Chapitre IX
Mères et étudiantes : une typologie
p. 163-174
Texte intégral
1En France, la parentalité étudiante est une situation plutôt exceptionnelle et mal connue, seuls 4,9 %1 des étudiants étant concernés (Régnier-Loilier, 2016). La diversité des situations de parentalité étudiante, évoquée au chapitre précédent, pose la question de l’hétérogénéité de cette population. En particulier, deux dimensions structurent les diverses expériences de maternités étudiantes : le caractère prévisible de la grossesse et l’âge à l’arrivée de l’enfant. Comment la maternité s’inscrit-elle dans la vie de ces étudiantes et comment ont-elles donné un sens à cette situation2 ?
2Les démographes constatent que, depuis plusieurs décennies, la massification de l’enseignement supérieur entraîne un recul de l’âge moyen au premier enfant, aujourd’hui situé à 28 ans (Davie, 2012), soit trois ans de plus que dans les années 1970 (Beets, 2006). Ainsi, « l’âge moyen à la première maternité des diplômées est supérieur de trois ans à la moyenne » (Sullerot, 2005, p. 15) et les femmes peu ou non diplômées ont des enfants bien plus tôt que celles qui ont fait des études supérieures (Davie et Mazuy, 2011), ces dernières reportant leur maternité (Avdeev et al., 2011).
3La faible proportion d’étudiants-parents et notre manque d’information à leur sujet peuvent s’expliquer par les particularités du système de l’enseignement supérieur en France : la massification des études supérieures a entraîné un « allongement de la jeunesse » (Galland, 1995) et les reprises d’études y sont plus rares que dans d’autres pays (Charles, 2016).
4D’une part, cette massification a eu pour effet le développement d’un nouveau concept, d’un nouvel âge de la vie : la jeunesse. Olivier Galland définit la jeunesse comme un passage à l’âge adulte dont les étapes – à savoir la décohabitation, la fin des études, l’acquisition d’un travail stable et la fondation d’une famille – ne sont plus simultanées mais décalées (Galland, 1996). Ainsi, la « désynchronisation des étapes » de l’entrée dans l’âge adulte entraîne un décalage massif de l’âge au premier enfant, puisque ce dernier arrive après la fin des études.
5D’autre part, la moitié des étudiants-parents ont plus de 36 ans (OVE, 2010). La population des adultes en reprise d’études est très peu analysée (Charles, 2016), en particulier en France alors qu’au Royaume-Uni, il existe un champ de recherche consacré aux mature students (Richardson, 1994), de même qu’en Belgique (Vertongen et al., 2009) et au Canada (Fournier, 2012). En France, les travaux de Chamahian (2011 ; 2013) et de Charles (2016) font figure d’exception dans le paysage académique.
6La question de la parentalité étudiante, également peu développée dans la littérature anglo-saxonne, apparaît généralement lorsqu’on s’intéresse aux études sur les mature students (Edwards, 1993 ; Kevern et Webb, 2004 ; Richardson, 1994). L’absence de traitement scientifique de la maternité étudiante en France n’est donc pas une lacune, dans la mesure où les études sociologiques consacrées aux étudiants (et aux études supérieures) se concentrent en grande partie sur l’étudiant jeune.
7Ce chapitre propose de contribuer à une meilleure connaissance des situations de parentalité étudiante à partir d’une étude qualitative menée en 2013-20143. Un certain nombre de questions se posent sur la maternité étudiante : qui sont les étudiantes-mères ? Comment cet enfant est-il arrivé ? Était-ce voulu, voire calculé, ou bien était-ce un « accident » ? Au cours de discussions informelles, beaucoup de personnes non concernées ont spontanément associé maternité étudiante et détresse psychologique : qu’en est-il ? Une autre représentation courante est que les étudiantes-mères se détacheraient plus facilement de leurs études : quel rapport à l’avenir et à l’enseignement supérieur les mères rencontrées entretiennent-elles ?
8La façon dont la maternité s’inscrit dans le cycle de vie des étudiantes varie considérablement, allant de situations où les maternités sont non prévues et difficiles à assumer dans un premier temps, aux maternités désirées et planifiées au sein d'un couple stable (et parfois marié), qui « a l’âge » d’avoir des enfants. Ainsi, ces dernières correspondent plus ou moins aux « bonnes conditions pour avoir un enfant », à savoir : « un couple parental, stable affectivement, psychologiquement et matériellement, cette naissance s’inscrivant dans un projet parental, et survenant au bon moment des trajectoires professionnelles des deux parents » (Bajos et Ferrand, 2006, p. 92). Remplir ces « bonnes conditions » permet de se projeter dans la parentalité. Dans la mesure où presque 50 % des premières naissances ont lieu entre 25 et 35 ans (Davie, 2012), l’âge joue lui aussi un rôle important dans la définition de ce « moment » de la maternité et a un impact sur les témoignages qui ont été récoltés. Ces deux facteurs – inscription dans la norme procréative et âge (plus ou moins de 25 ans) – permettent de dresser une typologie afin de comprendre l’expérience des étudiantes sur plusieurs points : premièrement, la façon dont elles vivent l’arrivée de leur enfant ; deuxièmement, les rapports qu’elles entretiennent avec leurs professeurs, les administrations universitaires ou les autres étudiants ; troisièmement, l’impact de l’arrivée de l’enfant sur leur rapport aux études et à leur avenir.
I. Une démarche inductive et exploratoire
9Cette enquête repose sur quinze entretiens effectués avec des mères étudiantes (22 heures d’enregistrements4), ayant eu lieu sur une période allant d’octobre 2013 à mars 2014. Parmi les étudiantes rencontrées, neuf viennent de classe moyenne et six de classe supérieure. Quatre d’entre elles n’ont pas la nationalité française. Les interviewées étudient dans des filières diversifiées, majoritairement parisiennes, universitaires et/ou prestigieuses. Neuf étudiantes sont dans des cursus de lettres, art ou sciences sociales, quatre en sciences (dont trois en école d’ingénieur), deux dans des grandes écoles. Toutes ont eu leur premier enfant durant un cursus d’études supérieures ; elles avaient alors entre 18 et 34 ans (l’âge moyen est de 23 ans). Les entretiens ont été codés grâce à TAMS Analyzer, un logiciel Caqdas (Computer-assisted qualitative data analysis software). Aucune répondante n’avait arrêté ses études ou ne projetait de le faire au moment de la rencontre. Les femmes qui ont témoigné l’ont principalement fait parce qu’elles ne se sentaient pas prises en compte dans leur spécificité, qu’elles voulaient raconter leurs difficultés et/ou leur réussite, ainsi que par solidarité étudiante.
10Cette étude exploratoire repose sur une démarche inductive qui s’inspire de la grounded theory (Glaser et Strauss, 1967), privilégiant le contact avec le terrain en premier lieu, puis le va-et-vient entre les données en train d’être collectées et la littérature sociologique.
11La moitié des entretiens viennent en réponse à une annonce postée sur les réseaux sociaux (à partir d’un compte personnel sur Facebook et Twitter). Des annonces papier ont également été déposées dans un certain nombre d’universités parisiennes, d’IFSI et de lycées comportant des STS (sans succès). Étant donné son caractère exploratoire, la recherche s’est appuyée sur une définition volontairement large des parents-étudiants : le seul critère retenu était que la naissance de l’enfant ait eu lieu au cours des études, laissant de côté l’âge des étudiants, leur cursus et le fait d’être ou non en situation de reprise d’études.
12Les mères rencontrées n’avaient généralement aucun contact avec d’autres parents-étudiants et les premiers entretiens reflétaient mal la diversité des études et de la population étudiante en France. Ils ont été complétés grâce à ceux obtenus par des petites annonces affichées dans des « crèches étudiantes » parisiennes5.
13Tous les entretiens commencent par une consigne simple et ouverte : « Raconte-moi comment ça s’est passé pour toi [sous-entendu : la maternité et les études] ». Après une première partie biographique, l’entretien portait sur des questions plus précises (profession des parents, nombre de frères et sœurs, revenus, etc.), en fonction de ce qui n’avait pas été spontanément abordé pendant la première partie.
II. Trois grands profils d’étudiantes-mères
14L’enquête a permis d’identifier trois profils de maternité étudiante. Il s’agissait de déterminer les circonstances du moment de la grossesse selon deux paramètres : l’âge et le projet parental (intrinsèquement lié aux « bonnes conditions » énoncées précédemment).
- Le premier profil est constitué de jeunes femmes (de 18 à 23 ans au moment de la naissance de l’enfant) dont la maternité n’était pas prévue, mais qui ont préféré ne pas recourir à une IVG – on retrouve dans ce profil un certain nombre de mères étudiantes seules et/ou précaires.
- Le deuxième profil regroupe des femmes un peu moins jeunes (de 21 à 24 ans) qui ont décidé d’avoir un enfant avec leur conjoint. Leur grossesse s’inscrit donc dans une démarche de couple et d’épanouissement personnel, à un âge certes plus précoce que les autres femmes faisant ou ayant fait des études supérieures.
- Le troisième profil, enfin, comprend des femmes qui ont entre 25 et 34 ans lors de la naissance. Elles se situent dans l’âge habituel et « normal » de la maternité et ont construit un projet parental au sein d’une relation conjugale stable, dans lequel la naissance s’inscrit pleinement.
1. Des étudiantes jeunes confrontées à une grossesse non prévue
15Les sept mères étudiantes du premier profil sont celles qui expriment le plus leur difficulté à incarner leur rôle de mère et à faire sens d’une maternité étudiante qu’elles éprouvent comme paradoxale. On peut expliquer cette particularité par le caractère précoce de leur maternité, d’une part du fait de leur âge (elles ont entre 18 et 23 ans), d’autre part du fait de leur statut (étudiantes, donc jeunes). Anne-Lise6, qui était alors en hypokhâgne, ne s’attendait pas à tomber enceinte dès sa première relation sexuelle avec son copain, avec qui elle n’était en couple que depuis quatre mois.
Le premier truc que j’ai pensé, c’est que j’allais avorter, parce que c’était – enfin, ça me semblait un devoir insurmontable d’avoir un enfant et je voulais rentrer en khâgne, je voulais passer le concours et tout, donc j’ai commencé par me dire que ça serait pas possible (Anne-Lise, enfant à 18 ans, CPGE littéraire).
16Ce caractère précoce est accentué par le fait que ces étudiantes n’ont généralement pas passé toutes les étapes de l’entrée dans l’âge adulte (Galland, 1995). Elles disposent depuis peu d’un appartement à elles (avant de découvrir leur grossesse, six habitent dans un logement indépendant, la dernière chez ses parents) et aucune n’a de travail rémunéré régulier, à l’exception de petits boulots l’été. Elles ne jouissent donc pas de revenus propres, en dehors des bourses dont certaines bénéficient.
17Ces étudiantes ne remplissent pas non plus les « bonnes conditions » pour accueillir un enfant (Bajos et Ferrand, 2006). En effet, au moment où elles apprennent leur grossesse, elles n’ont pas forcément une relation affective stable. Aucune ne vit en couple au moment où l’enfant arrive. Charlotte a rompu avec le père de l’enfant un mois avant de découvrir sa grossesse et trois autres mères ne sont en couple que depuis quelques mois (entre une semaine et quatre mois). Être enceinte leur semblait à toutes hautement improbable et seule l’une d’entre elles avait déjà évoqué cette éventualité avec son « copain ». Ayawa se pensait protégée, car les médecins lui avaient annoncé que sa condition médicale la rendait infertile. Charlotte était sous implant contraceptif lorsqu’elle a appris qu’elle attendait un enfant, fruit d’un rapport entre le moment où elle avait arrêté la pilule et celui où l’implant a été posé.
18Souvent, la décision de garder l’enfant tient du « non-choix » : c’est en effet plutôt le fait de ne pas recourir à l’avortement qui est choisi par ces étudiantes. Quatre d’entre elles entament des démarches pour avorter, mais s’arrêtent à différents moments. La première échographie dite « de datation » est vécue comme un moment de bouleversement : c’est l’occasion de visualiser le fœtus que l’on ne sent pas encore bouger et (souvent) d’entendre son cœur (qui bat). Dans le cas de Lucie, son copain ne voulait pas qu’elle avorte et a menacé de la quitter si elle ne gardait pas l’enfant. Redoutant cette éventualité et la détresse psychique qu’elle entraînerait, Lucie a finalement choisi de ne pas avorter. L’annonce de la grossesse aux parents est également un moment stratégique, car la réaction et le soutien éventuel de ces derniers influencent souvent la décision de garder l’enfant. Ce sont aussi eux qui rendent concevable (et possible) la maternité durant les études. Lorsque les parents sont géographiquement éloignés, comme ceux d’Ayawa et de Coralie, leur influence est souvent (mais pas systématiquement) moindre.
19Comme pour les maternités précoces (Testenoire, 2006), l’arrivée d’un enfant dans la vie d’étudiantes jeunes entraîne donc un passage précipité à l’âge adulte – sur le plan subjectif notamment. Ces étudiantes-mères prennent subitement conscience de leurs « responsabilités » en tant que mères, ce qui peut être difficile dans un premier temps. Ayawa, par exemple, a l’impression de ne pas profiter de sa jeunesse à cause du temps que lui demande son enfant. Alors qu’elle aurait souhaité profiter de la vie « étudiante » (et de ses fêtes, par exemple), la maternité l’a isolée des cercles de sociabilité de sa classe, car elle ne peut pas être présente aux soirées et ne peut même pas l’envisager, faute de temps. Et pour celles qui déménagent pour vivre en couple, la cohabitation avec le père de l’enfant n’est pas toujours évidente : certaines, comme Anne-Lise, décident de revenir habiter avec leurs parents, qui les aident davantage au quotidien.
20Le passage à l’âge adulte n’est cependant pas reconnu par tous. Le premier profil d’étudiantes-mères est celui qui est le plus systématiquement et le plus profondément stigmatisé. La maternité de ces jeunes femmes est en effet souvent assimilée à celle des adolescentes, alors que leur profil est en réalité différent. De fait, les maternités adolescentes concernent des jeunes femmes, qui ne font généralement pas d’études supérieures et dont la grossesse vient conforter un décrochage scolaire (Le Van, 2006 ; Sellenet et Portier-Le Cocq, 2013). Parmi le premier profil de mères étudiantes, celles qui vivent le mieux leur grossesse et leur maternité sont généralement celles qui sont en couple depuis longtemps et qui sont plus âgées.
21À ce premier stigmate viennent parfois s’ajouter des situations de discrimination, ce dont deux interviewées (de nationalités gabonaise et togolaise) témoignent. Elles rapportent l’âpreté du personnel médical, notamment lorsqu’elles ont accouché. Ces mères étudiantes sont vues comme des « profiteuses » du système social français, ainsi qu’en témoigne Adrienne, fortement poussée à avorter lorsqu’elle consulte.
22Loin de s’éloigner de leurs études, les étudiantes de ce profil construisent un rapport différent mais positif à leur formation une fois qu’elles ont décidé de garder leur enfant. La présence de ce dernier constitue une source de motivation. À l’exception d’une seule, toutes les étudiantes de ce premier profil ont rapporté qu’elles voulaient terminer leurs cursus et obtenir un diplôme qui leur assurerait une situation assez bonne pour pouvoir élever leur enfant. Ainsi que le résume Coralie :
Tu t’accroches parce que tu te dis que ça vaut la peine de finir et d’avoir après une bonne situation pour ta fille. En fait tu tiens aussi grâce à ça (Coralie, enfant à 22 ans, master d’archéologie).
23D’après Charlotte, sa formation lui offre en outre un espace de liberté vital, le moyen de ne pas être qu’une mère mais de continuer sa vie d’étudiante – et, notamment, de ne pas renoncer à ce qu’elle désirait avant de découvrir qu’elle était enceinte. Les études sont donc l’occasion de ne pas tout abandonner sous prétexte qu’elles ont à présent un enfant. Elles leur permettent de s’épanouir sur un plan différent et dans un espace-temps qui n’est pas envahi par leurs responsabilités maternelles.
2. Des étudiantes jeunes qui décident d’avoir un enfant
24Ce profil concerne cinq étudiantes ayant plus de 21 ans lors de leur grossesse. Trois d’entre elles ont un niveau bac + 4 lorsqu’elles accouchent, une quatrième est enceinte pendant sa mise à niveau en arts appliqués (entre le bac et l’entrée en STS) et la cinquième accouche durant sa dernière année d’école d’ingénieur. Elles sont en couple depuis un certain temps (entre deux et cinq ans) avec un partenaire plus âgé et, surtout, qui travaille déjà et gagne suffisamment pour garantir l’autonomie financière du couple. Une seule des mères correspondant à ce profil est enceinte alors que son compagnon a le même âge qu’elle et est encore étudiant ; néanmoins, six mois après la naissance, il trouve un poste d’ingénieur assez bien rémunéré (il a alors validé son diplôme).
25Si ces mères étudiantes sont à peu près dans la même tranche d’âges que celles du premier profil, la façon dont elles vivent leur maternité est beaucoup plus apaisée. Cela est lié en grande partie à la programmation de leur grossesse, construite dans un projet parental, en couple. Vivant pour la plupart avec leur partenaire avant l’arrivée de l’enfant, ces étudiantes remplissent donc un certain nombre des conditions considérées comme étant la norme procréative et s’y projettent « en avance » (Bajos et Ferrand, 2006, p. 99).
26À cette projection s’ajoute une socialisation à la maternité différente des modèles les plus répandus chez les étudiantes. En effet, la plupart de ces mères conçoivent la maternité comme un événement qui peut (voire parfois doit) arriver avant 25 ans. Ceci s’explique par leurs origines sociales et géographiques. Dans la famille de Bérengère, avoir son premier enfant avant 25 ans est valorisé. Fille d’un pasteur et d’une aide-comptable, elle a grandi dans des petits villages et a été habituée très tôt à l’idée qu’il est préférable d’avoir ses enfants en étant jeune.
Je m’étais jamais dit : « Oh, je suis jeune ! » Je m’étais juste dit : « Oh ! Mes études sont trop longues, du coup je vais devoir le faire avant la fin ! » [Rires] (Bérengère, enfant à 22 ans, école d’ingénieur).
27Imen explique que, étant née dans une région rurale du Sud de la Tunisie, il n’y a rien de plus « naturel » pour elle que d’avoir des enfants pendant ses études. Elle a été habituée à voir des jeunes femmes avoir des enfants tôt (comparé à la norme française) et elle connaissait une fille déjà mariée au lycée. Sa maternité était donc pour elle dans l’ordre des choses ; elle l’a d’ailleurs annoncée spontanément aux étudiantes de sa classe d’école d’ingénieur à la rentrée. C’est plutôt la réaction de surprise des autres élèves qui l’a intriguée.
28Aurore, dont les parents sont de profession intermédiaire, veut « profiter » de son statut d’étudiante, qui semble lui poser moins de contrainte, pour avoir un enfant avant de commencer sa carrière.
29Toutes ces mères étudiantes ont ainsi une norme procréative « décalée », dans le sens où leur représentation de l’âge normal pour avoir des enfants est en avance par rapport à la moyenne française (et encore plus précoce si on considère les normes de report de la maternité au sein de l’enseignement supérieur).
30Pour les mères de ce groupe, l’arrivée de l’enfant est particulièrement sujette à des calculs préalables sur la compatibilité d’une maternité avec les études en cours, ou à des aménagements du cursus sur le temps long. Ainsi, l’une de ces mères a préféré annoncer très vite à ses professeurs qu’elle était enceinte afin de vérifier si des aménagements étaient possibles – si cela n’avait pas été le cas, elle envisageait d’avorter. Deux autres mères ont décidé de valider leur année d’études en deux ans afin d’être moins chargées au moment de l’accouchement et des premiers mois du bébé. Une dernière a pris une année de pause dans sa scolarité, alors même qu’elle avait été acceptée, du fait de ses bons résultats, dans un cursus très demandé : mais comme elle a prévenu très tôt la scolarité, sa place a été gardée pour un an.
31Comme pour le premier profil, l’arrivée de l’enfant n’est ainsi pas dépourvue de conséquences sur le rapport que ces étudiantes entretiennent avec leurs études. Elles ont en effet tendance à réfléchir davantage aux débouchés professionnels. En revanche, il est pour elles hors de question que leur maternité les empêche d’atteindre le diplôme qu’elles visaient avant d’être enceintes.
32Si la plupart de ces mères étudiantes sont conscientes du caractère exceptionnel de leur situation et commencent d’ailleurs leur entretien en le signalant, cette marginalité est généralement très bien vécue. Trois d’entre elles ont des rapports bons voire très bons avec l’administration et les professeurs qui les encadrent. Une seule entretient des relations assez mauvaises avec le responsable de scolarité – mais pas avec les professeurs ou les autres étudiants. Lorsqu’on leur pose la question : « Vous a-t-on déjà fait des remarques sur le fait que vous ayez un enfant pendant vos études ? », elles répondent en général que c’était rarement le cas. Elles suggèrent toutefois que cela s’expliquerait par leur propre attitude, qui ne laisse pas de place à de telles réflexions :
Non. Enfin, personne ne s’est mêlé de ça. Personne n’avait à me faire de remarques sur ça. J’aurais pas permis. Voilà ! (Imen, enfant à 22 ans, école d’ingénieur).
3. Faire des études à l’âge d’avoir des enfants
33Les mères étudiantes qui correspondent à ce profil se situent, selon elles et les normes contemporaines (Davie, 2012), dans l’âge normal pour avoir des enfants, voire estiment parfois avoir dépassé cet âge et redoutent une possible infertilité. Elles se réfèrent notamment à l’« horloge biologique », c’est-à-dire à la perspective de grossesses « à risque » et de la ménopause. Elles ont en outre déjà parcouru toutes les étapes du passage à l’âge adulte : elles ont trouvé un emploi après leur formation (en considérant le doctorat en sciences avec allocation doctorale comme un emploi) et vivent en couple dans un logement indépendant de celui de leurs parents. À cet âge adulte « normal » pour avoir des enfants s’ajoute le fait qu’elles remplissent les « bonnes conditions » de la norme procréative. En effet, elles sont en couple depuis plusieurs années, leur conjoint a un travail et ils ont construit ensemble un projet parental.
34Amina, née en Algérie, a décidé d’avoir un enfant avec son mari à la fin de son master 2 en France, en se laissant la possibilité de faire une thèse si elle obtenait un financement. Sa grossesse, qui arrive en septembre (avant qu’elle sache qu’elle allait avoir un contrat doctoral), s’inscrit dans un rapport traditionnel au couple et à la famille : elle a d’abord habité séparément de son futur mari pendant quelques mois avant de se marier et d’emménager en couple. La grossesse survient neuf mois après leur mariage :
C’était voulu hein. 100 % voulu [rire]. […] J’avais 25 ans donc j’étais pas très jeune. Ni vieille non plus, 25 ans, normale (Amina, enfant à 25 ans, doctorat).
35Les trois mères correspondant à ce troisième profil sont donc dans la norme de l’âge pour avoir des enfants. C’est leur statut d’étudiante qui constitue une exception : l’une d’entre elles est en doctorat et les deux autres sont en reprise d’études (niveau master ou doctorat au moment de l’entretien7).
36Évelyne a fait des études de comédienne après son bac tout en ayant un emploi rémunéré. Elle abandonne progressivement sa formation et travaille de 21 à 28 ans. Arrive un moment où elle ne s’épanouit plus dans son activité. À la suite d’un bilan de compétences, elle se rend compte qu’elle a toujours été attirée par la langue des signes et se lance dans une reconversion, financée par un droit à la formation puis par le chômage. Elle entre en master au moment de la naissance de son fils. Pour Évelyne, le retour aux études est une façon de changer son avenir professionnel qui lui offre la perspective de pouvoir s’épanouir dans son futur métier. Caroline a, pour sa part, décidé de faire un doctorat afin de prendre du recul sur les dix dernières années écoulées et de mieux comprendre ce que son travail au sein de différentes ONG lui a apporté. Ce doctorat lui a ouvert un espace de réflexion et de mise en perspective : un « luxe ». Amina est ingénieure diplômée, ce qui peut lui garantir un poste stable et un très bon salaire. Néanmoins, elle a choisi de continuer ses études, car elle s’y épanouit particulièrement. Elle voudrait même continuer à être étudiante ensuite :
Après ma thèse, si on est à l’aise financièrement, je ferais peut-être encore des études, ça me plaît. Ça me plaît (Amina, enfant à 25 ans, doctorat).
37Ainsi, le retour aux études ou la poursuite d’un doctorat relèvent d’une recherche de soi et d’une satisfaction intrinsèque dans la formation pour ces étudiants-parents. Les études offrent une occasion unique pour se recentrer sur soi, pour s’épanouir et pour trouver un nouvel équilibre professionnel à l’issue de la formation.
38Mais ce luxe a un coût. En effet, les mères étudiantes de ce groupe sont celles qui expriment le plus leur frustration à ne pas pouvoir remplir complètement à la fois leur rôle de mère et les exigences de leurs formations. Évelyne a dû apprendre à arbitrer entre le temps qu’elle allouait à se former et le temps qu’elle passait avec son fils. La culpabilité de ne pas consacrer suffisamment de temps pour son enfant et de ne pas le voir grandir a pris le dessus et elle préfère désormais préserver certains moments, comme les week-ends, à son enfant. C’est pour cette raison qu’elle envisage de faire son master en trois ans au lieu de deux.
Ça me coûte moins de me dire que je vais faire mon année en trois ans que de ne pas voir mon fils et de ne pas être là les premières années (Évelyne, enfant à 30 ans, master en LSF).
39Ces mères étudiantes entretiennent généralement de bons rapports avec leurs professeurs, qui ont d’ailleurs assez souvent le même âge et des enfants au même moment.
III. D’autres situations plus atypiques
40Si cette typologie recouvre la plupart des entretiens récoltés, il en est quand même quelques-uns dont la classification se révèle difficile. Le cas de Laure notamment (22 ans à la naissance de son premier enfant) est assez particulier. En couple depuis cinq ans avec sa copine, laquelle travaille et désire depuis longtemps des enfants, Laure se résigne à accepter d’avoir un enfant (qu’elle ne porte pas), mais met très longtemps à s'investir dans son rôle de mère. Elle correspond donc difficilement au deuxième profil, sans être tout à fait dans le cas d’une grossesse non prévue (premier profil). Coralie (22 ans à l’accouchement) pourrait quant à elle relever du premier profil, puisqu’elle s’est trouvée confrontée à une grossesse non prévue. Néanmoins, cela faisait deux ans qu’elle vivait en couple avec son copain et, une fois le bébé arrivé, elle s’est assez bien adaptée à son statut de mère. Elle semble donc à la frontière entre les deux premiers groupes.
41On peut se demander si cette analyse n’omet pas en fait des mères étudiantes qui auraient arrêté leur formation après la naissance de leur enfant. En effet, la majorité des entretiens potentiels avec les personnes plus précaires n’ont jamais vu le jour et les annonces étaient posées dans des lieux étudiants, excluant de fait les mères qui auraient arrêté leurs études. Par ailleurs, le nombre d’entretiens utilisés pour établir cette typologie ne nous permet pas de généraliser ces conclusions à l’ensemble de la population des étudiants-parents (ayant eu leur premier enfant pendant une période d’études), d’autant que cette population se constitue essentiellement de personnes en reprises d’études, donc relevant du troisième profil, qui ne compte que trois répondantes.
Conclusion
42Les expériences de maternité étudiante varient fortement en fonction de l’âge des étudiantes (est-on trop jeune pour avoir des enfants ? Ou, au contraire, n’a-t-on pas l’âge d’avoir des enfants ?) et, plus encore, de leur rapport à la norme procréative (est-ce que les « bonnes conditions » pour avoir un enfant sont remplies ou non ? Est-ce qu’on peut se permettre de prévoir un enfant à ce moment-là ?).
43La méconnaissance de cette population n’est pas dénuée d’effets négatifs pour beaucoup de mères étudiantes. La non-prise en compte de l’âge dans la façon dont on théorise l’étudiant a, de fait, des conséquences importantes sur les politiques publiques (Richardson, 1994). En partant d’une figure de l’étudiant en tant que jeune, les politiques construites autour des études supérieures ont des conséquences différentes pour les étudiants de moins de 25 ans et pour les adultes en reprise d’études. Selon Richardson, étant donné la composition majoritairement féminine de la population des adultes en reprise d’études, on peut considérer que l’omission des adultes en reprise d’études dans la littérature scientifique est à l’origine de discriminations fondées sur l’âge et le genre.
44À notre connaissance, peu de mesures ont été mises en place pour les étudiants qui ont des enfants. Mis à part la politique locale du Crous de Caen, qui possède une quinzaine de logements « famille » (T3 et T4 réservés en priorité aux étudiants avec enfant), auxquels viennent s’ajouter deux crèches sur les campus de l’université, ce type de structures est rare et très localisé. Le fait d’être confrontées à un double statut (mère pour les Caf, étudiante pour les Crous) a en outre pour effet une mauvaise prise en compte de la situation spécifique des étudiantes-mères. Les administrations se renvoient la balle, car aucune ne s’estime qualifiée pour prendre en charge leur situation. À l’université, en raison de l’absence de statut spécifique et de cadre juridique, les étudiantes doivent également s’en remettre à la sympathie du personnel de leur lieu d’études si elles veulent bénéficier d’aménagements spécifiques8.
45En pratique, les étudiantes ne disposent d’aucun droit à un congé maternité, ce qui peut poser des problèmes, notamment pour la garde de l’enfant. Lucie, qui a eu « la chance » d’accoucher au début d’une semaine de vacances universitaires, est revenue en cours au bout de huit jours, car on ne lui a pas accordé de dispense d’assiduité. On comprend la nécessité, pour les mères du deuxième profil, de planifier à l’avance la compatibilité de leur grossesse avec leurs études en cours – d’autant plus pour les étudiantes boursières, qui sont tenues d’être assidues pour conserver leur bourse. Dans la même perspective, l’enquête a révélé trois cas d’expulsion de logement en résidence Crous (en Île-de-France), car ces résidences n’accueillent pas d’étudiants avec enfants9. Selon les assistantes sociales, c’est lié à un problème de responsabilité juridique (ces structures n’acceptent pas de mineurs, sauf quelques rares exceptions concernant des étudiants ayant 17 ans pendant leurs premiers mois d’études supérieures), ainsi qu’aux caractéristiques des résidences du Crous, qui ne sont pas suffisamment grandes pour accepter des parents avec enfant(s).
46On le voit, l’urgence de mieux connaître les différentes situations de maternités étudiantes ne se manifeste pas sur le seul plan scientifique. Sur le plan politique, des mesures concrètes de protection et de soutien s’imposent, comme le suggérait le plan d’action « Égalité entre les femmes et les hommes » du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, qui prévoyait dès 2013 l’« aménagement des parcours pour les étudiants jeunes parents ».
Bibliographie
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Références bibliographiques
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Notes de bas de page
1 En comptant les étudiants inscrits en IFSI.
2 Toutes les étudiantes interrogées dans le cadre de cette étude ont eu leur premier enfant pendant des études supérieures.
3 Je remercie, pour son soutien et ses encouragements, Anne Revillard, qui a dirigé le mémoire de master dont ce chapitre est issu. Le mémoire est accessible via ce lien : https://www.academia.edu/25424786/Les_temporalit%C3%A9s_de_la_maternit%C3%A9_%C3%A9tudiante._Cycle_de_vie_temps_du_quotidien.
4 Un seul père a répondu à notre annonce, il est ici exclu de l’analyse.
5 Il s’agit de crèches qui sont soit destinées explicitement aux enfants d’étudiants, soit présentes sur les campus et accueillant des enfants d’étudiants parmi d’autres enfants.
6 Tous les prénoms ont été changés afin de garantir l’anonymat des femmes rencontrées.
7 Les adultes en reprise d’études (ARE) sont définis en opposition aux étudiants « classiques » par le fait d’avoir connu « une interruption dans le cursus de formation » et d’avoir au minimum 25 ans (Vertongen et al., 2009).
8 En dehors du cas de grossesse nécessitant d’être alitée, qui rend le pôle handicap compétent.
9 Sauf lorsqu’un partenariat est établi avec une société HLM (comme c’est le cas à Caen, par exemple).
Auteur
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