Chapitre 4. Les Marocaines en politique, entre islamistes et modernistes
p. 119-133
Texte intégral
1La première Constitution marocaine de 1962 a accordé des droits politiques aux femmes, mais l’octroi de ces droits ne s’est pas accompagné de mesures qui leur sont favorables. Les femmes sont restées absentes des rouages les plus décisifs en matière d’acquisition effective de pouvoir. Pourtant, malgré la faiblesse de la représentation numérique dans les instances politiques et malgré les obstacles, l’émergence de la question féminine semble bien s’imposer désormais comme une question politique.
2Les inégalités hommes-femmes suscitent depuis quelque temps des interrogations et des interprétations inédites. En effet, des tentatives d’appropriation de la méthode d’analyse « genre », encouragées par les organisations internationales, commencent à émerger tant au niveau de la société politique que de la société civile. Progressivement, de nouvelles orientations politiques se dessinent, préconisant l’adoption de mesures allant dans le sens de l’égalité et confirmées par une amélioration relative de la visibilité des femmes dans le champ politique.
3Or, l’espace politique est celui qui est le plus confisqué par les hommes, celui qui concentre les plus fortes résistances à la participation des femmes. Le politique est, en effet, un enjeu majeur pour comprendre les relations de pouvoir qui existent à tous les échelons de la société. Il est, de ce fait, à la base des relations de genre au Maroc. À cet égard, le processus démocratique engagé depuis le début des années 1990 a entraîné le lancement par les pouvoirs publics d’une politique volontariste d’égalité hommes-femmes. Ces orientations, initiées par le gouvernement en 1998 avec le projet de « Plan d’action national pour l’intégration de la femme au développement »1, ont été concrétisées formellement par l’adoption consensuelle de quotas pour les élections législatives de la Première Chambre du parlement en 2002 et légalement par un mouvement de réformes juridiques2 important marqué par la révision du code du statut personnel devenu code de la famille. Les deux changements les plus significatifs de la période récente concernent, de fait, le champ politique et le champ familial : l’État a opté pour une liste nationale réservant 10 % des sièges aux femmes pour les élections législatives de 2002 et réformé le code de la famille en 2004.
4Le projet de « Plan d’action national pour l’intégration de la femme au développement » a été proposé par un gouvernement dominé par les socialistes dans un contexte de mutations politiques, conséquences d’un changement de régime. Les islamistes3 ont profité de ce tournant dans l’histoire du Maroc pour s’imposer sur l’échiquier politique. Ils ont engagé une vaste offensive contre le projet, accusé de véhiculer des valeurs étrangères à la société marocaine et ont concentré leurs critiques sur les propositions de révision du code du statut personnel. C’est bien parce ce code trouve sa source d’inspiration dans la chari’a4 qu’il a pu être contesté par les islamistes. Or, cette sacralisation de la répartition des rôles et de maintien des femmes dans un statut subordonné au sein de la famille était en contradiction avec le statut juridique formellement égalitaire accordé aux femmes dans le champ public. Aujourd’hui encore, alors que les femmes sont plus nombreuses au parlement et qu’un nouveau code de la famille contenant un certain nombre de dispositions égalitaires est entré en vigueur, les relations de genre se nouent à travers ce double statut des femmes, conséquence de ces deux droits qui sont l’expression du caractère dualiste du système politique marocain, fondé sur la religion et sur la modernité et qui sont représentés par les courants politiques moderniste et islamiste. Au-delà des référentiels, apparemment contradictoires, qui sont mobilisés : la religion par l’islamisme politique et la démocratie par les modernistes, la question qui s’impose est celle des enjeux de pouvoir liés à la question des relations hommes-femmes par les uns et par es autres. Face à ces contradictions, l’État, quant à lui, élabore des stratégies qui semblent plus volontaristes.
I. L’islamisme politique et la « question du genre »
5Partant du double constat des transformations de l’institution familiale, du fait des contraintes du monde moderne et du retard du droit qui ne s’est pas adapté à ces évolutions, le projet de plan d’action pour l’intégration des femmes au développement a voulu combler cette défaillance. Alors que les propositions n’avaient suscité aucune réaction dans un premier temps, l’islamisme politique décide de se saisir de la question et d’organiser les protestations.
1. Le discours sur l’universel et le spécifique : la question du référentiel
6Les islamistes ont dénoncé le fait que le gouvernement ait décidé de réviser le code du statut personnel en adoptant des valeurs qui s’opposent à l’identité nationale dans ce qu’elle a de plus spécifique pour des musulmans : la famille. Ils refusent la définition de l’universalité qui fonde les solutions encouragées par les organisations internationales. Ils s’insurgent contre l’influence étrangère exercée par la Banque mondiale qui a financé l’élaboration du projet de Plan d’action, et qui n’a, à leurs yeux, d’autres objectifs que de dominer culturellement le monde et fomenter un « complot mondial contre l’Islam ». Ces critiques ont été largement utilisées dans la campagne engagée par les islamistes pour convaincre l’opinion publique des dangers du projet, présenté comme attentatoire aux valeurs nationales.
7En réalité, en accusant les modernistes d’une certaine forme de trahison, les islamistes ont voulu récupérer le sentiment de frustration qui anime les Marocains sur la question de l’identité. En faisant appel à des valeurs de dignité au sein d’une société qui se sent humiliée par des agressions extérieures qui ne sont pas seulement verbales, les islamistes qui invoquent le spécifique et le sacré, se sentent dans une position confortable. C’est autour des fondements culturels de la société musulmane que se cristallisent les conflits qui révèlent une forte valeur expressive et une force mobilisatrice.
8Les islamistes expriment une position politique qui n’est pas seulement nationale, mais qui s’insère dans un mouvement plus large d’affirmation du monde musulman... Ils opèrent ainsi un glissement vers l’international auquel sont sensibles les populations. Comme les musulmans sont montrés du doigt au sujet des comportements concernant les femmes, les islamistes placent les femmes au centre de leurs réactions à ces accusations. La question des femmes est donc l’un des points les plus symboliques de l’affirmation de la spécificité et du refus de la prétention dominatrice de la conception occidentale de l’universalité.
9Leurs positions prennent leur véritable sens, qui ne concerne pas seulement les femmes, mais qui est essentiellement politique : elles relèvent ainsi clairement des enjeux politiques qui passent par la défense des droits acquis par les hommes.
10La perpétuation du système de protection des femmes occupe une position centrale dans cette stratégie. Ceci d’autant plus que les femmes apparaissent de nos jours comme les principales contestataires des actions de ’État. En effet, dans un contexte national caractérisé par un vide idéologique, lorsque les femmes dénoncent les injustices de genre, elles exercent la plus forte fonction critique dans le champ politique parce qu’elles font appel au référentiel universaliste susceptible d’entraîner des transformations importantes dans les rapports de pouvoir entre hommes et femmes et de conduire à des pertes de pouvoir considérables pour les hommes. Lorsque la pression qu’elles exercent aboutit à une prise en charge par l’État de leurs revendications, elles sont celles dont les actions constituent la menace la plus grave pour l’ordre social existant et pour les rapports de pouvoir sur lesquels il repose. Les islamistes ont ainsi pu engager une offensive qui leur a permis de se faire connaître, d’imposer la réflexion à partir de leur conception du monde et de la politique et de consolider leurs positions. Dans l’idéologie islamiste, un État doit respecter la centralité de la cellule familiale, il ne remplit donc pas sa mission lorsqu’il décide de réviser le code de la famille. En critiquant les décisions de l’État, les islamistes cherchent à se proposer en alternative pour redonner à l’État son rôle et présentent leurs propres solutions pour revitaliser le lien social qui doit être, à leurs yeux, nécessairement fondé sur la famille. Or, ce raisonnement rejette toute la conception de l’égalité contenue dans l’approche de genre.
2. La conception islamiste du rôle des femmes dans la politique
11L’islam joue un rôle important dans le système des représentations politiques. Comme toutes les religions monothéistes, la religion musulmane est fondée sur la suprématie masculine et sur la complémentarité des rôles. Les islamistes reconnaissent le droit des femmes à participer aux décisions politiques, mais cette conviction est subordonnée à une autre, qui considère que la priorité doit être accordée à la tâche primordiale conférée aux femmes comme pivot de la famille. Ce qui veut dire qu’elles peuvent avoir des responsabilités politiques si, et seulement si, cela se fait dans le respect de leur rôle de mères de famille et d’épouses.
12Les islamistes ont d’ailleurs prouvé leur adhésion à la participation des femmes aux affaires politiques puisqu’à l’occasion des élections législatives qui se sont tenues aux lendemains de ces polémiques, en septembre 2002, ils ont présenté plus de femmes que bon nombre d’organisations modernistes. Ils refusent cependant d’établir une hiérarchie entre sphère privée et sphère publique et de considérer que le statut familial infériorise les femmes. Les islamistes stigmatisent la tendance à l’identification aux femmes occidentales dont se rendent coupables, à leurs yeux, les femmes « modernistes ». Ils considèrent, en effet, qu’en Occident, la désagrégation de la cellule familiale est en grande partie la conséquence de l’investissement des femmes dans l’espace public qui s’est opéré au détriment de leur responsabilité familiale. Comme c’est dans la famille que s’enracine et se perpétue l’ordre social qui distribue les rôles, la position des islamistes, fondée sur le respect de règles immuables, est révélatrice de leur conception du changement social. En insistant sur la sauvegarde de valeurs ancestrales, ils se prononcent pour le maintien des droits acquis par les hommes et pour la préservation des rapports sociaux tels qu’ils existent.
3. Une conception différente de l’égalité
13Pour les islamistes, l’égalité revendiquée par certaines femmes et certains hommes marocains est une valeur étrangère inopérante dans la société musulmane. L’origine occidentale du concept de genre va alors être utilisée pour rejeter toutes les conséquences qui découlent de son application : ce qui signifie que les relations de couple ne sont aucunement insérées dans des rapports sociaux.
14Il n’y a donc, à leurs yeux, aucune corrélation à établir entre les responsabilités au sein du foyer et l’investissement dans le champ politique. Bien plus, ils accusent la conception universelle de l’égalité de conduire à la similitude des sexes qui est contre nature.
15Ce n’est donc pas au nom de l’égalité au sens universel du terme que les islamistes reconnaissent aux femmes le droit de participer au champ politique, mais au nom de droits issus de la complémentarité des rôles. Cette position ne contredit pas la prédominance masculine, mais, au contraire, la confirme puisqu’elle s’insère dans des rapports sociaux de sexe fondamentalement inchangés. La conséquence en est que, même lorsqu’elles sont impliquées dans les affaires politiques, les femmes ne peuvent empiéter sur le pouvoir traditionnel des hommes. La mission qu’elles sont appelées à assumer se construit en totale cohérence avec le maintien des relations de genre traditionnelles. Admises dans le champ public, les femmes ne gagnent pas véritablement en égalité ; elles restent les auxiliaires des hommes. Leur rôle reste lié à l’ordre ancien, elles sont les gardiennes de l’ordre social. Les discours attestent du fait que les femmes ne sont pas appelées à des fonctions de représentation en tant que citoyennes, mais pour remplir une mission conforme au rôle éducatif qui leur est reconnu et qui est simplement transposé du niveau familial à un niveau social. Toutes les femmes élues au parlement sous l’étiquette islamiste insistent sur leur rôle en tant que mères de famille.
4. L’adhésion au nouveau code de la famille : une contradiction ?
16En février 2004, un nouveau code de la famille est voté par le parlement5. Le texte de loi est traversé par le concept de l’égalité. Il consacre la disparition du statut de l’époux comme chef de famille en proclamant que la famille est placée sous la responsabilité conjointe des deux époux. Les femmes acquièrent le droit de se marier sans avoir besoin de la tutelle d’un homme de la famille, qui était l’une des conditions juridiques de validité du mariage. En outre, désormais, l’âge au mariage est fixé à 18 ans pour les hommes comme pour les femmes... Symboliquement, ce code marque une avancée en termes de transformation des rapports de genre.
17Or, toutes ces mesures avaient été critiquées par les islamistes qui fondaient leur analyse sur le fait que le recours aux valeurs universelles de respect des droits de la personne ne pouvait servir de référentiel dans un texte d’essence religieuse comme celui qui concerne la famille. C’est dans cette optique que les propositions de recul de l’âge du mariage de la jeune fille, de 15 à 18 ans, ont été présentées comme des mesures propres à encourager la débauche et que le projet de faire de la tutelle matrimoniale une condition facultative pour le mariage des filles majeures a été interprété par les islamistes comme une atteinte à l’autorité parentale et donc à l’équilibre familial. De même, partant du principe que la répudiation et la polygamie sont des droits sacrés accordés par Dieu au sexe masculin, les islamistes ont considéré qu’elles ne sauraient, à ce titre, être révisées. Ils ont refusé l’idée de remplacer la répudiation par le divorce judiciaire. La proposition de partage entre les deux conjoints des biens acquis tout le long de l’union, en cas de rupture du mariage, a été également jugée inacceptable car constituant une entorse aux principes de la propriété consacrés par l’islam.
18Pourtant, lorsque le roi a annoncé ces révisions en octobre 2003, les islamistes n’ont pas protesté. Certes, au Maroc, les décisions royales sont difficilement contestables et la présentation du projet, consécutive aux attentats terroristes du 16 mai à Casablanca ne s’est pas faite dans un contexte favorable à l’islamisme. Mais toutes ces raisons n’expliquent pas à elles seules la position de ce mouvement.
19En réalité, fondamentalement, les islamistes n’ont pas eu à « réviser » leur conception de l’égalité. Les valeurs islamiques sont toujours à la base du code de la famille et la complémentarité des rôles n’est pas remise en cause. Ayant instrumentalisé la question des femmes pour se faire connaître et acquérir une visibilité politique, ils ont atteint leur but et pouvaient accepter de se plier à certaines mesures qui ne portaient pas fondamentalement atteinte à leurs convictions.
II. Les modernistes : des positions ambivalentes
20Prises dans les mailles de l’offensive islamiste, les élites politiques démocrates vont se trouver dans une position difficile d’obligation de choix. Engagées d’un côté dans le mouvement mondial de la globalisation, elles sont, à ce titre, entraînées dans l’universalisme des normes et des valeurs. D’un autre côté, elles doivent « coller » aux besoins exprimés par une partie de leur opinion publique.
1. Les modernistes et « la promotion » des femmes
21L’élite politique au pouvoir a un rôle dans le processus de l’innovation. Elle détient des responsabilités majeures pour mettre en œuvre ce que l’on appelle une « bonne gouvernance ». Ce qui implique la nécessité de gérer démocratiquement la question de l’égalité entre les sexes. Or, jusqu’à la fin des années 1970, cette élite, qui est majoritairement masculine, a négligé la question des femmes, par ignorance ou par manque de conviction. Face aux revendications du féminisme qui commençait à se construire, elle a d’abord eu tendance à résister. Aujourd’hui, la question des inégalités entre les sexes est posée et les réponses sont moins tranchées qu’il n’y paraît.
22Historiquement, les partis politiques marocains n’ont pas exclu les femmes de leurs préoccupations, mais ils les ont intégrées dans le cadre d’une stratégie globale qui considérait que le développement économique devait profiter à tous et à toutes. Cette conception a longtemps dominé les programmes des organisations politiques. Interrogés à un moment où les controverses sur le plan d’intégration au développement étaient les plus passionnées, les leaders des partis politiques ont continué à confirmer leur certitude que la question de l’égalité ne pouvait trouver de solution que dans le cadre de la résolution des problèmes de l’ensemble de la société6. Ces convictions les ont entraînés à penser et à intervenir plus en fonction des objectifs de la promotion que de l’égalité entre hommes et femmes. Dans la pensée des modernistes, la « promotion » des femmes est envisagée dans une perspective réformiste d’amélioration du sort des femmes sans transformation radicale et sans prise en considération des rapports sociaux de sexe (rapports de genre7).
2. Idéologie et religion : la question du référentiel chez les modernistes
23De nos jours, les modernistes marocains sont dans une période d’incertitudes politiques. Ayant pendant longtemps choisi une idéologie laïcisante, ils se trouvent aujourd’hui accusés d’avoir négligé la dimension religieuse de la société. Or, en même temps, ils n’ont aucune marge de pouvoir dans le champ religieux qui est réservé à la monarchie. Ils ne peuvent donc intervenir sur les questions qui concernent la famille. Les politiques publiques qu’ils vont adopter vont s’ordonner autour d’une tension entre deux logiques aux objectifs contradictoires. Le constat de cette ambivalence permet de comprendre pourquoi des mesures favorisant l’accès à l’égalité vont, tant bien que mal, progressivement se réaliser au niveau de tout ce qui est considéré comme ne relevant pas du religieux, alors que les politiques familiales sont, soit traitées en fonction de représentations anciennes qui consacrent le rôle subordonné des femmes, soit confiées à des « spécialistes ».
24Les modernistes au pouvoir au Maroc se réclament de l’univers de la modernité. Dans leur majorité, ils sont, de ce fait, porteurs de l’idéologie moderniste démocratique. Ils sont donc normalement ceux qui devraient le plus promouvoir les valeurs libératrices favorables aux femmes. Mais, imprégnés de tous les aspects négatifs attribués à la modernité à l’encontre des valeurs identitaires, ils participent au maintien des inégalités hommes-femmes.
3. La permanence de la conception classique de la répartition des rôles
25L’un des facteurs qui différencie le plus le rôle des femmes de celui des hommes est indéniablement la répartition des rôles entre sphère privée et sphère publique. De manière générale, les deux espaces sont vécus comme des univers séparés qui induisent des rôles inaltérables. Les liens entre l’égalité dans l’espace privé et le champ public ne sont presque jamais reconnus. Une représentation stéréotypée des rôles sociaux s’impose toujours aux hommes et aux femmes qui continuent à penser que le rôle prioritaire de celles-ci est de s’occuper des tâches familiales. Un des verrous les plus solides qui bloquent l’accès des femmes au politique se trouve là. C’est un des résultats qui revient de manière récurrente dans différentes enquêtes réalisées au Maroc.
26Les modernistes soutiennent que la situation familiale n’a aucune incidence sur l’accès à des responsabilités politiques et qu’elle est, par conséquent, neutre pour l’investissement politique tant des femmes que des hommes. Les blocages que rencontrent les femmes qui veulent s’investir dans le champ public du fait des responsabilités qu’elles assument dans la sphère privée ne sont jamais questionnés. La gestion de la tension entre la volonté de participation dans le champ public et les responsabilités de la vie familiale qui pèse sur les femmes est ignorée.
27L’option de la modernité permet aux élites au pouvoir de se réfugier derrière la neutralité proclamée du citoyen, encore largement considérée comme un modèle universel qui englobe les femmes et sert de modèle pour évaluer leur place dans la société, ce qui exclut la prise en considération des processus sociaux à la base des inégalités hommes-femmes. Lorsqu’ils évoquent la nécessité pour les femmes de se battre pour prouver leurs compétences comme le font les hommes, ils occultent les différences de disponibilité et refusent de voir les conséquences qu’ont les responsabilités familiales des femmes sur leur disponibilité à participer pleinement à la gestion de la chose publique.
28S’appuyant sur les conceptions classiques de la modernité, ils continuent à penser que seuls des critères comme le niveau de formation et la compétence créent des barrières à l’égalité des sexes, y compris en politique. Mais, en même temps, dans leurs convictions et leur culture, les traditions liées à la religion et aux aspects traditionnels des relations de genre continuent à jouer un grand rôle. Leurs propos s’entremêlent, porteurs de contradictions qui éclairent sur les positions à la charnière entre les éléments anciens de la culture et les nouveaux. Pourtant les références des démocrates les situent objectivement dans une position qui les oblige à défendre l’égalité hommes-femmes. Leur conception de l’égalité hommes-femmes doit nécessairement s’inspirer de valeurs universelles et leur argumentation se situer dans un cadre de réflexion, sujet à la critique et à la discussion.
29Les modernistes cèdent à une modernité empirique qui bute sur deux obstacles : d’un côté, ils ne sont pas enclins à reconnaître le caractère sexué de la citoyenneté et à poser la question en termes de pouvoir inégaux entre femmes et hommes ; d’un autre côté, ils se sentent bloqués par leur conception du politique qui intègre peu le religieux. Ils sont d’autant plus incertains que, dans une société en crise économique, politique et culturelle, le déficit démocratique est grand et facilite les positions de ceux qui font appel à un discours fondé sur l’appel aux valeurs spécifiques.
30Leurs choix politiques les orientent vers la démocratie, mais les interdépendances complexes entre leurs convictions politiques, leur culture profonde et leur souci de pouvoir les conduisent à quelques « arrangements » qui sont loin d’être innocents du point de vue du genre. Leur argumentation va se référer à la modernité tout en y associant les traditions liées à la religion et aux aspects traditionnels des relations de genre. Le risque d’affaiblissement du référentiel démocratique est alors important, ce qui est d’autant plus préjudiciable que la société, dans son ensemble, n’a pas encore assimilé tous les principes à la base du système.
31Les éléments qui constituent la base de la culture politique au Maroc sont, chacun à leur niveau, sexiste. La symbolique de la politique est fortement imprégnée par une vision masculine du pouvoir. Les femmes, exclues de la sphère politique, placées en dehors des valeurs, des règles et des institutions qui fondent le politique, sont ainsi désignées comme des intervenantes politiques de seconde zone.
32La démocratie ne tient pas compte des rapports de pouvoir au sein de la famille, perpétuant ainsi une tradition ancienne consacrée souvent elle-même par les traditions religieuses qui ont pris corps dans les différentes sociétés. Sur ces questions, il y a donc bel et bien des points de conjonction entre les contenus de la modernité, déclinée au masculin, et les conceptions religieuses qui garantissent la suprématie des hommes. Mais, alors que la démocratie contient en elle des possibilités de transformation, la religion peut plus difficilement remettre en cause certaines certitudes sur lesquelles elle se fonde, et qui forment un corps de convictions inébranlables et incontestables. La culture dominante reste conservatrice et engendre des pratiques qui limitent l’accès des femmes à la vie politique... Toutes les conceptions et les pratiques sociales, tant de la société politique que de l’opinion publique, sont prises dans les mailles de cette vision qui, de fait, marginalise les femmes de la sphère publique.
33Quelles que soient leurs insuffisances, les points de vue des modernistes exercent cependant une influence non négligeable sur l’amélioration de la place faite aux femmes. La modernité fonde, en effet, son existence sur la raison : les explications sur les rôles différenciés des hommes et des femmes ne reposent pas sur des dons qui seraient innés, mais sur des choix individuels ; le politique peut être investi par les femmes comme par les hommes : aucune hiérarchisation explicite n’est reconnue.
34La religion, quant à elle, considère que les différences sont naturelles. Pour cette raison, les femmes doivent d’abord assumer leur responsabilité première, familiale et domestique, elles peuvent ensuite s’impliquer dans le champ politique : la responsabilité politique est hiérarchiquement placée en seconde position. Or, cette situation pose des questions à la démocratie. L’élite politique qui exerce le pouvoir se trouve prise entre deux feux : d’un côté, partie prenante d’une culture ancestrale qu’elle est incapable de critiquer, elle est « contrainte » de s’intégrer à ce système, d’un autre côté, convaincue de la nécessité de la modernité, elle doit promouvoir des mesures démocratiques. Ceci explique sans doute, en partie, les tergiversations sur la question des femmes et l’incapacité à prendre en compte les demandes potentielles de la société civile.
III. L’État et la participation politique des hommes et des femmes
35C’est en fonction de cette culture politique complexe que les femmes au Maroc participent aux affaires politiques et que l’État, dont l’idéologie est à la fois moderne et religieuse, joue son rôle dans la gestion des relations de genre. Les politiques publiques engagées, les mesures politiques et juridiques prises témoignent d’une vitalité nouvelle. Depuis le début des années 2000 notamment, le nombre de femmes qui occupent les postes de décision politique s’est accru dans les secteurs politique, économique, social et culturel. Les femmes sont ministres, ambassadrices, ingénieures, professeures, pilotes, architectes, doctoresses, chefs d’entreprise... Depuis le 30 avril 2004, à la faveur de la politique de « restructuration du champ religieux » annoncé par le roi, elles sont également impliquées dans le champ religieux qui était exclusivement masculin.
1. Les femmes et la prise de décision
36L’un des objectifs de la « Commission interministérielle permanente de la femme », créée en 1999, visait à encourager des actions en faveur de l’égalité dans les hautes sphères administratives et politiques, conformément aux objectifs dégagés par l’axe de travail « Renforcement de l’accès des femmes aux postes de responsabilité » : recenser les femmes exerçant des postes de responsabilité dans les différents ministères, mesurer la place des femmes dans l’encadrement de la haute fonction publique pour repérer les inégalités hommes-femmes et faire le point sur les évolutions intervenues dans les attributions de postes selon le genre, et de toutes les mesures prises par les différents départements en matière d’égalité des sexes.
37Les bilans statistiques de 2001 et de 2005 permettent de constater l’évolution réelle de la représentation des femmes aux postes de décision mais aussi les limites de cette progression. Au niveau de l’encadrement dans la fonction publique, les taux de femmes cadres occupant des postes de décision aux échelons supérieurs de l’Administration centrale sont variables selon les différentes administrations étatiques et globalement faibles : en 2001, 17 femmes sont directrices sur un total de 163. En 2005, elles sont 18 directrices sur 189 postes de ce niveau. Le pourcentage de 10 % n’a pas vraiment varié de 2001 à 2005, années des nominations les plus nombreuses de femmes directrices dans l’administration centrale.
38Même lorsqu’elles sont dotées du même capital social que les hommes, les perspectives de participation au plus haut niveau de l’État restent tributaires du « plafond de verre », seuil invisible que les femmes ne peuvent dépasser. La faiblesse du nombre de femmes diplômées est l’argument le plus souvent invoqué par les modernistes pour expliquer les limites de la représentativité des femmes dans le champ de la prise de décision politique. Pourtant, si le nombre de femmes marocaines diplômées de l’enseignement supérieur qui ont investi dans une formation de haut niveau reste effectivement inférieur à celui des hommes, il a considérablement augmenté ces dernières années8, dépassant même, en chiffres globaux celui des hommes. Le nombre de femmes diplômées du supérieur a plus que triplé de 1985 à 2001, passant de 43 000 à 146000, alors que le nombre d’hommes diplômés du supérieur n’a pas connu la même progression : il est passé de 121 000 en 1985 à 269 000 en 2001, soit une augmentation de 2,22 seulement. Par rapport à l’ensemble des diplômé-e-s du supérieur, la part des femmes a progressé de 26 % en 1985 à 35 % en 2001. Mais cette évolution n’a pas entraîné une amélioration proportionnelle de la représentativité des femmes dans les différentes instances décisionnelles des administrations, organisations et institutions politiques. Ces tendances ont été confirmées par l’étude entreprise en 2001 par la direction de la Statistique9.
39Faut-il le rappeler, ce n’est qu’en 2000, c’est-à-dire 54 ans après l’indépendance, qu’est désignée la première femme ministre dans l’histoire du Maroc avec pour charge de s’occuper de la « condition féminine, de l’enfance et des handicapés », c’est-à-dire de fonctions considérées traditionnellement comme de la compétence des femmes.
2. Les aléas des orientations gouvernementales en faveur de l’égalité
40C’est en 1997 que, pour la première fois dans l’histoire du Maroc, quatre femmes sont nommées sous-secrétaires d’État, dont une à la tête de l’administration des Mines10, dans un gouvernement de 30 membres. Ces premières nominations de femmes au gouvernement marquent un tournant dans le processus de prise de conscience de la faible représentativité des femmes dans le domaine de la prise de décision.
41En 1998, le premier gouvernement socialiste dans l’histoire du Maroc n’a porté que deux femmes aux hautes fonctions de sous-secrétaires d’État, l’une en charge de la coopération auprès du ministère des Affaires étrangères, l’autre des Personnes handicapées.
42Peu de ministères sont donc confiés aux femmes. Or, alors que pendant de longues années, les nominations étaient le fait du prince, ces dernières années, à la faveur du processus démocratique, les partis politiques ont une responsabilité dans la constitution des équipes gouvernementales. Pourtant, bien que leurs leaders développent des discours favorables à l’inclusion des femmes dans le champ politique et bien qu’ils aient intégré un certain quota de femmes dans leurs instances dirigeantes, dans la pratique, les partis politiques n’ont pas proposé des candidatures féminines suffisamment nombreuses. Lorsqu’ils l’ont fait, ils ne leur ont pas accordé des postes ministériels considérés comme masculins. Dans la répartition, il n’y a donc pas d’empiétement sur le rôle politique attribué traditionnellement aux hommes, les partis politiques étant, de fait, encore largement dominés par la culture masculine.
43Une nouvelle prise de conscience de la nécessité d’inclure les femmes dans toutes les structures de l’État est pourtant à l’œuvre. Elle est confirmée à l’occasion de chaque remaniement ministériel. Mais, elle reste, encore aujourd’hui, largement insuffisante du point de vue de la recherche de l’égalité puisque, d’une part, le nombre de femmes promues n’atteint même pas les 10 % réalisés au parlement grâce au quota, et que, d’autre part, les ministères attribués (famille, immigration, alphabétisme et éducation non formelle) ne s’écartent pas de la répartition classique des rôles, à contre-courant, semble-t-il, des tendances observées de l’opinion publique qui s’avère moins défavorable à l’idée que les femmes puissent occuper tous les postes ministériels à l’exclusion toutefois des ministères de l’intérieur et de l’Agriculture11.
3. La représentativité des femmes : progrès décisifs ou avancées conjoncturelles ?
44Faiblement présentes au gouvernement, les femmes sont-elles davantage élues ? Au Maroc, la constitution de 1962, dans son article 8, consacre, de manière solennelle, l’égalité en matière de droits. Les femmes ont d’ailleurs voté et ont été candidates dès les premières élections communales de mai 1960. Au niveau législatif, elles étaient 16 à se présenter sur 690 candidats lors des élections de mai 1963. Mais ce n’est qu’en 1993 que les deux premières députées sont élues. Ce qui représente un pourcentage dérisoire par rapport à l’ensemble des élus. Aux élections de 1997, le taux de femmes élues était de 0,66 %. Après le renouvellement du tiers sortant de la deuxième chambre, ce taux est revenu à 0,5 % ! Jusqu’aux élections du 27 septembre 2002, deux femmes seulement siégeaient à la Chambre des représentants.
45De manière générale, les progrès de la participation des femmes dans le champ politique ont connu une certaine accélération ces dernières années, en grande partie grâce aux actions de plaidoyer entreprises par les associations féminines modernistes depuis le début des années 1990. En 1997, un comité de coordination d’associations de femmes a rédigé une série de propositions relatives à la révision du code électoral. Il demandait officiellement, pour la première fois, l’adoption d’un quota de 20 % pour les femmes. Malgré ces actions, aucun progrès n’a été enregistré : deux femmes seulement ont été élues lors des élections législatives de 1997 sur 325 représentants, faisant du Maroc l’un des pays les plus en retard à un niveau international en matière de représentation politique des femmes. En mai 2001, un mémorandum intitulé « Projet d’amendements au code électoral » a été élaboré, signé par vingt associations féminines, de droits humains et des secteurs « femme » des partis politiques. Les associations féminines ont mené campagne pour l’obtention d’un quota minimum dans les différentes instances et institutions politiques. Dans la mesure où la Constitution garantit l’égalité hommes-femmes en matière de droits politiques, l’argument juridique s’est révélé insuffisant. Ce sont en effet les femmes qui sont accusées de ne pas saisir l’opportunité qui leur est ainsi offerte de manifester leurs compétences. Conscientes que les lois à elles seules ne pouvaient permettre l’accès des femmes à la sphère politique, les associations féminines ont souligné les résistances qui bloquent les capacités féminines et ont revendiqué des mesures de discrimination positive. Grâce à leur activisme, le principe de l’adoption du quota a connu des progrès significatifs. C’est ainsi que tous les partis politiques qui ont tenu leur congrès en 2001 ou 2002 ont intégré de 10 à 20 % de femmes dans leurs instances décisionnelles.
46Ces actions vont aboutir au niveau des élections législatives à un accord consensuel sur l’adoption de la liste nationale qui réserve 10 % des sièges aux femmes à la Chambre des représentants. À la veille des élections de septembre 2002, une loi organique relative à l’élection de la Chambre des représentants a modifié de façon conséquente le mode de scrutin, en remplaçant le scrutin uninominal à un tour par le scrutin de liste à la proportionnelle, changement fortement revendiqué depuis un certain temps par les associations féminines qui y voient un moyen de faciliter les élections de femmes si elles sont bien placées sur les listes.
47La loi organique n° 06-02 modifiant la loi organique n° 31-97 précise, en outre, dans son article I, que la Chambre des représentants sera désormais composée de 325 membres élus au scrutin de liste dont 295 seront élus dans des circonscriptions et 30 à l’échelle nationale. Tous les acteurs politiques se sont engagés, sur la base d’un simple engagement moral, à réserver les 30 sièges de la liste nationale à des candidatures féminines.
48Ces nouvelles orientations ont entraîné une augmentation notable tant du nombre des candidatures que du nombre des élues lors des élections de septembre 2002. Sur un total de 5 865 candidatures, 269 femmes se sont portées candidates et 47 femmes étaient en tête des listes locales, ce qui représentait 5 % des candidatures, soit environ 12 fois plus de candidates que lors des élections législatives de 1997. Avec les listes nationales, au total plus de 966 candidates se sont présentées.
49Le nombre d’élues a été, quant à lui, 17,5 fois plus élevé qu’en 1997 puisque 35 femmes sur un total de 325 représentants ont accédé à la Première chambre du parlement : 30 femmes ont été élues sur les listes nationales et 5 sur les listes locales. Ainsi les femmes qui ne représentaient que 0,66 % de l’ensemble des députés dans l’ancienne législature constituent de nos jours 10,77 % des élus. Il reste que la loi n’offre aucune garantie effective pour le maintien de l’effort engagé : le quota n’étant pas institutionnalisé, la décision fondée sur la « bonne volonté » peut faire l’objet d’une révision ou ne plus être reconduite.
50Les résultats des élections communales qui se sont déroulées en septembre 2003 sont édifiants à cet égard. Bien que les associations féminines aient mené campagne pour qu’une charte d’honneur intégrant plus de femmes sur leurs listes soit signée par les organisations politiques, le principe du quota n’a pas été adopté. Les partis politiques qui ne se sont pas sentis engagés, n’ont pas présenté plus de 5 % du total des candidatures, si bien que les résultats obtenus sont à l’image des anciennes élections communales. Lors des élections communales de 1997, les femmes représentaient 0,37 % des élus ; en 2003, ce pourcentage est de 0,56 % !
51Pourtant, à plusieurs reprises, les leaders politiques interrogés ont affirmé qu’ils étaient favorables à l’élection des femmes au niveau communal, parce que les activités communales sont plus proches du social et parce que les femmes pouvaient y faire plus aisément leur apprentissage politique12. Les enjeux de pouvoir ne semblent pas avoir résisté à ces bonnes intentions. C’est dire combien le consensus qui existe sur la participation politique des femmes est fragile dans les faits.
Conclusion
52Au Maroc, la question de l’égalité entre hommes et femmes est posée dans un contexte sociopolitique instable, où l’ouverture démocratique coexiste avec une montée de l’intolérance et des questionnements sur les liens entre religion, modernité et genre. La mobilisation de la religion se fait dans de multiples directions. Dans l’éventail des mouvements islamistes, la frange des intégristes tente de convaincre l’opinion publique que la seule solution se trouve dans le retour vers le passé. Mais, de manière générale, l’islamisme politique accepte les évolutions de société en leur imprimant des limites liées aux valeurs religieuses et reconnaît une place aux femmes dans le champ public en la subordonnant à son rôle traditionnel de mère et d’épouse.
53L’État, quant à lui, manifeste une véritable volonté politique favorable à l’égalité. Les politiques mises en place sont cependant encore trop limitées et ne correspondent pas aux discours. Elles s’attachent davantage à l’aspect statistique des écarts et à la lutte contre certaines discriminations criantes comme la violence, qu’à l’aspect analytique qui pourrait permettre d’adopter une stratégie cohérente ayant pour objectif l’égalité.
54Certaines tendances lourdes, la lenteur des mutations, des difficultés économiques et des conflits de référentiel non résolus continuent à peser lourdement sur les perspectives de l’avenir. Si ces obstacles ne sont pas surmontés, le risque existe d’une réaction de repli culturel et social des populations en réponse aux difficultés de la vie quotidienne, à la pression de la mondialisation, aux programmes d’austérité budgétaire. Ce qui ne peut être sans conséquences sur l’objectif d’égalité.
55Dans un avenir immédiat, l’ouverture du Maroc sur le monde extérieur et son adhésion aux grandes valeurs universelles permettent cependant d’augurer la poursuite des tendances au changement, initiées ces dernières années. En effet, de nos jours, malgré les réticences et les difficultés pratiques de mise en oeuvre, une véritable transformation des logiques juridique et politique en faveur de l’égalité est à l’œuvre. Accompagnée par une meilleure sensibilisation des citoyens à la problématique de l’égalité et une formation plus importante des différents acteurs politiques et des juges pour une application plus rigoureuse de la loi, cette mutation pourrait donner des résultats positifs dans les relations de genre et confirmer le processus démocratique.
Bibliographie
Références bibliographiques
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Belarbi Aïcha (dir.), 2000, Femmes et démocratie, la grande question ? Casablanca, Le Fennec, coll. « Approches ».
Bourquia Rahma (dir.), 2000, Les jeunes et les valeurs religieuses, Casablanca, Eddif-Codesria.
Centre pour le leadership féminin, 2001, La démocratie mutilée. Femmes et pouvoir politique au Maroc, Rabat, Publications de l’Association démocratique des femmes du Maroc.
Daoud Zakia, 1993, Féminisme et politique au Maghreb, soixante ans de lutte, Casablanca, Éd. Eddif.
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Fondation Freidrich Ebert, 2004, Féminin-Masculin : la marche vers l’égalité au Maroc, 1993-2003, Rabat, Publication de la Fondation Friedrich Ebert.
Ministère chargé de la condition de la femme, de la protection de la famille et de l’enfance et de l’intégration des handicapés, 2002, Les représentations dominantes de la place des femmes dans le champ politique, Rabat, Publié en partenariat avec la Fondation Friedrich Ebert.
Ministère de la prévision économique et du plan, 1999, Enquête nationale sur le budget-temps des femmes, 1997-1998, 2 volumes, vol. I : Condition socioéconomique de la femme au Maroc ; vol. 2 : Les emplois du temps de la femme au Maroc, Rabat, Royaume du Maroc, direction de la Statistique.
Ministère de la prévision économique et du plan, 1998, Genre et développement : aspects sociodémographiques et culturels de la différenciation sexuelle, Rabat, Centre d’études et de recherches démographiques (Cered), coll. « Études démographiques ».
Notes de bas de page
1 Secrétariat d’État chargé de la protection sociale, de la famille et de l’enfance, 1999, Plan d’action national pour l’intégration de la femme au développement.
2 Le Maroc a également révisé le code pénal et le code du travail en y introduisant notamment des mesures de sanction du harcèlement sexuel.
3 Les islamistes dont les opinions sont analysées dans ce texte sont ceux du Parti de la justice et du développement (PJD), seul parti politique islamiste représenté au Parlement, et de l’Adl Wal Ihssane, association non reconnue mais considérée comme la plus importante composante du mouvement islamiste au Maroc.
4 Loi islamique.
5 Loi n° 70-03 portant code de la famille, Bulletin officiel n° 5358 du 6 octobre 2005, p. 667.
6 Ministère de la Condition de la femme, de la protection de la famille et de l’enfance et de l’intégration des handicapés, 2002.
7 Alami M’Chichi Houria (2002a), voir notamment p. 81-105.
8 Enquêtes Emploi de la direction de la Statistique.
9 En décembre 2001, la direction de la Statistique a mené, en collaboration avec le Pnud et l’Unifem, une étude qui avait pour objectif d’intégrer l’approche de genre dans les productions statistiques nationales. Le travail engagé devait appuyer « l’élaboration d’une stratégie nationale de production, de dissémination et d’utilisation des statistiques de genre ». Un chapitre portait sur la prise de décision et donc la participation politique des hommes et des femmes. Voir direction de la Statistique/ Pnud/Unifem (2004).
10 Utile à signaler parce qu’il s’agit d’un poste considéré comme fondamentalement masculin.
11 Voir Alami M’Chichi et Benradi (2002), p. 73-75.
12 Ministère chargé de la condition de la femme, de la protection de la famille et de l’enfance et de l’intégration des handicapés, p. 46 (2002).
Auteur
Politologue, professeure de droit à la faculté de droit de Casablanca, mène des recherches sur les questions de genre et l’évolution du droit au Maroc et sur les causes et les conséquences des migrations dans la société marocaine.
Hourialami@yahoo.fr
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