Le renforcement du pouvoir des femmes et l’importance du rapport entre genre et propriété
p. 29-36
Note de l’éditeur
Référence : León, Magdalena. “Le renforcement du pouvoir des femmes et l’importance du rapport entre genre et propriété”, in Christine Verschuur et Fenneke Reysoo, Genre, pouvoirs et justice sociale, Cahiers Genre et Développement, n°4, Genève, Paris : EFI/AFED, L'Harmattan, 2003, pp. 29-36, DOI : 10.4000/books.iheid.5633. Acheter le .pdf chapitre éditeur.
Texte intégral
1[…]
2L’expression « renforcement du pouvoir » s’est généralisée et s’est imposée dans les milieux internationaux, nationaux et locaux au cours des 25 dernières années. En effet, elle a fait l’objet de débats théoriques, et surtout elle est appropriée pour recueillir les expériences pratiques des femmes, en particulier celles de la base. J. Rowlands indique que des ateliers sur le renforcement du pouvoir se déroulent en Asie du Sud depuis le début des années 80. L’intérêt pour le renforcement du pouvoir est indéniable aussi en Amérique latine.
3Bien que cette expression soit largement employée, il existe des ambivalences, des contradictions et des paradoxes dans la façon dont le concept est utilisé. […]
4Le débat entre le renforcement individuel et le renforcement collectif du pouvoir reflète l’une de ses contradictions fondamentales. Pour ceux qui se placent dans une perspective individuelle, en mettant l’accent sur les processus cognitifs, le renforcement du pouvoir se limite à la maîtrise et au contrôle individuels et personnels. C’est « faire les choses par soi-même », « réussir sans l’aide des autres ». Cette perspective individualiste met l’accent sur les sujets indépendants et autonomes ayant un sens de la maîtrise de soi, elle ignore les relations entre les structures de pouvoir et les contraintes de la vie quotidienne des individus et des groupes, et elle exclut les individus du vaste contexte sociopolitique, du domaine de l’histoire et de la solidarité, de ce que représentent la coopération et le fait de se préoccuper d’autrui.
5Le renforcement du pouvoir peut n’être qu’une simple illusion s’il n’est pas lié au contexte et associé à des actions collectives dans un processus politique. Il est certes important de reconnaître les perceptions individuelles, il ne faut pas réduire le renforcement du pouvoir au point d’en négliger les aspects historiques et politiques. Le renforcement du pouvoir englobe aussi bien le changement individuel que l’action collective. En tant que mécanisme de confiance en soi et d’estime de soi, il doit s’intégrer dans un processus où entrent en jeu la communauté, la coopération et la solidarité. Si l’on tient compte du processus historique qui crée l’absence de pouvoir, il devient évident qu’il faut modifier les structures sociales en vigueur, qu’il existe un besoin impératif de changement.
6Le féminisme emploie l’expression « renforcement du pouvoir », parce que l’idée de pouvoir a pris une grande importance au cours des dernières décennies, aussi bien pour les mouvements sociaux que pour la théorie des sciences sociales. Les travaux de Gramsci (1971) et de Foucault (1980) ainsi que l’œuvre de Paulo Freire, qui a fait date en Amérique latine, font valoir que les relations de pouvoir et les formes de conscience sont historiquement et culturellement conditionnées par les luttes sociales. Néanmoins, il faut observer que ces auteurs n’ont pas utilisé le concept de renforcement du pouvoir et qu’ils n’ont pas envisagé de façon explicite les relations de genre dans les rapports de force qu’ils ont si amplement définis et analysés.
7C’est à partir de la deuxième vague du féminisme, dans les années 60, que l’expression « renforcement du pouvoir » fait son apparition dans le vocabulaire du Mouvement social des femmes. Les modèles de développement qui avaient prévalu dans la société et qui, d’une façon ou d’une autre, avaient occulté les femmes, ont été remis en question à travers un dialogue fondé sur la contestation et la révolte. La pensée de Maxine Molyneux (1994), celles de Carolyn Moser (1991, 1993) et de Kate Young (1991) se sont situées à l’avant-garde des commentaires critiques, et ont ouvert la voie à une réflexion différente, qui a donné lieu à une nouvelle classification en ce qui concerne la femme et le développement – l’approche dite du renforcement du pouvoir. La planification pour le développement et son influence sur les femmes étaient au centre de leur réflexion. Les travaux que ces auteures ont réalisés au Pérou, à Cuba, au Mexique et dans d’autres pays de la région latino-américaine ont été propices aux contacts avec leurs collègues. Ensemble et/ou en parallèle, ces auteurs ont avancé dans la définition de concepts ou de projections théoriques et politiques qui se sont largement et rapidement propagés en Amérique latine.
8La nécessité d’envisager les besoins et les intérêts des femmes sous l’angle pratique ou stratégique a été soulevée. Les besoins et les intérêts pratiques sont ceux qui répondent aux besoins matériels des femmes, aux demandes spécifiques qui doivent être satisfaites pour que les femmes puissent survivre, échapper à la pauvreté. Ces demandes pratiques sont la lutte pour le salaire, pour l’emploi, pour le logement, pour la scolarisation des enfants, pour les bourses d’études, etc. Tous ces éléments, et d’autres, relèvent de l’aspect pratique de l’existence. Qu’est donc, alors, le stratégique ? Ce sont les besoins et les intérêts qui visent à un changement fondamental dans les relations de pouvoir entre les genres. C’est remettre en question les structures des sociétés auxquelles les hommes et les femmes participent de façon différentielle.
9Les débats ont permis de faire avancer la réflexion, car il apparaissait de plus en plus clairement que l’intervention sur les aspects stratégiques impliquait de prendre en compte des aspects pratiques, mais en leur conférant un caractère politique. C’est uniquement dans la mesure où le pratique est aussi stratégique qu’il peut être considéré comme féministe. La question a donc été posée de savoir comment effectuer cette conversion, et quels moyens et outils utiliser. Parmi les réponses à ces questions, qui restent posées, a surgi l’idée du renforcement du pouvoir en tant que conception différente du développement, un développement qui proviendrait de la base, qui évoluerait du bas vers le haut. Cela implique que le mouvement des femmes mette l’accent sur la prise de conscience, la participation et l’organisation.
10Le texte le plus souvent cité dans le débat sur les origines de l’utilisation de l’expression « renforcement du pouvoir » par le Mouvement des femmes est probablement celui de Sen et Grown (1998) qui avait été préparé pour la troisième Conférence mondiale sur les femmes, à Nairobi, en 1985. Ce document a été traduit en espagnol par le Programa Interdisciplinario de Estudios de la Mujer (PIEM) du Colegio de México, en 1988, sous le titre Desarrollo, Crisis y Enfoques Alternativos : Perspectivas de la Mujer en el Tercer Mundo. Ce texte, qui émane du féminisme universitaire et militant du tiersmonde, présente le concept du renforcement du pouvoir comme une stratégie lancée par le Mouvement des femmes du Sud, dans le but de favoriser les évolutions dans leurs vies et de susciter un processus de transformation des structures sociales, considérée comme l’objectif ultime du Mouvement. Dans cette perspective politique, le renforcement du pouvoir est un moyen de promouvoir les opinions des femmes et, plus encore, de faire en sorte que ces opinions se matérialisent dans le cadre d’un processus d’évolution progressive des relations sociales. Le document insiste sur la nécessité d’organiser et d’amorcer des processus démocratiques et participatifs, qui contribuent au renforcement du pouvoir des femmes.
11[…]
12Une distinction doit être faite entre les différents types de pouvoir afin de comprendre la portée du renforcement du pouvoir. Plusieurs théoriciens ont signalé que l’on peut distinguer au moins deux grandes notions de pouvoir. La première, que nous appellerons pouvoir à somme nulle, est celle où l’augmentation du pouvoir d’une personne ou d’un groupe implique la perte de pouvoir de l’autre personne ou groupe. C’est le pouvoir sur, un pouvoir qui domine, qui contrôle, qui peut imposer des décisions aux autres ; c’est le pouvoir le plus commun, celui dont il est généralement question lorsque nous parlons de pouvoir. C’est un pouvoir qui nous limite et qui limite de nombreux individus au sein de la société. Bien qu’il établisse des règles visibles, c’est un pouvoir qui domine et se manifeste généralement par la prise de décision dans des conflits ouverts ou observables. C’est un pouvoir qui s’exprime aussi par la capacité de décider de ce qui se décide. De plus, c’est un pouvoir tellement pervers que, souvent, la personne dominée ne se rend pas compte de sa situation, qu’elle la juge naturelle et qu’elle défend elle-même le statu quo.
13La deuxième vague du féminisme en Amérique latine a longtemps nié le débat sur le pouvoir. L’idée que seul le pouvoir sur existait y était implicite, ce qui a conduit à ne pas reconnaître les relations de pouvoir au sein du Mouvement et à considérer que la situation des femmes dans la société était surtout celle de victimes impuissantes. Lors des quatrièmes Rencontres féministes latino-américaines, à Taxco (Mexique), en 1987, des débats ont porté, pour la première fois ouvertement, sur les mythes qui avaient orienté les pratiques politiques du Mouvement et qui représentaient des obstacles externes et des entraves internes à son fonctionnement. Le mythe principal avait été ainsi formulé : « le pouvoir n’intéresse pas les féministes ». Par conséquent, un appel à une reconnaissance du pouvoir avait été lancé, dans un double sens : dans les activités menées au sein du Mouvement, et en tant que source de transformation. D’après Marta Lamas, le fait de reconnaître ce mythe a favorisé « une critique de la manipulation négatrice et victimisée que nous, féministes, faisons du pouvoir, et la dénonciation de l’idéalisation de notre action qui, bien que nous la disions différente, est en réalité le plus souvent arriérée, arbitraire et manipulatrice ».
14Reconnaître le pouvoir sur permet de s’y opposer ou de le manipuler à son avantage, et de réussir ainsi à en atténuer l’aspect victimisant. La discussion de Taxco a engagé un processus dans ce sens au sein du Movimiento de Mujeres de Latinoamérica, qui a aussi permis d’envisager d’autres formes de pouvoir, plus nuancées et plus subtiles.
15La seconde notion a trait au pouvoir à somme positive, appelé ainsi parce que le pouvoir que détient une personne ou un groupe fait augmenter le pouvoir total disponible. C’est un pouvoir génératif, productif. Le pouvoir est partagé et l’entraide favorisée. C’est un pouvoir pour, qui invoque la solidarité en vue du changement ; le pouvoir avec nous parle de solidarité et d’alliances, et le pouvoir du dedans nous renvoie à la capacité de transformer la conscience et de réinterpréter la réalité dans laquelle nous évoluons. Cette notion de pouvoir est au centre du concept de renforcement du pouvoir.
16[…]
17Les théoriciennes féministes qui veulent donner un contenu analytique et méthodologique à ce concept s’accordent, depuis peu, à reconnaître que le renforcement du pouvoir est un processus qui se manifeste dans différents cadres. Stromquist parle de phases, l’UNICEF de niveaux en spirale, Wieringa de sphères ou d’éléments d’une matrice, et Roland de dimensions. Les progrès réalisés en matière de conceptualisation ont abouti à la recherche de stratégies globales du renforcement du pouvoir, permettant de souligner le fait qu’il n’y a pas de formule magique ou de conception infaillible, de recette unique ou de modèle dogmatique. Le renforcement du pouvoir n’est pas un processus linéaire, dont le début et la fin sont définis de la même manière pour toutes les femmes ou tous les groupes de femmes. Le renforcement du pouvoir est différent pour chaque individu ou groupe selon sa vie, son contexte et son histoire, et suivant le niveau de la subordination – personnel, familial, communautaire, national, régional ou mondial.
18Les auteures s’accordent aussi à souligner que le renforcement du pouvoir représente un défi aux relations de pouvoir existantes, et qu’il vise à assurer une plus grande maîtrise des sources du pouvoir. Elles soulignent le fait qu’il permet d’atteindre l’autonomie individuelle, de stimuler la résistance, l’organisation collective et la protestation par la mobilisation. En résumé, les processus de renforcement du pouvoir sont, pour les femmes, un défi posé à l’idéologie patriarcale afin de transformer les structures qui renforcent la discrimination de genre et l’inégalité sociale. Le renforcement du pouvoir est donc perçu comme un processus de résolution de l’inégalité entre les sexes.
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Pouvoir de négociation et processus de renforcement du pouvoir1
20Un autre courant dans le développement du concept de renforcement du pouvoir est incarné par les économistes féministes, qui se concentrent sur l’analyse de l’autonomie économique et de ses rapports avec le pouvoir de négociation relatif des hommes et des femmes au sein du ménage, de la communauté et de la société. L’approche du pouvoir de négociation a été en grande partie inspirée par les critiques féministes du modèle néoclassique de la famille unitaire. Dans ce modèle, le ménage est considéré comme une unité non différenciée de consommation et de production dans laquelle les ressources et les revenus sont partagés. Il est sous-entendu que les ressources du ménage sont allouées par un chef de ménage altruiste (l’époux), qui représente les goûts et les préférences de la famille et s’efforce de maximiser l’utilité de tous les membres du ménage. Nancy Folbre (1986) a été l’une des premières chercheuses à mettre en évidence la nature contradictoire de ces hypothèses. Elle a signalé que, depuis l’époque d’Adam Smith, on suppose que les acteurs économiques rationnels cherchent à servir au mieux leurs propres intérêts. « Pourquoi, dès lors, l’altruisme régirait-il le comportement au sein de la famille ? »
21En outre, cette théorie ne correspondait pas aux faits, comme nous l’avons déjà montré, puisqu’il apparaissait de plus en plus que les relations au sein du ménage étaient marquées par une inégalité économique. Les économistes ont commencé à mettre au point des variantes à l’étude des interactions au sein du ménage, afin de déterminer si celui-ci était régi par l’altruisme ou par l’intérêt particulier.
22Nous résumons ici l’approche « pouvoir de négociation », élaborée par Agarwal (1994), qui conceptualise le ménage « comme une matrice complexe de relations où existe une négociation continuelle (souvent implicite), sujette aux restrictions dues au genre, à l’âge, à la parenté » et à ce qu’il est socialement acceptable de négocier. En s’inspirant de la formulation de Sen (1990), elle pose comme postulat que les relations dans le ménage sont caractérisées aussi bien par des éléments de coopération que par des éléments de conflit. Certains des résultats de la coopération sont plus favorables que d’autres à chaque participant. Le fait qu’un gain pour une personne implique une perte pour une autre témoigne du conflit parfois sous-jacent à la coopération.
23Comment détermine-t-on le vainqueur ? « Le résultat dépendra du pouvoir de négociation relatif des membres du ménage. Le pouvoir de négociation d’un membre pourrait dépendre de divers facteurs, en particulier la force de sa position de repli [fall-back position] (les options externes qui déterminent la situation dans laquelle il se trouverait si la coopération cessait) et dans quelle mesure ses revendications sont socialement et juridiquement légitimes. La personne qui jouit de la position de repli la plus forte (les meilleures options externes) et/ou dont les revendications sont les plus légitimes, pourrait obtenir un résultat plus favorable, bien que la situation des deux parties soit meilleure si celles-ci ne coopéraient pas » (Ibid. : 54-5).
24Les éléments les plus importants de la position de repli d’une personne comprendraient : 1) la propriété et le contrôle des biens économiques ; 2) l’accès à l’emploi et à d’autres modalités de production de revenus ; 3) l’accès à des ressources communautaires ; 4) l’accès aux systèmes traditionnels de soutien social extérieur (dans la communauté ou la famille élargie) ; et 5) l’accès à l’appui de l’Etat ou des ONG. Ces cinq facteurs influent sur la capacité d’une personne à satisfaire ses besoins en dehors du ménage.
Partis pris contre les femmes et procédures judiciaires en Ouganda
Une étude sur les litiges fonciers dans le district de Kabale, en Ouganda, a montré que, du fait de partis pris sexistes et de la corruption, les tribunaux locaux défendaient généralement mal les femmes en litige avec des hommes de leur famille à propos de la vente de terrains ou de propriétés. Dans ces différends, ce sont souvent des fils adultes ou des parents masculins qui harcèlent des veuves âgées pour qu’elles leur cèdent le terrain dont elles ont hérité de leur mari. Dans d’autres cas, c’est le mari qui vend des biens fonciers familiaux sans consulter son épouse. Fréquemment confrontées aux demandes de paiements « informels » de la part des représentants de l’Etat, les femmes ayant porté ces affaires devant la justice n’ont généralement pas pu verser de pots-de-vin aussi importants que leurs parents masculins. Il y a même parfois eu entente entre les vendeurs et des membres du conseil de village.
Il n’existe pas de mécanisme institutionnel pour mettre un frein à la corruption et aux partis pris contre les femmes. En outre, le système électoral défavorise particulièrement les femmes souhaitant siéger dans les conseils de village.
In : Rapport mondial sur le développement humain 2002, PNUD, de Boeck, Bruxelles, p. 66, encadré 3.2., Source : Goetz et Jenkins, 2002.
25Agarwal fait valoir que dans les sociétés agraires, notamment dans le sud de l’Asie, le droit à la propriété de la terre implique une position de privilège. Elle soutient que « le droit indépendant effectif à la propriété de la terre pourrait renforcer la position de repli de la femme rurale plus que ne pourrait le faire l’emploi à lui seul ». Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas s’employer à améliorer les possibilités d’emploi offertes aux femmes. Mais « la propriété de la terre apporte plus que ce que peut fournir un emploi, y compris une base plus solide pour la participation sociale et politique, et donc pour contester l’inégalité de genre sur plusieurs autres fronts ». Cette proposition semble être particulièrement pertinente dans le cas de l’Amérique latine, compte tenu des bas salaires et de la nature saisonnière et à temps partiel de l’emploi agricole salarié des femmes, y compris dans les régions qui ont privilégié l’emploi des femmes grâce au développement de cultures d’exportation non traditionnelles.
26La propriété, que ce soit celle de la terre, du logement ou autre, accroît le pouvoir de négociation de la femme non seulement au sein du ménage, mais aussi, potentiellement, en dehors de celui-ci, c’est-à-dire dans la communauté et dans la société. Agarwal (1999) ouvre un débat sur les normes sociales : de quelle manière elles fixent des limites à ce qui peut être négocié ; en quoi elles sont un facteur déterminant ou une limitation du pouvoir de négociation ; et comment elles ont une influence sur la façon de conduire le processus de négociation. Elle démontre aussi que les normes sociales constituent un facteur négociable en ce sens qu’elles peuvent être soumises à la négociation et au changement. Les biens étant concentrés entre les mains des hommes, il faut modifier les normes sociales pour que l’égalité de genre formelle – consacrée par les normes du droit de la propriété dans les législations espagnoles et latino-américaines – se traduise par une égalité de genre réelle dans la distribution des ressources.
27En fin de compte, l’exercice du droit à la propriété étant un élément privilégié du pouvoir de négociation, ce droit est un facteur central du processus de renforcement du pouvoir des femmes. Cet article a pour seul objet d’attirer l’attention sur cela, afin que la défense des droits à la propriété des femmes urbaines et rurales […], dans toute autre société, soit placée au centre des débats de l’agenda féministe et du mouvement des femmes dans ce nouveau millénaire, et constitue un élément de progrès de la justice sociale dans une perspective de genre. Je suis convaincue que, sans la mobilisation des femmes, et sans des études théoriques et empiriques qui démontrent la distribution inégale de la propriété, aujourd’hui concentrée entre les mains des hommes, une évolution favorable à l’équité de genre n’est que peu probable.
Traduit de l’espagnol. Texte original : « El empoderamiento de las mujeres y la importancia de la relación género y propriedad », extraits par l’auteur de : León, M., 1997, Poder y Empoderamiento de las Mujeres, TM Editores y Fac. de Ciencias Humanas, Bogotá, et Deere Carmen Diana et León Magdalena, 2000, Género, propiedad y empoderamiento : Tierra, Estado y mercado en América Latina, Bogotá : TM Editores, Fac. de Ciencias Humanas, Universidad Nacional.
Notes de bas de page
1 Cette partie est tirée de Deere Carmen Diana et León Magdalena (2000, chap. 1), Género, propie - dad y empoderamiento : tierra, Estado y mercado en América Latina, Bogotá : TM Editores, UN Facultad de Ciencias Humanas et Universidad Nacional. Les références citées sont indiquées.
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Ce livre est cité par
- Marius, Kamala. (2018) Je travaille, donc je suis. DOI: 10.3917/dec.maru.2018.01.0228
- Beaulieu, Elsa. Rousseau, Stéphanie. (2011) Évolution historique de la pensée féministe sur le développement de 1970 à 2011. Recherches féministes, 24. DOI: 10.7202/1007749ar
Ce chapitre est cité par
- Viens, Catherine. (2022) Vers une grille d'analyse féministe radicale de l’empowerment en contexte fédéral : les luttes agricoles en Inde. Canadian Journal of Political Science, 55. DOI: 10.1017/S0008423922000671
- Adjamagbo, Agnès. Calvès, Anne-Emmanuèle. (2012) L'émancipation féminine sous contrainte. Autrepart, N° 61. DOI: 10.3917/autr.061.0003
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