L’« empowerment », des approches contrastées ; études de cas en Amérique latine
p. 235-250
Note de l’éditeur
Référence : Verschuur, Christine. “L’« empowerment », des approches contrastées ; études de cas en Amérique latine”, in Christine Verschuur et Fenneke Reysoo, Genre, pouvoirs et justice sociale, Cahiers Genre et Développement, n°4, Genève, Paris : EFI/AFED, L'Harmattan, 2003, pp. 235-250, DOI : 10.4000/books.iheid.5684. Acheter le .pdf chapitre éditeur.
Texte intégral
1Le paragraphe 13 de la « déclaration de Beijing », adoptéee lors de la Conférence Mondiale des Femmes organisée par les Nations unies à Beijing en 1995, indique que « l’empowerment des femmes et leur pleine participation dans des conditions d’égalité dans toutes les sphères de la société, incluant la participation aux processus de décision et l’accès au pouvoir, sont fondamentaux pour l’obtention de l’égalité, du développement et de la paix ».
2Cette notion d’empowerment, traduite par le CAD-OCDE par « renforcement du pouvoir des femmes », apparaît maintenant dans toutes les politiques, tous les documents et toutes les publications concernant la coopération pour le développement. Les définitions en sont cependant multiples, souvent très différentes, sinon opposées, et les indicateurs permettant de mesurer les progrès réalisés sont rares, partiels ou contestables.
3On peut trouver les premières références à l’empowerment dans le radicalisme Noir nord-américain des années soixante et dans le travail communautaire de « conscientisation » inspiré notamment par Paolo Freire au Brésil puis dans de nombreux pays du Sud1.
4Cette notion, qui n’est pas réservée aux femmes, est souvent associée à la réflexion sur le genre et le développement. Les organisations féministes du Sud ont largement contribué à l’élaboration de cette approche, définie de manières parfois très différentes par les agences de développement qui se sont pourtant inspirées des pratiques à la base. Cette approche varie selon les organisations qui l’ont mise en œuvre, selon le contexte politique, le moment historique, le groupe avec lequel elle a été mise en œuvre. La richesse et la diversité des expériences de base en matière d’empowerment, l’imprécision du concept2, lui ont permis de se mouler dans différents cadres d’analyse, soit avec un sens transformateur, soit sous une forme instrumentalisée. Mais le fait que cette approche ait été détournée de son sens originel par certaines agences ou organisations, avec une portée limitée, sinon opposée, ne lui ôte pas pour autant son intérêt.
5Nous ne faisons pas ici une revue exhaustive des différentes approches, mais un rappel de quelques-unes des définitions qui en ont été données, de quelques critiques qui en ont été faites, et surtout nous présentons quelques recherches qui suggèrent que cette approche, entendue dans un sens précis, pourrait contribuer à des changements structurels. Nous souhaitons partager les réflexions suscitées par l’analyse des relations de genre au sein des mouvements de base dans des quartiers populaires, où les femmes jouent un rôle d’avant-garde. Des recherches sur ces expériences, souvent limitées et modestes, mais nombreuses, mériteraient d’être poursuivies. Elles participent de la recherche d’alternatives, de la réflexion sur la construction du pouvoir local, sur le partage des pouvoirs.
6La recherche menée depuis 1997 dans le cadre du programme MOST de l’UNESCO3, dont nous évoquons ici des résultats, cherche à contribuer à cette réflexion. Le réseau de chercheurs engagés dans cette recherche collective a élaboré une définition commune de cette approche, sur la base d’une analyse bibliographique et des apports des organisations de base impliqués sur les terrains concernés. L’empowerment a été défini comme un processus de développement des capacités de négociation, au niveau domestique et collectif, pour aboutir à un partage plus équitable et un exercice différent du pouvoir. La recherche s’est penchée sur l’empowerment des femmes par rapport aux hommes, à différents niveaux, familial, local, global ou national. S’intéresser à cette approche ne consistait pas seulement à aborder les expériences qui revendiquent des rapports plus équitables dans la société entre hommes et femmes, mais à commencer à aborder, à un modeste niveau, la question des rapports entre relations inégales de genre et développement inégal. Les processus d’empowerment des femmes peuvent-ils contribuer à une transformation de la société, à rompre avec le développement inégal, non pas seulement en termes de genre mais en général ? L’empowerment est ainsi abordé dans le sens de la recherche d’une modification des relations inégales de pouvoir et de nouveaux paradigmes de développement.
7L’empowerment a, comme nous le disions, des définitions contrastées. Celle du PNUD est parfois teintée d’instrumentalisme : « investir dans les capacités des femmes et leur donner du pouvoir (empower) pour exercer leurs choix n’est pas seulement valable en soi, c’est aussi la manière la plus sûre de contribuer au développement général » (PNUD, 1995). Dans diverses conférences des Nations unies, il est affirmé que l’empowerment des femmes est une question essentielle pour le développement durable.
8Dans la ligne de la Direction pour le développement et la coopération suisse (DDC) du Département fédéral des affaires étrangères, « l’empowerment consiste à fournir aux personnes défavorisées de meilleures possibilités d’agir sur leurs conditions de vie. Ainsi par des conseils, une formation appropriée ou un appui à la mise en place de structures communautaires, on peut les aider à mieux comprendre le contexte de leur vie et de leur travail. » L’objectif consiste à ce que ce renforcement du pouvoir intervienne dans les multiples aspects du quotidien : économique, technique, culturel, social ou politique. « L’empowerment est nécessaire chaque fois que des inégalités dans la répartition du savoir, du pouvoir et des ressources empêchent des personnes, des groupes de personnes, des couches sociales ou des pays entiers d’améliorer leur qualité de vie, de manière autonome, indépendante et ciblée. » (DDC, 1998 : 23)
9Certains programmes dits d’empowerment entreprennent une démarche aboutissant à une dépolitisation des personnes engagées. Ils envisagent l’empowerment comme un processus individuel plutôt que collectif, et centré sur l’entrepreneuriat et la prise en charge individuelle (self-reliance), plutôt que comme un processus de coopération pour remettre en question les relations de pouvoir. Cette vision individualiste est particulière aux défenseurs des forces du marché et de la démocratie libérale. De nombreux programmes de micro-crédit font partie de cette approche.
10Ces approches n’ont pas pour point de départ une analyse critique des rapports inégaux entre hommes et femmes, ni des modèles de « développement », et ne touchent pas aux questions structurelles. Il s’agit plutôt de mitiger les effets négatifs du développement inégal que de remettre en question la distribution inégale du pouvoir. Elles se penchent généralement sur des changements au niveau individuel et non au niveau des organisations.
11Pour Caroline Moser, une des façons de renforcer le pouvoir des femmes consiste à « remettre en question certaines des hypothèses fondamentales concernant les rapports réciproques entre pouvoir et développement… et à chercher à définir le pouvoir moins en termes de domination sur d’autres (ce qui suppose implicitement qu’un progrès pour les femmes entraîne un recul pour les hommes) et davantage en termes d’aptitude des femmes à développer leur autonomie et leurs ressources internes » (Moser, 1993).
12Zoé Oxaal (1997) définit l’empowerment des femmes comme un processus où celles-ci prennent conscience, individuellement et collectivement, de la manière dont les relations de pouvoir agissent dans leurs vies, prennent confiance en elles-mêmes et acquièrent la force pour remettre en question les inégalités de genre. Une distinction est faite entre « donner du pouvoir » et donner les moyens pour revendiquer une autre distribution du pouvoir.
13Les approches de l’empowerment des femmes, qui ont leur origine dans les organisations féministes du Sud (comme DAWN), mettent l’accent sur sa dimension collective. Si ces dimensions – individuelles ou collectives – ne peuvent être totalement dissociées (comme le montrent les recherches), l’accent sur l’une ou l’autre approche est rattaché aux orientations de « développement ». Les organisations féministes du Sud considèrent important que les mouvements et organisations de femmes revendiquent et promeuvent des changements allant dans le sens de leur vision de la société, ainsi que de créer la volonté politique pour que les détenteurs du pouvoir « s’engagent sérieusement ». L’idée défendue est, non pas de donner du pouvoir (empower) à des individus mais à des organisations, pour faire autre chose.
14Les discussions portent sur les moyens (« donner le pouvoir » ou « donner des moyens de redistribuer autrement le pouvoir »), la dimension (individuelle, collective, autre), et l’objectif (« développement durable », « améliorer les conditions de vie » ou « aller vers une autre vision de la société »). Mais il faut relever qu’il existe de multiples expériences, des pratiques différentes, pour chercher un partage différent de pouvoir, un exercice différent des prises de décisions, pour faire des choix différents. L’empowerment est un processus complexe, multi-dimensionnel, s’exprimant dans des pratiques très diverses. Les résistances aux changements sont notamment liés à la dimension symbolique qui imprègne les rapports de genre.
15L’empowerment ne saurait donc être approché comme une démarche simple, technique ou accordée par consensus. Et l’on ne saurait trop attendre d’institutions qui promeuvent ce concept sans envisager de remettre en question les paradigmes actuels du développement et les inégalités croissantes, notamment dans les prises de décisions. Lorsque le CAD-OCDE affirme qu’il est illusoire de vouloir renforcer de l’extérieur le pouvoir des gens, on ne peut que s’étonner de lire que quiconque imagine que le pouvoir puisse être octroyé par ceux qui en ont à ceux qui n’en ont pas… L’approche empowerment, telle qu’elle est proposée par certaines agences multilatérales, n’envisage pas non plus que le pouvoir soit pris, surtout pas aux puissants. Comme le dit Bruno Lautier4 :
L’expression « renforcement du pouvoir » est employée [par la Banque Mondiale] pour décrire l’acquisition de la force nécessaire sur tous les plans pour pouvoir s’extraire de la pauvreté, plutôt que « la prise de pouvoir sur quelqu’un d’autre » au niveau purement politique (…) « Ainsi le renforcement du pouvoir des populations défavorisées peut être considéré comme le fruit de l’intérêt bien compris du gouverne - ment qui peut contribuer à le modeler plutôt que le percevoir comme une menace vis-à-vis de ses propres prérogatives. »5 Nous sommes en effet bien loin de la « révolution des pauvres ». Le pouvoir des pauvres, c’est d’abord à eux de se le donner, et ils n’auront de pouvoir que sur eux-mêmes ; le gouvernement habile saura « modeler » ce pouvoir.
16Le débat sur l’empowerment doit être placé dans le cadre du débat critique sur le développement, mais il faut également souligner les apports féministes critiques sur les théories du développement pour développer la réflexion sur l’empowerment.
17Les nombreux ouvrages sur le développement parus ces vingt dernières années montrent un consensus sur un point au moins : la crise dans laquelle se trouve la théorie du développement. L’on reconnaît « la fin des certitudes » que semblaient procurer les grands schémas théoriques des décennies précédentes et la nécessité d’un changement profond dans les paradigmes (Dagenais et Piché, 1994). Comme le disent ces auteures, « on est souvent frappé par le haut niveau d’abstraction du discours et le ton désabusé, sinon franchement cynique adopté par beaucoup d’auteurs, particulièrement dans la francophonie [...]. Ce sont, sans l’ombre d’un doute, les féministes qui, ces vingt dernières années, ont poussé le plus à fond la critique des théories et des actions [de développement], puisque non seulement elles contestent l’impérialisme capitaliste à la base des pratiques et des concepts dominants mais elles ont démontré le rôle clé des rapports sociaux de sexe ». Comme le genre est une façon première d’exprimer des rapports de pouvoir, on ne peut éviter d’aborder la question de la transformation des rapports inégaux de pouvoir entre hommes et femmes. Comme le dit Kate Young, l’empowerment implique alors une « modification radicale des processus et des structures qui perpétuent la position subordonnée des femmes dans leur ensemble » (Young, K., 1993).
18Eva Rathgeber (1990), dans une analyse sur l’évolution des approches femmes/genre et développement, relevait les apports de l’approche genre et développement (GAD) à la réflexion critique du développement. Cette approche, née dans les années 80, qui s’inspire du féminisme socialiste, fait le lien entre rapports de production et rapports de reproduction et prend en considération tous les aspects des vies des femmes. Elle voit les femmes comme des agents de changement, souligne le besoin des femmes de s’organiser pour avoir une voix politique effective. Elle reconnaît que les rapports d’oppression patriarcale traversent les classes. Elle se centre sur le renforcement de la citoyenneté, des droits légaux des femmes. Cette approche implique une remise en question des structures sociales, économiques et politiques actuelles et demande donc une volonté politique importante pour remettre en question les rapports de pouvoir actuels.
Les indicateurs de l’empowerment
19Des agences de développement ont fait élaborer des indicateurs d’empowerment pour mesurer le succès de leurs programmes6. L’évaluation des fameux programmes de microcrédit pour les femmes de la Grameen Bank utilisait par exemple huit indicateurs, dont : la mobilité, la sécurité économique, la participation aux principales décisions dans le ménage, la prise de conscience politique et légale, l’engagement dans des campagnes politiques. Certes, ces indicateurs composites sont plus fins que ceux développés par le PNUD (ils seraient impossibles à collecter au niveau mondial), et abordent les rapports de pouvoir entre hommes et femmes au niveau domestique et local. Mais ils restent proches de l’idéologie individualiste et libérale.
20Les indicateurs dits d’empowerment des femmes proposés par le PNUD se centrent surtout sur la question de la proportion des femmes dans les instances de décision politiques ou des entreprises. Pourtant, les diverses approches de l’empowerment ne mentionnent pas toujours la question de la participation des femmes aux structures politiques officielles. Si cet aspect est peut-être une manière limitée de mesurer le pouvoir, on ne peut en faire l’économie.
21Il est vrai que la présence de femmes à des postes politiques est souvent réservée à une élite – féminine – ou ne garantit pas per se une plus grande participation des femmes aux décisions. On sait par exemple que la participation de 30 % de femmes dans les Panchayati Raj (Assemblées locales) en Inde, grâce au système de quotas, a souvent été utilisée par des hommes de leur entourage pour exercer leur pouvoir par délégation. Par ailleurs, le seul fait d’avoir des femmes à des postes politiques ne garantit pas qu’elles fassent des choix différents, soit en défense des intérêts des femmes, soit pour une société globalement plus équitable. Les clivages de classe, ou de familles politiques, ou autres, ne disparaissent par pas enchantement, du seul fait d’être femme. Et le fait que quelques femmes aient accédé à des postes politiques ne signifie pas qu’elles puissent toujours ou veuillent parfois faire des choix qui iraient dans le sens d’une transformation de la société. Avec ces réserves, admettons qu’il faille prendre ces évolutions en compte.
22Le PNUD mesure donc les progrès de l’empowerment des femmes par deux indicateurs : le nombre de femmes parlementaires, et le nombre de femmes cadres dans les entreprises. Cela pose divers problèmes. D’une part, ces données ne sont pas toujours disponibles pour tous les pays, ce qui ne permet donc pas les comparaisons et corrélations recherchées, alors que c’est un des objectifs de cet indicateur. D’autre part, ces indicateurs mesurent surtout des avancées individuelles, et elles ne touchent pas au pouvoir à d’autres niveaux (domestique, local,…) et dans d’autres instances (syndicats, partis, associations ou organisations,…). Surtout, ils ne permettent pas d’aborder les structures qui perpétuent les rapports inégaux de pouvoir entre hommes et femmes, ni de tisser les liens entre les différentes dimensions de pouvoir. La difficulté réside en partie aussi dans le fait de chercher des indicateurs quantitatifs et simples, et non qualitatifs et composites.
23Un des écueils se situe dans ce que l’on entend par empowerment et ce que l’on veut mesurer. Naila Kabeer7 dans sa réflexion sur l’empowerment, souligne justement la complexité pour trouver des indicateurs appropriés, étant donné la grande diversité des approches. Ici, nous nous penchons sur des études de terrain qui abordent l’empowerment en tant que démarche transformatrice – des identités de genre, des capacités d’action et d’organisation, etc. – et non en tant qu’accès à des postes de pouvoir de manière restreinte.
24Des recherches ont montré que ce n’est pas tant le fait d’avoir un poste de pouvoir en soi qui est transformateur. C’est le processus d’obtention du pouvoir, le fait d’obtenir gain de cause, de participer dans l’espace public, aux prises de décisions, aux négociations et aux luttes avec un groupe, qui est important pour que les femmes entament une démarche transformatrice.
25Dans une recherche sur deux organisations de femmes rurales au Pérou (Ruiz Bravo, 2003)8, l’on observe justement ces différences dans la démarche d’empowerment des femmes d’une région ou d’une autre, qui s’expliquent par diverses raisons, comme l’histoire des rapports sociaux particuliers de chaque zone et des luttes, la constitution de différentes identités de genre, les différences dans les processus d’organisation, avec des conséquences sur le rôle des femmes dans la définition et la mise en œuvre des politiques municipales ou rurales. C’est le cas également de la recherche MOST, où les études de cas montrent les différences et la fragilité des processus d’empowerment, avec des conséquences variables sur la possibilité d’influer sur la définition de politiques publiques.
Empowerment et organisations de quartier en Amérique latine : essoufflement de la lutte
26La recherche menée dans le cadre du projet MOST analyse diverses pratiques d’empowerment dans des mouvements de base urbains en Afrique de l’Ouest, Amérique latine et Europe de l’Est9. En Argentine, la recherche qui concerne des femmes impliquées dans un programme de type charitable (manzaneras) montre l’importance du processus de constitution du groupe.
27« Les manzaneras, en dehors de leurs tâches de distribution d’aliments aux familles pauvres, [ont pris l’initiative de s’organiser pour éviter l’inondation d’une partie du quartier]. Elles ont réclamé et obtenu auprès de la municipalité qu’elle s’investisse dans la construction de digues, des bulldozers sont intervenus, la population (hommes et femmes) s’est mobilisée et l’inondation a été évitée, pour la première fois depuis des années. Les femmes manzaneras en ont retiré une grande fierté. Elles ont par ailleurs participé à des réunions en dehors de la ville, à des séances de formation, à des meetings réunissant des manzaneras de toute la province, à des fêtes. Cette ouverture a signifié un changement dans leurs vies. Certaines femmes ont été élues dans le comité de développement local. […] Les activités développées ont contraint les femmes à mieux s’organiser et ont constitué une pratique de solidarité, de réciprocité et d’apprentissage. Elles-mêmes ont exprimé, dans une réunion de discussion sur les souffrances liées au chômage des maris, au manque d’argent pour subsister et aux difficultés de la vie quotidienne dans le quartier, que leur participation au programme, avec l’ouverture extérieure que cela impliquait (réunions, sorties, reconnaissance sociale) leur donnait de la force et de l’espoir pour continuer dans leur lutte quotidienne. […]
28» Cependant, le fait que les organisations du quartier soient légitimées de l’extérieur, et non construites à partir d’une accumulation de capital social qui trouverait son origine dans les pratiques du quartier lui-même montre ses limites. Les manzaneras se bornent à résoudre des problèmes immédiats que leurs concitoyens (nes) réclament à l’Etat bienfaiteur, en assumant le relais, mais sans jamais pouvoir construire elles-mêmes des stratégies à long terme.
29» Le processus observé est contradictoire et complexe : il existe une construction naissante de pouvoir local (qui a eu des effets très importants comme celui de la construction des digues pour empêcher les inondations), mais ce pouvoir est fortement limité par la subordination politique. » (Hainard et Verschuur, 2003).
30Il n’y a pas de prise de conscience transformatrice des identités et des relations de genre. Ala longue, on observe un essoufflement du mouvement.
31La recherche sur le terrain en République dominicaine a elle aussi montré que cette lutte pour renforcer le pouvoir des femmes est permanente, s’essouffle, et peine à s’extraire des rapports de soumission patriarcaux, limitant les capacités des femmes à s’affirmer dans l’espace public. L’importance de la dimension symbolique des relations de genre y apparaît fortement.
32« Ce sont les femmes qui, tous les jours, affrontent les problèmes et se débrouillent pour trouver des solutions à l’absence de services ou pour négocier des services vraiment efficaces, pour améliorer les logements, les propriétés foncières, les écoles, les parcs, etc. Pour cela, elles participent aux organisations de quartier, où elles forment la majorité des membres, brisant ainsi les barrières culturelles et les obstacles posés par le chef de famille. La participation des femmes aux organisations communautaires représente un pas très important pour celles-ci, dans la mesure où elles se sentent utiles au-delà du cadre familial où l’homme et la société les ont reléguées. L’organisation permet aux femmes de sortir de chez elles, de découvrir le monde extérieur à travers ce prisme et de s’épanouir comme citoyennes au moins au niveau de leur communauté. A leur tour, les organisations s’en trouvent enrichies, renforcées par l’engagement constant des femmes.
33» On observe que si les femmes sont à la base les plus nombreuses, les plus actives et les principales exécutrices des tâches et des luttes communautaires, au niveau des responsabilités, les hommes restent majoritaires. Les femmes ne participent pas véritablement aux prises de décision ni aux processus d’évaluation. L’étude concrète de l’exécution du Plan Cigua (concernant la transformation urbaine et environnementale du quartier) nous a révélé que les femmes n’intervenaient pas directement dans les propositions ou dans les solutions adoptées en raison de leur absence des instances décisionnelles. Seuls certains de leurs points de vue étaient pris en considération. Il faut noter que les membres féminins des organisations n’ont elles-mêmes pas conscience de cette situation […]
34» Cette situation est paradoxale si l’on considère leur rôle actif dans les luttes contre les expulsions des quartiers, qui ont vu le blocage des entrées des quartiers par des militaires et l’interdiction d’introduire des matériaux d’amélioration de l’habitat ; ou dans les manifestations contre la construction d’une installation de traitement des eaux usées qui non seulement ne traitait pas les eaux usées du quartier mais créait des puanteurs. Ces luttes ont revêtu un caractère très violent, avec affrontements et morts d’homme, et ont été animées par une détermination de fer de la part des femmes pour qui le logement est capital, fût-t-il de condition misérable. » (Hainard et Verschuur, 2003)
35Une des caractéristiques de l’approche empowerment, telle qu’elle a été définie par les organisations du Sud, est le fait qu’il s’agisse d’une démarche « bottom - up ». A ce titre, elle peut revendiquer une certaine légitimité comme source d’inspiration pour la définition de politiques publiques susceptibles de mieux correspondre aux préoccupations des populations concernées.
36Un exemple explicite est donné par le terrain brésilien de la recherche MOST. La réflexion sur l’attribution des titres de propriété des logements aux femmes plutôt qu’aux hommes est le produit de la participation d’hommes et de femmes aux mouvements de quartier, qui a favorisé une prise de conscience critique.
37Les habitants de la favela de Gamboa, dans la ville de Santo André, lors des discussions de l’association de quartier et de l’association des femmes du quartier, et lors de l’analyse des conditions concrètes de leur vie, ont mis en avant le thème controversé des titres de propriété des logements.
38Actuellement, suivant les normes culturelles, les titres de propriété des maisons sont inscrits au nom de l’homme, même si légalement rien ne s’opposerait à ce qu’ils le soient au nom de la femme. Or, le logement a une valeur différente pour l’homme et pour la femme. Si pour les hommes, le logement est davantage synonyme de capital, donc échangeable, pour les femmes, le logement correspond à une garantie de stabilité, une stratégie d’enracinement permettant de tisser des réseaux d’entraide et de solidarité. La discussion sur l’attribution du titre de propriété à la femme plutôt qu’à l’homme apparaît comme un point stratégique de transformation des relations de genre, mais également comme une mesure législative pratique qui permet de résoudre certaines situations familiales insoutenables, tout en donnant un certain gage de continuité aux programmes qui pourraient être mis en place par la municipalité. Au lieu d’émerger comme une proposition administrative « top-down », elle apparaît comme une proposition « bottomup », fruit de la réflexion de femmes et d’hommes conscientisés, du quartier et de la municipalité, qui voient là une possibilité, provisoire peut-être mais réaliste, de résoudre le problème de la pérennisation des programmes d’appui aux familles en situation d’exclusion et de développement des quartiers urbains marginaux.
39Comment passer d’un empowerment « conjoncturel » à un empowerment « durable » ? Comment éviter que l’empowerment n’aboutisse à une dépolitisation et à une démobilisation, comme le prévoient certaines analyses des mouvements de femmes ?
40L’empowerment a de multiples dimensions qui ont des liens entre elles. La dimension symbolique, avec la prise de conscience transformatrice des identités de genre, la dimension institutionnelle, avec l’importance des processus de constitution des organisations, la participation aux mouvements de base, l’analyse des organisations, sont des éléments importants pour comprendre les perspectives de changement. La dimension personnelle a également fait l’objet de recherches intéressantes.
De l’empowerment de genre au niveau familial à l’accès aux décisions dans la vie publique
41Naila Kabeer (Kabeer, 1995), dans un article analysant les rapports entre l’accès des femmes à des revenus monétaires et les relations de pouvoir intrafamiliales, parvient à des conclusions réservées sur l’empowerment fémininque cela favoriserait. Selon elle, chacun, des chercheurs marxistes aux analystes de la Banque Mondiale, s’accorde à affirmer que la dépendance économique est un facteur fondamental dans la structuration des inégalités entre femmes et hommes, dans les économies de marchés. Mais il n’y a pas de consensus sur les conséquences de l’accès à des emplois rémunérateurs sur cette dépendance, même parmi les chercheuses féministes. Les positions divergent et aboutissent à des stratégies différentes. Faut-il lutter contre la délocalisation, considérant que l’emploi des femmes dans les industries manufacturières du Sud renforce leur exploitation ? Ou considère-t-on que l’accès à des revenus signifie une brèche dans la soumission des femmes ?
42Joekes (citée par Kabeer) considère que l’accès des femmes du Sud à des emplois salariés constitue un potentiel d’empowerment car il a des effets positifs sur le pouvoir de décision des femmes dans le ménage, il fournit des moyens de pression qui élèvent leur capacité de négociation. Lim (citée par Kabeer, 1995, p. 2) indique que l’emploi salarié, même dans des conditions d’exploitation, permet des avantages comme la possibilité pour les femmes de quitter l’enceinte de la maison, de retarder l’âge du mariage et de la maternité, d’augmenter le niveau de revenus et de consommation, d’améliorer leur mobilité, de diversifier leurs choix individuels, et d’exercer une certaine indépendance personnelle. Par contre, Elson et Pearson (cités aussi par Kabeer) sont pessimistes. Le travail en usine peut éventuellement fournir une base pour la lutte des femmes contre leur subordination, mais à leur avis, il ne mène pas à leur reconnaissance sociale comme gagne-pain. Ces auteurs recensent de nombreuses études dans le Sud asiatique qui montrent une forte corrélation entre l’entrée des femmes sur le marché du travail salarié et la pauvreté dans les ménages. Etant donné la non-flexibilité de la charge de travail domestique des femmes, le travail salarié additionnel n’est possible que grâce à des niveaux plus forts d’auto-exploitation des femmes.
43Kabeer insiste sur le fait que le contexte culturel est essentiel pour analyser les conséquences de ces changements économiques. Une société aux fondements exclusivement patriarcaux peut voir se renforcer les rapports de soumission des femmes lors de leur entrée dans le monde du travail salarié dans des conditions d’exploitation dans l’usine et d’auto-exploitation dans la famille.
44L’étude approfondie de Kabeer auprès d’ouvrières d’une industrie textile du Bangladesh conclut que les nouvelles opportunités d’emploi salarié pour les femmes ont transformé leurs vies. Elles entraînent des changements au niveau structurel, par exemple dans les pratiques de mariage, l’organisation intra-familiale, les modèles migratoires, et au niveau individuel. Ces opportunités leur ont permis de se trouver une place plus centrale, d’assurer une meilleure vie à leurs enfants, de réaliser des rêves, de refuser des relations imposées. Dans le cas précis bengali, les conclusions montrent que ces emplois ont aidé les familles à mieux répondre à leurs besoins de base, à améliorer leur sécurité et réduire leur endettement, à éduquer les enfants et en particulier les filles, et à commencer à faire que les femmes, auparavant considérées comme un poids pour les familles, soient perçues comme un atout. Kabeer en conclut que la stratégie d’activistes ou de syndicats du Nord de boycotter les produits des multinationales employant des femmes exploitées, au lieu d’être du « protectionnisme à visage humain » peut au contraire léser la transformation des rapports d’inégalité entre hommes et femmes dans ces pays.
45Cette étude, révélant l’importance de l’accès des femmes à des revenus monétaires pour modifier les relations de genre et les relations de pouvoir, et donc développer les capacités de négociation, ajoute des éléments intéressants à nos propres réflexions. Dans notre recherche sur les villes et l’environnement, lorsque nous cherchons à analyser et comprendre les obstacles à l’accès aux décisions des femmes dans la planification et la gestion urbaine, nous considérons que l’analyse de l’empowerment dans chacune de ces sphères étroitement imbriquées (domestique, productive, communautaire) est d’importance pour comprendre les transformations au niveau public.
46La représentation des rapports sociaux peut signifier autant d’accélérations ou d’obstacles à l’empowerment. L’analyse de ces représentations en décalage ou même en opposition avec la réalité, parfois sclérosées ou importées (d’autres classes sociales ou régions), parfois réinventées sans concordance avec les transformations rapides des rapports sociaux en milieu urbain, nous a permis de souligner combien la déconstruction sociale de la masculinité est aussi importante que celle de la féminité. L’analyse de genre, historiquement centrée initialement sur les femmes, a facilité l’ouverture de ce débat pour les hommes. Dans ce sens, l’empowerment des femmes reste une priorité, entre autres parce que cela peut justement permettre d’entamer la déconstruction selon le genre et de leurs rapports. Qu’il s’agisse à nouveau d’une responsabilité supplémentaire pour les femmes est fort possible, il faudrait étudier comment et avec qui (quels alliés) mieux partager cette responsabilité.
Quelques autres questions en suspens sur l’empowerment
47Les diverses expériences et recherches de terrain indiquent que la question est complexe, et ne peut être simplement balayée de la main comme une proposition « top-down » sans perspective aucune. Il nous semble au contraire qu’elle montre l’intérêt des recherches menées avec cette perspective de genre pour aborder de manière critique les pratiques et la réflexion sur le développement, tout particulièrement dans le contexte de la mondialisation et des déplacements des lieux de pouvoir.
48Dans le cadre de la recherche MOST en réseau, diverses questions sur l’empowerment ont surgi et restent à approfondir :
L’empowerment que l’on observe dans certaines situations est-il de type conjoncturel ou est-il un empowerment « de transformation » ? S’agit-il, avec la prise de plus grandes responsabilités des femmes par rapport aux hommes, uniquement de surtravail dans la sphère de la reproduction sociale, ou ces responsabilités mènent-elles à une prise de conscience transformatrice ? A quelles conditions l’empowerment féminin constaté dans certaines situations (notamment lors de la participation dans des luttes sociales) est-il irréversible ?
Quels facteurs font ou empêchent que la participation des femmes dans des organisations communautaires contribue à transformer leur perception et la réalité des rapports de pouvoir entre hommes et femmes, que ce soit au niveau micro (famille), méso (organisations) ou macro (société globale) ?
Des conditions politiques favorables (comme une municipalité sensible à l’empowerment des femmes) ont-elles une influence positive et définitive sur ce processus, ou celui-ci dépend-il fondamentalement et/ou exclusivement d’une transformation de la conscience de genre au niveau de la cellule familiale ? Quelle influence exerce l’ouverture vers l’extérieur (la participation des femmes) sur cette transformation de la conscience de genre chez les femmes et les hommes ?
Le développement économique et social actuel (crise économique, désengagement de l’Etat-providence et/ou absence de l’Etat, responsabilisation économique croissante des femmes au niveau familial,…) accélère-t-il la transformation des rapports sociaux entre hommes et femmes et modifie-t-il le processus d’empowerment ? Quels rapports y a-t-il entre le renforcement de la position économique des femmes et d’éventuelles modifications des rapports de pouvoir ?
Pourquoi et dans quelles conditions les femmes, plutôt que de s’organiser collectivement, se replient-elles sur des stratégies individuelles/familiales, ce que nous avons appelé « privatisation de la lutte » ? Comment se traduit ce repli en termes de transformations des relations de pouvoir entre hommes et femmes et en termes de définition de politiques urbaines ?
49Un des apports des analyses de l’empowerment concerne le lien entre ses différentes composantes, à savoir que des progrès dans un domaine ne peuvent se maintenir sans encourager des progrès dans d’autres domaines. Par exemple, les droits dans le domaine reproductif ne peuvent s’exercer pleinement si le manque d’indépendance économique limite la liberté des femmes de faire des choix.
50Les organisations elles-mêmes doivent revoir leurs structures et procédures (essentiellement masculines) si elles veulent soutenir l’empowerment. Car, si l’on ne change pas les institutions pour qu’elles reflètent et représentent les intérêts des femmes, l’objectif d’égalité entre les sexes ne peut être atteint (Goetz, 1995).
Empowerment, organisations de base et politiques publiques
51Partant du principe qu’un partage différent de pouvoir s’impose, nous pouvons relever de l’étude comparative d’expériences et terrains très différents divers éléments de réflexion qui peuvent inspirer ceux et celles qui cherchent à définir et mettre en œuvre de nouvelles politiques publiques. Ce partage de pouvoir, entre hommes et femmes, se joue à divers niveaux.
52Nous avons relevé que les relations de pouvoir dans la sphère domestique et publique interfèrent les unes sur les autres, les changements dans une sphère étant difficiles à conserver s’il n’y a pas eu de changements dans l’autre ; que les représentations, l’imaginaire, des rapports de genre se maintiennent même après que ces rapports se sont transformés dans la réalité, et sont une entrave à des changements durables et globaux. La réflexion et le travail sur les identités sont donc essentiels. Or, les hommes semblent avoir plus de difficultés à transformer leur identité, leur capacité d’engagement et de contribution aux programmes de développement, ainsi que les relations de genre qu’ils entretiennent au sein des différentes instances ; en l’absence d’une telle transformation, l’accès inégal aux décisions peut difficilement être modifié. Il en résulte que les mouvements de base s’essoufflent par la fatigue qui s’installe à la longue auprès des femmes sans soutien de leurs compagnons de vie ou de lutte. Par ailleurs, il semble que la manière dont se construit le pouvoir dans les organisations et dont il est légitimé par ses membres (de l’extérieur ou de l’intérieur) a une influence déterminante sur sa pérennité et sur la possibilité pour les membres de se projeter à plus long terme ; que le type d’intervention, spontanée ou introduite de l’extérieur, n’est pas aussi déterminant dans l’évolution du programme que la démarche participative et conscientisante (ou non) ; et que la dimension économique des organisations auxquelles participent des femmes est déterminante dans l’évolution des rapports de pouvoir, dans l’empowerment des femmes. Il faut aussi se rendre compte que l’influence des politiques néolibérales (transformations du travail des femmes, privatisations des services de base) peut aller de pair avec une « privatisation des luttes » qui mène à des impasses, renforçant les rapports domestiques inégaux entre hommes et femmes.
53Un accès plus équitable au pouvoir sur les affaires de la communauté passe ainsi par le travail sur les identités de genre, avec les hommes et les femmes ; un accès accru à l’information et à des formations ; ainsi que la constitution ou le développement de bases économiques qui renforcent l’empowerment embryonnaire des femmes au sein d’organisations qui intégreraient dans leurs structures et fonctionnement une perspective de genre.
54La voie encourageant l’empowerment des femmes, telle qu’elle a été abordée dans la recherche MOST, nourrie par l’expérience des mouvements sociaux des pays du Sud et de la réflexion des chercheurs et activistes du Sud, peut revendiquer une certaine légitimité lors de propositions alternatives sur le développement. Elle exige de nouveaux paradigmes de développement et des formes d’exercice du pouvoir inédits. Cela demande aussi un partage différent du pouvoir.
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Notes de bas de page
1 Kabeer, dans son article sur la mesure de l’empowerment, ailleurs dans cet ouvrage, dit que « bien des féministes pensent que la valeur du concept tient justement à son imprécision ».
2 Falquet, Jules, 2003, « “Genre et développement” : une analyse critique des politiques des institutions internationales depuis la Conférence de Pékin », présentation publiée dans son intégralité dans « Mondialisation, pouvoirs et rapports de genre » (titre provisoire), Reysoo Fenneke (dir.), UNESCO/DDC/iuéd : Genève 2003 (à paraître).
3 Projet de recherche MOST-UNESCO intitulé « Villes, environnement et rapports sociaux entre hommes et femmes », coordonné par F. Hainard et Ch. Verschuur, avec un réseau de sept équipes de chercheurs des pays du Sud et d’Europe de l’Est, en cours depuis 1997.
4 Bruno Lautier, 2002, in : « Pourquoi faut-il aider les pauvres ? Une étude critique du discours de la Banque Mondiale sur la pauvreté », Revue Tiers Monde, janv. -mars, n o 169.
5 H. Schneider, 1999, texte cité par B. Lautier, p. 16et 18.
6 Voir l’article de Naila Kabeer sur la mesure de l’empowerment, ailleurs dans cet ouvrage.
7 Naila Kabeer, 2002, Discussing Women’s Empowerment – Theory and Practise, Sida Studies n° 3, Stockholm, voir divers extraits traduits dans cet ouvrage (chapitre 5).
8 Voir les extraits de cette thèse publiés ailleurs dans le livre.
9 Voir également : Abdoul e. a., 2003, « Organisation de nouvelles activités économiques des femmes et accès aux décisions, une étude à Santhiaba au Sénégal », in Cahiers genre et développement n° 3, Genre, mondialisation et pauvreté, L’Harmattan, Paris, p. 93-99.
Auteur
Institut universitaire d’études du développement (IUED), Genève. Coordinatrice, avec F. Hainard, du projet de recherche MOST-UNESCO « villes, environnement et genre ».
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