Chapitre XIII
Les limites sociospatiales aux aspirations étudiantes en Haute-Normandie
p. 217-232
Texte intégral
1Dans la société de « la nouvelle économie du savoir », dont l’enseignement supérieur constitue l’un des piliers majeurs, les injonctions à la mobilité géographique, notamment internationale, sont nombreuses tandis que le paysage territorial universitaire poursuit ses transformations, accompagnant de plus vastes réformes. Dans ce contexte, l’attractivité des établissements d’enseignement supérieur constitue un enjeu fort tant pour ces derniers que pour les régions, en particulier concernant le développement local. Aussi, la question de la mobilité ou de l’immobilité étudiante, spatiale et sociale, est au cœur des transformations sociétales contemporaines. La Haute-Normandie1, où une enquête de terrain a été conduite en 2014-2015, constitue un territoire spécifique, marqué par la proximité de la capitale, a priori attractive. Cette étude, relevant de la géographie et de la sociologie, s’inscrivait dans un projet de recherche financé par la région haut-normande, portant sur la compétition territoriale le long de l’axe Seine, dans le cadre de l’émergence du Grand Paris2. Initialement, il s’agissait d’accroître la connaissance sur la population étudiante régionale dans une perspective interdisciplinaire, en analysant comment les contextes sociaux et spatiaux façonnent, sinon contraignent, les aspirations des jeunes avant, durant, voire après leurs études. Il fallait également interroger les relations Paris-région du point de vue de la mobilité et tenir compte de l’ancrage local et de l’attachement à la région. Il s’est ainsi agi de questionner les « choix » (Blanchard et Cayouette-Remblière, 2011) de filières, de disciplines et d’établissements effectués par des étudiants inscrits en 2014-2015 dans une institution publique d’enseignement supérieur haut-normande, à partir de l’offre existante comme des projets énoncés, articulés aux coordonnées familiales. In fine, il s’agissait de déterminer si l’offre proposée au niveau régional était en adéquation ou non aux désirs et possibilités des jeunes accédant aux études supérieures. Une première partie présente le contexte socioéconomique haut-normand ainsi que les choix méthodologiques qui ont prévalu lors de l’élaboration de l’enquête avant que soient évoqués, en seconde partie, les aspirations des étudiants et leurs rapports à une mobilité réelle ou potentielle, notamment vers Paris.
I. Une enquête en Haute-Normandie
1. Un territoire périurbain dans l’aire d’influence parisienne
2Au Nord-Ouest de la France, la Haute-Normandie présente une certaine unité régionale. Le poids de l’espace rural y reste conséquent, tant dans les paysages que démographiquement : 72 % de la population vit dans une commune rurale (Insee). La région est toutefois marquée par la présence de grandes aires urbaines, notamment Rouen et Le Havre, et, surtout, par la diffusion de l’habitat périurbain, particulièrement dans le Sud de la région, situé dans l’aire d’influence de Paris. Cette influence se matérialise par un réseau ferroviaire fortement structuré par la région parisienne : Évreux, Vernon, Rouen, etc., sont reliées à Paris par des trains express régionaux (TER) fréquents. Gisors et Vernon sont deux terminus de la ligne J du Transilien (réseau qui dessert l’Île-de-France). En revanche, bon nombre de villes se trouvent enclavées, particulièrement pour les relations interrégionales : Fécamp se situe à 50 minutes environ du Havre (43,4 km) par la route départementale et la liaison en transports en commun implique de cumuler un trajet en car puis en train, pour une durée qui va de 50 minutes à 1 heure 50.
3La Haute-Normandie est relativement fragile sur le plan économique, avec une surreprésentation de la population ouvrière (6 % de plus que la moyenne nationale). Selon l’Insee, le taux de chômage des moins de 25 ans s’élevait à 19,6 % fin 20133, soit 3,4 points de plus que la moyenne nationale, et le taux de chômage de l’ensemble de la population était de 11,7 % (+ 1,2 point). Il existe des disparités locales importantes : la Seine-Maritime est plus défavorisée que l’Eure, plus proche de Paris, et présente une certaine hétérogénéité du point de vue socioéconomique et professionnel – la région dieppoise est plus agricole, tandis que l’agglomération rouennaise compte le plus grand nombre de cadres et de professions intellectuelles. Les communes du Havre, de Bernay, de Saint-Étienne-du-Rouvray, d’Elbeuf, des Andelys, du Val-de-Reuil et d’Évreux sont plus pauvres et ouvrières.
2. Les jeunes et l’enseignement du supérieur en Haute-Normandie
4La région est relativement jeune : les 15-29 ans y représentent un habitant sur cinq (Insee). Le taux de scolarisation est plus faible que dans les autres régions françaises et on y compte moins d’étudiants du supérieur (26,6 % des jeunes détiennent un diplôme, soit 5,7 points de moins qu’au niveau national).
5La Haute-Normandie comptait 53 240 étudiants en 2011-2012, dont près de 27 000 à l’université (50,6 %, soit 4,2 points de moins qu’au niveau national). Les formations courtes et professionnalisantes sont très présentes, notamment les IUT (7,7 % des étudiants, contre 4,7 % en France métropolitaine) et les STS (11,5 % en Haute-Normandie contre 10,3 % au niveau national). L’offre de formation est relativement variée : « moyennes4 » écoles d’ingénieurs5, d’arts appliqués, d’architecture et de commerce ; « petites » écoles (soins infirmiers et travail social) ; formations techniques supérieures et technologiques ; CPGE ; et deux universités (Rouen, Le Havre). Selon l’Insee, en 2008, seuls 11,2 % des bacheliers choisissaient de poursuivre leurs études hors de la région Haute-Normandie ; c’est surtout le cas des bacheliers de communes du Sud-Est de la région, attirés par l’offre universitaire francilienne, et beaucoup moins celui de ceux de Seine-Maritime, où se situent les deux universités.
6Enfin, les jeunes hauts-normands entrent plus précocement dans la vie active qu’au niveau national. Ils doivent alors parfois partir, surtout vers l’Île-de-France, même si la migration sortante reste relativement peu importante – la région perd 9 % de jeunes actifs à l’issue de leurs études. Comme ailleurs, la propension des jeunes à quitter la Haute-Normandie augmente avec le niveau d’études (Caritg et al., 2012).
Figure 1. Formations de l’enseignement supérieur public en Haute-Normandie

3. Méthodologie de l’étude
7La construction de l’échantillon se fonde sur les établissements existants, pour qu’il soit le plus représentatif possible de l’offre de formation dans l’enseignement supérieur public6 haut-normand (figure 1) : en premier lieu, en incluant une part importante des filières courtes et professionnalisantes ; en second lieu, en tenant compte des disparités territoriales liées aux conditions socioéconomiques familiales, ainsi qu’à l’intensité de l’enclavement et à l’attractivité de Paris et de l’Île-de-France. Tous les établissements identifiés (69) ont été contactés par le biais de leur président ou chef d’établissement. En tout, 33 établissements (48 %) ont participé à l’enquête :
- les universités de Rouen et du Havre (y compris les IUT et antennes respectives) ;
- l’INSA de Rouen ;
- les trois IFSI du Havre, de Dieppe et de Fécamp ;
- l’Institut de formation en masso-kinésithérapie (IFKM) de Rouen ;
- l’IRTS-IDS Normandie (Institut régional du travail social-Institut du développement social Normandie)7 ;
- l’ENSA Normandie ;
- l’ENSM ;
- l’École supérieure d’art et design Le Havre-Rouen (ESADHaR) ;
- vingt lycées accueillant des CPGE ou délivrant des BTS agricoles, secondaires, tertiaires.
8L’échantillon de cette enquête n’est pas donc représentatif ni de l’offre de l’enseignement supérieur public de la région, ni du public étudiant au sein de ces établissements. Les faibles moyens humains et techniques à disposition pour mener cette étude ont conduit à ce choix, qui n’invalide pas l’analyse dans la mesure où d’autres données d’enquête existent sur le sujet. La confrontation congruente de nos résultats à ces dernières, en particulier à l’enquête Subanor 20128, a permis d’opérer un contrôle satisfaisant de nos données. En l’espèce, certains établissements, donc filières, sont surreprésentés dans notre échantillon (IFSI, IUT du Havre, étudiants de l’INSA ayant répondu massivement au questionnaire) par rapport à d’autres (pas de répondants en sciences et techniques à l’université du Havre, et l’ensemble des étudiants des deux universités ont moins répondu que l’ensemble des étudiants des autres établissements, plus petits : les étudiants inscrits dans les deux universités sont donc sous-représentés).
9Le premier volet de l’étude consistait en une analyse cartographique des bassins de recrutement des établissements, à partir des données résidentielles (au niveau de la commune) des étudiants qui y étaient scolarisés.
10Pour le deuxième volet, une enquête quantitative a été conduite auprès des étudiants de visu par nous-mêmes, par les équipes pédagogiques ou en auto-administration, à partir de deux versions (papier ou numérique), strictement identiques, des questionnaires9. En tout, 3 787 questionnaires ont été recueillis (soit 7 % des étudiants de la région). Ceux qui ont répondu à notre enquête sont majoritairement inscrits dans des filières de niveau bac + 2 (près de 42 %). Ils ont 21 ans en moyenne. Comparés aux effectifs nationaux, ce sont plus souvent des filles (61 %), ils détiennent plutôt un baccalauréat général (66 %) et sont souvent boursiers (40 %). Si plus des trois quarts des étudiants ont des parents en situation d’emploi, ils sont, comparés à la moyenne nationale, moins souvent issus des classes supérieures : plus de 40 % d’entre eux appartiennent aux classes populaires, seulement 12,5 % ayant des parents « cadres et professions intellectuelles » et 24 % relevant des professions intermédiaires. La plupart des parents ont un niveau d’études déclaré équivalant au BEP/CAP.
11Enfin, le troisième volet de l’étude a consisté en 26 entretiens qualitatifs individuels semi-directifs auprès d’anciens étudiants10. Un échantillon ad hoc a été constitué, répondant à des impératifs à la fois pratiques (ressources humaines et matérielles de l’enquête) et scientifiques (retrouver l’hétérogénéité sociale et spatiale des formations). Aussi, quatre types de formations ont été choisis : BTS (tous lycées confondus), DUT carrières sociales (Le Havre), masters de sociologie et de géographie (Rouen), diplôme national d’architecture (ENSA, Rouen). L’objectif était de disposer de données fines concernant les trajectoires sociales (scolarités, projets personnels et professionnels, histoire familiale) et les rapports à la mobilité spatiale (trajectoires résidentielles, pratiques de l’espace régional, national et international). Au moment de l’entretien (d’une durée moyenne de 2 heures), la moyenne d’âge des interviewés est de 26 ans et demi ; les deux tiers d’entre eux travaillent ou sont en recherche d’emploi ; la majorité est en couple ; 20 % ont des enfants ; ils sont essentiellement issus de familles de « petits-moyens » stables (Cartier et al., 2008) ; enfin, un quart des couples parentaux sont mixtes (ouvrier ou employé et profession intermédiaire ou artisan) et deux couples relèvent des classes supérieures.
II. Des résultats parfois inattendus
1. Des étudiants peu dotés et peu mobiles
12Les données énoncées dessinent, sans surprise au vu des caractéristiques socioéconomiques de la population haut-normande et des résultats des précédentes enquêtes menées dans la région, une figure étudiante peu dotée en capitaux économiques et culturels, ce qui n’est pas sans effet sur la mobilité géographique comme sur les parcours post-bac.
13La plupart des étudiants enquêtés (80 %) sont originaires de la région : ils sont moins nombreux qu’ailleurs à la quitter pour suivre des études supérieures (– 5 points). Ce résultat n’est guère étonnant et s’explique :
- par la richesse de l’offre post-bac de proximité, effet des politiques publiques des années 199011 visant à renforcer l’attractivité des villes moyennes et à désengorger les grands centres universitaires (Filâtre, 2003), dans un contexte d’augmentation du nombre de bacheliers (Felouzis, 2001 ; Baron, 2012) ;
- par la tendance à miser sur la proximité, liée à la composition socioéconomique de l’échantillon dans lequel les classes populaires sont largement représentées12.
14De nombreux travaux (Schwartz, 1990 ; Siblot et al., 2015) ont montré que les classes populaires, en particulier rurales et périurbaines, favorisent l’entre-soi familial et le familier, notamment au niveau géographique. Cela répond à une recherche de protection sur un lieu de vie fait d’interconnaissances, où l’on peut jouir, dans certains cas, d’un « capital d’autochtonie » (Retière, 20003). Cet ancrage régional des étudiants enquêtés s’inscrit sur le long terme : pour plus de 50 % d’entre eux, les quatre grands-parents sont originaires de Haute-Normandie. Mais ce sont également les faibles ressources culturelles scolaires parentales, qui se traduisent généralement par une méconnaissance des arcanes complexes du système éducatif supérieur, qui expliquent les stratégies (ou leur absence) de placement dans l’espace social et spatial de l’enseignement supérieur. En France, ce dernier est fortement segmenté et hiérarchisé entre différentes institutions – universités, grandes écoles, écoles professionnelles, écoles consulaires, lycées hébergeant des STS et des CPGE – et entre filières – droit, économie, gestion, commerce prédominent (Convert, 2010 ; Bodin et Orange, 2013 ; Orange, 2013 ; Hugrée, 2015 ; Truong, 2015). La « démocratisation » s’est effectuée de façon « ségrégative » (Merle, 2000), et les « héritiers » (Bourdieu et Passeron, 1964) sont toujours surreprésentés dans les formations les plus valorisées. En outre, hiérarchies académiques et hiérarchies territoriales se superposent et se cumulent : les petites villes universitaires abritent essentiellement des formations professionnelles et courtes, tandis que des formations prestigieuses de deuxième cycle (droit, médecine etc.) et les troisièmes cycles sont nettement plus nombreux dans les métropoles (Baron, 2012). Les étudiants d’origine populaire se retrouvent massivement dans les STS et les « petites » écoles, en particulier en soins infirmiers, comme le montre cette enquête. En effet, ces formations sont perçues comme plus concrètes et utiles que les autres, dans des familles ne disposant guère de ressources économiques et sociales pour contrebalancer d’éventuels choix non rentables sur le plan de l’emploi.
15Les données qualitatives de notre enquête révèlent le profil d’un étudiant appartenant à des familles « du coin » (Renahy, 2005), et ce depuis longtemps (92 % des répondants comptent au moins deux de leurs grands-parents originaires de la région), surtout d’origine rurale ou périurbaine. Les cartes établies à partir des données de résidences parentales pointent également de façon très claire la dimension localisée et de proximité de l’attractivité d’un établissement, pour l’université comme pour les autres formations (figure 2).
Figure 2. Aires d’attractivité de l’université du Havre et de l’IFSI de Fécamp


16On peut enfin évaluer le caractère de proximité ou d’éloignement des lieux d’études :
- par des éléments objectivables sous la forme du temps et du type de transports utilisé par les étudiants ne demeurant pas en ville. Selon Audrey (22 ans, fille d’ouvriers habitant Étretat), « loin, c’est là où je ne peux pas aller en voiture, sans aller-retour dans la journée ». Autrement dit, « au-delà d’une heure de trajet, les étudiants cherchent un logement de proximité » (Imbert et al., 2014) ;
- par des sentiments, en lien surtout avec la famille et les représentations des lieux de vie. Ainsi, les répondants sont nombreux à déclarer ne pas vouloir, sinon « pouvoir », s’éloigner de leurs parents durant leurs études, tandis que certains lieux (Paris et certaines grandes villes de la région) constituent pour beaucoup des espaces répulsifs, en dépit de leur offre importante et souvent qualitative dans l’enseignement supérieur.
2. Des choix socialement ancrés… confirmés
17Lorsqu’on interroge de façon directe les choix étudiants, les résultats convergent avec d’autres par la mise en évidence de parcours « non tubulaires » (Bodin et Orange, 2013), autrement dit non linéaires, et pas uniquement à l’université : 30 % des étudiants préparant un diplôme d’ingénieur (comme un BTS) avaient précédemment suivi un autre cursus. On retrouve ce résultat dans la part d’étudiants qui considèrent que les formations dans lesquelles ils se trouvent « ne correspondent pas à leurs projets » (35 % des répondants). Des raisons financières, affectives et géographiques expliquent ces choix contrariés, autrement dit pèsent dans les constructions de parcours post-bac, mobilisant des représentations plus ou moins bien informées sur le champ des possibles scolaires.
18Ainsi, 60,5 % des étudiants de licence interrogés n’ont candidaté qu’à la formation dans laquelle ils sont inscrits, tout comme les étudiants des « petites » écoles (63 %). Mais ces derniers, qui ont investi finances, temps et efforts pour présenter un concours d’entrée, sont plus certains de leur choix que ceux qui vont « à la fac ». Dans les deux cas, l’ancrage local est néanmoins massif. Il se confirme pour d’autres profils : les étudiants de STS ont candidaté à proximité dans 79 % des cas, alors que les étudiants de filières sélectives (CPGE, DUT et écoles d’ingénieur, notamment) ont plus souvent multiplié les candidatures et l’ont fait plus souvent à l’extérieur de la région13. Aussi, les étudiants qui ne sont pas originaires de Haute-Normandie et qui sont inscrits dans des filières sélectives de « moyennes » écoles figurent sans surprise parmi les plus dotés en capitaux économiques et culturels. A contrario, on observe que ceux dont le père est ouvrier et/ou la mère sans emploi ou ouvrière sont surreprésentés en STS.
19L’enquête qualitative fait émerger plus finement les critères de sélection, montrant combien les étudiants choisissent leur formation autant qu’ils sont choisis (Bodin, 2009). Les places qu’ils viennent occuper dans l’espace social de l’enseignement supérieur sont en effet le reflet des inégalités de l’espace social français : dans les variables présidant au choix, si certains évoquent directement le coût des études (par exemple, dans les écoles paramédicales), d’autres révèlent l’autocensure à laquelle ils se sont soumis vis-à-vis de destinées scolaires et professionnelles souhaitées. Ces mécanismes d’auto-exclusion s’ajoutent au déficit de connaissances parentales sur les codes scolaires, mieux maîtrisées par les catégories supérieures et les classes moyennes cultivées. Pourtant, la non-maîtrise de ces codes et des débouchés de certaines formations n’empêchent pas les individus d’être conscients des places auxquelles ils peuvent ou non prétendre : l’expression « ce n’était pas pour moi, de toute façon » a été beaucoup entendue. Ainsi, les trajectoires scolaires et les choix post-bac d’anciens étudiants de DUT ont rarement été contrôlés par leurs parents14, qui ont pourtant suivi de très près la scolarité de leurs enfants jusqu’au collège, soucieux qu’ils aient « au moins le bac » (Poullaouec, 2010). Ce sont différents spécialistes de l’orientation (conseillers, enseignants, etc.) qui ont été les interlocuteurs privilégiés des étudiants les moins dotés au moment de choisir une orientation dans le supérieur. Van Zanten (2015) parle d’une « canalisation institutionnelle » effectuée par différents agents publics et privés d’orientation, et qui vient renforcer les inégalités sociales scolaires.
20L’enquête fait émerger enfin d’importantes disparités territoriales : les habitants de Rouen et du Havre (dans une moindre mesure) ou de leurs agglomérations disposent d’un vaste choix de formations à proximité. Il ne s’agit pas là d’une exception haut-normande : 30 des 354 aires urbaines françaises accueillent les trois quarts des étudiants (Zilloniz, 2011). La taille de la ville d’origine joue un rôle primordial dans les représentations et les projets post-bac. Les étudiants résidant à la campagne ou dans une petite ville envisagent plutôt d’aller dans une ville moyenne ou grande de la région (Le Havre, Rouen), tandis que ceux qui habitent ces dernières envisagent davantage une mobilité vers Paris ou vers une autre grande ville (jusqu’au Sud de la France ou à l’international). Certaines parties du territoire haut-normand ne disposent pas de cette variété de choix et sont fortement enclavées. Un proviseur de l’un des deux grands lycées de Dieppe nous a confié : « Même nos meilleurs élèves choisissent un BTS, au lieu d’aller dans une formation qui conviendrait à leurs projets et à leurs possibilités scolaires : nous sommes mal desservis en transports, certains ont peu de moyens et la plupart veulent rester près de chez soi ! » Ce sont donc les jeunes résidant dans les deux grandes villes de la région qui ont le plus de chances de pouvoir choisir une formation en adéquation avec leurs projets et avec leurs possibilités scolaires et financières.
3. (Im)mobilités étudiantes ?
21Les rapports qu’entretiennent étudiants et anciens étudiants avec Paris en ce qui concerne la mobilité et les représentations ont été interrogés. Il s’agissait, d’une part, de mesurer la distance symbolique qui les éloignait à première vue de la capitale (donc d’un plus large bouquet de formations, mais aussi des meilleures d’entre elles) et, d’autre part, de tenter d’évaluer leur expérience de mobilité de façon générale, dans l’hypothèse que plus celle-ci était réduite, moins les étudiants étaient enclins à partir pour se former.
22La majorité des répondants (70 %) se rend moins d’une fois par mois à Paris ou en région parisienne et 20 % n’y vont jamais. La distance joue évidemment un rôle significatif : plus les étudiants résident à proximité de Paris et meilleurs sont les transports en commun, plus ils s’y rendent fréquemment. Mais le « contexte social », et notamment le type d’études suivies (relation mesurée par un Chi2), joue également : les BTS (secondaires ou tertiaires), donc les étudiants les plus modestes, sont surreprésentés parmi les répondants qui ne vont jamais à Paris, tout comme les licences professionnelles et les BTS agricoles. Les étudiants préparant un diplôme d’ingénieur et un master, donc les plus dotés, sont surreprésentés parmi ceux qui s’y rendent fréquemment.
23Les raisons d’un déplacement à Paris ou en région parisienne sont variées. Dans les enquêtes, les étudiants déclarent s’y rendre en premier lieu pour « la culture et les loisirs », qui inclut les parcs d’attraction, puis pour « le shopping » (surtout pour les étudiants des milieux les plus populaires) ou pour « rendre visite à des amis ou de la famille ». Pour d’autres, il ne s’agit que d’un lieu de transit : « Je ne le traverse que pour aller en vacances et ça me suffit bien comme ça ! ».
24En général, Paris est décrit de façon essentiellement négative : la capitale constitue un espace largement répulsif15, trop peuplé, cher et pollué, « lieu du capital » dominant (Bourdieu, 1993) que tout opposerait à ces jeunes gens qui se projettent à long terme « chez eux ».
25Tout porte ainsi à considérer ces étudiants comme des jeunes plutôt sédentaires, voire immobiles. Pourtant, l’enquête qualitative éclaire leurs mobilités sous une autre perspective : elles sont certes de faible amplitude, mais très fréquentes, notamment pour des raisons scolaires. Les jeunes ruraux et périurbains ont déjà accompli des trajets quotidiens en transports collectifs ou individuels pour rejoindre leurs écoles, collèges et lycées. Par ailleurs, nombre de ceux qui n’habitaient pas dans l’une des grandes villes de la région ont dû changer de résidence et de cadre de vie pour poursuivre leurs études, parfois même à plusieurs reprises. En résidence étudiante pour quelques-uns, plus souvent en chambre chez l’habitant, en colocation, éventuellement hébergés chez des membres de leur famille, voire dans la famille du conjoint pour les étudiants en couple, puis, au fil du temps en logement indépendant, ils sont bel et bien partis de chez eux. Beaucoup reviennent avec une fréquence plus ou moins élevée au domicile parental le week-end, ce qui ajoute de nouveaux déplacements réguliers.
26Mickaël (23 ans, fils d’ouvriers, Fécamp) accomplit tous les jours 3 heures de transport au début de ses études, tandis qu’Audrey roule depuis trois ans et demi (en bus, en train ou désormais en voiture) entre son lieu de résidence (Étretat) et son lieu d’études (Le Havre), ce qui lui prend au moins 2 heures par jour, tout comme Manon (24 ans, fille de professions intermédiaires, village périurbain), inscrite en master à Caen. Une estimation du nombre de kilomètres effectués cinq jours par semaine, trente semaines par an sur une durée de douze ans (scolarité primaire et secondaire), pour un habitant moyen d’une commune périurbaine de l’agglomération havraise, équivaudrait à un déplacement de plusieurs milliers de kilomètres à l’autre bout du monde. Avec les trajets accomplis durant les études supérieures, beaucoup ont ainsi fait l’équivalent d’un tour du monde, même si ces petites mobilités fréquentes ne jouissent pas de la même valeur dans l’économie globalisée mégalopolistique et dans les représentations dominantes. Mais, là encore, les étudiants hauts-normands sont-ils si éloignés d’autres étudiants français ? Non, à en croire Baron (2012), qui estime que seuls 6 % des étudiants ont une mobilité inter-régionale (pour accomplir des études supérieures ou durant celles-ci), tandis que les données ministérielles (2012-2013) montrent que la mobilité internationale des étudiants français ne concerne, pour les programmes Erasmus, que 1,4 % des effectifs étudiants globaux.
27Au-delà du manque de considération des petites mobilités régulières, apanage des « petits-moyens » résidant dans l’espace périurbain, la relative sédentarité des étudiants haut-normands a mécaniquement pour effet une mobilité sociale entravée. Pour le dire autrement, en suivant d’autres travaux (dont Sinthon, 2014), il y a, dans l’écrasante majorité des cas, une corrélation entre l’éloignement du lieu où l’on a grandi (hors Paris et grandes métropoles) et le volume de capital scolaire détenu.
Conclusion
28On le sait, les parcours de formation supérieure sont, comme l’ensemble des trajectoires scolaires, fortement conditionnés, en particulier par l’origine sociale et l’inscription résidentielle (Oberti, 2007 ; Van Zanten, 2009). Les dispositions à la sédentarité des « petits-moyens » haut-normands, plus spécifiquement de ceux qui ne résident pas à Rouen ni, dans une moindre mesure, au Havre, les tiennent à distance d’une possible ascension sociale, pourtant souhaitée et qui serait a priori permise par l’obtention de diplômes supérieurs. Tout se passe finalement comme si les raisons constitutives de la sédentarité renforçaient des contraintes et obstacles à une possible mobilité à la fois sociale et géographique, ce qui accroît la sédentarité. « Effets de lieu » et ressources sociales se combinent (Ripoll et Tissot, 2010), et les choix d’études supérieures restent socialement et géographiquement déterminés.
29À l’échelle haut-normande, on est tenté de s’interroger, avec d’autres, sur de potentiels effets pervers engendrés par la territorialisation de l’enseignement supérieur, qui renforcerait les inégalités scolaires au lieu de les réduire. En effet, les antennes universitaires délocalisées et les IUT, tout comme les petites universités, atténuent certes l’écart géographique, financier et symbolique des bacheliers de milieu populaire avec les études supérieures, mais ils sont susceptibles de creuser de nouveaux écarts avec les cycles longs (Beaud, 2002 ; Hardouin et al., 2013).
30Enfin, les réformes en cours au niveau des Comue16 et dans le service des transports font craindre davantage de difficultés pour les étudiants haut-normands : outre les menaces qui planent sur la suppression de trains, les interrogations concernant l’université, qui a désormais une échelle normande (englobant les deux universités et plusieurs autres établissements non universitaires, à l’instar de l’INSA et de l’ENSA, au niveau de la Comue Normandie Université), portent sur la survie et la localisation de certains parcours de formation. Des suppressions ou mutualisations de parcours sont prévisibles, avec un impact territorial certain.
31Si cette recherche a apporté quelques éclairages supplémentaires sur la population étudiante haut-normande, intéressant les acteurs de l’enseignement supérieur et de la région soucieux des grands enjeux d’orientation et d’insertion locale des jeunes, les craintes sur l’avenir, dans le contexte d’austérité grandissante que nous connaissons, restent de notre point de vue majeures.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 L’enquête a été réalisée avant la réforme territoriale réunissant Haute et Basse-Normandie dans la nouvelle région Normandie.
2 Projet Grand Réseau de recherche (GRR) « Seine-Grand Paris ».
3 Ces chiffres datent de six ans. Si nous avons choisi de ne pas les réactualiser, c’est qu’ils correspondent le mieux à la période à laquelle l’enquête a été réalisée.
4 En prenant comme étalon les grandes écoles, nous pointons dans l’ordre hiérarchique de l’enseignement supérieur deux autres types d’établissements non universitaires : les « moyennes » et « petites » écoles.
5 Institut national de sciences appliquées (INSA) de Rouen et École nationale supérieure maritime (ENSM).
6 Le secteur public a été choisi en raison de facilités d’accès au terrain. Toutefois, l’augmentation des formations privées du supérieur reste un phénomène trop méconnu, nécessaire d’analyser.
7 Les IRTS sont généralement gérés par une association et délivrent une mission de service public ; aux frais de concours s’ajoutent des frais d’inscription plus élevés que dans l’enseignement supérieur public. Pour autant, leur importance dans le champ des « petites » écoles, comme celle des bourses et aides régionales, leur donnent une dimension parapublique. La place de l’IRTS-IDS dans le secteur de formation haut-normand nous a amenées à la considérer dans notre échantillon.
8 Mis en place depuis 1994 en Basse-Normandie, le projet Subanor (Suivi des bacheliers normands) a été étendu à la Haute-Normandie à partir de 2005.
9 À l’exception d’une erreur dans le questionnaire en ligne, où la PCS parentale « ouvrière » s’est trouvée évincée dans les modalités de réponses possibles. Pour contrebalancer les graves effets de cette erreur technique, nous avons procédé à de minutieux recodages (en partant de l’intitulé des professions énoncés librement par les étudiants) sur ces questionnaires, recodages étendus ensuite à tous les questionnaires.
10 Il s’agissait de saisir des parcours de formation complets ayant éventuellement donné lieu à une mobilité géographique.
11 Dont le plan Universités 2000, grâce auquel des universités, souvent dites « de proximité », ainsi que des antennes universitaires, sont créées dans des villes moyennes, de même que des cycles courts et professionnalisants (DEUG, DUT, BTS).
12 Ainsi suppose-t-on que ceux qui sont « partis » étudier (à Paris, en particulier) se recrutent plus massivement parmi les classes supérieures et les professions intellectuelles.
13 En particulier les étudiants préparant un diplôme d’ingénieur, dont seuls 28,6 % des répondants à notre questionnaire sont originaires de Haute-Normandie, ce qui laisse supposer qu’il ne s’agit pas de leur premier choix.
14 La majorité des familles ont ainsi respecté la carte scolaire durant le primaire et le secondaire.
15 Parmi les répondants au questionnaire, toutes catégories sociales et lieux d’habitation confondus, 44 % en moyenne refusent de s’y installer, même si on leur y proposait un emploi, une excellente formation ou encore un logement peu onéreux. La proportion de refus tombe à 35 % s’il s’agit de suivre un conjoint ou un proche de la famille.
16 Communautés d’universités et d’établissements.
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