Chapitre 4
Identités politiques et religieuses : entre identifications et pratiques
p. 91-106
Texte intégral
1La controverse sur l’individualisme ou les formes d’individualisation dans les sociétés contemporaines se construit souvent sur des oppositions théoriques classiques en sociologie, qui renvoient à deux conceptions de l’individu et, plus précisément, à deux conceptions de l’identité sociale (Dubar, 1998). La première d’entre elles place l’individu au cœur des multiples déterminations liées à son appartenance à plusieurs catégories sociales (genre, âge, génération, ethnie, catégorie socioprofessionnelle…). Celles-ci prescrivent des modes de comportements qui, intériorisés, seront plus ou moins réactivés selon les situations (Lahire, 1998). La deuxième conception accorde une importance singulière aux processus d’affaiblissement des institutions en constatant un assouplissement des contraintes sociales, des formes d’encadrement, et une émancipation de l’individu à l’égard des relations de dépendances (Ion, 1997).
2Le champ des engagements religieux et/ou politiques offre des circonstances intéressantes pour mettre en relief ce débat théorique. En effet, les travaux classiques en sciences politiques et en sociologie montrent la forte transmission intergénérationnelle des croyances et pratiques qu’elles soient religieuses ou politiques, donc une forte (Percheron, 1985). Pourtant, sur le long terme, des indices d’affaiblissement des institutions qui encadrent ces croyances peuvent conduire à faire l’hypothèse d’une moindre détermination par les formes d’appartenance objectives (Dubet, 2002). Les données de l’enquête Histoire de vie-Construction des identités permettent d’aborder la distinction entre des appartenances objectives (âge, sexe, niveau d’études, positions socioprofessionnelles) et des formes d’appartenances revendiquées (sentiment d’appartenance…).
3Chacun s’accorde à reconnaître la diversité des manières de se définir et donc la variété des facettes identitaires correspondant aux rôles familiaux et professionnels1. Ce chapitre, se concentre sur les identités liées à un autre registre spécifique, celui des engagements politiques et religieux, en retenant pour cela la notion d’identité symbolique définie par Dubar : « Les diverses formes identitaires dans le champ des croyances politico-religieuses, les types de référence à un Nous et à un Autre, corrélatifs de diverses définitions du collectif. » (Dubar, 2000, p. 153). Les deux registres ont été classiquement associés dans les travaux en sciences politiques et sociologie comme deux modalités de représentation du monde, du « bien commun » (Michelat et Simon, 1977, Gauchet, 2002).
4Plusieurs travaux récents soulignent que les identités symboliques ne s’appuient plus autant sur les institutions classiques, telles que les partis politiques, les syndicats ou encore l’Église. Le lien entre les normes collectives et les institutions serait en train de changer de forme. Les mobilisations politiques, religieuses et associatives seraient ainsi, avant tout, fondées sur une expérience personnelle ancrée sur les dimensions les plus subjectives de l’individu. Les normes de référence ne seraient plus seulement articulées autour de matrices socioculturelles que pouvaient représenter le communisme ou le catholicisme, mais elles seraient désormais plurielles. Les travaux de Jacques Ion sur le registre de l’engagement et ceux de Danielle Hervieu-Léger illustrent cette position en mettant en évidence les différents « bricolages » que les individus sont amenés à faire sur ces registres symboliques : associer plusieurs religions par exemple ou encore circuler entre plusieurs organisations politiques.
5À partir des données quantitatives de l’enquête Histoire de vie, ce chapitre présente un état des lieux des sentiments d’appartenance et des pratiques sur les registres religieux et politico-associatifs. Les identités sont appréhendées sous l’angle d’indicateurs sociodémographiques qui traduisent des positions dans la structure sociale, du point de vue de l’âge, du sexe, du niveau d’études et de la catégorie socioprofessionnelle2 et sont articulées avec les positions subjectives, exprimées par les sentiments d’appartenance.
I. Se définir par ses engagements
6Aborder la question de l’identité nécessite, dans un premier temps, de distinguer les différentes dimensions qui la structurent, notamment celles qui sont subjectivement reconnues par les individus comme « importantes » pour se définir. L’enquête Histoire de vie permet un tel regard à partir de la question : « Quels sont les thèmes qui vous correspondent le mieux ? ».
1. Un espace secondaire ?
7Alors que 86 % de l’échantillon déclare s’identifier à la famille et 40 % « à son métier, sa situation professionnelle, ses études », ces proportions chutent considérablement lorsqu’il s’agit d’« opinions politiques ou religieuses ou de ses engagements », qui ne rassemblent que 6 % de l’échantillon. Pour le dire de façon plus frappante, 94 % de l’échantillon ne place pas ce registre parmi les trois plus importants et il s’agit, finalement, du thème le moins cité. Ces chiffres traduisent donc des formes d’affiliation beaucoup moins évidentes concernant les engagements, qu’elles ne le sont pour la famille ou l’activité professionnelle.
8Dans le contexte actuel, les formes de transmission et de construction de la justification d’un engagement se recomposent (Havard Duclos et Nicourd, 2005) et avoir un engagement ne signifie pas nécessairement se définir en priorité par celui-ci. Depuis les années 1970, en effet, les engagements se déroulent dans un contexte normatif qui a beaucoup évolué. Il apparaît comme moins légitime de mettre en avant une implication politique ou religieuse. La disqualification de ces répertoires de sens ne signifie toutefois pas leur absence dans les pratiques.
2. Une sélection sociale implicite
9Quelles sont les caractéristiques de ces individus qui se définissent par leurs opinions et/ou engagements religieux ou politiques. Ce choix est autant féminin que masculin, dans une parité assez singulière. L’âge est assez discriminant puisque 65 % d’entre eux ont plus de 40 ans. Cette variable situe le contexte sociopolitique de la socialisation initiale qui n’est pas sans conséquence sur le rapport à la politique et à la religion. Ainsi, avoir grandi au moment où les grandes organisations politiques et religieuses (patronages laïques ou religieux, fédérations d’éducation populaire, partis politiques) étaient fortement présentes pour la majorité des catégories sociales traduit un contexte de socialisation singulier par rapport à la génération de ceux qui ont aujourd’hui moins de 40 ans.
10Par ailleurs, on constate une forte représentation des diplômés du supérieur dans cette sous-population (42 %). De façon corollaire, ces individus sont, le plus souvent, des cadres et des professions intellectuelles supérieures ou intermédiaires, alors qu’on ne trouve que 4 % d’ouvriers. L’effet du niveau socioculturel se repère avec une forte constante dans le temps (Percheron, 1985).
11Le rapport à une religion est déterminant pour la population étudiée (tableau 1) puisque 76 % d’entre eux sont pratiquants, soit de façon régulière, soit de façon occasionnelle ou « se sentent appartenir » à une religion ; vient ensuite, de façon très nette, la proximité à l’égard d’un parti politique (63 %) qui ne correspond que pour 9 % d’entre eux à un militantisme au sein d’un parti.
12Concernant la participation à un mouvement, association ou groupe de défense d’intérêts, la proportion est assez homogène. C’est, finalement, la forme associative qui rassemble le plus d’individus - autour de 30 % - parmi ceux qui se définissent par leurs engagements, par rapport à d’autres formes comme le militantisme politique ou syndical.
Tableau 1. Définition de soi selon les opinions et les engagements (en %)
Types d’opinions et d’engagements | Je me définis par « mes opinions religieuses, politiques et engagements » | Ensemble de la population |
Je me sens proche d’une religion | 76 | 71 |
Je me sens proche d’un parti politique | 63 | 39 |
Je me sens proche d’un mouvement politique hors parti | 39 | 16 |
Je suis membre d’un mouvement | 17 | 2 |
Je suis bénévole dans une association | 36 | 14 |
Je suis membre d’une association de défense d’intérêt | 31 | 9 |
Je suis membre d’un syndicat | 18 | 4 |
Je suis membre d’une association locale | 27 | 1 |
Je suis ou j’ai été militant d’un parti | 9 | 1 |
Champ : ensemble des individus de 18 ans et plus (N = 8407).
Source : enquête Histoire de vie-Construction des identités, Insee, 2003.
II. Espaces religieux et identités
13Les médias relatent souvent un climat de désenchantement et d’affaiblissement de la religion en France. Les travaux en sociologie des religions nuancent ce fait (Hervieu-Léger, 1999). Les données de cette enquête montrent que ce registre est encore fortement structurant. On perçoit des recompositions significatives, mais également de fortes permanences.
1. Croyances et pratiques religieuses en France
14Les croyances religieuses sont loin d’être un phénomène secondaire. Si l’on rassemble les différents indicateurs qui montrent des pratiques religieuses régulières ou occasionnelles, un sentiment d’appartenance sans pratique ou encore la proximité à l’égard d’un mouvement religieux (tableau 2), on constate que 72 % de individus se sentent personnellement concernés par la religion et 35 % ont une pratique religieuse régulière ou occasionnelle. Ces chiffres confirment des travaux récents (Donegani, 2006) indiquant que le sentiment religieux reste important pour une forte majorité de la population. Jean-Marie Donegani précise que la régulation du sentiment religieux « échappe de plus en plus aux autorités institutionnelles et son contenu se détache des définitions et des prescriptions de l’Église ».
15L’enquête, réalisée par le Cevipof et la Sofres et qui fait référence à ces travaux, date de 2002 et montre, chez les catholiques, 10 % de pratiquants réguliers et 14 % de pratiquants occasionnels. Les résultats de l’enquête Histoire de vie, non restrictifs à la religion catholique, sont plus élevés et peuvent s’expliquer par la pluralité des identités religieuses qui gagnent en légitimité. Ce chiffre de 35 % de pratiquants occasionnels ou réguliers reste proche du nombre de personnes (40 %) qui pratiquaient régulièrement une religion dans les années 1960 (Donegani, 2006). On peut en déduire que si la proximité à l’égard de la religion ne s’accompagne pas toujours d’une pratique, ce registre symbolique reste néanmoins majeur pour la population enquêtée.
Tableau 2. Les déterminants du rapport à la religion (en %)

Champ : ensemble des individus de 18 ans et plus (N = 8407).
Source : enquête Histoire de vie-Construction des identités, Insee, 2003.
2. Un fort clivage générationnel, une stabilité dans le temps
16La religion reste un phénomène social plus féminin que masculin (voir tableau 2). Seulement 22 % des femmes se disent extérieures à la religion. La pratique religieuse est également plus souvent féminine que masculine. Pour le dire autrement, 40 % des femmes sont pratiquantes de façon occasionnelle ou régulière, contre 28 % des hommes. Il est intéressant de noter que cette distinction disparaît avec le sentiment d’appartenance.
17Près de la moitié des plus de 60 ans et 22 % des jeunes (18-25 ans) sont pratiquants occasionnels ou réguliers. Si l’on compare ces résultats avec l’enquête EPCV (Enquête permanente sur les conditions de vie) de 1996 et l’enquête Loisirs de 1988, on constate que ces proportions restent relativement stables (Niel, 1998). Toutefois, les proportions de pratiquants ont surtout diminué chez les plus âgés : en 1996, on recensait, 28 % de pratiquants pour les plus de 60 ans contre 23 % en 2003. La baisse globale de la pratique doit être comprise par la baisse de la pratique chez les plus anciens et non chez les plus jeunes. De la même façon, il n’y a pas eu d’évolution significative de la part de ceux qui sont extérieurs à la religion (ni sentiment d’appartenance ni pratique) et dont la proportion avait augmenté entre 1987 et 1996 (de 22 % à 25 %, surtout chez les plus de 40 ans), mais s’est stabilisée depuis. On ne peut pas conclure au développement d’un sentiment « non religieux » comme on peut le lire parfois dans la presse3. Mais a contrario, la thèse du « retour du religieux » ne semble pas pouvoir être démontrée de façon très nette. Toutefois, les données ne permettent pas de préciser quelles religions sont concernées. La relative stagnation dans le temps peut en effet être comprise par l’importance plus grande d’une religion au détriment d’une autre. De même, en l’absence de précisions sur la notion de pratique, on ne peut savoir si cette pratique est individuelle, ou collective au sein d’un lieu de culte.
18À l’exception des agriculteurs qui sont pratiquants pour 22 % d’entre eux et des ouvriers qui sont les moins pratiquants, les autres catégories sociales constituent un groupe relativement homogène sur cet aspect. Tout comme pour le sentiment d’appartenance sans pratique religieuse, on ne peut pas établir un lien pertinent entre la catégorie sociale et le rapport à la religion. En revanche, l’effet est plus net concernant le niveau d’études. Plus le niveau de diplôme augmente, moins la pratique religieuse est fréquente. Cet effet se remarque également pour le sentiment d’appartenance en dehors de la pratique qui est plus fort, selon le niveau d’études, notamment après le baccalauréat.
3. Religions et mouvements spirituels
19Nous avons distingué les individus qui se sentent proches d’une religion de ceux qui se sentent proches d’un mouvement spirituel ou d’une autre forme de croyance ; l’hypothèse consistant à explorer si le degré d’institutionnalisation de la religion marque une différence dans le type de population concernée. Toutefois, notre interprétation restera limitée à l’absence de définition ou délimitation de ces mouvements spirituels. On peut ainsi y trouver des formes sectaires de pratiques religieuses comme de formes de pratiques culturelles issues de l’Orient.
20Le mouvement spirituel fait référence à une croyance moins institutionnalisée, moins reconnue nationalement. On constate que la participation à ce type de mouvement augmente avec le niveau socioculturel. Ce sont les cadres et les professions intermédiaires qui sont les plus représentés. De façon corollaire, la proximité avec un mouvement spirituel et ainsi, la distance à l’égard de l’institution religieuse est liée au niveau de diplôme (tableau 2). Ces mouvements, qui restent minoritaires, concernent surtout des jeunes dans des proportions inversées par rapport aux religions instituées. De même, la répartition entre les hommes et les femmes n’est pas différenciée pour les mouvements spirituels alors qu’elle l’est pour la pratique religieuse et non pour le sentiment d’appartenance à une religion.
21Si les mouvements spirituels ou croyances parallèles sont parfois rendus visibles par les travaux qualitatifs en sociologie des religions, ils restent extrêmement minoritaires quantitativement par rapport à la force d’attraction des religions instituées. Ils ne concernent par ailleurs qu’une minorité instruite et particulièrement jeune.
III. Espaces politico-associatifs et identités
22Pourquoi s’engager ? La question est récurrente quel que soit le milieu social. Les uns regrettent la « fin des engagements militants », d’autres apprécient le succès des mouvements sociaux. Là encore, des données quantitatives permettent de préciser la composition sociologique de ces individus qui se sentent concernés par « le bien commun » incarné, quelle que soit l’orientation idéologique, par un parti, un syndicat, un mouvement ou encore une association.
1. Conscience politique et participation à une organisation politique
23Il est important de revenir sur la distinction entre la participation concrète (traduite par le terme « militer » dans les questions) et la proximité à l’égard d’une organisation politique, que l’on peut qualifier de conscience politique.
24Au total, plus de la moitié de la population se sent proche d’un parti ou d’un mouvement politique (tableau 1). Une petite majorité de Français reste intéressée par la politique, sans toutefois trouver, dans l’une ou l’autre de ces organisations, l’espace pour vivre cet intérêt par une participation politique. Il est important de remettre ces résultats dans leur contexte sociopolitique : l’enquête Histoire de vie a été réalisée en 2003, soit un an après le 21 avril 2002, premier tour des présidentielles qui a vu le candidat d’un parti d’extrême-droite, Jean-Marie Le Pen, accéder au second tour d’une élection majeure. Il faut se souvenir également qu’au premier tour, l’abstention avait été de 28,4 %. Cet événement a finalement officialisé, sous l’angle électoral, une crise de la démocratie que confirment régulièrement les sondages en révélant le fossé qui se creuse entre la politique proposée par les partis et les attentes des individus4. Un tel contexte sociopolitique permet de comprendre la faible proportion dans l’expression d’un sentiment de proximité à un parti, au sein d’une démocratie comme la France. Les partis politiques sont clairement concurrencés par d’autres mouvements politiques. Ce résultat va dans le sens d’une différenciation du champ partisan et du champ militant, comme l’indiquent de nombreux travaux (Matonti et al., 2004). Toutefois, le succès médiatique des mouvements alternatifs, du type des groupes altermondialistes, est en décalage avec la minorité d’individus réellement concernés, mais néanmoins plus importante que les mouvements spirituels par rapport aux religions instituées, comme vu précédemment. Alors que l’équilibre entre les hommes et les femmes se constate dans le sentiment de proximité à l’égard d’un parti ou d’un mouvement, la participation concrète révèle un fort clivage : le parti reste une forme politique majoritairement masculine (tableau 3). En revanche, l’effet de sélection implicite se perçoit moins pour le mouvement politique.
25Le concept de « politisation » élaboré par les politologues désigne la disposition d’esprit caractérisant les personnes qui s’intéressent à la politique, qu’elles soient ou non actives politiquement (Galland et al., 2002). L’indicateur souvent retenu dans les sondages politiques est la fréquence des discussions politiques. Les auteurs notent que dans l’enquête Valeurs de 1999, un Français sur trois ne parle jamais de politique, une personne sur trois accorde une importance relative ou une grande importance et 37 % s’y intéressent. Les termes des questions ne sont certes pas identiques, mais les résultats de l’enquête Histoire de vie sont plus élevés. On peut en effet considérer la proximité à l’égard d’un parti ou d’un mouvement comme un signe de politisation.
2. Être actif dans un collectif d’engagement
26Dans une acception large de « participation politique » au sens d’une participation à la vie de la « cité », on écarte la participation électorale5 pour se concentrer sur la participation à ce que l’on nomme des collectifs d’engagement. Ils sont effectivement différents des collectifs professionnels orientés vers une finalité économique, des collectifs amicaux ou familiaux. Dépourvus d’un statut univoque ou codifié, ils correspondent à des formes de participation à la vie publique et sont tournés vers une cause collective. Ces activités, qualifiées de bénévoles ou militantes, sont souvent spécifiées par une forme particulière de lien entre les individus et les collectivités, caractérisée par l’engagement volontaire des individus qui consacrent du temps à travers la participation à un collectif. À partir des données de l’enquête, ces collectifs peuvent donc prendre la forme d’un parti politique, d’un mouvement politique hors parti, d’une association locale, d’une association de défense d’intérêts ou d’un syndicat (tableau 3).
Tableau 3. Les déterminants des engagements selon les types d’organisation (en %)

Champ : ensemble des individus de 18 ans et plus (N = 8 407).
Note : pour les syndicats, nous avons choisi de mettre le chiffre de 7 % qui est la proportion de ceux qui disent militer aujourd’hui par rapport à la population active et non pas la population des 18 ans et plus. Ce chiffre est ainsi plus proche de la réalité.
Lecture : sauf pour la première ligne, il s’agit de pourcentage colonne, par exemple : sur 100 membres d’une association locale, 49 sont des hommes.
Source : enquête Histoire de vie-Construction des identités, Insee, 2003.
27Les engagements sont toujours le produit d’un ajustement entre une trajectoire biographique et le cadre collectif dans laquelle ils se déroulent (Havard Duclos, Nicourd, 2005). Ils ne peuvent s’appuyer sur la seule volonté individuelle et doivent trouver où et comment s’incarner dans des structures précises, pour donner effectivement lieu à des pratiques. Le bénévole ou le militant agit certes parce que sa trajectoire familiale, sa socialisation, lui ont permis de se fabriquer des dispositions à s’engager, mais ces dispositions seules n’expliquent pas l’engagement et surtout son maintien dans la durée. Pour s’exprimer, ces dispositions doivent s’appuyer, s’étayer sur des organisations, c’est-à-dire sur un ensemble de relations sociales et de règles structurelles.
28Dès lors qu’il s’agit d’un groupe orienté sur une action militante « classique », s’appuyant sur des formes instituées historiques, on constate une faible participation. En revanche, le contraste est net pour les autres formes d’organisations plus localisées, moins organisées et beaucoup plus concentrées sur une utilité sociale concrète. Il existe une ligne de clivage marquée entre l’engagement au sein d’un parti, d’un syndicat et d’un mouvement et l’engagement associatif (association locale, bénévolat ou association de défense d’intérêts). Finalement, dès lors que le mot « politique » apparaît directement ou indirectement, les chiffres de participation sont beaucoup moins élevés.
a. Les résultats évoluent selon la forme d’organisation
29Dans un cadre institutionnalisé et formalisé, la différence dans la répartition entre les hommes et les femmes est marquée (tableau 3 : autour de 70 % d’hommes contre 30 % de femmes pour partis et les syndicats). En revanche, dans les associations locales et centrées sur des objectifs concrets d’utilité sociale, on constate une répartition presque égale entre les hommes et les femmes. Celles qui présentent une répartition inégale sont celles qui rassemblent le moins d’effectifs. Seule l’association locale rassemble une faible majorité de femmes. On est donc loin de l’image d’un bénévolat essentiellement féminin.
30Du point de vue de l’âge, les plus de 40 ans sont globalement surreprésentés dans l’ensemble de ces collectifs et sont plus nombreux dans les partis et les syndicats. L’association locale dite de « proximité » se distingue de cette tendance. La population est répartie de façon plus équilibrée, plus représentative de la ventilation nationale, donc moins « sélective » sur l’âge. De ce point de vue, on peut effectivement rejoindre les travaux qui considèrent les associations comme des formes d’engagement alternatives et exprimant une volonté de rupture avec les régulations des organisations plus traditionnelles (Barthélemy, 2000 ; Ion, 1997).
b. Une homogénéité sociale
31Les « engagés » appartiennent globalement au même monde social, néanmoins fort composite, des professions intermédiaires, dans sa partie la plus diplômée (enseignants, travail social…) (cf. Deauvieau et Dumoulin, chapitre 3). Les associations locales se distinguent à nouveau des autres organisations car c’est là que l’on rencontre le moins de diplômés du supérieur. D’autres « compétences » peuvent en effet être recherchées, comme la connaissance des réseaux locaux. Les associations de défense des intérêts, à buts humanitaires ou de défense de l’environnement attirent en majorité des diplômés du supérieur, aspect qui met en évidence le degré de spécialisation des connaissances et d’expertise que demandent et surtout valorisent ces « causes » militantes. Ces organisations séduisent des individus qui ont déjà des dispositions pour participer à l’action. Plus l’objet de l’organisation est spécialisé, plus le niveau de diplôme est élevé. De ce point de vue, le parti politique et le syndicat sont moins sélectifs. Les associations locales et de loisirs, tout en rassemblant toujours plus de diplômés que la moyenne sont, elles aussi, plus ouvertes sur le registre des connaissances scolairement sanctionnées6.
32Les effets de sélection sont donc surtout marqués par la répartition des catégories sociales qui montre que le monde de l’engagement est très éloigné du milieu des ouvriers (ce sont dans les partis qu’on les retrouve plus souvent) et très proche du monde des cadres et professions intellectuelles supérieures (deux à trois plus d’individus que dans l’ensemble de la société). Ce constat rejoint les analyses classiques de la construction de la « compétence politique » par le capital culturel (Bourdieu, 2001).
33Le monde social des « engagés » est globalement proche de celui de la religion et se caractérise notamment par une pratique religieuse plus fréquente que la moyenne nationale pour toutes les organisations, à l’exception des membres des syndicats (tableau 4). On retrouve le même clivage entre les formes instituées, plus éloignées de la religion, et les formes moins instituées (associations, mouvements) qui s’en rapprochent.
34Les résultats de l’enquête Histoire de vie convergent avec ceux de l’enquête EPCV (Enquête permanente sur les conditions de vie, Insee7) d’octobre 2002 qui comporte un volet sur la vie associative : 28 % des Français de plus de 15 ans se déclarent impliqués dans une association. L’enquête Histoire de vie recense 30 % d’individus qui sont impliqués dans au moins un collectif d’engagement. Y sont inclus les partis politiques et les syndicats, mais ce sont les associations qui ont le plus de succès.
Tableau 4. Le rapport à la religion des « engagés » selon les organisations (en %)

Champ : ensemble des individus de 18 ans et plus ayant répondu positivement aux variables relatives aux engagements.
★Ces chiffres intègrent ceux qui disent avoir militer « autrefois » et ceux qui militent aujourd’hui.
Source : enquête Histoire de vie-Construction des identités, Insee, 2003.
35Enfin, la population des responsables associatifs est particulièrement intéressante car elle permet de traduire les caractéristiques objectives de ceux qui ont décidé bénévolement de s’engager dans un collectif, sachant que c’est un engagement dans la durée selon les types de mandat, et qui se formalise par une compétence spécifique (président, trésorier, etc.). Alors que l’enquête EPCV de 2002 recensait 12 % de responsables parmi les personnes interrogées, l’enquête Histoire de vie permet d’isoler une population de 15 % qui se déclare « responsable » dans l’une ou l’autre des associations citées.
36Là où l’association offrait une relative mixité sociale pour l’ensemble de personnes engagées, on retrouve des différences fortes parmi les responsables associatifs avec 35 % de femmes et 65 % d’hommes8. Peu de surprises en ce qui concerne l’âge des responsables, 74 % des responsables ont plus de 40 ans.
37Les individus qui s’engagent aujourd’hui dans la vie associative sont plus souvent en emploi : 53 % pour l’ensemble et 65 % pour les responsables. Ce chiffre important démontre que l’engagement nécessite des supports parallèles pour maintenir durablement une implication en tant que responsable.
3. L’implication dans plusieurs engagements
38Enfin, pour isoler au plus près les effets de sélection sociale liés aux engagements qui impliquent une forte mobilisation notamment en temps, le degré d’engagement a été différencié (tableaux 4 et 5) pour observer s’il correspond à un profil sociodémographique particulier.
Tableau 5. Engagement et engagements (en %)

Champ : ensemble des individus de 18 ans et plus (N = 8407).
Source : enquête Histoire de vie-Construction des identités, Insee, 2003.
39Dans l’ensemble, 30 % de la population étudiée est concernée par un engagement au sein des organisations choisies (association locale, association de loisirs, association de défense d’intérêts, mouvements politiques, partis politiques, syndicats). Cette proportion significative permet de caractériser dans leur globalité ces « engagés » et ces « multi-engagés ». Dès que l’on passe à trois engagements au moins, les proportions décroissent nettement9 (tableau 5).
40La participation augmente avec l’âge de façon très régulière pour les hommes. Plus les participations sont nombreuses, plus le clivage entre les plus jeunes et les plus âgés est net. À l’exception de la tranche d’âge 18-25 ans, les hommes sont plus souvent engagés que les femmes. Dans la classe des 30-50 ans, on peut faire l’hypothèse d’un effet de la maternité, puisque ce sont à ces âges-là que l’écart se creuse davantage. La différence n’est cependant pas, dans l’ensemble, très importante et surtout assez régulière (de l’ordre de 2 ou 3 points). On trouve autant d’hommes que de femmes dans le cas d’un engagement unique, alors que les proportions deviennent nettement différentes lorsque celui-ci augmente.
41On constate une répartition relativement nette dans les tranches d’âge entre les plus de 40 ans, plus souvent concernés par les engagements et les moins de 40 ans, moins souvent impliqués. Parmi ces derniers, c’est dans la tranche d’âge des 26-31ans que l’on rencontre le moins de personnes concernées.
42La répartition est différente pour ceux qui n’ont qu’un engagement. Trois groupes se distinguent : les moins de 31 ans (14 %), la tranche des 32-59 ans (17 %) et les plus de 60 ans qui sont les plus nombreux. Au-delà d’un engagement, c’est la classe des 50-59 ans qui est la plus concernée et non les retraités comme le bon sens pouvait le laisser entendre. Le fait d’être retraité n’est pas un facteur prédisposant à l’engagement s’il ne s’associe pas à un capital culturel. Ce point est confirmé par l’analyse des niveaux de diplômes des « engagés » qui sont le plus souvent bacheliers ou diplômés du supérieur. Plus les engagements sont nombreux, plus le niveau de diplôme augmente. Les proportions sont particulièrement significatives pour les plus engagés.
43Ce sont les cadres, professions intellectuelles supérieures et les professions intermédiaires qui sont les plus représentés globalement parmi les « engagés ». On repère ici à nouveau, l’effet du capital culturel. Parmi la catégorie « cadres et professions intellectuelles supérieures », ce sont les professeurs qui sont les plus engagés (48 % ont au moins un engagement), suivi des cadres de la fonction publique (47 %) et des professions libérales (42 %). Le clivage entre le public et le privé se confirme avec les professions intermédiaires : 50 % des instituteurs ont au moins un engagement et 47 % des professions administratives de la fonction publique, viennent ensuite les professions de la santé et du social (43 %).
44Dans l’ensemble de ces professions, les proportions chutent de plus de 5 à 10 points quand il s’agit d’un deuxième engagement. Ce sont les ingénieurs et cadres dont les effectifs baissent le plus nettement : 20 % d’entre eux ont un engagement et 8 % ont deux engagements. En revanche, la proportion ne change pas pour les professions libérales qui, il est vrai, bénéficient d’une flexibilité de leur emploi du temps, propice aux engagements.
45Le nombre d’engagements semble être lié au degré de conscience politique des personnes concernées ; en effet, la question « vous sentez-vous proche d’un parti ? » recueille une réponse positive pour 46 % de ceux qui ont un engagement, 54 % pour ceux qui en ont deux et 71 % pour ceux qui en ont au moins trois.
Conclusion
46Si les engagements politiques et religieux ne constituent pas un registre suffisant pour prendre le pas sur les autres sources d’identité (famille, travail, territoire…), les enquêtés ne relèguent néanmoins pas la politique et la religion à des dimensions totalement secondaires. Les chiffres mis en évidence nuancent les propos parfois rapides que l’on peut entendre sur les crises du monde politique ou de la religion. Il est important de bien distinguer les signes réels d’une recomposition des modes d’appartenance, notamment à travers la baisse des pratiques politiques et des difficultés de renouvellement démographique au sein des organisations politiques et religieuses.
47Les attentes des individus restent importantes, mais les offres ne sont certainement pas en adéquation avec celles-ci. Les différentes formes de pratiques montrent une sélection sociale dès lors que la cause est spécialisée et que l’organisation est moins instituée (par exemple, les mouvements par contraste avec les partis). En effet, les formes instituées sont encore celles qui sont les plus ouvertes socialement, mais ce sont celles qui rassemblent le moins d’individus. Sous bien des aspects, l’association (notamment association locale) présente un profil d’individus qui tranche avec la tendance globale : la plus équilibrée du point de vue de la répartition hommes/femmes, la moins sélective du point de vue du diplôme et celle qui attire les jeunes. De nombreuses associations favorisent effectivement un entre soi homogène et souvent fermé socialement. Celles qui sont le plus ouvertes rendent invisibles leur appartenance politique ou se concentrent sur des objets qui apparaissent comme neutres. Le constat le plus marquant réside certainement dans le fait que les ouvriers et, dans une moindre mesure les employés, demeurent très à l’écart du monde de l’engagement. Le clivage socioculturel est en effet très marqué.
48Pour aller plus loin dans ces questions, ces résultats quantitatifs mériteraient d’être mis en perspective avec des entretiens biographiques, notamment pour restituer la complexité de la construction du sens des engagements à travers des interactions précises (organisation concrète de la participation, fréquence des rencontres, forces des liens interpersonnels…). Toutefois, il est important de mettre en évidence les dimensions objectives de l’identité s’inscrivant dans des appartenances sociales liées aux variables sociodémographiques.
Bibliographie
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Références bibliographiques
Barthélemy Martine, 2000, Associations : un nouvel âge de la participation ? Paris, Presses de Sciences Po.
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Notes de bas de page
1 À partir des travaux de Norbert Elias, il est important de rappeler que l’identité n’est en rien une entité naturelle ou essentielle qu’il faudrait dévoiler, mais un construit historiquement situé en relation avec les modes d’organisation des sociétés et des groupes sociaux (Elias, 1991).
2 L’auteur remercie Thomas Soubiran pour la réalisation technique des données.
3 En 2001, Dominique Vidal précisait que pour la première fois en France « il y a autant, voire plus de Français hors des religions qu’en leur sein ». Ce constat était mis en parallèle avec les États-Unis, où il n’y aurait que 5 % qui se disent « sans religion » (« La France des « sans-religion »», Le Monde diplomatique, septembre 2001).
4 En mars 2006, un sondage TNS Sofres a montré que pour 69 % des personnes interrogées, les hommes politiques « ne se préoccupent pas de ce que pensent les gens ».
5 Les politologues travaillent spécifiquement sur les questions électorales qui obéissent à des logiques sociales très différentes de celles de la participation concrète à des collectifs.
6 Selon une enquête du CerPhi (Havard Duclos et Nicourd, 2007), nous constatons toutefois un fort effet du niveau d’études pour les femmes responsables associatifs alors que cet effet n’est pas significatif pour les hommes. Une sélection sociale s’opère dans le monde associatif comme dans le monde du travail pour les postes à responsabilité. De ce fait, les femmes sont amenées à avoir une compétence distinctive pour construire leur légitimité.
7 Enquête réalisée auprès des individus de 15 ans et plus appartenant aux 5799 ménages interrogés. Parmi eux, 1606 personnes indiquent travailler sans être rémunérées dans le cadre d’une ou plusieurs associations comme bénévoles.
8 Ces résultats sont également confirmés par Bernardeau-Moreau et Hély (2007) et par une enquête réalisée par le CerPhi sur les responsables associatifs (cf. Havard Duclos et Nicourd, 2007).
9 Prouteau et Wolff (2004) soulignent dans leur enquête sur le bénévolat que « les trois quarts des bénévoles n’ont qu’un seul engagement, un sur cinq en a deux et un sur vingt en a au moins trois ».
Auteur
Est sociologue, maître de conférences à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et membre du laboratoire Printemps (CNRS/UVSQ). Ses travaux visent à comprendre les dynamiques d’engagements associatifs et politiques.
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