A la recherche de l’économie du développement : faiblesses structurelles de la théorie dominante
p. 17-33
Résumé
Partant d’une analyse de la crise des études de développement, l’auteur propose une critique démystificatrice des instruments conceptuels et théoriques de l’économie. Sur la voie d’une nouvelle “économie politique du développement”, il identifie cinq obstacles structurels qui s’opposent à l’étude et à la maîtrise du changement social, lorsque l’on recourt à la théorie économique dominante.
Texte intégral
Introduction
1Les études de développement - celles qui analysent le processus de développement, mais aussi celles qui préparent ses stratégies - sont aujourd’hui affectées de multiples incertitudes, parce qu’elles se situent au carrefour de nombreuses contradictions.
2Elles sont traditionnellement dominées par l’approche économique ; mais voici que cette approche est violemment critiquée pour ses prétentions à la domination sur les autres disciplines. Nulle part le reproche d’“économisme” n’est-il sans doute davantage justifié que dans l’étude d’un phénomène global comme le développement. Cependant, malgré ces critiques, les justifications des stratégies - celles des gouvernements, des organismes internationaux, des banques ou des agences dites “de coopération” - continuent à être présentées en termes essentiellement économiques, même lorsque leurs motivations politiques sont évidentes.
3Les études de développement se voient aussi reprocher leur dépendance idéologique à l’égard du modèle occidental dominant ; on les accuse de se soumettre aux illusions du mimétisme et de l’impossible rattrapage des performances des pays industrialisés. Pour cette raison, on finit par les considérer comme le produit d’une “pensée unique” indéfendable. Mais en même temps, chacun paraît admettre comme normal et inévitable que ces stratégies soient contraintes de se référer au cadre de la mondialisation et de l’intégration (obligatoirement compétitive) dans les échanges mondiaux, et donc de se conformer au modèle unique des économies dominantes.
4Plus insidieusement encore, les études de développement se voient objecter l’imprécision nouvelle de leur cadre géographique. Le développement a été longtemps considéré comme un problème spécifique du “tiers monde”, ou du “Sud”, ou tout au moins des pays “pauvres”1. Mais aujourd’hui, loin d’une dichotomie simple entre pays “développés” et pays “sous-développés”, les problèmes de développement semblent affecter l’ensemble de la planète, devenant ainsi trop généraux pour se prêter à une étude “sérieuse”. Ce constat renforce d’ailleurs la critique du modèle de référence, car ces problèmes ne peuvent plus s’analyser comme des survivances du passé ou comme des difficultés passagères : ils semblent bien procéder des vices structurels du modèle dominant de développement. Dans cette perspective, le chômage, l’exclusion, la pollution nucléaire ou les excès du nationalisme ne seraient que la revanche du sous-développement dans un monde hyperdéveloppé. Mais même s’il en est ainsi, le Nord n’admet guère de comparer ses difficultés à celles du Sud les rapports de forces internationaux demeurent ce qu’ils sont, et les grandes puissances industrialisées ne sont guère prêtes au partage du pouvoir sur les destinées de la planète.
5Les études de développement se trouvent ainsi confrontées à un grave paradoxe. La “crise de légitimité” qui affecte les sciences sociales en général, et plus particulièrement la science économique2, est encore plus évidente en matière de développement, semblant ainsi permettre à ceux qui se risquent dans ce domaine les affirmations les plus contradictoires et l’amateurisme le plus affligeant. Mais cette crise de légitimité n’empêche nullement ceux qui disposent du pouvoir, d’affirmer la suprématie de leurs vues sur le développement et ses exigences en général, en se servant au besoin des théories les plus controversées pour les justifier.
6D’où le paradoxe : il y a à la fois disparition de la confiance et affirmation volontariste des croyances, dans la mesure où elles peuvent être mises au service des plus forts. En dépit des potentialités technologiques et économiques du système mondial, atteignant une dimension qui aurait été inimaginable à toute autre époque, et malgré l’idéologie et son discours, le doute s’est installé quant à la capacité du modèle dominant à se généraliser pour la majorité de la population mondiale et à se survivre en longue période. Mais les riches s’organisent pour protéger leur prospérité aussi longtemps que possible de l’emprise redoutée des “barbares”3, soit en cooptant parmi eux, au compte-gouttes, une minorité de ceux-ci, soit en s’efforçant de gérer au mieux la pauvreté chez les autres (par Banque mondiale interposée), moins dans l’espoir de la réduire que dans celui d’en limiter les périls pour le système mondial dominant.
7Cependant, les enjeux politiques réels du développement - et donc des études qui tentent de les préciser - n’ont rien perdu de leur importance par rapport aux défis essentiels de notre temps, qu’il s’agisse de problèmes de cohésion sociale, de l’environnement, de la promotion de la paix ou des besoins essentiels non satisfaits.
8C’est ce défi et ce paradoxe que ce cahier se propose d’aborder, comme l’annonce le texte de présentation ci-dessus, en s’orientant vers la critique démystificatrice des instruments intellectuels et théoriques qui servent à l’analyse du changement social et à l’élaboration des stratégies d’action pour y répondre.
9Dans la présente contribution, je voudrais essayer de résumer brièvement quels sont les obstacles spécifiques auxquels se heurtent les études de développement lorsqu‘elles recourent à la théorie économique dominante. Celle-ci est le produit du courant de pensée néo-classique et néo-libéral ; elle privilégie, entre tous, les instruments et les critères de l’économie de marché. Elle peut être considérée comme dominante parce qu’elle est effectivement mise en œuvre et imposée par les pouvoirs dominants de l’économie mondiale (gouvernements des puissances industrialisées, grandes entreprises, organisations financières internationales, institutions académiques les plus prestigieuses). Notre hypothèse de travail générale, on l’a dit en introduction, est que cette théorie constitue un moyen extraordinairement efficace de “violence symbolique”, grâce auquel les dominés obéissent plus ou moins docilement, faute d’alternative immédiatement utilisable, aux analyses, stratégies et injonctions politiques des groupes dominants.
L’introuvable “économie politique du développement”
10Si l’objectif souhaitable à long terme d’une telle critique est bien celui, évoqué dans le “Propos” de ce cahier, de la reconstruction d’une nouvelle “économie politique du développement”, l’une des tâches prioritaires d’une telle entreprise est sûrement de prendre conscience et d’analyser les principales raisons qui font obstacle à une telle reconstruction, lorsque le raisonnement recourt exclusivement aux instruments proposés par la théorie économique dominante. Il s’agit, en d’autres termes, d’analyser les faiblesses structurelles de cette théorie lorsqu’on l’applique au développement. C’est l’objet du texte ci-dessous.
11Rappelons d’abord que l' “économie politique du développement” recherchée, au sens qui lui est donné ici, devrait constituer l’un des instruments pour une maîtrise accrue du changement social, en s’attachant notamment aux préoccupations suivantes :
le développement étant un phénomène social global, il convient d’adopter une approche holistique de ce phénomène - notamment en refusant la distinction entre disciplines académiques étanches l’une par rapport à l’autre - et d’en reconnaître la dimension éthique inéliminable ;
l’analyse doit se référer à la diversité des intérêts en présence, ainsi qu’à celle des acteurs et des enjeux de leur action ; en conséquence, elle doit s’efforcer de tenir compte des divers mécanismes possibles d’arbitrage entre ces intérêts, le marché n’étant que l’un d’entre eux et devant être notamment complété par le processus politique ;
l’analyse confère une importance centrale à la notion de choix, individuel et collectif ; d’où l’attention qu’il faut accorder, dans l’élaboration des choix collectifs, aux conditions d’expression de l’offre et de la demande, à l’identification des alternatives ouvertes, à l’expression des préférences, et au rôle respectif des responsables politiques et des technicien4
12Dans les paragraphes qui suivent, je m’efforcerai donc de montrer comment, en raison de ses propres faiblesses ou défauts structurels, la théorie économique dominante accumule une série d’obstacles (plutôt qu’elle ne fournit des outils, comme elle affirme le faire) sur la voie de l’élaboration d’une approche générale du développement, et plus particulièrement d’une économie politique du développement, compte tenu des exigences de celles-ci.
13La liste proposée ci-dessous est évidemment plus illustrative qu’exhaustive ; elle tente cependant de relever quelques-unes des exigences les plus fondamentales. On examinera successivement : la prise en compte du changement social de longue période, la difficulté d’une théorie globale, le passage micro-macro, la dimension collective, la dimension éthique.
L’analyse du changement social de longue période
14La première de ces exigences - ou plutôt le premier ensemble d’exigences -est tout simplement lié à la nature du phénomène étudié : le développement ne se conçoit que comme un processus de changement social de longue période. Son analyse et sa mise en œuvre vont ainsi devoir s’appuyer sur divers éléments.
15(a) Elles devront tenir compte, simultanément et dans leur interdépendance, de la diversité des composantes de ce changement social dans la longue période, et en particulier :
des changements technologiques, qui transforment la nature des ressources disponibles et leurs modes d’utilisation : d’où conséquences, par exemple, quant à l’émergence ou au déclin de certaines matières premières sur les marchés internationaux ; ou encore quant aux transformations dans la mobilité des facteurs de production - notamment du capital et de la main-d’œuvre - qui découlent des nouvelles techniques de communication et d’information ;
des changements des acteurs concernés (ne serait-ce qu’en nombre, dans leur identité et par la simple succession des générations), et donc des changements dans les intérêts de ces acteurs et dans les rapports de pouvoir qui les relient : que l’on pense par exemple aux bouleversements, dans les structures sociales et dans les intérêts de groupes correspondants, que représente l’accession d’un peuple anciennement colonisé à la souveraineté politique, ou l’émergence d’une bourgeoisie nationale ; ou simplement au fait que les générations futures dont on affirme se préoccuper ne sont évidemment pas là pour exprimer leurs préférences.
16(b) Elles devront adopter des modes de calcul économique - ou au moins des modes de comparaison entre options alternatives - qui dépassent les perspectives de court et de moyen termes. Qu’il suffise d’évoquer, de ce point de vue, la complexité des options que suppose une stratégie d’industrialisation, d’aménagement urbain, ou d’ouverture extérieure. Or ces techniques de calcul ne sont pas toujours disponibles et, quand elles le sont, elles sont affectées de multiples incertitudes théoriques et pratiques.
17Ainsi cette adaptation nécessaire des instruments économiques à la perspective de longue période se heurte-t-elle au moins à deux obstacles.
18En premier lieu, aux limites qui résultent du contexte historique de la naissance des théories économiques, classique puis néo-classique, sur lesquelles se fonde la théorie aujourd’hui dominante. Comme toute espèce de théorie, particulièrement en sciences sociales, celles-ci ont été influencées par la configuration des intérêts dominants du moment de leur conception : la doctrine du libre-échange, par exemple, a été développée pour appuyer la domination sans partage de l’Angleterre au xixe siècle5 ou la rente ricardienne pour souligner le mérite de la nouvelle classe industrielle6, et sans doute aussi le principe de rentabilité exclusivement financière pour conforter les nouvelles formes du pouvoir qui succèdent à l’aristocratie terrienne.
19On peut multiplier les exemples ; on pourrait aussi montrer les raisons d’intérêts et de pouvoirs qui expliquent la survivance ou le renforcement de ces théories aujourd’hui, dans les économies dominantes, ou dans celles dont les groupes dominants estiment aujourd’hui avoir réussi. Mais il est évidemment beaucoup plus difficile de les appliquer dans le contexte d’un processus de développement qui, par nature, bouleverse ces structures d’intérêts et de pouvoirs : si ce bouleversement constitue justement le but poursuivi, les théories anciennes demeurent-elles utilisables, et dans quelle mesure ? Le développement de tous est-il possible dans un contexte géopolitique préoccupé essentiellement de la survie du système existant ?
20Ce n’est pas par hasard si la théorie dominante se caractérise par l’élimination systématique de la plupart des rapports de pouvoirs, comme l’a montré clairement un article de J.-K. Galbraith voici plus de vingt ans7. Ces effets de pouvoir, qui débouchent le plus souvent sur des situations de violence (symbolique ou bien réelle) trouvent ainsi un instrument efficace dans le réductionnisme des notions de portée générale, lorsqu’elles sont “actualisées” en fonction d’un contexte spécifique, et donc d’intérêts particuliers (voir l’article de Rolf Steppacher dans cet ouvrage).
21En second lieu, la théorie dominante est essentiellement une théorie du marché, et le marché ne connaît pour indicateur d’allocation des ressources que le système des prix (voir l’article de Gérald Berthoud dans cet ouvrage). Mais il est d’emblée évident qu’un système de prix, aussi précieux et irremplaçable soit-il dans la courte période, est incapable de fournir des indications sur l’évolution probable en longue période. On en a déjà évoqué certaines raisons : parce que l’évolution technologique (et donc les coûts de production) demeurent très largement imprévisibles ; parce que les agents économiques dont les prix devraient refléter les préférences ne sont pas encore capables de les exprimer, puisque la majorité d’entre eux ne sont pas encore nés ; et encore parce que les gens ne s’intéressent guère aux périodes lointaines avant lesquelles, de toute manière, ils seront tous morts, suivant le trop célèbre aphorisme, et sans doute leurs enfants aussi ; ou plus généralement parce que l’histoire de l’avenir et ses aléas ne sont pratiquement pas connaissables.
22D’où la référence systématique des décisions, lorsqu’elles s’appuient sur la théorie du marché - et quelle que soit la bonne foi des décideurs -, aux préoccupations de court terme (voire de très court terme), et l’ignorance pratiquement complète des intérêts de longue échéance, surtout s’ils dépassent - comme c’est le cas en matière d’environnement - l’échelle d’une ou deux générations. Faut-il s’étonner dès lors des difficultés conceptuelles de la définition du “développement durable” et de ses stratégies ?8 Faut-il se demander, surtout, pourquoi les solutions politiques appuyées sur la théorie économique dominante favorisent systématiquement le maintien des privilèges et les intérêts des plus riches ou des plus puissants, au détriment des transformations vers des structures sociales moins inégalitaires ? Et ne s’agit-il pas là d’un exemple frappant de violence symbolique ?
L’absence d’une théorie de la longue période
23D’autres conséquences découlent du fait que le développement est fondamentalement un phénomène de changement social de longue durée : elles sont plus directement liées à l’attitude adoptée par les analystes et les stratèges du développement vis-à-vis du recours à la théorie.
24Sachant qu’il n’existe pas de théorie pleinement satisfaisante de l’histoire, on ne peut guère s’étonner d’une sorte de méfiance instinctive des spécialistes du développement à l’égard de toute espèce de théorie, quelle qu’elle soit. La référence à une théorie n’est pas seulement un éclairage prévisionnel, elle est aussi un lien, une sorte de contrainte, pour une interprétation et une action dont on sent, justement, qu’elles doivent pouvoir être aussi libres et aussi peu figées que possible, puisqu’il s’agit de longue échéance.
25Ce refus des contraintes excessives qui limiteraient l’interprétation n’est pas seulement une réaction primaire devant un sujet mal connu et de dimensions exceptionnellement larges ; il s’accentue encore sous l’effet de deux exigences particulières de l’analyse du changement social.
26La première découle du fait que le changement des sociétés, justement, ne peut pas s’enfermer dans les limites d’une seule discipline universitaire, même si c’est la plus développée des sciences sociales : les dimensions du changement ne sont pas seulement économiques. Sur ce principe, bien sûr, il n’y a guère de désaccord. La difficulté vient de ce que la théorie économique dominante n’offre aucune passerelle à l’approche transdisciplinaire : elle a plutôt tendance à s’enfermer dans son apparente suprématie, et à refuser toute collaboration qui irait au-delà de la simple juxtaposition de disciplines étrangères l’une à l’autre9.
27La seconde résulte d’une évolution plus perverse par rapport à l’exigence de réflexion théorique et à la conception de son rôle : cette évolution perverse se fonde elle-même sur une extension injustifiable de ce rôle, que l’on peut expliquer par un exemple. Les références à la notion de l’“homo œconomicus” ou au marché de concurrence parfaite sont des procédés parfaitement acceptables aussi longtemps qu’ils ne visent qu’à une meilleure compréhension de la réalité en isolant artificiellement certaines de ses composantes. Le procédé consiste à affirmer que : “si l’homme n’était qu’un homo œconomicus, alors il agirait de telle et telle manière et il en résulterait telle ou telle conséquence ; si le marché présentait toutes les conditions de la concurrence pure et parfaite, alors il en résulterait telle et telle forme d’arbitrage et d’optimisation”. Mais le recours à ces références perd sa légitimité si l’on inverse le raisonnement et que l’on affirme :“puisque la conformité à cette notion est la condition pour que le résultat de ses actions soit prévisible, il faut faire en sorte que l’homme ne soit qu’un homo œconomicus et rien d’autre ; puisque la concurrence parfaite conduit à un optimum (dont on oublie d’ailleurs de rappeler les limites), il faut rapprocher autant que possible la structure des économies concrètes de celle d’un marché de concurrence parfaite”10.
28On confère ainsi à la théorie un rôle normatif alors qu’elle ne peut assurer qu’une fonction heuristique, une fonction d’aide à la compréhension d’une réalité qui la dépasse infiniment en complexité. Cette déviation semble tellement grossière qu’on peut la croire improbable : cependant, elle sous-tend aujourd’hui bien des recommandations des institutions internationales les plus prestigieuses dans les domaines pourtant sensibles des politiques de développement et d’ajustement structurel. Les théoriciens ne sont pas toujours aussi inoffensifs que les praticiens le prétendent ou veulent le croire : encore la violence symbolique...
La dimension macro-économique
29La troisième exigence de l’approche du développement qui doit être mentionnée ici est sa dimension nécessairement macro-économique. Elle vient de ce que le concept de développement lui-même est inévitablement lié à la macro-économie et qu’il ne peut résulter, a priori, d’une simple sommation de rationalités individuelles des agents micro-économiques ; il pose d’ailleurs ainsi des problèmes de choix d’objectifs sur lesquels il faudra revenir.
30Depuis le tournant keynésien, certes, et même si celui-ci est largement oublié par les pensées les plus libérales, la théorie économique dominante comprend une dimension macro-économique. Mais elle n’est jamais parvenue, de son propre aveu, à assurer un passage cohérent entre les dimensions micro et macro ; c’est le constat du “no bridge”. En pratique, cela veut dire que la référence des agents micro-économiques à la rationalité marchande ne garantit nullement une forme quelconque de rationalité sociale, ou même simplement d’équilibre collectif. Elle peut au contraire provoquer elle-même un déséquilibre majeur, ou au moins se révéler incapable de dégager l’économie d’un “équilibre” de sous-emploi. Et au nom de l’impératif de la croissance, elle conduit en tous cas à une ignorance totale des évolutions irréversibles (liées à l’entropie) et de l’épuisement des ressources naturelles non renouvelables.
31On a souligné récemment11 un aspect paradoxal de cette absence de cohérence. Alors même que la micro-économie se préoccupe explicitement de l’échelle optimale des décisions des agents individuels (produire jusqu’où, consommer jusqu’où), cette préoccupation disparaît au niveau macro-économique et se trouve remplacée par le souci de la croissance quantitative et de l’accumulation indéfinies. Le résultat est une menace directe sur la viabilité à long terme des écosystèmes, parce qu’il existe des raisons de croire que l’activité humaine est désormais surdimensionnée par rapport aux capacités d’une planète qui, elle, n’est forcément pas en croissance. Le fond de la question mérite discussion : mais il est hors de doute que la théorie dominante ne fournit, pour sa part, aucune indication de réponse à une question de développement aussi cruciale.
La dimension collective
32La dimension macro-économique du développement entraîne une exigence encore plus complexe de son étude, à savoir la prise en compte de la dimension collective du développement. Je tiens cette prise en compte pour une exigence absolument centrale, et je formulerais volontiers l’hypothèse selon laquelle le sous-développement de l’étude du développement” procède pour une bonne part de l’élimination de cette dimension collective, par une théorie entièrement dominée par l’idéologie du marché, et aussi par la méconnaissance des dispositions institutionnelles que cette dimension réclame12.
33L’exigence de cette prise en compte, qui n’exclut pas les approches individualistes de certains phénomènes, mais considère celles-ci comme radicalement insuffisantes au niveau de l’interprétation d’ensemble, procède de diverses raisons.
34La première raison est liée à l’identification, déjà évoquée, des objectifs du développement. On admet de plus en plus généralement que le développement ne se réduit pas à la croissance, mais qu’il comprend aussi d’autres objectifs tels que l’autonomie ou la sécurité des collectivités, ou la réduction des inégalités, la satisfaction des besoins essentiels pour tous et la justice sociale, ou encore la protection des écosystèmes globaux de l’environnement.
35Or le seul de ces objectifs qui puisse résulter de l’addition de multiples objectifs individuels - et ce n’est pas par hasard si les approches individualistes réduisent encore souvent le développement à cette seule composante -est celui de la croissance (croissance de la production de marchandises, ou croissance des revenus pour acheter ces marchandises). De par leur nature, les autres objectifs n’ont guère de sens au niveau individuel : ils constituent plutôt des caractéristiques de la société future que l’on cherche à promouvoir. Ils ne prennent donc leur signification qu’en tant qu’objectifs collectifs, des objectifs poursuivis par la société en tant que société et pas seulement par un agrégat d’individus juxtaposés. Mais l’individualisme méthodologique qui fonde la théorie dominante n’admet pas ce caractère directement collectif (même si Condorcet, puis Kenneth Arrow, ont montré les impossibilités logiques d’une agrégation cohérente des préférences individuelles). Et Kenneth Boulding a pu ironiser sur l’“immaculée conception” des préférences collectives13.
36Le seconde raison concerne plutôt les moyens et les conditions (positives ou négatives) de ce développement, dont beaucoup dépassent nécessairement l’individu : que l’on songe aux infrastructures (appelées, justement, “équipements collectifs”) ; aux conséquences sociales du progrès des connaissances, des qualifications et des technologies ; aux effets bénéfiques (communication, culture, hygiène) ou destructeurs (encombrement, pollution, déséquilibres biologiques) de la modernisation des modes de vie et de consommation, et ainsi de suite.
37La théorie économique dominante est ici mieux armée : elle s’efforce d’intégrer dans son analyse les notions d'“indivisibilités”, d'“externalités”, et même, plus modestement, de “biens publics” ou de “biens collectifs” ; elle a pu déboucher ainsi sur l’esquisse d’une analyse économique des finances publiques et des choix publics. Je suggère toutefois qu’elle intègre mal ces notions, parce qu’elle demeure tributaire des instruments de mesure du marché. L’aveu le plus significatif de son impuissance est peut-être dans le maintien généralisé, par les théoriciens, de ce terme d' “externalité”, qui consiste précisément à rejeter ces phénomènes hors de la théorie du marché, mais en sauvegardant le principe de la référence à celle-ci, et sans admettre explicitement qu’une théorie complémentaire mais différente soit à la fois nécessaire et concevable. De même, l’association nécessaire du principe de concurrence et du principe de coopération demeure peu explorée par la théorie dominante14.
38C’est cependant dans cette exigence d’une théorie complémentaire que réside le nœud du problème, pour l’étude du développement. La théorie dominante est et demeure une théorie de l’économie marchande. L’individualisme méthodologique lui impose de ne considérer que des objectifs individuels (éventuellement agrégés) ; quant aux autres dimensions collectives, elle les traite comme des exceptions et par référence aux instruments du marché. Elle n’admet pas que ces instruments ne sont adaptés, en définitive, qu’à une partie de la réalité, et qu’il faut les compléter beaucoup plus largement par des objectifs et des instruments se rattachant à une autre logique, de nature collective. Cette logique collective se trouve donc récusée, de la manière la plus radicale, par les postulats de l’individualisme qui fondent l’approche dominante.
39Il reste que si on veut l’adapter aux exigences de la réalité sociale, l’approche du développement est obligée de recourir à la fois à une approche individualiste (pour bénéficier des acquis considérables de la théorie du marché sur les nombreuses questions où elle est, de loin, la plus apte à répondre) et à une approche collective (pour pouvoir traiter avec rigueur les éléments qui échappent à la théorie du marché), et bien sûr de combiner les deux en une synthèse cohérente. Par ailleurs, si l’on admet la nécessité de cette approche collective, il faut en souligner deux conséquences extrêmement concrètes : c’est celle du pouvoir de décision collectif, et celle de l’inadéquation du recours au calcul de rentabilité en termes monétaires.
40La théorie du marché ignore, par définition, la décision collective et ne connaît que l’agrégation de décisions individuelles ; même chez les classiques, l’État est réduit à quelques fonctions permissives. Il ne faut donc pas s’étonner si ceux qui s’en inspirent exclusivement débouchent sur une position ultralibérale et préconisent un État minimum. Par contre si l’on admet la nécessité d’une approche collective, on reconnaît par ce fait même l’exigence corrélative d’un pouvoir de décision collectif : quelles que soient les règles qui définissent et délimitent celui-ci, son existence impose un certain droit d’interventionnisme dans la sphère des décisions individuelles. C’est cette existence et cet interventionnisme qui heurtent les tenants de la théorie dominante. Et c’est une raison de plus pour laquelle, aussi longtemps que n’existe pas une théorie complémentaire à la théorie du marché, avec un statut et une respectabilité comparables, la théorie économique dominante constituera un obstacle à l’émergence d’une théorie globale du développement qui prenne en compte des aspects collectifs de celui-ci.
41De la même manière, la théorie du marché érige en critère suprême de l’allocation des ressources le principe de la rentabilité maximale, calculée en termes monétaires aux prix du marché. L’une des difficultés principales d’une approche non marchande provient du fait que l’on se prive ainsi de cet instrument de calcul commode que constitue le système des prix. Lorsque les deux approches, marchande et non marchande, se trouvent en concurrence pour définir l’allocation “rationnelle” d’un même montant de ressources, la tentation des responsables du calcul sera toujours celle de privilégier les éléments monétaires du calcul, au détriment de ceux qui sont moins facilement calculables.
42Exemple : lorsque la satisfaction de certains besoins essentiels mais non solvables (l’amélioration de la nutrition d’un groupe social marginalisé, grâce à une extension des cultures vivrières) est mise en concurrence, dans l’allocation d’une terre, avec des cultures de rapport dont la rentabilité est assurée sur le marché, le second choix aura toutes les chances de prévaloir. Il prévaudra a fortiori si l’intérêt non solvable de ce groupe est mis en concurrence avec le profit lié à une intégration accrue dans les marchés mondiaux. Dans les deux cas, les instruments de la théorie dominante vont prédéterminer le choix de la solution en faveur d’une allocation marchande, et cela même si tout le monde reconnaît, au niveau des principes, la légitimité de la satisfaction des besoins essentiels.
43C’est le vieux problème de la valeur d’échange dissociée de la valeur d’usage. C’est aussi, peut-être, la raison pour laquelle la tentative de Robert McNamara d’imposer le critère des “besoins essentiels” dans les pratiques de crédit de la Banque mondiale a été abandonnée dès le lendemain du départ de la Banque de son auteur : il y avait sans doute incompatibilité profonde entre l’application de ce critère et ceux d’une théorie économique dominante à laquelle il ne pouvait être question de déroger.
44D’où, encore une fois, un effet de violence symbolique, et surtout de violence réelle, au détriment des plus faibles.
La dimension éthique
45On vient d’écrire le mot “légitimité”. On débouche ainsi sur une nouvelle exigence incontournable de l’approche du développement : c’est celle de sa dimension éthique. Mais il faut bien comprendre pourquoi elle pose un problème particulier.
46Il n’y a pas de raison de prétendre que le fonctionnement du marché puisse ignorer l’éthique. Mais la théorie du marché n’a pas besoin de s’en préoccuper, puisqu’elle ne postule aucun projet collectif de société, et se borne à rendre compatibles les décisions des acteurs décentralisés réputés souverains et libres. C’est donc au niveau de ces décisions individuelles que la question éthique peut être soulevée, pas à celui de leur agrégation anonyme et neutre qui résulte du jeu du marché. D’où la véritable allergie des théoriciens de l’économie marchande devant toute “interférence antiscientifique” des considérations de morale collective. D’où aussi leur refus des débats sur les finalités - au nom même de la rigueur de leur profession - et les pratiques d’amalgame qui en résultent entre les moyens et les fins : la compétitivité, ou l’ouverture, ou l’équilibre, ne sont que des moyens et des indicateurs, mais dans la pratique des recommandations de politique économique, ces moyens sont désormais promus au rang de fins en soi, et donc considérés comme indiscutables15.
47Le problème auquel se trouvent confrontés les responsables de décisions collectives - les députés qui votent un budget, par exemple - est bien différent, puisqu’ils se prononcent sur des finalités collectives, puisqu’ils choisissent directement des caractéristiques de la société qu’ils veulent promouvoir et puisque, de surcroît, ils se trouvent privés de l’étalon de comparaison entre objectifs que constitue l’évaluation monétaire. Si la rentabilité ou la solvabilité ne sont plus la règle unique, ces responsables ont donc à se prononcer directement à partir de jugements de valeur : et c’est en ce sens que l’on peut parler de choix politiques, et donc d’une dimension éthique dans leurs critères de rationalisation.
48L’étude du développement ne peut donc faire abstraction de cette dimension, et elle doit en tenir compte dans l’élaboration de ses méthodes : mais encore une fois, les tenants de la théorie économique dominante l’accuseront alors de confusion et de mélange “non-scientifique” des genres.
49Cependant, c’est peut-être pour avoir trop longtemps ignoré cette dimension éthique que les promoteurs de l’Union Européenne se heurtent à un scepticisme croissant des citoyens à propos de ses objectifs, ou encore que la mondialisation (ou la globalisation) finit par engendrer un certain vertige et une certaine démission des responsables, parce qu’elle n’est pas, par elle-même, “créatrice de sens”16. L’illusion d’un choix politiquement et éthiquement “neutre” est ainsi à la source d’un nouvel effet de violence symbolique.
Conclusion
50Changement social de longue période, nature globale et transdisciplinaire, cohérence des dimensions micro- et macro-économiques, combinaison de dimensions marchandes et non marchandes, inévitabilité du questionnement éthique. On devrait certainement allonger, et surtout détailler, la liste des exigences de l’approche du développement, et celle des occasions de conflits qui en résultent entre la théorie économique dominante et l’effort pour construire une théorie du développement. Mais le but de ce texte, on l’a dit, est d’inciter à une réflexion pour l’avenir plutôt que de dresser un bilan, qui serait inévitablement prématuré et nécessairement partiel.
51En revanche, l’hypothèse d’interprétation avancée au départ, en termes de “violence symbolique”, apparaît dès à présent fructueuse dans la perspective de cette réflexion d’avenir. C’est bien parce que la connaissance et la mise en œuvre du processus de développement se heurtent sans cesse aux objections de la théorie économique dominante qu’une théorie satisfaisante du développement a tant de peine à se construire. C’est bien parce que les critères de la théorie économique dominante correspondent largement aux intérêts économiques les plus puissants - ceux des pays et des groupes sociaux les plus avancés dans la modernisation, et plus généralement ceux des “privilégiés” dans l’échelle de valeurs définie par le marché - que ces intérêts peuvent ainsi entretenir leur domination, grâce à cette théorie, sur la constellation plus large d’intérêts concernés par une approche globale du développement. Et c’est en raison de l’absence ou de l’insuffisance d’une théorie alternative et plus ouverte, que la majorité des acteurs et des intéressés finissent par adopter la théorie dominante comme un système de croyances incontournables (il y a une seule politique possible, il n’y a pas d’alternative).
52D’où l’effet de violence symbolique des dominants sur les dominés, ces derniers finissant par donner, par défaut, leur consentement à des politiques évidemment contraires à leurs intérêts ; dans le meilleur des cas, ils le savent, mais ils savent aussi qu’ils ne peuvent faire autrement.
53Si ce défi est réel, il n’est évidemment pas de ceux qui peuvent se résoudre à l’aide de quelque recette simpliste. Il s’agit essentiellement d’un défi politique - au sens le plus large du terme, celui d’une nouvelle organisation de la cité planétaire - et la dimension théorique et conceptuelle n’est bien entendu qu’instrumentale. C’est cette dimension, cependant, qui concerne directement les études de développement et les institutions qui s’y consacrent.
54Quelle conclusion pratique tirer ici d’un tel constat et d’une telle interprétation, sinon celle de la nécessité d’un effort de recherche plus ouvert sur la problématique globale du développement, et en particulier sur sa dimension économique ?
55Précisons cette ambition en trois points.
56(a) L’objet primordial de l’effort de recherche, bien entendu, ce sont les faits eux-mêmes, qu’il faut connaître et analyser avant que l’expression d’une volonté de maîtrise au moins partielle du changement social puisse avoir le moindre sens. Mais cette connaissance, cette analyse, cette volonté de changement exigent des instruments intellectuels. C’est là qu’interviennent la théorie, ses concepts, ses raisonnements et ses critères. D’où la première exigence qui découle de l’interprétation proposée ci-dessus en termes de violence symbolique : celle d’une prise de distance par rapport aux théories dominantes, particulièrement lorsque celles-ci n’ont pas été capables de s’adapter à un monde en changement accéléré.
57Plus précisément, cette prise de distance implique aujourd’hui
de resituer l’approche économique par rapport aux autres approches des phénomènes de société, et cela quel que soit le degré de sophistication atteint par ces diverses approches ; en d’autres termes, la prétention de l’économie à une plus grande scientificité par rapport aux autres disciplines des sciences sociales, qu’elle soit ou non justifiée, ne légitime en aucun cas l’exclusivité ou la domination de cette discipline par rapport à toutes les autres17 ;
d’enrichir l’approche économique générale en la distinguant d’une analyse exclusivement axée sur l’économie de marché, comme l’est la théorie actuellement dominante.
58(b) Quelques indications très préliminaires sur les orientations possibles de ces enrichissements théoriques ont été énoncées dans le texte ci-dessus et dans ceux qui vont suivre. Mais, si l’on se limite ici aux composantes économiques de cette approche nouvelle, la difficulté principale qui s’annonce n’est pas celle du progrès sur tel ou tel point, ou de l’amélioration de tel ou tel concept, mais plutôt celle de la cohérence à établir dans une approche globale nouvelle qui intègre, par exemple, le marchand et le non marchand, le macro et le micro, le long terme et le court terme. C’est en ce sens que le besoin s’impose de construire une nouvelle économie politique du développement, préoccupée de la gestion de la société globale d’aujourd’hui. Les exigences d’une telle approche demanderont, bien entendu, à être soigneusement précisées ; mais les suggestions de recherches ponctuelles qui figurent dans ce cahier constituent déjà un pas dans cette direction.
59(c) Enfin il importe de souligner plus que jamais, et de prendre effectivement en compte, les nouvelles dimensions éthiques et politiques des problèmes de développement. Celles-ci ont été profondément modifiées par le progrès technologique, et la question de la responsabilité collective se pose désormais dans des termes radicalement différents du passé. L’un des éléments de cette nouveauté est, justement, l’exigence de l’analyse scientifique des raisons et des composantes de cette responsabilité : la dimension éthique - et, au niveau collectif, la dimension politique - sont donc devenues indissociables de l’étude du développement.
Notes de bas de page
1 Voir par exemple l’introduction au volume I, Patrick Guillaumont, Économie du développement, Paris, P.U.F., 3 volumes, 1985.
2 Cf. Beat Burgenmeier, La socio-économie, 1993, et Christian Comeliau,“ Pour un renouveau de l’étude du développement ”, in Revue Tiers Monde, XXXV, 137, janvier-mars 1994, pp. 61-76.
3 Jean-Christophe Rufin, L’Empire et les nouveaux barbares, Jean-Claude Lattès, Paris, 1992.
4 Christian Comeliau,“ Planifier le développement a-t-il encore un sens ? ”, in Michel Loriaux (éd.), ouvrage collectif à paraître au C1DEP, Université de Louvain-la-Neuve, 1996.
5 Paul Bairoch, Mythes et paradoxes de l’histoire économique, La Découverte, Paris, 1994.
6 Herman E. Daly & John B. Cobb, For the Common Good. Redirecting the Economiy Towards Community. the Environment and a Sustainable Future, Green Print, London, 1990.
7 John K. Galbraith, “Power and the Useful Economist”, American Economie Review, March 1973,
pp. 1-11.
8 Christian Comeliau,“ Développement du développement durable ou blocages conceptuels ?”, Revue Tiers Monde, XXXV, n° 137, janvier-mars 1994, pp. 61-76.
9 Voir sur ce point l’article de Rolf Steppacher dans le présent ouvrage et pour une argumentation supposant à l’interdisciplinarité, voir par exemple Edmond Malinvaud, Voies de la recherche macroéconomique, Éditions Odile Jacob, Paris, 1991, pp. 33-37.
10 Voir également sur ce thème l’article de Gérald Berthoud dans ce présent ouvrage et d’Amitai Etzioni, The Moral Dimension. Toward A New Economies, Free Press, McMillan, New-York and London, 1988, 245 p.
11 Herman E. Daly & John B. Cobb, For the Common Good. Redirecting the Economy Towards Community. the Environment and a Sustainable Future, Green Print, London, 1990. Hermann E. Daly, Steady-State Economies, ed., 1991.
12 D’où la combinaison d’arguments d’intérêts et de sacrifices, soulignée notamment par Gérald Berthoud, 1995, op. cit. d’où aussi la proposition de l’approche“ I and we ” (moi et nous) par A. Etzioni, 1988, op. cit.
13 Cité par Amitai Etzioni, in : The Moral Dimension. Toward A New Economies, Free Press, McMillan, New-York and London, 1988, page 10.
14 Cf. sur ce point : Etzioni, 1988, op. cit. page 11 ; et surtout Jean-Baptiste de Foucauld et Denis Piveteau, Une société en quête de sens, Édition Odile Jacob, Paris, 1995, chapitre 9.
15 Cf. Amitai Etzioni, The Moral Dimension. Toward A New Economies, Free Press, McMillan, New-York and London, 1988 ; Hermann E. Daly, Steady-State Economies, ed., 1991 ; 1UED, Pour un développement social différent d’une méthode d’approche, Rapport d’un groupe de travail en vue de la Conférence des Nations Unies sur le développement social, mars 1995, à Copenhague, Institut Universitaire d’Etudes du Développement, Genève, 1994 ainsi que Groupe de Lisbonne, Limites à la compétitivité. Pour une nouveau contrat mondial, La Découverte, Paris, 1995.
16 Cf. Zaki Laïdi, Un monde privé de sens, Ed. Fayard, Paris, 1994 et Zaki Laïdi,“ La mondialisation ”, in Le Monde, 31 août 1995 ; Cf. également Jean-Baptiste de Foucauld et Denis Piveteau, Une société en quête de sens, Ed. Odile Jacob, Paris, 1995.
17 Voir sur ce point : Bernard Perret et Guy Roustang, L’Économie contre la société. Affronter la crise de l’intégration sociale et culturelle, Paris, Seuil, 1993.
Auteur
Economiste, professeur, IUED, Genève
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