Correspondance de Deparcieux
p. 85-99
Texte intégral
I. – Correspondance avec Wargentin1
Deparcieux à Wargentin
1À Paris ce 15 aoust 1760
2Monsieur,
3On ne peut être plus agréablement flatté que je l’ay été de l’honneur que m’a fait votre sçavante compagnie en m’associant à la gloire de son nom et de ses travaux. Chargez vous, je vous prie, auprès d’elle de tout mes remerciements et de toute ma reconnaissance. Je feray bien tous mes efforts pour tâcher de mériter la faveur qu’elle a bien voulu me faire, mais je ne réponds pas du succez. J’ay bien tardé à vous faire mes remerciements mais les occasions favorables sont rares, joint à cela que j’étois à la veille de faire imprimer l’addition ci-jointe que je voulais vous envoyer ; j’espère que vous ne me sçaurez pas mauvais gré d’avoir fait usage de ce que vous m’avez communiqué sans vous en avoir demandé l’agrément. Cela venait si bien à mon sujet, et le tems indispensable pour avoir votre réponse m’eut renvoyé si loin que j’ay cru pouvoir passer outre.
4Il ne me reste plus de la première partie. Dès que j’en pourray trouver le tems j’en feray faire une autre édition. J’ay donné cette addition sans attendre la seconde édition parce que c’étoit tout prêt, et que ces tables, qui m’ont donné de la peine, auroient pu être perdues si j’étois venu à mourir sans qu’elles eussent été imprimées.
5J’aurois deu pouvoir déduire de pareils ordres de mortalité des deux autres tables que vous m’avez envoyé (sic) mais il faut qu’il y ait des fautes.
6Pour les rapports des dénombrements des vivants il m’a été impossible de passer de 5 à 10 ans et de 45 ans à 60, il s’y trouve des sauts considérables qui ne sont pas dans la nature ; il faut qu’il y ait erreur dans la recherche des dénombrements. Si on continue à faire cette recherche et que ceux qui y sont employez les fassent fidellement, qu’ils ne se servent pas des nombres des premiers pour former les derniers, se contentant de faire à peu près pour s’épargner la peine, on parviendra à avoir les rapports vrais autant qu’ils peuvent l’être. Le moindre raport (sic) des morts aux vivants de votre dernière table est de 1 à 183 pris entre commun entre 15 et 20 ans ; il est seurement trop petit. Par l’ordre que j’ay déduit d’après les morts de votre mêmes tables, ce même rapport n’est que de 35 ou environ à 4,400 à peu près ou de 1 à 126 à l’âge de 18 ans, et ici suivant les registres des tontines qui sont incontestables et qui vivent plus que le monde pris indistinctement, de 1 à 144 à l’âge de 11 ans. En un mot vous sentez mieux que moy des tontines qu’on doit pouvoir établir un ordre de mortalité avec chacune des trois tables que vous m’avez envoyé (sic) et que ces trois ordres devroient donner les mêmes raports, il n’y a néanmoins que la liste de la mortalité dont j’ay pu faire usage et je crois cette liste bien faite, car les différences se suivent assez bien et cadrent aussi assez bien avec tous les autres ordres tant de cette addition que de la 1re partie. Ma remarque pourra servir à avertir ceux qui sont chargez de faire ces recherches qu’ils n’y apportent pas tous les soins ou toute l’intelligence nécessaire. En vous remerciant des tables que vous m’avez envoyé (sic) je vous prie de bien vouloir me faire part des nouvelles recherches qu’on sera et qui vous parviendront. Il seroit bien à souhaiter qu’on en fît ici de pareilles, mais nos gens en place ne sentent rien, laissent le soin de tout à leurs commis, et dès qu’il ne revient rien de ceux-ci de ce qu’on leur propose, on pert (sic) ses peines à leur proposer quelque recherche à faire.
7Faites mettre, je vous prie, une des additions ci-jointes dans l’essay sur les probabilitez que j’eus l’honneur d’adresser à l’académie, gardez-en une pour vous, Monsieur, en attendant que je vous envoyé la 2nde édition qui ne se fera pas de plus d’un an d’ici, peut-être de deux – ayant actuellement plus d’occupations que je n’en feray d’ici là. Donnez les quatre autres à ceux que vous croirez qu’elles pourront faire plaisir si je vous suis bon d’ici à quelque chose pour vous ou pour l’académie, je me feray un devoir de vous servir de tout ce qui dépendra de moy étant très parfaitement et avec tout le respect possible,
8Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur.
9Deparcieux
Deparcieux à Wargentin
10À Paris, le 4 aoust 1765
11Monsieur,
12Votre sçavante académie a fait en moy une bien maigre acquisition : je donne bien peu au Public et je ne vous fatigue pas par mes lettres ; je vais pourtant le faire aujourd’hui mais ce n’est pas pour vous donner, c’est le contraire pour vous demander. Je travaille à revoir mes probabilitez de la durée de la vie humaine pour en faire une seconde édition qu’on me demande de toute part (sic). Je retouche le livre presque entièrement, j’ai refait d’autres tables pour les annuitez, j’ai continué les deux de la mortalité réelle des rentiers des tontines de 1689 et 1696. J’ai revu d’après cette augmentation l’ordre de mortalité que j’en avais déduit, j’ai trouvé à y changer quelque chose et il en résulte que les rentiers avancez en âge meurent encore un peu moins vite que par la 1re (sic) et vous avez vu qu’ils mouraient beaucoup moins que les pareils nombres de personnes prises indistinctement et que les rentes viagères telles qu’on les a toujours faites ici sans principe ni rime ni raison sont très onéreuses à l’état. J’ay recully (sic) plusieurs ordres de mortalité, je les donnerai tous pour en faire un recueil autant complet que je le pourrai et je n’oublierai pas d’y mettre tout du long ceux que j’ai formez d’après les éléments que vous m’avez envoyé (sic) en 1759, pour la proportion de personnes de chaque âge que M. Baer voulut bien vous faire passer dans le tems. Je l’ai établi par la seule proportion des morts ; je crois avoir eu l’honneur de vous mander qu’il m’aurait été impossible de me servir des rapports des vivants, il me fut impossible de pouvoir mettre aucune suitte (sic) de ce qui est avant 5 ans à ce qui est entre 5 et 10 ans. Ce qui suit jusqu’à 45 ans va bien mais de 45 à 60 ans il s’y trouva des sauts considérables qui ne sont pas dans la nature non plus que ceux qui m’ont empêché de pouvoir lier ce qui est avant 5 ans à ce qui est après. Il faut certainement qu’il y aye erreur dans les dénombrements. Si on en fait pluisieurs (sic) pourvu que ceux qui les feront ne fassent pas les nouveaux d’après les anciens, quand il y en aura plusieurs de faits, prenant un milieu entre ceux qui auront quelque suite on poura (sic) former un ordre très approchant du vrai. Cette recherche faite pour les hommes et pour les femmes séparément est intéressante et confirme ce que j’avais dit d’après les religieux et religieuses que les femmes vivent plus que les hommes. Il seroit à souhaiter qu’en distinguant toujours par sexes on entrât dans un plus grand détail, qu’on distinguât les hommes mariez des hommes veufs et des garçons et de même pour les femmes les veuves et les filles. Combien compte-t-on en Suède de personnes par ménage ou par feu ? Cela varie ici il y a des provinces ici où l’on asseure (sic) qu’ils sont à cinq personnes l’un dans l’autre et c’est beaucoup ; d’autres 4 1/2, d’autres à 4 et peut-être y en a-t-il moins car nous avons beaucoup de célibataires. Autres fois tout le monde se mariait ou certainement beaucoup plus.
13Faites-moi le plaisir je vous prie de m’envoyer si vous l’avez (sic) les dénombrements ou leurs rapports de 1754 à 1757, de 1757 à 1760, et de 1760 à 1763 si vous les avez ou ce que vous vous en trouverez et autres nottes ayant trait à ce sujet. Dès que mon ouvrage sera réimprimé et j’espère qu’il le sera dans le courant de l’année, je vous en ferai parvenir deux exemplaires un pour la bibliothèque de l’académie et un pour vous. Faites moy le plaisir si vous avez quelque chose à me donner de le faire le plutôt (sic) que vous le pourrez, pardonnez-moi la liberté avec laquelle j’en agis. Le monde devient beaucoup plus vieux chez vous qu’ici, vous avez pu voir néanmoins que les rentiers des tontines viennent bien vieux, qu’il n’est point si rare d’en voir de 95, 98 et 100 ans et toujours plus de femmes que d’hommes comme chez vous. Je crois que cela peut bien venir de ce qu’elles font moins d’excez de toute espèce que les hommes. Il faut qu’il y ait une cause prise dans le cours de la vie et dans la conduite car par leur constitution il semble qu’elles devroient vivre moins que nous, elles sont plus délicates, les grossesses et les couches les fatiguent considérablement, elles vivent néanmoins plus que nous, et je crois que c’est notre faute et quand j’ajoute à cela l’examen de ma consience (sic), je me le persuade tout à fait.
14Si je puis vous être bon ici quelque chose ou à la Compagnie je me ferai un devoir de vous prouver qu’on ne peut être plus parfaitement et avec plus de respect que moy,
15Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur.
16Deparcieux
Deparcieux À Wargentin
17À Paris ce 16 novembre 1765
18Monsieur,
19J’ai eu l’honneur de vous écrire il y a aux environs de trois mois, M. Baer notre confrère commun voulut bien se charger de vous faire parvenir ma lettre comme il fait de celle-ci. Je vous priois de vouloir bien me faire part des dénombrements faits depuis 1754 si vous les avez. Vous eutes la bonté de m’envoyer celui-là en m’annonçant l’agréable nouvelle que votre sçavante Compagnie m’avoit fait l’honneur de m’admettre au nombre de ses membres.
20Je vous rapellois (sic) qu’en 1760 j’avois fait usage d’une partie de ce que vous m’aviez de vos dénombrements et qu’il me semble que je vous l’envoyai dans le tems je ne me souviens plus comment. Il est possible qu’ils ne vous soien pas parvenus ou peut être, ne connoissant pas alors M. Baer, que la dificulté (sic) de vous le faire parvenir me l’aura fait oublier contre mon intention. Si m. Baer ne trouve pas que cela grossisse trop le paquet j’en joindrai un exemplaire à cette lettre en attendant que je vous envoyé quelque choze (sic) de mieux.
21J’avois fait depuis l’impression de mes probabilitez trois tables de rentes viagères croissantes. Je les fis imprimer en 1760 de crainte que mourant en les laissant manuscrites elles ne fussent perdues et c’eût été dommage au moins à cause de la longueur dont elles sont à calculer ; je profitai de l’occasion pour donner aussi ce que j’avois déduit d’une partie de vos dénombrements et ce que m’avoit fourni un honnette (sic) et bon curé de ma connoissance.
22Je vous disois dans ma dernière lettre que je n’avois pu faire usage que des nombres qui marquent la proportion des morts de chaque âge : il y a erreur dans ceux faits d’après les dénombrements des vivants, ces erreurs ne sont certainement pas dans la nature prise en général, elle va uniformément, et non par sauts. Je transcris ici ceux que vous avez eu la bonté de m’envoyer, afin que vous voyiez plus aisément les défauts.
- À la colonne des hommes le saut de 50 à 60 ans est trop fort, c’est le nombre de 50 à 55 qui est mal et peut être d’autres aussi.
- À la colonne des femmes vous voyez que celui de 15 à 20 est moindre que celui d’au-dessous ainsi que celui de 45 à 50, cela ne pouvoit pas être aux hommes malgré les levées pour la guerre, à bien plus forte raison pour les femmes. Les nombres doivent aller toujours en diminuant, il naît tous les ans également ou à peu près, ceux des dernières années passant successivement et d’année en année à la place de ceux très avant eux et parce qu’il en meurt de nécessité dans le passage d’une année à la suivante les nombres doivent toujours aller en diminuant, c’est une erreur ou plusieurs trop fortes. Si le dénombrement étoit bien fait j’aurois deu pouvoir en déduire un ordre de mortalité proportionnel à celui que j’ai déduit des morts. Si cette seconde recherche est bien faite elle-même, l’une auroit confirmé l’autre parce que ces deux choses se trouvent nécessairement liées ensemble.
23Je travaille actuellement à rédiger mes remarques et tout ce qui est venu à ma connoissance sur ce sujet depuis la 1re édition pour en faire une seconde ; elle se trouvera de beaucoup augmentée. C’est pour y faire entrer ce que vous voudrez bien me procurer que je prends la liberté de vous importuner. Ne vous contentez pas je vous prie de m’envoyer le dénombrement d’une seule année. Envoyez m’en s’il vous plaît 5 à 6 ou 7 à 8 si vous les avez et les derniers faits, il faut croire qu’ils seroient mieux faits que les premiers, prenant un milieu entre ceux qui paroîtront bien on sera sans doute plus près de la vérité.

24Si votre réponse à ma première étoit sur chemin pour me parvenir lorsque celle-ci vous arrivera et que vous ne m’ayez pas donné les dénombrements de plusieurs années et que vous les ayez, faites moy le plaisir de me les envoyer dans une enveloppe purement et simplement comme par addition par un des premiers couriers (sic) qui partiront de votre Cour. Faites moi aussi le plaisir de me dire s’il y a longtemps qu’on est dans l’usage de faire en Suède des dénombrements. Je sçai bien que ceux des morts sont plus aisez à faire que ceux des vivants mais ces derniers sont possibles, il s’agit que ceux qui les font veuillent y mettre le tems et les soins nécessaires. Faites moi part je vous prie, Monsieur, de tout ce que vous aurez ayant raport (sic) à cette matière, par exemple combien de veufs et de veuves sur tant d’autres, combien de filles et de garçons morts à chaque âge, combien d’âmes et de personnes par feu. On compte ici dans certaines provinces quatre personnes par feu, dans d’autres mais c’est pour le plus.
25Je vous demande bien pardon de tant vous importuner et de vous tant pousser vous sçavez tout comme moi quand on tient quelque sujet avec chaleur c’est comme une maladie qu’on promène partout, on n’est que cela la nuit et le jour et on voudrait que tout le monde le fût aussi.
26J’ai l’honneur d’être avec respect et vénération,
27Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur.
28Deparcieux
Deparcieux à Wargentin
29À Paris ce 2 juillet 1767
30Monsieur,
31Votre sçavante Compagnie a bien voulu agréer un exemplaire de mon 1er mémoire sur le projet de donner de l’eau à Paris ; voudrez-vous bien Monsieur lui présenter ce second. Ce qu’il contient de plus intéressant est le raport (sic) de la faculté de l’examen qu’elle a fait faire de l’eau que j’ai proposé d’amener à Paris et dont quelques personnes, plus avides de richesses que d’honneurs, avaient voulu attaquer la salubrité. Je voudrais avoir à présenter à la Compagnie beaucoup plus de productions aussi utiles que celle-là pour lui marquer ma respectueuse reconnoissance pour l’honneur qu’elle m’a fait en m’associant à ses sçavants travaux et à sa gloire. Je vous prie de vouloir bien l’asseurer de mon respectueux attachement et de mon désir de lui plaire. J’ai suspendu mon travail sur les probabilitez afin de mieux faire, je fais faire une recherche à ce sujet qui devra intéresser par la certitude de la recherche. J’ai fait imprimer un protocole pour expliquer ce que je demande aux curez et des tables toutes prêtes qu’ils n’ont qu’à remplir. J’en ai envoyé huit à chacun des 50 Evêques que j’ai choisi (sic) dans les différentes provinces du royaume en les priant de les envoyer aux huit curez de leur diocèze (sic) les plus capables, les curez sont flattez du choix de leur supérieur et ils se feront un devoir de bien faire ce que je demande au moyen de quoi je compte que ma recherche sera bien faite, l’étant par l’élite des curez et c’étoit nécessaire car il y en a qui sont plus brutes et plus imbéciles que les païsans qu’ils conduisent.
32J’ai l’honneur d’être avec un très respectueux attachement,
33Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur
34Deparcieux
II. – Correspondance avec la Société royale des sciences de Montpellier2
Deparcieux à la Société royale des sciences de Montpellier
35À Paris ce 23 juin 1741
36Messieurs,
37La grâce que vous venez de m’accorder est de celles qu’on ressent mieux qu’on ne peut l’exprimer. Vous me faites l’honneur de m’associer avec vous [.] C’est me supposer les qualitez nécessaires pour jouir de cet avantage [.] L’amour propre ne m’empeche pas de sentir [,] et avec raison [,] que je suis bien éloigné d’avoir toutes les lumières que je désirerois pour figurer dignement avec mes illustres confreres [.] Ce qui me rassure [,] Messieurs [,] c’est que j’espere que le meme principe de Générosité qui vient de m’unir avec vous me procurera l’indulgence dont j’ay besoin [.] Et moi de mon coté penetré de reconnoissance et piqué d’émulation je ferai de nouveaux efforts pour justifier votre Choix. Je conçois Messieurs que je trouverais moins de difficultez dans ce que je pourray entreprendre si je pouvois assister à vos assemblées [,] et le titre d’associé libre tout flateur (sic) qu’il est [,] porte avec luy une privation dont je sens le désavantage [.] Peut- etre qu’un temps plus heureux me permettra de réparer mes pertes [.] Je suis avec respect et avec toute la reconnoissance possible [,] Messieurs [,] votre tres humble et très obeissant serviteur
38Deparcieux
Deparcieux à la Société royale des sciences de Montpellier
39À Paris ce 8 mai 1742
40Messieurs
41Vous vous repentez sans cloute, et vous avez raison, de m’avoir accordé une place dans votre illustre Societté (sic). Depuis un an ou environ que vous m’avez fait l’honneur de m’admettre dans votre sçavante compagnie, je n’y ai encore rien fourni ; et encore que vous envoyai-je aujourd’huy ? un problème tout des plus simples. Je vous prie de le recevoir en attendant que je trouve l’occasion de mieux faire. Je suis avec toute la reconnoissance et la consideration possible [,] Messieurs [,] de votre sçavante societté (sic) le tres humble et tres obéissant serviteur
42Deparcieux
Deparcieux à la Société royale des sciences de Montpellier
43À Paris ce 31 aoust 1743
44Messieurs
45Il y a longtemps que je me reproche ma temerité d’avoir osé occuper une place dans votre compagnie et de la remplir si mal [.] Je vous apporte quelques foibles raisons [,] les recevrez vous ? J’espere encore cela de votre bonté. Je crus d’abord que l’envie que j’avais et que j’ay toujours de bien faire m’en fourniroit les moyens [,] mais je me suis trompé. Je n’ai pas pris garde que je devois etre privé du seul et unique moyen de pouvoir bien faire. C’est dans vos sçavantes assemblées qu’on se fortifie et qu’on prend des pensées [.] Vous sçavez mieux que moy [,] Messieurs [,] qui ne les cherche pas, ces pensées, il faut attendre qu’elles se presentent et le plus heureux est celui qui sçait mieux les saisir. La lotterie tontinée qu’on a fait l’hyver dernier m’en présenta une [.] Je crus la saisir du bon coté et j’en ay fait le sujet du mémoire adjoint que Monsieur…[illisible]… a bien voulu se charger de vous présenter [.] Je souhaite qu’il soit jugé digne d’occuper une place parmi vos sçavantes recherches [.] J’attends à présents (sic) avec impatience que le hazard me présente une autre pensée ou un sujet sur lequel je puisse travailler [,] qu’il me donne occasion de vous marquer mon zele et l’envie que j’ay de meriter l’honneur que vous m’avez fait. Je suis avec la plus parfaite consideration et la plus sincere reconnoissance, Messieurs [,] votre tres humble et obeïssant (sic) serviteur
46Deparcieux
Deparcieux à M. de Ratte, Secrétaire perpétuel de la Société royale des sciences de Montpellier
47Lettre non datée (écrite probablement en 1744)
48Monsieur
49Je n’ay receu celle que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire en datte du 2 juin que le 19 Septembre. Elle étoit restée à la poste parce que la rue ni la maison où je demeure ni (sic) étoient pas, et elle ne m’est parvenue que par le moyen d’un ami qui en devoit recevoir adressées simplement à la poste, et qui vit par hazard mon nom en cherchant le sien. Je suis bien flaté (sic) de ce que la compagnie a été contente de mon problème de Gnomonique. Il est vray qu’il peut etre resolu directement, et beaucoup plus brievement. J’avoue que je ni (sic) avois pas pensé et que je ne dois cette autre méthode qu’à l’attention que vous m’y faites faire ; je vous l’envoyée (sic) telle que je vous l’envoyerois si je n’avois pas envoyé l’autre, c’est à dire que j’y ay joint ce qu’il y a de commun aux deux afin que celle-ci puisse etre entenduë sans l’aide de l’autre, à l’exception du preambule qui est au commencement de la 1re, et qui [,] à proprement parler [,] ne fait pas partie du Problème. J’ay encore été bien aise de mettre le tout ensemble afin que s’il étoit jugé digne d’être imprimé, vous n’eussiez pas la peine de prendre une partie dans un mémoire et une partie dans l’autre, auquel cas je vous prierois Monsieur d’y donner le dernier coup de lime necessaire.
50Le principe de cette méthode sera peut être un peu plus caché pour ceux qui ne sont pas bien initiez dans la Gnomonique. Si tout ceux qui la liront (si tant est qu’on la lise) pouvoient avoir une figure de carton pareille à celle que je vous envoyé [ils] auraient [,] je pense [,] bien moins de peine à l’entendre. Je crois cette derniere methode preferable à la première, tant parce quelle est plus courte que parce quelle est directe.
51Si je puis être ici propre à quelque chose, soit pour la societté (sic) en general, ou pour chacun des membres en particulier, je vous prie Messieurs de me preferer, afin que si je ne suis pas autrement utile à la Compagnie, je le sois au moins par là.
52J’ay l’honneur d’être avec toute la consideration et la reconnoissance possible [,] Monsieur [,] et de toute la sçavante societté votre tres humble et très obeissant serviteur
53Deparcieux
54Mon adresse est chez M. Moret marchand de dentelles, ruë des Lavandieres, vis-à vis de la ruë du Plat d’etain. Faites moy le plaisir de m’envoyer une liste de l’année 1743 lorsqu’elle sera imprimée, ou la remettez à M. Pitot je vous prie.
Deparcieux à M. de Ratte
55À Paris ce 18 fevrier 1746
56Monsieur
57L’honneur que la societté (sic) m’a fait en m’associant à son corps me fait esperer qu’elle prendra part à celui que l’académie m’a fait en m’associant au sien [.] J’ay ete reçu avant hier adjoint à Geometre à la place de M. l’abbé degua qui a passé à la veterance [.] J’avais besoin de cela pour me rendre plus digne du titre que vous m’avez donné [.] J’ai joui de ce titre flateur (sic) et non de l’avantage qui seul y etoit originairement attaché ; qui dit académie dit assemblée de sçavans ou aspirants à l’etre, qui profitent reciproquement des remarques les uns des autres et c’est de cet avantage dont je n’ay jamais profité [.] J’en profiteray maintenant et tacheray de mieux meriter l’honneur que vous m’avez fait [.] C’est une seconde aliance (sic) que je contracte avec la societté, si vous me passez la comparaison je suis dans le cas d’un homme qui épouse sa plus proche parente et qui se trouve toujours aussi honnoré du premier titre de parenté que du second. Je n’ai pas encore retiré le volume de 1742 mais je ne l’oublieray pas et j’attends meme que M. Pitot m’ait dit qu’il veut que je retire le sien afin de les demander tous les deux à la fois [.] M. Farge professeur de mathématiques qui est cet ami dont j’eus l’honneur de vous parler dans ma derniere lettre s’est acquitté de la commission dont je l’avais chargé pour M. de Poullin des qu’il a été arrivé à Orléans [.] Je joins ici la réponse que m’a fait M. de Poullin par laquelle vous verrez qu’il n’y a rien à esperer. J’ay effectivement entendu dire par plusieurs personnes que M. de Poullin projettoit beaucoup et qu’il executoit peu. M. Farge qui s’étoit chargé de cette commission est un jeune homme qui travaille beaucoup [.] Il n’a encore rien fait imprimer quoiqu’il en soit bien plus capable que certains dont on vante souvent les ouvrages [.] Je crois qu’il ne tardera pas à vous envoyer quelque mémoire. 11 désireroit bien avoir le titre dont vous m’avez honnoré [.] Vous verrez sur ce qu’il vous envoyera si vous devez le lui accorder [.] Sont (sic) père est maitre horloger à Paris et il a été lui même horloger pendant un assez long tems [.] Il a quitté l’horlogerie pour s’adonner tout à fait aux mathématiques et à la phisique (sic). Il travaille beaucoup. Il a de la facilité et il est en état de vous donner quelques bons morceaux sur l’horlogerie [.] Si vous ne croyez pas qu’il y ait de l’indiscrétion de ma part de demander à la compagnie qu’elle voulut bien lui donner le titre qu’avait M. de Poullin en attendant qu’il en ait mérité un autre par son travail je vous en serais bien obligé [.] Cela l’encouragera, le mettra en correspondance de lettre avec vous et serez par là mieux à portée de connoitre ce qu’il mérite [.]
58J’ai l’honneur d’etre avec toute la considération possible [,] Monsieur [,] votre tres humble et bien obéissant serviteur
59Deparcieux
Deparcieux à M. de Ratte
60À Paris ce 10 fevrier 1761
61Monsieur
62M. Imbert n’aura pu vous donner que de mauvaises nouvelles du 3ème volume des mémoires des sçavants étrangers [.] Je croyois l’avoir envoyé parce que j’avais fait deux envois [;] un par M. Pitot le fils et l’autre par M. de Joubert [.] Je ne me souvenois pas qu’on m’avoit dit qu’on ne pourrait pas en donner parce que l’academie n’ayant qu’un nombre fixe de volumes qui n’est lus grand que ce qu’il lui faut pour les presents à faire et les académiciens que de quelques volumes [.] Il arrive que ce nombre est trop petit pour ceux des sçavants etrangers parce qu’il faut en donner à tous les auteurs des memoires contenus dans le volume [.] Je m’en suis expliqué Samedi dernier, n’ayant pu le faire plutot (sic) à cause d’un gros rhume qui m’empechait d’aller à l’academie [.] j’ai neanmoins tant plaidé et tant représenté qu’étant d’usage de donner à la societté (sic) tout ce qui se distribue [,] on ne pouvait decemment ne pas vous donner celui ci surtout ayant eu les deux premiers volumes [.] On a fait une recension de ce qui restoit à donner et de ce qu’on avoit. Il est mort un auteur de mémoire depuis l’impression [.] Cela a fait que je l’ay eu et je vous l’envoyerai par la premiere occasion. Quand le quatrieme viendra je seray plus fort à le demander ayant eu les trois premiers. Soyez assuré [,] Monsieur [,] et assurez en bien la société que je ne néglige et n’oublie jamais de demander pour elle tout ce qui se distribue [.] C’est bien le moins que je lui rende exactement ce petit service [,] lui étant un membre inutile d’ailleurs [,] dont je suis bien faché d’autant plus que j’ay toujours présent que je dois à la société toute la considération que je puis avoir acquise si tant est que j’en aye [.] C’est elle qui la premiere m’a fait l’honneur de m’associer à ses travaux et à sa gloire [,] faveur que je n’oublierai jamais [.] C’est la société royale des Sciences qui m’a ouvert la porte de celle d’ici, et les deux ensemble celle de Berlin et de Stokolm (sic) [.] Je sens tout cela [;] jugez du regret que je dois avoir de le montrer si peu. Je n’ai pas oublié de demander les arts qu’on distribue par cayers (sic) à mesure qu’ils viennnent mais il est impossible à l’académie d’en donner [.] Ce n’est pas M. Anisson qui les imprime [,] c’est Dessein et Saillant qui en font les frais [.] Ils sont considérables [,] et pour cette raison ils donnent un moindre nombre d’exemplaires [.] M. le Directeur m’a chargé de vous dire [,] Monsieur [,] qu’il en etoit bien fâché [.] Nous aurons incessamment le volume de 1755 [.]
63J’ay l’honneur d’etre avec un très recpectueux attachement [,] Monsieur [,] votre tres humble et tres obéissant serviteur
64Deparcieux
Deparcieux à M. de Ratte
65À Paris, ce 6 avril 1761
66Monsieur
67Ce que je fais pour la societté est trop peu de chose pour ce que je lui dois mais au moins ne pecheray-je pas faute de zele et de desir de lui être plus utile. J’ay tout prêt à vous envoyer quand j’en auray l’occasion le mémoire de 1755 et le volume des etrangers [.] Je ne desespere pas tout à fait d’obtenir les arts [,] et nous les aurions bien plus aisement s’il se trouvait quelque membre de la societté (sic) qui peut faire la description de quelque art s’il y en a quelqu’un qui puisse etre mieux fait en Languedoc qu’à Paris [,] et il y en a vraisembleblement quelqu’un dépendant du travail de certaines matieres qui ne se trouvent que dans le pais. J’ai chez moi le code de musique de M. Rameau pour lequel j’ay payé 24 Livres et deux Livres pour la reliure [.] Cela fait 26 Livres que vous voudrez bien garder jusqu’à ce que je compte avec M. Pitot [.] Comptant toujours avec lui à la fin de décembre [,] il vous le demandera quand je le lui demanderay ou compteray autrement [.] Cela peut causer des meprises ou mecomptes [.] Quand vous sçaurez quelque occasion pour les volumes vous voudrez bien me le faire sçavoir un peu à l’avance [,]attendu que je suis sujet à aller à la campagne assez souvent [.] Quand je dis qu’il y a des choses qui doivent etre mieux faites chez nous qu’ici [,] en voici deux et il y en a sans doute d’autres [.]
68Quoique M. Montet ait donné en 1750 la manière de faire le vers de gris [,] la meme chose pourrait être faite pour les arts en detaillant un peu plus les figures en imitant les autres planches des arts. Vous en avez sans doute vu [.] Si vous n’en aviez pas vu je pourrais bien vous en envoyer quelqu’une pour en faire voir le gout [.] Presque toutes contiennent en haut une vignette où l’on voit les gens en action travaillant [.] Le bas de la planche contient les machines et les pieces ou ustensiles necessaires au travail [.]
69Le grand pressoir a huile d’usage dans le bas Languedoc tel que je me souviens de l’avoir vu à Alais et que je sais être le meme le long du Rhosne [illisible]. Ce travail de pressoir et les ustenciles (sic) valent bien la peine d’etre decrits et montrez en action et en detail [.]
70L’art de tirer la soye des cocons ne seroit-il pas aussi bien digne d’être montré [?] Que ceux de la societté (sic) qui se croiront plus en état d’en faire en fassent [.] Si vous avez besoin de quelques epreuves pour voir le goût et l’esprit [,] demandez les moy [,] je crois que je pourray vous en envoyer quelques unes. J’ay aussi trois volumes à envoyer à M. Pitot [,] ce qui pourroit faire une petite caisse [,] ou bien les remettre à quelque libraire qui fit un envoy de livres à Montpellier [.] Vous verrez [.]
71J’ay l’honneur d’etre avec l’attachement le plus parfait et le plus respectueux [,] Monsieur [,] votre tres humble et tres obeissant serviteur
72Deparcieux
Deparcieux à M. de Ratte
73Lettre non datée (écrite probablement en 1761)
74Monsieur
75J’ay encore fait des représentations à quelques personnes du commité (sic) de la librairie pour tacher que l’académie nous donnât la suite des arts et métiers [.] Ils le voudraient et ils ne peuvent [.] Ceux qui ont fait les conditions avec les libraires ont mal fait le marché [.] Ils n’en ont pas assez [.] Cela n’a pas été regardé comme un ouvrage de l’académie mais de quelques membres particuliers [.] Enfin c’est mal fait et sans remede de ce coté là ; mais vous les aurez toujours [.] Il n’y aura de difference qu’en ce que je noterai que la societté (sic) les tient de l’académie [.] Elle ne peut [,] et ce n’est pas de la faute de la compagnie [.] Le commité (sic) est faché d’etre dans l’impossibilité.
76Je crois avoir eu l’honneur de vous dire que les premiers cayers (sic) que j’ay eu pour la societté m’ont été donnez par les libraires Messieurs Desains et Saillants, qui me dirent que si l’académie ne les donnoit pas à la societté Royale des sciences ils se feroient un plaisir et un devoir de les donner eux meme (sic), et je suis seur qu’en les leur demandant je les aurois tout de suite [,] mais je crois qu’il convient que la societté (sic) leur fasse un remerciement de leur offre obligeante en les acceptant puisque l’academie est dans l’impossibilité de les donner par le petit nombre qu’elle en a [.] Ils seront flatez (sic) de recevoir une lettre de la societté (sic) Royale [.] Vous voudrez bien me l’adresser par la voye de M. de Malesherbes [.] Si vous avez quelqu’un de vos Messieurs qui ait quelque art bientôt prêt, le leur annoncer [;] et quand il le sera si le paquet est un peu gros au lieu de l’adresser à M. Malesherbes il faudra profiter d’une ocasion (sic) [,] si vous la trouvez [,] ou l’adresser faute d’occasion à M. de la Reyniere administrateur des postes parce qu’on est devenu un peu plus dificile (sic) à la poste à cause du grand nombre qui pour des riens abusent de cette facilité.
77Vous m’aviez demandé des noms de sçavants Anglais pour la place d’associé etranger vacante [.] M. Clairaud et M. le Roy se sont reunis à nommer ou vous présenter ceux que je vous envoyé dans la notte (sic) ci jointe que je vous envoye en original de crainte d’en altérer les lettres [.] Je vous prie d’assurer la societté de mon respectueux et attaché devouement pour tout ce qui dépendra de moy et me croyez [,] Monsieur [,] en particulier et avec les memes sentiments [,] votre très humble et très obéissant serviteur
78Deparcieux
Notes de bas de page
1 Cette correspondance avec Wargentin est extraite de J.H. [Jacqueline Hecht], « Correspondance de Démographes Français avec l’Astronome Wargentin au xviiie siècle », Population, 1967, 4, p. 743-751. L’orthographe et la ponctuation adoptées dans cette publication ont été maintenues.
2 Archives départementales de l’Hérault (Registre D 203, lettres 24 à 31). Nous avons respecté l’orthographe de Deparcieux. Nous nous sommes contentés d’ajouter parfois la ponctuation, indiquée entre [].
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