La désertification : slogan et impasse
p. 175-190
Texte intégral
1La dégradation, réelle ou supposée, des régions arides est une question récurrente depuis les années 1920. Elle fut à l’origine du premier programme « environnemental » des Nations Unies : le programme « Zones arides » de l’UNESCO, lancé en 1951. Ce n’est cependant qu’à la suite de la Conférence des Nations Unies sur la désertification (CNUD), qui s’est tenue à Nairobi en 1977, que le terme de « désertification » devient un slogan de mobilisation internationale. Le plan international d’action mis en œuvre en 1978 n’a eu, de l’avis général, que très peu de succès et l’intérêt pour la question s’est sensiblement émoussé dans les années 1980. Le thème fut remis sur le devant de la scène internationale en 1992 à l’occasion de la Conférence des Nations Unies pour l’environnement et le développement (CNUED). La désertification est, avec les changements climatiques et la conservation de la biodiversité, un des trois thèmes ayant fait, à l’issue de la conférence, l’objet d’une convention internationale. Même si celle portant sur la lutte contre la désertification fait figure de parent pauvre comparée aux deux autres, elle a cependant permis de relancer une série de plans nationaux d’action visant à combattre la dégradation des régions arides. La contribution de H.S. Marcussen au présent ouvrage montre, à partir du cas du Burkina Faso, comment le discours sur la dégradation de l’environnement et plus particulièrement sur la désertification est lié aux enjeux financiers et aux relations avec les bailleurs de fonds. En amont de cette dimension, notre objectif est d’analyser les biais induits par le terme de « désertification », utilisé comme slogan mobilisateur, et par la définition qui en est donnée par les organisations internationales.
2Le choix du terme de « désertification » dans les années 1970 n’est pas indépendant de la montée en puissance des médias et du besoin de concepts, sinon clairs, du moins imagés et facilement compréhensibles par un large public. Sur ce plan, le choix est incontestablement excellent. Mais la « désertification » appartient à cette catégorie de mots ou d’expressions autodéfinis dont l’apparente clarté masque souvent une grande confusion lorsqu’il s’agit d’analyser plus précisément les phénomènes ou processus qu’elle recouvre.
3A la suite de l’échec des premiers programmes de lutte contre la désertification, l’approche des problèmes a été renouvelée. La Convention internationale sur la lutte contre la désertification (CCD) s’inscrit dans les orientations définies par la CNUED et place les dimensions humaines et plus particulièrement les modes de gestion des ressources au centre de la problématique. Le slogan et la définition de la désertification sur laquelle se fondent les plans d’action véhiculent cependant les perceptions élaborées dans les années 1930 ou 1940 au détriment d’une analyse des réalités.
4Après avoir présenté les origines du terme et de son utilisation sur la scène internationale, nous illustrerons, en nous référant plus particulièrement aux résultats du programme « Marges arides de Syrie »1, les problèmes que posent la mesure des phénomènes de dégradation et la structuration de l’espace induite par la définition de la désertification.
De la famine à la désertification2
5La première utilisation « scientifique » du terme de « désertification » au sens de la transformation d’un écosystème en une formation désertique est attribuée au botaniste Aubreville (1949), dans un contexte cependant très différent de celui des régions arides puisque ses travaux portaient sur l’Afrique tropicale (Côte d’Ivoire). L’hypothèse de l’avancée physique des déserts remonterait quant à elle au début des années 1920. Elle est attribuée par Dregne et Tucker (1988) à Bovill (1921). La première estimation de cette avancée (un kilomètre par an) est due à Stebbing (1935), qui propose la réalisation de barrages forestiers pour l’enrayer. Bien que l’auteur de cette hypothèse la réfute quelques années après (Stebbing 1938), elle a connu une longévité exceptionnelle auprès du public, mais également dans les milieux scientifiques. Le terme de « désertification » demeura cependant peu utilisé jusqu’en 1977. Les publications du programme « Zones arides » de l’UNESCO, par exemple, ne font pratiquement pas mention du terme bien que la dégradation des ressources soit un des thèmes centraux du programme (Hills 1966).
6C’est la Conférence des Nations Unies sur la désertification qui fit de ce thème un motif de mobilisation. Il est intéressant d’analyser l’émergence du slogan car elle explique en partie au moins les biais du programme d’action entrepris en 1978 et les problèmes qui persistent en matière d’évaluation des phénomènes de désertification.
7Le principe de l’organisation d’une conférence des Nations Unies sur le problème des régions arides fut arrêté en 1974 à la suite de la sécheresse dont furent victimes les populations du Sahel entre 1969 et 1973. La famine et les épidémies entraînèrent la mort de plus de 100’000 personnes (Somerville 1986 ; Messiant 1975). Certaines estimations avancent le chiffre de 250 000 victimes (Thomas & Middleton 1994).
8La couverture médiatique de la catastrophe humaine frappa les esprits et contribua pour beaucoup à la mobilisation des instances internationales. Plusieurs études montrent toutefois que l’ampleur de la catastrophe aurait certainement pu être limitée. Le bilan fut en effet d’autant plus lourd que l’aide internationale ne s’organisa que très tardivement. Les premières actions importantes de secours aux populations et d’acheminement de l’aide alimentaire ne furent mises en place qu’en 1973, trois ans après le début de la crise. En 1970, un rapport de l’USAID (US Agency for International Development) estimait à plus de 3 millions de personnes la population de la région nécessitant une aide alimentaire d’urgence (Morris 1974). L’acheminement de l’aide fut confronté à de multiples problèmes. Les Etats touchés par la sécheresse ne disposaient ni des infrastructures ni du personnel suffisant pour porter secours aux populations. Mais c’est certainement la volonté politique qui faisait le plus défaut. L’aide internationale ne pouvait être organisée sans l’accord des autorités des pays concernés. Ces dernières ont longtemps minimisé, contre toute évidence, l’ampleur de la famine et des déplacements de populations. Le fait que les populations nomades aient été les premières et principales victimes de la sécheresse n’est pas étranger à cette situation. L’ingérence humanitaire n’était pas envisageable à l’époque ; la sécheresse pouvait en effet réussir là où les programmes de sédentarisation des populations nomades avaient échoué. Mais les effets de la sécheresse prolongée touchèrent progressivement d’autres populations. Les mesures d’aide ne furent mises en place par les organisations internationales que lorsque la famine s’étendit aux populations sédentaires et que les centres urbains furent submergés par l’exode (Somerville 1986).
9En 1974, lorsque l’organisation d’une conférence internationale fut décidée, plus de 200’000 personnes étaient encore menacées par la famine. L’attention se porta cependant principalement, non sur les populations, mais sur les conséquences environnementales, la dégradation des ressources. A cette époque, les pluies semblaient retrouver un régime « normal » et la sécheresse qui s’achevait était généralement considérée comme un phénomène exceptionnel. Par ailleurs et surtout, les gouvernements concernés étaient peu enclins à débattre des dimensions sociales et politiques du problème.
10La Conférence des Nations Unies sur la désertification fut organisée autour de trois axes principaux : l’étude des risques de désertification, la recherche de solutions permettant d’enrayer la dégradation des ressources, et la mise en place d’un programme international de lutte contre la désertification. L’une des thèses centrales de la conférence était que les solutions techniques permettant de lutter contre la dégradation des ressources étaient connues. L’accent fut mis sur le transfert de ces solutions vers les régions soumises aux risques de désertification. Les blocages, qui expliquent en grande partie l’ampleur de la catastrophe humaine à l’origine de la prise de conscience de la communauté internationale, furent largement occultés lors des débats.
11La crise économique des années 1980 porta un coup certain à l’exécution du plan d’action. Le budget nécessaire était estimé à 4,5 milliards de dollars par an sur une période de vingt ans. Les financements effectivement disponibles ne dépassèrent pas 600 millions de dollars par an (ICIHI 1986). L’utilisation qui fut faite des fonds limita par ailleurs leur efficacité. L’aide fut en effet principalement dirigée vers les populations urbaines (Tolba 1984). D’après les estimations pour l’ensemble des pays du Sahel, seul 30 % des financements obtenus entre 1978 et 1983 au titre de la lutte contre la désertification furent alloués à des projets de développement rural (ICIHI 1986). Sur les fonds affectés au développement rural, plus du tiers a été consacré aux cultures d’exportation et seulement 5 % environ aux programmes d’amélioration de l’élevage dans les régions arides.
La difficile mesure de la désertification
12L’ampleur des phénomènes de désertification est au centre d’une controverse scientifique portant notamment sur la validité des résultats produits par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Plusieurs travaux récents tendent à montrer que les surfaces touchées par la désertification ont été surestimées (Thomas & Middleton 1994 ; Pearce 1994) et la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), dans son analyse des perspectives de l’agriculture mondiale à l’horizon 2010, se rallie à ces conclusions (Alexandratos 1995).
13En 1977, la CNUD adopta la définition suivante : « La désertification est la diminution ou la destruction du potentiel biologique de la terre et peut conduire finalement à l’apparition de conditions désertiques. Elle est l’un des aspects de la dégradation généralisée des écosystèmes, et réduit ou détruit le potentiel biologique, c’est-à-dire la production végétale et animale destinée à de multiples usages au moment même où un accroissement de la productivité est nécessaire pour satisfaire les besoins de populations grandissantes aspirant au développement » (PNUE 1991 : 1). Les estimations de la CNUD faisaient état de 3970 millions d’hectares soumis à un risque au moins modéré de désertification dans les régions arides et semi-arides.
14L’un des objectifs du plan d’action de lutte contre la désertification mis en oeuvre à la suite de la CNUD fut de préciser les données. La coordination des études fut confiée au PNUE, qui publia successivement les estimations suivantes concernant les surfaces effectivement touchées par la désertification : en 1984, 3475 millions d’hectares ; en 1992, 3592 millions d’hectares.
15Le PNUE concluait en 1984 que l’ampleur et l’urgence du problème de la désertification, telles qu’elles étaient apparues lors de la Conférence sur la désertification, avaient été confirmées (PNUE 1991). Les données utilisées et l’élargissement des définitions de base relativisent cette affirmation.
16Le plan d’action prévoyait la réalisation d’une vaste enquête auprès des 91 pays concernés. Ces derniers étaient chargés de fournir les informations quantitatives relatives aux surfaces en voie de désertification et à la population vivant dans ces régions. Mais il est rapidement apparu que la plupart des pays ne disposaient pas de données et n’avaient ni les moyens ni la volonté de réaliser les études permettant de les produire.
17L’enquête fut alors confiée à deux consultants qui aboutirent à des estimations assez éloignées, respectivement 3271 millions d’hectares (Dregne 1983) et 2001 millions d’hectares (Mabbutt 1984). L’écart entre les deux estimations tient en partie au fait qu’elles ne portent pas sur le même domaine de référence. Les travaux de Mabbutt couvrent les zones semi-arides et arides, auxquelles s’ajoutent les zones hyperarides dans l’étude de Dregne.
18Les zones hyperarides, désertiques par définition, n’étaient pas comprises dans le domaine d’étude en 1977 et ne le furent pas par la suite. Le domaine fut toutefois étendu, les estimations de 1984 et de 1992 incluant en effet les zones subhumides sèches.
19Par ailleurs, les estimations de 1991 se fondent sur une définition sensiblement plus large de la désertification : « Aux fins d’évaluation, on entend par désertification/dégradation des terres, la dégradation des terres des régions arides, semi-arides et subhumides sèches par suite des conséquences néfastes de l’activité de l’homme.
20« En l’occurrence, le concept de terre recouvre les sols et les ressources en eau locales, les couches superficielles ainsi que la végétation et les cultures.
21« Dégradation s’entend au sens d’un fléchissement du potentiel des ressources du fait d’un ou d’une série de phénomène(s) agissant sur la terre, à savoir : l’érosion hydrique et éolienne et l’envasement provoqué par l’eau et le vent, la régression à long terme de la végétation naturelle ou l’appauvrissement de sa diversité, le cas échéant la salinisation et l’alcalinisation » (PNUE, 1991 : 1).
22En 1977, la notion de désertification s’appliquait à des phénomènes pouvant conduire à l’apparition de conditions désertiques. En 1992, le même terme est utilisé pour caractériser un « fléchissement » du potentiel productif. De plus, en incluant les zones subhumides sèches, la surface prise en compte est de 30 % supérieure à celle retenue en 1977.
23Au-delà de la bataille des chiffres, le programme « Marges arides de Syrie » permet d’illustrer les problèmes que pose l’évaluation des phénomènes de désertification. Le cas est d’autant plus intéressant que la Syrie est un des pays choisis dans le cadre des études de l’érosion des sols présentées dans l’atlas de la désertification publié par le PNUE.
24La dégradation réelle ou supposée des ressources des régions arides est un des thèmes d’investigation du programme. Nous avons, dans le cadre de cette recherche, collecté un large volume d’information sur l’état actuel et passé des ressources dans une zone de plus de 10’000 km2 située au nord-ouest de la Syrie. Les données exploitées vont des images satellites récentes aux photos aériennes des années 1920 en passant par les statistiques agricoles et les résultats de nombreuses enquêtes effectuées dans la zone depuis la fin des années 1970. L’ensemble des informations est organisé au sein d’une base de données géoréférencées permettant de lier des données de nature différente. La zone d’étude est une des régions arides du tiers-monde pour laquelle il existe le plus large volume d’information disponible, mais cette information était pour l’ensemble dispersée et d’accès souvent difficile.
25Les résultats de cette recherche montrent dans un premier temps qu’il est nécessaire de distinguer les ressources qui sont agglomérées dans la définition de la désertification. L’eau, les sols et la végétation, bien qu’étroitement liés, présentent des dynamiques d’évolution sensiblement différentes. Les sols, qui sont l’objet de l’étude de cas sur la Syrie présentée par le PNUE, constituent le domaine pour lequel il existe paradoxalement le moins d’informations secondaires exploitables. Les cartes des sols sont imprécises mais disponibles, ce qui est loin d’être le cas général pour les régions arides. Les phénomènes d’érosion éolienne ou hydrique ainsi que les transformations des sols liées à l’extension des cultures, qui est supposée être un des principaux facteurs d’altération de ces derniers, n’ont pas fait l’objet de mesures. Les nombreuses observations de terrain effectuées dans le cadre du programme de recherche ont permis de relever des signes de déflation éolienne, mais dans des secteurs très localisés. Globalement, les sols apparaissent remarquablement stables sur le plan physique. La notion d’échelle de référence est ici fondamentale, les hypothèses privilégiant une dégradation rapide des sols se fondant en effet sur des observations localisées, en toute rigueur difficilement extrapolables. Il existe bien des zones très dégradées où les sols ont totalement disparu mais les informations dont nous disposons indiquent qu’il s’agit de phénomènes anciens pouvant dans certains cas remonter au néolithique. Outre l’échelle spatiale, les résultats du programme de recherche posent le problème du pas de temps, généralement difficile à prendre en compte par manque de données fiables. Les phénomènes de dégradation des sols sont généralement attribués à l’activité humaine récente en relation avec la croissance démographique. Les prospections archéologiques effectuées dans la zone d’étude indiquent que la densité de population a été dans le passé, aux époques du bronze puis romaine et byzantine, équivalente ou supérieure à la densité actuelle, cela sous des régimes climatiques proches de ceux que nous connaissons aujourd’hui.
26La temporalité est également centrale pour ce qui concerne la dégradation de la végétation. La steppe syrienne est bel est bien fortement dégradée ; la végétation climatique composée d’espèces buissonnantes a dans l’ensemble disparu au profit d’un maigre couvert végétal d’espèces annuelles.
27Les hypothèses relatives aux processus de dégradation de la steppe s’accordent sur le fait que le phénomène aurait été induit par une perturbation relativement récente du système d’élevage et de régulation de l’accès aux ressources pastorales. La réforme agraire du début des années 1960, la croissance des troupeaux dans les années 1970 et 1980 et plus récemment, à la fin des années 1980, l’extension des cultures au détriment des parcours sont considérées comme les principaux facteurs de destruction de la végétation. Ces hypothèses ont le mérite de proposer une interprétation logique. Dans les régions arides, la réforme agraire visait à réduire le pouvoir des chefs tribaux. De 1974 à 1985, le troupeau ovin est passé de 6 millions à plus de 14 millions de têtes pour l’ensemble du pays. L’élevage a été stimulé par la demande des pays voisins producteurs de pétrole. Ainsi, l’Arabie saoudite, principal marché extérieur pour les éleveurs syriens, a multiplié par dix ses importations de moutons entre 1975 et 1985. La demande intérieure a également connu une forte croissance du fait de l’augmentation de la population et des revenus. Le pays, qui à l’époque n’était pas producteur de pétrole, a cependant bénéficié indirectement de la rente pétrolière de ses voisins par le biais de l’aide financière et des revenus des travailleurs immigrés. Les besoins en aliments des troupeaux ont contribué à la fin des années 1980 à une forte extension des cultures au détriment des surfaces de parcours.
28Le surpâturage lié à l’augmentation du nombre d’animaux et l’extension des cultures sont d’une façon générale les deux principaux facteurs auxquels est attribuée la dégradation des zones pastorales. La steppe syrienne ne fait pas exception, et les éléments disponibles laissent penser que le phénomène est à la fois récent et rapide. Les données historiques objectives, telles que celles fournies par les photographies aériennes de l’armée du Levant, relativisent cependant cette hypothèse. Les clichés nous montrent une steppe dont le couvert végétal est très proche de l’état actuel ; la végétation buissonnante y est pratiquement toujours absente. Ces images tendent à indiquer que la dégradation est ancienne, ce qui soulève la question des effets réels du surpâturage et de la mise en culture. Elles fournissent des éléments expliquant la divergence quasi constante entre la perception des ingénieurs et chercheurs et celle des Bédouins qui, lorsqu’ils sont interrogés sur l’état du milieu, réfutent en général le fait que la steppe soit en voie de dégradation.
29Le cas de l’eau est sensiblement différent. Il existe dans la région d’étude un réseau hydraulique datant de l’époque byzantine, qui fut partiellement restauré au début du siècle par les nouveaux occupants. La région s’est en effet vidée de ses occupants sédentaires au xiiie siècle et a été réoccupée à partir de 1860. Les canaux souterrains collectant les eaux de subsurface se sont asséchés pour la majorité d’entre eux dans les années 1960. Le phénomène est probablement lié à la multiplication des forages de faible profondeur qui ont modifié la dynamique de circulation de l’eau souterraine, ce qui a entraîné une réduction sensible des surfaces irriguées. Par ailleurs, de nombreux villages ont perdu leur source d’alimentation en eau de boisson. On constate bien, pour ce qui concerne l’eau, un phénomène de dégradation ; paradoxalement, c’est la ressource à laquelle les études sur la désertification, en Syrie et en général, accordent le moins d’attention. La question de l’eau est abordée, dans le discours sur la désertification, au travers de la salinisation des sols, mais rarement en termes d’épuisement de la ressource.
30Dans le cas de la Syrie, le problème de l’épuisement des nappes de subsurface a été compensé par l’exploitation, depuis le début des années 1990, de nappes situées aux environs de 450 et 600 m de profondeur. Cette eau a permis d’étendre les surfaces irriguées mais les quantités disponibles et la dynamique des nappes en question ne sont pas connues. Il est en conséquence difficile, en l’état actuel des connaissances, de préjuger de l’avenir de ces surfaces mais l’exploitation des nappes profondes a permis de renverser le processus de déclin de la production agricole. Ce cas est intéressant car il soulève la question du déséquilibre permanent caractérisant les activités agricoles et pastorales des régions arides. Les études portant sur le pastoralisme et l’agriculture s’accordent en général à prédire le déclin de ces activités, ce depuis les années 1930 pour ce qui concerne le pastoralisme. Ces analyses se fondent le plus souvent sur des faits objectifs du moment, tels que la diminution des surfaces irriguées ou la baisse des rendements. Elles ont cependant toutes été infirmées, l’exploitation de nouvelles opportunités telles que les eaux profondes ayant permis de contrecarrer les tendances négatives. On pourrait aujourd’hui développer un même raisonnement pour l’agriculture dans la mesure où la pérennité des ressources hydriques profondes pose question. Deux éléments majeurs, la mobilité et les liens avec les centres urbains, expliquent la remarquable capacité d’adaptation des éleveurs et agriculteurs.
31La mobilité s’applique aux troupeaux, aux déplacements des animaux, mais également à l’alimentation et à l’eau, permettant d’exploiter une large gamme de ressources. Elle s’applique aussi aux hommes, par l’émigration vers les sources d’emploi, ainsi qu’aux productions agricoles qui évoluent en fonction des marchés. On observe par exemple depuis une dizaine d’années une extension de l’arboriculture dans les régions sèches. Les liens avec les centres urbains sont multiples : outre les relations d’échanges de produits, ils interviennent dans le financement des investissements. Ces adaptations récentes et passées, tant en ce qui concerne l’élevage que l’agriculture, ont bénéficié de l’apport financier d’investisseurs urbains (Jaubert & Leybourne 1998).
Désertification et territorialisation
32Afin d’assurer leur survie, les populations des régions arides ont été de tout temps dépendantes de relations d’échanges avec les régions bénéficiant de conditions climatiques moins rigoureuses et avec les centres urbains. De même, ces régions ont souvent été des lieux de passage des voies commerciales, telles les routes transsahariennes ou la route de la soie traversant le désert d’Arabie. Autant d’éléments qui contrastent avec le fait que ces régions sont généralement perçues comme étant en marge. Cette perception sous-tend la plupart des programmes de développement ou de préservation des ressources, qui traitent les régions arides comme des entités isolées. Cette vision dominante des régions arides a certainement pour origine la structuration de l’espace, établie pendant la période coloniale, qui divise les territoires en zones climatiques. Le travail des géographes a en effet servi de base à la définition de certaines limites administratives, notamment celles séparant les régions administrées par les autorités civiles et celles relevant des militaires. Tant en Afrique au sud et au nord du Sahara qu’au Moyen-Orient, les régions arides ont longtemps été sous l’autorité de l’administration militaire. Ce particularisme était lié au fait qu’elles étaient peuplées de nomades constituant une force armée, que les frontières y ont été tracées et que de plus elles ne représentaient qu’un intérêt imité sur le plan économique.
33Le cadre géographique de la convention et des plans de lutte contre la désertification tend à perpétuer cette structuration. Il est en effet fondé sur une division climatique de l’espace. Cela revient, comme par le passé, à isoler des régions sur lesquelles s’appliquent par ailleurs des diagnostics préétablis. Les surfaces de parcours des régions arides sont surpâturées, les régions semi-arides des zones d’extension de l’agriculture soumises aux phénomènes d’érosion des sols, etc. Cette structuration contribue à opposer, dans l’esprit des agents de développement et de nombreux chercheurs, des espaces, notamment ceux des nomades et des agriculteurs, et à ignorer ou à sous-estimer les relations de complémentarité qui les lient. Une telle perception n’est pas sans conséquence. Elle contribue certainement, par exemple, à la mise en exergue des conflits entre agriculteurs et éleveurs, qui ne sont peut-être pas plus fréquents aujourd’hui que par le passé (voir sur le sujet, pour l’Afrique, Hussein 1998). Elle est aussi un obstacle certain à la compréhension de l’exploitation des ressources.
34Le cas de la Syrie illustre bien les questions que soulève la division du territoire en tranches climatiques. Le pays comprend cinq zones administratives, sur le plan agricole, définies en fonction de la pluviométrie moyenne. Les précipitations annuelles varient de plus de 800 mm par an sur la côte méditerranéenne à moins de 100 mm à l’intérieur des terres. Cette classification est l’élément de base de la planification agricole. La zone de steppe (zone 5), ou badia, couvre environ 50 % du territoire et, dans la classification du Ministère de l’agriculture, correspond aux régions où la pluviométrie est inférieure à 200 mm, ce qui, dans la classification climatique de l’UNESCO, équivaut à la limite supérieure du domaine aride au Moyen-Orient. Cette division est un héritage direct de l’administration française. Pendant la période du mandat, le pays était en effet divisé en deux par la ligne dite de « désert », à l’est de laquelle les tribus nomades bénéficiaient d’une certaine autonomie juridique sous le contrôle de l’administration militaire. La ligne des 200 mm correspond en effet exactement, dans l’ouest du pays, à cette ligne de « désert » définie au début des années 1940 (Debaine & Jaubert 1998).
35Les 200 mm de pluviométrie moyenne étaient considérés comme une limite infranchissable pour l’agriculture, une « muraille de Chine » hydrologique selon l’expression d’Hamidé (1959). La localisation de l’isohyète de référence relevait toutefois de considérations plus politiques que pluviométriques. Force est en effet de constater que la position de l’isohyète 200 mm ne fait pas, loin s’en faut, l’unanimité. Il n’existe pas une, mais des cartes pluviométriques de la Syrie, sur lesquelles la position des isohyètes varie sensiblement, en particulier dans les régions arides où les données font défaut.
36Nous nous situons dans un domaine de transition où différents types de milieu s’interpénètrent, où le niveau d’aridité réelle en un lieu donné est déterminé plus par les caractéristiques géomorphologiques et hydrographiques que par les précipitations reçues en ce lieu (Debaine & Jaubert 1998). La ligne des 200 mm est pourtant une réalité visible, une sorte de frontière telle qu’elle l’était à l’époque du mandat. La justification de cette frontière a cependant changé : la préservation des ressources s’est substituée aux objectifs militaires.
37La question de la dégradation de la steppe syrienne a été soulevée dès les années 1960, notamment dans les travaux d’Omar Draz, expert égyptien de la FAO (Draz 1969). La dégradation du milieu fut à l’origine d’un programme de création de coopératives d’élevage et de gestion des parcours, fondé sur la réintroduction du système traditionnel de contrôle de l’accès au pâturage. L’expérience mérite d’être soulignée car elle est mise en œuvre peu de temps après la prise de pouvoir par le parti Bath socialiste arabe, qui combattait tout particularisme juridique et visait à éradiquer toutes formes d’organisation tribale. Or, les coopératives se fondaient sur un système tribal de contrôle de l’accès aux ressources, ce qui revenait à restaurer un particularisme juridique dans la zone de steppe (Jaubert & Leybourne 1998)
38Les coopératives d’élevage n’ont eu aucun effet en matière de contrôle de l’accès aux pâturages. Elles ont au contraire contribué à l’augmentation du nombre d’animaux séjournant dans la steppe. Outre le contrôle du pâturage, les coopératives étaient des centres de distribution d’aliments du bétail. C’est dans les faits la seule fonction qu’elles aient remplie (FAO 1984). Le but initial de la distribution d’aliments était de compenser les effets des sécheresses mais après la forte augmentation de la demande et des cours du mouton, les quantités distribuées ont largement excédé ce qui avait été initialement prévu dans le programme défini par la Banque mondiale. Les produits distribués à des prix subventionnés tels que l’orge ou les sous-produits agro-industriels ont rapidement constitué une part importante de l’alimentation des troupeaux (Leybourne 1997).
39Pendant la période de forte croissance des effectifs ovins, la question de la dégradation de la steppe a été reléguée au second plan. Elle redevient un sujet de préoccupation au début des années 1990, à la suite d’une extension des cultures au détriment des surfaces de parcours entre 1987 et 1990 et de la détérioration du marché régional du mouton liée à la crise du Golfe. Le débat, au sein du Ministère de l’agriculture, sur le devenir des steppes fut certainement renforcé par la Convention internationale sur la lutte contre la désertification, signée en 1994, à laquelle adhère la Syrie. En 1995, toutes les cultures ont été strictement interdites dans la zone de steppe.
40La ligne des 200 mm devient à nouveau une réalité, cette fois visible sur le terrain. Depuis 1942, lorsque la limite fut définie par l’administration du mandat, de nombreux villages se sont établis à l’est de cette limite. Ces villages ont été implantés dans des dépressions bénéficiant d’un apport d’eau de surface et de subsurface qui permet la production d’orge et parfois de blé. Dans ce dernier cas, l’eau disponible est au moins équivalente à celle fournie par des précipitations annuelles de 300 à 350 mm. L’interdiction des cultures a sévèrement et brutalement touché ces villages. Une commission parlementaire a été constituée pour examiner le problème auquel sont confrontés les éleveurs et les agriculteurs de la steppe. L’une des mesures envisagées consiste à repousser de 15 km la frontière fatidique. Cet assouplissement de la réglementation permettrait à la majorité (mais pas à l’ensemble) de la population touchée par l’interdiction de reprendre son activité agricole. Toutefois, le recul de la limite, solution qui jusqu’à présent n’a pas été retenue par les autorités, ne rompt pas avec la logique de « frontière » pluviométrique héritée de l’administration du mandat français.
41Les autorités sont d’autant moins disposées à assouplir leur position que le pays a obtenu du Fonds international de développement agricole (FIDA) un prêt de 30 millions de dollars pour la réalisation d’un large programme de réhabilitation de la steppe. La diversité de cette dernière, le fait que certaines surfaces soient cultivables sont des éléments connus, mais la zonation climatique demeure la seule référence spatiale sur les plans national et international. Le programme de réhabilitation de la steppe s’inscrit dans la ligne de la Convention sur la lutte contre la désertification en accordant une large place à la participation des populations en matière de gestion des ressources. Cependant, au travers de l’interdiction de mise en culture, ces populations vivant au-delà de la ligne de « désert » des années 1940 ont bel et bien été mises sous la tutelle des ingénieurs du développement.
Conclusion
42La désertification est un slogan dont le principal mérite est de mobiliser des moyens auprès des bailleurs de fonds. Les montants mis à disposition sont certes beaucoup plus limités que ceux alloués aux problèmes du changement climatique et de la conservation de la biodiversité – deux questions qui, contrairement à la désertification, ont des implications économiques importantes pour les pays du Nord. La signature de la Convention sur la lutte contre la désertification a cependant relancé, sur de nouvelles bases apparemment, le programme international qui faute de résultats s’était essoufflé dans les années 1980.
43Au-delà du discours qui fait une large place aux dimensions humaines – le préambule de la Convention sur la lutte contre la désertification plaçant les hommes au centre des préoccupations –, les fondements des plans d’action demeurent inchangés. La désertification telle qu’elle est définie n’est pas plus qu’en 1977 un concept opératoire permettant d’évaluer les transformations des ressources des régions arides. L’agglomération dans un même concept de variables de nature différente contribue à la dramatisation des problèmes mais rend difficile la mesure de la dégradation, mesure dont on peut cependant penser qu’elle est importante pour définir des solutions adaptées aux problèmes. Les travaux réalisés en Syrie soulèvent la question des échelles spatiales, mais surtout temporelles. Les hypothèses relatives à la dégradation des ressources privilégient pratiquement toujours, en Syrie comme ailleurs, une interprétation liée à des phénomènes récents. La croissance démographique est un argument fort en faveur de ces hypothèses, si fort qu’il semble permettre de faire l’économie d’une vérification. Pourtant, le recul historique possible en Syrie grâce aux sources disponibles donne une perspective un peu différente. Les milieux étudiés sont très dégradés, du moins pour ce qui concerne la végétation, mais apparaissent beaucoup plus stables et résistants que l’observation synchronique ne le laisse supposer.
44L’impasse à laquelle mène la définition de la désertification adoptée par les instances internationales est aussi liée à la structuration de l’espace véhiculée par cette définition. Bien que les principes d’action aient été renouvelés, la persistance d’une division de l’espace sur une base strictement climatique perpétue une structuration artificielle remontant à l’époque coloniale. Le cas de la Syrie n’est pas exceptionnel. Les isohyètes demeurent en Afrique du Nord et au Sahel les bases de la structuration de l’espace. Une approche effectivement fondée sur les dimensions humaines et des modes de gestion des ressources remettrait immédiatement en question cette division arbitraire de l’espace. Tant que celle-ci perdurera, les programmes d’action semblent voués à perpétuer une logique dépassée.
Bibliographie
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1 Le programme « Marges arides de Syrie » est mené par la Maison de l’Orient méditerranéen (Université Lyon 2 – CNRS), l’IUED et le Centre international de recherches agronomiques pour les régions sèches (ICARDA, Alep). Il a pour thème central l’évolution des relations hommes-milieux.
2 Les éléments présentés dans cette section sont tirés d’un article précédent consacré à la place des populations dans les plans d’action contre la désertification (Jaubert 1997).
Auteur
Agro-économiste, Institut universitaire d’études du développement (IUED), Genève.
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