Mais que font donc les économistes ?
p. 101-109
Texte intégral
1Les travaux de recherche collectifs qui démontrent une réelle préoccupation d’interdisciplinarité sont chose trop rare – même dans une institution qui prétend proposer une approche globale du développement, comme l’IUED – pour ne mériter qu’un accueil bienveillant mais passif. Je saisis donc sans hésiter cette occasion qui m’est offerte par le texte de Gilbert Rist, et par le groupe de travail dont il est un des initiateurs, pour m’associer à cette tentative d’« identifier un terrain commun où puisse se dérouler un débat entre anthropologues et économistes ». Débat ne signifie pas consensus : ma réaction est faite à la fois d’un accord fondamental sur le but de l’entreprise, et de plusieurs désaccords sur certains des moyens qu’elle propose.
Un accord sur le fond
2Les fondements de l’accord ne sont pas négligeables. En premier lieu, le souci d’interdisciplinarité n’est ni un souci de mode, ni une coquetterie vaniteuse de chercheurs théoriciens : il s’impose plus que jamais. En raison de la complexité de l’évolution de notre monde et de la gravité de certains drames qu’elle entraîne, sans doute, mais surtout en raison de l’incapacité de plus en plus spectaculaire des sciences sociales (et de l’économie en particulier) à expliquer et à aider à la maîtrise de cette évolution et de ces drames. Cessons donc de nous draper dans nos dignités dérisoires de spécialistes, cessons de dresser des frontières jalouses entre nos disciplines, essayons enfin de comprendre la réalité sociale, tout simplement. Et si nous parlons encore de « développement » pour désigner cette réalité sociale et ses défis (Gilbert Rist voudrait abandonner le terme, je vais y revenir), sachons au moins que ce terme doit s’appliquer aux problèmes de l’ensemble du monde et non plus aux seuls pays pauvres : c’est une logique d’évolution mondiale qu’il nous faut comprendre, et non pas une quelconque ambition de croissance, et encore moins de « rattrapage », de la part de pays « sous-développés ».
3Deuxième point d’accord : la logique de l’évolution actuelle est bien évidemment entachée d’économisme, ce qui veut dire que les préoccupations économiques y occupent une place disproportionnée par rapport aux autres aspects de la réalité sociale. J’attache autant d’importance que Gilbert Rist à la lutte contre cet économisme, même si nos avis divergent sur sa signification exacte, mais je voudrais souligner dès l’abord que cette importance excessive de l’économie est une caractéristique de la réalité sociale elle-même, avant d’être celle des approches scientifiques appliquées à cette réalité sociale. C’est notre modèle de développement et de civilisation qui est économiste, et l’économie n’y est plus « enchâssée » dans la société (au sens de Polanyi) : pour changer cette réalité, il ne suffira donc pas de changer les lunettes avec lesquelles nous regardons ce modèle.
4Enfin, ce sont des discussions au sein d’un groupe de travail qui nous ont amenés, progressivement et de commun accord, à parler de la recherche d’une théorie générale de l’échange plutôt que d’une économie généralisée, et je crois que cette distinction est indispensable pour éviter les désaccords superflus.
5Car les désaccords réels qui subsistent suffiront sans aucun doute à nous occuper... Je voudrais ici me limiter à l’essentiel et en aborder trois catégories, qui concernent le but même du débat interdisciplinaire, la nature de l’économie, et enfin certaines des distinctions proposées entre diverses « logiques sociales ».
Les défis de l’interdisciplinarité
6La raison même du débat interdisciplinaire en sciences sociales, c’est d’utiliser simultanément les instruments de diverses disciplines à propos d’une même réalité sociale, pour en éclairer les diverses composantes ou les diverses dimensions, et donc les diverses rationalités. En tant qu’être pensant et en tant qu’être social, l’homme est l’auteur de comportements poursuivant de multiples objectifs diversifiés, et il se trouve au centre d’un réseau de relations sociales tout aussi diversifiées. A chaque composante peut correspondre une recherche de rationalité : elle peut être de nature « économique » (je vais revenir sur le sens de ce mot), mais elle peut aussi répondre à d’autres préoccupations : politique, religieuse, artistique, conviviale, ou de toute autre nature. Et ces recherches de rationalité vont nécessairement se combiner et s’emmêler entre elles. D’où la nécessité de recourir à plusieurs disciplines pour analyser de tels comportements : économie, sociologie, anthropologie, science politique, psychologie, etc.
7Je ne comprends donc pas le reproche, adressé à l’économie par Gilbert Rist et par bien d’autres, d’être incapable d’expliquer de manière satisfaisante un grand nombre d’échanges entre les hommes, en raison de l’étroitesse de ses « modèles » ou de ses instruments d’analyse : c’est évidemment exact, mais c’est aussi inévitable, puisqu’une discipline spécifique ne cherche qu’à expliquer certains aspects, certaines dimensions, certaines composantes d’une relation. Personne ne nie la multiplicité d’aspects très divers dans un même échange réel, et chaque spécialiste doit essayer d’y apporter autant d’explications qu’il le peut ; chaque spécialiste doit aussi tenir compte, dans la mesure du possible, des explications apportées par la discipline voisine, et donc des enrichissements réciproques qu’elles permettent. Mais pourquoi demander à l’économiste de se charger d’une explication satisfaisante de l’ensemble de ces relations ?
8Chacun sait, par exemple, que le trop célèbre homo oeconomicus n’a jamais existé dans aucune société, et c’est toujours une erreur grossière que de le présenter comme un idéal de comportement concret ; en ce sens, il est malheureusement vrai que les économistes ont tendance à oublier l’histoire et à confondre les faits et les logiques. Il reste que cette abstraction, cet archétype, est utile pour comprendre la logique d’un comportement qui ne poursuivrait que des objectifs économiques définis par la maximisation de son intérêt individuel. C’est un outil parmi d’autres outils : le menuisier va-t-il jeter son marteau, ou le modifier, sous prétexte qu’il ne peut scier des planches, et son tournevis parce qu’il est inutile pour enfoncer des clous ? Sans doute certains économistes – ils sont parfois illustres – sont-ils aveuglés par leurs prétentions scientifiques et veulent-ils tout expliquer, avec un minimum d’outils manifestement simplistes. Mais au-delà de ces rodomontades (qui ne sont évidemment pas à la gloire de la profession), pourquoi reprocher globalement à « la science économique standard » d’être « incapable de rendre compte des différentes formes d’échange qui [...] caractérisent les relations entre les hommes ou entre les sociétés », alors que ce rôle d’explication universelle de l’échange ne peut manifestement pas être celui de la science économique, ni d’ailleurs d’aucune autre science particulière ?
Qu’est-ce que l’économique ?
9Mais on touche ainsi au cœur du problème : comment définir l’économique ? Pas plus que Gilbert Rist, je ne peux aborder ici la discussion approfondie d’une question qui – paradoxalement, puisqu’il devrait s’agir d’une définition élémentaire – n’a jamais donné lieu à un accord malgré le progrès des sciences sociales. Je me borne donc à deux composantes de cette question, celle de l’échange et celle de la rareté ; j’évoquerai ensuite la question des finalités, avant de revenir au problème de l’élargissement (ou du dépassement) de l’économique. Les deux composantes choisies ne le sont pas par hasard : elles constituent les deux thèmes fondamentaux de l’ensemble du débat sur l’économique, d’ailleurs bien résumé dans le texte de Gilbert Rist. Je renvoie donc à ce texte pour l’exposé de ces deux composantes, et je ne retiens ici que les points principaux du désaccord.
10Quant à l’échange, d’abord je voudrais dissiper une ambiguïté. Je crois essentiel d’admettre que tout acte économique est un acte socialisé, et implique donc l’échange (voir les références citées par G. Rist, en particulier Buchanan, 1987 ; j’y ajouterais la critique de D. Meda, 1998) ; encore faudrait-il examiner de plus près les conditions nécessaires pour qu’il y ait échange (au moins deux sujets libres et conscients ?). En revanche, il me semble indispensable d’admettre que tout échange ne relève pas nécessairement de l’économie, ou plus précisément que tout échange ne relève pas nécessairement et en ordre principal de l’économie. Je reviens ainsi à ce que j’ai évoqué plus haut sur l’enchevêtrement de composantes, et donc de rationalités, qui caractérisent tout acte humain. Sans doute est-il vrai de dire que la plupart de ces actes impliquent l’usage de facteurs matériels – je préférerais dire : ils impliquent une composante d’énergie – et aussi une dimension temporelle, mais cette dimension peut être d’importance très secondaire (comme dans la relation d’amour, ou de spiritualité), ce qui a pour résultat qu’un très grand nombre d’échanges ne sont pas, ou ne sont que faiblement, concernés par la rationalité économique. C’est bien pour cette raison que le débat a conduit notre groupe de travail au remplacement de la recherche d’une économie généralisée par celle d’une théorie générale de l’échange.
11La deuxième composante mentionnée constitue sans doute le point de désaccord essentiel entre Gilbert Rist et moi-même : c’est la question de la rareté. J’insiste d’abord sur le caractère relatif de cette notion : la rareté ne peut être définie que par rapport à un espace, une communauté, une époque, une technologie, un ensemble de besoins ou d’aspirations ; par définition, la rareté résulte d’une tension entre des besoins et des ressources pour les satisfaire, et elle n’affecte donc pas tout le monde de la même manière. D’où, encore une fois, la référence à des sujets décidant de ces besoins et appréciant l’utilité des ressources pour y répondre : c’est en définitive l’origine, et aussi la force persistante, de la raison utilitaire (Caillé, 1989).
12Cependant, à la suite de Marshall Sahlins (1976), et aussi de la littérature sur le don (depuis Mauss et Malinowski), beaucoup d’anthropologues ont insisté sur le caractère créé, culturel plutôt que naturel, de la rareté : les biens deviennent rares lorsque les hommes se donnent une organisation sociale qui ne limite pas leurs besoins en fonction des ressources disponibles. J’admets parfaitement cette origine le plus souvent culturelle de la rareté. Mais cette distinction ne change pas la nature du problème économique ainsi posé ; et j’estime pour ma part – avec une immense majorité des économistes lorsqu’ils essaient de définir leur discipline – que la référence à la rareté (créée ou naturelle) est indissociable du problème économique : s’il n’y a pas rareté, le raisonnement économique n’a rien à apporter, il est tout simplement superflu.
13Cette affirmation, qui peut paraître un truisme à certains et n’en est pas moins complètement rejetée par d’autres, entraîne de multiples conséquences. Je n’en citerai qu’une ici, celle qui détermine l’importance du débat actuel sur le développement. Dans son ouvrage de 1996, Gilbert Rist voit dans cette notion une croyance d’origine occidentale, qui s’est généralisée et qu’il faut dénoncer dans la mesure où elle justifie l’« omni-marchandisation » du monde. J’approuve de toute évidence les raisons d’une telle dénonciation, mais je crois qu’on ne peut pas simplement dénoncer le « développement » sans prendre conscience du seuil irréversible d’évolution qui a été atteint, et donc sans résoudre au préalable l’immense problème de rareté qu’a créé dans notre monde l’expansion d’un modèle de société qui multiplie à la fois les hommes et leurs besoins. Il y a là un gigantesque défi ; mais après tout, c’est cela, la réalité sociale de notre temps, et elle est au moins aussi importante pour l’humanité que l’histoire de quelques tribus, certes chères aux anthropologues, mais dont le mode de vie est inévitablement en train de disparaître. Je suis le premier à dire que le développement ne doit pas être confondu avec la croissance ; mais j’affirme aussi que dans une grande partie du monde actuel, la croissance est devenue indispensable, au moins pour un temps, et que cette croissance exige une rationalisation économique de l’usage des ressources rares qu’elle implique. On ne peut donc pas éliminer aussi légèrement la question de la rareté.
14On revient ainsi au problème des finalités, qui constitue un troisième point de désaccord important entre nous. Il est clair que l’économie concerne à la fois la production de la richesse et celle du lien social, mais il reste à définir ces termes : qu’est-ce que la richesse ? En quoi le lien social dépend-il de l’économique, en quoi relève-t-il d’autres approches ? Par ailleurs, il me paraît tout aussi clair que le choix des finalités de l’activité économique ne relève pas de la rationalité économique elle-même, qui est de nature instrumentale, mais de jugements de valeur des décideurs : suivant la nature des décideurs (individus ou communautés), ces jugements de valeur sont de l’ordre des « goûts » du consommateur (je préfère les pommes aux poires, ou l’inverse), de la morale individuelle (je préfère un mode de vie frugal et le partage plutôt que le luxe personnel, ou l’inverse), ou encore d’ordre politique (la nation se prononce pour la démocratie plutôt que pour la dictature, ou l’inverse).
15Bien entendu, les choix de finalités et de moyens sont inextricablement mêlés dans le comportement concret des individus et des groupes : c’est pour cette raison que j’évoquais ci-dessus la complexité de cette interpénétration des rationalités. Mais ce sont justement des critères de nature différente qui se mêlent ainsi. La théorie microéconomique a toujours reconnu le caractère indiscutable, pour l’économiste en tant qu’économiste, des préférences du consommateur : elle traduit donc ces « données » sous la forme de « courbes d’indifférence ». En économie collective, c’est la confusion qui règne : on parle d’une « fonction sociale de préférence » ou de « fonction sociale de bien-être », en oubliant que celle-ci n’est pas immédiatement donnée – ô naïveté des planificateurs – et qu’elle doit être construite. C’est cette nécessité de construction qui rend souhaitable la contribution des économistes, non pas pour se substituer aux citoyens, mais pour clarifier les enjeux de leurs choix. Mais voici maintenant qu’il faudrait étendre le champ de la rationalité économique au choix entre des fins alternatives.... Ce n’est pas ainsi, à mon sens, que l’on va clarifier le débat.
16Concluons sur cette définition du champ de l’économique. Que ce champ mérite d’être élargi par rapport aux hypothèses extraordinairement étroites de l’économie marchande stricto sensu me paraît indéniable, et il y a bien longtemps que je travaille en ce sens. Je pense cependant que ce champ ne peut être étendu ni à tous les échanges, ni au choix des finalités. C’est en ce sens que je crois éminemment souhaitable que les sciences sociales – et la réflexion des hommes en général – se montrent capables de dépasser le raisonnement économique plutôt que d’en étendre inconsidérément le champ. La vraie raison en est que l’homme n’est ni un être purement utilitariste (que ce soit au niveau de l’individu ou à celui de la communauté), ni un être seulement préoccupé de ressources matérielles. Je vais en donner quelques exemples en critiquant encore certaines distinctions proposées par Gilbert Rist dans son effort pour « identifier les différentes logiques sociales » de l’échange.
Les diverses « logiques sociales » de l’échange
17La représentation de ces différentes logiques par un schéma de cercles qui se recouvrent partiellement est évidemment ingénieuse, et elle peut sans doute favoriser une meilleure compréhension des « interfaces » entre ces logiques. Je crois cependant que cette représentation est quelque peu trompeuse, dans la mesure où la plupart des relations sociales relèvent simultanément de diverses logiques (ce qui veut dire que – en dépit d’une difficulté technique évidente – la plus grande partie du schéma devrait être composée de zones d’interface), et dans la mesure où la pondération relative de ces diverses logiques varie selon chacune des relations considérées. Mais ce point est secondaire, et je préfère me limiter à quelques remarques sur certaines des différences ainsi soulignées.
18J’approuve totalement, je le répète, le refus de considérer que la logique économique se limite au seul échange marchand même si ce refus s’oppose à une tradition puissamment établie parmi les économistes. J’ai tenté ailleurs – sans pouvoir y revenir ici – de préciser aussi rigoureusement que possible les similitudes et les différences entre la logique de l’économie marchande et celle de l’économie non marchande (Comeliau, 1978 et 1991). Les concepts ne sont certes pas encore parfaitement au point, mais je crois plus que jamais à leur fécondité. Je note cependant deux difficultés, à partir de l’usage qu’en propose Gilbert Rist :
Il me paraît réducteur d’assimiler économie non marchande et redistribution. L’économie non marchande comprend certes de nombreuses relations de redistribution (les allocations de chômage ou l’impôt progressif sur le revenu, par exemple), mais le domaine des biens publics ou des biens collectifs (c’est-à-dire non susceptibles d’appropriation) me semble beaucoup plus large. Quoi qu’en dise Gilbert Rist, je ne vois pas en quoi les services de la voirie, de l’état civil ou de la police constituent en eux-mêmes un acte de « redistribution ».
Par contre, le concept d’économie non marchande est certainement affaibli par sa formulation négative : tout ce qui n’est pas marchand tombe dans la catégorie du non-marchand et il n’y aurait ainsi que deux modèles de référence. Les relations d’économie domestique (ou d’autosubsistance) pourraient ainsi être rattachées à l’économie non marchande, et peut-être encore d’autres. Elargir ainsi cette catégorie n’est pas nécessairement erroné, mais ce n’est pas très utile. Je pense aujourd’hui qu’il vaudrait mieux parler d’économie collective, par opposition à l’économie individualiste que constitue l’économie marchande. Il conviendrait d’ailleurs d’ajouter que l’économie publique ne constitue qu’un cas – sans doute prédominant – d’économie collective.
19Malgré de multiples discussions antérieures, la forme glorieuse et la forme oblative de l’échange mentionnées dans le texte de Gilbert Rist (avec de prestigieux appuis, de Mauss à Bataille) me semblent toujours bien difficiles à classer, non pas en tant que formes de l’échange – car les faits sont indéniables –, mais parmi les logiques de l’économique. D’abord je le répète, parce que le choix des finalités ne relève pas de l’économique : même si les ressources de main-d’œuvre qui y ont été consacrées sont considérables, ce n’est pas principalement à partir de la rationalité économique que je peux comparer le choix des Pharaons de bâtir des pyramides et celui de Staline de construire une industrie lourde. Mais la vraie difficulté me paraît ailleurs : plutôt que de constituer une modalité de l’économie, ces formes me semblent témoigner au contraire d’un refus de l’économique, ou au moins d’une volonté de dépassement de l’économique, avec un rejet volontaire des préoccupations de l’utilitarisme et du calcul face à la rareté. Dépassement dont j’ai dit combien il me paraissait souhaitable. Dans nos propres sociétés, ce phénomène me semble à la fois essentiel et problématique : il mérite évidemment une discussion, qui ne peut être abordée ici. Mais cette discussion ne relève pas d’abord de l’économie : on ne peut pas juger du refus de l’économie en recourant à la rationalité économique.
Conclusion
20C’est dans la même ligne que je voudrais conclure cette controverse amicale, en applaudissant à la question de Gilbert Rist : « Mais que font les économistes ? » Et que devraient-ils faire ?
21Ma réponse n’est pas exactement la sienne, et j’ai dit pourquoi : il me paraît essentiel de diversifier les instruments de l’économie, mais aussi de limiter son rôle, et surtout de ne pas le confondre avec celui du politique, que notre système tend à éliminer du débat social. La controverse suggère que nos stratégies diffèrent, sans doute, mais je crois que nos objectifs se rejoignent : il s’agit d’accroître la rigueur intellectuelle du débat, afin de contribuer à remettre l’économie à la place subordonnée qui doit être la sienne, à convaincre les hommes de rechercher une certaine transcendance par rapport à leurs préoccupations économiques aliénantes, et à réhabiliter le débat social et les échanges multiples, qui sont la vraie condition de la paix et du progrès social.
Auteur
Economiste, professeur, IUED, Genève.
Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Côté jardin, côté cour
Anthropologie de la maison africaine
Laurent Monnier et Yvan Droz (dir.)
2004
La santé au risque du marché
Incertitudes à l’aube du XXIe siècle
Jean-Daniel Rainhorn et Mary-Josée Burnier (dir.)
2001
Monnayer les pouvoirs
Espaces, mécanismes et représentations de la corruption
Giorgio Blundo (dir.)
2000
Pratiques de la dissidence économique
Réseaux rebelles et créativité sociale
Yvonne Preiswerk et Fabrizio Sabelli (dir.)
1998
L’économie à la recherche du développement
Crise d’une théorie, violence d’une pratique
Christian Comeliau (dir.)
1996