Annexe VI.
Changements de commune dénombrés en 1881
p. 205-209
Texte intégral
Mesure de l’intensité finale des changements de commune dans les générations 1831-1840
1Nous avons supposé :
2a) que le calendrier des migrations (répartition des migrants par âge dans une génération) avait été identique, dans les générations anciennes, pour les changements de commune et de département. Cette hypothèse est très bien vérifiée entre 1954 et 1962 (v. tableau XXXVIII)
3b) que l’intensité des changements de commune et celle des changements de département avaient évolué au même rythme dans les générations représentées en 1901.
4Le tableau XXIII donne la proportion de personnes résidant hors de leur département de naissance en 1901 : 19,49 p. cent (tous âges, sexes réunis). Celle des résidents hors de leur département de naissance dans les générations 1841-50, âgées de 40 à 49 ans à ce même recensement, était alors de 25,4 p. cent, soit un rapport :

5Si, outre a et b, on suppose
6c) que l’évolution de la mobilité a été assez régulière pour pouvoir appliquer le même rapport au recensement de 1881, de 20 ans antérieur.
7On obtient la proportion cherchée :
81,30 x 38,101 = 49,6 p. cent personnes résidant à 40-49 ans hors de leur commune de naissance dans les générations 1831-402.
9La croissance de la mobilité semble assez régulière pour admettre l’hypothèse c (v. graphique 4). L’augmentation plus rapide des changements de département à la fin du 19ème siècle conduit sans doute à une légère sous-estimation de la proportion calculée3.
Des migrations enregistrées en 1881 à l’ensemble des migrations des recensés
10Nous chercherons d’abord à évaluer l’écart entre changements de commune dénombrés en 1881 à partir des statistiques sur le lieu de naissance et l’ensemble des migrations effectuées, au cours de leur vie, par les recensés.
11Les données des tableaux I et II de l’article de Guy Pourcher4, relatives aux générations nées de 1891 à 1915, permettent d’évaluer un ordre de grandeur de cet écart.
12On a calculé, à chaque âge et dans ce groupe de générations, les proportions suivantes :5

13Elles varient de 0,89 à 20 ans6, à 0,42 à 70 ans.
14Supposons maintenant que les générations représentées au recensement de 1881 aient eu une mobilité identique, en ce qui concerne les changements de localité, à celle des générations 1891-1915. Cette hypothèse est approximative puisque la fréquence des migrations multiples, qui augmente avec l’intensité des migrations, était sans doute moins élevée dans les générations représentées en 1881 ; nous allons y revenir dans la suite.
15En appliquant les proportions que nous venons de calculer, à la structure par âge de la population de plus de 15 ans recensée en 1881, on obtient une proportion b̂c = 0,565
16Sous l’hypothèse précédente, c’est la proportion de premiers changements de localité après 15 ans, dans l’ensemble des changements effectués après cet âge par les recensés de 1881.
17Comparons cette valeur b̂c= 0,565, à la valeur du biais bc 7entre les changements de commune dénombrés au recensement de 1881 et l’ensemble des changements effectués par les recensés au cours de leur vie.
18On peut exprimer le biais sur les changements de commune par le rapport :

19qui s’écrit aussi :

20Les différences entre bc et b̂c sont au nombre de quatre. Trois d’entre elles provoquent une surestimation de bc par son estimation b̂c.
21D’abord deux différences de définition des migrations :
221/ On n’a pris en compte que les migrations après 15 ans dans le calcul de b̂c ; c’est-à-dire qu’on a raisonné comme s’il n’y avait aucun changement de commune avant cet âge. La séparation des migrations en deux groupes, premières migrations d’une part, migrations secondaires et retours d’autre part a été faite à partir de l’âge de 15 ans.
23En réalité de nombreux changements de commune ont lieu avant cet âge, environ le tiers au cours de la période 1954-62. On sous-estime ainsi la part des migrations multiples non dénombrées dans les statistiques de 1881, et donc le biais b.
242/ Nous cherchons à estimer le biais bc sur les changements de commune alors que le calcul b̂c a été mené à partir de statistiques sur les changements de localité. Cette définition plus restrictive des migrations a conduit à ne pas dénombrer les changements de commune à l’intérieur d’agglomérations multicommunales8. Comme dans le cas précédent, on sous-estime donc le volume des migrations multiples, non dénombrées en 1881, et donc le biais bc cherché.
25En outre, les expressions de b̂c et bc ne sont pas directement comparables :
263/ Au numérateur de b̂c figure un effectif de premiers changements ; au numérateur de bc figurent les migrations enregistrées en 1881 c’est-à-dire une différence entre premiers changements et retours.
27Ces trois différences, et plus particulièrement la première, conduisent à penser que la valeur b̂c = 0,565 est nettement plus élevée que bc
28Cependant les statistiques utilisées pour le calcul de b̂c, tirées de l’étude de G. Pourcher, sont relatives aux générations 1891-1915, dont la mobilité était plus élevée que celles observées en 1881. Comme la fréquence des migrations multiples augmente avec la mobilité, elle est surestimée après 15 ans, dans le calcul de b̂c. Il ne faudrait pas cependant surestimer cette surestimation. L’étude de G. Pourcher montre en effet que les changements de localité ont eu tendance à décroître des générations 1891-95 aux générations 1911-15. La mobilité moyenne (tous âges) observée en 1881, peut être considérée comme représentative des générations 1850-60 nées 30 à 40 ans avant 1891.
29En définitive, les trois facteurs de surestimation l’emportent nettement ; la valeur b̂c = 0,565 est supérieure au biais réel bc, dans des limites que l’absence de données ne permet pas de fixer avec précision.
30Nous avons évalué au chapitre III (v. page 87 “changements de commune”), l’importance relative des changements de commune et de département par le rapport de leurs effectifs dénombrés en 1881 : R = 2,53
31II s’agit maintenant d’obtenir une valeur rectifiée de ce rapport qui fournisse une mesure de l’importance relative des migrations effectuées au cours de leur vie par les recensés de 1881 (migrations effectuées en moyenne vers 1850- 1860).
32Nous venons d’obtenir une borne supérieure du biais bc qui affecte le numérateur b̂c = 0,565.
33Si nous disposions de données permettant d’évaluer le biais bd 9qui affecte l’effectif de changements de département dénombrés en 1881 (dénominateur de R), nous pourrions calculer une valeur rectifiée de ce rapport :

34L’absence de données ne permet pas d’estimer le biais bd qui affecte les statistiques sur le département de naissance en 1881. Nous savons qu’il est inférieur à l’unité et s’en rapproche d’autant plus que le volume des changements de département de rang supérieur à un était plus faible au cours de la seconde moitié du 19ème siècle.
35Deux éléments d’information permettent de penser que bd est assez proche de l’unité :
Le volume assez faible des retours au département de naissance par rapport aux premiers changements (v. chap. III : “calcul des taux de 1ere migration” et notamment le tableau XXII)
Le volume de l’ensemble des changements de département aux environs de la période 1850-1860 est 2,25 fois inférieur à celui de la période 1954-62 10 au cours de laquelle le biais est très inférieur à celui des changements de commune.
36Comme la proportion des migrations multiples qui provoquent le biais, est liée au niveau général de la mobilité, on peut penser que bd est assez proche de l’unité.
37Si l’on retient pour bd la valeur 0,9 et pour bc la valeur = 0,565 qui lui est en fait supérieure, la formule (1) donne :

38Compte tenu des approximations que nous ont imposé l’absence de données, la valeur rectifiée réelle de R serait plutôt supérieure.
39Les changements de commune auraient été quatre fois plus nombreux que les changements de département vers 1850-1860. En d’autres termes pour 100 changements de département auraient eu lieu 300 migrations intra-départementales.
40Compte tenu des approximations faites, on peut penser que la valeur réelle de R se situe vraisemblablement entre quatre et cinq.
Notes de bas de page
1 Proportion de personnes résidant en 1881 hors de leur commune de naissance.
2 Agées de 40-49 ans au recensement de 1881.
3 Par transposition des changements de département, en 1901 – aux changements de commune, en 1881.
4 G. Pourcher. art. cité pp. 362 et 364
5 L’enquête portait sur les changements de localité, après 15 ans, de personnes résidant en province à la date de l’enquête. Une part, sans doute assez importante, de ces “premiers changements après 15 ans”, sont en fait des seconds, voire troisièmes changements.
6 Entre 15 et 20 ans, 89 changements de localité sur cent sont des “premiers changements après 15 ans”.
7 L’indice c indique que le biais est relatif aux changements de commune.
8 Définitions 1962 dans l’enquête citée
9 De la même manière que bc, bd est défini comme un rapport de changements de département dénombrés, à l’ensemble des changements effectués au cours de leur vie par les recensés de 1881.
10 Ce résultat n’est contradictoire qu’en apparence avec les tendances à long terme dégagées au chapitre III (doublement en un siècle). v. à ce sujet chapitre III, p. 92-93.
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