Chapitre 2
L’aménagement intérieur
p. 55-102
Texte intégral
I. La distribution des pièces
1Si toutes les pièces d’un logement ne peuvent être aussi spacieuses qu’on pourrait le désirer, une tendance très nette se fait jour dans le public, pour que les dimensions des chambres se trouvent réduites au profit de celles d’une salle commune où la famille est appelée à se réunir.
2Les trois quarts du public estiment que trois chambres sont nécessaires à la vie d’une famille composée de cinq personnes, les parents et des enfants des deux sexes par exemple. Ce n’est que dans les milieux aisés qu’on souhaite avoir une quatrième chambre.
3Si l’on admet que les dimensions des chambres peuvent être réduites, on estime presque toujours que celles-ci peuvent être moins chauffées en hiver, à condition que le cabinet de toilette et l’endroit où l’on se tient pour travailler en soient absolument distincts.
4Le public, enfin, souhaite que la cuisine soit séparée de la salle à manger, mais il est partagé sur la meilleure distribution de ces deux pièces. Toutefois, une salle à manger et une cuisine de même surface paraît être la solution relativement la plus recherchée, ce qui est en liaison avec le fait que près de la moitié du public déclare prendre ses repas dans la cuisine, et tient à disposer d’une pièce propre pour les réunions ou les visites. Une solution plus neuve, d’un « coin à manger » situé à proximité de la cuisine, et pris en quelque sorte sur la salle commune, recueille les préférences d’un quart du public.
1. Les dimensions relatives des pièces
5Sans préjuger de la disposition intérieure d’un logement, il y a lieu de distinguer deux parties distinctes : l’une constituée par les pièces où chacun se retire pour dormir, l’autre par des éléments communs à tous et utilisés pour la journée. La cuisine étant mise à part, on peut appeler salle familiale l’ensemble de ces éléments. S’il est vrai que pour une surface donnée, on peut concevoir ou bien une grande salle commune, et des chambres à coucher de petites dimensions ou au contraire des chambres plus grandes et une pièce commune plus petite, la tendance très nette du public est de préférer la réduction des dimensions des chambres au profit d’une salle familiale plus vaste.
6La surface totale du logement étant la même ; aimeriez-vous voir réduire les dimensions des chambres à coucher au profit d’une salle familiale, ou celles de la salle familiale au profit des chambres ?

7Cette tendance générale est d’autant plus accentuée qu’on habite une ville plus peuplée. Elle est la plus vive parmi les habitants du Nord-Ouest et la moins vive parmi ceux du Nord-Est.

8Ni l’âge ni le sexe ne paraissent avoir d’influence prononcée sur cette question. Par contre, le milieu professionnel en a une grande. Les industriels et commerçants et les membres des professions libérales sont davantage partisans de la réduction des dimensions des chambres. C’est la tendance générale des milieux aisés.

9La tendance à réduire les dimensions des chambres est un peu plus répandue parmi ceux qui préfèrent habiter un appartement dans un immeuble collectif (64 % contre 60 % parmi ceux qui préfèrent une maison individuelle).
2. Le nombre de chambres à coucher
10Près des trois quarts du public considèrent que trois chambres à coucher sont nécessaires à la vie d’une famille composée de cinq personnes, par exemple les parents et des enfants des deux sexes. Mais deux personnes sur dix souhaiteraient disposer d’une quatrième chambre, ce qui représente une chambre par enfant ou répond souvent à l’idée d’une « chambre d’amis ».
11Combien de chambres à coucher jugez-vous nécessaire à la vie d’une famille composée de cinq personnes (par exemple : parents et enfants des deux sexes) ?

12Il n’y a guère qu’à Paris et dans la région parisienne qu’on observe une différence dans les appréciations du public. On répond là plus souvent, trois chambres, 76 %, et moins souvent quatre, 17 %.
13Les femmes sont dans le même cas : trois chambres, 76 %, quatre chambres, 18 %.
14Les industriels et commerçants et les membres des professions libérales demandent un plus grand nombre de chambres que les employés et fonctionnaires et les ouvriers.

15Le nombre de pièces qui paraissent nécessaires est étroitement lié à l’importance des ressources dont on dispose comme le montre le tableau ci-après.

3. La disposition de la chambre à coucher
16Le public avait à se prononcer entre les deux possibilités d’aménagement ci-après. On voit quels avantages différents elles représentent l’une et l’autre. La surface totale est égale, mais le premier aménagement offre un volume plus grand pour la chambre à coucher elle-même, un cube d’air supérieur. Le cabinet de toilette où l’on se lave, le bureau où l’on travaille figurent dans la même pièce et la température y est également répartie. Dans le deuxième aménagement, au contraire, le système de chauffage est tel que l’espace où l’on dort, plus réduit et distant de la source de chaleur, a une température moins élevée. Le lieu de la toilette et le lieu du travail sont au contraire plus chauffés. En outre, ils sont séparés de la chambre, distincts d’elle.
17Le public n’hésite pas. Une très forte majorité se prononce pour le deuxième aménagement. Les commentaires recueillis à ce sujet mettent en lumière la véritable signification de ce choix. Le grand avantage que le public aperçoit dans ce cloisonnement est double : température plus élevée pour le travail et la toilette, séparation très nette du cabinet de toilette. On estime que la pièce où l’on dort peut être moins chauffée que le reste de la demeure. On ne veut pas d’un cabinet de toilette dans la chambre même. En outre, on estime qu’il est préférable de pouvoir travailler hors de la chambre à coucher, afin surtout de ne pas gêner ceux qui dorment. D’autre part, on a vu que la tendance générale est d’admettre la réduction des dimensions des chambres à coucher au profit de celles de la « salle commune ».
18En définitive, le choix du public ne paraît pas correspondre à l’idée d’un aménagement mixte en quelque sorte de la chambre à coucher avec une cloison sans porte, mais à celle d’une pièce réservée au sommeil, plus petite et moins chaude si l’on veut, mais absolument séparée du cabinet de toilette comme de l’endroit où l’on se tient en dehors des heures de repos.
19Cette conclusion semble confirmée par le fait que plusieurs personnes ont signalé l’exiguïté d’une chambre à coucher de 12 m2, dans laquelle se trouve compris le cabinet de toilette.


20Entre les deux aménagements précédents, la surface totale étant égale, lequel préférez-vous ?

21On observe peu de différences selon les diverses catégories de la population. Toutefois, dans le Nord-Est, on est encore plus favorable au deuxième aménagement (88 %).
22Les ouvriers sont un peu plus nombreux à préférer le premier aménagement (18 %).
23Commentaires favorables au premier aménagement

24Commentaires favorables au deuxième aménagement

25Plus on vieillit, plus on met l’accent sur l’agrément d’une température égale.

4. La disposition de la salle à manger et de la cuisine
a. Les faits
26Une moitié du public prend d’ordinaire ses repas dans la cuisine ; l’autre moitié presque tout entière les prend dans la salle à manger.
27Dans quelle pièce prenez-vous vos repas ?

28Les Parisiens prennent moins souvent leurs repas dans la cuisine. C’est dans le Nord-Est que cette habitude est la plus fréquente, dans le Nord-Ouest la moins fréquente.

29Les jeunes sont un peu plus nombreux que les vieux à prendre leurs repas dans la cuisine. Mais les habitudes sont sur ce point radicalement opposées selon les milieux professionnels. Les ouvriers puis les employés et fonctionnaires sont de beaucoup les plus nombreux à manger dans la cuisine.

b. Les préférences
30Le public avait à se prononcer entre les six dispositions ci-après. La surface totale est la même dans tous les cas. Dans les deux premières dispositions, cuisine et salle à manger, sont confondues dans une seule pièce, les appareils de cuisson placés ou non dans une alcôve. Les autres dispositions offrent toutes une cuisine séparée, mais elle est contiguë, ou bien elle est de même dimension que la salle à manger ou plus petite, de telle sorte qu’en principe on ne puisse pas y prendre ses repas. Enfin, la dernière disposition présente un caractère particulier : l’arrangement est tel que la surface totale se répartit en trois éléments distincts et contigus : la cuisine, petite, est placée en angle, et auprès d’elle est disposé un « coin à manger » qui peut recevoir une table et des chaises. Le reste de la pièce est comme isolé et peut être considéré comme une sorte de salon ou de studio.


31Les préférences du public sont très partagées. Une seule chose est certaine, c’est que l’immense majorité désire que la cuisine soit séparée de la salle à manger. Mais les autres solutions rencontrent à peu près autant de personnes qui leur sont favorables. Toutefois, une salle à manger et une cuisine de même surface rallieraient relativement le plus de suffrages, ce qui paraît correspondre au fait que la moitié du public déclare prendre ses repas dans la cuisine. La solution du « coin à manger » recueille presque le quart des voix.
32On peut encore constater que la solution d’une cuisine non contiguë à la salle à manger n’a les préférences que de 18 % du public.
33Plusieurs enquêteurs signalent enfin que « la très grande majorité des personnes qu’ils ont interrogées a critiqué assez vivement les dimensions-types proposées. On s’est souvent étonné de dimensions aussi réduites alors que le questionnaire permet de supposer qu’on envisage sérieusement des suppléments de confort, tels que les installations spéciales pour le lavage et le séchage du linge, l’atelier de bricolage et la salle de jeux ».
34Entre les six dispositions précédentes, la surface totale étant égale, par exemple 20 mètres carrés, laquelle préférez-vous ?

35C’est dans les villes de plus de 100 000 habitants et à Paris qu’on est le plus hostile à la première disposition (4 % et 4 %), qui rencontre le plus de faveur dans le Nord-Est (11 %). La deuxième disposition plaît le moins aux Parisiens (2 %). Ces deux dispositions impliquent que la salle à manger n’est pas distincte de la cuisine.
36La solution d’une petite cuisine et d’une grande salle à manger est accueillie avec le moins de faveur dans le Nord-Est (13 %).
37La petite cuisine non contiguë à la salle à manger rencontre le meilleur accueil à Paris et dans le Nord-Est (20 % et 20 %).
38La solution du « coin à manger » paraît plaire surtout aux citadins des villes d’importance moyenne, de 50 000 à 100 000 habitants et aux Parisiens (32 % et 28 %). Elle agrée le plus dans le Nord-Est (27 %) et le moins dans le Nord-Ouest (16 %).
39Plus on vieillit, plus on se montre favorable à la solution d’une petite cuisine non contiguë à la salle à manger ou à celle d’une cuisine et d’une salle à manger confondue en une seule pièce, mais moins on apprécie le « coin à manger ».

40Les préférences sont sensiblement les mêmes selon les divers milieux professionnels. Toutefois, les ouvriers sont un peu plus tentés par la première disposition (11 %), les membres des professions libérales par la sixième (29 %). Le « coin à manger » paraît plaire davantage aux célibataires (29 %) qu’aux personnes mariées (22 %).
41Les personnes qui paient un loyer inférieur à 6 000 francs ont une légère préférence pour la première disposition et surtout la quatrième (8 % et 30 %) et sont un peu moins nombreuses à préférer la solution du « coin à manger » (22 %).
42Ceux qui prennent leurs repas dans la salle à manger apprécient moins souvent les deux premières dispositions où la cuisine est confondue, se répartissent assez également entre les autres dispositions mais marquent une préférence pour la solution du « coin à manger ». Ceux qui prennent leurs repas dans la cuisine préfèrent surtout la quatrième disposition où les deux pièces sont contiguës et de dimensions égales.

43Les avis sont partagés parmi les personnes qui préfèrent les deux premières dispositions, c’est-à-dire celles où la cuisine n’est pas distincte de la salle à manger : les unes voudraient voir masquer les appareils de cuisine par un dispositif spécial, les autres ne s’en soucient pas.
44Si vous préférez la première ou la deuxième disposition, pensez-vous qu’un dispositif spécial pour masquer les appareils de cuisine est indispensable ?

45La variété des commentaires rend un compte exact de la diversité des préférences, faisant apparaître les avantages des différentes dispositions.

46Les résultats précédents sont confirmés par l’examen des préférences relatives du public pour ces six dispositions. La première et la deuxième disposition sont franchement impopulaires, surtout la première qui est placée au dernier rang, dans un ordre de préférence décroissante, par la majorité.
47En définitive, la quatrième disposition, salle à manger et cuisine contiguë et de même surface, est la plus populaire : très peu de personnes la placent aux derniers rangs. Vient ensuite la troisième disposition, grande salle à manger et petite cuisine, pas impopulaire non plus, mais moins souvent préférée que la précédente. Les deux dernières dispositions se situent à peu près sur le même plan, repoussées par des nombres équivalents. Toutefois, le « coin à manger » recueille un peu plus de suffrages favorables que la solution d’une cuisine distante de la salle à manger.
48La première et la deuxième disposition sont surtout impopulaires à Paris et parmi les membres des professions libérales. Elles le sont moins aux yeux des ouvriers et des personnes à revenus modestes.
49La troisième disposition1, petite cuisine et grande salle à manger contiguës, suscite peu de différences de goût (non représentée [NdE]).
50La quatrième, salle à manger et cuisine contiguë et de mêmes dimensions, la plus populaire en général, l’est surtout aux yeux des employés et fonctionnaires et des ouvriers comme des personnes à revenus modestes.
51La cinquième, cuisine et salle à manger distantes l’une de l’autre, plaît davantage aux membres des professions libérales.
52Enfin la solution du « coin à manger » est appréciée surtout à Paris et parmi les membres des professions libérales où on la place le plus souvent aux premiers rangs. Elle plaît le moins dans le Nord-Ouest.
53Essayez de classer ces six dispositions par ordre de préférence décroissante

54Les graphiques [ci-après] permettent de saisir d’un regard les préférences relatives du public pour ces six dispositions.
Préférences relatives du public pour six dispositions possibles de la salle à manger et de la cuisine

55La forme des courbes qu’ils évoquent exprime l’impopularité, l’indifférence ou la popularité, selon qu’il s’agit d’une courbe en J, en cloche, ou en J renversé.
56Les graphiques suivants expriment les différences et goûts dans les diverses catégories de la population pour telle ou telle disposition.
Première disposition. Cuisine et salle à manger confondues, sans alcôve pour les appareils de cuisine

Variations significatives parmi les diverses catégories de la population.
Deuxième disposition. Cuisine et salle à manger confondues, avec alcôve pour les appareils de cuisine

Variations significatives parmi les diverses catégories de la population.
Quatrième disposition. Salle à manger et cuisine contiguës et de même surface

Variations significatives parmi les diverses catégories de la population.
Cinquième disposition. Salle à manger et petite cuisine non contiguës

Variations significatives parmi les diverses catégories de la population.
Sixième disposition. « Coin à manger ».

Variations significatives parmi les diverses catégories de la population
II. La cuisine
57La cuisine idéale doit pouvoir recevoir le soleil à certaines heures de la journée. Il est souhaitable que les divers emplacements en soient également éclairés, mais si ce n’est pas possible, que la table de préparation des repas soit l’endroit le mieux éclairé. Plus des trois quarts souhaitent que la batterie de cuisine soit enfermée dans des placards plutôt que suspendue aux murs.
58Pour la cuisson des aliments, on se sert surtout du gaz puis du charbon. Mais dans les préférences, l’électricité a supplanté ces modes de cuisson. La majorité souhaiterait en effet avoir une installation électrique. Deux personnes sur dix restent fidèles au gaz et une sur dix aimerait un système mixte, électricité et gaz.
1. L’exposition
59La vieille idée selon laquelle une cuisine doit être exposée au nord est condamnée par le public. La très grande majorité considère en effet que la cuisine doit être exposée de manière à recevoir le soleil, au moins à certaines heures de la journée.
60Vous paraît-il souhaitable que la cuisine soit exposée de manière à recevoir le soleil, au moins à certaines heures de la journée ?

61Ce souhait est formulé moins souvent à Paris et plus souvent dans les petites villes, plus souvent aussi par les habitants du Sud-Est et du Nord-Est.

62Les femmes et les vieillards sont un peu moins nombreux à préconiser cette exposition de la cuisine (82 % et 79 %), les personnes sans enfants également (79 %).
2. L’éclairage
63À en juger par les réponses du public, ce qui, dans une cuisine, doit être le mieux éclairé, est la table de préparation des repas. La contre-épreuve permet de conclure dans le même sens, car c’est l’endroit le moins souvent nommé comme pouvant être le moins éclairé. Ensuite, viennent à peu près à égalité le fourneau et l’évier. L’endroit destiné à l’épluchage des légumes semble pouvoir être plus aisément écarté de la source de lumière.
64Toutefois, de nombreuses personnes interrogées ont déclaré spontanément que tous ces endroits doivent être également et tous bien éclairés.
65Quel est l’emplacement qui doit être le mieux éclairé : l’endroit destiné à l’épluchage des légumes, l’évier, le fourneau, la table de préparation des repas ?

66Quel est celui qui peut être le moins éclairé ?

67Dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, la table de préparation des repas est citée plus souvent comme devant être mieux éclairée (41 % et 41 %) et le moins souvent comme pouvant l’être le moins bien.
68Les habitants de l’Ouest, Nord et Sud considèrent surtout que le meilleur éclairage doit aller à la table de préparation des repas, ceux de l’Est mettent plus souvent en avant l’évier.

69L’expérience des femmes est ici particulièrement intéressante. Elles semblent plus partagées que les hommes et la table de préparation des repas ne jouit parmi elles que d’une priorité moins certaine. On dirait qu’elles souhaitent partout un éclairage égal.

70Les jeunes déclarent plus souvent que la table doit être l’emplacement le mieux éclairé, 37 %, et les employés et fonctionnaires moins souvent, 24 %.
3. Le rangement de la batterie de cuisine
71Une très forte majorité du public préfère que la batterie de cuisine soit enfermée dans des placards, plutôt que suspendue aux murs.
72Préférez-vous personnellement que la batterie de cuisine soit enfermée dans des placards ou suspendue aux murs ?

73On semble un peu plus partisan d’enfermer la batterie de cuisine dans les petites villes et dans le Nord-Ouest et le Nord-Est.

74Les femmes préfèrent davantage la voir enfermée, les vieillards, plus souvent suspendue aux murs. Les ouvriers sont les moins nombreux à souhaiter la voir enfermée.

4. Les appareils de cuisson
75Environ 80 % du public urbain se sert du gaz pour faire la cuisine et la moitié n’utilise que le gaz. Quatre personnes sur dix emploient le charbon, mais 6 % le charbon seulement. On trouve dans 28 % des cas une installation double pour le charbon et pour le gaz. Quant à l’électricité, 4 % du public seulement en est pourvu comme seule installation, et 9 % comme installation complémentaire. Le bois seul n’est utilisé que par 3 %.
76Si répandu que soit actuellement l’usage du gaz, il risque d’être supplanté par l’électricité ; plus de la moitié du public souhaite en effet avoir une installation électrique en tout et pour tout pour faire la cuisine. Vingt-deux pour cent restent fidèles au gaz et 11 % souhaiteraient une installation double : gaz et électricité. Parmi les autres vœux formulés beaucoup plus rarement, l’utilisation possible à la fois du charbon et du gaz revient le plus souvent. En définitive, quatre personnes sur dix désirent encore disposer d’une installation à gaz.
77La situation géographique et la concentration urbaine entraînent naturellement sur ce point des différences sensibles.
78Enfin, quel que soit le mode de cuisson qu’on utilise, on souhaite en général en majorité disposer d’une installation électrique.
a. Les faits
79Quel mode de cuisson des aliments utilisez-vous ? (par exemple : cuisinière à bois, cuisinière à charbon, gaz, gaz butane, électricité, etc., ou plusieurs modes simultanés, par exemple : bois et charbon, gaz et électricité, charbon, gaz et électricité, etc.)

80Comme il est naturel, c’est à Paris qu’on utilise le plus le gaz (64 %) et l’électricité (7 %) ou le gaz et l’électricité (8 %).
81Le bois est utilisé surtout dans les petites villes (de 20 000 à 30 000 habitants : 5 %) ainsi que le bois et le charbon combinés (10 %).
82Les habitants du Nord-Est et du Nord-Ouest se servent davantage du charbon (13 % et 11 %) ou du charbon et du gaz (41 % et 35 %).
83Plus on vieillit, moins on utilise l’électricité.

84Les installations les plus modernes sont le fait des industriels et commerçants et des membres des professions libérales, les installations plus anciennes des employés et fonctionnaires et des ouvriers.

Encadré
Le bureau des statistiques et sondages de la Cegos (Commission générale d’organisation scientifique) a procédé au début de l’année 1944 à une étude du marché des appareils de cuisson en France. Cette étude a été conduite selon des méthodes analogues à celles utilisées par la section de psychosociologie de l’Institut national d’études démographiques. Tous les résultats ne sont pas comparables car l’enquête de la Cegos portait sur toute la France, campagne comprise ; en outre, les paliers choisis selon l’importance des villes n’étaient pas les mêmes. Ils ne sont comparables qu’en ce qui concerne Paris. Le tableau ci-après indique ce qu’ils ont été au cours des deux sondages.
Appareils de cuisson en service a Paris (%) |
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Ce tableau montre la fixité des résultats obtenus au cours de deux sondages différents, menés par deux organismes différents. Ils divergent sur un seul point : l’utilisation du charbon. Aucune conclusion ne peut être en effet tirée de la légère montée en ce qui concerne l’utilisation du gaz et de l’électricité. Celle-ci peut être due aux fluctuations de l’échantillonnage
À propos du charbon, la Cegos constate que dans 14 % des cas seulement le charbon est employé au début de 1944 comme mode principal, et dans 21 % des cas comme appoint. Vingt et un pour cent représentent justement la différence observée à la fois dans l’utilisation du charbon et sur le total. On se rappelle que dans l’hiver 1944-1945, qui a suivi la libération de Paris, les distributions de charbon se sont trouvées presque réduites à néant. Seuls, les Parisiens qui avaient pour tout équipement une cuisinière à charbon ont pu, semble-t-il, continuer à l’alimenter. Les autres ont dû s’abstenir.
Ne peut-on tirer de ces remarques un argument sur la valeur de la méthode des sondages en même temps que sur l’intérêt historique et sociologique que les sondages peuvent présenter ?
b. Les préférences
85Quel mode de cuisson souhaiteriez-vous avoir ?

86On observe peu de différence selon l’importance des villes. Toutefois, les habitants des grandes villes se montrent plus favorables à l’électricité et les Parisiens plus au gaz mais moins à la combinaison charbon et gaz.
87Par contre, les différences régionales sont assez importantes. Le Midi préfère l’électricité, ou l’électricité et le gaz le plus souvent. Le Nord reste plus attaché au gaz ou au charbon et au gaz combinés.

88Ce tableau montre la fixité des résultats obtenus au cours de deux sondages différents, menés par deux organismes différents. Ils divergent sur un seul point l’utilisation du charbon. Aucune conclusion ne peut être en effet tirée de la légère montée en ce qui concerne l’utilisation du gaz et de l’électricité. Celle-ci peut être due aux fluctuations de l’échantillonnage.
89À propos du charbon, la Cegos constate que dans 14 % des cas seulement le charbon est employé au début de 1944 comme mode principal, et dans 21 % des cas comme appoint. Vingt et un pour cent représentent justement la différence observée à la fois dans l’utilisation du charbon et sur le total. On se rappelle que dans l’hiver 1944-1945, qui a suivi la libération de Paris, les distributions de charbon se sont trouvées presque réduites à néant. Seuls, les Parisiens qui avaient pour tout équipement une cuisinière à charbon ont pu, semble-t-il, continuer à l’alimenter. Les autres ont dû s’abstenir.
90Ne peut-on tirer de ces remarques un argument sur la valeur de la méthode des sondages en même temps que sur l’intérêt historique et sociologique que les sondages peuvent présenter ?
91Les hommes se montrent un peu plus partisans de l’usage exclusif de l’électricité (55 %).
92Les souhaits sont ici influencés par la génération à laquelle on appartient. Plus on vieillit, moins on est favorable à l’électricité et plus on reste attaché à l’emploi du gaz.

93Dans le domaine des souhaits comme dans celui des faits, les ouvriers et les employés et fonctionnaires paraissent en retard sur les industriels et commerçants et les membres des professions libérales.

94Le tableau suivant montre que toutes les personnes qui utilisent tel ou tel mode de cuisson des aliments souhaitent en majorité avoir une installation électrique, à l’exception toutefois de celles qui se servent conjointement du gaz et de l’électricité, qui sont divisées et marquent une légère préférence pour la double installation.

III. L’hygiène et le blanchissage
95Les deux tiers du public contre un tiers estiment qu’on ne peut pas utiliser la cuisine pour la toilette, et près de la moitié juge qu’un lavabo est nécessaire pour deux personnes. Le quart se contenterait d’un lavabo pour trois personnes.
96Un appareil mixte comprenant un appareil à douche installé sur une baignoire est préféré de très loin à une baignoire seule et surtout à un appareil à douches. Il ne fait pas de doute que les W.-C. doivent être indépendants et non pas dans la salle de bains.
97La moitié environ du public lave son linge en totalité à la maison et un peu plus d’une personne sur dix seulement le donne à laver en totalité à l’extérieur. La tendance la plus générale est de préférer que la lessive soit faite à la maison et on verrait d’un assez bon œil une installation individuelle pour laver le linge. Une faible majorité considère qu’un aménagement spécial pour faire sécher le linge serait préférable à un simple séchoir au plafond. Mais ces deux dernières installations entraîneraient un supplément de loyer et il n’est pas possible de déterminer si le public consentirait cet accroissement de dépense. Aucune opinion générale ne se manifeste sur ce point et l’on est seulement en présence d’opinions qui varient d’individu à individu.
1. Le cabinet de toilette
98Les deux tiers du public considèrent que la cuisine ne peut pas être utilisée pour se laver, mais l’autre tiers est d’un avis contraire. On se souvient par ailleurs qu’une tendance bien marquée se manifeste pour que l’endroit où l’on se lave soit distinct de la chambre à coucher. Une personne sur dix seulement estime qu’un lavabo est nécessaire pour chaque personne, afin qu’il n’y ait pas de gêne pour la toilette du matin, mais près de la moitié trouve qu’un seul lavabo peut très bien suffire pour deux personnes. Un quart du public pense même que trois personnes peuvent utiliser la même installation et de petites proportions quatre et même cinq personnes. Un lavabo pour deux personnes satisferait donc le plus grand nombre.
99Mais une très forte majorité préfère à l’installation d’une douche ou même d’une baignoire celle d’un appareil mixte composé d’une douche au-dessus de la baignoire.
100À votre avis la cuisine peut-elle être utilisée pour se laver ?

101Les différences selon la densité de population ou la région habitée sont de peu d’importance. Toutefois à Paris, dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, on considère moins souvent que la cuisine peut être utilisée pour se laver (respectivement 29 %, 28 % et 27 %).
102Mais il est intéressant de constater que cette opinion est d’autant moins répandue qu’on est plus jeune.

103Les femmes partagent cet avis un peu plus souvent que les hommes (34 % contre 30 %), les personnes mariées un peu plus souvent que les célibataires (31 % contre 27 %).
104Mais on observe de profondes différences selon les milieux professionnels. Rentiers et retraités et ouvriers sont deux fois plus nombreux que les industriels et commerçants ou les membres des professions libérales à considérer la cuisine comme un endroit convenable pour la toilette.

105Même différence accusée selon l’aisance du milieu. Plus il est aisé, plus on considère que la cuisine ne peut pas être utilisée pour la toilette.

106À votre avis, combien de personnes peuvent-elles utiliser, sans qu’il en résulte de gêne, un même lavabo pour la toilette du matin ?

107La réponse « deux personnes » est la plus fréquente à Paris (53 %) et dans les villes de 30 000 à 50 000 habitants (51 %). C’est dans le Nord-Est qu’on répond le moins souvent « une personne » (6 %) ou « deux personnes » (40 %) et de beaucoup le plus souvent « cinq personnes » (14 %).
108Les jeunes estiment en majorité absolue (51 %) que « deux personnes » est un bon nombre.
109Les ouvriers sont les plus nombreux à répondre trois personnes ou plus, les membres des professions libérales les moins nombreux. Les milieux aisés font beaucoup moins souvent cette réponse que les milieux moins aisés.

110Préférez-vous l’installation d’une baignoire ou d’un appareil à douches, ou d’un appareil mixte composé d’un appareil à douches au-dessus de la baignoire ?

111L’appareil mixte a un peu moins et la baignoire un peu plus les préférences des Parisiens (respectivement 76 % et 16 %). Les habitants du Sud-Ouest sont les plus nombreux à souhaiter l’appareil mixte (84 %) et ceux du Sud-Est la douche (9 %).
112Les femmes opinent davantage en faveur de la baignoire (16 %), les hommes de la douche (10 %). L’attrait pour l’appareil mixte diminue très vite après 50 ans. Le tiers des vieillards lui préfèrent la baignoire.

113Les personnes mariées sont plus nombreuses que les célibataires à souhaiter une baignoire (11 % contre 9 %) et moins nombreuses un appareil mixte (74 % contre 83 %).
114Les ouvriers sont de beaucoup les plus nombreux à préférer une douche (13 %).
115Ceux qui ont une salle de bains sont le plus partisans de l’installation d’un appareil mixte (84 % contre 74 % parmi ceux qui n’en ont pas).
116Les milieux aisés souhaitent davantage un appareil mixte ou une baignoire, les milieux moins aisés davantage une douche.

2. Les W.-C.
117La cause est entendue, le public ne veut pas que les W.-C. se trouvent dans la salle de bains.
118Souhaitez-vous que les W.-C. soient dans la salle de bains, ou bien indépendants ?

119Devant un pareil accord, toute différence disparaît. Seuls, les vieillards sont un peu plus nombreux à répondre que les W.-C. peuvent être dans la salle de bains (5 %).
120Les personnes qui ont une salle de bains sont les plus nombreuses à vouloir en distinguer les W.-C. (96 % contre 93 %). Celles qui paient un loyer inférieur à 6 000 francs sont les moins nombreuses à être de cet avis (92 %).
3. Le blanchissage
121Près de la moitié du public ne donne pas son linge à laver à une blanchisserie. Près de quatre personnes sur dix adoptent un régime mixte : une partie du linge est lavée à la maison, l’autre à l’extérieur. Treize pour cent seulement ne font aucun lavage à la maison. En outre, parmi ceux qui donnent tout à laver à l’extérieur, la moitié aimerait mieux pouvoir faire un peu de lessive chez soi.
a. Les faits
122Lavez-vous votre linge à la maison ou le donnez-vous à l’extérieur, en totalité ou en partie ?

123Les différences sont très importantes selon l’importance des localités et selon les régions. Plus la ville où l’on habite est peuplée, moins on lave en totalité son linge à la maison. C’est à Paris qu’on le donne le plus souvent à laver en totalité à l’extérieur. C’est dans le Nord-Est et dans le Nord-Ouest qu’on lave le plus souvent tout le linge à la maison.

124Les personnes d’âge moyen sont les plus nombreuses à faire à la maison la lessive de tout le linge (de 35 à 49 ans : 54 % ; de 50 à 64 ans : 52 %). Les personnes mariées sont les plus nombreuses à laver tout à la maison (53 %) et les moins nombreuses à donner tout à l’extérieur (9 %).
125Les ouvriers, puis les industriels et commerçants sont les plus nombreux à faire la lessive de tout le linge à la maison, les membres des professions libérales les plus nombreux à donner tout leur linge à laver à l’extérieur.

b. Les préférences et l’installation individuelle pour laver le linge.
126En matière de blanchissage du linge, le public est assez attaché à ses habitudes. Toutefois, un tiers de ceux qui le donnent en partie à l’extérieur souhaiteraient le laver chez eux et un cinquième seulement parmi ceux qui le donnent en totalité à l’extérieur. Dans un cas comme dans l’autre, la petite minorité, 14 % de l’ensemble, qui voudrait pouvoir laver son linge à la maison, consentirait volontiers à payer un supplément de 6 % de loyer pour disposer d’une installation spéciale.
127Si vous le donnez à l’extérieur, aimeriez-vous mieux le laver en tout, ou en partie à la maison ?

128Si oui, aimeriez-vous avoir une installation individuelle, même si cela entraînait un supplément de loyer (6 %) ?

c. Un endroit spécialement aménagé pour faire sécher le linge
129Quant à un endroit spécial pour faire sécher le linge et non pas seulement un séchoir au plafond de la cuisine, de la toilette ou de la buanderie par exemple, un peu plus de la moitié du public serait disposé à payer un supplément de loyer de 3 % pour l’avoir. C’est là toutefois un résultat sur lequel on aura l’occasion de revenir et qui ne doit pas faire illusion.
130Pour faire sécher le linge, estimez-vous suffisant un séchoir au plafond (par exemple : dans la cuisine, la toilette ou la buanderie) ou préférez-vous avoir à cet effet un endroit spécialement aménagé, même s’il entraîne un supplément de loyer (3 %) ?

131C’est dans les petites villes et les très grandes villes qu’on souhaiterait le plus souvent un endroit spécial, à Paris le moins souvent. Les habitants du Nord-Ouest et du Nord-Est se contenteraient plus souvent d’un séchoir au plafond.

132Les femmes sont un peu plus nombreuses à trouver le séchoir suffisant (45 %). Les personnes mariées souhaiteraient plus souvent un aménagement spécial (54 %).
133Cadres industriels et membres des professions libérales souhaiteraient aussi plus souvent un endroit spécial pour faire sécher le linge.

IV. Les dépendances
134La présence simultanée d’une cave et d’un grenier apparaît indispensable aux trois quarts du public. Le dernier quart se contenterait d’une cave.
135Il apparaît à presque tout le monde indispensable d’avoir un cabinet de débarras, et une tendance très marquée se manifeste en faveur de placards fixes faisant partie de la construction plutôt qu’en faveur d’armoires mobiles, objets de propriété personnelle.
136Enfin, des courants d’opinion, sensiblement égaux à la moitié du public, sont assez séduits par l’idée de disposer d’un atelier de bricolage ou d’une salle de jeux pour les enfants. Mais cet attrait demeure en quelque sorte abstrait, et s’il faut consentir pour en bénéficier une assez grosse dépense supplémentaire, on ne trouve que très peu de personnes disposées à accroître ainsi leur budget de logement.
1. La cave et le grenier
137Une forte majorité du public considère qu’il est indispensable d’avoir à la fois une cave et un grenier, même si cela entraîne un supplément de loyer de l’ordre de 2 %. Près du quart se contenterait d’une cave, mais une proportion infime en tout cas juge suffisante la présence d’un seul grenier.
138Un enquêteur écrit : « On qualifie d’“exploitation” le fait de percevoir un supplément pour la cave et le grenier qui sont en province considérés comme le complément normal et indispensable du logement et inclus dans le prix du loyer. »
139Vous paraît-il indispensable d’avoir une cave, ou un grenier, ou les deux, même si cela entraîne un supplément de loyer (2 %) ?

140On parle moins souvent à Paris de la nécessité d’avoir à la fois une cave et un grenier, et plus souvent par contre d’avoir au moins une cave. Les habitants du Nord, Ouest et Est, s’opposent le plus sur ce point aux Parisiens.

141Les personnes d’âge moyen sont un peu moins nombreuses à se contenter d’une cave (de 35 à 49 ans : 22 % ; de 50 à 64 ans : 21 %), mais les célibataires un peu plus nombreux : 28 %.
142La nécessité d’une cave et d’un grenier apparaît surtout aux industriels et commerçants (79 %) et moins souvent aux ouvriers (68 %).
143Elle est beaucoup plus répandue parmi ceux qui préfèrent habiter une maison, individuelle (78 % contre 59 % parmi les autres). Ceux qui préfèrent un appartement se contenteraient plus aisément d’une cave seule (34 % contre 20 %).
2. Le cabinet de débarras et les placards
144Comme il est naturel, l’immense majorité du public juge indispensable dans un logement la présence d’un cabinet de débarras, mais ce qui n’était pas encore démontré, c’est qu’une très forte majorité préfère à des armoires mobiles, propriété de l’habitant, des placards fixes faisant partie de la construction.
145Vous paraît-il indispensable d’avoir un cabinet de débarras ?

146La nécessité du cabinet de débarras apparaît avec une égale évidence aux diverses catégories de la population. Toutefois, les femmes sont encore un peu plus affirmatives que les hommes (94 % contre 89 %).
147Ceux qui considèrent indispensable d’avoir un cabinet de débarras sont un peu plus nombreux à juger indispensable aussi la présence et d’une cave et d’un grenier (74 % contre 67 % parmi la minorité). La tendance à avoir « beaucoup de place ou de commodités » semble générale.
148Préférez-vous des placards fixes faisant partie de la construction, ou des armoires mobiles vous appartenant ?

149Les différences sont ici de peu d’importance. Cependant restent un peu plus attachés aux armoires mobiles :

150La préférence pour des placards est encore plus vive parmi ceux qui considèrent indispensable un cabinet de débarras, que parmi la très faible minorité d’avis contraire (81 % contre 71 %). De même, elle est un peu plus marquée chez ceux qui préfèrent habiter un appartement (82 % contre 79 %).
3. L’atelier de bricolage
151Le public se partage en deux parts sensiblement égales dont l’une déclare qu’elle consentirait à payer un supplément de loyer de 6,5 % pour disposer d’un atelier de bricolage et dont l’autre n’y consentirait pas. Ce résultat ne doit pas faire illusion. Sans doute, pense une partie du public, ce serait là chose bien utile, mais on verra que dans son ensemble, il n’admettrait d’engager cette dépense supplémentaire qu’après bien d’autres, eau chaude, installation pour laver le linge, séchoir en particulier.
152À votre avis, serait-il utile de prévoir dans le logement l’installation d’un petit atelier de bricolage, quitte à payer un supplément de loyer (6,5 %).

153C’est dans le Nord-Est qu’on est le plus favorable à l’idée d’un atelier de bricolage, à Paris le moins comme dans les très grandes villes.

154Mais cette idée séduit plus les hommes, les personnes âgées de moins de cinquante ans, les personnes mariées, les ouvriers.

155L’atelier de bricolage attire davantage les personnes qui préfèrent une maison individuelle (56 % contre 45 % parmi celles qui préfèrent un appartement).
156Ceux qui paient un loyer moins élevé seraient plus disposés que les autres à consentir une dépense supplémentaire pour avoir un atelier de bricolage.

4. La salle de jeux
157Des constatations analogues à celles faites pour l’atelier de bricolage s’appliquent à l’idée d’une salle de jeux qui entraînerait un supplément de loyer de 16 %. Dans l’abstrait, en quelque sorte, près de la moitié du public trouve qu’il serait utile de disposer d’une salle de jeux, mais on s’apercevra que très peu de personnes seraient disposées à consentir cette dépense supplémentaire en premier lieu, c’est-à-dire avant d’être assurées d’avoir déjà d’autres éléments de confort.
158Quelqu’un a fait remarquer que la présence d’une salle de jeux serait inutile si l’on disposait de trois chambres à coucher pour une famille de cinq personnes, parents et enfants des deux sexes.
159Pensez-vous qu’il serait utile de prévoir dans le logement un endroit réservé aux jeux des enfants, quitte à payer un supplément de loyer (16 %) ?

160C’est dans le Nord-Est et à Paris que l’idée d’une salle de jeux séduit le plus (respectivement 52 % et 51 %), dans le Sud-Ouest qu’elle séduit le moins (33 %).
161Les femmes et les personnes âgées de moins de 50 ans sont mieux disposées à cet égard, de même que les membres des professions libérales surtout, et les industriels et commerçants, et, résultat inattendu, les célibataires. Les ouvriers, par contre, sont les moins favorables à une salle de jeux.

162Les personnes qui ont trois enfants ou davantage sont plus favorables à l’idée d’une salle de jeux (53 % contre 42 %).
163Ce sont les milieux aisés surtout qu’intéresse l’idée d’une salle de jeux.

V. Le chauffage
164Le combustible le plus employé est le charbon, souvent complété par le bois.
165Un bon quart du public dispose déjà du chauffage central.
166Ce dernier mode de chauffage est désiré par près des deux tiers du public, un quart souhaiterait disposer du chauffage électrique.
167Cependant, dans les maisons pourvues du chauffage central, on demande le maintien d’une possibilité de chauffage individuel, surtout dans la salle commune (salle à manger, studio ou salon).
168Il est nécessaire de prévoir une réserve de combustible à l’intérieur même de l’appartement. L’estimation la plus générale, rarement donnée, il est vrai, est de 100 kilos pour le charbon.
169Le public est prêt à payer un supplément de 3 % sur le loyer pour disposer d’une source domestique d’eau chaude.
1. Le mode de chauffage
170Dans l’état présent des choses, près de quatre personnes sur dix se chauffent au charbon et près de deux, à la fois au charbon et au bois. Un peu plus du quart seulement habite un logement pourvu du chauffage central ; les autres modes de chauffage ne sont utilisés que par de très petites proportions du public.
171Mais ce que l’on souhaite en majorité, près des deux tiers, c’est d’avoir le chauffage central. Un quart du public manifeste le désir de se chauffer à l’électricité. Les autres, très peu nombreux, ou préféreraient des modes de chauffage variés ou n’expriment pas de préférence.
172Enfin, quel que soit le mode de chauffage qu’on utilise, on désire avant tout l’installation du chauffage central.
a. Les faits
173Quel mode de chauffage utilisez-vous : charbon, gaz, électricité, bois, chauffage central, ou plusieurs modes simultanés et lesquels ?

174Dans les petites villes, on utilise moins le charbon et davantage le bois (de 20.000 à 30.000 habitants : charbon : 31 %, bois : 13 %, charbon et bois : 25 %).
175L’usage du chauffage central ou de l’électricité est plus répandu à Paris (chauffage central : 34 %, électricité 4 %).
176C’est dans le Sud-Est que l’usage exclusif du charbon est le plus fréquent (41 %) et dans le Sud-Ouest celui du bois (12 %).
177Plus on vieillit, plus souvent on dispose du chauffage central, mais moins souvent on se sert de l’électricité.

178Les ouvriers ont très rarement le chauffage central et se servent surtout du charbon ou du charbon et du bois. Les industriels et commerçants et surtout les membres des professions libérales disposent le plus fréquemment d’une installation de chauffage central.

b. Les préférences
179Quel mode de chauffage souhaiteriez-vous avoir ?

180Les habitants des petites villes restent plus souvent partisans du bois (de 20 000 à 30 000 habitants : 3 %). Le charbon et le gaz conservent plus de partisans dans le Nord-Est et le Nord-Ouest.

181Le désir d’un chauffage électrique est le plus répandu dans les très grandes villes et à Paris, comme dans le Sud-Est.

182Le chauffage central est le plus souvent souhaité dans le Nord-Est (67 %).
183Les femmes paraissent un peu moins attirées par l’électricité (23 % contre 26 % parmi les hommes). Mais tel est assurément le cas des vieillards (15 %).
184Le milieu professionnel n’introduit pas de différence profonde dans les vœux en cette matière. Les ouvriers restent plus souvent partisans du charbon (8 %).

185Il ressort clairement du tableau ci-après que le chauffage central est toujours désiré le plus souvent, quel que soit le mode de chauffage utilisé, mais spécialement par ceux qui l’utilisent déjà. L’électricité vient en général en deuxième position et l’on observe enfin une tendance générale des usagers d’un mode particulier de chauffage à préférer ce mode. La même remarque a été déjà faite à propos des appareils de cuisson. Le public, sans repousser des améliorations possibles, s’en tient souvent à ce qu’il connaît : tel paraît bien être le poids des habitudes sur les conceptions nouvelles.

186Ce sont, comme on pouvait s’y attendre, aux loyers les plus élevés que correspondent le plus d’installations du chauffage central, mais la préférence pour ce mode de chauffage est aussi répandue parmi les personnes qui paient des loyers moins chers ; l’électricité est souhaitée un peu plus par ceux qui paient un loyer élevé.

2. Les cheminées
187En très forte majorité, le public est partisan de laisser subsister dans certaines pièces une possibilité de chauffage individuel dans les maisons pourvues du chauffage central. Parmi les personnes qui sont de cet avis, la majorité, faible il est vrai, penche pour que cette possibilité de chauffage individuel se trouve dans la salle commune, mais un nombre important la souhaiterait dans la chambre à coucher.
188Dans les maisons pourvues de chauffage central, laisseriez-vous subsister une possibilité de chauffage individuel dans certaines pièces ?

189Devant un pareil accord, les différences particulières s’effacent. Toutefois, les hommes (81 %), les habitants des villes de plus de 100 000 habitants (78 %) et les ouvriers (74 %) sont un peu moins souvent partisans, les vieillards (84 %), les habitants du Nord-Ouest (85 %) et les membres des professions libérales (88 %) un peu plus souvent partisans d’une possibilité de chauffage individuel dans les maisons pourvues du chauffage central.
190Si oui, dans laquelle est-ce le plus indispensable ?

191À Paris, on penche davantage pour la salle commune (41 %).
192Tel est aussi le cas des femmes et des vieillards (36 % et 40 %).
193C’est dans le Nord-Est qu’on répond le plus souvent « dans toutes les pièces » (3 %).
3. La réserve de combustible
194Une sensible majorité estime nécessaire de prévoir à l’intérieur d’un appartement un emplacement réservé pour entreposer le charbon ou le bois. Pour ceux qui en donnent une, l’estimation la plus générale est de 100 kilogrammes, puis 50 kilogrammes de charbon. Quant au bois, trop peu de personnes répondent pour qu’il soit possible de conclure avec certitude.
195Estimez-vous nécessaire de prévoir à l’intérieur même d’un appartement d’immeuble collectif un emplacement réservé pour entreposer le charbon ou le bois ?

196Les femmes en sont un peu plus partisantes que les hommes (71 %), les Parisiens moins souvent que les autres (63 %) et surtout que les habitants du Nord-Ouest (81 %).
197Les personnes qui habitent une maison individuelle estiment plus souvent qu’il est nécessaire de disposer de cet emplacement spécial (77 % contre 66 % parmi ceux qui habitent un appartement).
198Comme on l’a déjà marqué, la tendance à disposer de beaucoup de place est générale. Ceux qui estiment nécessaire d’avoir un emplacement réservé pour entreposer du combustible dans un appartement sont plus nombreux que les autres à réclamer la double présence d’une cave et d’un grenier (77 % contre 64 %).
199Dans ce cas, quelle quantité de charbon ou de bois désirez-vous pouvoir y entreposer ?

4. L’eau chaude
200L’immense majorité du public est prête à consentir un supplément de loyer de 3 % pour disposer d’une source d’eau chaude. Après la présence simultanée d’une cave et d’un grenier, moyennant une dépense supplémentaire, c’est la charge que l’on consentirait le plus volontiers comme on aura l’occasion de le voir.
201Aimeriez-vous être approvisionné en eau chaude par une installation intérieure, ou par une source extérieure, quitte à payer un supplément de loyer (3 %) ?

202C’est dans le Nord-Est et dans le Nord-Ouest que l’idée d’un approvisionnement en eau chaude rencontre le moins de faveur (respectivement 79 % et 83 %).
203Les vieillards et les ouvriers sont le moins souvent (81 % et 83 %), les femmes le plus souvent favorables à cette idée (90 %).
204Les milieux aisés consentiraient encore plus volontiers cette dépense supplémentaire.

VI. Le sol et le revêtement des murs
205En ce qui concerne le sol, le bois l’emporte pour les chambres et aussi pour la salle à manger que certains verraient volontiers recouverte d’un linoléum. Le carreau recueille le plus de suffrages pour la cuisine et aussi pour la salle de bains, qu’un nombre non négligeable préférerait voir recouverte de caoutchouc.
206Quant au revêtement des murs, le papier l’emporte pour les chambres et la salle à manger mais un quart environ manifeste une préférence pour la peinture. On aimerait surtout des carreaux aux murs de la salle de bains, ou bien de la peinture lavable. Dans la cuisine, enfin, carreau et peinture lavable se partagent également les préférences.
1. Le sol
207Une très forte majorité pour les chambres, et une majorité un peu moins forte pour la salle à manger préfèrent un sol en bois ; toutefois, dans ce dernier cas, deux personnes sur dix préféreraient un linoléum ; le carreau et aussi le caoutchouc ont quelques partisans. Dans la salle de bains, on préfère le carreau, mais la proportion de ceux qui souhaiteraient plutôt du caoutchouc n’est pas négligeable ; huit pour cent encore aimeraient mieux un linoléum, et 7 % du liège. En ce qui concerne la cuisine, l’immense majorité se prononce pour le carreau, mais le linoléum puis le caoutchouc ont quelques partisans ; deux pour cent souhaiteraient un sol en béton. Ceci est à rapprocher du fait que 14 % du public trouvent que le carrelage de la cuisine procure une impression désagréable2. C’est surtout dans le Sud-Ouest qu’on lui adresse ce reproche.
208Quel sol préférez-vous (par exemple : bois, carreau, béton, linoléum, liège, caoutchouc) dans la salle à manger, les chambres, la salle de bains et la cuisine ?

209Pour la salle à manger, c’est à Paris qu’on souhaite le plus souvent un sol en bois (81 %), et dans le Nord-Ouest (60 %) et le Sud-Est (56 %) le moins souvent. La préférence pour le linoléum est la plus marquée dans le Nord-Ouest (29 %). Ce sont aussi les employés et fonctionnaires (21 %) et les ouvriers (23 %) qui expriment le plus fréquemment cette dernière préférence. Les personnes mariées sont plus hésitantes (10 %).
210Les Parisiens et les habitants du Sud-Ouest marquent la préférence la plus vive pour un sol en bois dans les chambres (respectivement 92 % et 90 %). Là aussi, les personnes mariées hésitent davantage (11 %).
211Plus on est jeune, plus on apprécierait le caoutchouc dans la salle de bains.

212C’est dans les très grandes villes (plus de 100 000 habitants, 25 %), à Paris (24 %) et surtout dans le Nord-Ouest (33 %) qu’on préfère cette matière. Les ouvriers sont les plus nombreux à souhaiter le carreau (62 %).
213En ce qui concerne la cuisine, enfin, on retrouve les vieillards et les habitants du Sud-Ouest pour souhaiter moins souvent le carreau (81 % et 78 %) et plus souvent le bois (3 % et 4 %) ou le linoléum (7 % et 10 %).
2. Le revêtement des murs
214En ce qui concerne le revêtement des murs, le papier recueille une forte majorité pour la salle à manger et une très forte majorité pour les chambres. Un peu plus du quart pour la salle à manger et un peu moins du quart pour les chambres préfèrent toutefois de la peinture non lavable ou lavable. Pour la cuisine, les avis sont presque exactement partagés entre le carreau et la peinture lavable. Quant à la salle de bains, la majorité penche pour le carreau, tandis que 28 % seulement parlent de peinture lavable. Dans ces deux derniers cas, quelques-uns optent pour une solution mixte, carreau et peinture.
215Quel revêtement préférez-vous (par exemple : carreau, bois, papier, peinture, peinture lavable) dans la salle à manger, les chambres, la salle de bains et la cuisine ?

216En ce qui concerne la salle à manger, les Parisiens sont les plus nombreux à préférer la peinture (35 %). Les habitants du Nord-Est et du Nord-Ouest restent les plus attachés au papier (73 % et 71 %). Plus on est jeune, plus souvent on souhaite de la peinture. Les employés et fonctionnaires et surtout les ouvriers sont plus souvent partisans du papier.

217Les mêmes remarques valent pour le revêtement des murs dans les chambres.

218En ce qui concerne la salle de bains, les habitants des petites villes sont les moins nombreux à préconiser le carreau (53 %) et les plus nombreux à souhaiter la peinture (32 %). Il en va de même pour les habitants du Nord-Est (54 % et 34 %). Tel est aussi le cas des ouvriers, et cette tendance s’accuse avec l’âge. Des remarques analogues s’appliquent à la cuisine.

Notes de bas de page
1 Non représentée dans les graphiques suivants [NdE].
2 La préférence pour le carrelage dans la cuisine est confirmée par les réponses à la question suivante :
À votre avis, le carrelage du sol dans la cuisine présente-t-il des inconvénients ? Si oui, lesquels ?
Les vieillards (19 %) et les habitants du Sud-Ouest (26 %) sont les plus nombreux à trouver des inconvénients au carrelage du sol dans la cuisine. De même, ce sont les vieillards (13 %) et les habitants du Sud-Ouest (21 %) qui reprochent le plus souvent à ce carrelage d’être froid.
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