Les femmes, les distinctions hommes/femmes et la politique de développement urbain
p. 69-87
Note de l’éditeur
Référence : Moser, Caroline. “Les femmes, les distinctions hommes/femmes et la politique de développement urbain”, in Christine Verschuur et Fenneke Reysoo, Genre, mouvements populaires urbains et environnement. Genève, Cahiers Genre et Développement, n°6, Genève, Paris : EFI/AFED, L'Harmattan, 2007, pp. 69-87, DOI : 10.4000/books.iheid.5799 – Acheter le .pdf chapitre éditeur.
Note de l’auteur
Cet article est une synthèse abrégée et amendée d’un certain nombre de problèmes étudiés par C. Moser (et L. Peake) dans « Seeing the Invisible : Women, Gender and Urban Development » dans Stren R. (Ed.), Urban Research in the Developing World, volume 4, Thematic Issues, Centre d’études urbaines et communautaires, Université de Toronto, Toronto. J’ai entrepris cette large analyse en tant que membre du Comité consultatif pour le projet de recherche financé par la Fondation Ford portant sur la recherche urbaine dans le monde en développement. Je remercie Richard Stren et Judith Kjelberg Bell, du Projet de recherche de Toronto, pour leur importante contribution.
Texte intégral
Introduction
1Les problèmes des femmes dans les villes du tiers-monde et les aspects masculins/féminins du développement urbain font-ils l’objet d’un programme de recherche urbaine distinct ou sont-ils déjà correctement intégrés dans les programmes de recherche existants ? Cet article se propose d’examiner successivement les différents programmes de recherche sur les femmes, les inégalités entre les sexes et le développement urbain au cours des trois dernières décennies pour voir dans quelle mesure ces problèmes ont fait l’objet d’études séparées ou ont été englobés dans les grands thèmes de recherche. Ce faisant, nous comprendrons pourquoi les problèmes des femmes sont demeurés jusqu’ici une préoccupation marginale et nous verrons leur importance capitale pour les programmes des années 1990, où « la voix des femmes doit entrer en ligne de compte dans la définition du développement et dans les choix des pouvoirs publics en matière de politiques » (Sen et Grown 1987).
2Définir un programme de recherche est toujours un processus complexe. Néanmoins, il peut être utile de distinguer, pour commencer, entre trois approches différentes de la recherche sur les femmes du monde en développement, approches qui toutes trois ont eu une influence déterminante sur le programme en constante évolution de la recherche sur les femmes dans la ville. La première approche ne tient aucun compte de la variable hommes/femmes et se fonde sur le principe que « l’homme est la norme ». Cette interprétation « masculiniste » des choses conduit à ignorer que la connaissance a des dimensions féminines et masculines, ce qui ne va pas sans quelques difficultés lorsqu’il s’agit de définir les problèmes à étudier. La recherche qui ne tient pas compte des distinctions entre les sexes ignore ces problèmes, les comprend de travers ou même les banalise. La deuxième approche est celle du mouvement Women in Development (WID) (Les femmes et le développement). L’expression « WID » a été forgée au début des années 1970, aux Etats-Unis, par un groupe de femmes chercheuses et spécialistes du développement, qui se sont rendu compte que les projets de développement du tiers-monde avaient des conséquences négatives pour les femmes. Pour le WID, les femmes jouent un rôle actif dans le processus de développement, à la fois par leurs activités productives et leurs activités reproductives, et leur contribution, si souvent ignorée, à la croissance économique est capitale. Cette approche soutient donc que les femmes constituent une ressource non exploitée en matière de développement et qu’elles doivent être « associées » au processus de développement1.
3Plus récemment, comme on s’est rendu compte des limitations de l’approche consistant à traiter isolément les problèmes des femmes, l’attention s’est portée sur la nécessité d’envisager les femmes par rapport aux hommes, d’où la notion de « genre » et la troisième approche de recherche, c’est-à-dire l’approche Gender and Development (GAD) (Genre et développement). Ce changement d’optique, où le concept de genre se substitue à celui de femmes, se justifie par la volonté d’envisager les problèmes féminins moins en terme de sexe, c’est-à-dire de différences biologiques entre hommes et femmes, qu’en terme de genre, c’est-à-dire de rapports sociaux entre les hommes et les femmes, rapports dans lesquels les femmes ont été systématiquement subordonnées aux hommes (Moser 1994 : 4).
4Donc, le WID tend à s’intéresser aux femmes en tant que catégorie distincte de recherche, et pour elles-mêmes, et cherche plutôt à identifier les principaux problèmes des femmes et à apporter des solutions pour les aider à mieux participer aux processus de développement en répondant à leurs besoins pratiques spécifiques. Par contre, l’approche GAD met l’accent sur les rapports entre les hommes et les femmes, et sur la manière particulière dont ces rapports sont organisés dans le temps et dans l’espace – c’est-à-dire la manière dont les femmes sont subordonnées aux hommes dans ces relations asymétriques, de même que leur accès plus restreint aux ressources et leurs possibilités d’action plus limitées sur ces ressources. Les solutions que propose cette approche sont axées moins sur les femmes prises isolément que sur les moyens d’équilibrer ces rapports asymétriques, notamment en répondant aux besoins stratégiques de l’un et l’autre sexe (Moser 1989, 1993).
5Néanmoins, malgré leurs différences conceptuelles, ces deux approches présentent un certain nombre de traits communs : il s’agit dans l’un et l’autre cas de recherches effectuées principalement par des femmes ; la capacité de ces femmes à s’identifier aux autres femmes, et leurs expériences communes, les amènent souvent à confondre le domaine personnel et le domaine professionnel. Peu d’hommes traitent sérieusement les distinctions hommes/femmes dans la recherche, et les femmes qui le font ne sont pas non plus très nombreuses. Le fait est que pour être prises au sérieux, bon nombre de femmes spécialistes du développement veillent à ne pas concentrer leur attention sur les problèmes féminins.
6Dans la recherche urbaine, cette attitude a été exacerbée par le fait que le domaine de l’« urbain », en tant que domaine de planification, a été défini principalement en termes physiques et spatiaux se référant au travail « des hommes », et qu’il traite de problèmes tels que les transports, le logement, l’aménagement et l’infrastructure. Autant de domaines relevant des sciences exactes, ou « dures » telles que l’économie, la planification, le génie civil, l’architecture, l’administration publique et la géographie. Par contre, les sciences sociales, ou « douces » où prédominent les chercheurs femmes (mais non les problèmes des femmes), telles que la sociologie, la démographie et, dans une certaine mesure, l’anthropologie, portent sur des domaines tels que la santé, l’éducation et la famille, plus souvent traités en tant que problèmes sectoriels distincts au niveau national.
7Pour finir, il importe également de faire une distinction entre la recherche spécifique sur la ville et la recherche qui inclut simplement les femmes vivant en zone urbaine. Bien qu’il existe déjà tout un corps de recherches sur les rapports entre les femmes/genre et l’« urbain », les études qui n’abordent cette question qu’incidemment, simplement parce que l’objet d’étude se trouve « situé » en milieu urbain, sont beaucoup plus nombreuses. Mais le fait d’être situé en milieu urbain ne transforme pas automatiquement ces objets en problèmes de l’« urbain ».
La recherche et son évolution
8La recherche sur les femmes, les distinctions hommes/femmes et le développement urbain ne s’est pas effectuée de façon isolée. Il existe des rapports évidents entre les modèles macroéconomiques de développement, les paradigmes théoriques de développement, les approches de la recherche sur « les femmes et le développement » et la recherche plus axée sur la vie des femmes dans la ville. Quatre « périodes » distinctes peuvent être identifiées, qui chacune ont été dominées par un modèle théorique particulier de développement et une politique spécifique. La première a été la période de la « Modernisation et croissance des villes » (dans les années 1950 et 1960) ; la deuxième a été celle de la « Redistribution accompagnant la croissance dans les villes : les besoins fondamentaux » (dans les années 1970 et au début des années 1980) ; la troisième celle de la « Gestion des villes » (première moitié des années 1980) ; et la quatrième celle des « Solutions pour les villes en crise » (fin des années 1980 et années 1990).
9Un examen détaillé de la recherche sur les femmes, les distinctions hommes/femmes et le développement urbain durant chacune des quatre périodes identifiées du développement urbain du tiers-monde met en lumière plusieurs stades successifs, importants et clairement définis, qui se répètent dans chacune des quatre « périodes » du développement urbain (mais sont peut-être plus évidents dans les derniers stades). Le premier stade est celui de la recherche aveugle à la variable hommes/femmes. Bien que plus caractéristique des années 1960 et 1970 que de la période actuelle, cette ignorance de la variable hommes/femmes empêche encore de nombreux chercheurs de reconnaître le caractère déterminant des rapports entre les sexes lorsqu’il s’agit d’apprécier la participation des femmes à la vie urbaine, leur rôle dans la résolution des problèmes urbains, et de planifier l’évolution future des villes.
10Au deuxième stade, on s’efforce de « prouver » que les femmes sont importantes dans le processus de développement urbain envisagé, ce que l’on fait en les rendant plus « visibles ». Dans une large mesure, ce travail de « prise en compte des femmes » s’est effectué dans un cadre de recherche WID. Cette méthode « ajouter les femmes et agiter », qui a donné « les femmes et… le logement ;… la santé ;… l’eau ; etc. » présente de façon descriptive la participation des femmes aux différents domaines urbains, mais tend à envisager les femmes en tant que catégorie isolée et pour elles-mêmes.
11Au troisième stade, on passe des femmes en soi à la variable hommes/femmes. A ce stade, on s’efforce d’identifier les aspects masculins et féminins de la vie urbaine et de préciser dans les différents contextes les contraintes différentes qu’impose aux hommes et aux femmes l’organisation sociale des rapports entre les sexes quant à leur accès respectif et leur participation aux divers domaines de la vie urbaine. Cette recherche qui s’est effectuée dans une perspective GAD porte aussi bien sur les différences entre les femmes elles-mêmes que sur les différences entre les hommes et les femmes.
12Enfin, le quatrième stade est celui des prescriptions et recommandations quant aux politiques à mettre en œuvre. Vu les difficultés d’ordre politique et les sensibilités « culturelles » auxquelles se heurtent les prescriptions visant à remédier aux inégalités entre les sexes – les besoins stratégiques des hommes et des femmes –, la recherche axée sur les politiques a fait un retour en arrière et est revenue au cadre de recherche WID, plus confortable, qui traite les besoins pratiques de l’un et l’autre sexe. Mais il faut bien reconnaître qu’en fin de compte toute la question est de savoir qui définit la politique – les décideurs, qui prennent les mesures au sommet et les imposent à la base, ou les femmes qui, en tant que détentrices des enjeux, imposent des mesures à partir de la base ? On retrouve ces quatre stades clairement différenciés dans chacune des quatre périodes identifiées du développement du tiers-monde. Nous ne pouvons ici que mentionner ces différentes périodes, en nous contentant de mettre en lumière le cas particulièrement frappant de la recherche concernant le secteur informel.
La modernisation : les femmes dans des villes masculines
13Dans la première période, celle de la « Modernisation et croissance des villes » (années 1950-années 1960), la recherche ne s’est pratiquement pas préoccupée des « gens » et n’a cherché qu’à mesurer les grandes tendances spatiales et démographiques. La seule exception d’importance a été la recherche sur les migrations campagne-ville et sur les problèmes d’« intégration » et d’« assimilation » urbaines, entreprise principalement par les anthropologues. Dans le monde entier, la division du travail entre les sexes en milieu rural a déterminé les aspects masculins et féminins des schémas migratoires. Dans les villes africaines et asiatiques, où ces schémas ont été principalement masculins, les femmes n’ont que rarement été incluses dans l’analyse, laquelle parlait soit de manière générale des « gens », soit plus précisément des hommes.
14Les premiers travaux décisifs des anthropologues de l’Ecole d’anthropologie urbaine de Manchester, par exemple les travaux de Max Gluckman (1958), ceux de Bill Epstein (1958) et de Clyde Mitchell (1956) sur l’Afrique urbaine subsaharienne sont sinistrement silencieux sur le sort des femmes. Dans le débat sur le changement social, le célèbre commentaire de Gluckman : « Un citadin africain est un citadin, un mineur africain est un mineur » (1961 : 69) faisait spécifiquement allusion aux hommes migrant vers les agglomérations urbaines minières du Copperbelt. De même dans son étude sur l’urbanisation des Khossa à East London, en Afrique du Sud, intitulée Townsmen and Tribesmen, Philip Mayer dit « Il » tout au long de l’ouvrage en parlant du migrant. Deux chapitres distincts consacrés aux « Filles et femmes dans la ville » montrent que sa vision des femmes en l’occurrence est plutôt celle de la prostitution, qui à son avis est pour beaucoup dans « l’immoralité des villes » (Mayer 1963 : 252)2.
15Si les très intéressantes études rurales d’Ester Boserup ont eu une influence décisive sur le développement de la politique WID, ses études urbaines, par contre, ont eu beaucoup moins d’influence sur les politiques, bien que l’auteur ait consacré les deux tiers de son livre Women’s Role in Economic Development aux zones urbaines, qu’elle définit par la formule « des femmes dans un monde d’hommes ». Ester Boserup distinguait les « villes masculines » et les « villes semi-masculines », où la préférence donnée aux travailleurs masculins sous-entendait que les femmes étaient de plus en plus « abandonnées » à leurs activités rurales traditionnelles. Ignorant le travail reproductif des femmes, elle concluait, par exemple, que dans la plupart des pays arabes, 5 pour cent des femmes, tout au plus, avaient une activité économique. « Les 95 pour cent restants, en ne parlant que des femmes adultes, ne font guère plus que préparer les repas quotidiens et s’occuper des enfants ». (1970 : 187)
Les femmes et le secteur informel
16A la fin des années 1960, la faillite de la théorie du « ruissellement » (ruissellement de la fortune vers les pauvres) a conduit à un souci croissant de la pauvreté et du chômage. Le modèle « Redistribution avec croissance : les besoins fondamentaux » (années 1970-début des années 1980) est alors devenu le modèle dominant de développement. Les études qui ont alors été consacrées aux « quartiers déshérités » et aux « taudis » et qui ont identifié les réseaux d’entraide intra-familiaux et inter-familiaux en tant que mécanismes de survie, ont presque toutes ignoré la variable hommes/femmes, ou au mieux sont restées neutres sur ce sujet. Un indicateur intéressant de l’intérêt porté aux problèmes des femmes est le nombre de mentions du mot « femmes » dans les index des matières. Dans bon nombre d’études « classiques » de l’époque sur les quartiers déshérités en Amérique latine – celles, par exemple, de David Collier (1976) sur Lima, de Wayne Cornelius (1975) et de Susan Eckstein (1977) sur Mexico, de Lisa Peattie (1970) sur Ciudad Buayana – on ne trouve aucune mention du mot « femme ».
17Les femmes sont singulièrement peu mentionnées dans les travaux axés sur les mesures d’action publique qui dans les années 1970 ont été principalement consacrés au secteur informel. En 1981, Sethuraman, de l’ILO, concluait une étude portant sur neuf villes africaines, asiatiques et latino-américaines par cette réflexion : « La participation des femmes aux secteurs informels paraît étonnamment faible » (1981 : 190). Les enquêtes de l’ILO étant axées sur l’entreprise, et surtout les grandes entreprises du secteur productif, elles sont « passées à côté » de l’immense majorité des femmes concentrées dans le travail à domicile, la sous-traitance et le travail non reconnu des épouses dans les entreprises familiales. En outre, elles ont oublié les petites entreprises individuelles du secteur des services et du secteur de la distribution, qui dans de nombreux contextes sont essentiellement des entreprises féminines (Moser 1984). Les projets visant à satisfaire les besoins fondamentaux ont identifié les femmes dans leur rôle reproductif, comme bénéficiaires des infrastructures, telles que l’adduction d’eau et l’équipement sanitaire. Bien que la recherche sur les projets de logement ait montré que « sans les femmes le projet n’aurait jamais marché » (Chauhen 1983 : 42), la variable hommes/femmes n’a jamais été retenue comme catégorie analytique et l’important rôle joué par les femmes dans la participation de la population locale a rarement été mentionné dans la recherche portant sur les mesures d’action publique3.
18Dans les années 1970, l’influence de la seconde vague de féminisme qui a marqué la fin des années 1960 et la décision des Nations unies de consacrer la décennie 1975-1985 à la femme ont entraîné le développement d’un programme de recherche parallèle. Il s’agissait d’une recherche à la fois WID et GAD, entreprise principalement par des femmes, dans laquelle les perspectives WID et GAD étaient consacrées comme deux domaines d’analyse distincts.
19C’est au rôle productif des femmes que s’intéressa cette recherche, dans l’intention d’« infirmer » la thèse de l’ILO selon laquelle il n’y avait que peu de femmes dans le secteur informel. Une profusion d’études vinrent bientôt prouver que les femmes y étaient cependant bel et bien et démontrer le rôle capital du secteur informel comme source de revenu pour les femmes. Des travaux décisifs, tels que ceux de Nirmala Banerjee (1981) sur Calcutta, de Mira Savara (1981) sur Madras, de Lourdes Arizpe sur Mexico (1977), de Marianne Schmink (1982) et de Tom Merrick (1976) sur Belo Horizonte, de Nici Nelson (1979) et de Janet Bujra (1986) sur Nairobi, d’Eleanor Wachtel (1975) sur Nakuru, de Lee Jellinek (1978) sur Jakarta, démontrèrent et quantifièrent le taux élevé de participation féminine au secteur informel.
20Une fois « prouvée » la présence des femmes dans le secteur informel, la recherche se tourna vers l’analyse des rapports hommes/femmes dans ce secteur en se plaçant dans une perspective GAD. A Lima, MacEwen Scott conclut, par exemple : « l’image classique de l’emploi dans le secteur informel est en fait bien plus conforme à la réalité en ce qui concerne le travail des femmes »4. Des recherches sur la production de petits articles de consommation ont montré que l’exploitation des femmes ne se limitait pas au secteur formel. Dans un contexte d’intense concurrence, les distinctions hommes/femmes jouaient souvent comme élément déterminant de la division du travail, cantonnant les femmes dans les domaines les moins lucratifs (Moser 1981 : 28). La recherche a en outre permis d’identifier d’autres contraintes liées à la condition féminine dans le secteur informel, par exemple en matière d’accès aux crédits, les femmes étaient le plus souvent dans l’impossibilité de fournir des garanties (Bruce 1980 ; IWTC 1985) ; de même qu’en matière d’épargne – à Ahmedabad, faute de pouvoir disposer de leur épargne, comme l’a montré une importante étude de la SEWA (Self-Employed Women’s Association), les femmes ne pouvaient pas développer leur entreprise (Sebsted 1982 ; Karl 1983) ; et, en matière de mobilité, les femmes étaient limitées, ayant à s’occuper de leurs enfants (Chant 1987).
21Cependant, les implications de cette recherche axée sur les mesures d’action publique ont donné lieu à controverse. La question du travail non rémunéré des femmes dans les entreprises familiales ou celle de leur accès inégal au crédit ne pouvait être réglée que si les femmes acquéraient un pouvoir plus large sur les ressources et si la répartition des tâches au sein du ménage était modifiée. La recherche axée sur les politiques à mettre en œuvre accusa donc une tendance à revenir à une perspective WID, à traiter les femmes en tant que catégorie séparée, à mettre au point des mesures visant à accroître leurs options génératrices de revenu dans les activités spécifiquement féminines à petite échelle, qui pourraient être développées par les ONG5.
Logements et problèmes de santé
De nombreux problèmes de santé sont liés à la structure du logement : construction inappropriée, protégeant mal de la chaleur ou du froid, du bruit, de la pluie, de la fumée, des insectes et des rongeurs ; approvisionnement en eau déficient en quantité et en qualité, cause importante de maladies et de tensions à cause du manque de temps, d’énergie et d’argent pour s’en procurer ; raccordements inexistants ou précaires à l’électricité, obligeant le recours à des combustibles polluants et n’allégeant pas la charge domestique. Le logement devient source de maladies avec une pollution de l’air domestique, des dangers d’incendie et d’écroulement, d’électrocution, quand la structure est trop mauvaise. La surpopulation (en moyenne plus de quatre personnes par pièce dans les zones urbaines pauvres des pays du Sud) exacerbe l’inconfort et favorise la transmission d’infections respiratoires, les accidents domestiques, le stress.
Le logement en tant que lieu de travail à domicile auquel ont recours un nombre croissant de femmes du Sud est lié à des problèmes de santé tels que la présence d’agents toxiques ou l’utilisation d’équipement dangereux (pour elles mais également pour leurs enfants). La présence très prolongée des femmes dans l’espace domestique, pour le travail reproductif et productif, les expose (ainsi que leurs petits enfants) de façon beaucoup plus prononcée que les hommes aux conditions nocives des logements pour la santé. La difficulté de recourir à d’autres ressources productives (zones à usage agricole, espace pour élevage de basse-cour, arbres,…), pour divers motifs, contribue parfois à une perte de connaissances et a des conséquences sur la nutrition.
Inspiré de Hardoy J. e.a., 1992, Environmental problems in Third World Cities, Londres, Earthscan Pub
La lutte des femmes dans les villes, les besoins d’infrastructures et de logements
22Dans la troisième période, celle de la Gestion des villes (années 1980), le petit schéma d’approches différentes de la recherche sur les femmes se répète. La recherche latino-américaine sur « La crise de la consommation collective » et sur les mouvements sociaux urbains ne mentionnait les femmes qu’en passant et de façon descriptive. Dans son étude historique The City and the Grass Roots (1983), Castells a reconnu le rôle capital des femmes dans les conflits urbains, mais lorsqu’il analyse leur participation en termes de conscience féministe, il n’envisage pas la possibilité d’un rapport entre le mouvement féministe et les mouvements sociaux urbains. Cependant, toute une série de travaux complémentaires, très différents, réinterprétant la même protestation urbaine dans la perspective féministe, se sont là encore efforcés de prouver que les femmes étaient bien là – en s’appuyant sur l’argument que « les faits et gestes des hommes ne peuvent pas être généralisés et étendus à toute la population » (West et Blumburg 1990 : 8). D’importantes études de cas ont été entreprises à Lima (Blondet 1990 ; Andreas 1985), à Buenos Aires (Feijoo 1990) et à Guadalajara (Pardinas et Dieste 1988).
23Les chercheurs féministes entendaient démontrer l’importance du rôle des femmes non seulement par leur participation à la lutte pour telle ou telle question de consommation collective, mais aussi, vu la division du travail entre les sexes, par leur manière de gérer la répartition, la fourniture et l’entretien des biens de consommation au niveau du ménage et de la collectivité locale dans les villes (Moser 1989a, 1993). Là encore, la recherche est passée par un certain nombre de stades. La recherche se plaçant dans la perspective WID démontrant l’importance de la participation des femmes à la fourniture locale de services (voir Schmink 1984 ; Schmink et al. 1986) – par exemple pour les questions de santé à São Paulo (ISIS 1983 ; Machado 1991), la garde des enfants à Lima (Ayllon Viana 1982 ; Barrig et Fort 1987) ; l’eau à Guayaquil (Moser 1987) et à Tegucigalpa (Resources for Action 1982) ; le recyclage des déchets à Mexico (Schmink 1984 ; 1989), à Panama (Girling, Lycette et Youssef 1983), à Kingston en Jamaïque (MacLeod 1989), à Lusaka (Rakodi 1983 ; Schlyter 1988) et à Nairobi (Nimpuno-Pariente 1987) ; la maintenance des équipements à Colombo (Fernando 1987) et les services de cars dans les villages au Kenya (Kneerim 1989).
24Puis, se plaçant dans la perspective GAD, la recherche a identifié les contraintes sectorielles imposées aux femmes et les problèmes que leur posait une planification urbaine ne tenant pas compte de la variable hommes/femmes (voir Moser 1987a). Parmi ceux-ci, les itinéraires des moyens de transport, au Brésil (Schmink 1982), les agressions physiques au Pérou (Anderson et Panzio 1986). La recherche sur les inégalités entre les sexes dans le domaine du logement a porté entre autres points sur les critères d’attribution, au Brésil (Machado 1987 : 62), à Quito (Lycette et Jaramillo 1984) ; sur le relogement, affectant l’accès à l’emploi, à Delhi (Singh 1980) ; sur les restrictions liées aux plans d’aménagement, à Lusaka (Schlyter 1984) ; sur la réglementation de zonage, à Nairobi (Nimpuno-Pariente 1987), pour n’en citer que quelques uns.
25Malgré ces travaux, la plupart des décideurs de l’époque continuèrent à ne pas tenir compte de la variable hommes/femmes. A titre d’exemple, la réévaluation des principaux problèmes de l’habitat et des établissements humains effectuée sous l’égide du Centre des Nations unies pour les établissements humains (UNCHS) et éditée par Lloyd Rodwin (1987) à l’occasion de l’Année internationale du logement des sans-abri ne contenait même pas un chapitre sur les besoins particuliers des femmes, tandis que les autres chapitres ignoraient complètement la variable hommes/femmes.
26Durant cette période, toute une série de domaines de recherche ont été développés, qui, sans être spécifiquement urbains, ont été identifiés comme des phénomènes urbains. Parmi ceux-ci figure la question du chef de famille. Les limitations des stéréotypes de planification concernant les familles nucléaires – l’homme étant considéré comme celui qui gagne le revenu du ménage et la femme comme devant s’occuper du logis – ont conduit à étudier les ménages urbains, notamment les ménages dont le chef de famille est une femme. Deuxièmement, la question de la répartition des ressources au sein du ménage, qui présente une grande importance pour les décideurs chargés de cibler les interventions dans la lutte contre la pauvreté. Troisièmement, dans les années 1980, la recherche sur le travail productif des femmes a donné la priorité à la participation des femmes au marché du travail officiel et aux conséquences de la mondialisation progressive des processus industriels pour la restructuration du travail féminin – à la fois féminisation de la population active industrielle dans les secteurs d’exportations ou « industrialisation conduite par les femmes » et fragmentation des processus de travail par la sous-traitance et le travail à domicile – là encore pour accroître les profits par une réduction des frais fixes des entreprises et des salaires des travailleurs extérieurs. Cette recherche a eu pour résultat intéressant d’introduire la variable hommes/femmes dans les statistiques de l’emploi.
Les conséquences urbaines du « parti pris masculin » dans les politiques d’ajustement structurel
27Depuis le milieu des années 1980, la recherche urbaine a été dominée par la crise économique mondiale et la série de réformes macroéconomiques de l’ajustement structurel imposée par le FMI et par la Banque mondiale en vue d’aider les économies en faillite à retrouver la santé. La manifestation la plus visible de cette quatrième période de recherche, celle des « solutions pour les villes en crise », a été l’incapacité des pouvoirs nationaux et légaux à gérer et administrer efficacement la vie urbaine, ce qui s’est accompagné d’une détérioration de la fourniture, de l’entretien et de la qualité des services urbains tels que la distribution d’eau, d’électricité, les transports, les services de santé et l’enseignement. Les priorités de la recherche féministe sont passées de la gestion aux solutions ad hoc, l’attention se portant plus spécialement sur deux niveaux.
28Premièrement, la recherche s’est concentrée sur les conséquences particulières du préjugé masculin implicite dans les politiques d’ajustement structurel (PAS), sur le caractère variable de ces processus d’ajustement suivant qu’il s’agit des hommes ou des femmes, et sur leurs effets négatifs pour les femmes. Les conséquences spécifiquement urbaines de ce préjugé masculin (Elson 1991 : 6 ; Moser 1992) sont : premièrement, que les méthodes utilisées par les femmes dans leurs activités non rémunérées telles que l’entretien des enfants, le ramassage du combustible pour le feu, le traitement des aliments, la préparation des repas, les soins à donner aux malades vont continuer à être appliquées quelle que soit la manière dont les ressources vont être distribuées (Elson 1991). Bien que les données d’enquête soient encore fragmentaires, les études qui ont été effectuées à Buenos Aires (Feijoo et Jelin 1989) et à Manille (Secrétariat du Commonwealth 1989) ont conduit à s’interroger sur l’intérêt des mesures d’adaptation structurelle si cette adaptation doit se faire au prix de journées de travail plus longues pour les femmes obligées de travailler davantage à la fois sur le marché du travail et dans leur foyer ; on s’est demandé jusqu’à quel point le travail des femmes était extensible (Jolly et al. 1987) ; alors que l’observation empirique à Guayaquil a montré que les femmes tendent à modifier la répartition de leur temps pour pouvoir assumer leur triple rôle (Moser 1992).
29Le deuxième préjugé masculin portait sur la division du travail entre les sexes, une division ignorant les obstacles à la nouvelle répartition du travail prévue dans les politiques visant à faire passer la production de biens non exportables aux bien exportables en offrant des avantages incitatifs pour encourager les processus manufacturiers employant beaucoup de main d’œuvre. Dans les villes, cette politique a entraîné une montée du chômage pour les hommes employés jusque-là dans la production de biens non exportables, alors que pour les femmes attirées dans la production de biens destinés à l’exportation, leur travail à l’usine s’ajoute maintenant au travail qu’elles ont à faire chez elles et que les chômeurs masculins répugnent encore à faire – des exemples brésiliens ont été donnés (Hirata et Humphrey 1991). Les données d’enquête à Guadalajara (Gonzalez de la Rocha 1988), à Guayaquil (Moser 1992), à Queretaro (Chant 1988 ; 1991, chapitre 6) et à Mexico (Beneria et Feldman 1992) ont toutes montré un accroissement de la participation des femmes à la vie active, de même qu’une évolution de la structure des ménages, les deux phénomènes ayant pour cause la diminution du revenu des ménages.
30Le troisième préjugé en faveur des hommes portait sur le principe d’une distribution égale des ressources au sein du ménage, ce qui impliquait que toute modification dans la répartition des ressources, du revenu, du prix des denrées alimentaires et des dépenses publiques accompagnant la stabilisation et les mesures d’adaptation structurelle devaient affecter de la même manière tous les membres du ménage. Les recherches urbaines effectuées en Jamaïque (Davies et Anderson 1989), au Mexique (Beneria 1990) et au Pérou (Cornia et al. 1987) ont montré que les mesures d’austérité altéraient les budgets des ménages, les familles pauvres éliminant souvent la viande, le lait et les autres produits essentiels de leur régime. Au Chili, les femmes des ménages pauvres ont dû réduire plus que les autres leur consommation de nourriture durant les périodes de pénurie alimentaire (Raczynski et Serrano 1985). Au Brésil (Barroso et Amado 1989), il a été soutenu que les difficultés du ménage à faire face à la crise économique ont eu des effets destructeurs sur les relations humaines, ce qui s’est traduit par un accroissement de la violence domestique, par des troubles mentaux et par une augmentation du nombre de ménages ayant une femme à leur tête par suite de l’effondrement des structures de la famille nucléaire. Par contre, à Guadalajara, la crise a obligé les hommes à abandonner une plus large part de leur salaire au budget familial (Gonzalez de la Rocha 1988).
Quito, pas d’accès au logement social pour les femmes chefs de famille
Dans un projet « Sites and Services » situé à Quito, alors que les femmes chefs de famille représentaient 30 % du nombre de candidats à l’accession aux logements sociaux, près de la moitié d’entre elles (46 %) n’ont pas été retenues pour accéder aux logements car :
• leurs revenus étaient trop bas ;
• le fonds initial requis était trop élevé ;
• elles ne pouvaient garantir des remboursements fixes et réguliers ;
• elles n’avaient personne pouvant servir de garantie pour le premier emprunt ;
• elles étaient dans l’impossibilité de fournir, comme requis, une contribution en travail dans la construction, par surcharge de travail personnel.
Inspiré de UNCHS (Habitat), 1995, Women in Human Settlements, Nairobi, d’après la recherche de Linda Peake
31Devant la difficulté de remettre en question les a priori sous-jacents aux politiques de restructuration, une deuxième ligne de recherche axée sur les politiques publiques a été adoptée. L’on a cherché à identifier les contraintes pesant sur les femmes du fait de la non fourniture de services de base. Les études sur la vie quotidienne des femmes à faible revenu dans des villes telles que Lima (Barrig et Fort 1987), Quito (Rodriguez 1990), Querétero (Chant 1991), Sao Paulo (Volbeda 1989) et Oaxaca (Selby 1991), Nairobi (Mitmullah 1991), Bamako (Vaa et al. 1989), en Tanzanie urbaine (Tripp 1989) et à Madras (Noponen 1991) ont toutes décrit les stratégies complexes adoptées par les femmes pour faire face à l’effet combiné de la diminution du revenu, de l’augmentation des prix des produits alimentaires et de la réduction des dépenses publiques pour les secteurs sociaux tels que la santé et l’éducation, de même que de la structure de ces dépenses. Les solutions de rechange auxquelles les femmes ont eu recours comportaient l’organisation de cuisines collectives ou communales (leur offrant la possibilité de se nourrir à meilleur compte tout en les libérant du travail domestique), à Lima (Sara-Lafosse 1984) et les « potagers de femmes » (pour leur permettre d’améliorer le régime alimentaire de leur famille) à Lusaka (Rakodi 1988), dans la Gambie périurbaine (Barrett et Browne 1988) et à Nairobi (Freeman 1991).
Population des villes et pourcentage de la population vivant dans les zones urbaines (1970, 1990, 2025)
1970 | 1990 | 2025 | ||||
Mio | % | Mio | % | Mio | % | |
Pour finir, il importe également | 654 | 25 | 1 401 | 34 | 4 011 | 57 |
Pop. urbaine pays développés | 698 | 67 | 881 | 73 | 1 177 | 84 |
Remarque : Ne sont pas notées les données concernant « les pays les moins avancés » ou les « autres pays », d’où des pourcentages ne totalisant pas 100 %.
Source : UN, World Urbanization Prospects, 1993
Conclusion. Les villes et le développement durable : les défis des années 1990
32L’examen des programmes de recherche met en lumière trois problèmes lourds de conséquences pour la recherche future. Premièrement, durant les trois dernières décennies, la recherche urbaine, effectuée dans le cadre du mouvement WID (Women in Development) et dans l’optique GAD (Gender and Development) ont produit toute une série d’études remarquables, mais qui n’ont guère influencé les chercheurs étudiant plus généralement les problèmes urbains, ni les décideurs. Sauf en ce qui concerne la recherche récente sur l’emploi et les marchés du travail dans les villes, le gros de la recherche sur le développement urbain est resté aveugle aux distinctions à faire entre les besoins des hommes et ceux des femmes.
33Deuxièmement, cette recherche WID et GAD est encore dans une large mesure une recherche de spécialistes, principalement effectuée par des femmes, travaillant dans des domaines et des régions bien définis et séparés, ce qui a donné à une bonne partie de leurs travaux un caractère marginal et affecté le choix de carrière des chercheurs et des chercheuses. Troisièmement, lorsque cette recherche a été prise au sérieux par les décideurs, ils se sont en général sentis plus à l’aise avec la recherche effectuée dans l’optique WID, choisissant plutôt d’intervenir pour aider les femmes dans leur rôle actuel au sein de la société que de remettre en question la division du travail en fonction du sexe ou la nature de la subordination des femmes aux hommes. D’où il ressort que, tant que la recherche sur les femmes demeurera une sorte de « pièce rapportée », ses résultats resteront hors de la ligne générale de la politique urbaine et n’influenceront pas les grands programmes d’action publique.
Pour de nombreux chercheurs, la première priorité des années 1990 est l’intégration dans le champ principal de la recherche de ce qui demeure encore une affaire de spécialistes et sa traduction dans les politiques et la pratique publiques. Une des options les plus importantes consiste à essayer de savoir pourquoi ce corps de recherche n’a pas jusqu’ici été intégré. Les difficultés sont-elles d’ordre technique ou politique ? (Moser 1993, chapitre 1). Le problème est-il que l’« action publique » est essentiellement une question de « contrôle public », et que dans leurs recommandations les décideurs cherchent plus à exercer un pouvoir sur les femmes, au niveau local, qu’à leur donner un pouvoir ? Les chercheurs devront répondre à ce genre de questions s’ils veulent trouver les moyens de rendre leurs résultats opérationnels et leur donner une valeur institutionnelle en les faisant entrer dans le courant principal de la recherche et de la politique urbaine. Le Caire, logement inadapté aux besoins de genre
Fatima vivait avec sa famille élargie dans un petit appartement d’un bidonville du Caire sans eau courante. Son mari était vendeur de rue et Fatima travaillait comme employée domestique quand elle trouvait quelqu’un qui s’occupe de ses enfants. La famille a été sélectionnée pour bénéficier d’un programme de logements sociaux et a déménagé vers un appartement encore plus petit dans une autre partie de la ville. L’immeuble avait de l’eau courante, mais il n’y avait pas d’espaces communs pour s’occuper des enfants et socialiser avec d’autres femmes, et il n’y avait pas de systèmes de transport dans l’après-midi vers d’autres parties de la ville, ce qui a forcé Fatima à s’arrêter de travailler.
(Backgrounder Habitat II, Istanbul 1996)
34De toute évidence, un certain nombre de programmes de recherche déjà en cours devront être poursuivis dans les années 1990, et de nombreux programmes devront être entrepris, mais cette question exigerait à elle seule un exposé et nous ne pouvons ici que donner une liste, nullement exhaustive, des questions à traiter :
L’écoute des femmes, les écouter et les entendre ;
Les différences entre les femmes dans le contexte urbain ;
Trouver un point de rencontre entre les approches qui mettent l’accent sur ce que les femmes ont en commun et celles qui mettent l’accent sur leurs différences ;
Nouvelles méthodes pour une recherche tenant compte de la variable hommes/femmes, qui permette aux femmes elles-mêmes d’identifier leurs similitudes et leurs différences ;
Les femmes, la citoyenneté, la démocratisation et la décentralisation – jusqu’ici le rôle des femmes dans l’administration locale municipale est un des rares domaines qui aient été traités ;
Les femmes, l’agitation sociale et la violence – un continuum qui commence dans le foyer et va au-delà, pour finir par devenir un problème concernant toute la collectivité et la ville dans son ensemble ;
Les femmes, les hommes et le cadre de vie urbain – il n’existe pas encore de cadre général d’analyse pour identifier les aspects féminins et masculins des problèmes que pose l’environnement urbain.
Source : « Les femmes, les distinctions homme/femme et la politique de développement urbain », in : OCDE, 1995, Les femmes et la ville. Logements, services et environnement urbain, pp. 157-171.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Pour une étude plus détaillée du développement historique du WID et du GAD et des importantes différences qui les distinguent, voir Moser (1993, chapitre 1).
2 Mayer a été assisté dans son étude par son épouse, Iona Mayer.
3 Moser (1989) étudie la participation de la population locale aux projets urbains, elle évalue dans une perspective tenant compte de la variable hommes/femmes les projets d’aide à la construction de logements par les habitants eux-mêmes, entrepris par des organismes multilatéraux, des gouvernements nationaux et des ONG.
4 Voir A. M. Scott (1989) pour un exposé plus développé et plus récent de cette thèse.
5 Buvinic (1986) a mis en lumière les problèmes auxquels se heurtent les projets anti-pauvreté au stade de la mise en œuvre.
Auteur
Professor of Urban Development, Université de Manchester.
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