L’ONGisation des mouvements de femmes arabes
p. 419-433
Note de l’éditeur
Référence : Jad, Islah. “L’ONGisation des mouvements de femmes arabes” in Christine Verschuur, Genre, postcolonialisme et diversité de mouvements de femmes, Genève, Cahiers Genre et Développement, n°7, Genève, Paris : EFI/AFED, L'Harmattan, 2010, pp. 419-433, DOI : 10.4000/books.iheid.5919 – Acheter le .pdf chapitre éditeur.
Texte intégral
Introduction
1Dans l’évolution actuelle des mouvements de femmes arabes, l’une des principales tendances est l’augmentation du nombre d’ONG de femmes répondant aux besoins des femmes dans des domaines tels que la santé, l’éducation, l’information sur les droits, la création de revenu et la défense des droits. On peut voir cette croissance constante du nombre d’ONG de femmes arabes comme un signe de l’échec des États arabes centralisés à stimuler le changement social et le développement. Ces ONG sont souvent considérées comme participant du développement d’une « société civile » arabe susceptible d’agir en rempart contre l’État autoritaire et comme la preuve de l’existence, dans la région, d’une démocratie réelle, « venue d’en bas ». À l’opposé, on les considère souvent aussi comme une forme nouvelle et croissante de dépendance envers l’Occident. Les questions de l’idéologie des ONG, des liens qu’elles ont avec leur propre État et avec les États qui les financent, de leur utilité pour le développement et pour le changement social nourrissent de très nombreux débats. Ceux-ci prennent un tour nouveau au moment où l’actuel gouvernement américain semble vouloir accorder plus d’attention que jamais à la « démocratisation » et à la « modernisation » des sociétés et des régimes arabes en augmentant le financement des organisations « de la société civile ». Ce gouvernement considère à cet égard que les femmes ont un rôle crucial à jouer.
2Cet article retrace le développement des mouvements de femmes arabes en accordant une attention particulière à ce que j’appelle leur « ONGisation ». Pour montrer cette tendance, je vais étudier l’évolution des structures et des discours des mouvements de femmes arabes dans un contexte où les discours sur le développement s’appuient sur des systèmes binaires, opposant par exemple l’Orient et l’Occident ou l’État et la société civile. La multiplication des ONG arabes en général et des ONG de femmes en particulier doit être resituée dans une tendance plus large dans le développement où les ONG sont vues comme autant de vecteurs essentiels du changement social et de la démocratisation. Je vais pourtant montrer qu’il existe des différences fondamentales entre la forme d’organisation d’une ONG et celle du mouvement social, qui, lui, vise le changement social. L’analyse de ces différences permet ainsi de montrer les limites des ONG, limites qui les rendent difficilement capables d’amener un développement véritable, général et soutenable et d’entraîner les changements sociaux souhaités par les populations locales. Il ne s’agit pas ici de dire que le rôle des ONG relève de la « théorie du complot » mais plutôt de préconiser, pour l’étude des ONG, une approche plus historique et empirique qui ne les assimile pas d’emblée à un « bon » développement socio-politique.
Les organisations de femmes arabes dans le contexte historique
3Souvent, on parle de la prolifération et de l’efficacité des ONG de femmes arabes en situant ces organisations dans la dichotomie de l’Occident contre l’Orient. Pour les groupes intégristes, l’Occident est une puissance qui cherche à imposer ses valeurs culturelles – notamment la liberté individuelle, le matérialisme et la laïcité – au monde entier. De leur côté, les nationalistes et la gauche arabes considèrent l’Occident comme un colonisateur et un corrupteur qui achète la loyauté des élites politiques, sociales ou économiques et qui promeut ce que Leila Ahmed appelle « le féminisme colonial » (Ahmed 1992, 163). Pour d’autres, la prolifération des ONG est à replacer dans le contexte actuel d’expansion du néolibéralisme et de formation d’une « élite mondiale » (Hann 1996 ; Edwards et Hulme 1995 ; Vivian 1994 ; Omvedt 1994 ; Petras 1994 ; Hanafi et Tabar 2002, 32-36), ou encore elle vient « modérer le conflit de classes, diluer les identités et la culture de classe, brouiller les frontières entre les classes et affaiblir la lutte des classes au sein des nations et entre les nations » (Qassoum 2002, 44-56).
4Alors que la région vivait une intrusion économique et politique occidentale de plus en plus forte, les mouvements de femmes arabes sont apparus dans la première moitié du XXe siècle au sein de deux grands projets politiques, celui de l’indépendance et celui de la modernisation émanant respectivement du nationalisme laïque et du modernisme islamique. Tandis que le modernisme islamique cherchait à libérer la religion d’interprétations étriquées et fausses et à ouvrir l’islam pour en faire une force vitale pour les femmes et les hommes, le nationalisme laïque, dont le discours s’était développé dans le sillon de l’occupation coloniale, préconisait, entre autres, une réflexion sur soi dans le cadre d’un projet de renaissance nationale visant à accéder à l’indépendance (Badran 1995 ; Baron 1994 ; Radwan 1998 ; Lazreg 1994).
5Pour les nationalistes laïques, les femmes faisaient partie intégrante de la « nation nouvelle » ; et les femmes elles-mêmes voyaient que la reconnaissance de leurs droits sociaux dépendait de l’existence d’États arabes indépendants. Les femmes arabes ont donc formé des organisations pour accroître la participation des femmes aux luttes pour l’indépendance, défendre leur peuple et œuvrer au « progrès » des femmes dans les domaines de l’éducation, de la participation politique et de la vie culturelle. Leurs organisations et unions ont reçu un fort soutien des nouvelles élites nationales et religieuses en lutte pour l’indépendance et le progrès de leurs pays. Cette phase de croissance des organisations de femmes a permis aux Algériennes et aux Palestiniennes de jouer un rôle héroïque dans les luttes de libération de leurs pays.
6À cette époque, les mouvements de femmes arabes n’étaient pas isolés des mouvements internationaux de femmes qui apparaissaient et se multipliaient. Les femmes égyptiennes, par exemple, faisaient partie intégrante de l’Alliance internationale pour le suffrage des femmes, et l’Union féministe égyptienne publiait un journal en français, L’Égyptienne, qui visait entre autres à faire évoluer l’image nationale de l’Égypte à l’étranger. Les féministes égyptiennes ont aussi alerté le forum féministe international sur les violations des droits nationaux des Arabes palestiniens et, très tôt, elles ont convoqué une conférence internationale pour soutenir les Palestiniennes dans leur lutte contre le sionisme. Cette conférence, « Femmes d’Orient », a attiré des délégations venues de tout le monde arabe et d’ailleurs mais aussi une importante délégation de femmes palestiniennes (Zu’aytir 1980). Les féministes internationales ont alors eu à répondre à des questions sur l’impérialisme qu’elles auraient probablement préféré ignorer (Badran 1995, 13).
7En Égypte, en Algérie, en Palestine et dans de nombreux autres pays arabes, la « femme nouvelle » était présentée, et se présentait elle-même, par opposition au colonisateur. Le port de vêtements « authentiques » et du voile ne posait pas de problème alors et ne constituait pas une stratégie de pression des femmes nationalistes (Ahmed 1992 ; Badran 1995 ; Fleischmann 1999). Sous l’influence du socialisme arabe, de nombreuses nations nouvellement indépendantes – l’Égypte, l’Algérie, l’Irak, la Syrie et le Yémen – installèrent un « féminisme d’État » avec de nouvelles politiques économiques et sociales visant à intégrer les femmes sur le marché du travail et dans la nouvelle nation (Kandiyoti 1991 ; Molyneux 1991 ; Moghadam 1993 ; Kholy 1998). De nombreuses femmes, notamment celles des couches sociales les plus basses, profitèrent de droits sociaux comme l’éducation, la gratuité des services de santé et de maternité.
8Mais contrairement à ce qui s’était passé avant l’indépendance, les nouveaux États se montrèrent, notamment pendant les années 1960, très hostiles aux organisations indépendantes de femmes qui furent donc interdites (en Égypte, en Jordanie) ou récupérées (en Syrie, en Irak, en Algérie, en Tunisie). Les luttes pour l’indépendance s’étaient certes appuyées sur une base importante mais l’héritage de l’« autoritarisme populiste » exercé comme stratégie par l’élite pour maintenir son hégémonie perdura (Brumberg 1995, 230).
9Les femmes arabes ont vécu des expériences différentes d’une nation à l’autre. Dans la plupart des pays du Golfe, les mouvements de femmes luttent toujours pour faire reconnaître leurs droits politiques essentiels. Dans les États s’affirmant nationalistes, socialistes ou progressistes, les femmes ont souffert du « syndrome algérien », elles ont été déçues par des politiques étatiques peu ou pas du tout soucieuses de faire évoluer leur statut de « dépendantes » des citoyens masculins. Dans la majorité de ces pays, l’État a peu œuvré pour faire changer des lois et des codes pénaux qui ne reflétaient pas l’évolution de la situation et du statut des femmes, notamment des femmes éduquées, exerçant des professions qualifiées et issues des couches moyennes ou basses des classes moyennes. De nouvelles restrictions ont été imposées aux organisations de femmes et les femmes membres des partis politiques d’opposition ont été la cible des persécutions et des répressions d’État « à égalité » avec les hommes. Toutes les formes de participation politique et sociale s’en sont trouvées affaiblies voire anéanties, y compris la participation aux partis politiques, aux syndicats paysans, étudiants et aux organisations de femmes. À cette période, quelques voix féministes se sont élevées pour dénoncer le « patriarcat arabe » comme étant le principal obstacle au progrès des femmes.
10À partir de la moitié des années 1970, la plupart des États arabes n’ayant pas réussi à atteindre un niveau de développement durable ou à absorber le nombre croissant de jeunes cherchant un emploi, beaucoup ont adopté des politiques d’ajustement structurel. Ces politiques ont amené l’État à presque totalement se désengager de l’investissement dans le secteur public, ce qui a entraîné une hausse des taux de chômage et une baisse des soutiens sociaux de l’État et, au final, un grave recul des droits sociaux et économiques. À plus long terme, cette détérioration a eu de lourdes conséquences sur le statut des femmes, comme l’atteste le rapport du PNUD Rapport sur le développement humain dans le monde arabe 2002 qui montre les progrès de l’analphabétisme, du chômage, de la pauvreté et la marginalisation politique croissante des femmes.
11Dans les années 1980, alors que de nombreux pays arabes traversaient des crises économiques et sociales, la plupart de leurs dirigeants arrivaient toujours à se dérober devant les problèmes intérieurs et n’apportaient que des réponses minimales aux revendications de changement dans l’économie et la politique. L’effondrement du « bloc communiste », allié traditionnel de nombreux pays arabes, a encore accentué le recul du nationalisme progressiste, tandis que la menace israélienne persistait, que la question palestinienne n’avait toujours pas trouvé de solution, et que la révolution iranienne mettait fin au régime du Shah et portait au pouvoir des dirigeants religieux islamistes. Alors que les pays arabes connaissaient une stagnation interne, une pression externe de plus en plus forte les contraignait à introduire encore davantage de changements, cette fois-ci sous la bannière d’une nouvelle politique de développement, celle de la « bonne gouvernance » soutenue par la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, les États-Unis et de nombreux donateurs européens.
12La logique de la « bonne gouvernance » forma la structure des interventions états-uniennes dans la région, puis elle prit encore davantage d’importance et fonda la vague agressive de « démocratisation » de la région qui regagna en force après le 11 septembre 2001 et culmina avec le rassemblement de troupes pour un « changement de régime » en Irak. Selon une information récente, le gouvernement états-unien actuel impute les nombreux maux de la société arabe à un manque de démocratie et au statut inférieur des femmes arabes. Les représentants officiels états-uniens affirment qu’en se concentrant sur des projets de construction de la démocratie et en redirigeant les fonds de l’aide vers des projets menés à la base, on arrivera à deux résultats. Tout d’abord se développeront une volonté et une capacité de réforme des gouvernements autoritaires, les grands comme les petits. Ensuite les États-Unis verront leur image s’améliorer auprès des hommes et des femmes de la rue dans les pays arabes ; ils ne seront plus vus comme une puissance malfaisante dont le seul souci serait de défendre Israël et de protéger son accès au pétrole bon marché. Après les infrastructures et le libre-échange, c’est la démocratie qui occupe la première place dans le programme régional de l’USAID (Washington Post du 4 novembre 2002). La promotion de la démocratie et de l’État de droit implique des activités de renforcement de la « société civile » et un soutien important aux ONG.
13Dans le monde arabe, le souci de démocratie professé par les États-Unis suscite le scepticisme de bien des personnes qui suspectent son authenticité et doutent que des mesures soient jamais prises pour le mettre en application. Selon Mustapha Kamel Al Sayyid, directeur du Centre d’étude des pays en développement de l’Université du Caire, il n’est pas de l’intérêt des États-Unis de promouvoir une vraie démocratie en Égypte dans la mesure où la seule alternative viable au gouvernement actuel est l’opposition islamiste – un groupe connu pour son rejet de la politique américaine. « Si la démocratie finit par donner une plus grande place aux islamistes dans la politique, il ne fait aucun doute que le gouvernement états-unien ne va rien faire en pratique pour réellement la promouvoir » (Cairo Times du 21 novembre 2002).
14Compte tenu de ce scepticisme, la question du rôle de la « société civile » dans le processus de démocratisation enflamme encore davantage le débat, déjà virulent dans le monde arabe, sur le rôle que veulent jouer les ONG arabes et sur celui qu’elles jouent effectivement, en particulier les ONG de femmes, dans le processus de développement, de démocratisation et de changement social.
Développement et féminisme : échos de la rencontre coloniale
15Ces débats doivent être étudiés avec la plus grande attention, en tenant compte du fait que l’aide extérieure, qu’elle émane des agences des Nations unies ou des gouvernements étrangers, est considérée, dans de nombreux pays du tiers-monde, comme une faible portion de ce qui a été volé à ces pays dans l’histoire, dans un prolongement de la rencontre coloniale. Le problème ne tient donc pas à l’aide elle-même mais plutôt à la façon dont elle est investie, aux groupes vers lesquels elle est dirigée et aux moyens de la soumettre à un plus grand contrôle démocratique.
16Selon certaines féministes arabes, « le but des colons était de faire reculer la culture locale » par le « féminisme colonial » (Ahmed 1992). Comme Lazreg, Ahmed est troublée de constater une ressemblance entre les discours coloniaux et les discours de certaines féministes occidentales contemporaines qui, dit-elle, dévalorisent les cultures locales et présupposent qu’il n’existe qu’une voie vers l’émancipation des femmes, celle qui « adopte les modèles occidentaux » (Ahmed 1992, Lazreg 1994). À l’opposé, Badran rejette cette position en disant que « discréditer ou légitimer le féminisme par des motifs culturels… relève de projets politiques ». Elle affirme que les origines du féminisme ne se trouvent dans aucun lieu culturellement « pur » : « Des éléments externes – externes à la classe, à la région, au pays – sont appropriés et intégrés au tissu de l’“indigène” ou du local. L’Égypte, par exemple, s’est approprié et a absorbé dans son histoire “des éléments étrangers” et en a tiré une culture indigène très vivante » (Badran 1995, 31-32). Elle affirme que le féminisme égyptien fait partie de cette culture indigène et souligne que des femmes comme Huda Sharawi et Ceza Nabarawi ont été plus nationalistes et moins accommodantes avec le colonialisme britannique que les hommes de leur classe. Les féministes égyptiennes ont certes rencontré des féministes européennes, elles ont certes développé leurs idées en relation avec les organisations féministes européennes, mais elles étaient indépendantes politiquement et ont critiqué le soutien des Européens au sionisme. En outre, leur principal souci était la condition des femmes égyptiennes et des femmes arabes. Les féministes égyptiennes étaient donc solidement implantées dans leur société, elles se préoccupaient de leur société et ne peuvent pas être rejetées au motif qu’elles seraient des agents occidentaux (et donc inauthentiques en quelque sorte).
17Abu-Lughod poursuit en notant « que ces notions de cultures séparées ont elles-mêmes été produites par la rencontre coloniale. Des analyses différentes des idées politiques de l’Orient et de l’Occident sur les femmes sont donc possibles, des analyses qui ne produisent pas des récits sur la domination culturelle par opposition à la résistance, sur la loyauté à sa culture par opposition à la trahison ou sur la perte de la culture par opposition à sa protection. Il est également possible d’explorer, dans toutes leurs spécificités, les dynamiques culturelles réelles de la rencontre coloniale et de ses conséquences » (Abu-Lughod 1998, 16).
18S’appuyant sur son étude empirique des mouvements de femmes égyptiennes, Al-Ali conclut que « les militantes égyptiennes, en dépit d’inclinations idéologiques diverses, ont bien été actives dans leurs environnements culturels, sociaux et politiques particuliers. Je suis toujours étonnée de voir que les militantes continuent à être discréditées aux motifs qu’elles sont affiliées à certaines classes ou qu’elles ont des liens avec la culture et l’éducation européennes alors que la classe et les études des militants masculins, notamment les communistes, ne semblent ne pas être examinées d’aussi près » (Al-Ali 1998, 121). Pour ne pas tomber dans ces dichotomies culturelles, on peut conclure qu’il est important d’étudier – de préférence empiriquement – le contexte de travail de ces groupes et de ces organisations, leurs stratégies, leur forme d’organisation, les liens qu’ils entretiennent avec d’autres groupes sociaux et politiques, avec l’État et avec les puissantes agences extérieures et leurs modèles de développement.
19À partir d’un certain nombre d’études empiriques sur les ONG de femmes en Égypte, en Palestine et dans d’autres pays du tiers-monde d’Afrique et d’Amérique latine, on peut essayer d’avancer certaines conclusions sur la nature de ces organisations resituées dans leur contexte. Dans le monde arabe, on observe la prolifération rapide de groupes dont la vocation est de répondre à un problème particulier, ce qui pourrait être l’une des façons de définir une ONG ; nous devons nous demander par quels moyens ces groupes pourraient replacer ces problèmes dans un contexte plus global ; et, en allant plus loin, nous interroger sur le lien entre cette lutte (autour de questions le plus souvent liées aux droits sociaux) et un contexte politique, social et économique plus général. Il est important de recadrer ainsi les problèmes qui se posent aux femmes pour identifier les autres groupes sociaux susceptibles, sur un problème précis, de se joindre à la lutte pour le changement. Mais jusqu’à maintenant, on peut voir que la plupart des ONG de femmes arabes ne s’essaient pas à une analyse complète, par exemple du rôle de l’État dans la persistance de certains problèmes ; pas plus qu’elles ne posent de questions sur les projets de l’État pour un changement social, ou sur le rôle que pourrait jouer une force politique sociale et féminine plus large dans ce changement.
20L’expérience de l’Amérique latine montre que cette analyse est nécessaire. Les mouvements de femmes latino-américaines ont montré que la reconnaissance des droits des femmes ne s’obtient pas en implorant un État autoritaire ni en isolant les femmes dans des organisations de femmes. Si les femmes latino-américaines ont réussi à faire prendre en considération leurs revendications dans toutes les instances de l’État et de la société, c’est en créant leurs propres organisations, puis, élargissant leur base politique, en s’alliant avec des partis politiques et en participant aux luttes pour la démocratisation et la transition politique (Alvarez 1990 ; Molyneux 1996 ; Waylen 1996). Ces auteures ont montré que les organisations de femmes n’ont pas suivi une voie unique ou une seule stratégie dans leur conflit avec l’État mais qu’elles ont au contraire déployé une approche multidimensionnelle ouvrant de nombreuses options.
21Waylen souligne une idée importante en disant que, pour former un pouvoir politique, les organisations de femmes doivent faire le lien entre les besoins et les intérêts des femmes pauvres et les intérêts des femmes de la classe moyenne. Pour défendre le concept de citoyenneté, il faut s’engager pour le principe d’égalité et pour des principes universaux mais il ne faut pas présupposer que le groupe est uniforme et que tous ses membres ont les mêmes besoins et les mêmes intérêts (Molyneux 1998, 84). Les mouvements de femmes arabes doivent assumer la tâche difficile de réconcilier des intérêts de classe différents. C’est en partie la structure de l’organisation qui va déterminer de quelle façon ces défis vont être relevés, et c’est là que le besoin d’une approche différenciée et nuancée du concept de « société civile » s’impose.
L’ONGisation des mouvements de femmes arabes
22La formation d’ONG de femmes dotées d’objectifs sociaux particuliers marque un grand changement de forme et de structure dans le militantisme des femmes arabes. Les premières années du XXe siècle se sont caractérisées par la multiplication des salons littéraires féminins, essentiellement pour les femmes très cultivées et hautement formées de la classe moyenne supérieure. Les femmes des classes moyenne et supérieure urbaines dirigeaient aussi des sociétés caritatives et, plus tard, des unions politiques de femmes ouvertes à toutes. En Palestine par exemple, les sociétés caritatives ont recruté des centaines de femmes dans leurs organes administratifs et dans leurs assemblées générales de même que les organisations de femmes ont eu un grand nombre de membres jusque dans les villages et, après 1948, dans les camps de réfugiés. Si l’on compare leur ampleur avec celle des ONG contemporaines, on note facilement un recul numérique.
23Pour les ONG, la structure la plus courante consiste en un conseil comprenant de sept à vingt membres auquel s’ajoute un personnel administratif et spécialisé très qualifié, généralement très réduit et variable selon le nombre et le caractère des projets à mener. Souvent, ce n’est pas le conseil qui détient le pouvoir de décision, comme il serait censé le faire, mais le directeur ou la directrice dont le pouvoir dépend de la capacité à trouver des fonds, à convaincre, à bien présenter et à délivrer les rapports bien rédigés que demandent les donateurs. Pour répondre à ces demandes, des compétences de communication et la maîtrise de l’anglais deviennent essentielles. Dans certains cas, la direction d’une ONG a le pouvoir de modifier la composition du conseil, sans même que les membres le sachent. Pour une meilleure communication avec les donateurs, le personnel administratif doit avoir de hautes compétences spécialisées ; cette spécialisation n’a pas forcément d’effet direct sur les liens de l’ONG avec les bases locales, mais la plupart du temps, elle en a.
24Dans l’expérience palestinienne, les qualités nécessaires aux cadres dans les organisations connues comme « organisations de base » – les comités des femmes, qui étaient des sections des formations politiques soutenant la première Intifada palestinienne – étaient très différentes de celles exigées du personnel d’une ONG. La réussite des cadres se mesurait à l’organisation et à la mobilisation des masses ; elle dépendait de leur capacité à construire des relations avec des personnes. Les cadres, hommes et femmes, réussissaient parce qu’ils avaient une « cause » à défendre, une mission, et parce qu’ils croyaient aux formations politiques dont ils étaient membres. Il était important pour eux d’être connus et d’avoir la confiance des membres, de pouvoir facilement les joindre, de se préoccuper d’elles et de les aider quand c’était nécessaire. La tâche nécessitait un travail quotidien, accaparant, fatigant, d’organisation et de développement de réseaux. Ces cadres connaissaient leur base personnellement et la communication se faisait par un contact humain.
25À l’opposé, les ONG dépendent essentiellement des méthodes modernes de communication comme les médias, les ateliers et les conférences – des outils mondialisés plutôt que locaux. Ces méthodes ne sont pas forcément mauvaises en elles-mêmes mais elles sont surtout utilisées pour « défendre » ou « former » un « groupe cible » défini en général pour le temps nécessaire à la mise en œuvre du « projet ». La base politique n’est pas ici un groupe social naturel ; il est plutôt abstrait, réceptif et moins interactif ; le « ciblage » est limité par la durée du projet. Compte tenu de cette temporalité du projet et de la base qu’il cible, il est difficile de mesurer l’impact de l’intervention. À cet égard, la politique de « ciblage » est toujours limitée et mise en œuvre par des professionnels engagés par l’organisation pour faire ce « travail » qui se démarque de ce que serait une « mission » menée sur la base de convictions et de bénévolat. En outre, les ONG n’ont pas pour but d’organiser ou de mobiliser. Ces différences de structures et d’objectifs entre les ONG et les organisations de bases expliquent les difficultés des ONG à mobiliser ou à organiser.
26En ce qui concerne la gouvernance interne des ONG, l’étude de plus de 60 ONG palestiniennes montre que les conseils jouent un rôle marginal et que la plupart des employés ne participent pas aux prises de décisions en raison de « leur passivité et de leur manque de compétences » (Shalabi 2001, 152). Les « groupes cibles » ne sont pas associés aux décisions ni à l’élaboration des politiques. Dans de nombreuses ONG de femmes, le personnel n’a aucun lien avec le budget général de l’organisation et ne sait pas comment il est distribué. Selon Shalabi, la gouvernance interne des ONG étudiées est « un reflet exact du système politique palestinien basé sur la prise de décision individuelle, le népotisme et le clientélisme » ainsi que sur l’absence de règles organisant les relations internes. Dans certains cas, des conflits syndicaux ont éclaté et ont été résolus « dans des conditions très éloignées de l’état de droit » (Shalabi 2001, 154).
27Ces différences sont importantes pour dissiper la confusion très fréquente entre les mouvements sociaux et les ONG. Pour avoir du poids ou, pour parler en termes politiques, du pouvoir, un mouvement social doit s’appuyer sur une base numérique importante. Selon Tarrow, les mouvements sociaux sont constitués par le fait qu’« à leur base se trouvent les réseaux sociaux et les symboles culturels par lesquels les rapports sociaux s’organisent. Plus les réseaux sont denses et les symboles familiers, plus les mouvements ont de chances de se développer et de continuer à exister » (Tarrow 1994, 2). Tarrow ajoute que « la contestation collective par l’affrontement physique est la base des mouvements sociaux ; non parce que les mouvements sont toujours violents ou extrêmes mais parce que c’est le recours principal, et souvent le seul, que possèdent les gens face à des opposants mieux équipés » (Tarrow 1994, 2).
28On peut dire la même chose des mouvements de femmes. Pour resituer les « mouvements de femmes » dans leur contexte, nous devons d’abord nous demander ce qu’est un « mouvement de femmes » et ce qui le distingue des « femmes en mouvement » (Rowbotham 1992 citée dans Jackson et Pearson 1998). Pour commencer, il existe des visions très différentes de ce qui définit un mouvement de femmes. Un certain type de mouvement mobilise pour revendiquer le droit de vote des femmes ; il a une direction, des membres et de nombreuses formes d’activités politiques ; d’autres formes de solidarité s’appuient sur des réseaux, des clubs ou des groupes. Selon Molyneux, un mouvement requiert aussi l’existence d’un problème social ou politique suffisamment important, en termes numériques, et se caractérise par sa capacité à provoquer un changement, dans les domaines légal, culturel, social ou politique. Un mouvement de femmes peut se caractériser par différents modes d’organisation, par une diversité d’intérêts, de formes d’expression et de localisation. En outre, il se compose en grande majorité, sinon exclusivement, de femmes (Molyneux 1998, 223).
29Il est donc préférable de réserver le mot de « mouvement » à des groupes plus importants et plus efficaces que les petites associations. Mais il est important de noter que de nombreuses petites associations, même si elles ont des programmes d’action très divers, peuvent, par effet cumulatif, finir par composer un mouvement de femmes. Dans ce cas, le mouvement n’a pas d’organe central de coordination ni de programme d’action commun, même si les objectifs sont communs.
30Ces longues citations visent à montrer les principaux éléments nécessaires pour qu’un mouvement puisse être porteur de changement. Comme on l’a vu précédemment, la structure type des ONG les empêche d’être des agents de mobilisation ou d’organisation si bien que, même si elles se développent, elle ne peuvent pas construire de base locale ou traiter de problèmes liés aux droits sociaux, politiques ou économiques à un niveau macro ou national. Si elles se donnaient ces objectifs, elles ne pourraient plus être des ONG.
31Parce qu’elles dépendent de la communication par les médias pour sensibiliser le public sur des questions nationales (par exemple la fraude électorale, la corruption), les ONG peuvent rencontrer des difficultés qui montrent que l’absence d’une base locale large peut être une faiblesse. Les cas de Sa’ad el-Dine Ibrahim, défenseur de longue date de la « société civile » égyptienne, et d’Eyad Sarraj, grand défenseur des droits humains des Palestiniens, tous deux emprisonnés par leurs gouvernements, doivent être analysés car ils permettent de comparer l’efficacité des ONG et des « mouvements ». Les grands « problèmes » tels que ceux soulevés par ces militants doivent être portés par une base organisée, faute de quoi l’action risque d’être considérée comme hors limite et d’attirer des sanctions autoritaires.
32Il n’est pas facile, et peut-être pas possible, de rassembler un grand nombre d’ONG de femmes autour d’un but commun – ce qui serait le minimum pour définir « les femmes en mouvement ». Il s’avère que la structure des ONG crée des acteurs dotés de pouvoirs parallèles fondés sur leur reconnaissance internationale et sur leur capacité à facilement mobiliser des personnalités d’envergure nationale et internationale. Mais cette reconnaissance internationale ne se traduit pas en une reconnaissance ou une légitimité locale et nationale. Elle crée une concurrence entre les directeurs et directrices des différentes ONG et il devient alors difficile de trouver des compromis ou de s’accorder sur des buts communs car celui ou celle qui accepte le compromis risque d’être considéré comme plus faible que ses homologues. Il est possible d’arriver à un certain niveau de coordination entre des ONG dotées d’objectifs similaires mais plus difficilement avec des organisations de femmes aussi différentes que des sociétés caritatives et des organisations de base. Les dirigeants et dirigeantes d’ONG, forts de leur niveau d’éducation, de leurs qualifications professionnelles et parlant couramment le « jargon » international du développement, ont tendance à traiter les autres avec condescendance.
33Ces observations sont confirmées par les études menées dans des ONG actives dans d’autres pays du tiers-monde où les partisans d’une approche « partant de la base » affirment que l’organisation de la pression et de la participation populaires depuis la base est une condition nécessaire du changement politique et du progrès économique. Ils sont également très sceptiques quant à la capacité et à la volonté des régimes de réellement se réformer. Dans ces conditions, une approche « partant du haut » risque d’être tout simplement inefficace car les donateurs officiels doivent le plus souvent travailler avec les gouvernements des pays receveurs. Dans ces conditions, l’approche « partant de la base » risque elle aussi d’échouer, bien que ce soit pour des raisons différentes.
34La capacité des ONG à encourager des développements participatifs au-delà de la base est relativement réduite parce que leurs projets sont de nature provisoire. Les activités des ONG sont en général organisées en projets ; le niveau de coordination entre des ONG dotées d’objectifs différents est faible ; et la possibilité de stimuler un changement au-delà de groupes cibles étroitement définis est au mieux incertaine. Quoi qu’il en soit, l’empowerment par la base demande beaucoup de temps. Mais surtout, il est naïf de croire qu’il est possible de bien promouvoir un développement participatif à la base dans des pays en développement dont les gouvernements sont notoirement réfractaires à toute réforme des systèmes politiques et économiques. Si les gouvernements ne souhaitent pas la réforme, ils vont anéantir les développements participatifs où qu’ils apparaissent, dès lors qu’ils risqueront de nuire au pouvoir des élites dirigeantes. L’expérience des ONG de nombreux pays est là pour le montrer. De toute évidence, l’approche « partant de la base » doit pouvoir compter sur des mesures de soutien des autorités gouvernementales (Nunnenkamp 1995, 14-15).
35La question suivante s’impose alors : les gouvernements arabes souhaitent-ils introduire des réformes ? Agissent-ils pour se réformer ? D’après ce que l’on peut voir en Irak, en Égypte, en Palestine, en Arabie saoudite et dans d’autres pays arabes, la réponse est deux fois non. La présence d’épouses de présidents et de dirigeants, de princesses et de personnalités féminines importantes dans certaines ONG de femmes ne peut pas être interprétée comme une volonté de réforme ; elle signifie plutôt que les droits et les revendications des femmes sont considérés comme apolitiques et politiquement inoffensifs car ils ne touchent pas les fondations politiques, économiques et sociales des régimes du monde arabe.
36Dans cet article, j’ai voulu montrer que le rôle attribué aux ONG de femmes arabes par les agences des Nations unies et les organisations internationales de développement, un rôle qui leur demande de porter la démocratisation et le développement participatif, doit être réévalué sur la base d’études empiriques et ne doit plus s’inspirer des anciennes dichotomies de l’Occident contre l’Orient. Par leurs formes et leurs structures effectives, les ONG de femmes arabes peuvent défendre les droits des femmes arabes dans la sphère internationale, elles peuvent apporter une aide à certains groupes défavorisés, proposer de nouvelles politiques et de nouvelles visions, produire et diffuser des informations. Mais si le but est de stimuler une évolution vers un développement général, durable et vers la démocratisation, on a besoin d’une autre forme d’organisation dotée d’une vision différente, localement ancrée, et d’un pouvoir plus durable pour un changement social.
Traduit de l’anglais. Texte original: The « NGOisation » of the Arab women’s movement. IDS Bulletin. 35 (4) : 34-42. 2004.
Bibliographie
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