Chapitre III. Atolls
p. 46-47
Texte intégral
1Les atolls sont composés d’une ou plusieurs îles calcaires, découvertes en permanence et constituées de débris coralliens.112 Ces îles sont situées sur une masse de récifs frangeants submergés par la haute marée mais découverts à marée basse ; les récifs sont composés de coraux vivants. L’île ou les îles peuvent être disposées de façon circulaire ou ovale ; leur côté extérieur est exposé au vent dominant, alors que leur côté intérieur enferme un plan d’eau protégé du vent et des marées, appelé le lagon.
2Si l’île a la forme d’un anneau avec une seule et étroite ouverture, les eaux du lagon n’ont pas la même composition que celles de l’océan. Parfois même, le niveau du lagon ne correspond pas à celui de la mer. Si l’île ou les îles ont une forme plus ovale ou s’il y a plusieurs ouvertures, le lagon fait partie des eaux océaniques. Parfois, à l’intérieur du lagon, apparaissent un ou plusieurs petits îlots, découverts en permanence, dont la composition – souvent volcanique – est encore différente de celle des îles circulaires et des récifs découvrants ; cela est dû au fait que la flore et la faune du lagon – surtout s’il est plus ou moins bien fermé – sont différentes de celles de la mer ouverte.
3Les atolls sont le résultat de phénomènes géologiques particuliers qui ne se produisent que dans des conditions climatiques particulières (dans les mers chaudes en principe). Les coraux ne peuvent vivre qu’à certaines températures et jusqu’à une certaine profondeur d’eau (variant entre 30 et 40 mètres). Les récifs frangeants qui sont exposés au vent protègent en fait la partie de l’île qui est découverte en permanence. Alors que le récif vit, l’île est morte ; si le récif est détruit soit par la pollution des eaux, soit par d’autres causes, l’île va dépérir elle aussi. Bien évidemment, les habitants des atolls vivent sur l’île, qui seule est découverte, mais ils doivent leur survie au récif qui crée l’île et la protège en même temps.
4Les eaux du lagon sont très riches en poissons, avec une flore et une faune abondantes dans lesquelles les habitants de ces configurations singulières puisent la plus grande partie de leur nourriture. Néanmoins, étant donné la nature particulière des eaux du lagon, celui-ci est d’une écologie extrêmement délicate. C’est pourquoi les pays composés d’atolls insistent sur le caractère unitaire de l’atoll qui est considéré comme l’ensemble des trois éléments : l’île, le récif et le lagon.
5Il n’existe pas de définition juridique des atolls. On les a cependant sommairement décrits ici puisque la Convention de 1982 contient des dispositions, que l’on examinera en temps utile, concernant le tracé de la limite de leur mer territoriale.113
Notes de bas de page
112 Selon Bourcart, Jacques, Géographie des fonds des mers, Etude du relief des Océans, Paris, Payot, 1949, p. 188,
« on donne ce nom à des îles exactement circulaires (leur diamètre peut atteindre 100 milles), très basses sur l’eau et faites de débris coralliens. Elles enferment une mer intérieure ou lagon, dont la profondeur le plus souvent ne varie curieusement qu’entre 24 et 36 mètres… Il ne faut pas croire que les récifs soient faits de coraux vivants, mais en réalité ils sont faits de débris de coraux ou d’algues calcaires, plus ou moins cimentés par d’autres algues calcaires. »
Voici la définition donnée par le Géographe du Département d’Etat des Etats-Unis d’Amérique Hodgson, Robert, « Islands : Normal and Special circumstances », Law of the Sea : The Emerging Regime of the Oceans, chapitre 8, édité par Gamble, J., et Pontecorvo, G., Proceedings of the eighth Annual Conference of the Law of the Sea Institute, 1973, p. 164 :
« Atolls primarily comprise chains of tiny, low limestone islets (“motus”) that partially crow a circular or oval coral reef. The reef normally is completely submerged at high tide but heads dry at low water. »
113 Voir ci-dessous, pp. 75-78.

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