourtant une importance considérable. Pour le cas de la France, Catherine Villeneuve-Gokalp (1997) a ainsi mis en évidence que les personnes ayant un partenaire régulier mais ne vivant pas avec lui/elle percevaient « beaucoup plus souvent leur relation comme une “relation amoureuse stable” (84 %) que comme une “relation conjugale” (16 %) » (p. 1067).
9Gênés par la grande hétérogénéité des situations que brasse la notion de « relation amoureuse stable » et l’absence d’information dans les enquêtes démographiques permettant de savoir si les personnes se considèrent comme « en couple », les chercheurs ont tenté de circonscrire leur population d’étude en appliquant certains critères restrictifs. John Haskey (2005) décide par exemple d’évincer de son dénombrement des LAT au Royaume-Uni les personnes qui résident chez leurs parents, conduisant à diviser par deux la prévalence du phénomène. Dans leur étude portant sur l’Espagne, Teresa Castro-Martín et ses collègues (2008) ne considèrent pour leur part que les relations non cohabitantes établies depuis au moins 2 ans. Charles Strohm et consorts (2009) choisissent quant à eux de réduire le champ de leur étude aux États-Unis aux 23 ans et plus, estimant qu’avant cet âge, trop d’individus sont encore en études pour pouvoir être véritablement considérés comme des LAT. Ces restrictions apparaissent néanmoins gênantes sur le plan conceptuel. Pour illustrer le caractère discutable de ces critères, on peut prendre l’exemple d’un chercheur qui, travaillant sur le mariage, considérerait qu’une personne mariée depuis moins de 2 ans ou ayant moins de 23 ans ne l’est pas.
2. 3,8 millions de personnes « en relation amoureuse stable » pour 1,2 million de personnes « en couple non cohabitant »
10Pour la première fois en France, une vaste enquête a cherché à isoler la conjugalité non cohabitante à partir de la notion de « couple » (enquête Famille et logements réalisée par l’Insee en 2011). La France a par ailleurs pris part au programme d’enquête Generations and Gender Survey, en conduisant entre 2005 et 2011 l’enquête Étude des relations familiales et intergénérationnelles, dans laquelle la conjugalité non cohabitante est approchée avec la notion de « relation amoureuse stable » (voir l’encadré 1 pour la description des données). Il est ainsi possible de mesurer le « poids » des mots.
Encadré 1. Description des données
L’Étude des relations familiales et intergénérationnelles (Érfi) est une enquête longitudinale en trois vagues conduite entre 2005 et 2011 par l’Ined et l’Insee. Il s’agit de l’adaptation française du questionnaire Generations and Gender Survey (GGS), actuellement en cours dans une vingtaine de pays. Un enquêteur se rendait au domicile des personnes et tirait au sort une personne parmi les 18-79 ans (lors de la première vague). Le répondant était notamment interrogé sur sa situation conjugale. S’il n’avait pas décrit de conjoint dans le ménage, on lui demandait alors : « Avez-vous actuellement une relation amoureuse stable avec quelqu’un avec qui vous ne vivez pas ? Il peut éventuellement s’agir de votre époux/épouse si vous ne vivez pas ensemble. Oui ; non. » S’ensuivait un ensemble de questions décrivant assez précisément la relation (raison de ne pas cohabiter, ancienneté de la relation, fréquence des rencontres, intention de vivre ensemble, etc.). Au total, 10 079 ont répondu au premier questionnaire (2005). Parmi elles, 6 088 vivaient en couple cohabitant et 1 033 avaient une relation amoureuse stable non cohabitante. Ces personnes ont été recontactées 3 et 6 ans plus tard pour répondre de nouveau à un questionnaire, permettant de suivre le devenir de leur relation (Régnier-Loilier, 2016). Dans la première partie de ce chapitre, nous nous limitons essentiellement à la 1re vague de l’enquête Érfi, sauf pour la figure 1 et le tableau 2 où nous recourons à la 2e vague de l’enquête (pour plus de détails sur l’enquête internationale : Vikat et al., 2007 ; pour plus de détails sur l’enquête française : Régnier-Loilier, 2006).
L’enquête Famille et logements (EFL) associée à l’enquête annuelle de recensement de 2011 a été conduite par l’Insee auprès de 359 669 femmes et hommes âgés de 18 ans ou plus. Il s’agit d’un questionnaire auto-administré de 4 pages centré sur la question de la multirésidence. Dans celui-ci, on s’intéresse de manière très synthétique à la situation conjugale du répondant en lui demandant : « Êtes-vous actuellement en couple ? Oui, avec une personne qui vit dans le logement ; oui, avec une personne qui vit dans un autre logement ; non, mais vous avez déjà été en couple par le passé ; non, vous n’avez jamais été en couple*. » Contrairement à ÉRFI, aucune question ne visait à décrire les raisons de la non-cohabitation, le fonctionnement de la relation non cohabitante ni les intentions d’emménager dans les années à venir.
Ainsi, l’enquête EFL s’intéresse explicitement aux « couples non cohabitants » tandis que l’enquête ÉRFI, plus conforme à ce que l’on trouve habituellement dans la plupart des enquêtes françaises et étrangères, vise à repérer les « relations amoureuses stables non cohabitantes ». Bien que les deux enquêtes aient été réalisées à 6 ans d’intervalle, il nous semble possible de les rapprocher dans la mesure où le phénomène n’a que très peu évolué en France ces dernières années (Villeneuve-Gokalp, 1997 ; Beaujouan et al., 2009). Il est ainsi possible de comparer la prévalence de ces deux phénomènes. Pour ce faire, le champ est ici limité aux 18-79 ans, tranche d’âges commune aux deux enquêtes (soit 10 079 répondants à l’enquête ÉRFI et 336 281 répondants à l’enquête EFL).
* Les données de cette enquête peuvent également être rapprochées des réponses données au bulletin individuel de l’enquête annuelle de recensement, dans lequel la question posée était : « Vivez-vous en couple ? Oui ; Non. »
11Avant de confronter les deux enquêtes, quelques incohérences relevées dans l’EFL nous semblent mériter un redressement préalable. En particulier, 537 répondants sur les 9 694 se déclarant « en couple, avec une personne qui ne vit pas dans le logement » ont indiqué que leur conjoint(e)/ami(e) vivait dans le logement « toute l’année (ou presque) » et qu’eux-mêmes y résidaient « toute l’année (ou presque) ». Ces situations laissant supposer que la séparation résidentielle est ponctuelle, peut-être au moment précis de l’enquête, mais qu’elles ne correspondent pas à de la non-cohabitation, elles ont été reclassées dans la catégorie « en couple, avec quelqu’un qui vit dans le logement4 ».
12Après application des pondérations relatives à chacune des deux enquêtes, la proportion des 18-79 ans s’estimant « en couple non cohabitant » s’établit à 2,7 %, soit environ 1,2 million de personnes (tableau 1, ligne « D’après EFL 2011/Après correction/Ensemble ») tandis que 8,7 % se disent « en relation amoureuse stable non cohabitante », soit environ 3,8 millions de personnes (ligne « D’après ÉRFI 2005/Ensemble »).
13La proportion de couples cohabitants étant proche d’après les deux sources (67 % dans ÉRFI et 65 % dans EFL), les personnes « seules » sont par conséquent proportionnellement plus nombreuses dans EFL (32 %) que dans ÉRFI (24 %). On peut supposer que les écarts de proportion de non-cohabitants selon la source considérée proviennent de la différence de notion : parmi les personnes ne résidant pas avec un conjoint, une part plus importante se considère « en relation amoureuse stable » qu’« en couple avec quelqu’un résidant dans un autre logement ». Notons cependant qu’une partie des écarts observés peut aussi tenir à la spécificité des deux enquêtes en termes de mode de collecte. Le questionnaire de l’enquête EFL était auto-administré et la mesure se faisait à partir d’une unique question. Dans le cas d’ÉRFI, la mesure se faisait à partir d’une question de relance spécifiquement adressée aux personnes qui n’avaient pas décrit de conjoint(e) dans la liste des habitants de leur logement. Ainsi, mode de repérage des situations conjugales et vocable retenu peuvent tous deux être avancés pour rendre compte des écarts observés entre les sources.
Tableau 1. Situation de couple des personnes âgées de 18 à 79 ans, par sexe

14Les écarts de prévalence mis en évidence ici illustrent néanmoins la complexité à estimer un phénomène en l’absence d’une définition univoque. Que recouvrent exactement les notions de « couple non cohabitant » et de « relation amoureuse stable » ? Comment saisir ces situations avec précision ? À défaut de contours précis de l’une ou l’autre de ces notions, on peut les mettre en regard afin d’en faire ressortir certaines spécificités.
3. « Relation amoureuse stable » versus « couple non cohabitant » : importants écarts de prévalence avant 30 ans
15La proportion par âge des personnes « en couple non cohabitant » et celle de personnes en « relation amoureuse stable » sur l’ensemble de la population illustre à quel point ces deux notions ne raisonnent pas à l’identique, notamment chez les plus jeunes. Les écarts de prévalence sont en effet considérables (figure 1). Si la part de personnes « en couple non cohabitant » est bien plus élevée aux jeunes âges (avant 30 ans), elle ne dépasse toutefois pas 10 % alors que la part des personnes « en relation amoureuse stable » atteint un tiers chez les 18-20 ans.
Figure 1. Proportion par âge de personnes en « relation amoureuse stable » et en « couple non cohabitant »

Champ : personnes vivant en France métropolitaine, âgées de 18 à 79 ans lors de l’enquête. Note : moyennes mobiles d’ordre 5. Lecture : à 21 ans, 11 % des femmes se disent « en couple avec quelqu’un qui vit dans un autre logement » ; au même âge, 34 % des femmes se disent « en relation amoureuse non cohabitante » et 12 % des femmes et des hommes se disent « en relation amoureuse non cohabitante » et perçoivent leur relation comme « un couple ». Sources : ÉRFI-GGS1, Ined-Insee, 2005 (pour les courbes « Hommes/Femmes “en relation amoureuse non cohabitante” ») ; ÉRFI-GGS2, Ined-Insee, 2008 (pour la courbe « Hommes et femmes “en relation amoureuse non cohabitante” percevant leur relation comme un “couple” ») ; EFL, Insee, 2011 (pour les courbes « Hommes/Femmes “en couple avec quelqu’un qui vit dans un autre logement” »).
16Plus généralement, quel que soit l’âge, la proportion de personnes « en relation amoureuse non cohabitante » est bien supérieure à celle des personnes « en couple non cohabitant », illustrant que la notion de « couple » est dans l’esprit des répondants nettement plus restrictive que celle de « relation amoureuse stable » – laquelle inclut probablement des situations qui s’apparentent plus à de la fréquentation ou à de premières expériences amoureuses.
17Notons que les écarts entre hommes et femmes sont minces, sauf aux jeunes âges où les hommes sont proportionnellement moins nombreux que les femmes à se dire « en couple non cohabitant » ou « en relation amoureuse stable », traduction possible de l’écart d’âge entre hommes et femmes au sein des unions et/ou reflet d’une manière différente de se percevoir entre sexes : à un âge donné, les jeunes femmes pourraient se sentir davantage en couple ou en relation amoureuse stable que les hommes (Haskey, 2005).
4. Mise en regard des « relations amoureuses stables » et des « relations de couple non cohabitantes »
18La 2e vague de l’enquête ÉRFI (2008) incluait une question supplémentaire adressée aux personnes « en relation amoureuse stable », inspirée des travaux de Catherine Villeneuve-Gokalp (1997) : « Vous définiriez cette relation plutôt comme... 1. une relation de couple ; 2. une relation amoureuse stable5. » Celles et ceux qui se définissent comme « en couple » représentent 35 % des 21 ans et plus6 et leur proportion par âge suit d’assez près celle obtenue à partir de l’enquête EFL (figure 1, courbe « ÉRFI2, Hommes et Femmes “en couple” »). L’estimation du nombre de personnes concernées est ainsi assez proche : environ 1,2 million de personnes, soit 2,7 % des 21-79 ans.
19Si on se limite à l’enquête ÉRFI de 2008 (laquelle contient plus de précisions sur les relations que l’EFL), il est possible de comparer parmi les personnes « en relation amoureuse stable » la situation de celles qui la définissent comme une relation « de couple » et de celles qui ne la définissent pas comme telle (tableau 2).
Tableau 2. Caractéristiques des « relations amoureuses stables » et des « couples non cohabitants » (%)

Tableau 2. suite

20Des différences importantes apparaissent sur certains aspects, en particulier concernant l’ancienneté de la relation. Les relations récentes (moins de 3 ans) sont surreprésentées (68 %) parmi les personnes qui définissent leur relation comme une « relation amoureuse stable » par rapport à celles qui la définissent comme une relation « de couple » (47 %). Les partenaires percevant leur relation comme un « couple » sont par ailleurs plus souvent indépendants de leur(s) parent(s) du point de vue résidentiel : ils sont 37 % dans ce cas contre 25 % de ceux qui ne voient pas leur relation comme un couple. Lorsque la relation est perçue comme un « couple », elle est plus souvent vécue comme une contrainte (76 %) que lorsqu’elle est définie comme une « relation amoureuse stable » (55 %), et il s’agit plus fréquemment de motifs d’ordre professionnel (27 % contre 15 %, respectivement). Dans certains cas, la situation de non-cohabitation des « couples » pourrait faire suite à une mobilité ou mutation professionnelle de l’un des partenaires. Elle intervient d’ailleurs plus souvent après une période de cohabitation avec le ou la même partenaire (28 % des cas contre 16 % des personnes ne définissant pas leur relation comme un couple). Pour autant, aucune différence n’apparaît en termes de statut matrimonial légal et les écarts observés en termes de temps nécessaire pour se rendre du domicile de l’un à l’autre ne sont pas significatifs.
21Raisons de ne pas cohabiter et intentions de vivre ensemble étant liées, il n’est guère surprenant que les relations « de couple » soient plus souvent accompagnées du souhait d’emménager avec son ou sa partenaire dans les 3 années qui suivent : 78 % des non-cohabitants se considérant comme « en couple » souhaitent cohabiter et 76 % estiment que leur partenaire le souhaite également, proportions significativement supérieures à celles observées pour les personnes ne définissant pas leur relation comme un couple.
22Malgré ces quelques différences significatives, les écarts restent assez modestes, ne marquant pas une forte dichotomie entre les personnes selon la manière dont elles définissent leur relation au moment de l’enquête. L’approche quantitative ne permet donc pas de comprendre précisément les critères qui président à la perception que l’on a de sa relation, entre « relation amoureuse stable » et relation « de couple », celle-ci renvoyant à la subjectivité de chacun, à un moment donné de son histoire.
II. Spécificités des couples « non cohabitants » versus « couples cohabitants »
23Si l’enquête Érfi permet de caractériser les relations non cohabitantes à partir d’informations relativement détaillées (contrairement à l’enquête EFL), ses effectifs sont limités, en particulier pour les personnes définissant leur relation comme un « couple », rendant la comparaison avec les couples cohabitants difficile. Afin de mettre en avant les spécificités des couples non cohabitants par rapport aux couples cohabitants, nous nous appuyons pour la suite de l’étude sur les données de l’enquête EFL (caractéristiques des couples décrites en annexe, tableau A), sans restriction d’âge (18 ans et plus).
1. Deux formes contrastées de conjugalité
a. Des relations « chacun chez soi » peu compatibles avec l’officialisation de l’union et la constitution d’une famille
24La non-cohabitation est d’abord particulièrement rare parmi les unions officialisées. Moins de 2 % des pacsés et moins de 1 % des mariés déclarent ne pas vivre sous le même toit. L’entrée dans ces formes légales d’union s’accompagne en effet d’une vie commune implicite en imposant aux conjoint(e)s/partenaires de déclarer une seule et même résidence principale. La séparation résidentielle est sans doute dans ces cas-là très circonstanciée, pour motifs professionnels par exemple ou due au départ en institution de l’un des conjoints (hospitalisation, départ en maison de retraite, emprisonnement, etc.). Dans quelques rares cas, elle peut aussi correspondre à des séparations résidentielles de couples qui, après un mariage ou un pacs, voient dans le fait de décohabiter la seule alternative à la rupture de leur union (Levin, 2004). Plus marginalement, il peut aussi s’agir d’une officialisation sur le tard d’une union non cohabitante inscrite dans la durée (par exemple pour des raisons d’ordre successoral) mais où l’un et l’autre des partenaires gardent dans les faits leur indépendance résidentielle.
25La non-cohabitation ne s’accorde guère plus avec la vie familiale. Alors que 14 % des personnes en couple sans enfant ne vivent pas ensemble en permanence, ce n’est qu’exceptionnellement le cas dès lors que le couple a un enfant (moins de 1 % des cas). Ce résultat n’est guère surprenant au regard des études portant sur les conditions préalables à l’arrivée d’un enfant : celle-ci ne s’envisage que très rarement en dehors d’une vie de couple établie, cohabitante et jugée suffisamment stable (Régnier-Loilier et Perron, 2016).
b. Des relations « chacun chez soi » peu inscrites dans la durée
26Ces fortes spécificités des couples non cohabitants en termes de situation matrimoniale (seuls 15 % sont mariés alors que c’est le cas de 75 % des cohabitants) et génésique (84 % des premiers n’ont pas d’enfant contre 22 % des seconds) conduisent sans surprise à des caractéristiques contrastées de la relation. En particulier, l’ancienneté de celle-ci est bien moindre chez les non-cohabitants : un peu moins de 8 ans en moyenne contre 24 ans pour les cohabitants. Alors que la répartition des relations selon leur ancienneté est relativement uniforme pour les couples cohabitants, on note une très forte concentration des relations récentes pour les non-cohabitants : 65 % de ces relations sont en cours depuis moins de 5 ans alors que ça n’est le cas que de 12 % des couples cohabitants (figure 2). La non-cohabitation s’apparente ainsi le plus souvent à une forme transitoire de relation dans le parcours conjugal des personnes (Régnier-Loilier, 2016). Plus de 9 relations cohabitantes sur 10 sont en effet précédées d’une période de non-cohabitation, d’une durée moyenne inférieure à 2 ans (Costemalle, 2015). Pour autant, elle correspond aussi à des formes durables de conjugalité pour certaines personnes : dans 1 cas sur 5, la relation est en cours depuis au moins 10 ans au moment de l’enquête7.
Figure 2. Répartition des « couples cohabitants » et des « couples non cohabitants » selon leur ancienneté

Champ : personnes en couple résidant en France métropolitaine, âgées de 18 ans et plus. Lecture : 25 % des couples non cohabitants sont en cours depuis moins de 1 an. Source : EFL, Insee, 2011.
c. Un mode de conjugalité plus fréquent chez les couples de même sexe
27L’enquête EFL permet par ailleurs, grâce à ses effectifs conséquents, de s’intéresser au lien entre l’orientation sexuelle et le type de couple. Malgré une moindre réprobation à l’égard de l’homosexualité aujourd’hui, les relations entre partenaires de même sexe restent stigmatisées (Loftus, 2001 ; Peplau et Fingerhut, 2007). Du point de vue légal, la reconnaissance des couples de même sexe s’est faite timidement en France, d’abord en 1999 par la création du pacte civil de solidarité (Pacs), puis, en 2013, par l’ouverture du mariage aux gays et lesbiennes.
28Or, comme l’ont documenté Steven et Murphy (1998), un contexte où l’acceptabilité sociale de l’homosexualité reste limitée peut rendre la non-cohabitation plus attractive pour les couples de même sexe. Leur orientation sexuelle est alors moins exposée socialement que s’ils résidaient sous le même toit. Charles Strohm et al. (2009) avancent en outre d’autres facteurs pouvant contribuer à rendre la relation non cohabitante plus répandue pour les couples de même sexe. Ils posent notamment comme hypothèse que le Living Apart Together pourrait être un mode de conjugalité préféré par ces couples, car allant de pair avec d’une part leur moindre propension à devenir parents (situation qui, on l’a vu, s’accorde peu avec la non-cohabitation) et, d’autre part, leur quête de relations plus égalitaires.
29Dans les faits, l’enquête EFL met en lumière une proportion plus importante de couples non cohabitants chez les couples de même sexe (13 %, tant chez les couples d’hommes que de femmes) que chez les hétérosexuels (3 %)8. Pour autant, ces couples ne représentent qu’un peu plus de 2 % des couples non cohabitants.
2. Caractéristiques des personnes « en couple non cohabitant »
a. Des personnes plus jeunes
30Au-delà des caractéristiques des unions en elles-mêmes, ce sont également celles des partenaires qui différencient les unions cohabitantes et non cohabitantes. En premier lieu, et en écho aux précédentes observations (figure 1), la répartition par âge diffère sensiblement (figure 3). Alors que 6 personnes sur 10 en couple cohabitant ont entre 35 et 64 ans, 6 non-cohabitants sur 10 ont moins de 35 ans. La même tendance se retrouve chez les hommes et les femmes, bien que ces dernières se concentrent un peu plus encore sur les jeunes âges (résultat non présenté ici)9. Ainsi, malgré les restrictions apportées par la définition retenue dans l’enquête EFL, où il est fait explicitement référence à la notion de « couple », le couple non cohabitant se caractérise très nettement par sa jeunesse.
Figure 3. Répartition par âge des « couples cohabitants » et des « couples non cohabitants »

Champ : personnes en couple résidant en France métropolitaine, âgées de 18 ans et plus. Lecture : 8 % des personnes en couple non cohabitant ont entre 18 et 19 ans, 26 % entre 20 et 24 ans, etc. Source : EFL, Insee, 2011.
31Notons par ailleurs que chez les non-cohabitants, la part des « 80 ans et plus » est supérieure à celle des 75-79 ans (contrairement à ce que l’on observe chez les cohabitants), traduisant une propension plus élevée parmi les personnes en couple à ne pas résider sous le même toit aux âges avancés : alors qu’environ 1 % des 60-79 ans en couple ne cohabitent pas, c’est le cas de 3 % des 80 ans et plus. Cela peut s’expliquer par des choix conjugaux spécifiques en deuxième partie de carrière conjugale, notamment suite à un veuvage (Caradec, 1996 ; de Jong Gierveld, 2004), ou encore traduire le départ en institution de l’un des conjoints.
b. Un phénomène plus fréquent chez les femmes cadres et les hommes au chômage
32Quelques études ont fait émerger une surreprésentation des femmes plus diplômées parmi les personnes en relation amoureuse non cohabitante, possible expression de stratégies visant à échapper aux responsabilités domestiques et à une répartition des rôles trop traditionnelle (voir par exemple Di Giulio, 2007 pour l’Italie). Parmi les personnes ayant terminé leurs études, un effet significatif de la position professionnelle apparaît (figure 4). La proportion de personnes en couple non cohabitant est plus élevée chez les femmes cadres (6 %) que parmi les autres catégories socioprofessionnelles (2 % par exemple parmi les femmes ouvrières, 3 % chez les employées, 4 % chez les professions intermédiaires). Du côté féminin, la non-cohabitation apparaît ainsi un peu plus probable en haut de la hiérarchie sociale, pouvant traduire des choix conjugaux spécifiques.
Figure 4. Proportion de personnes « en couple non cohabitant » parmi l’ensemble des personnes « en couple » selon la catégorie socioprofessionnelle et le sexe

Champ : personnes en couple ayant terminé leurs études, résidant en France métropolitaine et âgées de 18 ans et plus. Note : intervalles de confiance à 95 % (méthode de Wilson avec correction de continuité). Lecture : 6 % des femmes en couple « cadres » ne vivent pas avec leur conjoint(e)/ami(e). Source : EFL, Insee, 2011.
33L’influence de la catégorie socioprofessionnelle est moins nette du côté des hommes. Pour ces derniers, la proportion de non-cohabitants est en revanche bien plus élevée parmi les chômeurs n’ayant jamais travaillé (13 %)10, effet que l’on ne retrouve pas chez les femmes. Ce résultat peut illustrer la moindre attractivité des hommes à faibles revenus sur le marché matrimonial (Oppenheimer, 1994) et la persistance du modèle patriarcal où l’installation en couple nécessite que l’homme dispose de ressources financières suffisantes, donc d’un emploi (Ekert et Solaz, 2001).
34Enfin, tant chez les femmes que chez les hommes, le couple à distance est significativement plus rare dans le monde agricole, chez les artisans-commerçants-chefs d’entreprise et dans le monde ouvrier, ceci pouvant renvoyer à des conceptions socialement différenciées de la conjugalité.
c. Une forme conjugale plus répandue en milieu urbain
35L’enquête permet par ailleurs de s’intéresser à la prévalence du couple non cohabitant selon la densité urbaine. À l’instar de l’union libre qui s’est d’abord diffusée dans les grandes villes et en particulier en région parisienne (Audriac, 1982), les non-cohabitants résident plus fréquemment en Île-de-France (27 %) et dans les grandes communes11 (44 %) que les cohabitants (respectivement 17 % et 29 %) (figure 5). On pourrait penser que ces différences spatiales tiennent à la localisation des lieux d’enseignement davantage concentrés dans les grandes villes, alors même que la conjugalité non cohabitante est bien plus fréquente chez les étudiants. Toutefois, les mêmes écarts persistent si l’observation est limitée aux seules personnes n’étant pas en études au moment de l’enquête.
Figure 5. Lieu de résidence des personnes « en couple cohabitant » et « en couple non cohabitant »

Champ : personnes en couple (cohabitant ou non) vivant en France métropolitaine. Lecture : 17 % des personnes « en couple cohabitant » résident en Île-de-France, 29 % dans une grande commune (hors Île-de-France). Source : EFL, Insee, 2011.
36En termes de prévalence par région (annexe, figure A), on observe sans surprise une surreprésentation des personnes « en couple non cohabitant » en Île-de-France (6 %) – part qui atteint 13 % si on limite l’observation à la ville de Paris – et, dans une moindre mesure, en Aquitaine, en Rhône-Alpes, en Languedoc-Roussillon et en Corse (environ 4 %).
3. Des tendances confirmées en contrôlant d’éventuels effets de structure
37Les différentes caractéristiques des couples non cohabitants présentées précédemment ne sont pas toutes indépendantes les unes des autres. À chaque âge correspondent notamment différentes étapes du cycle de vie. Ainsi, les différences observées selon l’âge ne tiennent pas nécessairement à l’âge en tant que tel mais peuvent traduire des différences de comportements liés aux événements qu’une personne a déjà vécus à cet âge. Afin de mesurer l’effet propre des différentes caractéristiques sur la forme du couple, nous avons modélisé le fait d’être en couple non cohabitant versus cohabitant (tableaux 3 et 4).
Tableau 3. Propension à être en couple non cohabitant versus cohabitant pour les moins de 40 ans (paramètres estimés β, modèle logit)

Tableau 4. Propension à être en couple non cohabitant versus cohabitant pour les 40 ans et plus (paramètres estimés β, modèle logit)

38L’analyse est stratifiée à la fois par sexe – afin de faire émerger d’éventuelles spécificités selon le sexe – mais aussi par tranche d’âges (avant 40 ans et à partir de 40 ans), dans la mesure où la non-cohabitation relève de logiques assez différentes selon le moment du cycle de vie (Régnier-Loilier, 2016). Ni le statut matrimonial ni le nombre d’enfants du couple actuel ne sont inclus en raison de leur endogénéité trop forte avec la situation résidentielle du couple12. Les variables prises en compte dans le modèle sont celles décrites précédemment (l’âge, l’orientation sexuelle, la catégorie socioprofessionnelle, la taille de la commune de résidence et l’ancienneté de la relation), ainsi que la nationalité du répondant et la présence d’enfants issus d’une précédente union. Le fait d’être de nationalité étrangère peut traduire des situations ou l’un est arrivé en France tandis que l’autre est resté au pays13. Le fait que l’un des partenaires (ou les deux) ait un enfant d’une précédente union est ici utilisé comme indicateur du passé conjugal14. Avoir déjà vécu en couple peut conduire à une attitude de « prudence » de la part des partenaires : conserver son propre logement peut permettre de garder un lieu de repli le temps de s’assurer de la solidité d’une nouvelle relation (Villeneuve-Gokalp, 1997) ou, de manière plus durable, correspondre à une attitude de peur voir de rejet vis-à-vis de la cohabitation, laquelle a pu laisser des souvenirs douloureux (Levin, 2004 ; Duncan et al., 2013). Après plusieurs expériences fusionnelles qui ont pu se révéler être des engloutissements, notamment pour les femmes, certains font en effet preuve de prudence et réclament des limites garantes de leur liberté d’existence (Chaumier, 2004) que la relation à distance peut offrir. En outre, la non-cohabitation peut être une manière de vivre une nouvelle relation amoureuse tout en évitant de perturber les enfants issus d’un précédent lit en leur imposant une figure beau-parentale (Levin et Trost, 1999 ; Levin, 2004 ; Duncan et al., 2013).
39Avant 40 ans, toutes les corrélations mises en évidence à partir de l’analyse descriptive sont confirmées, tant pour les femmes que les hommes, toutes choses égales. La non-cohabitation est plus fréquente aux jeunes âges, chez les étudiants, dans les catégories socioprofessionnelles supérieures, dans les grandes communes (10 000 habitants ou plus) ou en Île-de-France et chez les couples de même sexe. La non-cohabitation est également plus probable dans les premiers temps de la relation (relations récentes), traduisant une période de fréquentation qui conduit assez rapidement à un emménagement ensemble ou à une séparation (Régnier-Loilier, 2016). Le parcours conjugal, approché ici par le fait d’avoir un ou des enfants issus d’une précédente union, a un effet significatif, mais pour les femmes uniquement : leur propension à entretenir une relation à distance est plus élevée dès lors qu’elles sont déjà mères. La différence d’effet entre sexes peut tenir à la résidence des enfants après une séparation, celle-ci étant majoritairement confiée à la mère. Or, avant 40 ans, la plupart des enfants sont encore mineurs et corésident donc avec la mère. Comme nous l’avons mentionné plus haut, cela pourrait traduire dans certains cas le souhait de ne pas imposer une figure beau-parentale aux enfants en cohabitant avec un nouveau partenaire ; il pourrait aussi s’agir du choix de l’un ou l’autre des partenaires, anticipant des relations beaux-parentales difficiles à gérer au quotidien. Enfin, avant 40 ans, la nationalité n’est pas liée à la forme du couple chez les hommes, dès lors que l’on ne tient pas compte du statut matrimonial. Toutefois, lorsque l’observation est limitée aux seuls couples mariés (proportionnellement peu nombreux parmi les non-cohabitants), la propension des hommes de nationalité étrangère à être dans un couple à distance est significativement plus élevée (résultats non présentés). À l’inverse, les femmes étrangères ont une moindre propension à être en couple non cohabitant (effet cependant peu marqué).
40À partir de 40 ans, on n’observe pour ainsi dire aucun effet de l’âge. Ce n’est qu’à partir de 75 ans pour les femmes et 80 ans pour les hommes que la non-cohabitation est plus probable. Il peut s’agir de remises en couple où l’un et/ou l’autre des partenaires souhaitent conserver chacun leur propre logement, par attachement à leurs habitudes, à leur quartier, à leur maison, ou encore afin d’éviter de compromettre de bonnes relations qu’ils peuvent avoir avec leurs enfants et petits-enfants (Caradec, 1996). Il pourrait aussi s’agir de situations ou l’un des deux partenaires se retrouve en institution, temporairement ou plus durablement. Si la grande majorité des personnes mariées âgées de 75 ans et plus résident chez elles en couple, aux très grands âges une fraction non négligeable d’entre elles réside en institution. Lorsque la dépendance d’un des conjoints devient très sévère, et qu’ils ne peuvent plus faire face, certains époux se résignent à l’institution (Delbès et al., 2006). Bien qu’en couple, le répondant aurait alors pu indiquer que son ou sa conjointe ne résidait pas dans le logement au moment de l’enquête. Concernant la catégorie socioprofessionnelle, la taille de la commune ou encore l’ancienneté de la relation, les tendances sont similaires à celles observées avant 40 ans.
41En revanche, chez les femmes comme chez hommes, l’existence d’enfants issus d’une précédente union favorise la non-cohabitation. La corrélation observée pour les deux sexes à partir de 40 ans peut surprendre dans la mesure où, à ces âges, les enfants sont pour beaucoup déjà grands voire indépendants. Ce ne serait donc pas la présence d’enfants en tant que tel qui jouerait mais le fait d’avoir vécu en couple par le passé et de s’être séparé (le fait d’avoir des enfants témoignant dans bien des cas d’une vie de couple antérieure). La séparation a pu laisser des souvenirs douloureux et rendre les personnes plus frileuses à l’idée de reformer un couple cohabitant. Par ailleurs, un effet significatif de la nationalité apparaît nettement du côté masculin (plus faiblement chez les femmes), avec une propension plus forte à ne pas vivre sous le même toit pour les étrangers. Cela pourrait résulter de l’immigration, professionnelle notamment, qui concerne plus souvent les hommes que les femmes, en particulier lorsque celle-ci s’inscrit dans une perspective de retour dans le pays d’origine. Enfin, la relation à distance est plus probable chez les couples gays, mais aucun effet significatif n’apparaît chez les couples lesbiens, une fois tenu compte des autres caractéristiques.
Conclusion
42Dénombrer précisément les Living Apart Together (LAT) est une entreprise difficile dans la mesure où cette situation ne correspond pas à un « état » facilement identifiable, comme le fait d’être marié ou d’être pacsé. On ne trouve d’ailleurs pas de définition univoque du LAT dans la littérature traitant de ce sujet. L’approche retenue dans les enquêtes pour identifier les personnes dans ces situations apparaît alors déterminante. Le fait de faire ou non explicitement référence à la notion de « couple » paraît changer du simple au triple le nombre de personnes que l’on considère comme des LAT : près de 3,8 millions de personnes se disent « en relation amoureuse stable avec quelqu’un qui vit dans un autre logement » mais seules 1,2 million se considèrent comme « en couple ». La notion de « couple » apparaît ainsi beaucoup plus restrictive que celle de « relation amoureuse stable », même s’il convient de garder à l’esprit qu’une partie des écarts observés peut aussi tenir à des modes de collecte sensiblement différents entre les enquêtes ÉRFI et EFL. Si certains critères tangibles, comme l’ancienneté de la relation, distinguent assez nettement ces deux notions, leur mise en regard ne laisse guère apparaître des situations radicalement différentes. En l’absence de vie commune sous le même toit, le fait de se considérer ou non comme « en couple » renvoie pour une bonne part à la perception des acteurs, à leur subjectivité, plus qu’à des critères très objectivables.
43Au-delà de ce questionnement sur la manière de repérer et de dénombrer la conjugalité « chacun chez soi », l’enquête Famille et logements permet pour la première fois de comparer les personnes « en couple » selon qu’elles le sont avec une personne qui vit dans le logement ou non. Dans la plupart des études, les personnes en « relation amoureuse stable » sont mises en regard avec celles qui « vivent en couple ». On se positionne donc sur deux dimensions fort différentes, l’une faisant référence à l’affectif (relation amoureuse), l’autre renvoyant davantage à la conjugalité. L’enquête EFL offre ainsi un cadre de comparaison a priori plus pertinent.
44Certaines caractéristiques saillantes qui discriminent les « relations amoureuses stables » des « couples cohabitants » opposent également les « couples non cohabitants » aux « cohabitants ». En premier lieu, les personnes en couple avec quelqu’un qui réside dans un autre logement se caractérisent par leur jeune âge et des relations récentes : de ce point de vue, la non-cohabitation s’apparente à une étape dans le processus de formation du couple. Deuxièmement, aux âges plus avancés, ne pas vivre avec l’autre s’avère un peu plus fréquent, résultat qui pourrait traduire certaines des raisons de ne pas cohabiter chez les « jeunes couples âgés » mises en évidence par Vincent Caradec (1996). Troisièmement, la non-cohabitation apparaît plus probable lorsque l’un des partenaires a déjà des enfants issus d’une précédente union. La présence d’enfants en elle-même peut expliquer le fait de ne pas cohabiter (par exemple pour ne pas perturber les enfants avec la présence d’un nouveau conjoint). Elle est aussi l’indicateur d’un passé conjugal et d’une séparation qui a pu être vécue comme une expérience difficile, laquelle peut conduire à adopter une attitude de prudence en préférant ne pas emménager avec un nouveau partenaire, du moins dans un premier temps. De ce point de vue, la corrélation observée pourrait aussi tenir à un effet de structure : suite à une séparation, un nouveau processus de mise en couple se remet en place avec, à l’instar des plus jeunes, une période de fréquentation durant laquelle chacun évalue le potentiel de la relation. Enfin, la non-cohabitation ne s’accorde pour ainsi dire jamais avec l’officialisation de l’union (mariage ou Pacs) ni avec la présence d’enfants du couple. De ce point de vue, la mise en regard des non-cohabitants avec les cohabitants mériterait d’être affinée, notamment en distinguant, parmi les cohabitants, les couples non mariés sans enfant et les couples mariés ou pacsés et/ou avec enfants. Cette distinction (résultats non présentés ici) montre qu’à bien des égards, l’union libre sans enfant occupe une position intermédiaire entre le couple non cohabitant et le couple officialisé ou avec enfants (en termes d’ancienneté de la relation, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle par exemple). Ces quelques éléments conduisent à penser que la non-cohabitation est dans bien des cas une situation transitionnelle, étape du processus de (re)mise en couple.
45Grâce à la grande taille de son échantillon, l’enquête EFL offre en outre la possibilité d’explorer de manière inédite certaines dimensions de la conjugalité à distance. Elle permet notamment de s’intéresser à la dimension spatiale du phénomène, lequel s’avère plus répandu dans les grandes communes et en particulier à Paris, ainsi qu’à sa dimension sociale, avec une plus forte fréquence de la non-cohabitation en haut de la hiérarchie sociale. Cela pourrait tenir à des considérations économiques, le maintien de deux résidences séparées nécessitant d’en avoir les moyens, mais aussi à des modes de vie spécifiques avec un investissement et des ambitions professionnelles plus individuels, ou encore à des conceptions différentes du couple selon le milieu social. Enfin, la conjugalité à distance apparaît nettement plus probable chez les gays et lesbiennes. Malgré une moindre réprobation à l’égard de l’homosexualité, la relation à distance permet de tenir son orientation sexuelle dans un domaine plus privé. Ce mode de conjugalité s’accorderait par ailleurs mieux avec les aspirations conjugales de ces couples et, en particulier, une quête de relations plus égalitaires.
46L’enquête EFL présente toutefois quelques limites, en raison notamment d’un manque de précisions sur le temps de présence de chacun des partenaires dans tel ou tel logement. La formulation des questions mêle en effet régularité et fréquence15. Par ailleurs, on ne dispose d’aucune information sur le lieu de vie du partenaire non-cohabitant : réside-t-il chez ses parents, dans un autre logement indépendant, en institution, à l’étranger ? Ou les deux partenaires sont-ils rattachés « administrativement » au même logement ? Ainsi, on ne peut distinguer de manière précise, parmi les non-cohabitants, la semi-cohabitation (l’un part la semaine pour son travail par exemple) de la non-cohabitation (chacun a son propre logement et les partenaires se retrouvent de temps à autre). Une information plus précise à ce sujet permettrait de mieux comprendre pourquoi autant de couples non cohabitants sont mariés (15 %)16 et ainsi distinguer différentes logiques et formes de la non-cohabitation.
47En termes de collecte de données, les arbitrages sont néanmoins difficiles, entre niveau de détail dans le questionnement et taille des échantillons interrogés. Interroger plusieurs centaines de milliers de personnes (comme c’est le cas dans l’EFL) permet d’aborder différentes facettes du phénomène que l’on ne pourrait étudier avec quelques milliers de répondants (par exemple la localisation géographique ou l’orientation sexuelle), mais le volume du questionnaire doit être limité (4 pages pour l’EFL). Décrire précisément les situations nécessite un questionnement fouillé et relativement long (comme pour l’ÉRFI), lequel s’avère peu compatible avec une interrogation à très grande échelle. Dans le cas de l’étude des couples non cohabitants, les différentes sources de données sont de ce point de vue complémentaires.
Annexe
Tableau A. Caractéristiques des « couples cohabitants » et des « couples non cohabitants » (% en colonne) et répartition des deux groupes selon leurs caractéristiques (% en ligne)

Tableau A. suite

Champ : personnes en couple (cohabitant ou non) vivant en France métropolitaine. Lecture : en Île-de-France, la proportion de personnes en couple qui ne partagent pas le même logement que celui de leur conjoint(e) est supérieure à 6 %. Source : EFL, Insee, 2011.
Figure A. Proportion de personnes « en couple non cohabitant » par région

Champ : personnes en couple (cohabitant ou non) vivant en France métropolitaine. Lecture : en Île-de-France, la proportion de personnes en couple qui ne partagent pas le même logement que celui de leur conjoint(e) est supérieure à 6 %. Source : EFL, Insee, 2011.
Bibliographie
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10.2307/1534530 :Notes de bas de page
1 Hors mariages entre personnes de même sexe, impossible avant 2013 (7 000 en 2016).
2 Par exemple, dans l’enquête Omnibus de 2004 (Office for National Statistics, Royaume-Uni) (Haskey et Lewis, 2006).
3 Par exemple dans les enquêtes Generations and Gender Survey (GGS).
4 D’autres reclassements ont été envisagés à partir des questions relatives à la fréquence de présence des partenaires dans le logement mais non retenues en raison de l’imprécision des informations collectées qui mêlent à la fois régularité et fréquence (nous revenons sur ce point en conclusion).
5 Question posée uniquement dans l’enquête GGS française.
6 La 2e vague réinterroge des personnes interrogées 3 ans plus tôt, lorsqu’elles avaient entre 18 et 79 ans. Le champ de la 2e vague couvre donc les 21-82 ans.
7 Notons toutefois que l’on observe ici l’ancienneté de la relation et non sa durée. Mécaniquement, celles et ceux qui passent moins de temps dans une situation donnée ont moins de chances d’être enquêtés lorsqu’ils s’y trouvent. Ainsi, les personnes repérées comme non-cohabitantes au moment de l’enquête EFL ont en réalité une durée moyenne de relation plus grande que l’ensemble des personnes vivant cette situation à un moment ou à un autre de leur vie. On tend donc ici à surreprésenter les personnes dont l’histoire est longue.
8 Voir également sur ce point le chapitre 11 dans cet ouvrage.
9 Traduction possible de l’écart d’âge à la mise en couple entre hommes et femmes. Par ailleurs, les différences par sexe peuvent tenir à une définition différente qu’hommes et femmes se font du « couple » (voir Haskey, 2005 pour une discussion sur ce sujet).
10 Même si la situation est rare, comme en témoigne la largeur de l’intervalle de confiance.
11 10 000 habitants ou plus.
12 Cf. supra, II.1.b. Les mêmes modèles ont été répliqués en incluant ces variables (résultats non présentés). Au-delà de leur fort impact sur la propension à vivre ou non sous le même toit, elles n’impactent pas de manière significative l’effet des autres variables présentées dans les tableau 3 et 4.
13 La nationalité du partenaire non cohabitant n’est pas connue dans l’enquête EFL.
14 L’enquête EFL ne contient pas d’informations directes sur le parcours conjugal des personnes.
15 Les questions sont : « Votre conjoint(e)/ami(e) vit dans ce logement… toute l’année (ou presque) ; plutôt les week-ends ou les vacances ; plutôt en semaine ; quelques mois dans l’année ; une partie du temps en alternance ; rarement ou jamais » et « Vous vivez dans ce logement… [même liste de modalités]. »
16 Notons que dans nombre d’enquêtes, les personnes mariées sont d’emblée exclues du questionnement visant à repérer les non-cohabitants et sont systématiquement considérées comme corésidentes (voir par exemple Haskey et Lewis, 2006).
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