1.1. Le poids du milieu naturel : atouts et contraintes de l’insularité et du volcanisme
Texte intégral
Atomisation insulaire, mer omniprésente et topographie tourmentée
1Sur le plan géographique, l’Indonésie, offre un véritable pont entre l’Asie et l’Australie. C’est aussi une voie stratégique entre les océans Indien et Pacifique et donc, un pays de première importance. Sa superficie terrestre serait de 1 916 862 km2, selon le dernier chiffre officiel1, ce qui la place au 15e rang des trente plus grands pays du monde dépassant un million de kilomètres carrés2. C’est de loin le plus vaste pays de l’ASEAN, dont elle représente près de 43% de la superficie totale à elle seule, soit presque autant que celle des cinq autres plus grands membres réunis, le Myanmar, la Thaïlande, le Vietnam, la Malaisie et les Philippines3. Elle se compose de très exactement 16 056 îles4, dont un millier sont habitées. C’est aussi le plus vaste archipel de la planète, très loin devant son voisin les Philippines qui ne compte « que » 7 641 îles5. Il s’étend sur plus de 5 100 km en longitude (de 94°45’ ouest à141°05’ est, soit la distance de Paris à Téhéran), ainsi que sur trois fuseaux horaires6, et près de 1 900 km en latitude (entre 6°08’ nord et 11°15’ sud, soit la distance de Stockholm à Naples). Cet archipel, qui « se tortille autour de l’équateur comme une ceinture d’émeraudes »7, se caractérise par une atomisation insulaire croissante dans sa partie orientale. Il comporte cinq îles principales, dont certaines figurent parmi les plus grandes du monde. Trois d’entre elles sont situées dans sa partie occidentale : Sumatra avec 480 793 km2, Kalimantan (la partie indonésienne de l’île de Bornéo) avec 544 150 km28, et Java avec 129 442 km29. Deux autres se trouvent dans sa partie centrale et orientale : Sulawesi (Célèbes) avec 188 203 km2 et la Papua (autrefois, Irian Barat puis, Irian Jaya), la province indonésienne qui occupe la partie occidentale de l’île de Nouvelle-Guinée, avec 421 991 km210. L’archipel compte aussi, d’ouest en est, une quinzaine d’îles de taille moyenne, comme Nias (4 772 km2), Bangka (11 330 km2), Belitung (4 800 km2), Madura (5 290 km2)11, Bali (5 780 km2), Lombok (5 435 km2), Sumbawa (15 448 km2), Sumba (11 153 km2), Flores (14 250 km2), Timor (16 510 km2)12, puis Buru (9 505 km2), Seram (17 148 km2), Halmahera (17 780 km2) et Dolak (11 600 km2)13. Pour le reste, il s’agit d’une myriade de plus petites îles de moins 4 000 km2, mais dont seulement quelque 300 ont plus de 100 km2. Des milliers d’autres sont minuscules et désertes. On imagine aisément ce qu’une telle atomisation insulaire peut créer de problèmes pour les transports et les communications. Il s’agit aujourd’hui encore d’un défi majeur de développement pour l’Indonésie.
2En dépit de ces difficultés de communication, la mer est évidemment omniprésente dans l’archipel indonésien dont elle a toujours relié les îles plutôt qu’elle ne les a séparées. En dehors des côtes ouest de Sumatra et sud de Java, qui s’ouvrent sur le grand large d’un océan Indien redoutable, les mers intérieures séparant les grandes îles ou les archipels sont en effet peu profondes et facilement navigables. Les distances entre les îles sont en général modestes. Les principaux détroits de Malacca, de la Sonde, de Bali, de Lombok ou même de Makassar ont toujours constitué les voies de passage majeures entre les océans Indien et Pacifique, via la mer de Chine du Sud. Ils ne sont pas très larges non plus. Cela a créé les conditions d’une très forte symbiose entre la terre et la mer dans l’habitus et l’esprit des peuples de l’archipel, à telle enseigne que le concept de patrie se dit Tanah Air en indonésien, de tanah, la terre, et air, l’eau. L’Indonésie est déjà vaste par sa seule superficie terrestre de presque 2 millions de km2. Elle l’est quatre fois plus si l’on ajoute le territoire maritime correspondant à sa zone économique exclusive de 6,2 millions de km2, la septième du monde en importance14. Cet ensemble dépasse alors les 8 millions de km2. Les importantes réserves halieutiques de ces eaux et les richesses minérales du sous-sol marin renforcent singulièrement le potentiel économique du pays. S’il fallait encore insister sur l’importance de l’élément maritime pour l’archipel, on peut mentionner le fait que son littoral côtier correspondrait à deux fois et demie la circonférence de la terre puisqu’il est officiellement donné comme dépassant les 100 000 kilomètres de long15. Enfin, les seules frontières terrestres que l’Indonésie partage avec la Malaisie orientale à Sarawak et Sabah, la Papua Niugini et Timor-Leste ne dépassent pas les 3 000 km, contre des dizaines de milliers pour les frontières maritimes la séparant de ses huit voisins (Inde, Malaisie, Singapour, Philippines, Timor-Leste, Papua Niugini, Palau et Australie). Bref, l’atomisation insulaire et l’omniprésence de la mer constituent des éléments déterminants de l’histoire et du développement de l’archipel indonésien.
3La topographie joue également un rôle non négligeable. Contrairement à la puissance coloniale hollandaise qui l’a occupée, l’Indonésie n’est pas un « plat pays ». Elle est au contraire dotée d’un relief très vigoureux. L’archipel est en effet traversé du nord-ouest au sud-est par une haute chaîne montagneuse qui culmine à 5 030 mètres en Papua. Là, un toupet de neiges éternelles couronne le Puncak Jaya qui n’est pourtant qu’à 4° au sud de l’équateur. Par ailleurs, de nombreux sommets, pour la plupart des volcans actifs, dépassent les 3 000 mètres d’altitude à Java, notamment avec l’imposant Semeru qui culmine à 3 676 m, mais aussi à Sumatra, avec le Kerinci (3 805 m), à Bali avec le Gunung Agung (3 142 m) et à Lombok avec le superbe Rinjani (3 726 m)16. Une grande partie de la superficie de ces îles, située au-dessus de 2 000 mètres, est par conséquent impropre à l’agriculture et ne peut supporter de fortes densités de population.
4Ce phénomène est particulièrement frappant à Java où vit toujours 60% de la population indonésienne environ. L’île ressemble à un long rectangle d’environ 1 000 km de long sur seulement 200 km de large en moyenne. Elle est coupée en deux dans le sens de la longueur par une chaîne montagneuse dépassant les 2 000 mètres d'altitude de part et d’autre de laquelle s’entassent les populations dans les zones planes, moins accidentées et plus propices à une agriculture intensive. Depuis 1830, Java connaît une explosion démographique et a rapidement atteint les limites de sa frontière agricole écologiquement viable : en moins d’un siècle, elle a été cultivée sur les deux tiers de son territoire, sans laisser un seul hectare de terre cultivable. Tout cela à des conséquences économiques et sociales non négligeables. Ainsi, les habitants des régions d’altitude (uplands) sont habituellement très pauvres, car leur agriculture de montagne l’est aussi. Une grande partie des populations considérables agglutinées dans les zones plus basses (lowlands) et fertiles n’est guère plus favorisée, car la majorité des familles n’y possèdent aucune terre ; ou la superficie dont ils disposent s'avère si petite qu’ils ne peuvent en vivre. Par ailleurs, cette topographie tourmentée n’a pas facilité l’extension du réseau routier. De nombreuses régions hautes de l’intérieur de l’île restent encore relativement isolées de nos jours.
5La situation est différente dans les quatre autres grandes îles de l’archipel. À Sulawesi, dont les sommets ne dépassent en moyenne pas 2 000 mètres, le relief est en lui-même un peu moins contraignant, mais les quatre bras de cette île en forme de pieuvre ou d’orchidée sont étroits, tourmentés et divisés, ce qui complique singulièrement les transports terrestres. On change de décor à Kalimantan : la partie indonésienne de Bornéo est bien séparée du nord de l’île et de Sarawak, Brunei et Sabah par une chaîne de montagnes d’une hauteur moyenne de 2 000 mètres aussi17, mais la majeure partie du territoire indonésien est essentiellement plat et couvert à l’origine d’une forêt tropicale dense et impénétrable, ou de zones marécageuses, le tout sillonné d’un réseau de grandes rivières qui constituent les voies de communication naturelles. La Papua cumule quant à elle toutes les difficultés géographiques : ses vastes régions plates de forêt tropicale et de marécages sont couronnées par une chaîne centrale de montagnes dont les hautes vallées ont toujours été difficilement accessibles. Pour Sumatra, les choses sont aussi plus compliquées : une chaîne montagneuse élevée court de Aceh à Lampung et occupe toute la côte ouest de l’île, la séparant nettement de la partie occidentale plus vaste, plate et couverte à l’origine de forêts tropicales et de zones marécageuses ou de mangroves peuplant les berges des très nombreuses rivières qui se jettent dans le détroit de Malacca. On comprend donc bien combien la topographie de l’archipel, très variée mais souvent contraignante, a pu jouer un rôle majeur dans le développement de l’Indonésie et de ses régions.
La « bénédiction déguisée » du volcanisme actif
6Cela est d’autant plus le cas que cette topographie complexe se double d’un phénomène très marqué en Indonésie, encore plus déterminant pour son développement passé, présent et futur. La majeure partie des montagnes du pays sont en fait des volcans. Le cercle de feu du Pacifique traverse en effet de part en part la partie méridionale de l’archipel, de Aceh à Flores, bifurquant depuis là au nord en direction des Philippines. Sur les quelques 400 volcans qu’il y a formés, environ 150 sont encore actifs : 35 à Sumatra, 45 à Java, presque une trentaine dans les petites îles de la Sonde, à Bali, Lombok, Sumbawa et Flores, une quinzaine à Sulawesi et le reste, dans différentes îles de l’archipel des Maluku (Moluques) comme Banda Neira, Ternate, Tidore ou Halmahera18. Ce volcanisme actif est un phénomène naturel particulièrement ambivalent. Quand une éruption majeure advient, elle est bien sûr d’abord source de destructions massives et de misères humaines. Des historiens, et non des moindres19, pensent que certaines éruptions peuvent avoir influencé le cours de la préhistoire et de l’histoire. Un scientifique américain soutient par exemple que l’explosion il y a 75 000 ans du super-volcan Toba, dont le grand lac du même nom au nord de Sumatra occupe aujourd’hui le cratère, aurait entraîné un très fort refroidissement du climat de la planète et pu constituer un « goulot d’étranglement » de l’espèce humaine20.
7Moins loin de nous, il n’est pas impossible que l’explosion du Merapi, survenue en 1006 au centre de Java, ait joué un rôle dans le transfert énigmatique du pouvoir politique et d’une part importante de la population de la région de Jogjakarta vers la partie orientale de l’île21. Plus connue, l’éruption en 1815 du Tambora à Sumbawa est considérée comme la plus puissante advenue historiquement. On estime qu’elle a été huit fois supérieure à celle du Vésuve qui détruisit Pompei en l’an 79, soit l’équivalent de 10 000 fois les bombes de Hiroshima et Nagasaki réunies22. Le volcan implosa littéralement, tombant d’une altitude estimée à 4 000 mètres à celle de 2 850 mètres qui est la sienne aujourd’hui. Cette explosion tua directement et indirectement quelque 92 000 personnes. Elle envoya aussi autour du globe un nuage de cendres qui en fit plusieurs fois le tour et est à l’origine de ce qui est connu en Europe comme « l’année sans été » et de la grande famine de 1816, qui fit 200 000 victimes23. Encore plus célèbre est l’éruption en 1883 du Krakatoa, situé dans le détroit de la Sonde, entre Java et Sumatra. Son explosion colossale, entendue dans un rayon de 4 000 kilomètres jusqu’en Inde et en Australie, déclencha un énorme tsunami et une vague de plus de 40 mètres de haut qui engloutit tout sur les deux rives du détroit et causa la mort de plus de 36 000 personnes24. Parmi les éruptions les plus récentes, celle du Gunung Agung à Bali en 1963 fit près de 1 200 victimes25.
8C’est toutefois à Java, où se trouve la plus grande concentration de volcans actifs en Indonésie, que sont aussi localisés les plus dangereux d’entre eux comme le Kelut, dans l’ouest de l’île, le Semeru, dans la partie orientale, et surtout le magnifique Merapi dans le centre, qui trône à près de 3 000 mètres d’altitude, juste au nord de la ville de Jogjakarta. Il est de loin le plus régulier par son activité, avec une estimation de quelque 80 éruptions depuis l’an 1000, dont deux particulièrement fortes et destructrices, en 1672 et en 193026. La plus récente de ses éruptions a eu lieu en 2010, tuant près de 350 personnes, nécessitant l’évacuation de plus de 100 000 autres et faisant des dégâts estimés à plus de 500 millions d’euros27. Il est aussi considéré comme le plus dangereux des volcans indonésiens du simple fait qu’il est situé dans la région la plus peuplée de Java, avec des densités qui dépassent souvent les 2 000 habitants au kilomètre carré. De fait, il menace directement plus d’un million de personnes vivant dans son entourage immédiat. Cela dit, ce n’est évidemment pas un hasard si les régions volcaniques sont aussi peuplées. Au-delà des pertes humaines et des destructions matérielles qui résultent dans l’immédiat de leurs éruptions, les volcans ont en général à plus long terme un effet très bénéfique sur leur environnement naturel, dont ils enrichissent les sols. Comme les deltas alluviaux des grandes rivières d’Indochine, les terres situées aux pieds des volcans d’Indonésie sont beaucoup plus fertiles que la plupart des autres sols tropicaux, généralement pauvres28, et donnent des rendements agricoles plus élevés qui peuvent nourrir une population plus nombreuse. À courte vue, les volcans sèment la mort et la désolation mais, dans la longue durée, ils donnent la vie. Ils constituent en réalité une véritable « bénédiction déguisée » pour le pays.
9Si les éruptions volcaniques sont le résultat de l’activité tectonique intense qui agite un sous-sol indonésien particulièrement instable, situé sur la ligne de subduction des plaques indienne et australienne, elles n’en constituent hélas pas les seules manifestations. D’autres phénomènes naturels n’ont pas ce même caractère ambivalent qui rend les volcans utiles à long terme, au tout premier chef les tremblements de terre. Il est difficile de faire le compte exact de ces séismes car la terre indonésienne tremble souvent et parfois, très fort29. Cela a notamment été le cas avec le terrible tremblement de terre du 26 décembre 2004 qui s’est produit au large de la côte nord-ouest de Sumatra et a atteint l’intensité record de 9,2 sur l’échelle de Richter. Il a déclenché un tsunami monstrueux dans tout l’océan Indien avec une vague atteignant 35 mètres localement qui a fait près de 170 000 morts en Indonésie seulement, principalement dans les villes de Banda Aceh et de Meulaboh, sur la côte ouest de Aceh, et sur la petite île de Nias, qui a compté à elle seule un peu plus de 1 000 victimes30. Les dégâts matériels ont été colossaux : près de 2 700 ponts, 2 300 écoles et 600 centres de santé étant par exemple rayés de la carte31. La fréquence de ces catastrophes est aussi à la hausse puisqu’un nouveau très fort séisme de magnitude 8,6 s’est déclenché le 28 mars 2005 au large de Nias, provoquant un tsunami de moindre envergure qui a encore fait pas loin de 1 000 victimes32. Le 30 septembre 2009, un autre séisme de magnitude 7,6 a frappé la province de Sumatra Ouest, détruisant largement sa capitale Padang et y laissant plus de 500 morts33. Les tremblements de terre ne déclenchent heureusement pas toujours de tsunamis, qui sont particulièrement meurtriers, mais quand ils adviennent dans des régions très peuplées, ils peuvent aussi faire beaucoup de victimes, même s’ils sont de moindre intensité. Ainsi, le séisme d’une intensité de 6,3 qui s’est produit le 27 mai 2006 à Java Centre, au sud de Jogjakarta, a fait près de 6 000 morts et détruit plus de 100 000 maisons34 dans le district le plus touché de Bantul35. Bref, on le voit, l’Indonésie n’est pas seulement championne de la diversité ethnique et culturelle comme il en sera question plus loin, mais hélas aussi des catastrophes naturelles.
Climat tropical favorable, fertilité des sols et abondance des ressources naturelles
10Le climat joue également un rôle important dans le domaine des catastrophes. D’un point de vue général, il est pourtant plutôt favorable. L’archipel indonésien bénéficie en effet d’un climat tropical chaud et humide particulièrement propice pour l’agriculture. Les températures moyennes diurnes dans les régions de plaine tournent autour de 26-28 degrés, avec des maximums de 35°, et les taux d’humidité moyens varient entre 70 et 90%36. Cela dit, ce climat n’est évidemment pas uniforme vu la taille et la diversité du pays ainsi que sa nature archipélagique. On observe de fortes variations de températures, d’humidité et surtout de pluviométrie en fonction de la latitude, de la longitude et de l’altitude. Concernant la pluviométrie, la donnée la plus importante pour notre propos, disons, pour simplifier, qu’il existe trois sous-types majeurs de climat et de régions37. Un premier sous-type équatorial couvre une large bande horizontale s’étendant de part et d’autre de l’équateur, et traversant Sumatra, Kalimantan, Sulawesi, les Maluku et la Papua, dans lequel il n’y a pas vraiment de saison sèche : il y pleut presque tous les mois et certaines régions d’altitude reçoivent plus de 4 mètres de précipitations par année. Un deuxième sous-type tropical humide, avec deux saisons, pluviale et sèche bien mieux équilibrées, caractérise notamment la plus grande partie de Java ainsi que Bali et Lombok, toutes situées plus au sud, où il pleut en moyenne 2 à 3 mètres par année. Un troisième sous-type tropical sec devient plus marqué au fur et à mesure que l’on s’enfonce dans les petites îles de la Sonde et que l’on se rapproche du grand désert australien, qui fait sentir son influence. La saison des pluies y est beaucoup plus courte et il pleut en général moins de 2 mètres par année, comme à Flores et Timor. Des trois, c’est bien évidemment le sous-type médian du climat tropical humide qui est le plus propice au développement des activités agricoles et humaines. Il n’est donc pas surprenant que ce soit essentiellement à Java, qui bénéficie aussi des terres volcaniques les plus fertiles et étendues ainsi que d’une topographie plus favorable à la construction de réseaux d’irrigation, en comparaison avec les autres grandes îles de l’archipel, que ce soient établies les premières formations étatiques à base agraire, capables de nourrir une population croissante mais aussi de tirer profit de son travail.
11Aussi bénéfique soit-il en général pour l’Indonésie, le climat y a aussi malheureusement ses caprices intermittents, comme partout ailleurs dans le monde. Cependant, compte tenu des spécificités du milieu naturel mentionnés plus haut et des très fortes densités humaines concernées, ces aléas climatiques y ont fréquemment des conséquences catastrophiques. Ainsi en va-t-il des pluies qui font la richesse de l’agriculture du pays mais sont aussi source de malheur pour sa population quand elles sont trop abondantes et violentes. Cela donne régulièrement lieu à des inondations monstrueuses qui affectent surtout la plaine nord de Java, dont la boue des rizières se perd dans les eaux d’une mer peu profonde. Les grandes quantités d’eau qui dévalent des régions de montagne du centre de l’île n’arrivent alors pas à s’écouler et envahissent toutes les zones situées sous le niveau de la mer. C’est hélas le cas de beaucoup d’entre elles situées dans la capitale Jakarta, où de nombreux quartiers inondables ont été construits de manière sauvage, sans tenir compte des risques liés à la rapide croissance démographique de la ville et au boom immobilier de nature souvent spéculatif qu’elle y a déclenché depuis le début des années 1980. En conséquence, les inondations de la région au cœur de laquelle se trouve la capitale indonésienne, qui est la deuxième plus grande mégalopole du monde après Tokyo et où vivent plus de 30 millions d’habitants38, sont toujours plus fréquentes et graves. Les pires furent enregistrées en 2007 quand 450 000 personnes durent être évacuées et 57 perdirent la vie39. En janvier 2013, les inondations ont une nouvelle fois battu tous les records en la matière : la moitié de la ville a été touchée, certains quartiers se retrouvant parfois sous deux mètres d’eau noire et polluée. L’état d’urgence a été déclaré, 250 000 personnes ont dû être évacuées, 18 000 se sont retrouvées sans abri et au moins une vingtaine, principalement des enfants, ont perdu la vie40. Ailleurs dans le pays, les mêmes pluies diluviennes entraînent fréquemment des glissements de terrain qui font aussi de nombreuses victimes. Inversement, des sécheresses prolongées peuvent affecter de temps à autre des régions entières, ruiner les récoltes et provoquer de graves problèmes d’approvisionnement alimentaire. Ces fortes variations climatiques se sont aggravées avec le renforcement depuis une vingtaine d’années du phénomène ENSO41, lui-même exacerbé par le changement climatique global : les années El Niño sont en effet marquées par une sécheresse accrue, comme en 2008 et 2009, et sont suivies par des années dites La Niña, avec des pluies trop abondantes, comme de 2010 à 201242. Une nouvelle fois, sans tomber dans le déterminisme géographique et encore moins souscrire à une forme moderne de la théorie des climats, tous ces éléments ont eu et continuent à avoir une influence considérable. Ils aident à expliquer et à mieux comprendre certains des problèmes majeurs auxquels l’Indonésie doit faire face dans son développement.
12Néanmoins, dans son ambivalence fondamentale et avant de se montrer parfois cruelle, la nature a d’abord été très généreuse avec l’archipel indonésien. Elle l’a largement doté de sols fertiles porteurs d’une richesse et d’une diversité des espèces culturales parmi les plus grandes du monde43. En permettant la domestication précoce et l’extension de nombreuses cultures vivrières, en tout premier lieu celle du riz, qui est la base de toutes les grandes civilisations asiatiques, cette richesse a longtemps été facteur de prospérité économique pour la population locale. Mais elle a aussi été à l’origine de son malheur politique lorsqu’elle est tombée sous la coupe des puissances coloniales européennes qui se sont précipitées dès le 16e siècle sur les îles à épices indonésiennes des Moluques, pour faire main basse sur la production du clou de girofle et de la noix de muscade. Devenus rapidement maîtres des lieux, les Hollandais développeront les cultures d’exportation dans leur précieux jardin tropical : notamment, celles du café et du poivre aux 17e et 18e siècles, puis de la canne à sucre, de l’indigo et du tabac aux 18e et 19e, enfin les plantations de caoutchouc et de palmier à huile au 20e siècle.
13Héritant de cette structure extravertie, les gouvernements indonésiens successifs accentueront le développement des cultures d’exportation. Aujourd’hui, l’Indonésie est un producteur majeur et parfois l’un des premiers exportateurs mondiaux de différentes matières premières végétales comme l’huile de palme, le caoutchouc, le café, le thé, le cacao, le poivre, le tabac, le clou de girofle et diverses autres épices. Il faut ajouter à cette liste impressionnante le fait que l’archipel abrite, après les bassins fluviaux de l’Amazone et du Congo, l’une des plus grandes zones de forêt tropicale de la planète, notamment concentrée à Kalimantan et Sumatra ou en Papua. Cette forêt tropicale est malheureusement en voie d’épuisement rapide, menacée par la demande insatiable du marché mondial en bois précieux et surtout rasée pour faire place aux plantations industrielles de palmiers à huile. Si la terre des îles d’Indonésie est source de richesse, leur sous-sol ne l’est pas moins. Découvertes et mises en valeur dès l’époque coloniale, différentes matières premières minérales majeures ont vu leur production se développer jusqu’à aujourd’hui, faisant également de l’Indonésie un des principaux producteurs, - souvent doublé du rôle d’exportateur, - de pétrole, de gaz naturel, de bauxite, de cuivre, d’étain, de nickel, de charbon, d’argent, d’or et de plusieurs autres minéraux de moindre importance.
14Ces richesses peuvent représenter une importante source de recettes financières pour le pays. Mais elles posent aussi souvent de sérieux problèmes économiques, sociaux et environnementaux. Sur le plan économique, cette abondance de ressources naturelles est à la base de la malédiction du même nom (natural resource curse), aussi appelé le « mal hollandais » (dutch disease)44, dont souffre le pays depuis son indépendance. Du point de vue social, les plantations industrielles et les exploitations minières ne créent pas nécessairement beaucoup d’emplois et se développent souvent au détriment des populations locales. Enfin, sous l’angle écologique, la plupart des entreprises impliquées dans des activités de ce genre, n’ayant pour seul objectif que la recherche du profit maximum et immédiat, entretiennent un souverain mépris pour l’environnement qu’elles saccagent allègrement et très souvent, en toute impunité45.
15Pour conclure sur ce qui relève de la géographie, on voit donc clairement combien elle a été prépondérante dans l’histoire passée de l’Indonésie et continue à l’être pour son développement futur. L’incertitude qui caractérise la situation actuelle du pays et pèse sur son avenir est en bonne partie déterminée pas le fait que la nature l’a doté de vastes richesses. Ces dernières peuvent être exploitées en faveur du développement. Mais la nature peut aussi anéantir en un tournemain tous ces efforts, quand elle se déchaîne. Il est bien sûr impossible de prédire de quoi sera fait l’avenir en la matière, d’autant que les temps se suivent et ne se ressemblent pas. Ainsi, le 19e siècle a été marqué par des catastrophes naturelles majeures, comme avec les éruptions du Tambora en 1815 et du Krakatoa en 1883. En revanche, le 20e siècle a été frappé par des catastrophes de moindre gravité mais a surtout été le cadre de conflits armés et de violence politique, encore plus coûteux en vies humaines et en destructions. Quant au 21e siècle, il a commencé fort mal en ce qui concerne les catastrophes naturelles de tout ordre. Cette série noire va d’ailleurs hélas se prolonger, comme on le verra, avec plusieurs séismes importants, notamment en 2018 à Lombok et Sulawesi. Compte tenu du réveil des activités tectoniques de la zone de subduction entre les plaques australienne et indienne, il est malheureusement à craindre que d’autres catastrophes semblables adviennent. C’est en tous les cas avec cette épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes que les Indonésiens doivent vivre, et tenter de développer leur pays.
Notes de bas de page
1 La superficie terrestre de l’Indonésie a en effet étrangement varié au fil du temps, entre un maximum de 2 027 millions de km2 en 1970 et un minimum de 1 890 million de km2 en 2000. L’annexion de Timor Oriental en 1975, et son intégration comme ce qui devint alors pour un temps la 27e province du pays, puis sa perte en 1999, après le vote par référendum pour son indépendance devenue officielle en 2002 sous le nom de Timor-Leste, ne suffisent pas à expliquer cette variation puisque son territoire n’est que de 15 400 km2. Elle ne s’explique que par des évaluations plus précises que les Indonésiens ont fait, au fil du temps, de leur propre territoire national, en mesurant à nouveau la superficie de chacune des îles de l’archipel et surtout la myriade des tout petits îlots souvent inhabités. Cela dit, et malgré le fait que l’administration indonésienne a plutôt la réputation d’avoir un appareil statistique relativement fiable, une telle variation sur une donnée aussi fondamentale et symbolique que la superficie du territoire national en dit long sur la prudence dont il faut faire preuve envers les données chiffrées officielles sur lesquelles on s’appuiera nécessairement dans cet ouvrage. À vrai dire, le problème n’est pas spécifique à l’Indonésie. Une telle prudence devrait être de mise quel que soit le pays concerné, au lieu de prendre les statistiques pour des vérités établies, comme le font de trop nombreux chercheurs en sciences sociales, tout particulièrement les économistes qui s’appuient largement sur elles pour essayer de hisser leur discipline au rang de science exacte. Ils devraient se souvenir de ce que disait le grand écrivain et humoriste américain Mark Twain : « Il y a trois sortes de mensonges, les petits, les grands et les statistiques » ! Quoi qu’il en soit, le chiffre officiel de la superficie du territoire national retenu ici provient du dernier annuaire statistique national disponible au moment de la révision finale de cet ouvrage : Statistik Indonesia 2019, Jakarta, Badan Pusat Statistik (BPS), July 2019, p. 10. À moins que cela soit précisé différemment, les nombreuses données statistiques fournies dans ce chapitre sur la géographie physique et humaine de l’Indonésie proviennent de cette même source.
2 Source : Wikipédia, article intitulé « Liste des pays et territoires par superficie ». Par commodité, nous avons souvent emprunté dans ce chapitre à cette source d’information des plus pratiques, surtout quand il s’agit de données factuelles et de faire des comparaisons internationales.
3 Selected Basic ASEAN Indicators, ASEAN Statistics, Jakarta, 2008.
4 Statistik Indonesia 2019, p.10
5 Source : Wikipédia, article intitulé « Philippines ».
6 En fait, le gouvernement indonésien a longtemps envisagé de les supprimer et de mettre tout le pays à la même heure, comme l’a fait dès 1949 la Chine, qui s’étend pourtant sur cinq fuseaux horaires, afin d’améliorer la gestion administrative, la circulation de l’information et le développement économique, mais depuis l’adoption des lois de décentralisation en 1999, la question n’est plus à l’ordre du jour.
7 Selon la belle expression formulée par Edouard Douwes Dekker, écrivain et homme politique social-démocrate néerlandais de la fin du 19e siècle, pour la dédicace qu’il fit au Roi Guillaume III dans la conclusion de son fameux ouvrage Max Havelaar, le premier roman anticolonial de l’histoire, publié en 1860 sous son nom de plume de Multatuli. Nous y reviendrons dans le chapitre suivant.
8 Bornéo dans son ensemble, y compris les deux provinces de Malaisie orientale de Sarawak et Sabah ainsi que le petit Sultanat de Brunei, est, avec plus de 743 000 km2, la troisième plus grande île du monde, juste après la Nouvelle-Guinée qui compte 775 000 km2, mais loin derrière le Groenland qui s’étend sur plus de 2 130 000 km2. Wikipédia, « Liste d’îles par superficie ».
9 Statistik Indonesia 2019, p.10.
10 La partie orientale de la Nouvelle-Guinée fait partie de l’État indépendant de Papua Niugini (PNG) qui occupe le reste de l’île, soit quelque 365 000 km2, et un grand nombre d’autres îles dont la plus grande, la Nouvelle-Bretagne, est environ dix fois plus petite.
11 Qui fait administrativement partie de la province de Java Est et dont la superficie est donc incluse dans celle de Java en tant que somme des six provinces qui la composent. C’est dans ce sens que nous parlerons plutôt de Java dans les pages qui suivent, ce qui implique le fait d’additionner la superficie des deux îles qui atteint alors 130 912 km2. Si l’on ajoute à cela toutes les petites îles proches de Java qui font également partie de l’une de ses six provinces (notamment Panaitan à Java Ouest, l’archipel des Pulau Seribu pour le DKI Jakarta, l’archipel des Karimun à Java Central, Bawean et l’archipel des Kangean à Java Est), on arrive alors à la superficie de 132 000 km2 qui est habituellement utilisée dans la littérature classique sur Java. Malgré cela, le recensement de 2010 donne pour les six provinces composant Java, y compris toutes ces petites îles adjacentes, une superficie totale de 129 438 km2. Sans tenter d’élucider cette énigme statistique supplémentaire, on en restera donc là en considérant, pour arrêter de tergiverser, que Java à une superficie d’environ 130 000 km2.
12 L’île de Timor dans son ensemble a une superficie de presque de 31 000 km2, la partie orientale de l’île constituant depuis 2002 l’État indépendant de Timor-Leste, qui en occupe plus de la moitié, après avoir fait partie pendant près de 25 ans de l’Indonésie qui l’avait brutalement annexée en 1975 au moment du départ du Portugal, l’ancienne puissance coloniale, alors en pleine « Révolution des œillets ».
13 À titre comparatif, la Corse, plus grande île française, a une superficie de 8 680 km2.
14 Derrière les États-Unis et la France, qui sont loin devant avec un peu plus de 11 millions de km2 chacun, suivis de l’Australie avec 9 millions, la Russie avec 7,5 millions, le Royaume-Uni avec 6,8 millions, la Nouvelle-Zélande avec 6,7 millions et devant le Canada avec 5,6 millions, le Japon avec 4,8 millions et la Chine avec 3,9 millions de km2. Source : Wikipédia, article sur « Zone économique exclusive ».
15 Trends of Selected Socio-economic Indicators of Indonesia, Jakarta, Badan Pusat Statistik, July 2012.
16 Cribb (2000 : 4-5).
17 Elle culmine toutefois dans sa partie nord-est à plus de 4 000 mètres au Mont Kinabalu situé à Sabah.
18 Source : Wikipédia, article intitulé « Liste des volcans d’Indonésie ».
19 Nous avons ainsi eu le plaisir d’assister le 8 avril 2013 à une conférence donnée à notre Institut de hautes études internationales et du développement de Genève par notre collègue et ami le Professeur Anthony Reid, l’un des plus éminents historiens de l’Indonésie et de l’Asie du Sud-Est en général, sur le thème assez surprenant pour lui de : « Indonesia : living on the ring of fire, past and present dangers ». Il y a posé l’hypothèse originale et novatrice selon laquelle les grandes catastrophes naturelles qui sont advenues par le passé en Indonésie pourraient avoir eu une influence déterminante sur certains des événements majeurs de son histoire.
20 Source : Wikipédia, article intitulé « Théorie de la catastrophe de Toba ».
21 Voir N.C. van Setten van der Meer, Sawah cultivation in ancient Java (1979 : 12-14).
22 Source : Wikipédia, article intitulé « Tambora ». La plupart des informations qui y sont données proviennent d’un article scientifique de B.D. De Jong Boers, « Mount Tambora in 1815 : A Volcanic Eruption in Indonesia and its Aftermath », Indonesia, No 60, October 1995, pp. 37-60. Toutefois, la contribution la plus complète sur cette catastrophe et ses conséquences à l’échelle mondiale est l’ouvrage récent de Gillen D’Arcy Wood, Tambora, The Eruption that Changed the World (2015).
23 Cette éruption est aussi à l’origine de l’écriture par Mary Shelley de son chef d’œuvre Frankenstein ou le Prométhée moderne. Résidant en 1816 avec son époux, le poète anglais Percy Shelley, dans la Villa Diodati, propriété de leur ami commun le célèbre Lord Byron, à Cologny, près de Genève, et ne pouvant pas faire les habituelles excursions en montagne ou virées sur le lac Léman en raison d’un temps exécrable et d’une pluie incessante, elle décida en effet, pour passer le temps, d’écrire cet ouvrage sorti de son imagination qui aura un succès planétaire intemporel.
24 Source : Wikipédia, article intitulé « Krakatoa » consulté en avril 2013. Il s’appuie en grande partie sur le passionnant ouvrage de Simon Winchester, Krakatoa, The Day the World Exploded (2000). À noter que cette catastrophe célèbre fit même en 1969 l’objet d’un film hollywoodien intitulé de manière assez cocasse « Krakatoa, East of Java », alors que le volcan est situé dans le détroit de la Sonde…exactement à l’ouest de cette île. Le réalisateur ne devait pas avoir de carte de géographie sous la main !
25 Cribb (2000 : 15).
26 Ibid.
27 Source : Wikipédia, article intitulé « Merapi ».
28 Sur cette question, la meilleure référence reste le « père » de la géographie tropicale française dans son ouvrage de base sur les pays tropicaux, Pierre Gourou (1948 : 20-39).
29 Selon les chiffres officiels, il n’y aurait ainsi pas eu moins de 4 300 tremblements de terre en 2011, la majorité d’entre eux de faible intensité et peu profonds, dont une centaine de grande profondeur et 200 supérieur à 5 sur l’échelle de Richter. Source : Statistik Indonesia 2012, Jakarta, BPS, 2013, p.12.
30 Source : Wikipédia, article intitulé « Séisme du 26 décembre 2004 dans l’océan Indien » ainsi que le très bon dossier sur la question préparé par Christopher Gomez, Franck Lavigne, Raphaël Paris et Sylvianne Tabarly, « Séisme du 26 décembre 2004 dans l’océan Indien : de la catastrophe environnementale et humaine de décembre 2004 à la reconstruction », Géoconfluences, septembre 2010, 16 pages.
31 Ibid.
32 Source : Wikipédia, article intitulé « Nias ».
33 Source : Wikipédia, article intitulé « Padang ».
34 Source : Wikipédia, article intitulé « Séisme de mai 2006 à Java ».
35 Où j’ai au demeurant effectué l’essentiel de ma recherche de terrain en 1972-73.
36 Statistik Indonesia 2012, p.21.
37 Gourou (1964 : 393-94) ainsi que Cribb (2000 : 21).
38 Source : Wikipédia, article intitulé « Liste des aires urbaines les plus peuplées du monde ».
39 Source: Bulletin of Indonesian Economic Studies (BIES), Vol. 49, No 1, April 2013, p. 9.
40 Ibid ainsi qu’un article de RFI du 10 janvier 2013, accessible sur internet.
41 ENSO signifie El Niño-Southern Oscillation.
42 Source : Wikipédia, articles intitulés « El Niño » et « La Niña ».
43 Il faut peut-être rappeler ici que le grand botaniste et généticien russe Nikolaï Vavilov considérait l’archipel insulindien comme le plus riche des sept berceaux d’origine des plantes cultivées qu’il avait identifié dans ses travaux.
44 Cela ne résulte pas du fait que l’Indonésie a été colonisée par les Hollandais comme on le verra plus loin.
45 Le meilleur exemple de cette manière de faire est le sinistre cas de la catastrophe dite Lapindo, du nom de l’entreprise du magnat Aburizal Bakrie, l’un des principaux oligarques multimilliardaires du pays dont on reparlera dans cet ouvrage, qui a totalement saccagé toute une région de Java Est proche de Sidoardjo en déclenchant, par ses forages intempestifs, une coulée de boue volcanique ininterrompue depuis des années et ayant submergé des dizaines de villages dont des milliers d’habitants ont dû être évacués.
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