Chapitre 8. Enquête « Cohésion, régulation et conflits », universités de Genève et Lausanne, Suisse, 1998
p. 197-211
Résumé
L’objectif principal de cette enquête était de connaître les modes de fonctionnement des couples et les difficultés qui leur sont éventuellement associées. Un second objectif était d’analyser les liens existant entre les fonctionnements de couple dans le réseau de parenté et d’amitiés, de manière à évaluer l’hypothèse de Parsons et Linton quant à l’isolement fonctionnel de la famille nucléaire. L’enquête a été réalisée dans le contexte des mutations familiales depuis les années 1970, dont il a fallu cerner les traits et évaluer les conséquences. Un élément important de cette recherche était de montrer à quelles conceptualisations et questionnements ces changements ont été associés en matière de sociologie de la famille.
Texte intégral
1Nom précis de l’enquête : « Cohésion, régulation et conflits dans les familles contemporaines »
2Anglais : « Social stratification, cohesion and conflict in contemporary familles »
3Équipe de recherche : Requérants : Jean Kellerhals, René Levy ; Chef de projet : Eric Widmer ; Chercheurs associés : Michèle Ernst, Raphaël Hammer.
4Initiateur de la recherche : département de sociologie, Institut d’anthropologie et de sociologie, universités de Genève et de Lausanne.
1. Problématique et objectifs
1.1. Courant de recherches dans lequel s’inscrit l’enquête
5D’un point de vue théorique, jusque dans les années 1960, les analyses sociologiques de la famille se composaient de deux grandes lignes. Burgess et al. (1963) proposaient une opposition entre la famille moderne, la famille-institution (entre sexes et générations) et la famille-compagnonnage (les liens affectifs). Parsons et Bales (1966) voyaient un rapport d’harmonie entre la famille-compagnonnage et la société environnante. Avec l’accroissement des taux de divorce et de cohabitation, la baisse des taux de fécondité et l’entrée des femmes dans le monde du travail, les mutations de la famille traduisaient un mouvement d’ensemble vers la « privatisation » des mentalités familiales. Mais ces changements ne sonnaient pas le glas de la famille. En matière de solidarité et de protection, plusieurs études mettent en évidence le fait que la parenté intervient très souvent lorsque la personne ou la famille nucléaire sont confrontées à des difficultés (Coenen-Huther, Kellerhals et von Allmen, 1994).
6L’histoire de l’enquête « Cohésion, régulation et conflits dans les familles contemporaines » remonte au début des années 1970. Le département de sociologie des universités de Genève et de Lausanne était en rapport avec la Ford Foundation qui s’intéressait au problème de la « surfécondité », présente dans certaines familles, et au développement de politiques de planification familiale. Il faut replacer cet intérêt dans un contexte où de nombreuses femmes arrivaient en Suisse (de la France pour la plupart) pour subir une interruption volontaire de grossesse (l’avortement étant interdit en France à cette époque). Genève était au centre du monde pour l’avortement. Politiquement, on pouvait également soupçonner la Suisse d’être en cheville avec l’Europe de l’Est.
7L’objectif était donc de faire une enquête sur les aspects sociopsychologiques des femmes en rupture de grossesse (1 000 entretiens). Cette première enquête était un compromis entre les objectifs de la Ford Foundation (limiter le nombre de naissances non désirées) et ceux des chercheurs (aspects plus sociologiques). Il y avait parmi ces jeunes chercheurs ceux qui pensaient que les comportements de la famille n’étaient pas uniquement le reflet du code civil et que les faits démographiques pouvaient donner des indications sur révolution des normes.
8En 1982, une première enquête longitudinale sur les jeunes couples a été réalisée par Jean Kellerhals et plusieurs de ses collègues et collaborateurs. Elle portait sur les dimensions relationnelles de la fécondité et de l’avortement, mais ces questions n’ont fait l’objet que d’une petite partie de l’analyse. Les chercheurs se sont centrés sur le fonctionnement interne des couples, et ont dégagé différentes logiques relationnelles, mettant l’accent sur le primat du groupe ou de l’individu, des statuts ou de la négociation, de l’ouverture du couple sur son environnement ou au contraire du repli sur le couple. Cette première grande enquête a été complétée à la fin des années 1980 par une nouvelle enquête portant sur les stratégies éducatives des couples ayant un préadolescent à domicile (Kellerhals, Montandon, 1991). Elle permit de mettre en rapport les styles d’interactions conjugales avec les pratiques de socialisation. Dans un troisième temps, Coenen-Huther, Kellerhals, Von Allmen et d’autres collaborateurs (1994) ont, entre 1990 et 1994, entrepris une nouvelle étude empirique, portant sur les réseaux de solidarité dans la famille, qui a permis de dépasser la famille nucléaire en se centrant sur les pratiques de sociabilité et d’échange qui existent entre celle-ci et son entourage.
9L’enquête « Cohésion, régulation et conflits dans les familles contemporaines », initiée en 1998, s’inscrit dans la continuité des études précitées. Elle a cherché à en faire la synthèse empirique, sur la base d’un grand échantillon représentatif de couples, provenant de toute la Suisse. Elle reprend les problématiques du fonctionnement conjugal et de ses effets sur la relation parentale, centrales dans les enquêtes de 1982 et 1991, tout en les inscrivant dans les réseaux de parenté, dont l’importance a été établie dans l’enquête de 1994.
10L’évolution des problématiques dans le cas suisse a donc suivi le chemin suivant : dans un premier temps, les chercheurs sont partis de l’enfant (questions de fécondité, etc.), puis ils ont approché les relations de couple. Ensuite, ils se sont intéressés aux relations parents-enfants dans le cadre de la famille nucléaire, pour finalement s’interroger sur l’inscription des relations conjugales dans le réseau de parenté et d’amitiés, avec une attention particulière sur l’effet des capitaux économiques et culturels à disposition des couples.
1.2. Objectifs
11Les principaux objectifs de l’enquête « Cohésion, régulation et conflits dans les familles contemporaines » sont les suivants :
détecter des types de fonctionnements conjugaux, la forme de cohésion conjugale et la forme de régulation conjugale ;
examiner l’impact du positionnement social et de la position dans le parcours de vie sur les fonctionnements conjugaux ;
définir les problèmes rencontrés par les individus et les couples, ainsi que les manières de les gérer (coping), puis les associer aux types de fonctionnements ;
qualifier les relations avec les enfants ;
mesurer l’évaluation subjective du fonctionnement conjugal par les conjoints ;
détecter des modes variables d’insertion des couples dans leurs réseaux de parenté et d’amitiés ;
examiner l’impact de ces modes d’insertion dans les réseaux sur les types de fonctionnement conjugaux et les problèmes rencontrés par les couples.
1.3. Présentation du type d’enquête
1.3.1. Financement
12L’enquête a été financée grâce à un subside du Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNRS) n° 5004-47772-1.
1.3.2. Date et durée de la collecte
13La collecte des données a été effectuée entre octobre 1998 et janvier 1999.
1.3.3. Taille de l’échantillon
14L’enquête « Cohésion, régulation et conflits dans les familles contemporaines » s’appuie sur un échantillon de portée nationale (toute la Suisse). Elle a été menée auprès de 1 534 couples hétérosexuels, mariés ou non, suisses ou non, vivant ensemble depuis au moins un an, dont le conjoint le plus jeune est âgé de 20 ans au moins et de 70 ans au plus. Par ailleurs, les deux conjoints parlent une des trois langues nationales principales suffisamment bien pour une interview orale.
15La taille de l’échantillon visée était de 1 500 couples, sélectionnées aléatoirement, mais selon une stratification disproportionelle et selon les quotas pour les trois régions linguistiques principales. L’échantillon final a été constitué de la manière suivante : tirage aléatoire d’un stock de numéros sur « Terco » (annuaire électronique de la Swisscom), puis contact téléphonique, envoi d’une lettre de contact, interviews téléphoniques séparées des deux conjoints.
2. Description du questionnaire
16Les entretiens ont été réalisés par téléphone et avec l’aide d’un questionnaire standardisé. Les deux conjoints ont été interviewés séparément.
17Le questionnaire aborde les questions suivantes :
composition du ménage : sexe, âge, situation matrimoniale, nombre d’années vécues avec le partenaire actuel et d’autres informations sur l’histoire du couple ; nombre d’enfants, âge et état civil des enfants (jusqu’à 4 enfants), nombre de personnes résidant dans le ménage ;
le fonctionnement conjugal est défini par les quatre dimensions suivantes :
l’autonomie versus la fusion des conjoints : le temps passé avec le conjoint ; loisirs faits ensemble, habitudes personnelles, représentation de la vie en couple ;
l’ouverture versus la fermeture du couple : fréquences et valorisation des activités et contacts externes ;
l’orientation : principaux objectifs assignés à la vie de famille ;
la régulation : manière de répartir le travail à la maison ou de prendre des décisions pour la vie commune.
réseau : la démarche s’inspire de l’enquête menée par l’équipe quelques années plus tôt sur les relations à la parenté (Coenen et al., 1994). Cependant, à cause de la variété des sujets abordés dans le présent questionnaire, seul un nombre limité d’indicateurs du rapport au réseau ont pu être retenus. Quatre dimensions ont été privilégiées :
le réseau de proximité (nombre d’apparentés et d’amis résidant à proximité, 20-30 minutes avec un moyen de transport motorisé) ;
le réseau activé (nombre de proches avec lesquels des contacts réguliers sont établis) ;
le potentiel d’aide du réseau : pourrait-on faire appel en cas de besoin à l’entourage pour l’aide domestique (la garde régulière d’enfants, l’aide répétée aux travaux domestiques, les soins à domicile), le soutien moral ou des conseils importants, un soutien financier (don ou prêt de plusieurs milliers de francs) une aide importante, un soutien moral prolongé ou des conseils importants, un soutien financier ; l’aide prospective en cas de besoin ?
la qualité des relations dans le réseau de parenté : a-t-on affaire à des relations de parenté dans lesquelles prédomine la chaleur, la connivence ou, au contraire, l’indifférence, voire l’hostilité ? Le couple a-t-il ou non le sentiment d’être contrôlé par sa parenté ?
ajustement : les difficultés rencontrées dans la vie, les conflits, les drames, si l’enquêté connaît (ou a connu dans le passé) des événements ou des problèmes graves. L’ampleur de ces conflits et de ces disputes. Comment ces conflits ont-ils été gérés ? ;
interface : le cadre de vie (qualité de l’environnement, conditions de logement, transports publics, sécurité, voisinage, qualité des espaces verts, qualités des magasins, prise en charge des enfants) ;
relations parents-enfants : l’existence de difficultés et s’il existe (existait) des disputes sérieuses ou conflits importants, les sources des soucis pour les enfants âgées de 6 ans et plus, la qualité des relations parents-enfants (jusqu’à deux enfants s’il y en a plusieurs), l’impression des enfants, l’avis sur le nombre d’enfants désirés ;
évaluation : évaluation de la vie en couple, de la répartition des tâches et responsabilités familiales ;
normes et modèles : quel modèle de vie familiale est préféré, par exemple quant à la division du travail domestique (égalitaire ou non), quant à la fidélité (monogamie stricte ou « infidélités » tolérées, etc.) ;
participation : les activités en dehors de la famille (politiques, religion, activité bénévole, fonction publique) ;
stratification : origines de la famille et la situation professionnelle actuelle, nationalité, nombre d’années vécues en Suisse, si leurs parents ont connu un divorce, formation et occupation des parents, leurs niveaux d’éducation, et leur revenu.
3. Collecte des données
3.1. Déroulement de la collecte
18Chaque membre du couple a été interviewé séparément. Seules quelques questions concernant des dimensions très simples, dont la réponse ne dépendait guère de l’appréciation subjective du répondant, n’ont été posées qu’à l’un des deux conjoints. Suite aux prétests, le questionnaire a été standardisé et la grande majorité des questions ont été « fermées ». En moyenne, les entretiens duraient 52 minutes.
19Comme l’enquête couvrait toute la Suisse, le questionnaire original rédigé en français, a dû être traduit en allemand et en italien. La stratification de l’échantillon était disproportionnelle avec l’objectif de répartir le nombre visé de 1 500 couples en 700 couples alémaniques, 500 couples romands et 300 couples tessinois, afin de garantir une source d’information suffisante.
20La réalisation aléatoire de l’échantillon en tant que telle était assurée de manière standardisée et reconnue par le logiciel CATI (Computer-assisted telephone interviewing) utilisé par l’institut chargé des travaux de terrain (MIS Trend, Lausanne). L’enquête a été réalisée entre octobre 1998 et janvier 1999 par l’institut MIS Trends. Sur les 5 652 ménages susceptibles de participer, 1 735 ont accepté l’entretien, soit 31 %.
21À la fin de chaque interview, un accord pour un deuxième contact a été demandé. 96 % ont donné leur accord et ont reçu un questionnaire biographique à renvoyer. Tous les interviewés participaient à un tirage au sort de 20 versements de 500 francs suisses en prime de participation.
3.2. Taux de non-réponse
22Le taux de refus a été relativement élevé (69 %). Étant donné le contenu du questionnaire, il était important de savoir si ce n’étaient pas les couples vivant des situations particulièrement conflictuelles, qui n’ont pas désiré participer. Une carte réponse a été envoyée aux 3 810 adresses des couples non-répondant pour connaître les raisons de ce refus. Des 3810 lettres envoyées, 998 cartes (26 %) ont été remplies. Sur la base de ces réponses, il a été établi que 17 % n’étaient pas à considérer comme de vrais refus, les personnes ne correspondant pas aux critères d’échantillonnage. Cette démarche de contrôle des refus a permis, d’une part, de relativiser le taux de refus élevé et, d’autre part, de donner quelques indications sur le fait que, dans l’échantillon, les couples et familles particulièrement heureuses et peu conflictuelles n’étaient pas surreprésentées.
3.3. Traitement des données
23Des analyses de correspondance ont servi à dégager les grandes structures présentes dans les données.
24Les typologies ont été construites par des analyses de classification hiérarchique ascendante, sous Spss, utilisant la méthode de Ward et la distance euclidienne au carré (Aldenderfer, Blashfield, 1984 ; Lebart, Morineau, Piron, 1997).
25Des régressions logistiques ont été appliquées sur les dimensions de la cohésion, les problèmes et les conflits conjugaux, la qualité de la vie conjugale. Des modèles log-linéaires asymétriques ont servi à élaborer la cohésion des couples. Enfin, des modèles structurels, avec variables latentes, ont permis de dégager des schémas causaux d’ensemble de la dynamique conjugale.
4. Principaux thèmes traités et analysés
4.1. Styles d’interaction des couples
26Cinq styles d’interaction des couples assez distincts ont émergé des analyses statistiques. Tout d’abord, il y a le style « bastion » qui se caractérise par un haut niveau de fusion (le groupe prime sur l’individu), des frontières étroitement surveillées (clôture forte) et une forte insistance sur les statuts et les inégalités de genre. Il s’agit du couple traditionnel par excellence. Le style « association » met, tout au contraire, l’accent sur l’autonomie, l’ouverture à l’environnement et la négociation. Le style d’interaction « compagnonnage » ressemble au style « association » en ceci qu’il valorise l’ouverture et la négociation. Ceux-ci sont cependant rapportés au couple plutôt qu’à l’individu (insistance sur le pôle fusionnel). Le style d’interaction « cocon » apparaît comme une version modernisée du style « bastion », qui conserve fusion et clôture, mais les placent dans des arrangements moins fixés par les statuts et les inégalités de genre. Enfin, le style « parallèle » insiste sur l’autonomie, la clôture du couple et des arrangements très marqués par les inégalités de genre.
4.2. Modes d’insertion des couples
27Six types d’insertion des couples dans leurs réseaux de parenté et d’amitié ont été dégagés par des analyses de classification. Le type de réseaux dits « lâches » concerne des couples qui se caractérisent par l’extrême faiblesse de leur réseau : la fréquentation et le potentiel d’aide sont au plus bas, alors que les relations dans la parenté sont pour le moins peu affectueuses. Le réservoir relationnel est par ailleurs minimal, qu’il s’agisse du groupe de parenté ou d’amis. Un deuxième type, « amicaux », rassemble les couples dont le réservoir et l’activation des liens se concentrent de façon très marquée sur les amis, et ceci pour les deux conjoints. La parenté est ici singulièrement absente ou lointaine, comme en témoigne la faible proportion d’entente familiale. Les deux types suivants, symétriques, regroupent les couples dont, soit l’homme (androcentriques), soit la femme (gynécentriques) a un réseau de parenté et d’amis très marqué contrairement à son conjoint. Comme dans les autres cas, ces réseaux constituent un potentiel d’aide. Les réseaux « denses » se caractérisent par une très forte insertion dans le groupe de parenté et d’amis du côté des deux conjoints. Le potentiel d’aide est jugé très important et les liens dans la parenté des deux conjoints sont jugés affectueux. Enfin, les réseaux « intrusifs » présentent les mêmes traits que les réseaux « denses » à une différence essentielle près : la qualité des relations avec la parenté. Les réseaux « intrusifs » se distinguent à cet égard très clairement de tous les autres types par un sentiment de contrôle parental sur le couple particulièrement élevé, notamment de la part des femmes, tout en relevant que l’entente familiale, toujours du point de vue de ces dernières, n’est pas au plus bas.
4.3. Problèmes et conflits de couple
28Les types de fonctionnement autonomiste sont associés à un niveau de conflictualité nettement plus fort que les types confusionnels. Les régulations normatives et sexuées présentent une fréquence plus élevée de problèmes. Les conflits sont nettement plus fréquents chez les couples à fort capitaux sociaux et économiques que dans le bas de la stratification. Suite à des analyses de type Cluster, cinq types de couples ont pu être identifiés selon leur fonctionnement : ceux qui ont des problèmes lourds, relationnels, relationnels masculin ou féminin, ou absence de problèmes.
4.4. Formes de coping conjugal
29Quatre types de coping ont pu être identifiés : mauvais coping, coping unilatéral masculin, coping passif, coping actif. Les couples contemporains présentent des modes de coping très variables, à la fois dans leurs caractéristiques structurelles et dans leurs conséquences fonctionnelles. Les couples fusionnels sont surreprésentés dans le coping actif, alors que les couples autonomes présentent de forts taux de coping unilatéral masculin ou de mauvais coping.
4.5. Problèmes et conflictualité dans la relation à l’enfant
30Quand on prend en compte les relations avec un enfant, le fonctionnement conjugal a une influence directe très faible. Par contre, son influence indirecte, par les modes de coping et les problèmes conjugaux, est indéniable.
4.6. Qualité de la vie conjugale
31Le type de coping est central dans l’explication du lien existant entre les modes de fonctionnement et l’évaluation. Les couples autonomes et fusionnels, différenciés et indifférenciés, développent des formes de coping différentes, qui elles-mêmes rejaillissent sur les problèmes et les évaluations.
32Les problèmes et conflits de couple, les formes de coping conjugal et les problèmes dans la relation à l’enfant dépendent dans une large mesure des styles d’interactions conjugales et des modes d’insertion des couples dans leurs réseaux de parenté et d’amitié. On a également pu mettre en avant des effets significatifs du statut social (niveau d’études, catégorie socioprofessionnelle) et de la phase de la vie familiale (couple préenfant, couple avec enfants d’âge préscolaire, etc.) dans laquelle se trouve le couple.
5. Évaluation de l’enquête
33Avec le recul, l’équipe a réalisé qu’il y avait quelques points à reconsidérer dans leur démarche. Pour répondre aux demandes des financiers, ils ont réalisé une enquête couvrant toute la Suisse, ce qui a demandé la traduction du questionnaire en plusieurs langues et a, sans doute, compliqué l’exploitation des données. Ils ont privilégié une enquête nationale, alors que leur champ d’étude n’en demandait pas tant.
6. Projets d’exploitation pour les années à venir
34À la fin de l’entretien, 96 % des personnes interrogées ont accepté une deuxième interview. Au printemps 2004, grâce à deux subventions (centre lémanique d’étude des parcours et modes de vie, universités de Lausanne et de Genève, et Fonds Chalumeau, université de Genève), l’équipe de recherche a pu organiser un suivi longitudinal (follow-up) des couples ayant accepté le principe d’une seconde interview. Pour des questions de budget, seules les femmes ont été interviewées. Une série limitée de questions leur a été posée, touchant essentiellement aux conflits et problèmes existant dans leur couple au moment du follow-up. On a également répertorié les couples s’étant séparés dans l’entre-temps. La dimension longitudinale des données ainsi récoltées rend possible l’estimation de l’impact des styles d’interactions conjugales et des types de réseaux dans le moyen terme, ce qui constitue une amélioration significative du dessein de recherche. L’équipe entend exploiter ces nouvelles données dans les prochaines années.
Bibliographie
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Annexe
Annexe Extrait du questionnaire « Cohésion, régulation et conflits »

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