La transition à l’économie de marché : la politique ou les politiques ?
p. 261-279
Texte intégral
1La fin du xxe siècle a été marquée par un phénomène nouveau dans l’histoire – une succession de transformations d’Etats à économie planifiée en Etats à économie de marché. Déjà dans les années 1950, des expériences de réformes économiques avaient été entamées en Yougoslavie. Dans les années 1960 l’Allemagne de l’Est effectua la réforme des prix ; puis des réformes économiques virent le jour en Tchécoslovaquie et en Hongrie. A la fin du deuxième millénaire, plus de 30 pays étaient concernés par les réformes marchandes.
2Non seulement l’ampleur étatique de ce phénomène, mais aussi la profondeur des changements en cours dans les pays ex-socialistes ont attiré l’attention des hommes de science et des acteurs politiques. Le contenu des réformes, leur succession, leur vitesse ont été et sont toujours l’objet des débats. Cet article cherche avant tout à donner aux lecteurs des points de repère sur les débats autour des politiques de transition, en présentant quelques travaux qui illustrent les divers courants de pensée sur la transformation de l’économie étatique planifiée en économie de marché dans les pays ex-socialistes d’Europe centrale et orientale. Ce faisant, notre but principal est de montrer les enjeux des politiques de transformation ainsi que la variété et l’évolution des points de vue sur les problèmes de la transition.
3Nous commencerons par distinguer, pour les généraliser ensuite, les traits particuliers des transformations dans les pays ex-soviétiques pour montrer en quoi ce phénomène est nouveau et quels problèmes il pose aux chercheurs et acteurs politiques. Dans la deuxième partie, nous considérerons les réponses données, c’est-à-dire les politiques de transition et leurs différentes applications. Dans la troisième partie enfin, nous passons en revue certaines critiques souvent ignorées et montrons les dangers que peut engendrer une application aveugle de politiques de transition universelles.
Un phénomène nouveau dans l’histoire
4Malgré le fait que les réformes économiques sont indissociables de l’histoire de l’Etat, on peut constater que les transformations en Europe centrale et orientale pressentent un phénomène nouveau dans l’histoire contemporaine. Il existe plusieurs cations des transformations. Balcerowicz notamment, voyant la comme « des mutations d’un état stable de la société en un autre état potentiellement stable »1, souligne cinq Transformation, transformations historiques principales : « 1) la transformation classique, signifiant l’extension de la démocratie dans les pays capitalistes avancés entre 1860 et 1920 ; 2) la transformation néoclassique, qui se rapporte à la démocratisation dans les pays principalement capitalistes après la Seconde Guerre mondiale […] ; 3) les réformes orientées vers le marché dans les pays non communistes […] ; et 4) la transition asiatique postcommuniste » (Balcerowicz 1995 : 145). La cinquième variante est la transition postcommuniste en Europe centrale et orientale, soit l’objet de notre analyse ; elle tient une place particulière dans cette liste.
5A la différence des quatre premières transformations, où les réformes économiques n’étaient pas accompagnées de réformes politiques et vice versa, les politiques de transition en Europe centrale et orientale ont touché les deux systèmes politique et économique. Cette simultanéité des processus des systèmes économique et politique a rendu la politique de transformation économique beaucoup plus difficile. Dans la plupart des cas, la transition économique est devenue l’enjeu politique majeur, et en tant que tel un obstacle supplémentaire à la réussite de la transition économique.
6Si les réformes politiques liées à la démocratisation et les réformes économiques ont été entreprises en Europe centrale et orientale plus ou moins en même temps, les premières ont pris une nette avance sur les secondes. En effet, la mise en place des rudiments d’un nouveau système politique prend moins de temps que l’organisation et l’accomplissement de transformations institutionnelles au niveau de l’économie.
7L’absence relative de violence est un autre trait important de ces transformations orientées vers l’économie de marché, qui a eu par ailleurs une double conséquence : d’une part, les anciennes élites ont souvent réussi à conserver leurs positions et cherché à profiter, politiquement parlant, du mécontentement engendré par les réformes en cours ; d’autre part, les nouvelles élites contenant des membres des anciennes élites ont fréquemment gardé les mêmes principes de management (Balcerowicz 1995 : 146-151).
8Dabrowski (1995 : 3-4), en développant les caractéristiques économiques qui distinguent les pays ex-socialistes d’Europe centrale et orientale des pays d’Asie de l’Est et du Nord-Est, souligne quatre éléments hérités du système socialiste qui déterminent largement les politiques et le cours de la transformation en une économie de marché :
la nationalisation de l’économie a laissé très peu de place à l’activité économique privée ainsi qu’à l’épargne privée ;
la monopolisation, l’autarcie économique, la régulation administrative des prix et l’allocation des investissements centralisés ont créé une distorsion structurelle ;
le niveau des dépenses sociales est très élevé par rapport à celui du développement économique ;
un déséquilibre macroéconomique interne et externe.
9Kornai (1992) a généralisé les éléments fondamentaux du système socialiste en trois vecteurs principaux : la répartition du pouvoir public, la répartition des droits de propriété et la constellation des mécanismes de coordination. Pour lui, le changement de système commence lorsque la société abandonne la prépondérance de la coordination bureaucratique pour la coordination par le marché2, que la propriété privée devient la règle et que le parti politique dominant n’est plus marxiste-léniniste3 mais favorable à la propriété privée et au marché. « Et cela ne doit pas simplement en rester là. La nouvelle situation doit prendre racine et de venir irréversible » (Kornai 1999 :324).
10Les réformes dans ces trois vecteurs engendrent des transformations caractéristiques dans le comportement des acteurs économiques ainsi que dans les phénomènes économiques typiques et durables. Elles conditionnent les éléments principaux du marché : une contrainte budgétaire dure, la forte réaction aux prix, l’absence de pénurie chronique, un marché d’acheteurs, etc. « Les relations causa les entre les trois premiers blocs [vecteurs] et la succession historique du développement des caractéristiques du système ne sont pas identiques. Elles diffèrent selon les pays et les périodes, en d’autres termes, selon leurs manifestations historiques » (Kornai1999 : 322). Malgré cet avertissement sur la diversité des successions historiques lors de la modification d’un système socialiste et de sa transition à l’économie de marché, dans la pratique les politiques économiques appliquées ont été basées sur une approche excessivement dogmatique : « Au lieu de se préoccuper sérieusement des problèmes uniques aux pays en réforme, l’analyse des stratégies et des recommandations a été basée sur une réflexion économique excessivement orthodoxe » (Kolodko 2000 : 101). Dès les premiers jours des réformes, on a pu constater le désir de certains organismes internationaux et de chercheurs qui leur sont liés de démontrer qu’il n’y a pas d’autre solution que le modèle de transition proposé : « Cependant, en dépit du manque d’expérience dans ce genre de transition, un consensus s’est fait jour tant à l’Est qu’à l’Ouest sur ce qu’elle nécessite » (Mandelbaum 1993 : 3). Les démarches concrètes dans le cadre des politiques de transformation, qui ont déterminé les voies des réformes dans les pays d’Europe centrale et orientale, reposent en grande partie sur les postulats du prétendu « consensus de Washington » (Taylor 1994).
Le consensus de Williamson
11Ce consensus, développé à l’origine pour les pays d’Amérique latine à la fin des années 1980, a été appliqué également dans les autres parties du monde. Selon les dix postulats qu’il contient, l’instauration d’une politique financière restrictive et la libéralisation suffisent pour aboutir à la croissance économique (Williamson 1995 : 26-28). La mise en œuvre de ces dix postulats dans les pays ex-socialistes, autrement dit la régulation rigoureuse du système financier dans l’économie et la privatisation de la plupart des entreprises, devait suffire à générer la croissance. Mais dans la réalité ces postulats, et les idées dominantes dans la littérature qui en découlent – la stabilisation, la libéralisation et la privatisation –, ont largement simplifié le véritable panorama des démarches nécessaires.
12Dès le début le consensus, fortement recommandé par les institutions internationales siégeant dans la capitale des Etats-Unis, a défini les cadres des débats dans la communauté scientifique et les démarches politiques : « Les domaines qui ont été l’objet de la plus grande attention sont ceux relatifs à la stabilisation (dont les problèmes monétaires attirent plus d’attention que les problèmes fiscaux), à la performance macroéconomique, à la privatisation et aux comparaisons entre “gradualisme” et “thérapie de choc”. […] Il n’est pas surprenant que la plupart des prescriptions politiques aient également mis l’accent sur la stabilisation, la libéralisation et la privatisation simultanées, ces trois principes étant perçus commes les conditions nécessaires et suffisantes du succès de la transition » (Cornia 1998 : 1-2). Les dix postulats de ce consensus sont devenus l’idéologie même des réformes. Leurs objectifs ne prennent absolument pas en compte le fait, ou au moins l’éventualité, que d’autres aspects restent négligés : « Il n’y a simplement pas de voie réalisable pour les réformes économiques et la revitalisation des économies postcommunistes hormis celle qui conduit à la libéralisation des prix, à la stabilisation macroéconomique et à la privatisation » (Weisskopf 1995 : 485).
13Du fait de ce cadre d’analyse donné a priori, les débats sur les politiques de transformation se sont détournés des problèmes à long terme, tels que la croissance durable et la répartition équitable, au profit de questions plutôt tactiques d’obtention de caractéristiques formelles. Les économistes et les acteurs politiques ont focalisé toute leur attention sur l’implantation des éléments principaux du consensus de Washington : la privatisation, la libéralisation et la stabilisation. Compte tenu de l’exclusivité de ce cadre d’analyse a priori, les politiques concrètes dans les économies en transition ne varient guère : « Comme les PR [pays en réforme] ont tant d’éléments en commun, on ne peut dire qu’une différence fondamentale existe entre les approches politiques des divers PR : elles avaient toutes les mêmes composantes et objectifs et étaient soumises à des contraintes économiques domestiques globalement semblables. Les différences politiques se retrouvent plutôt dans la priorité relative attribuée aux différents objectifs, dans la vitesse, la profondeur et la programmation des diverses réformes, dans la mesure dans laquelle les incitations basées sur le marché ont été renforcées ou affaiblies par les interventions du gouvernement, et dans la détermination mise à rectifier les déséquilibres macroéconomiques. Tous ces aspects concernent plus l’implantation des politiques que leur conception » (Zecchini 1995 : 12). Ce constat vaut pour pratiquement tous les pays en réforme : les débats se déroulaient principalement sur la mise en place des réformes dans le cadre du consensus et se cantonnaient en général aux problèmes de la vitesse et de la succession des éléments du consensus.
La vitesse des réformes
14La vitesse souhaitable des transformations est devenue l’une des préoccupations intellectuelles dominantes des économistes et des acteurs politiques. Quelle est la meilleure solution économique, politique et sociale : mener toutes les réformes à la vitesse maximale pour en finir le plus vite possible ou les organiser à long terme ? L’analyse part de l’hypothèse que les réformes nécessitent des coûts d’ajustement, mais que ceux-ci peuvent être minimisés. Les deux groupes de pensée sur la politique désirable se sont alors répartis entre deux pôles : les adeptes de la thérapie de choc et les « gradualistes ».
15Les adeptes de la théorie de choc (Sachs & Lipton 1991) insistent sur la nécessité d’effectuer les réformes très rapidement. « En général, plus la réforme économique est rapide et globale, plus grande est la chance de minimiser les coûts économiques, sociaux et politiques de ce processus et d’éviter une mauvaise administration macroéconomique chronique » (Dabrowski 1995 : 2). Selon ces adeptes des mesures radicales, le rétablissement de l’économie après la chute de l’activité économique liée à l’implantation de politiques de choc se fera si rapidement que les coûts sociaux et économiques seront moindres que ceux engendrés par une politique gradualiste.
16La politique de choc a été pour la première fois introduite en Pologne, le janvier 1990, sous le gouvernement de Mazowiecki. Son programme économique, approuvé par le FMI, contenait la libéralisation de la majorité des prix, la politique monétaire restrictive et la chute drastique des subventions. Des politiques de choc analogues ont eu lieu en Bulgarie et en Tchécoslovaquie. Le choix de mesures économiques radicales reflète non seulement l’espoir d’une résolution rapide des problèmes sociaux et économiques, mais aussi une préoccupation idéologique : la volonté du pouvoir de rompre définitivement avec le passé et avec les problèmes politiques d’interaction entre les domaines économique et social.
17Balcerowicz (1995 : 160-165) a souligné l’importance des conditions initiales, en attirant l’attention sur le fait que juste après la chute du communisme est arrivé le temps de la « politique extraordinaire » (extraordinary politics). Durant cette période, les anciennes élites politiques furent discréditées et la population prête à accepter des réformes radicales, même impopulaires ; ce support public a par contre tendance à disparaître avec le temps. Dans cette analyse, Balcerowicz part de la supposition implicite que les mécontentements suscités par les réformes respectivement radicales et graduelles sont comparables et plus ou moins égaux. Les adeptes de l’approche graduelle insistent tout de même sur le fait que les réformes « pas à pas » sont moins douloureuses pour la société.
18Les travaux sur la nécessité des réformes graduelles (Weisskopf 1995 ; Kolodko 2000) évoquent l’accroissement des problèmes sociaux liés à la politique de choc : chute du revenu réel, chômage, diminution du pouvoir d’achat des économies privées, augmentation des inégalités, corruption et crise idéologique. Ils recommandent des politiques de stabilisation et de libéralisation plus graduelles. « Il est certes beaucoup plus difficile de concevoir un programme de réformes économiques réussi basé sur le gradualisme, le rôle substantiel de l’Etat et la privatisation équitable que d’imposer une thérapie de choc et espérer que de riches investisseurs viendront à la rescousse » (Weisskopf 1995 : 489).
19Selon l’approche gradualiste, le glissement moins rapide à l’économie de marché doit aider à éviter la croissance de l’inégalité, la diminution du pouvoir d’achat, la chute drastique de la demande intérieure et l’évincement des produits nationaux par les exportations. Pour Kolodko (2000 : 94), l’expérience montre que « plus la libéralisation du commerce extérieur est radicale, plus la récession est profonde et plus le rétablissement de l’économie est long ».
20Les adeptes des mesures graduelles insistent non seulement sur la vitesse à petits pas, mais aussi sur le rôle primordial de l’Etat. Pendant la période de la transformation, c’est selon eux l’Etat qui doit guider le processus du développement économique et de la protection sociale : « Le gouvernement doit jouer un rôle central dans le développement d’infrastructures dont le besoin se fait cruellement sentir, dans la rénovation du système éducationnel, dans la promotion de centres de formation et de recyclage professionnels, etc. » (Weisskopf 1995 : 486-487). C’est aussi l’Etat qui doit rendre le processus de la privatisation plus juste et plus efficace. La réalisation graduelle des mesures est censée aider la population à tolérer les réformes et doit contribuer aux réformes institutionnelles, qui seront des éléments essentiels à la restitution de la vie économique dans les pays en transition.
21Certains économistes (Nuti 1993) remarquent que les débats sur l’efficacité des politiques de choc et leur opposition extrême au gradualisme sont inconsistants, voire artificiels et illusoires (Nielsen, Jessop & Hausner 1995 : 8-11), parce que les vraies politiques de choc sont techniquement irréalisables : « L’hypothèse selon laquelle le “big bang” représente la voie la plus efficace ne peut être vérifiée, tout simplement parce qu’il est impossible d’implanter administrativement, institutionnellement et probablement politiquement toutes les réformes nécessaires en même temps, à l’exception du modèle allemand » (Nuti & Portes 1993 : 13). L’impossibilité de mener à bien simultanément toutes les réformes nous ramème à la question de leur succession, vue sous un éclairage nouveau.
La succession des réformes
22La prise en compte du fait que l’économie de marché est un système fortement interdépendant a rendu les débats autour de la suite des réformes dans le temps encore plus acharnés et contradictoires : la privatisation peut-elle précéder la libéralisation et la stabilisation ? Faut-il libéraliser le commerce extérieur et les prix simultanément ou successivement ? La privatisation doit-elle intervenir avant ou après la restructuration des entreprises ?
23La libéralisation des prix impliquait une double menace pour l’économie : l’augmentation des prix à cause de la monopolisation extrême du secteur réel et la révélation de l’inflation cachée. Cette crainte provenait de l’idée qu’il existe dans le secteur privé postsoviétique un prétendu « avant-toit monétaire » (monetary overhang) lié à la pénurie de biens et à l’inflation cachée. La libéralisation des prix pouvait faire éclater cette inflation incontrôlable. De plus, comme l’industrie ex-soviétique demeurait très monopolisée, il se pouvait que les entreprises libéralisées adoptent un comportement monopolistique, en augmentant les prix et le niveau des salaires, ce qui engendrerait l’hyperinflation.
24Ces préoccupations ont fourni un argument important en faveur de la politique d’une privatisation et d’une démonopolisation rapides (Nuti 1991). Dans le programme russe de réformes 500 Dnej (« 500 jours »), Iavlinsky (1990) insistait sur le fait que contrairement à l’ordre des réformes en Pologne, la privatisation doit précéder la libéralisation : cette privatisation était censée absorber l’excès de liquidités, ce qui devait contribuer à réduire l’inflation ; puis, les ressources liées à la privatisation augmenteraient les recettes du gouvernement et aideraient à équilibrer le budget ; enfin, « 500 jours » préconisait la libéralisation des prix parmi les derniers pas.
25Une telle succession devait entamer la réforme institutionnelle et, en bouclant le budget de l’Etat, rendre les réformes moins douloureuses. Dans la réalité, le programme de la privatisation par coupons a été lancé en Russie avant la stabilisation, mais il n’a pas apporté beaucoup d’argent au budget (Dabrowski 1995 : 26-28). Au contraire, la politique qui recommandait d’effectuer la privatisation avant toute autre réforme peut même avoir des conséquences négatives, notamment en menant à une monopolisation de l’économie, comme le souligne Kolodko (2000). Selon ce dernier, une des premières mesures doit être la transformation des entreprises en corporations, et cette transformation doit précéder la privatisation. La démonopolisation de l’économie avant l’introduction des contraintes budgétaires accélère la restructuration et augmente la compétitivité. De plus, cette succession doit aider à éviter le renforcement des monopoles existants, comme ce fut le cas de la libéralisation des services communaux en République tchèque.
26Pour minimiser l’influence du pouvoir monopolistique sur les prix, certains économistes ont proposé une politique d’ouverture au commerce extérieur, assortie d’une dévaluation importante (Berg 1994). D’une part, cette mesure permettrait de corriger la structure des prix, qui était artificielle pendant l’époque soviétique ; d’autre part, le taux de change fixe donnerait une base à la politique de stabilisation. Cependant, l’idée de cette politique de libéralisations financière et commerciale simultanées a suscité des critiques, notamment celles de Nuti et Portes (1993 : 14-15) qui ont remarqué que la dévaluation excessive et l’ouverture soudaine au commerce extérieur peuvent même aggraver le choc consécutif à l’augmentation des prix et mener à la faillite des entreprises exposées à la compétition extérieure.
27La question de la succession optimale des réformes soulève toujours de vives controverses, mais la position selon laquelle il n’y a pas de succession des transformations universellement valable se répand de plus en plus. Si on veut opérer un choix cohérent, il faut le faire en fonction des conditions initiales dans un pays concret et en tenant compte de ses différences (Calvo & Frenkel 1991: 269, 296-297). Une attention croissante est accordée à la nécessité d’annoncer son plan et de démontrer sa bonne Papers, vol. 38, n° 2, pp. 268-299 volonté de l’accomplir. La politique La meilleure politique – aucune politique proclamée en Pologne est désormais considérée comme inadmissible. De même, l’inclination du gouvernement pour la politique de transformation ainsi que les pas concrets dans cette direction sont importants pour la construction de l’économie de marché. Cependant, comme l’analyse cohérente de la politique de la transformation en économie de marché et les conclusions que l’on peut en tirer sont faites souvent très tard, certains auteurs affirment que « la politique de la transition a eu tort » (Kolodko 2000 : 52). Tous les pays en transition ont subi une décroissance économique importante, mais les explications de cette décroissance diffèrent.
Différentes politiques pour un même résultat ?
28Tant les adeptes de la politique de choc que ceux des mesures graduelles sont en règle générale d’accord sur la diminution de l’activité économique pendant la transition à l’économie de marché. Le comportement de la production était souvent présenté comme une « J-courbe »4. Dans cette perspective, l’opposition entre radicaux et gradualistes est basée en premier lieu sur l’angle de cette « J-courbe ». Contrairement aux gradualistes, les adeptes de la politique de choc supposent que la courbe a une pente rapide et que la production reprendra promptement après une chute importante. L’analyse des raisons de la chute de la production présente un intérêt particulier. La chute économique est souvent vue comme un résultat inéluctable et dû en grande partie à l’héritage socialiste ; très peu d’auteurs se demandent si elle ne pourrait être liée au choix incohérent des réformes.
29Pendant les sept premières années de transformation, les pays ex-socialistes d’Europe centrale et orientale ont perdu en moyenne un tiers de leur produit national brut (PNB). Un des facteurs qui ont contribué à la vision très pessimiste de la chute de l’activité économique dans ces pays est l’inexactitude des données officielles (Nuti & Portes 1993 : 910). La base de comparaison, c’est-à-dire la période soviétique, ne donne pas d’informations fiables : dans le contexte de coordination bureaucratique, les managers ont eu tendance à sous-estimer ou surestimer l’output selon les besoins de la conjoncture. Ainsi, les nouvelles données obtenues pendant la période de transition sont loin d’être comparables avec celles du passé. Bien que cette critique soit pertinente, en règle générale tous les économistes s’accordent à reconnaître la diminution importante du PNB dans les pays en transition.
30Dabrowski (1995 : 12-16), analysant les traits communs qui ont contribué à la chute de la production, distingue deux types de facteurs, les facteurs macroéconomiques et microéconomiques. Les facteurs macroéconomiques principaux sont la diminution de l’activité économique à la suite du déséquilibre causé par les mesures de stabilisation, ainsi que la suppression de la demande artificielle spéculative, qui persistait dans l’économie de pénurie permanente.
31Au niveau microéconomique, la rupture des relations commerciales dans le cadre du COMECON et entre les républiques de l’ex-URSS a contribué à la diminution du PNB, aussi bien que le démantèlement de certaines industries (principalement militaires). La diminution des subventions implicites et explicites dans les industries artificiellement stimulées pendant l’époque soviétique a également entraîné la chute économique. De plus, comme le montre Dabrowski, le système d’incitations par commande a disparu avec la chute de l’économie planifiée, alors que les nouveaux mécanismes d’incitations n’ont pas encore apparu, ce qui explique partiellement les échecs économiques. Kornai (1994) cerne cinq raisons générales de la récession dans les pays en transition : 1) les problèmes liés au glissement du marché de « vendeurs » au marché d’« acheteurs » ; 2) la transformation de la structure réelle de l’économie ; 3) la destruction des mécanismes de la coordination ; 4) le durcissement des contraintes budgétaires ; et 5) les faiblesses du secteur financier. Ces raisons de la récession sont en quelque sorte inéluctables et représentent le prix de la transition. Kolodko (2000 : 105114 ; 1992) propose une autre explication : il voit l’origine de la diminution si drastique de la production dans la destruction du système économique par les mesures radicales liées aux objectifs politiques plutôt qu’aux objectifs économiques. Le désir de mener les réformes à la vitesse maximale est devenu une entrave à l’élaboration d’une politique raisonnable qui aurait permis, sinon d’éviter, au moins de minimiser ces « coûts de la transition ».
32Comme l’analyse le montre, très peu de chercheurs, et même encore moins parmi ceux qui côtoyaient le pouvoir public, osaient mettre en doute la pertinence de la politique appliquée dans les pays en transition. La chute de la production et la croissance des inégalités étaient considérées avant tout comme les dégâts inéluctables d’une transformation d’une telle profondeur. Cette unanimité dans le champ des hauts dirigeants au sujet des programmes de transformation fut bouleversée par le vice-président de la Banque mondiale, en 1999.
33Joseph Stiglitz (1999), s’interrogeant sur les raisons de l’échec des réformes dans les pays ex-socialistes, a posé la question de façon encore plus radicale. Selon lui, cet échec est dû non seulement à une mise en place défectueuse de mesures en elles-mêmes bonnes, mais plus profondément à la méconnaissance de l’importance des réformes institutionnelles. Dans les deux parties de sa contribution intitulées « La méconnaissance de l’économie de marché » et « La méconnaissance du processus de la transition », il montre que les remèdes proposés et même imposés lors de la transition étaient incohérents et sont eux aussi à la racine des problèmes. Les débats dominants et les conseils des organisations internationales se fondaient en premier lieu sur l’économie néoclassique et ont sous-estimé le rôle de l’information et la création de nouvelles entreprises. La politique de transition adoptée a donné une vision idéaliste de la concurrence dans les nouveaux marchés et créé l’illusion de la « bonne gouvernance ».
34C’est avec une série d’articles présentés et publiés par des cadres de haut niveau que le regard sur les réformes dans les pays en transition est devenu plus critique et qu’a été mis fin à l’apparente unanimité sur les réformes qui prévalait chez les instances supérieures des institutions financières. Ces documents ont suscité un regain d’intérêt pour les idées des économistes qui étaient en désaccord avec la conception des réformes, mais donc l’opinion avait été largement négligée, voire ignorée, pendant le triomphe de l’approche néoclassique. Par ailleurs, l’application « aveugle » du consensus de Washington avait déjà donné lieu à de nombreuses critique (Kolodko 2000).
35Un des défauts importants de ce consensus est qu’il sous-estime l’importance des changements structurels : « L’absence de structures pertinentes est devenue l’élément clé qui a échappé à la stratégie de la transition proposée par le consensus de Washington. La libéralisation et la privatisation sans structures bien organisées ont engendré, au lieu d’une croissance durable, une longue période de chute de production » (Kolodko 2000 : 126). La construction des institutions et le changement de comportement des gens sont des processus bien plus longs et profonds que l’acquisition du contrôle sur les indices macroéconomiques.
36Les politiques macroéconomiques stabilisatrices, la diminution de l’inflation, le support du taux de change fixe proclamés dans le cadre du consensus de Washington comme objectifs des politiques ne sont en effet que des moyens possibles d’aboutir à la croissance économique et à une répartition équitable du revenu. La substitution de ces objectifs et moyens sous le règne du consensus de Washington, bien loin d’être le résultat d’approches théoriques différentes, reflète plutôt des conflits d’intérêts et des antagonismes politiques dans les pays en transformation (Kolodko 2000 : 137). La critique de l’approche néoclassique excessivement orthodoxe a été le plus acharnée en Russie, un pays qui selon Kolodko a vu « le plus mauvais néolibéralisme postcommuniste dans le monde »5.
37Certains auteurs (Glasiev 1998) qualifient la politique des réformes en Russie de « génocide contre le peuple ». En analysant les démarches mises en place en Russie, Glasiev présente les réformes comme une politique consciente de marginalisation des pays en transition. Un de postulats essentiels de la transformation en économie de marché, la libéralisation des prix, « n’était pas accompagné par la création des institutions adéquates assurant la concurrence loyale et la transparence du marché […] Le démantèlement du contrôle de l’Etat sur la formation des prix et la libéralisation du commerce n’ont pas contribué à la création des mécanismes de la concurrence marchande, mais au renforcement du contrôle sur le marché par des groupes criminels organisés, tirant leurs revenus en faisant grimper les prix » (Glasiev 1998 : 41). L’ouverture au commerce extérieur a inondé les marchés intérieurs de produits qui ont détruit la production interne. Dans cette libéralisation – très favorable aux firmes étrangères –, les structures de production, au lieu d’être renforcées par la concurrence, se sont effondrées. Le seul secteur à enregistrer une croissance de ses exportations est celui des matières premières. L’insistance sur la spécialisation dans l’exportation de matières premières a engagé le pays dans des cadres d’échanges non équivalents. Cette politique menée sous l’égide du consensus de Washington présente un piège pour la souveraineté nationale, de même que la façon dont la privatisation a été effectuée.
38La privatisation, mise en place sans base légale et sans les institutions appropriées, n’a en effet pas généré des propriétaires efficaces. Le désir d’affaiblir aussi vite que possible l’Etat, vu comme une des sources des problèmes, a conduit au gaspillage des ressources du pays et à leur concentration dans les mains des personnes les plus informées, souvent les experts et partenaires étrangers (Glasiev 1998 : 47-48).
39Enfin, la stabilisation par le biais de la politique macroéconomique restrictive a signifié une diminution constante des dépenses de l’Etat pour les programmes sociaux, la santé, la recherche et le développement, etc. Ici aussi, l’accès facile au crédit étranger mis à la disposition par les institutions internationales pour financer le déficit budgétaire représente un moyen de piéger l’Etat dans le cercle vicieux de l’endettement et ainsi de s’immiscer dans la politique interne. « Du point de vue du FMI, le but de cette politique n’était pas l’assurance du bienêtre commun et la croissance économique. Son objectif consistait dans le démontage de la souveraineté des pays emprunteurs dans l’intérêt du capital international, dans la réalisation d’un contrôle fort sur l’activité des gouvernements, dans l’assurance de la concordance de leur politique avec les intérêts des investisseurs étrangers. Le contenu du concept du consensus de Washington n’est rien que la technologie de ce contrôle » (Glasiev 1998 : 81). Si on suit cette ligne d’analyse, la prédominance des débats sur la vitesse et la succession des mesures à entreprendre dans le cadre du consensus de Washington n’est qu’une tentative de limiter le champ de la pensée en l’éloignant des réflexions au sujet des conséquences de ce consensus sur l’indépendance économique et politique des pays en transition.
40L’existence d’une liste de mesures à adopter établies a priori a contribué à cette vision d’une seule politique possible, renforcée par l’absence d’autres propositions. La littérature qui abonde sur le sujet de la transition se focalise sur la mise en place des mesures données plutôt que sur l’élaboration de politiques plus appropriées. Les auteurs rebelles qui cherchent à comprendre la nature profonde des réformes ont attiré l’attention sur le fait que la politique, malgré les débats acharnés, est axée sur la pénétration dans les pays en transition et ont évoqué la pression exercée par l’idéologie dominante. Mais les discussions dans les pays en transition sur des questions économiques à court terme font fermer les yeux sur le fait problématique que la haute politique orientée vers la longue durée a été préplanifiée et gérée de l’extérieur.
41Comme cela se passe souvent, on a perdu ses illusions trop tard. Bien que Joseph Stiglitz insiste sur le fait que l’information qui se trouve dans les mains des chercheurs après dix ans de réformes présente un atout et une base importante pour émettre des propositions raisonnables pour les années à venir, le prix des réformes et leurs conséquences historiques demeurent graves. Il est temps de comprendre que le processus de transition a donné la chance au capital mondial de mener sa politique, qui est souvent loin des intérêts des Etats en question. Sans cette compréhension, il risque de ne pas y avoir d’issue favorable à la transition et à l’appauvrissement du peuple.
Bibliographie
Des DOI sont automatiquement ajoutés aux références bibliographiques par Bilbo, l’outil d’annotation bibliographique d’OpenEdition. Ces références bibliographiques peuvent être téléchargées dans les formats APA, Chicago et MLA.
Format
- APA
- Chicago
- MLA
Admiraal Piet Hein (ed.), 1993, Economic Transition in Eastern Europe, Oxford: Basil Blackwell Ltd.
Aslund Anders, 1995, How Russia Became a Market Economy, Washington,
D.C.: The Brookings Institution.
– (ed.), 1994, Economic Transformation in Russia, London: Pinter Publishers.
Balcerowicz Leszek, 1995, Socialism, Capitalism, Transformation, Budapest: Central European University Press.
Berg Andrew, 1994, « Does Macroeconomic Reform Cause Structural Adjustment? Lessons from Poland », Journal of Comparative Economics, vol. 18, n° 3, June, pp. 376-409.
10.1006/jcec.1994.1053 :Bogomolov Oleg, 2000, Moja Letopis Perekhodnogo Vremeni (My Annals of Transitional Time), Moscow: Economica.
Brown Annette N. (ed.), 1999, When Transition is Over?, Michigan: W.E. Upjohn Institute for Employment Research.
10.17848/9780585282978 :Calvo Guillermo A. & Frenkel Jacob A., 1991, From Centrally Planned to Market Economy: The Road from CPE to PCPE, IMF Staff Papers, vol. 38, n° 2, pp. 268-299.
10.2307/3867100 :Campbell Robert W. (ed.), 1994, The Postcommunist Economic Transformation, Oxford: Westview Press.
Clavel Jean-Daniel & Sloan John C., 1991, La nouvelle Europe de l’Est, du plan au marché : les défis de la privatisation, Bruxelles : Bruylant.
Cornia Giovanni Andrea, 1998, « Neglected Issues: An Overview », MOCT-MOST: Economic Policy in Transitional Economies, vol. 8, n° 1, pp. 1-5.
Dabrowski Marek, 1995, Different Strategies of Transition to a Market Economy: How Do They Work in Practice?, Discussion Paper, n° 1579, Washington, D.C.: World Bank.
Daianau Daniel, 1998, Transformation of Economy as a Real Process: An Insider’s Perspective, Hampshire: Aldershot.
10.4324/9780429430978 :De Melo Martha, Denizer Cevdet, Gelb Alan & Tenev Stoyan, 1997, Circumstance and Choice: The Role of Initial Conditions and Policies in Transition Economies, Washington, D.C.: World Bank.
Glasiev Sergei, 1998, Genocide (en russe), Moscow: Terra.
Good David F.(ed.),1994,Economic Transformations in East and Central Europe: Legacies from the Past and Policies for the Future, London: Rout ledge.
Iavlinsky Grigory et al., « 500 Days: Mandat Doveriya na 500 Dnei » (Credibility Mandate for 500Days), Associacijya, n°4,1990.
Kolodko Grzegorz W., 1992, From Output Collapse to Sustainable Growth in Transition Economies: The Fiscal Implications, IMF: Fiscal Affairs Department, December.
10.2139/ssrn.183488 :–, 2000, Ot Shoka k Terapii: Politicheskaja Ekonomija Postsocialisticheskich Preobrasovanij (From Shockto Therapy: The Political Economy of Postsocialist Transformation), Moscow: Expert.
Kornai Jànos, 1990a,The Road to a Free Economy. Shifting from a Socialist System: The Example of Hungary, New York: W.W. Norton & Company.
–, 1990b, Vision and Reality, Market and State: Contradictions and Dilemmas Revised, Gyoma: Kner.
–, 1992, The Socialist System: The Political Economy of Communism, Oxford: Oxford University Press.
–, 1994, « Transformational Recession: The Main Causes », Journal of ComparativeEconomics, vol. 19, n°1,August,pp. 39-63.
–, 1997, Struggle and Hope: Essays on Stabilization and Reform in a Post-Socialist Economy, Cheltenham: Edward Eldar.
–, 1999, « Du socialisme au capitalisme : la signification du “changement de système” », in Chavance Bernard, Magnin Eric, Motamed-Nejad Ramine & Sapir Jacques (dir.),Capitalisme et socialisme en perspective : évolution et transformation des systèmes économiques, Paris : Editions La Découverte, pp. 317-345.
Mandelbaum Michael, 1993, « Introduction », in Islam Shafiqul & Mandelbaum Michael (eds.), Making Markets: Economic Transformation in Eastern Europe and the Post-Soviet States, New York: Council of Foreign Relations Press.
10.2307/jj.2430625 :Nielsen Klaus, Jessop Bob & Hausner Jerzy, 1995, « Institutional Change in Post-Socialism », in idem (eds.), Strategic Choice and Path-Dependency in Post-Socialism: Institutional Dynamics in Transition Process, Cornwall: Edward Elgar, pp. 3-44.
North Douglass C., 1997, « Understanding Economic Change », in Nelson Joan M., Tilly Charles & Walker Lee (eds.), Transforming Post-communist Political Economies, Washington, D.C.: National Academy Press, pp. 13-18.
Nuti Dominico Mario, 1991, « Stabilization and Reform Sequencing in the Reform of Central Eastern Europe », in Commander Simon (ed.), Managing Inflation in Socialist Economies in Transition, Washington, D.C.: World Bank, pp. 155-174.
Nuti Dominico Mario & Portes Richard, 1993, « Central Europe: The Way Forward », in Portes Richard (ed.), Economic Transformation in Central Europe: A Progress Report, Frome: Butler & Tanner Ltd, pp. 1-20.
OCDE, 1992, Réussir les réformes des économies d’Europe centrale et orientale, Paris : OCDE, p. 132
Portes Richard (ed.), 1993, Economic Transformation in Central Europe : A Progress Report, Frome : Butler & Tanner Ltd.
Sachs Jeffrey D. & Lipton David, 1991, « Shock Therapy and Real Incomes », Financial Times, 29 January.
Smith Alan, 1995, Challenges for Russian Economic Reform, Washington, D.C.: The Brookings Institution.
Stiglitz Joseph E., 1999, « Whither Reform? Ten Years of Transition », Keynote Address to the Annual Bank Conference on Development Economics, Washington, D.C.: World Bank, 28-30 April.
Taylor Lance, 1994, « The Market Met Its Match », Journal of Comparative Economics, vol. 19, n° 1, August.
Tiraspolsky Anita & Wild Gérard, 1992, Economies de l’Est en transition : critères de comparaison, Paris : Masson Editeur.
Weisskopf Thomas E., 1995, « Russia in Transition: Perils of the Fast Track to Capitalism », in Frieden Jeffry A. & Lake David A., International Political Economy: Perspectives on Global Power and Wealth, third edition, New York: Routledge, pp. 475-490.
10.1080/05775132.1992.11471625 :Williamson John, 1997, « The Washington Consensus Revised », in Emmerij Lous (ed.) Economic and Social Development into the 21st Century, Washington, D.C.: Interamerican Development Bank.
– (ed.), 1994, Political Economy of Policy Reform, Washington, D.C.: Institute for International Economy.
ÉLEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE
Balcerowicz Leszek, 1995 Socialism, Capitalism, Transformation, Budapest : Central European University Press
Dabrowski Marek, 1995 Different Strategies of Transition to a Market Economy: How Do They Work in Practice?, Discussion Paper, n° 1579, Washington, D.C.: World Bank
Kornai Jànos, 1992 The Socialist System: The Political Economy of Communism, Oxford: Oxford University Press
10.1093/0198287763.001.0001 :Kornai Jànos, 1999 « Du socialisme au capitalisme : la signification du “changement de système” », in Chavance Bernard, Magnin Eric, Motamed-Nejad Ramine & Sapir Jacques (dir.), Capitalisme et socialisme en perspective : évolution et transformation des systèmes économiques, Paris : Editions La Découverte, pp. 317-345
Williamson John (ed.), 1994 Political Economy of Policy Reform, Washington, D.C.: Institute for International Economy
Weisskopf Thomas E., 1995 « Russia in Transition: Perils of the Fast Track to Capitalism », in Frieden Jeffry A. & Lake David A., International Political Economy: Perspectives on Global Power and Wealth, third edition, New York: Routledge, pp. 475-490
10.1080/05775132.1992.11471625 :Zecchini Salvatore, 1995 « Transition Approaches in Retrospective », MOCT-MOST: Economic Policy in Transitional Economies, vol. 5, n° 2, pp. 1-44
Sachs Jeffrey D. & Lipton David, 1991 « Shock Therapy and Real Incomes », Financial Times, 29 January
Kolodko Grzegorz W., 2000 Ot Shoka k Terapii: Politicheskaja Ekonomija Postsocialisticheskich Preobrasovanij (From Shock to Therapy: The Political Economy of Postsocialist Transformation), Moscow: Expert
Nielsen Klaus, Jessop Bob & Hausner Jerzy, 1995 « Institutional Change in Post-Socialism », in idem (eds.), Strategic Choice and Path-Dependency in Post-Socialism: Institutional Dynamics in Transition Process, Cornwall: Edward Elgar, pp. 3-44
Nuti Dominico Mario, 1991 « Stabilization and Reform Sequencing in the Reform of Central Easter Europe », in Commander Simon (ed.), Managing Inflation in Socialist Economies in Transition, Washington, D.C.: World Bank, pp. 155-174
Berg Andrew, 1994 « Does Macroeconomic Reform Cause Structural Adjustment? Lessons from Poland », Journal of Comparative Economics, vol. 18, n° 3, June, pp. 376-409
10.1006/jcec.1994.1053 :Calvo Guillermo A. & Frenkel Jacob A., 1991 From Centrally Planned to Market Economy: The Road from CPE to PCPE, IMF Staff Papers, vol. 38, n° 2, pp. 268-299
10.2307/3867100 :Nuti Dominico Mario & Portes Richard, 1993 « Central Europe: The Way Forward », in Portes Richard (ed.), Economic Transformation in Central Europe: A Progress Report, Frome: Butler & Tanner Ltd, pp. 1-20
Kornai Jànos, 1994 « Transformational Recession: The Main Causes », Journal of Comparative Economics, vol. 19, n° 1, August, pp. 39-63
10.1006/jcec.1994.1062 :Stiglitz Joseph E., 1999 « Whither Reform? Ten Years of Transition », Keynote Address to the Annual Bank Conference on Development Economics, Washington, D.C. : World Bank, 28-30 April
Glasiev Sergei, 1998 Genocide (en russe), Moscow : Terra.
Notes de bas de page
1 Ici et dans ce qui suit, les traductions de citations extraites d’ouvrages non franco phones sont de l’auteur.
2 Ces concepts sont analysés en détail dans Kornai (1990b :1-19).
3 Aujourd’hui, la Chine et le Vietnam constituent la seule exception–mais d’importance–à ce schéma, en ayant conservé le parti communiste au pouvoir.
4 Cette courbe en forme de J représente la trajectoire de la croissance économique dans le temps.
5 Cité par Bogomolov (2000 : 264).
Auteur
Licencié en sciences économiques (Haut Collège économique de Moscou) ; diplômé en études du développement (Institut universitaire d’études du développement), Genève. Domaines d’intérêt : l’analyse comparative des systèmes et des crises économiques et les théories de la croissance.
Le texte seul est utilisable sous licence Creative Commons - Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International - CC BY-NC-ND 4.0. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Côté jardin, côté cour
Anthropologie de la maison africaine
Laurent Monnier et Yvan Droz (dir.)
2004
La santé au risque du marché
Incertitudes à l’aube du XXIe siècle
Jean-Daniel Rainhorn et Mary-Josée Burnier (dir.)
2001
Monnayer les pouvoirs
Espaces, mécanismes et représentations de la corruption
Giorgio Blundo (dir.)
2000
Pratiques de la dissidence économique
Réseaux rebelles et créativité sociale
Yvonne Preiswerk et Fabrizio Sabelli (dir.)
1998
L’économie à la recherche du développement
Crise d’une théorie, violence d’une pratique
Christian Comeliau (dir.)
1996