Chapitre 2
Qui sont les « professions intermédiaires » ?
p. 53-70
Texte intégral
Morphologie, rapport au travail et sentiment d’appartenance de classe
1En 1982, la refonte de la grille des Catégories socioprofessionnelles (CSP) a conduit notamment au remplacement du groupe des cadres moyens par celui des professions intermédiaires. Comme le notent Desrosières et Thévenot, la caractérisation sociologique de ce groupe est alors sujette à débat : « les analystes des « couches moyennes salariées » s’appuient sur ce groupe, en débordant parfois vers les groupes 3 et 5 [Cadres et Employés]. En revanche, les tenants d’un espace social polarisé autour de la bourgeoisie et du prolétariat le considèrent comme un fourre-tout sans identité, qui ne trouve son intérêt qu’en rendant plus purs les agrégats et l’opposition précédente. » (Desrosières, Thévenot, 2002.) Lors du fameux débat qui eut lieu au début des années 1980 dans la Revue française de sociologie, autour de la notion de « classes moyennes », Thévenot mobilisa plusieurs exemples relevant des professions intermédiaires pour y contribuer (Benguigui et Monjardet, 1982 ; Thévenot, 1983a ; Grunberg et Schweisguth, 1983, Desrosières et Thévenot, 2002). Plus récemment, Paul Bouffartigue a plaidé pour réunir la catégorie des cadres et professions intellectuelles supérieures (« en dehors d’une mince élite de cadres dirigeants et du segment supérieur des professions libérales ») et celle des professions intermédiaires sous la notion de « salariat intermédiaire » (Bouffartigue, 2004). Il est cependant difficile d’apporter des éléments à ce débat tant ce groupe des professions intermédiaires, mis à part les travaux pionniers de Thévenot (Thévenot, 1983a, 1983b, 1984), a finalement rarement été étudié en tant que tel, notamment au regard des nombreux travaux qui ont porté sur le groupe des cadres, des employés ou des ouvriers. Cette catégorie statistique, souvent mobilisée comme un tout unifié et comme socle des fameuses « classes moyennes » (Chauvel, 2006), est, au fond, peu connue.
2Ce chapitre prend pour objet ce groupe socioprofessionnel en s’intéressant au rapport au travail et au sentiment d’appartenance de classe chez les professions intermédiaires. Ces deux dimensions renvoient à deux aspects décisifs de la stratification sociale : la position dans le monde du travail d’une part, et plus largement le sentiment d’appartenance à une région donnée de l’espace social. On le verra, sous ces deux aspects, les professions intermédiaires se situent globalement dans une position médiane dans le salariat, entre les cadres et professions intellectuelles supérieures d’un côté et les employés et ouvriers de l’autre. L’objectif est de comprendre, au-delà de ce constat général, les mécanismes de différenciation de ces deux dimensions au sein des professions intermédiaires, en utilisant principalement les données de l’enquête Histoire de vie qui permettent d’étudier précisément le rapport au travail et le sentiment d’appartenance de classe.
3Trois grands types de déterminants sont mobilisés ici pour comprendre les logiques de polarisation subjective des professions intermédiaires : la catégorie socioprofessionnelle, les caractéristiques sociodémographiques des individus, la trajectoire sociale et professionnelle d’accès au groupe professions intermédiaires. Après une description de l’évolution des professions intermédiaires du point de vue des caractéristiques objectives et des carrières des individus qui composent ce groupe (I), l’effet des trois grands types de déterminants sur le rapport au travail (II), puis sur le sentiment d’appartenance de classe (III) seront analysés.
I. Les trois pôles des professions intermédiaires
4Le groupe des professions intermédiaires défini par l’Insee regroupe sept catégories socioprofessionnelles : les professeurs des écoles, instituteurs et assimilés (instituteurs), les professions intermédiaires de la santé et du travail social (professions de la santé et du social), les professions intermédiaires administratives de la fonction publique (professions de la fonction publique), les professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises (professions administratives et commerciales), les techniciens, les contremaîtres, les agents de maîtrise et le clergé. Cette dernière catégorie ne sera pas prise en compte dans l’analyse en raison de ses spécificités. Pour décrire de manière raisonnée le groupe des professions intermédiaires, trois types d’indicateurs sont mobilisés : premièrement, les indicateurs renvoyant aux caractéristiques des personnes, essentiellement le sexe, l’âge, le diplôme et l’origine sociale, ensuite des indicateurs de l’univers social dans lequel évoluent ces personnes, en l’occurrence la catégorie socioprofessionnelle du conjoint. Les professions intermédiaires ont en effet pour particularité de s’unir à peu près autant avec des individus ayant une position de cadre qu’une position d’employé ou d’ouvrier (tableau 1). Enfin, le troisième type d’indicateur concerne les carrières professionnelles : la position de profession intermédiaire peut être soit effective dès l’entrée sur le marché du travail, soit résulter d’une mobilité professionnelle pour des individus ayant commencé leur carrière professionnelle dans le salariat d’exécution.
5Pour établir une cartographie des principales caractéristiques individuelles (sexe, âge, niveau de diplôme, catégorie socioprofessionnelle du père) des différentes catégories socioprofessionnelles, on procède à une analyse des correspondances multiples (voir la note de lecture de la figure 1). Trois pôles se dégagent nettement. Aux deux extrêmes, on retrouve, d’un côté, la catégorie des instituteurs ainsi que celle des professions de la santé et du social et, de l’autre, les contremaîtres et les techniciens. Entre ces deux positions se trouve un troisième pôle, celui des professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises ainsi que les professions administratives de la fonction publique. Si l’on répète cette opération vingt ans plus tard, la structure d’opposition entre ces trois pôles n’a pas fondamentalement évolué (ce qui ne veut pas dire que l’intensité des écarts entre les pôles n’a pas diminué ou augmenté, il s’agit seulement de la structure de ces écarts). Même en ajoutant les deux autres familles d’indicateurs relatives au conjoint et à la trajectoire d’accès à la catégorie, la polarisation reste identique. On présentera donc successivement et dans le détail ces trois pôles des professions intermédiaires.
Tableau 1. Principales caractéristiques des professions intermédiaires en 1985 et en 2003 (%)

★Donnée non disponible dans l’enquête FQP 1985. Champ : Professions intermédiaires salariées âgées de 15 à 65 ans. Lecture : En 1985, le taux de féminisation des salariés de la catégorie des Instituteurs et assimilés était de 65 % et s’élevait à 66 % en 2003.
Source : Insee, Enquêtes Emploi 1982 et 2002 pour les effectifs et la structure en %. Pour les autres indicateurs : Enquêtes FQP 1985 et FQP 2003.
Figure 1. Les professions intermédiaires : une représentation en pôles

Lecture : le graphique est construit à partir de deux analyses factorielles des correspondances multiples dont les plans ont été superposés, de façon à rendre compte des évolutions de la composition sociodémographique des catégories classées en professions intermédiaires et interrogées en 1985 et en 2003. Dans chacune de ces analyses factorielles, outre la CS de l’individu, ont été introduites des variables sociodémographiques en actives (sexe, CS du père, âge, niveau de diplôme) telles qu’elles se présentaient dans l’enquête FQP 1985 (représentées en italique) et dans FQP 2003 (représentées en police normale). Le graphique ainsi obtenu permet de comparer terme à terme la structure sociodémographique des professions intermédiaires à vingt ans d’écart.
1. Le pôle du soin et de l’éducation
6Ce pôle rassemble des professions exerçant des fonctions d’éducation, d’animation ou de soins aux personnes. Elles s’exercent principalement dans le secteur public pour les instituteurs (73 % de salariés dans des structures publiques), un peu moins pour les professions de la santé et du social (52 %). Avec un taux de féminisation de 66 % pour les instituteurs et assimilés et de 78 % pour les professions de la santé et du social (tableau 1), ces deux catégories sont, et de loin, les plus féminisées. Elles sont également les plus diplômées si l’on considère la proportion de diplômés à niveau bac + 2 et plus (respectivement de 65 % et 56 %). Les représentant(e) s de ce pôle sont plutôt issus des catégories aisées et côtoient plus fréquemment que les autres des conjoints du groupe des professions intermédiaires ou des cadres (60 % pour les professions de la santé et du travail social, 70 % pour les instituteurs).
Tableau 2. Évolution de la mobilité professionnelle entre 1985 et 2003 (%)

Champ : professions intermédiaires salariées âgés de 15 à 65 ans.
Lecture : 4 % des instituteurs et assimilés en 1980 et encore en emploi en 1985 sont devenus cadres. Durant la même période, 3 % des instituteurs et assimilés sont devenus employés ou ouvriers.
Source : enquêtes FQP 1985 et FQP 2003.
7En général, l’accès à ces professions s’effectue directement après l’obtention du diplôme : près des trois quarts des salariés classés dans l’une ou l’autre de ces catégories sont rentrés dans la carrière sur un poste de profession intermédiaire, après avoir suivi une formation spécifique. Les probabilités de mobilité ascendante ou descendante sont faibles comparées aux autres catégories du groupe1 (tableau 2). Il s’agit donc plutôt de positions dans lesquelles on s’installe tout au long de la carrière.
8Malgré leur apparente stabilité, la structure de ces deux catégories (instituteurs, santé et social) ont connu des évolutions au cours des vingt dernières années. Si la part des instituteurs (ou professeurs des écoles) dans la catégorie se maintient (autour de 44 % des instituteurs et assimilés aux deux dates), la disparition progressive des professeurs de l’enseignement technique court, des PEGC et des maîtres auxiliaires a conduit à une baisse de la représentation des métiers de l’enseignement au profit de ceux de la formation continue. Du côté de la santé et du travail social, on constate surtout des évolutions renvoyant aux statuts des établissements : la part des salariés travaillant dans des établissements publics est passée de 65 % à 53 % entre 1985 et 2003.
2. Le pôle technique
9Masculin, populaire, moins diplômé, le pôle du technique est quasiment en tous points opposé au premier pôle. Le contremaître issu du monde ouvrier s’en dégage comme la figure emblématique. Cependant, cette figure est aussi celle d’une catégorie déclinante : les contremaîtres ne représentaient plus que 10 % des professions intermédiaires en 2003, leurs effectifs ayant chuté d’environ 15 % depuis les années 1980. On peut supposer que le déclin du groupe des ouvriers affecte tout particulièrement cette catégorie des professions intermédiaires. Plus populaire en termes d’origine sociale et d’union que leurs homologues du pôle précédent, les contremaîtres et techniciens ont, pour les trois quarts des premiers et plus de la moitié des seconds, commencé leur carrière par un poste d’ouvrier ou d’employé. On trouve par le biais de ces différents indicateurs statistiques le résultat de l’ancrage de ces deux catégories dans le monde ouvrier.
10Si du point de vue des caractéristiques de genre et de milieu social, les techniciens rejoignent les contremaîtres, ils s’en démarquent dès lors qu’est introduite la question de la formation. En effet, en 2003, 33 % des techniciens en activité détenaient un niveau de diplôme au moins équivalent à un bac + 2 contre seulement 15 % des contremaîtres. Cette différenciation fondamentale influençant à la fois les modes d’entrée et le déroulement des carrières était déjà repérée en 1982 par Thévenot qui notait deux évolutions majeures entre 1975 et 1982 qui se prolongent encore aujourd’hui : une transformation des modes de recrutement des techniciens liée à l’élévation du niveau de diplôme particulièrement repérable, notamment chez ceux de moins de 30 ans, et l’émergence des techniciens du secteur tertiaire.
3. Le pôle administratif et commercial
11Ce troisième et dernier pôle présente une composition moins nette en termes sociodémographiques. Les évolutions des catégories socioprofessionnelles qui le composent sont très variables : forte expansion pour les professions administratives et commerciales, déclin pour les professions de la fonction publique. Sur les caractéristiques objectives, les rattachements à l’un ou l’autre des deux pôles déjà présentés ne semblent pas évidents et l’analyse de ces deux catégories plus administratives plaide pour une prise en compte singulière de cet ensemble. Voyons d’abord ce qui les différencie.
12L’étude de la structure par âge fait apparaître deux évolutions contrastées : du côté des professions de la fonction publique, la clôture progressive de l’accès aux catégories B de la fonction publique a pour effet un vieillissement assez net de la population : les moins de 35 ans qui constituaient 38 % de cette catégorie en 1985 ne représentent plus que 18 % des effectifs en 2003. De ce point de vue, la catégorie des professions de la fonction publique semble emprunter la même voie déclinante que la catégorie des contremaîtres. Les professions administratives et commerciales ont au contraire connu un essor important depuis les années 1980 (le taux de croissance entre 1982 et 2002 dépasse 50 %) et cette évolution se traduit par un maintien de la part des moins de 35 ans entre 1985 et 2003 (tableau 1), témoignant du renouvellement des salariés dans cette catégorie. En 2003, les professions de la fonction publique sont plus souvent d’origine modeste que les professions administratives et commerciales, ce qui fait que, de ce point de vue, les premières se rapprochent des techniciens et contremaîtres. Elles sont également plus âgées et moins diplômées que celles du privé (27 % de bac + 2 et au-delà contre 35 % chez les professions administratives et commerciales).
13Au-delà de ces différences, des constats d’homogénéité peuvent être faits sur plusieurs aspects, plaçant ce pôle administratif dans une position intermédiaire par rapport aux deux autres pôles distingués. Sur l’aspect du genre, la féminisation du salariat dans son ensemble a conduit la catégorie des professions intermédiaires administratives et commerciales à une situation de mixité que l’on observe également chez leurs homologues de la fonction publique. À cela s’ajoute des comportements similaires sur le choix du conjoint : la part des conjoints employés ou ouvriers est équivalente dans les deux catégories.
14Les trajectoires d’accès sont également semblables dans la mesure où elles constituent une filière de promotion pour les employées du public (Chapoulie, 2000) et les employées du privé. De ce fait, leur premier emploi est le plus souvent un emploi d’exécution (61 % des professions administratives et commerciales et 64 % des professions de la fonction publique ont occupé un premier poste d’employé ou d’ouvrier). Concernant le déroulement des carrières, on observe une proportion importante de mobilité ascendante (14 % et 13 % pour professions intermédiaires de la fonction publique.) En revanche, le risque non négligeable de mobilité descendante pour les professions administratives et commerciales des entreprises (13 %) est moins important pour les professions de la fonction publique (7 %).
II. Le rapport au travail
15Passons maintenant aux polarisations subjectives du rapport au travail et du sentiment d’appartenance de classe et voyons si les caractéristiques objectives décrites plus haut permettent de les expliquer.
16Trois indicateurs tirés de l’enquête Histoire de vie ont été mobilisés pour saisir le rapport subjectif au travail. Chacun de ces indicateurs a été construit à partir de questions portant sur la place du travail dans l’existence, la satisfaction au travail et le rapport à la position dans le salariat (voir encadré 1).
17L’importance du travail est relativement liée à la satisfaction : les satisfaits sont 33 % à déclarer que le travail est important contre 22,3 % des non satisfaits. La satisfaction est elle-même liée au rapport à la condition salariale : 58,4 % des satisfaits déclarent vouloir changer de position dans le salariat pour 70 % des non satisfaits. En revanche, l’importance du travail est indépendante du rapport à la condition salariale.
18Sur ces trois indicateurs, la catégorie socioprofessionnelle des salariés apparaît fortement explicative du rapport au travail. La satisfaction au travail comme le fait de vouloir changer de position dans le salariat suivent clairement les hiérarchies du salariat : les cadres sont les plus satisfaits et déclarent le moins souvent vouloir changer de position dans le salariat, suivis des professions intermédiaires, des employés et des ouvriers. Il en va autrement en ce qui concerne l’importance du travail, qui est plus souvent déclarée par les cadres puis les ouvriers, et ensuite seulement les professions intermédiaires et les employés.
19Plaçons-nous maintenant au sein des professions intermédiaires. Sur l’indicateur relatif à l’importance du travail, presque toutes les catégories des professions intermédiaires se situent autour de 27 % (tableau 3). Seuls les instituteurs se détachent et déclarent pour 32 % d’entre eux que le travail est important dans leur existence. En revanche, sur les deux autres indicateurs de rapport au travail, trois groupes sont clairement distincts. Les instituteurs, suivis de près par les professions de la fonction publique, forment un premier groupe qui se caractérise par une satisfaction très élevée (plus de 60 % alors que la moyenne des professions intermédiaires est inférieure de 10 points), ainsi qu’une volonté de changer de position dans le salariat qui est la plus faible (autour de 52 % soit 10 points en dessous de la moyenne des professions intermédiaires). Le deuxième groupe est constitué de la catégorie des professions de la santé et du social, professions administratives et commerciales, ainsi que les contremaîtres et déclare un peu moins souvent une satisfaction au travail (autour de 50 %) et un peu plus souvent une volonté de changer de position (autour de 64 %). Enfin la catégorie des techniciens constitue clairement un troisième groupe qui déclare une faible satisfaction au travail (42 %) et une très forte volonté de changer de position dans le salariat (75 %).
20Pour rassembler ces différents résultats, on modélise l’effet propre de la catégorie socioprofessionnelle en le contrôlant par l’ensemble des variables sociodémographiques et des trajectoires professionnelles. Toutes choses égales par ailleurs, l’appartenance à telle ou telle catégorie socioprofessionnelle des professions intermédiaires est fortement explicative de la satisfaction au travail et de la volonté de changer de position dans le salariat (tableau 4). Ainsi, les catégories des instituteurs et des professions de la fonction publique sont les plus enclines à se déclarer satisfaites et les moins disposées à vouloir changer de position. Dans le modèle 5 du tableau 4, on repère également un effet significatif de la catégorie technicien qui fait nettement augmenter la probabilité de vouloir changer de position dans le salariat.
Comment mesurer le rapport au travail ?
L’indicateur de l’importance du travail est construit à partir de la question : « actuellement, diriez-vous que dans votre vie en général, votre travail : est plus important que tout le reste ; est très important mais autant que d’autres choses (vie familiale, vie personnelle, vie sociale, etc.) ; est assez important, mais moins que d’autres choses ; n’a que peu d’importance ? ». Les modalités extrêmes de réponses étant peu choisies, l’indicateur d’importance du travail a été établi en regroupant les deux premières modalités (« plus important que tout le reste » et « très important mais autant que d’autres choses ») et les deux dernières (« assez important » et « n’a que peu d’importance »). On obtient ainsi un indicateur dichotomique dont la première modalité regroupe les 27,5 % des salariés qui considèrent que le travail est très important et la seconde modalité les 72,5 % des salariés qui considèrent que le travail est assez ou peu important.
La satisfaction au travail est mesurée avec une question qui intervient en fin de module sur le travail, sous forme de bilan : « Et maintenant, si on met tout dans la balance, globalement, dans votre travail, qu’est-ce qui l’emporte ? Les motifs de satisfaction ; les motifs d’insatisfaction ; les uns et les autres s’équilibrent à peu près ». Nous avons choisi de séparer les 47,5 % des salariés qui ont déclaré que les motifs de satisfaction l’emportaient dans leur travail de ceux qui choisissaient les deux autres modalités.
Le troisième indicateur est construit à partir de trois questions du module travail. On posait une question sur les dimensions du travail que les individus souhaitaient garder ou changer (« si vous deviez changer de travail, qu’est-ce que vous aimeriez personnellement changer ? »). Sur une liste de dix items, on isole les trois suivants : vouloir changer de salaire, de possibilité de promotion, de positionnement hiérarchique. Le souhait de « changer de salaire » est le plus courant puisqu’il concerne 57,3 % des salariés, suivi du souhait de « changer de possibilité de promotion » (25,2 %) et enfin beaucoup plus rare le fait de vouloir « changer de position hiérarchique » (13,8 %). Ces trois dimensions sont par ailleurs très liées entre elles : lorsqu’on déclare vouloir changer l’une des trois dimensions, on déclare également beaucoup plus souvent vouloir en changer une autre. La création d’un indicateur qui rassemble les individus déclarant vouloir changer au moins une de ces trois dimensions (65 % des salariés) permet d’évaluer la satisfaction par rapport à sa condition salariale.
On obtient ainsi trois indicateurs qui renseignent le rapport au travail sous trois dimensions structurantes : la place du travail dans l’existence, la satisfaction qu’on éprouve au travail, et le dernier indicateur qui mesure la volonté de changer de position dans le salariat que nous résumons sous l’intitulé rapport à la condition salariale.
Tableau 3. Le rapport au travail chez les professions intermédiaires (%)
Importance du travail | Satisfaction au travail | Rapport à la condition salariale | |
Instituteurs (n = 130) | 32 | 65 | 54 |
Professions de la santé et du social (n = 179) | 26 | 51 | 62 |
Professions de la fonction publique (n = 89) | 27 | 62 | 51 |
Professions administratives et commerciales (n = 260) | 27 | 51 | 65 |
Techniciens (n = 228) | 25 | 43 | 75 |
Contremaîtres (n = 114) | 27 | 53 | 64 |
Ensemble (n = 1 000) | 27 | 52 | 64 |
Champ : professions intermédiaires salariées en 2003.
Lecture : parmi les instituteurs, 32 % déclarent que le travail est important dans leur existence, 65 % qu’ils en sont satisfaits, 54 % se satisfont de leur position salariale.
Source : enquête Histoire de vie-Construction de identités, Insee, 2003.
21Enfin, fait notable, la trajectoire sociale et professionnelle, tout comme la catégorie socioprofessionnelle du conjoint, n’ont pas d’effet significatif sur le rapport subjectif au travail. L’effet du premier emploi comme celui du changement de qualification ne sont pas significatifs, la catégorie socioprofessionnelle du père semble n’agir que sur la satisfaction au travail : une origine populaire fait significativement baisser la satisfaction déclarée au travail. Il semblerait donc que le rapport au travail relève d’abord et avant tout de la catégorie socioprofessionnelle de l’individu au moment de l’enquête - et donc des conditions de travail et de perspectives de carrières qui y sont liées - et non de sa trajectoire professionnelle. Et cela même dans le cadre du dernier indicateur qui mesure un rapport à la carrière professionnelle « désirée ».
22Le salariat intermédiaire se compose ainsi de trois pôles caractéristiques en ce qui concerne le rapport au travail, dont le premier pôle (« public ») se rapproche de ce point de vue des cadres, et le dernier, composé des seuls techniciens, du salariat d’exécution. Ces différences sont ici mesurées toutes choses étant égales par ailleurs, et ne peuvent donc pas être rapportées aux différences - bien réelles - de caractéristiques sociodémographiques, mais bien aux caractéristiques propres des catégories socioprofessionnelles. L’hypothèse posée au départ d’une différenciation dans le rapport au travail au sein du salariat intermédiaire qui relèverait des différences d’accès à cette catégorie n’est pas vérifiée ici. Bien que les modes d’accès à la catégorie des professions intermédiaires soient nettement différenciés, ceci n’a pas de répercussions visibles sur le rapport au travail déclaré en 2003. Celui-ci s’enracine donc essentiellement dans l’ici et maintenant de la situation de travail, et ne s’inscrit pas dans un rapport plus général à la trajectoire sociale et professionnelle. Sur ce point, les choses sont bien différentes en ce qui concerne le sentiment d’appartenance à une classe sociale.
Tableau 4. Expliquer le rapport au travail chez les professions intermédiaires (modèle logit)

Les étoiles indiquent le résultat du test du khi-2 de Wald pour chaque coefficient du modèle : ★★★ significatif au seuil de 1 % ; ★★ au seuil de 5 %, ★ au seuil de 10 %, ns : non significatif.
Champ : modèles 1,3 et 5 : ensemble des professions intermédiaires salariées en 2003.
Modèles 2,4 et 6 : ensemble des professions intermédiaires salariées en 2003 ayant un conjoint.
Modèles 1,3 et 5 : n = 1000 ; modèles 2,4 et 6 : n = 723.
Lecture : le coefficient donne l’augmentation ou la diminution du logit (donc de la probabilité d’être dans la situation modélisée par le modèle) lorsque l’on passe de la modalité mise en référence (en italique marquée « réf ») à une autre modalité de la variable, et cela « toutes choses égales par ailleurs ». Ainsi, pour le modèle 1, le logit de l’importance du travail augmente de 0,21 lorsque l’on passe de la catégorie des professions intermédiaires et commerciales des entreprises à la catégorie des instituteurs et assimilés. On en déduit donc que « toutes choses égales par ailleurs », la probabilité de déclarer que le travail est important dans l’existence est plus élevée chez les instituteurs que chez les catégories des professions intermédiaires et commerciales des entreprises.
Source : enquête Histoire de vie-Construction des identités, Insee, 2003.
III. Le sentiment d’appartenance à une classe sociale
23L’enquête Histoire de vie permet d’expliquer le sentiment d’appartenance de classe à partir de deux questions successives : « avez-vous le sentiment d’appartenir à une classe sociale ? », d’abord, puis si la réponse est positive, « laquelle ? » sur le mode d’une question ouverte. Ce sont ces deux dimensions, le sentiment et son contenu, qui sont ici mobilisées2.
24Le salariat s’ordonne très nettement sur ces deux indicateurs : les cadres déclarent le plus souvent avoir un sentiment d’appartenance, et dans ce cas déclarent beaucoup plus fréquemment que les autres catégories se sentir appartenir au « haut » de l’échelle sociale (37 % des cadres pour une moyenne de 12 % dans l’ensemble du salariat). On trouve ensuite les professions intermédiaires puis le salariat d’exécution. Les positions relatives au sentiment d’appartenance de classe épousent donc nettement la hiérarchie du salariat.
Tableau 5. Le sentiment d’appartenance de classe chez les professions intermédiaires (%)

Champ : pour la première colonne : professions intermédiaires salariées en 2003 ; pour les colonnes suivantes, professions intermédiaires en 2003 ayant le sentiment d’appartenir à une classe sociale.
Lecture : 61,5 % des instituteurs et assimilés déclarent avoir le sentiment d’appartenir à une classe sociale, et 25 % des instituteurs ayant le sentiment d’appartenir à une classe sociale déclarent un sentiment orienté vers le « haut » de l’échelle sociale.
Source : enquête Histoire de vie-Construction des identités, Insee, 2003.
Tableau 6. Déclarer un sentiment d’appartenance à une classe sociale
Modèle 7 | Modèle 8 | |
Coefficient | Coefficient | |
Intercept | - 0,0422 | 0,112 |
CS | ||
Instituteurs et assimilés | 0,42★ | ns |
Professions interm. de la santé et du social | ns | ns |
Professions admin. de la fonction publique | ns | ns |
Professions admin. et comm. d’entreprises (réf.) | ||
Techniciens | 0,34★ | ns |
Contremaitres, agents de maîtrise | ns | ns |
Âge | ||
Moins de 35 ans | - 0,44★★★ | - 0,41★★ |
35 ans et plus (réf.) | ||
Sexe | ||
Homme | ns | ns |
Femme (réf.) | ||
Niveau d’études | ||
Secondaire ou moins (réf.) | ||
Supérieur | 0,25★ | ns |
Premier emploi | ||
Cadre ou professions intermédiaires (réf.) | ||
Ouvrier | 0,50★★ | 0,51★★ |
Employé | 0,52★★★ | 0,55★★ |
Changement de qualification | ||
Un changement de qualification au plus | ns | ns |
Deux changements de qualification ou plus (réf.) | ||
Origine sociale | ||
CS père ouvrier ou employé | ns | ns |
CS père ouvrier ou employé (réf.) | ||
CS du conjoint | ||
Employé ou ouvrier | ns | |
Autre (réf.) |
Champ : modèle 7 : professions intermédiaires salariées en 2003 (n = 1000). Modèle 8 : ensemble des professions intermédiaires salariées en 2003 ayant un conjoint (n = 723).
Lecture : exemple pour le modèle 7, le logit du fait de se sentir appartenir à une classe sociale augmente de 0,42 lorsque l’on passe de la catégorie professions intermédiaires administratives et commerciales des entreprises à la catégorie instituteurs et assimilés. On en déduit donc que « toutes choses égales par ailleurs », la probabilité de se sentir appartenir à une classe sociale est plus élevée chez les instituteurs que dans les catégories professions intermédiaires et commerciales des entreprises.
★★★ significatif au seuil de 1 % ; ★★ au seuil de 5 %, ★ au seuil de 10 %, ns : non significatif
Source : enquête Histoire de vie-Construction des identités, Insee, 2003.
Figure 2. L’espace factoriel du sentiment de classe chez les professions intermédiaires

25Au sein du salariat intermédiaire, ce sont les instituteurs et les techniciens qui déclarent le plus souvent un sentiment d’appartenance à une classe sociale. Parmi ceux qui déclarent ce sentiment, la majorité se positionne plutôt dans le milieu de l’échelle sociale. Les techniciens et les contremaîtres se situent quant à eux plutôt dans le bas de cette échelle (tableau 5). Contrairement à ce qui est observé pour le rapport au travail, la trajectoire d’accès au salariat intermédiaire n’est pas sans effet sur ce sentiment (tableau 6). Le fait d’avoir un premier emploi dans le salariat d’exécution et donc une trajectoire ascendante fait notablement augmenter le sentiment d’appartenance à une classe sociale. Par ailleurs, ce sont les individus ayant un père cadre qui, comparés aux autres, développent un plus fort sentiment d’appartenance à une classe sociale.
Tableau 7. Expliquer le sentiment d’appartenir au « bas » de l’échelle sociale chez les professions intermédiaires
Modèle 9 | Modèle 10 | |
Coefficient | Coefficient | |
Intercept | - 1,1468 | - 1,302 |
CS | ||
Techniciens | 0,89★★★ | 1,30★★★ |
Contremaîtres, agents de maîtrise | 0,60★ | 1,27★★★ |
Autre CS (réf.) | ||
Sexe | ||
Homme | ns | ns |
Femme (réf.) | ||
Niveau d’études | ||
Secondaire ou moins (réf.) | ||
Supérieur | ns | - 0,47★ |
Premier emploi | ||
Cadre ou professions interm. (réf.) | réf. | |
Ouvrier | 0,84★★★ | |
Employé | ||
Origine sociale | ||
CS père ouvrier ou employé | - 0,64★★ | - 0,62★★ |
CS père ouvrier ou employé (réf.) | ||
CS du conjoint | ||
Employé ou ouvrier | 0,46★★ | |
Autre (réf.) |
Champ : modèle 9 : professions intermédiaires salariées en 2003 ayant déclaré se sentir appartenir à une classe sociale (n = 546). Modèle 10 : professions intermédiaires salariées en 2003 ayant déclaré se sentir appartenir à une classe sociale et ayant un conjoint (n = 400).
Lecture : Par exemple pour le modèle 9, le logit du fait de se sentir appartenir au bas de l’échelle sociale augmente de 0,89 lorsque l’on passe de la catégorie autres CS à la catégorie techniciens. On en déduit donc que « toutes choses égales par ailleurs », la probabilité de déclarer se sentir appartenir au bas de l’échelle sociale est plus élevée chez les techniciens que chez les « autres CS ».
★★★ significatif au seuil de 1 % ; ★★ au seuil de 5 %, ★ au seuil de 10 %, ns : non significatif.
Source : enquête Histoire de vie-Construction des identités, Insee, 2003.
26Il semblerait donc que deux grands registres de détermination, en apparence contradictoires, soient ici à l’œuvre : ce sont simultanément des caractéristiques individuelles et professionnelles « populaires » (venir du salariat d’exécution, être technicien en 2003) et « bourgeoises » (avoir un père cadre, être diplômé du supérieur, être instituteur) qui font augmenter dans le salariat intermédiaire le sentiment d’appartenance à une classe sociale. La compréhension de ce paradoxe apparent passe par la prise en compte du contenu de ce sentiment d’appartenance. On peut en effet envisager que les caractéristiques populaires et bourgeoises n’alimentent pas, ici, le même sentiment de classe. L’examen des réponses données à cette question ouverte confirme cette hypothèse.
27Le plan factoriel présenté ici (figure 2) est obtenu en croisant, pour les individus qui ont un sentiment de classe, les mots des réponses données3 à la question sur le contenu du sentiment d’appartenance à une classe sociale avec leurs caractéristiques individuelles (CS en 2003, type de premier emploi, CS du père). En modalités supplémentaires sont projetées les trois modalités (bas/moyen/haut) de la variable codée à partir de cette question ouverte.
28Ce plan est clairement ordonné en fonction de l’échelle sociale. On trouve, à gauche, les mots renvoyant plutôt au « bas » de l’échelle sociale (ouvrier, travailleurs…) et la modalité « bas » de la variable codifiée et, à droite, les mots renvoyant au « milieu » et au « haut » de l’échelle sociale (cadre, privilégié, etc.). Les caractéristiques individuelles se distribuent sans ambiguïté sur cet axe : à gauche, du côté « bas », les techniciens, les contremaîtres, ceux dont le père est ouvrier, et à droite les autres catégories socioprofessionnelles, les diplômés, ceux dont le père est cadre. Le passage au raisonnement toutes choses égales par ailleurs vient conforter cette partition (tableau 7). La probabilité de se déclarer appartenir au bas de l’échelle sociale est d’autant plus forte que l’on est technicien, contremaître et que l’on a commencé sa carrière professionnelle comme ouvrier. La catégorie socioprofessionnelle a un effet très net sur le sentiment d’appartenance à telle ou telle place dans l’échelle sociale. Le fait d’avoir un conjoint employé ou ouvrier fait augmenter la probabilité de déclarer un sentiment d’appartenance au bas du salariat.
29En résumé, si à la fois des caractéristiques « populaires » et des caractéristiques « bourgeoises » tendent à faire augmenter le sentiment d’appartenance à une classe sociale chez les professions intermédiaires, c’est essentiellement parce qu’elles alimentent deux sentiments au contenu bien différent. D’un côté, un sentiment d’appartenance plutôt orienté vers le « haut », caractéristique des instituteurs, de ceux dont le père est cadre et de ceux qui ont fait des études supérieures. De l’autre, un sentiment d’appartenance orienté vers le « bas », qu’on retrouve beaucoup plus fréquemment chez les techniciens et les membres du salariat intermédiaire et qui ont commencé leur carrière professionnelle dans le salariat d’exécution.
Conclusion
30Sur le registre « objectif » mêlant les caractéristiques sociodémographiques, les trajectoires d’accès avec la catégorie et la mobilité professionnelle, on distingue au sein des professions intermédiaires trois pôles correspondant aux trois types de fonctions du salariat intermédiaire : les fonctions de soin et d’éducation, la fonction administrative et commerciale, la fonction technique. Le premier pôle regroupe les catégories des instituteurs et les professions de la santé et du social. Ce salariat est nettement féminisé, le plus diplômé des professions intermédiaires. Il se caractérise en outre par des unions plus fréquentes avec des cadres. Ce sont des positions auxquelles on accède le plus souvent directement après la fin d’études spécialisées et dans lesquelles on tend à rester tout au long de la carrière professionnelle. À l’opposé de ce pôle se trouve celui de la fonction technique – techniciens et contremaîtres – dont les caractéristiques sont inverses : ces salariés sont très majoritairement des hommes, beaucoup moins diplômés, souvent en couple avec des individus employés ou ouvriers, et l’accès à ces positions se fait souvent après un début de carrière comme ouvrier. On trouve enfin dans une position intermédiaire entre ces deux premiers pôles la fonction administrative et commerciale. Ce troisième pôle attire un salariat mixte et constitue une filière de promotion pour les employés.
31En ce qui concerne le rapport au travail, la polarisation obtenue est un peu différente. Il s’agit en effet, dans un premier temps, moins d’une polarisation en termes de fonctions qu’en termes de secteur. Les catégories du public, instituteurs et professions de la fonction publique, sont celles qui développent un rapport nettement positif au travail, ce qui les rapprochent des cadres et professions intellectuelles supérieures. Elles se distinguent sur ce point de l’ensemble des autres catégories des professions intermédiaires. À l’opposé se trouvent les techniciens, qui développent un rapport au travail proche de celui des ouvriers, fait d’une faible satisfaction au travail et d’une forte volonté de changer de position dans le salariat. Ils se distinguent sur ce point du pôle du public comme des autres catégories des professions intermédiaires, y compris des contremaîtres.
32Enfin, en se plaçant sur le troisième registre, le sentiment d’appartenance de classe, les choses sont encore un peu différentes. En termes de catégories socioprofessionnelles, l’opposition la plus nette sépare les instituteurs des techniciens. Ces deux catégories ont en commun un plus fort sentiment d’appartenance de classe, mais se différencient très nettement sur son contenu : les instituteurs ont davantage le sentiment d’appartenir au « haut » de l’échelle sociale et les techniciens au « bas ». Mais au-delà de la seule catégorie socioprofessionnelle, c’est bien l’ensemble de la trajectoire sociale et professionnelle ainsi que le type de couple formé qui rend compte du sentiment d’appartenance de classe chez les professions intermédiaires. Le fait d’avoir commencé sa carrière dans le salariat d’exécution, d’avoir un père et/ou un conjoint membre du salariat d’exécution sont autant d’éléments qui alimentent chez les professions intermédiaires, quelle que soit la profession exercée en 2003, le sentiment d’appartenir au « bas » de l’échelle sociale. C’est donc sur cette dimension subjective que la position « intermédiaire » de cette catégorie du salariat ressort le plus nettement. Plus que le fait d’appartenir à un moment donné à telle ou telle catégorie des professions intermédiaires c’est la trajectoire qui a mené à cette position dans l’espace social qui rend compte du sentiment d’appartenance de classe.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Références bibliographiques
Benguigui Georges, Montjardet Dominique, 1982, « L’utopie gestionnaire. Les couches moyennes entre l’État et les rapports de classe », Revue française de sociologie, 23 (4), p. 605-638.
Bouffartigue Paul (dir.), 2004, Le retour des classes sociales. Inégalités, dominations, conflits, Paris, La Dispute.
Chauvel Louis, 2006, Les classes moyennes à la dérive, Paris, La République des idées/ Seuil.
10.3406/estat.2000.6788 :Chapoulie Simone, 2000, « Une nouvelle carte de la mobilité professionnelle », Économie et statistique, 331, p. 25-45.
10.3917/dec.desro.2002.01 :Desrosières Alain, Thévenot Laurent, 2002, Les catégories socioprofessionnelles, Paris, La Découverte.
Faucheux Hedda, Neyret Guy, 1999, Évaluation de la pertinence des catégories socioprofessionnelles, Rapport Insee, D.G.
10.2307/3321473 :Grunberg Gérard, Schweisguth Etienne, 1983, « À quoi sert la sociologie empirique ? », Revue française de sociologie, 24, p. 679-704.
Pélage Agnès, Pouallouec Tristan, 2007, « « Le haut du panier de la France d’en bas » ? Le sentiment d’appartenir à une classe sociale chez les professions intermédiaires », Revue française des affaires sociales, 2, p. 27-56.
10.2307/3321472 :Thévenot Laurent, 1983a, « À propos de la définition des couches moyennes et de la nouvelle nomenclature des professions et catégories socioprofessionnelles », Revue française de sociologie, 24 (2), p. 317-326.
Thévenot Laurent, 1983b, « Les transformations des professions intermédiaires salariées », in Lavau Georges, Grunberg Gérard, Mayer Nonna, L’univers politique des classes moyennes, Paris, Presses de Sciences Po, p. 191-209.
Thévenot Laurent, 1984,ƒ « Des cadres moyens aux professions intermédiaires », Données sociales, Insee.
Notes de bas de page
1 Les 11 % de mobilité ascendante constatées pour la période 1998-2003 correspondent sans doute au reclassement d’un certain nombre d’enseignants autrefois professions intermédiaires (PEGC, enseignants du technique court) devenus des professeurs certifiés, classés dans la catégorie des cadres et professions intellectuelles supérieures.
2 Pour le contenu, nous utiliserons la variable recodée élaborée par Agnès Pélage et Tristan Poullaouec qui proposent une codification des intitulés de sentiment d’appartenance de classe en trois modalités : se sentir appartenir au « haut » de l’échelle sociale, au « milieu » ou au « bas » (Pélage, Poullaouec, 2007).
3 On ne garde ici que les mots qui ont été utilisés par au moins trois individus.
Auteurs
Est sociologue, maître de conférences à l’université de Versailles-Saint Quentin-en-Yvelines et membre du laboratoire Printemps (CNRS/UVSQ). Ses travaux portent sur le salariat qualifié, le système éducatif et sur la quantification en sociologie.
Est sociologue, ingénieure de recherche à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et membre du laboratoire Printemps (CNRS/UVSQ). Ses travaux de recherche portent sur la sociologie de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Trajectoires et origines
Enquête sur la diversité des populations en France
Cris Beauchemin, Christelle Hamel et Patrick Simon (dir.)
2016
En quête d’appartenances
L’enquête Histoire de vie sur la construction des identités
France Guérin-Pace, Olivia Samuel et Isabelle Ville (dir.)
2009
Parcours de familles
L’enquête Étude des relations familiales et intergénérationnelles
Arnaud Régnier-Loilier (dir.)
2016
Portraits de famille
L’enquête Étude des relations familiales et intergénérationnelles
Arnaud Régnier-Loilier (dir.)
2009
Inégalités de santé à Ouagadougou
Résultats d’un observatoire de population urbaine au Burkina Faso
Clémentine Rossier, Abdramane Bassiahi Soura et Géraldine Duthé (dir.)
2019
Violences et rapports de genre
Enquête sur les violences de genre en France
Elizabeth Brown, Alice Debauche, Christelle Hamel et al. (dir.)
2020
Un panel français
L’Étude longitudinale par Internet pour les sciences sociales (Elipss)
Emmanuelle Duwez et Pierre Mercklé (dir.)
2021
Tunisie, l'après 2011
Enquête sur les transformations de la société tunisienne
France Guérin-Pace et Hassène Kassar (dir.)
2022
Enfance et famille au Mali
Trente ans d’enquêtes démographiques en milieu rural
Véronique Hertrich et Olivia Samuel (dir.)
2024