L’ingérence écologique et la globalisation de l’économie de marché
p. 99-114
Note de l’auteur
Traduit de l’allemand
Texte intégral
1Matthias Finger aborde le problème de l’ingérence écologique sous l’angle des tensions que produisent les intérêts contradictoires des divers acteurs, globaux, étatiques et locaux. Mais, au lieu d’analyser l’imbrication complexe de ces différents niveaux de prise de décision, il ne porte son regard que sur le plan global – approche peu efficace qui risque, en outre, d’éclipser les questions de fond. En isolant de leur contexte les notions qu’il met à contribution, l’auteur succombe en outre à la tendance qu’il dénonce – à juste titre – au sujet de la Conférence de Rio ; sous le couvert de la notion équivoque de “développement durable”, le Sommet de la Terre aurait favorisé la prépondérance d’intérêts particularistes peu aptes à résoudre les problèmes écologiques qui ont surgi à l’échelle mondiale. Il convient donc de s’interroger d’abord sur le type de notions couramment utilisées dans le discours international.
L’érosion de la précision des notions utilisées en théorie et en politique du développement
2En théorie tout comme en politique du développement, on constate une tendance croissante à la confusion linguistique qui n’est d’ailleurs guère surprenante, si l’on songe à l’ambition démesurée qui consiste aujourd’hui à vouloir gérer les problèmes du monde entier. Dans le domaine du développement, l’interdépendance entre théorie et politique a donné lieu à un discours international se servant de notions dont les présupposés théoriques et méthodologiques (contenu, portée, signification) restent fort imprécis. La banalisation de la notion de durabilité – notion bientôt vieille d’un siècle1 –par le discours international est l’illustration la plus récente de la tendance que Myrdal critiquait en 1968 déjà sous le nom de “diplomatie par la terminologie” – tendance qui obscurcit plutôt qu’elle n’élucide les problèmes concrets2. Ni une science ni une politique dignes de ce nom ne peuvent être bâties sur du sable mouvant. Et il n’est pas non plus d’un grand secours que ce vide conceptuel se trouve comblé à un rythme toujours plus effréné par des slogans éphémères ; ainsi les termes “développement social” et “globalisation” sont-ils venus se substituer à celui de “développement durable”.
3Pour y voir plus clair, il convient de distinguer le potentiel d’une notion de ses actualisations possibles. Le potentiel exprime un phénomène qui peut être d’ordre universel, ou qui de toute façon relève d’une multitude de contextes ; c’est une représentation. Abordée en tant que potentiel, une notion se situe hors du temps et hors de l’espace ; elle comporte de multiples dimensions tant quantitatives que qualitatives, et elle implique des polarisations qui peuvent être complémentaires et contradictoires à la fois. Quant aux actualisations d’une notion, elles expriment la signification plus précise d’un ou de plusieurs éléments de son potentiel dans le temps et l’espace, c’est-à-dire dans un contexte écologique et social donné. Ce contexte se caractérise par la correspondance entre la signification particulière de la notion dans telle ou telle langue et la réalité particulière que celle-ci décrit ; cette correspondance résulte, à son tour, d’un processus culturel auto-organisé, qui réduit par différenciation l’éventail des éléments appartenant au potentiel. Certains éléments significatifs entrent ainsi dans la notion actualisée, d’autres sont incorporés à d’autres notions, tandis que d’autres encore “se perdent”, c’est-à-dire glissent vers l’inconscient. Par exemple, l’ambivalence du potentiel de la notion d’échange se manifeste dans les contextes notionnels respectifs de l’allemand et de l’anglais de la manière suivante : alors que gift en anglais signifie “don”, l’allemand Gift se réfère au poison3.
4La même observation vaut pour les notions scientifiques : celles actualisées dans un contexte paradigmatique donné tirent leur sens et leur importance de ce même contexte4. Pour donner un exemple : le potentiel de la notion de “capital” recouvre une multitude d'interprétations et d'actualisations. Dans l'histoire de la pensée économique, la notion acquiert un sens spécifique selon l'école de pensée et le contexte dans lequel cette pensée a émergé. Mais même dans le cadre d'une école donnée, comme la théorie néoclassique qui domine actuellement la pensée des acteurs globaux, de nombreuses significations particulières coexistent et s'entrechoquent.
5Le potentiel et les actualisations de telle ou telle notion se trouvent dans un rapport d'interdépendance duale : la signification générale du potentiel d'une notion ne devient manifeste que par référence à une multitude d'actualisations, et la signification particulière d'une notion actualisée n'apparaît qu'au travers de son potentiel, voire d'autres actualisations. Dès lors, le discours international soulève deux types de problèmes. Lorsqu'il se réfère au potentiel d'une notion sans le mettre en rapport avec des actualisations, il est dépourvu de sens, il est tout aussi faux que juste, parce que tout contexte et toute perspective lui font défaut. D'un autre côté, lorsqu'on transfère les actualisations d'un contexte à un autre sans expliquer les processus de différenciation à l'œuvre, on pratique une projection ethnocentrique ou un impérialisme notionnel, si l'on peut dire.
6Nos deux exemples précités montrent clairement que, sans décrire le contenu et la signification d'un échange de “capital”, ni identifier le contexte dans lequel celui-ci se manifeste, il est impossible de dire, au demeurant, si cet échange relève de l'ordre du gift (don) ou du Gift (poison). Le même problème se pose pour les échanges globalisés dont parle Finger. Qui plus est : leurs actualisations relèvent généralement du marché. Mais l'auto-organisation marchande ne peut s'accomplir en l'absence de paramètres d'ordre, c'est-à-dire en dehors d'un cadre institutionnel. Avant de formuler nos critiques au sujet du texte de Finger, il est donc indispensable de rappeler brièvement quelques-unes des significations de la notion d'économie de marché, au risque de répéter des banalités pourtant souvent ignorées par les tenants du discours international.
La notion d’économie de marché : son potentiel, ses actualisations
7En termes de potentiel, la notion d'économie de marché exprime l'idée d'un certain ordre économique, selon laquelle l'offre, la demande et la formation des prix concourent à l'émergence d'un processus auto-organisé ordonnant l'activité économique. Mais la question de savoir si un tel ordre est efficace ou à même de garantir une répartition équitable des ressources et des biens, ou encore s'il est écologiquement et socialement viable ne peut pas être tranchée par le recours au seul potentiel de la notion. Théoriquement, l'ordre peut toujours être pensé et construit de manière à prouver que les conditions indispensables à la construction entreprise – c'est-à-dire les paramètres d'ordre – décrivent le meilleur des mondes. La même observation vaut pour le potentiel de la notion “d'économie planifiée”5. Mais l'économie de marché et l'économie planifiée ne sont de loin pas les seules représentations de l'ordre économique. Evoquons aussi les régimes de propriété en commun fondés sur la coopération, dont la pertinence réside ici dans le fait qu'ils font probablement appel à une représentation d'ordre particulier que Finger appelle la “communauté durable”6.
8Les actualisations de l'économie de marché équivalent à autant de formes concrètes d'organisation économique, institutionnalisées par la force des choses dans un certain contexte écologique et social. Il s'ensuit que la tendance, la substance et le fonctionnement des marchés ont un cadre, qu'ils sont définis par une constitution économique, une constitution politique et la totalité des lois et décrets en vigueur à l'échelle locale et nationale. Ce cadre institutionnel circonscrit les droits, les obligations, les privilèges dont peuvent se prévaloir les membres de la société, et aussi leurs non-droits, que ce soit dans le domaine des transactions économiques ou dans celui de la transformation politique du cadre lui-même. Par conséquent, ce cadre et sa transformation possible déterminent la tendance, la substance et le fonctionnement des marchés, non seulement à un moment donné mais encore dans une perspective d'évolution7. Pour donner un exemple : dans les pays européens, quelque quinze à vingt mille lois et décrets délimitent la marge de manœuvre dont bénéficient les individus8.
9L'économie de marché ne possède pas de mécanisme intrinsèque pour répondre à des exigences minimales d'ordre social ou écologique, pour la simple raison que le travail et les ressources naturelles sont instrumentalisés par rapport à la réalisation d'un profit sur le capital investi, et que ce capital est lui-même très inégalement réparti. En situation de concurrence, il y a même des pressions institutionnalisées en vue de transférer une partie des coûts encourus par les unités micro-économiques sur des tiers, sur la société ou sur les générations futures, la limite supérieure du transfert de ces coûts sociaux étant définie par les exigences minimales d'ordre écologique et social prescrites par le cadre institutionnel9. On ne peut donc guère parler de “marchés isolés” dans les économies de marché actualisées. On a là simplement une constellation de conditions dont relèvent à la fois les marchés et le cadre dans lequel ceux-ci s'inscrivent10.
10La transformation du cadre se fait par décision politique et non par l'autorégulation des marchés. Etant donné que le marché s'accorde à tout système politique, ses formes actualisées comprennent des dictatures comme des oligarchies, des démocraties formelles ou authentiques, voire des systèmes politiques centralisés ou décentralisés. Là où une partie importante de la population se trouve écartée du processus de prise de décision politique, le cadre de l'économie de marché reflète tout simplement les intérêts des minorités privilégiées des générations actuelles. Là où ce cadre néglige les besoins de la population, il y a émergence de systèmes illégaux d'ordre comme la mafia. C'est ainsi que les systèmes marchands accommodent un cadre à base légale aussi bien qu'illégale et englobent souvent des systèmes juridiques dualistes, en particulier dans les pays anciennement colonisés où les régimes de propriété en commun ont été remplacés par la propriété privée et d'Etat, même si ce changement n'a pas encore été admis par la population11. Le fait que, indépendamment du cadre politique, les formes actualisées de l'économie de marché marginalisent une partie importante de la population mondiale a donné naissance à ce qu'il est convenu d'appeler le secteur informel où les individus développent des stratégies autonomes de survie au moyen de ressources non encore revendiquées ou rejetées par le secteur dit formel. Cette économie d'ombre fait-elle partie ou non de l'économie de marché ? Selon que l'on inclut ou non le secteur informel à l'économie de marché, la productivité de cette dernière, son efficacité et son mode de répartition se présentent sous un jour tout à fait différent.
11En résumé, les systèmes marchands gouvernés par la propriété privée, c'est-à-dire les systèmes capitalistes, ne contiennent pas de mécanisme de protection de l'être humain et de la nature ; ils s'actualisent de connivence avec toutes sortes de formes marchandes et de systèmes de prise de décision politique (légaux et illégaux), et ils s'accommodent des économies d'ombre et des systèmes juridiques dualistes ; enfin, ils se différencient historiquement, et il ne faut pas oublier ici l'ère coloniale et son emprise structurelle. Tout cela montre clairement que les différences qualitatives que l'on constate selon le type d'économie de marché devraient engendrer des effets écologiques et sociaux tout aussi divergents. Dès lors, tout débat réduit au plan du potentiel de la notion ne fait que remplir une fonction idéologique. Cependant, si dans un grand nombre d'économies marchandes actualisées une partie importante de la population est écartée d'une participation au façonnage politique du cadre écologique et social, cela ne veut pas dire pour autant que là où une possibilité de participation existe, celle-ci soit aussi réalisée, ni d'ailleurs que les démocraties de type occidental représentent le seul modèle d'auto-organisation politique.
12Le comportement adopté par les êtres humains dans un cadre favorisant leur participation politique dépend de ce qu'ils peuvent et veulent faire. Leur “pouvoir” est déterminé par leur conscience, c'est-à-dire leur compréhension des interdépendances complexes et de leur liberté de réaliser leurs objectifs. Leur “vouloir” se déploie toujours dans un contexte où coexistent des objectifs et des moyens à la fois multiples et contradictoires. La manière dont les êtres humains pensent, sentent et agissent est aussi déterminée par leur conditionnement, c'est-à-dire l'adoption et l'intériorisation inconscientes de valeurs et de normes déterminées culturellement. L'homme n'est autonome que dans la mesure où il prend conscience des illusions de son conditionnement12. Qualifier la “ruse marchande” de “rationnelle” lorsqu'elle s'avère efficace dans un système marchand revient à rationaliser un comportement spécifique et conditionné par la culture, et là où un tel conditionnement s'accomplit au fil de plusieurs générations, il n'y a guère lieu de parler d'exploit. Parler de “ruse paysanne” dans un système agraire reviendrait au même. On a seulement un exploit là où les êtres humains sont contraints de changer de mode de penser et d'agir sous l'emprise de la transformation du système dont ils ont l'habitude, où de nouveaux défis (comme la dégradation de l'environnement) les amènent à penser et à agir différemment et à se soumettre à un nouveau cadre institutionnel. Dans une telle situation, il faut être institutionnellement créatif et innovateur, ce qui est tout à fait autre chose que d'être conformiste, c'est-à-dire d'avoir un comportement conforme à la rationalité du marché. La créativité et l'esprit innovateur sont des qualités individuelles, on ne peut pas les imposer ni partir du principe qu'elles s'imposeront d'elles-mêmes. L'établissement d'un nouveau cadre est particulièrement difficile lorsqu'il faut faire des sacrifices, par exemple en renonçant à des privilèges ou à des droits, ou en acceptant une baisse du niveau de consommation, autrement dit lorsqu'il faut s'imposer des limites. Plus les inégalités sociales sont marquées (sur le plan international, national, régional, entre classes, ethnies, sexes, etc.), plus il est important de savoir quel sacrifice on peut exiger et de la part de qui.
13La problématique écologique tourne précisément autour de cette question cruciale. Or, le problème du potentiel de la notion de “développement durable” est qu'il autorise des interprétations perpétuant l'illusion que tel n'est justement pas le cas. En effet, quel que soit le système économique actualisé, les processus économiques sont soumis aux lois de l'entropie : la transformation des ressources en biens et en services entraîne inéluctablement une dégradation irréversible de la biosphère. Toutes les structures matérielles se dégradent : les travailleurs se fatiguent, vieillissent et meurent, les machines sont sujettes à l'usure, et le sol à l'érosion ; les flux d'énergie-matière entre le processus de production et l'écologie sapent l'accessibilité et la disponibilité de l'énergie-matière. L'épuisement des ressources non renouvelables et la dégradation des ressources renouvelables, au même titre que toutes les formes de pollution (énergie-matière dissipée), sont des manifestations de cette interdépendance fondamentale inscrite dans les lois de la nature13. Les paramètres pertinents du point de vue de la dégradation écologique sont donc la vitesse des flux d'énergie-matière en termes de quantités dont dépend le sous-système économique, et l'efficacité avec laquelle l'énergie-matière peut être transformée à des fins économiques.
14Si, du point de vue de la dégradation écologique, une réduction des flux d'énergie-matière s'impose, la puissance de l'économie de marché provient de l'extension de la production de biens et de services à partir d'une augmentation de la vitesse des flux d'énergie-matière. La croissance dans les pays industriels au cours du siècle passé s'est donc réalisée grâce aux ressources non renouvelables14, pour la simple raison que la vitesse d'utilisation des ressources non renouvelables – pour autant qu'il y en ait – ne dépend que de leur accessibilité (technologie et biens d'équipement), tandis que la vitesse de l'utilisation durable des ressources renouvelables est déterminée par le processus de reproduction écologique. Sur la base des seules ressources renouvelables il ne peut y avoir de croissance économique rapide. Cela explique pourquoi la transformation du capital-nature en capital financier est si simple et si profitable, et pourquoi la transformation en sens inverse est si difficile et peu rentable ! Enfin, la productivité de l'agriculture moderne et du secteur tertiaire résulte, elle aussi, de l'apport d'énergie-matière provenant des ressources non renouvelables15. Malgré les progrès réalisés dans certains pays grâce à un meilleur encadrement institutionnel, à des technologies favorisant une utilisation plus efficace de l'énergie-matière, à la réduction des émissions toxiques et à l'amélioration des processus de recyclage, il n'y a guère de doute : l'augmentation, à l'échelle mondiale, de la production de biens et de services implique une augmentation de la consommation des ressources non renouvelables et une dégradation continue des ressources renouvelables.
15La question de la répartition des ressources dans le monde est donc fondamentale. Mais il ne faut pas supposer pour autant que la consommation excessive d'énergie-matière par les pays industriels se présente exclusivement comme un problème de répartition actuelle. Etant donné l'irréversibilité des effets de la loi d'entropie il faut plutôt dire ceci : la minorité que représente la population des pays industriels a, tout au cours du siècle passé, non seulement consommé une part considérable des ressources les plus accessibles, mais encore mis à rude épreuve la capacité de la biosphère d'absorber les déchets. Cette position privilégiée unique dans l'histoire ne peut être reproduite à l'échelle globale. Prôner, sur le plan international, un “développement durable” sans prévoir du même coup une restriction significative des flux d'énergie-matière n'est guère une proposition crédible du côté des représentants des pays industriels ; et elle ne pourra pas non plus être mise en application sans que les couches les plus pauvres de la population dans les pays industriels soient protégées16. Mais c'est une politique tout aussi peu convaincante que de viser une augmentation de la production dans les pays en développement ou dans les pays anciennement “communistes”, si cette augmentation vise la minorité qui dispose du pouvoir d'achat plutôt que les besoins de la majorité. Il ne peut y avoir de stabilisation écologique sans une meilleure répartition. Or ni l'économie de marché, ni l'ordre démocratique, ni le comportement conditionné des pays industriels ne prévoient une baisse du niveau de vie matériel, bien qu'une telle baisse soit tout à fait compatible en principe – c'est-à-dire potentiellement – avec une amélioration de la qualité de vie. Cela étant établi, tournons-nous vers l'article de Matthias Finger.
À propos de la notion de globalisation
16Comme la notion d'économie de marché, celle de globalisation peut, elle aussi, être comprise en tant que potentiel ou en termes d'actualisations. Le problème principal de l'article de Finger est qu'il en reste au niveau du potentiel de la notion en question, tout en passant à côté des propriétés structurelles significatives de l'actualisation historique à laquelle nous sommes confrontés aujourd'hui. C'est pour cette raison que l'auteur ne réussit pas à relier l'activité des acteurs globaux aux phénomènes d'ingérence écologique au niveau local.
17Comprise simplement en tant que potentiel, la notion de globalisation n'apporte rien de neuf : songeons au règne colonial, forme actualisée séculaire de la globalisation. D'autre part, dire que la science, la technologie, la communication et l'économie constituent des potentiels globaux n'est pas non plus une nouveauté, pas plus d'ailleurs qu'une énumération des acteurs globaux. On le sait : les sociétés transnationales, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international, le GATT (maintenant l'OMC) sont depuis des décennies actifs globalement, et les sociétés transnationales agissent depuis toujours dans le cadre du système de l'ONU17. Le seul phénomène véritablement nouveau n'est pas analysé par l'auteur, à savoir que dans le domaine de la protection de l'environnement quelques ONG internationales aspirent à obtenir un minimum de countervailing power18. Or c'est une affirmation tautologique que de dire que les acteurs globaux ont une “visée globale” et sont “les promoteurs les plus actifs de la globalisation”. C'est tout de même leur expérience, leur spécialité, leur intérêt propre et leur conditionnement. Se pose donc la question de savoir quelle est la spécificité de la globalisation dans son actualisation présente.
18Cette dernière semble tirer son unicité historique de la coïncidence de deux phénomènes : l'effondrement des formes actualisées de l'économie planifiée dans les anciens pays socialistes et, partant, le démantèlement de l'ex-Union soviétique, et la crise fatale de l'endettement dans laquelle les gouvernements de nombreux “pays en développement” se sont laissé entraîner. Ces deux groupes de pays se sont donc retrouvés, non seulement dans un chaos économique interne, mais encore dans une dépendance externe vis-à-vis des organisations internationales déjà évoquées. Ils se trouvent dans une impasse dont ils auront de la peine à sortir. Le manque ainsi conditionné d'alternatives, qu'elles portent sur les paramètres d'ordre économique ou sur le cadre institutionnel, a créé l'opportunité unique dont bénéficie actuellement l'extension mondiale du principe organisateur de l'économie de marché et du système capitaliste. Les sociétés transnationales, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et le GATT se sont toujours laissé guider par l'ordre marchand, et ils ont toujours défendu des intérêts de l'économie capitaliste. Le pouvoir accru dont ils bénéficient actuellement s'explique par cette situation historique. Mais à considérer les problèmes et le chaos régnant actuellement, seul l'avenir dira si la mondialisation des principes de l'économie de marché est à considérer comme une erreur de l'histoire ou, au contraire, comme un facteur d'ordre et de stabilité.
19Vu cette situation historique unique, la démonstration de Finger est erronée lorsqu'elle présente la globalisation comme un “processus neutre”. La globalisation de l'économie de marché a pour effet qu'on n'actualise, dans l'éventail des potentiels économiques et technologiques possibles, que certaines sous-quantités, à savoir celles qui correspondent à la rationalité décisionnelle de l'économie et qui, de surcroît, ont déjà été mises à l'épreuve dans le contexte écologique et social des pays industriels. C'est l'imposition sélective de la rationalité marchande qui gouverne la politique d'investissement et les choix technologiques et d'emplacement, forçant ainsi l'adaptation des contextes écologiques et sociaux aux décisions d'investissement. Dès lors, les coûts sociaux résultent du fait que la diversité des contextes écologiques et sociaux se trouve soumise à la rationalité économique, c'est-à-dire à la logique marchande. Voilà une des chaînes causales qui démontre comment les acteurs globaux produisent de l'ingérence écologique “dans le local”19.
20C'est dans l'industrialisation que l'auteur voit le problème majeur de la globalisation, mais son argumentation est à la fois réductrice et vague. Elle est réductrice dans la mesure où les critères de la rationalité économique qui sont à l'origine des coûts sociaux ne se limitent pas à l'industrie mais concernent également l'agriculture et le secteur tertiaire. Elle reste vague parce qu'elle n'explique pas de quelle manière les pays en développement pourront affronter leurs difficultés sans recourir à l'industrialisation, alors que du point de vue qualitatif il importe de connaître le type de production de biens, les choix relatifs aux technologies et à l'emplacement, ainsi que les systèmes de propriété. S'ils ne s'industrialisent pas, les pays en développement s'exposent à un processus d'involution aux conséquences tout aussi chaotiques en raison de la croissance démographique. On en conviendra : les problèmes de développement engendrent des doubles contraintes !
21Un autre aspect problématique de l'argumentation de Finger est qu'elle aborde les relations économiques globales comme si les flux financiers étaient totalement dissociés de la production réelle. Hormis les transactions purement spéculatives – mais celles-ci risquent également de déstabiliser l'économie – le “but en soi” dont parle Finger consiste avant tout à réaliser un bénéfice correspondant au moins au taux d'intérêt bancaire, selon les catégories de risques correspondantes. Une telle attente se fonde sur l'acquisition de titres de propriété (par exemple relatifs aux ressources naturelles), la participation à des profits de la production réelle (qu'elle soit légale ou illégale), l'attente d'une position de marché estimée importante à l'avenir ou encore d'un privilège. Toutes ces possibilités se répercutent cependant sur la production, en ce sens que le transfert en retour des profits doit se faire en monnaie dure, ce qui a pour conséquence une augmentation de la production des biens d'exportation. La même observation vaut pour les crédits que de nombreux gouvernements ont contractés au nom de leur population, par exemple auprès de la Banque mondiale. Même si ces crédits visent une amélioration sur le plan écologique et social, et même s'ils y parviennent véritablement, le paiement de la dette et des services de la dette en monnaie dure entraîne une augmentation de la production des biens à exporter. Mais pour de nombreux pays, la production à l'exportation signifie la production de biens agricoles et de matières premières, c'est-à-dire d'énergie-matière ou de basse entropie. Etant donné que de nombreux pays se trouvent dans une situation d'endettement et de dépendance, à tel point qu'ils ont en fait mis en gage leurs ressources naturelles, ils se trouvent contraints à augmenter l'offre de ces ressources sur le marché mondial ; étant donné la prédominance d'un marché structuré sous forme d'oligopsone et l'absence d'un cadre institutionnel approprié, cette augmentation de l'offre conduit par la force des choses à une baisse des prix. Ainsi, la variable même qui revêt, du point de vue de la dégradation écologique, une importance stratégique – l'entropie basse – est aussi celle qui reçoit le prix le plus bas ; voilà un faux signal dans un système marchand. Plutôt que d'affirmer, comme Finger, que les transactions sur le capital financier n'ont presque aucune incidence sur la production réelle, il faudrait dire que, dans un système économique capitaliste où les décisions se prennent face aux propriétaires des ressources réelles et/ou du capital financier exprimé en monnaie dure, l'ultime responsabilité de ces décisions n'est limitée que par le cadre institutionnel.
22Comme l'écrit l'auteur, “l'élément ‘capital’ est que le développement et donc la globalisation technologiques s'accélèrent...” C'est donc vraiment le capital qui apporte l'une des contraintes de la croissance dans la production réelle. Cela s'explique ainsi : le calcul des intérêts composés sur le capital financier introduit un principe cumulatif et mécaniste dans le calcul de rentabilité. Les gestionnaires de la production réelle doivent se soumettre à ce principe – quoique de manière complexe – en ce sens que l'évaluation des entreprises dépend du niveau des dividendes et de l'évolution des taux d'action ; à long terme, tous deux concourent à dépasser le taux d'intérêt bancaire20. Or un principe mécaniste est incompatible avec les systèmes vivants. Sachant que le processus économique réel est soumis à la loi de l'entropie alors que le calcul du capital financier implique le calcul mécaniste des intérêts composés, on voit clairement les contradictions et l'interdépendance entre capital financier et production réelle.
23La signification multiple de la notion de capital ne comprend pas seulement la différenciation des investissements en biens d'équipement et en capital financier, mais aussi la notion d'avoirs en tant que catégorie juridique. La création d'avoirs sous forme d'une augmentation de la propriété n'est pas nécessairement liée à de nouveaux investissements. Elle peut aussi se faire au moyen de “clôtures”, c'est-à-dire par la transformation des ressources de propriété commune en propriété privée ou par la concentration des avoirs –processus qui écarte notamment les petits propriétaires. Ces transitions sont caractérisées par une multitude de mécanismes légaux et illégaux21. L'extension de la production capitaliste s'accompagne d'une concentration des avoirs, mais sans que les exclus de l'accès aux ressources trouvent leur place dans le processus de production transformé de la sorte. Quel sera le sort de ces millions d'individus ? Voilà la question encore sans réponse que nous pose le phénomène de l'extension du système capitaliste à l'échelle mondiale. Finger parle d'érosion socio-culturelle et de déracinement, mais sans décrire ces processus et sans élucider leur signification.
24Du point de vue matériel, le déracinement signifie la perte de l'accès aux ressources ; du point de vue social, c'est la perte de l'appartenance à un contexte qui fournit une orientation ; du point de vue psychologique, c'est la perte du rapport à soi. La violence structurelle accompagnant les mutations institutionnelles évoquées plus haut menace des millions d'êtres humains jusque dans leur existence même, que ce soit sur le plan matériel ou psychologique. L'angoisse ainsi provoquée suscite un besoin d'appui à tout prix, même si cet appui procède dans bien des cas d'une illusion ou d'une projection. Plus le manque de soutien est total, plus les organisations susceptibles d'y remédier par projection deviennent totalitaires ou fondamentalistes. Moins les besoins individuels sont satisfaits, plus on est amené à participer à la satisfaction des besoins d'autrui. Si l'extension du principe organisateur du marché et de l'institution de la propriété privée ne permettent pas véritablement de résoudre le problème, l'attractivité du système capitaliste n'en réside pas moins dans le fait qu'il permet au moins une participation projetée à la consommation de masse à l'occidentale. En outre, il est plus efficace dans la propagation des illusions. Dans le cas des habitants déracinés des pays en développement et des anciens pays socialistes, l'illusion est même double : tout se passe comme s'il était possible d'envisager une participation réelle ultérieure au modèle de la consommation de masse, et comme si la consommation équivalait à la satisfaction des besoins. Les projections et les illusions constituent une configuration fort instable de rapports sociaux, et fort différente des rêves dont parle Finger à ce propos. On peut admettre que les projections et les illusions qui aident les gens à vivre le jour se muent en mauvais rêves la nuit, car les rêves montrent en effet le chemin vers des constellations de forces inconscientes22. Quand de telles projections et illusions s'effondrent, elles libèrent des forces destructrices mobilisées en raison de la violence structurelle ambiante, tout en se manifestant par de nombreuses formes de violence directe face à soi-même, à autrui et à la nature23.
25Tout être humain est enclin à se faire des illusions et à projeter ses forces inconscientes. Dans les pays industriels, le problème de la société de consommation réside dans le fait que des besoins immatériels insatisfaits, c'est-à-dire instinctifs, émotionnels, intellectuels et spirituels sont projetés sur la consommation matérielle, entre autres parce que la publicité vise spécifiquement les points vulnérables de l'être humain – phénomène sur lequel, il y a près d'un siècle, Veblen a déjà attiré l'attention24. Comme cette consommation de substitution est une illusion qui ne satisfait pas le besoin sous-jacent, celui-ci subsiste même si la consommation ne cesse de croître. L'augmentation de la production et de la consommation, c'est-à-dire l'augmentation des flux d'énergie-matière et la dégradation écologique qu'elle entraîne, est ainsi compatible avec une satisfaction constante, voire diminuée, des besoins. A la contrainte de croissance sur la base du calcul mécaniste des intérêts composés du côté de la production correspond ainsi une contrainte de consommation sur la base de besoins projetés et insatisfaits. Compte tenu des coûts réels, écologiques et sociaux, de la production, ces réflexions justifient l'affirmation suivante : dans les pays industriels, une réduction de la consommation est compatible avec une hausse de la qualité de vie25. L'actualisation de ce potentiel est cependant en opposition avec le conditionnement des êtres humains sous l'emprise de la société de consommation.
26Le conditionnement dans les sociétés à économie marchande englobe un phénomène supplémentaire, à savoir que l'on pense en termes de dimensions financières, en saisissant la réalité de manière abstraite – monétaire – et donc déformée. Alors que ceux actifs dans la production sont confrontés à des problèmes écologiques et sociaux concrets, les personnes qui se livrent à des transactions financières se hissent à un certain niveau d'abstraction par rapport à la réalité, niveau qui tolère déjà un degré plus élevé de déformation dans la perception de la réalité. Les membres des organisations qui gèrent globalement les transactions financières sont, quant à eux, les plus éloignés de la réalité ; ils se placent au niveau le plus abstrait, où la perception passe par des données statistiques, des informations “arithmomorphes”, c'est-à-dire des relations sans rapport à la vie, ordonnées de surcroît selon les catégories du potentiel de la notion d'économie de marché. Dans de telles conditions protégées, les illusions, les projections et les idéologies restent particulièrement vivaces, et il n'est dès lors guère surprenant que ce soient justement les organisations internationales qui réagissent avec des décennies de retard au problème de la mise en péril écologique et sociale. N'oublions pas que la célèbre Conférence de Stockholm remonte à 1972 ! Finger évoque donc à juste titre le fait que le bilan écologique et social de ces organisations est particulièrement sombre.
27A tous les niveaux, les illusions, les projections et les idéologies parviennent à se maintenir pendant des années, des décennies, voire même des siècles, stabilisant ainsi les systèmes. Mais arrive le moment où ils s'effondrent, provoquant des crises d'instabilité dans l'évolution historique, susceptibles de libérer des forces destructrices tout comme des forces constructives. Il n'y a pas de doute : nous traversons aujourd'hui une telle étape de déstabilisation, sur le plan tant écologique que social. De nouveaux processus d'auto-organisation deviennent inévitables, mais ceux-ci ne se laissent pas diriger globalement. Et sans les connaître localement, on n'est guère en mesure de savoir comment la stratégie des acteurs globaux se répercute sur le plan local. La “résistance locale” peut, quant à elle, signifier des contre-stratégies constructives aussi bien que destructrices.
28Une orientation constructive de l'auto-organisation des groupes locaux exige que les individus concernés soient capables d'utiliser la totalité des ressources spécifiques à un écosystème donné de manière à sauvegarder la reproduction de ce système et, en même temps, à satisfaire tous les besoins minimaux des êtres humains concernés, selon leur culture – le tout dans des conditions qui semblent bien être celles d'une dégradation, exigeant une reconstruction de la biomasse. Une telle stratégie représente un exploit d'intégration nettement plus complexe que la rationalité marchande qui se borne à adapter certaines ressources à une demande mondiale exprimée en termes de pouvoir d'achat, et ce sans considérer la place de ces ressources dans l'écosystème et sans se préoccuper des répercussions de cette demande sur la satisfaction des besoins d'autrui.
29C'est pourquoi la notion plus ancienne que celle de “développement durable”, à savoir celle de “l'écodéveloppement”, a été centrée sur l'imbrication des diverses problématiques de répartition. En partant de trois prémisses de valeur, qui sont la “durabilité”, la “satisfaction des besoins existentiels fondamentaux” et la “self-reliance”, des théories et des stratégies (actualisées ou susceptibles d'être actualisées) de rechange en matière de développement ont été élaborées, sur lesquelles continue à se fonder l'auto-organisation des acteurs locaux26.
Notes de bas de page
1 La notion de “sustained yield” a été développée en sciences forestières. Voir: Prodan Michael, “Sustained Yield as a Basic Principle to Economic Action”, in Steppacher Rolf et al., eds., Economics in Institutional Perspective, Lexington Mass., Lexington Books, 1977, pp. 101 ss.
2 Myrdal Gunnar, Asian Drama, An Inquiry into the Poverty of Nations, New York, Pantheon, 1968, Vol. 3, Appendix 1, “Diplomacy by Terminology”, pp. 1839-1842.
3 Mauss Marcel, Œuvres, éd. par V. Karady, vol. 3, Paris, Minuit 1969, pp. 46-51.
4 Georgescu-Roegen Nicolas, The Entropy Law and the Economic Process, Cambridge Mass., Harvard University Press, 1971, chapter 2: “Science, Arithmomorphism, and Dialectics”, pp. 39 ss.
5 Lange Oscar, “On the Economic Theory of Socialism”, The Review of Economic Studies IV, London, 1936.
6 Berkes Fikret (ed.), Common Property Resources, Ecology and Community-Based Sustainable Development, London, Belhaven Press, 1989.
7 Bromley Daniel W., Economic Interests and Institutions, London, Blackwell, 1989.
8 Dopfer Kurt, “Neue Theorien zur Analyse von Wirtschaftsordnungen : Russland als Anwendungsfall”, in Herrmann-Pillath C, Schlecht O., Wünsche H.F. (Hrsg.), Marktwirtschaft als Aufgabe, Stuttgart, Fischer, 1994, p. 704.
9 Kapp K. William, Les coûts sociaux dans l'économie de marché, Paris, Flammarion, 1976 (1re éd. : 1950).
10 Dopfer Kurt, “Neue Theorien...”, op. cit., pp. 683-720.
11 “Whose Common Future? A Special Issue”, The Ecologist, vol. 22, No. 4, July/August 1992.
12 Kapp K. William, Towards a Science of Man in Society, A positive approach to the integration of social knowledge, The Hague, M. Nijhoff, 1961, pp. 123 ss.
13 Georgescu-Roegen Nicolas, The Entropy Law and the Economic Process, op. cit., et Daly Herman E. and Townsend Kenneth N., eds., Valuing the Earth; Economics, Ecology, Ethics, Cambridge Mass., The MIT Press, 1993.
14 Glasby Geoffrey P., “Entropy, Pollution and Environmental Degradation”, Ambio, Vol. 17, No. 5, 1988, pp. 330-335.
15 Pour l'agriculture : Giampietro M., Cerretelli G., Pimentel D., “Energy analysis of agricultural ecosystem management : human return and sustainability”, in Agriculture, Ecosystems and Environment, n° 38, Amsterdam, Elsevier 1992, pp. 219-244 ; pour les services : Binswanger Mathias, Information and Entropie, Oekologische Perspektiven des Uebergangs zu einer Informationswirtschaft, Frankfurt, Campus, 1992.
16 En Angleterre, la population vivant en-dessous du seuil de pauvreté a augmenté de 6,8 à 22 % depuis 1979 (année de l'arrivée au pouvoir du gouvernement conservateur), et la distribution des revenus est tombée à celle de 1880, première année de cette statistique ! Gisela Widmer, “Gewalt in einer Sieger- und Verliererkultur”, Basler Zeitung, 8.2.95, p. 7.
17 Jacoby Erich H., “The Problem of Transnational Corporations within the UN System”, in Steppacher Rolf et al., eds., Economics in Institutional Perspective, op. cit., pp. 169-182.
18 Galbraith John K., American Capitalism, The concept of Countervailing Power, Boston, Houghton Mifflin, 1952.
19 Steppacher Rolf, Surplus, Kapitalbildung und wirtschaftliche Entwicklung, Bern, Lang Druck, 1976, pp. 235 ff.
20 Binswanger Hans-Christoph, Geld und Natur, Das wirtschaftliche Wachstum im Spannungsfeld zwischen Oekonomie und Oekologie, Stuttgart, Weitbrecht, 1991, pp. 83-110.
21 “Whose Common Future ?”, The Ecologist, op. cit.
22 Fromm Erich, Beyond the Chains of Illusion, New York, Simon and Schuster, 1962.
23 Fromm Erich, The Anatomy of Human Destructiveness, New York, Holt, 1973.
24 Thorstein Veblen, Absentee Ownership and Business Enterprise in Recent Times, Reprints of Economic Classics, New York, Augustus M. Kelley, 1964 (1923), pp. 306 ss: “The production of customers by sales-publicity is evidently the same thing as a production of systematised illusions organised into serviceable “action patterns” – serviceable, that is, for the use of the seller on whose account and for whose profit the customer is being produced. It follows therefore that the technicians in charge of this work... are by way of being experts and experimenters in applied psychology, with a workmanlike bent in the direction of what may be called creative psychiatry. Their days work will necessarily run on the creative guidance of habit and bias, by recourse to shock effects, tropismatic reactions, animal orientation, forced movements, fixation of ideas, verbal intoxication. It is a trading on that range of human infirmities which blossom in devout observances and bear fruit in the psychopathic wards.”
25 Leipert Christian, Die heimlichen Kosten des Fortschritts, Wie Umweltzerstörung das Wirtschaftswachstum fördert, Frankfurt a.M., Fischer, 1989.
26 Sachs Ignacy : Stratégies de l'écodéveloppement, Paris, Les Editions Ouvrières, 1980 ; Initiation à l'écodéveloppement, Toulouse, Privat Editeur, 1981 ; L'écodéveloppement, Paris, Syros, 1993.
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