Le fossé hommes-femmes dans la propriété des biens : le foncier en Amérique latine
p. 197-203
Résumé
Dans son ouvrage pionnier, A field of one’s own : women and land rights in South Asia, Agarwal (1994) explique l’importance de la reconnaissance des droits des femmes à la terre pour des raisons de bien-être, d’efficience, d’égalité et d’empowerment, et ces idées commencent à faire leur chemin dans la réflexion et les pratiques des agences internationales. […]
La plus grande partie de l’ouvrage d’Agarwal (1994) porte sur l’héritage, le premier moyen d’acquisition de la terre en Asie du Sud. Mais dans d’autres régions, comme l’Amérique latine où l’agriculture capitaliste est très développée, le marché est probablement aussi voire plus important que la famille, la communauté et/ou l’État dans l’acquisition de la terre comme bien privé. De plus, certains pays d’Amérique latine ont connu des programmes de réforme foncière plus profonds que les pays d’Asie du Sud. Il convient donc de s’interroger sur le poids relatif des différentes formes d’acquisition de la terre dans le fossé qui sépare les hommes et les femmes dans la propriété foncière.
En Amérique latine, ce fossé est important et imputable à cinq facteurs : la préférence accordée aux héritiers masculins ; les privilèges accordés aux hommes dans le mariage ; le déséquilibre en faveur des hommes dans les programmes communautaires et étatiques de distribution des terres ; le déséquilibre en faveur des hommes sur le marché foncier. Par ailleurs, les hommes et les femmes n’acquièrent pas les terres de la même façon : les femmes deviennent propriétaires foncières le plus souvent par héritage tandis que le marché foncier a une part relativement plus importante dans l’acquisition de terres par les hommes. On peut également constater que la transmission de la terre par héritage tend à devenir plus égalitaire en Amérique latine ; cette tendance semble se dessiner aussi dans les programmes d’État de distribution de terres et de délivrance de titres de propriété, mais ces tendances positives se dessinent dans un contexte général de renforcement de la concentration foncière et d’accroissement des transactions sur le marché foncier. […]
Texte intégral
Référence : Deere, Carmen Diana, et Magdalena León. “Femmes, droits à la terre et contre-réformes en Amérique latine” in Christine Verschuur, Genre, changements agraires et alimentation, Genève, Cahiers Genre et Développement, n°8, Genève, Paris : EFI/AFED, L'Harmattan, 2012, pp. 187-196, DOI : 10.4000/books.iheid.5261 – Pour des questions de droit, nous ne pouvons pas publier l’article en sa version intégrale. Acheter le .pdf chapitre éditeur.
Auteurs
Économiste, University of Florida
Sociologue, Universidad nacional, Colombie.
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