1Ce qui a été dit jusqu’à présent peut être exprimé encore différemment, en utilisant la perspective circulaire et cumulative de Gunnar Myrdal. A cette fin, nous ajoutons deux nouveaux facteurs à la triple combinaison : la valeur des marchandises/services et la distribution des ressources. Ces facteurs ne sont pas entièrement choisis au hasard parmi les nombreux autres facteurs, variables ou sous-concepts de développement que l’on pourrait mettre en relation sur le chemin difficile d’une approche « globale » et « totale ». De fait, ils sont essentiels à la compréhension du fonctionnement de la triple combinaison elle-même.

2L’ordre des éléments est indifférent. Aucun n’est censé être une « cause » première et l’on pourrait ajouter des flèches. Mais laissons le schéma aussi simple que possible.

LE CERCLE NÉGATIF

LE CERCLE POSITIF

3Selon le degré de sélectivité appliqué aux apports externes dans une stratégie de développement dissociative, les deux modèles se combinent : certains biens/services valorisés pour l’usage, certains pour l’échange, certains pour l’usage et l’échange ; degrés plus ou moins élevés de dépendance, etc. Il importe de savoir quel est le cercle dominant. Les éléments des deux cercles sont généralement présents, mais se combinent de manière différente d’un cas à l’autre.

Conclusion

4Nous pourrions résumer notre propos par cette suite d’hypothèses : la satisfaction des besoins fondamentaux devrait être prioritaire dans une politique de développement. Cependant les besoins fondamentaux doivent être définis au sein de contextes culturels spécifiques et ne peuvent être satisfaits au mieux que lorsque la population utilise sa propre ingéniosité et ses propres ressources. Cela n’est possible que lorsque des stratégies dissociatives, telle la « self-reliance », sont appliquées par les collectivités (locales, régionales, nationales) du Tiers Monde, dans leurs relations avec les pays industrialisés. La définition de la stratégie dissociative la plus appropriée à chaque cas particulier doit se faire selon les ressources disponibles, les conditions écologiques et la situation économique de la collectivité concernée.

5De nombreuses questions pourraient être posées à partir de cas où la réalité est autre que celle suggérée par ces hypothèses. Les stratégies fondées sur la satisfaction des besoins fondamentaux existent en combinaison avec la self-reliance (Chine) aussi bien qu’indépendamment d’elle (Taïwan). Il y a des cas de dissociation sans satisfaction des besoins fondamentaux (Haïti) aussi bien que des cas d’association sans satisfaction des besoins fondamentaux (cas le plus fréquent).

6La variété de ces différentes situations devrait nous mettre en garde contre la définition d’une seule nouvelle stratégie de développement. La diversité culturelle doit constituer un élément fondamental à tout débat sur le développement. Il s’ensuit que la thèse selon laquelle d’importants changements qualitatifs pourraient voir le jour à condition que la triple combinaison soit prise au sérieux dans les cercles officiels où s’élaborent aujourd’hui de nouveaux ordres internationaux, conserve tout son poids.