Enfants et familles transnationales dans la nouvelle économie mondiale : conflits aux Philippines
p. 83-90
Note de l’éditeur
Référence : Salazar Parreñas, Rhacel. “Enfants et familles transnationales dans la nouvelle économie mondiale : conflits aux Philippines”, in Christine Verschuur et Fenneke Reysoo, Genre, nouvelle division internationale du travail et migrations, Cahiers Genre et Développement, n°5, Genève, Paris : EFI/AFED, L'Harmattan, 2005, pp. 83-90, DOI : 10.4000/books.iheid.5711. Acheter le .pdf chapitre éditeur.
Texte intégral
1Les nations les plus développées du monde sont confrontées à une crise de plus en plus grave du secteur des soins aux personnes dépendantes1. Alors que la demande de prise en charge a augmenté, l’offre de ces services a diminué. Il en résulte un déficit de la prise en charge des personnes dépendantes2, déficit auquel les femmes venues des Philippines ont répondu en masse. Parmi les immigrés philippins, environ les deux tiers3 sont des femmes, et leur exode, qui a en général pour but de prendre des emplois de domestiques4, a entraîné une très forte évolution sociale aux Philippines. Lorsque les migrantes sont mères, elles laissent derrière elles leurs propres enfants, en général à la charge d’autres femmes5. De nombreux enfants philippins grandissent maintenant dans des foyers divisés, et cette séparation géographique est pour eux la cause d’une tension émotionnelle préoccupante. Cependant, on ne peut faire abstraction du poids du travail émigré dans l’économie philippine. 34 à 54 % de la population philippine vivent des fonds que leur envoient les travailleurs émigrés6.
2Les femmes aux Philippines souffrent, tout comme leurs homologues des nations postindustrielles, d’une « révolution à l’arrêt ». Les représentations locales sur le genre ont quelques pas de retard sur la réalité économique qui a conféré à de nombreuses femmes le statut de cheffes de ménages transnationaux7. En conséquence, l’anxiété est bien plus forte pour les personnes dépendant d’une mère émigrée que pour celles qui dépendent d’un père émigré. Après tout, les représentations de genre dominantes veulent que la place de la femme soit à la maison ; les ménages des femmes migrantes viennent remettre cette vision en question. […]
3[…] Les Philippines sont confrontées à une véritable crise de la prise en charge des personnes dépendantes. Les services de ce secteur sont maintenant le premier poste d’exportation des Philippines. Les envois de fonds vers le pays d’origine – qui viennent essentiellement des employés domestiques émigrés – représentent la principale source de devises étrangères de l’économie, avec un total de presque 7 milliards de dollars en 19998. Leurs choix étant limités dans leur pays, les femmes émigrent pour soutenir leurs familles financièrement, mais elles en paient le prix fort. Les mères et les enfants souffrent de la séparation de la famille, même lorsqu’elle se fait dans les circonstances les plus favorables.
4Les mères émigrées qui travaillent comme nourrices doivent souvent se résoudre à un avenir douloureux où elles vont s’occuper des enfants des autres sans pouvoir s’occuper des leurs. […]
5Beaucoup des enfants que j’ai interrogés entretenaient une représentation de leur mère comme martyre, et souvent trouvaient du réconfort dans la douleur qu’elle éprouvait à ne pas pouvoir elle-même s’occuper d’eux. Ils voulaient que, malgré la distance, ce soit leur mère qui s’occupe d’eux le plus souvent ; l’expression de cette attente renvoie à l’idéologie de genre conservatrice que la plupart de ces enfants entretiennent9. Mais qu’ils voient ou non leur mère comme une martyre, les enfants des migrantes ont l’impression d’être mieux pris en charge lorsque leur mère continue à assumer ses charges parentales à distance. […]
6Même lorsqu’un parent reste au pays, les enfants de travailleurs migrants ont tendance à prendre plus de responsabilités familiales, lesquelles varient en fonction du genre. Mais les charges ont tendance à être plus lourdes pour les enfants dont la mère a migré, qui doivent souvent surmonter le non-engagement des hommes philippins dans le travail de soins aux autres. Beaucoup d’enfants dont les pères ont émigré reçoivent des soins à temps complet de leurs mères restées à la maison, alors que les enfants dont les mères ont émigré sont beaucoup moins pris en charge. Leur père va certainement avoir un emploi à temps plein, et il n’aura que rarement le temps d’être la personne qui s’occupe d’eux. Sur les trente enfants de mères émigrées que j’ai rencontrés, quatre seulement avaient des pères au foyer. La plupart des pères avaient laissé leurs enfants aux soins d’autres membres de leur famille, dont la plupart […] avaient déjà à s’occuper de leur propre famille et considéraient les enfants de leurs parents émigrés comme une charge supplémentaire. Les familles de pères émigrés vont probablement moins s’en remettre à la famille élargie pour s’occuper des enfants10. Parmi les personnes que j’ai interrogées, treize des vingt-six enfants de père émigré vivaient avec leur mère au foyer, et c’était elle qui s’occupait le plus d’eux.
7Contrairement aux enfants de père émigré, les enfants dont la mère a émigré doivent assumer en plus le poids des rôles de genre non traditionnels qui existent dans leur famille. Selon le Scalabrini Migration Center, ces enfants « ont tendance à être plus en colère, plus troublés, apathiques, et à avoir plus peur que les autres enfants »11. La façon dont la société considère les ménages transnationaux dirigés par des femmes les place dans un « étau idéologique ». Parce qu’elle ne correspond pas au modèle traditionnel du ménage nucléaire, Theresa Bascara considère sa famille comme « brisée », même si elle décrit la relation qu’elle a avec sa mère comme « très étroite ». Elle déclare : « Une famille n’est complète que si ton père est celui qui travaille et ta mère reste à la maison. Ça va aussi quand ta mère travaille, à condition que ce soit près de toi. »
8Certains enfants de familles transnationales s’adaptent mieux que d’autres à l’organisation de leur famille. Ceux qui ont le sentiment que leur mère travaille dur non seulement pour pourvoir à leurs besoins, mais aussi pour être une bonne mère, vont mieux accepter leur situation. Le soutien de la famille élargie, ou peut-être le sentiment que la collectivité est responsable de leur bien-être, aide aussi les enfants à combattre un sentiment d’abandon. De la même façon, lorsque le système de valeurs est plus égalitaire du point de vue du genre, les enfants ont une bonne image de leur mère, et peuvent finalement considérer son départ comme une preuve d’amour.
9Mais même s’ils se sont bien adaptés, les enfants des familles transnationales vont souffrir de la perte d’intimité familiale. Ils sont souvent obligés de compenser en acceptant des biens matériels, plutôt que de l’affection, comme preuve tangible de l’amour de leurs parents. […]
10Les enfants des familles transnationales disent souvent que le plaisir et le réconfort des interactions quotidiennes avec leurs parents leur manquent. Pour autant, et contrairement à ce que disent les descriptions des médias philippins, ces enfants ne deviennent pas forcément des « délinquants », et leurs familles ne sont pas nécessairement brisées. […]
11Reconnaissant que la famille est une unité qui s’adapte et réagit aux forces extérieures, beaucoup d’enfants s’accommodent, même au prix de très grands sacrifices. Ils renoncent à l’intimité et à la proximité avec leurs parents. Souvent, ils essaient de compenser les problèmes de leurs parents en entretenant avec eux des liens étroits à distance, même si la plupart ont le sentiment que ces liens ne les rapprocheront jamais assez. Mais ils maintiennent souvent leurs efforts car ils pensent que ces sacrifices émotionnels ont un sens – qu’ils profitent à leur famille et sont positifs pour leur avenir. Pendant quinze ans, la mère de Jason Halili s’est occupée de personnes âgées à Los Angeles. Jason, qui a maintenant 21 ans, tient le raisonnement suivant : « Je ne serais pas ici maintenant si elle n’était pas partie. C’était donc le chemin le plus difficile, mais en même temps, c’était le meilleur. »
12Dans le discours public philippin, on n’a pas toujours assimilé les familles transnationales à des « foyers brisés ». Avant la fin des années 1980, moment où le nombre de migrantes a augmenté, on ne parlait pas non plus de la migration de travail comme d’une menace pour la vie de famille. On peut donc penser que les évolutions dans la division selon le genre du travail au sein de la famille sont un des éléments d’explication de la crise des soins aux Philippines.
13L’opinion publique philippine pense tout simplement que la multiplication des ménages transnationaux dirigés par des femmes va faire des ravages chez les enfants. Le Scalabrini Migration Center explique que les enfants de mères migrantes souffrent plus que ceux des pères migrants parce que l’éducation d’un enfant est « un rôle pour lequel les femmes sont plus expertes, pour lequel elles sont mieux préparées, et auquel elles accordent plus d’attention »12. L’étude du centre, comme les médias philippins, recommande qu’on empêche les femmes d’émigrer. Les chercheurs font la suggestion suivante : « Les programmes économiques devraient être orientés particulièrement vers l’absorption de la main-d’œuvre féminine, afin de permettre plus facilement aux mères de rester avec la famille. »13 Pour autant, le retour des mères migrantes n’est ni possible ni souhaitable : ce n’est qu’une acceptation implicite des inégalités de genre au sein de la famille, qui fait abstraction des pressions dues à la mondialisation.
14Le discours national sur la crise des soins aux Philippines dénigre les femmes migrantes, et en même temps il minimise les contributions de ces femmes à l’économie nationale. En culpabilisant ces femmes, on permet seulement à l’opinion publique de les discipliner moralement et de s’épargner une reconstruction de la vie de famille reflétant mieux l’importance cruciale des envois de fonds des femmes pour le pays. On trouve ce schéma ailleurs qu’aux Philippines. Comme l’observe Arjun Appadurai, la mondialisation a amené partout « des conceptions du genre et de la modernité qui créent une vaste main-d’œuvre féminine alors même que les idéologies transnationales de la “culture”, de l’“authenticité” et de l’honneur national soumettent les communautés à des pressions de plus en plus fortes pour qu’elles exercent une discipline morale sur les femmes qui travaillent »14.
15En exerçant sur les femmes une discipline morale qui ramène les enfants de migrants au statut de malades et minimise les difficultés émotionnelles des mères, on fait surtout souffrir des personnes qui ont besoin de protection […]. De plus, on fait abstraction du combat des mères migrantes qui essaient de s’occuper de leurs enfants à distance. En jetant la pierre aux migrantes présentées comme de mauvaises mères, on répand l’idée que le retour à la famille nucléaire est la seule solution viable aux troubles émotionnels des enfants des familles transnationales. Ainsi, on détourne l’attention des besoins spécifiques de ces enfants – auxquels répondraient par exemple des projets communautaires pour l’amélioration des communications entre les membres éloignés d’une même famille, ou encore des programmes scolaires spéciaux. Aucun programme de ce type n’existait sur le lieu de ma recherche. Cette stratégie met également de côté la capacité d’action et d’adaptation des enfants eux-mêmes.
16Dire que les enfants sont tout à fait capables de s’adapter à l’organisation des ménages non traditionnels ne signifie pas qu’ils n’ont pas de difficultés. Mais le soutien massif de l’opinion publique au maintien des mères migrantes au foyer a un impact négatif bien réel sur l’adaptation de ces enfants. Ces conceptions de la famille rejettent implicitement la division du travail qui existe dans les ménages dont les mères ont émigré ; le message que reçoivent les enfants dit donc que l’organisation de leur famille est tout simplement mauvaise. De plus, on ne réglera pas par un appel au retour des migrantes les problèmes qui rongent les familles philippines. La violence domestique et l’infidélité masculine, par exemple – deux problèmes sociaux que le gouvernement n’a jamais abordés de façon adéquate – menaceront toujours le bien-être des enfants15.
17Indéniablement, les enfants des travailleuses domestiques philippines émigrées souffrent de cet arrachement des soins du Sud pour les transférer dans le Nord. Les souffrances de ces enfants sont un problème qui surgit opportunément et qui est bien utile aux groupes non gouvernementaux, gouvernementaux et académiques aux Philippines. Mais en blâmant les mères migrantes, on n’a pas aidé et on a même fait souffrir les personnes les plus affectées par le transfert des soins dans l’économie mondiale. Les défenseurs des enfants de familles transnationales devraient se concentrer non pas sur un appel au retour à la famille nucléaire mais sur les besoins spécifiques de ces familles transnationales, par exemple une reconstruction de l’idéologie de genre aux Philippines, ou une abolition, dans les pays d’accueil, d’un cadre législatif qui pénalise les familles migrantes.
18Il est certain que pour garantir des soins de qualité aux enfants de familles transnationales, une conception égalitaire de l’éducation parentale est nécessaire. Pour étayer cette idée d’égalité, on peut mettre en avant la contribution économique des femmes à leur famille, et redéfinir la maternité de façon à y inclure le soutien financier à la famille. Le genre devrait être reconnu comme catégorie sociale fluctuante, la masculinité devrait être redéfinie, alors même que la société remet en question l’hypothèse dérivant d’une approche biologique selon laquelle seules les femmes ont la capacité de donner des soins. Les officiels du gouvernement et les médias pourraient alors cesser de jeter la pierre aux migrantes et diriger leur attention plutôt sur les hommes. Ils pourraient remettre en cause le non-engagement des hommes dans les soins aux autres, et ils pourraient exiger des hommes, y compris des pères migrants, qu’ils s’impliquent plus dans le bien-être émotionnel de leurs enfants.
19Les sociétés d’accueil des travailleuses domestiques philippines émigrées devraient aussi partager la responsabilité de leur bien-être et de celui de leur famille. Le travail de ces femmes permet aux femmes du « premier-monde » de prendre un travail rémunéré. Pour reprendre les propos d’un employeur hollandais : « Certaines personnes pourraient s’occuper des enfants, mais il y a des choses plus drôles à faire. Si nous pouvons utiliser les personnes chargées des soins qui sont en trop dans les autres pays, c’est la bonne solution. »16
20Or, comme nous l’avons vu, on ne peut pas supposer tout simplement que les soins qui quittent les pays désavantagés sont excédentaires. En trouvant une solution pour les pays riches, on crée un problème pour les pays pauvres. Ce sont les mères […] et les enfants […] qui en supportent le choc, et ce sont les pays d’accueil et les familles employeuses qui en profitent.
21La majorité des pays d’accueil ne reconnaissent pas encore l’apport des travailleuses migrantes occupées dans le secteur des soins. Ils ignorent régulièrement les droits de ces travailleuses et empêchent leur complète intégration dans la société. Les salaires des travailleurs immigrés sont si bas qu’ils ne peuvent même pas se permettre de faire venir leurs familles avec eux ou de rendre régulièrement visite à leurs enfants aux Philippines ; relégués au statut de travailleurs accueillis, ils sont limités au secteur des emplois à bas salaire et, sauf dans quelques rares cas, la migration de leurs époux-ses et de leurs enfants est également restreinte. Ces arrangements fonctionnent pour le plus grand profit des employeurs car les travailleurs immigrés occupés dans le secteur des soins, n’ayant plus la responsabilité des soins à leur famille, peuvent ainsi donner les meilleurs soins possibles. Mais il faut militer pour des politiques plus globales, et pour que les employeurs développent un sentiment de responsabilité envers les enfants du personnel qu’ils emploient. Après tout, les travailleurs immigrés apportent à leurs employeurs une aide significative pour la réduction du déficit de soins dans leur famille.
Traduit de l’anglais. Texte original: « The Care Crisis in the Philippines : Children and Transnational Families in the New Global Economy », in : Ehrenreich Barbara et Russell Hochschild Arlie (eds.), Global Woman : Nannies, Maids and Sex Workers in the New Economy, Granta Books, Londres, 2002, pp. 39-41
Bibliographie
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Appadurai, Arjun, 1999, « Globalization and the Research Imagination », International Social Science Journal, vol. 160, juin.
10.1111/1468-2451.00191 :Asis, Maruja, 2001, Female Labour Migration in South-East Asia : Change and Continuity, Bangkok, Asian Research Centre for Migration, Institution of Asian Studies, Université de Chulalongkorn.
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Scalabrini Migration Center (SMC), 2000, Impact of the Labor Migration on the Children Left Behind, Quezon City, Philippines.
Notes de bas de page
1 Dans le cadre de ce projet, la collecte de données s’est faite avec l’aide à la recherche de Jason David, Luisa Gonzaga, Maria Eva Cecilia Lesondra, Ella Liu et Sauro Solis. Le projet a reçu un soutien du Programme de bourses postdoctorales du Président de l’Université de Californie, du programme de bourses postdoctorales de la Fondation Ford et de la Graduate School de l’Université du Wisconsin, Madison.
2 Arlie Hochschild, 1995, « The Culture of Politics : Traditional, Post-Modern, Cold Modern, Warm Modern Ideals of Care », Social Politics, vol. 2, n ° 3, pp. 331-46.
3 Les femmes ne représentaient que 12 % du flux de travailleurs migrants en 1975, mais elles en représentaient 47 % douze ans plus tard en 1987 et étaient plus nombreuses que les hommes en 1995. IBON Facts and Figures, 1999, « Filipinos as Global Slaves », 22, n os 5-6 (15-31 mars), p. 6.
4 Il est notable que les femmes philippines ont réagi à la crise des soins dans les nations développées de façons diverses. Elles soulagent aussi la crise des soins qui touche les hôpitaux et les hospices dans les nations développées en proposant leurs services d’infirmières qualifiées. Au détriment de la qualité des soins infirmiers aux Philippines, elles sont allées chercher les meilleures conditions salariales qui leur sont proposées à l’étranger. Entre 1992 et 1999, le gouvernement a employé plus de trente-cinq mille infirmières. Voir Maruja Asis, 2001, Female Labour Migration in South-East Asia : Change and Continuity, Bangkok, Asian Research Centre for Migration, Institution of Asian Studies, Université de Chulalongkorn.
5 A partir d’une enquête de 1997 sur la main-d’œuvre, Hector Morada, directeur du Bureau des statistiques sur le travail et l’emploi des Philippines, a établi que les ménages transnationaux dont les chefs sont des femmes ont en moyenne 2,74 enfants, dont 0,56 sont des enfants de moins de sept ans.
6 Gina Mission, 1998, « The Breadwinners : Female Migrant Workers », WIN : Women’s International Net Issue, novembre, p. 15A.
7 Hochschild et Machung, 1989. Par « révolution à l’arrêt », Hochschild désigne le fait que les contributions économiques des femmes à la famille n’ont pas été équilibrées par une plus grande responsabilité des hommes dans le travail domestique.
8 Bureau des statistiques pour l’emploi et le travail, « Remittances from Overseas Filipino Workers by Country of Origin Philippines : 1997-quatrième trimestre 1999 », Pinoy Migrants, Shared Governement Information System for Migrations, <http://emisd.web.dfa.gov.ph/~pinoymigrants/>.
9 De la même façon, j’ai constaté que, pour négocier les tensions émotionnelles induites par l’organisation de leur ménage transnational, les enfants utilisent l’image corollaire du père « soutien de famille » combattant.
10 Scalabrini Migration Center (SMC), 2000, Impact of the Labor Migration on the Children Left Behind, Quezon City, Philippines.
11 SMC, 2000, p. 65.
12 SMC, 2000, p. 57.
13 SMC, 2000, p. 65.
14 Appadurai, Arjun, 1999, « Globalization and the Research Imagination », International Social Science Journal, vol. 160, juin, p. 231.
15 National Commission for the Role of Filipino Women, 1995, Philippines Plan for Gender-Responsive Development, 1995-2005, Manille.
16 Meerman. Marije, « The Care Chain », épisode 42 de la série The New World, VPRO-TV, Pays-Bas, <www.dnv.vpro.nl/carechain>.
Auteurs
Professeure d’anthropologie, Université de Californie, Berkeley.
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